Chapitre II

Ibrahim Kamel avait commencé sa carrière en cuisinant les prisonniers de guerre iraniens. Son imagination dans les tortures l’avait rapidement propulsé au rang de chef interrogateur. Sa spécialité étant d’enfoncer un tuyau dans l’anus de celui qu’il interrogeait et d’ouvrir une bouteille d’air comprimé… La victime souffrait atrocement et finissait par exploser, intestins et péritoine déchiquetés. Lorsqu’il avait le temps, Ibrahim asseyait sa victime sur un cône d’acier, attachant ensuite à sa taille des poids de plus en plus lourds, de façon à ce qu’il s’empale progressivement, là aussi jusqu’à la mort.

Paysan fruste, il n’avait jamais accordé beaucoup d’importance à la vie humaine. Il obéissait aux ordres aveuglément, quelle qu’en soit l’horreur. Rapidement remarqué par le général Saadoun Chaker, il avait été muté dans les Services et affecté à la liquidation des opposants. Ce qui lui permettait de voyager, de porter une Rolex en or et de consommer quelques belles putes grâce à ses dollars facilement gagnés. En Europe, il était titulaire d’un passeport diplomatique, en tant que représentant de l’OPEP à Vienne, ce qui lui offrait une impunité absolue. Toujours vêtu de chemises en soie, il était devenu extrêmement raffiné, lui qui avait pris son premier bain à l’âge de vingt-cinq ans.

Les deux hommes, qui maintenaient John Mac Kenzie en lui tordant les bras derrière le dos, n’étaient que de vulgaires exécutants.

L’Américain essayait de maîtriser les battements de son cœur. Il n’avait pas pensé à un guet-apens. Sans le brouillard, c’eut été impossible au milieu des touristes. Il affronta le regard de l’Arabe et sut qu’il allait mourir. Une sueur glacée dégoulina dans son dos, collant sa chemise.

— Laissez-moi ! lança-t-il. Vous êtes fous !

Ibrahim Kamel s’approcha et le piqua légèrement de son poignard, juste à hauteur de l’estomac. Il était plus petit que l’Américain, très large avec le front dégarni et le menton fuyant.

— Tais-toi, sale Sioniste !

Remettant son poignard dans sa gaine, il fouilla John Mac Kenzie soigneusement, jetant au fur et à mesure dans un sac en tissu noir ce qu’il trouvait. Lorsqu’il eut terminé, il recula avec un rictus cruel. Tuer impunément, c’était quand même la partie la plus agréable de son job. Il lança un ordre en arabe à ses deux acolytes qui entraînèrent aussitôt John Mac Kenzie.

Ce dernier se débattit de toutes ses forces, sans résultat. Le brouillard l’empêchait de voir très loin, mais il savait que le précipice était tout près. Un des hommes qui le maintenaient lui assena une violente manchette sur la nuque et il perdit à demi connaissance. Lorsqu’il récupéra, il se trouvait sur un rocher plat surplombant la vallée par un à-pic de cent mètres. Les nuages n’étaient pas encore descendus jusque-là et il pouvait apercevoir dans le lointain la tache bleue du Konigsee. Il se dit qu’il avait une chance minuscule de s’en sortir avec quelques fractures, malgré les rochers coupants.

Ibrahim Kamel surgit de nouveau devant lui, arborant un mauvais sourire. Quelques instants, il fit miroiter la lame de son poignard devant les yeux de John Mac Kenzie. Puis, d’un geste précis, il en promena le tranchant effilé comme celui d’un rasoir sur la gorge de l’Américain. Ce dernier ne ressentit d’abord qu’une sensation de brûlure et pensa que l’Irakien s’était contenté de lui faire une estafilade sans gravité. Mais, une fraction de seconde plus tard, un voile noir passa devant ses yeux. Il eut l’impression d’étouffer et le sang jaillit de ses deux carotides, à l’horizontale. Il voulut crier, mais aucun son ne sortit de sa gorge, à part un horrible gargouillement. Pourtant, il était encore vivant lorsqu’il bascula dans le vide, poussé par Ibrahim Kamel.

