Lorsque le groupe de terroristes crut pouvoir quitter le monastère en comprenant que si le portail avait volé en éclats il n’y avait aucun commando qui attaquait, ils furent vite saisis de stupeur en découvrant que tous les rescapés du village alertés par l’explosion se tenaient devant le monastère en un rang compact. Et ce fut un face-à-face impressionnant durant une minute.
— Écoutez, dit le chef de cette cohorte… Laissez-nous partir et il n’arrivera rien de fâcheux.
Mais les villageois, tous des vieux, des hommes, des femmes restèrent immobiles.
— Il y a des gens qui sont entrés et ne sont pas ressortis, cria d’une voix aiguë Élisa. Nous n’allons pas redevenir vos complices, vos domestiques comme il y a quarante ans. Tuez-nous si vous l’osez mais vous ne passerez pas ici.
Et soudain ils ramassèrent des pierres et se tinrent prêts.
— Il faut passer ailleurs, dit le chef. Ce serait une erreur que de tirer sur eux. Mais nous les retrouverons un jour.
Lorsqu’ils refluèrent ils furent stoppés par la mitraillette de Peter puis par les armes que Macha donna à Kovask. Désormais la vingtaine de terroristes se trouvait coincée dans le bâtiment. Et ils y restèrent jusqu’au matin. Un des villageois avait osé prendre la jeep des Américains pour descendre dans la plaine prévenir les carabiniers. Ils arrivèrent au petit jour par les airs, un gros hélicoptère, par la route, des camions.
Entre-temps Kovask avait pu voir ce que Macha avait découvert dans les anciens appartements réservés à Benito Mussolini. Des caisses d’armes, de munitions, d’explosifs. Des rations militaires, des documents militaires, des manuels d’instructions terroristes fabriqués en Argentine. Et surtout de petits coffres en acier. Macha avait fait sauter le couvercle de deux d’entre eux. Ils contenaient chacun un million de dollars.
— Le trésor de guerre venu depuis les major companies par Israël, le Liban, le S.W.I.F.T., les banques européennes, la Cremodina.
Paulo di Maglio gisait dans la partie la plus orientale des anciens appartements du Duce, sous des tonnes de pierraille. Macha, pendant huit jours, avait attendu les secours en utilisant les armes trouvées sur place, en buvant l’eau des canalisations et en mangeant des rations militaires.
La Mamma et les deux Allemands descendirent seulement le matin de leurs toits, frigorifiés et affamés. Le plus surprenant fut que les carabiniers allaient embarquer tout le monde lorsque les hommes de la D.I.G.O.S. arrivèrent pour dédouaner l’équipe du sénateur Holden et par extension privilégiée les deux Allemands. Ils en furent les premiers surpris, eux qui appartenaient à un groupe marginal d’enquête sur le terrorisme néonazi.
Amers, les villageois voyaient pour la première fois des carabiniers depuis le jour du tremblement de terre.