Ce dernier regarda le corps tournoyer puis s’écraser sur les rochers acérés, avant de disparaître dans la végétation. Satisfait, il se détourna et partit en courant vers la grande croix à l’Edelweis où l’attendaient Farid Badr et Tarik Hamadi. Ce dernier le remercia d’un sourire et prit le sac noir contenant les affaires de l’agent de la CIA.

— La fille maintenant, ordonna-t-il simplement.

— Mahmoud est derrière elle, répondit Ibrahim Kamel. Il a l’ordre d’agir dès que c’est possible.

— Vas-y toi-même Ibrahim, dit Tarik Hamadi. Nous allons redescendre par le sentier et nous nous retrouverons à Intereck.

Il laissa les trois tueurs prendre un peu d’avance puis s’ébranla à son tour, escorté par Farid Badr. Ce dernier n’avait pas vu mourir l’agent de la CIA, mais le calme de Tarik Hamadi ne le trompait pas : tout danger était écarté de ce côté-là. Le Libanais se dit qu’il garderait toute sa vie, dans ses oreilles, le souvenir du gargouillement atroce perçu faiblement, celui d’un homme qu’on égorge. Il l’avait entendu une fois au Liban lorsqu’un milicien avait exécuté un traître à trois mètres de lui.


* * *

Heidi Ried était oppressée et ce n’était pas l’altitude. Elle avait déjà laissé passer devant elle des dizaines de touristes et ils n’étaient plus que quelques-uns à attendre l’ascenseur. Sans cesse, elle tournait la tête vers la porte donnant sur le terre-plein. N’apercevant que la masse grise du brouillard, son angoisse augmentait à chaque seconde. Ni Farid Badr et son compagnon, ni John Mac Kenzie n’avaient réapparu. Par contre, elle avait remarqué un homme au teint très mat, vêtu d’un anorak bleu qui fumait en face de la porte des toilettes et qui, lui aussi, laissait partir les ascenseurs. Plusieurs fois, elle avait aperçu son regard posé sur elle, et ce n’était pas pour admirer ses cuisses.

C’étaient les yeux d’un tueur.

Heidi Ried hésitait sur la conduite à tenir. Une petite voix lui disait qu’il était arrivé quelque chose à John Mac Kenzie et elle en avait l’estomac retourné. La peur commençait insidieusement à s’infiltrer en elle. Jusque-là, elle s’était sentie protégée par la foule, mais, après le départ de l’ascenseur, il ne resterait plus qu’elle et les serveurs dans la Kehlstein Haus et cet étrange basané. À cause du temps, les touristes avaient écourté leur excursion. Tandis qu’elle réfléchissait, deux événements se produisirent en même temps.

D’abord, la porte de la cabine s’ouvrit, découvrit les parois de bronze et la grande banquette de cuir vert. Ensuite, trois hommes surgirent du brouillard et échangèrent quelques mots avec celui qui fumait une cigarette en face des toilettes. Tous avaient le type moyen-oriental prononcé. L’un d’eux, trapu et chauve, fixa la jeune femme avec insistance. Heidi Ried sentit ses jambes se dérober sous elle. Les quatre hommes se glissèrent dans la queue, l’entourant sournoisement, l’isolant des autres touristes. Poussée par l’instinct de conservation, elle joua des coudes et se glissa la première dans la cabine vert et or, s’abritant derrière un couple d’Américains. Le cœur battant la chamade, elle attendit que les portes se referment.

Où était John Mac Kenzie ?

Elle se raccrocha à l’idée qu’il devait suivre Farid Badr et l’homme qu’il avait retrouvé. Elle n’avait plus qu’à regagner Intereck, là où ils avaient garé leur voiture, et à y attendre l’Américain. L’ascenseur commença à descendre. Elle tourna la tête et croisa le regard de l’un de ses quatre suiveurs, posé sur elle. Il le détourna immédiatement, mais ce fut comme un coup de couteau… Lorsque la porte de l’ascenseur s’ouvrit, Heidi Ried se rua dans le long couloir humide creusé dans le roc, collée à son couple d’Américains.

Sans se retourner.

Elle émergea à l’air libre et se dirigea vers les gens qui faisaient la queue devant les trois derniers bus orange redescendant à Intereck. Heidi attendit sagement son tour et tendit son ticket. Le chauffeur du bus l’examina et le lui rendit :

Fräulein, vous avez tamponné votre ticket pour un retour à cinq heures. Ce bus part à quatre heures. Vous ne pourrez monter que s’il y a une place libre. Attendez ici.

Heidi Ried se rangea de côté, comptant les gens qui montaient. Celui qui l’avait observée monta dans le bus. Quelques instants plus tard, le chauffeur se tourna vers elle, désolé.

— Il n’y a plus de place, il faut attendre le prochain !

Pour éviter la pagaille, chaque touriste devait faire tamponner son ticket en arrivant au parking et noter l’heure de retour prévue. Organisation allemande. Heidi Ried recula, paniquée, laissant les trois bus démarrer sous son nez. Elle demeura seule sur l’esplanade. L’angoisse lui noua brutalement la gorge. Elle avait froid et peur. Tous ses suiveurs avaient disparu, vraisemblablement ils s’étaient répartis dans les trois bus. L’idée d’attendre là plus d’une demi-heure avec le brouillard qui descendait lentement lui était insupportable. Elle regarda la route étroite qui descendait vers la vallée. Il n’y avait que six kilomètres et demi. Trois quarts d’heure de marche. Cela valait mieux que d’attendre seule sur ce parking désert et glacial.


* * *

La vue était sublime mais Heidi Ried n’en profitait pas, marchant vite, glissant parfois sur une plaque de neige. Cela faisait dix minutes qu’elle avait quitté l’esplanade, franchissant le premier des cinq tunnels qui coupaient l’itinéraire. Pas un chat ! La circulation, en dehors des bus orange, était interdite, et rares étaient les touristes sportifs qui redescendaient à pied. Avec sa mini de cuir jaune et ses chaussures vernies, Heidi se sentait parfaitement déplacée dans ce paysage de sapins.

Un bruit de branches brisées et de pierres qui roulaient lui fit lever la tête vers la paroi surplombant la route à sa gauche.

Elle eut l’impression que son cœur s’arrêtait. Trois hommes dévalaient vers elle, courant souplement sur le terrain en pente. Ceux qu’elle avait vus au Kelhstein Haus ! Le premier sauta sur la route devant elle, lui coupant le chemin. Les deux autres arrivaient derrière elle, courant sans un bruit. Heidi s’arrêta et poussa un cri étouffé, paralysée de terreur. Elle n’avait pas repris son sang-froid lorsqu’ils arrivèrent à sa hauteur. Tout de suite, l’un d’eux la frappa brutalement au visage, lui faisant éclater la lèvre inférieure, redoublant aussitôt à la tempe. Étourdie, Heidi Ried se laissa entraîner le long d’un sentier partant de la route jusqu’à une plate-forme d’observation. À travers les larmes, elle aperçut très loin, en bas, le Kônigsee, et les montagnes qui l’entouraient.

Ses agresseurs la poussèrent contre la rambarde en pierre, en lui tordant les poignets. Elle hurla.

— Laissez-moi ! Je me plaindrai à la police !

Stupide ! On ne la voyait même pas de la route ! À cette heure, il n’y avait plus âme qui vive dans le massif de l’Obersalzberg. Elle n’avait de secours à espérer de personne… Le chauve trapu s’approcha d’elle, lui saisit les cheveux, qu’il noua en torsade dans sa main et, rejetant sa tête en arrière, lui cracha en plein visage !

— Ton ami sioniste est mort ! lança-t-il. Et il va t’arriver la même chose. Sauf si tu réponds à mes questions. Qui es-tu ?

Heidi Ried tenta de reprendre son sang-froid.

— Je suis autrichienne, je fais du tourisme, balbutia-t-elle, je ne comprends pas. Qui êtes-vous ?

Une gifle l’assomma à moitié.

— Je t’ai dit de répondre à mes questions, pas de mentir, glapit Ibrahim Kamel. Qui t’a fait venir ici ? Qui suivais-tu ?

La jeune Autrichienne demeura muette. De terreur. Elle vit soudain le poignard jaillir dans la main de l’Arabe et sentit la pointe lui piquer le ventre juste au-dessus du nombril.

— Je vais t’enfoncer ça, menaça l’Irakien. Assez lentement pour que tu aies le temps de changer d’avis.

Joignant le geste à la parole, il pesa sur le manche et Heidi Ried sentit une violente douleur lui déchirer l’abdomen. Son cri se répercuta au-dessus de la vallée jusqu’à ce qu’une main brutale la bâillonne. Un liquide chaud coulait le long de son ventre, atteignant l’aine.

— Tu veux parler ? susurra Ibrahim Kamel à son oreille, en lui tordant la pointe d’un sein.

C’était la première fois qu’il se livrait à son sport favori sur une étrangère et il en était furieusement excité. D’autant que cette fille était somptueuse. Tout à fait les call-girls à cinq cents dollars la nuit qu’il s’offrait de temps en temps.

Comme Heidi Ried ne répondait pas tout de suite, il enfonça le poignard de quelques millimètres de plus. Cette fois, la jeune femme craqua. Quand elle parvint à maîtriser ses sanglots et ses cris, elle se mit à répondre docilement à toutes les questions. Quelque chose s’était brisé en elle, une sorte de lassitude résignée l’avait envahie. Tant qu’elle parlait, le poignard ne s’enfonçait plus dans sa chair. Les deux acolytes d’Ibrahim Kamel l’avait lâchée, s’écartant un peu. Arriva le moment où l’Irakien n’eut plus rien à demander. Il leva les yeux, regardant, par-dessus l’épaule de la jeune femme, les pentes recouvertes de sapins d’Obersalzberg. Le rebord de cet observatoire délimitait un à-pic rocailleux avec quelques sapins au fond. Il n’avait qu’à enfoncer le poignard d’un coup sec, tourner pour sectionner l’artère fémorale et pousser le corps dans le vide.

Son regard redescendit, croisant celui de la jeune femme, s’attardant sur la bouche tuméfiée, le regard humide où une sorte de supplication demeurait au fond des yeux gris, comme un abandon de femelle.

Brutalement son ventre s’embrasa. Au lieu d’enfoncer le poignard, il le retira. Son regard rivé dans celui d’Heidi Ried, il glissa les deux mains sous la mini de cuir jaune, saisissant l’élastique du slip. Il le tira vers le bas, le faisant rouler le long des cuisses musclées, puis plus bas jusqu’à ce qu’il tombe à terre. En équilibre sur le rebord de pierre, Heidi Ried dut s’appuyer des deux mains pour ne pas tomber en arrière. Elle remonta involontairement ses genoux, découvrant le haut de ses cuisses à Ibrahim Kamel.

Celui-ci sentit le sang lui monter à la tête. Avec un grognement heureux, il se rapprocha encore plus, saisit Heidi sous les genoux, l’attirant vers lui. Puis, ses mains remontèrent le long des cuisses charnues, palpant, serrant, repoussant le cuir jaune de la mini. Jusqu’à ce qu’elle soit enroulée autour des hanches. Heidi se laissait faire, assommée de douleur et de terreur. Le sang continuait à couler de sa blessure au ventre et les coups reçus à la tête l’élançaient douloureusement. Quand le pantalon d’Ibrahim commença à se frotter contre son sexe découvert, elle tenta vaguement de lui échapper mais, pour cela, il lui fallait se laisser tomber en arrière dans le vide.

Or, elle n’avait aucune envie de mourir. Confusément, elle se dit que si elle se laissait violer, son bourreau lui laisserait la vie sauve… Ce dernier la tenait maintenant aux hanches, se frottant à elle de plus en plus fort. Il écarta une main et se mit à malaxer un sein ferme, à travers le pull. Discrètement, ses deux complices s’étaient éloignés pour fumer une cigarette. On n’entendait plus que le souffle court de l’Irakien et celui, plus léger, de la jeune femme. Elle cria lorsqu’il lui pinça un sein.

Ibrahim Kamel n’en pouvait plus. Maintenant la jeune femme en équilibre d’une seule main, il descendit rapidement le zip de son pantalon. L’extrémité rougeâtre d’un sexe épais passait le nez au-dessus du slip. L’Irakien baissa celui-ci et son membre bondit comme un ressort, se détachant de son ventre, raide, gorgé de sang, d’une longueur inhabituelle. Il ne pouvait pas impressionner sa victime : Heidi Ried avait fermé les yeux.

Tout son corps eut un sursaut lorsque l’Irakien la pénétra brutalement d’un seul coup de reins qui le projeta en avant. Elle hurla. Sa muqueuse sèche ne laissait pas entrer le sexe massif. Son cri se transforma en une longue plainte quand Ibrahim Kamel se propulsa une nouvelle fois en elle, relevant en même temps ses cuisses à la verticale pour l’attirer à lui. Le pantalon sur les chevilles, le slip à mi-cuisses, il était ridicule, mais ne s’en souciait guère. Heidi Ried avait l’impression que son ventre éclatait… Les dents serrées, l’Irakien allait et venait, élargissant les parois élastiques d’un mouvement rotatif, regardant fasciné, son gros sexe disparaître au milieu des poils blonds.

Maintenant, la tête d’Heidi pendait au-dessus du vide. La douleur avait fait place à quelque chose de plus diffus, de plus sournois. Ce viol la laissait indifférente, comme s’il s’agissait d’une autre.

Ibrahim Kamel avait l’impression d’être le maître du monde, en train de labourer à son gré cette esclave sexuelle. Il aurait voulu prolonger indéfiniment ses délices. Hélas, trop excité par la muqueuse resserrée, il ne put se contenir longtemps. Avec des râles qui se terminèrent par un cri rauque, il explosa au fond du ventre de la jeune femme, projetant une semence épaisse le plus loin possible. Heidi Ried ne réagit pas. Ibrahim retira son sexe encore raide et se rajusta en quelques secondes. Heidi demeura inerte, la tête dans le vide et les jambes reposant de l’autre côté. Ibrahim se retourna.

— Mahmoud ! Selim !

Les deux hommes accoururent aussitôt savourant d’avance leur gâterie.

— Amusez-vous aussi ! proposa l’Irakien, grand seigneur.

Ils ne se le firent pas dire deux fois. À tour de rôle, ils prirent Heidi de la même façon que leur chef, tandis qu’Ibrahim fumait une cigarette. Tarik Hamadi, son chef, serait content, il avait parfaitement rempli sa mission… Un cri rauque, presque d’agonie lui fit tourner la tête vers la scène du viol. Ses deux complices avaient retourné Heidi sur le ventre, l’allongeant dans le sens de la rambarde. Mahmoud était penché au-dessus d’elle et on voyait une partie de son sexe émerger des fesses de la jeune femme qu’il était en train de sodomiser.

Fugitivement, Ibrahim éprouva un regret. Il aurait dû la prendre de cette façon aussi, mais c’était trop tard. Agacé, il lança.

— Il faut partir. Dépêchez-vous.

Même sans son injonction, Mahmoud aurait atteint le plaisir. Il fut secoué d’un bref spasme et se redressa, demandant respectueusement.

— Qu’est-ce qu’on en fait ?

— Finissez-la ! jeta Ibrahim Kamel.

Mahmoud retourna la jeune femme. Elle était inanimée, des larmes inondant son visage. Il leva le bras et, de toutes ses forces, abattit le tranchant de sa main sur la gorge d’Heidi Ried.

La jeune femme eut un bref sursaut, émettant le bruit d’un soufflet qui se vide. L’Irakien frappa de nouveau, achevant de lui broyer le larynx. Cette fois, elle ne bougea plus. Par précaution, il souleva une de ses paupières. La prunelle était fixe. Elle était morte. Ibrahim Kamel s’approcha. Il regarda le cadavre quelques instants, puis, du pied, le poussa dans le vide et le suivit des yeux tandis qu’il dévalait la pente raide. Un sapin arrêta le corps beaucoup plus bas, là où il était presque invisible du promontoire. Ibrahim regarda sa montre. Leur petit intermède avait quand même pris vingt-cinq minutes. Il dirait que l’interrogatoire avait traîné. Et puis, Tarik Hamadi s’en moquait. Les deux espions sionistes étaient éliminés.

C’était le principal.

— On descend, annonça-t-il.

Ils regagnèrent la route déserte et se mirent à descendre à la file indienne. Pas âme qui vive. Avant d’arriver à Intereck, où ils avaient rendez-vous avec Tarik, ils bifurqueraient pour récupérer leur voiture garée dans un discret parking.

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