Je pourrais encore longtemps.
Ne veux pas.
Ma devise, tu la connais ? « Tire des coups, mais jamais à la ligne ! »
Pour t'en reviendre à la situasse si bourrée de dynamite qu'elle va finir par m'éclater à la gueule…
Voir ce trio, misérable, saccagé, brisé, fait gonfler mon cœur d'une rancœur monotone. Ce saligaud, c'est donc Satan en personne !
Il m'explique, complaisamment, qu'il s'est assuré de mes compagnons, à leur retour de Hong Kong, les a mis en lieu sûr après les avoir « consciencieusement » interrogés. Conclusion, on joue à « je te tiens, tu me tiens par la barbichette ».
Il propose un échange, le Dracula d'Orient-Extrême je lui restitue les documents engrangés chez sa vieille complice et il me rend ces trois navetons. Correct ?
T'imagines, Titine, que je vais attacher foi à sa propose ?
Il ne relâchera jamais des gens (moi le premier) qui en savent si long sur son industrie. Nous sommes dans l'impasse.
Son œil impitoyable me scrute ironiquement.
Je fonctionne du bulbe à la vitesse d'un hydroglisseur de compétition.
N'à ce point précis du récit, intervient un inter-merde, dirait le Gros. On apporte à bouffer aux prisonniers. Ce simple fait va décider de la suite (et de la fin) de cette inestimable histoire qui sera classée « tête des ventes » par les Relais et, peut-être, monument historique !
Sais-tu quoi ?
Tu tiens à ce que je t'y révèle, Adèle ?
Alors voilà :
Le mec qui donne la bouffe à mes aminches je l'ai aperçu avant d'entrer dans le burlingue de Groszob.
Tu me lis bien, avec tes lotos globuleux ?
Que signifie cette constatation ?
Que la geôle de mes patriotes cons est située sous le toit qui nous abrite !
Pas à hésiter.
Je t'ai causé de la statue en ivoire de l'empereur Suç Mao Pin' sur un socle de marbre blanc ? Non ? Ben, elle !
Me le biche par le cou, le monarque de la dynastie Dû Trong.
Il pèse autant qu'un cochon mort. Le brandis pourtant d'une seule paluche et lui fais donner l'accolade à mon hôte.
Où tu vois le tyran, en Suç Mao Pin', c'est qu'il écrabouille le dôme du vieux nœud. L'iroszob n'a pas eu le temps de réagir, le voilà avec la calotte crâneuse au niveau du nez ! Ça décoiffe, hein ? Le sang jaillit par ses deux portugaises à la fois, ce qui n'est jamais bon cygne.
D'un seul coup, l'Antonio récupère sa sérénité.
J'essuie, à l'aide des rideaux, le buste souillé de Sa Majesté, manière d'effacer mes empreintes. Ouvre deux tiroirs du bureau. Pourquoi n'en ouvré-je pas davantage ? Parce que c'est dans le deuxième que je découvre un pistolet de fort calibre. Outil sérieux et qui doit valoir une fortune. Ses flancs chromés recèlent un chargeur de neuf bastos. De quoi rire et s'amuser en société !
Nous l'avons récupéré le lendemain, dans une rue du centre.
Pour ne pas retourner en fourrière, Salami avait trouvé une astuce : marcher au côté d'une vieillarde. Il circulait ainsi sans craindre les lassos des traqueurs de chiens vagabonds. L'ennui, c'est qu'il ne pouvait choisir son itinéraire.
Il m'apprit par la suite qu'il avait toujours gardé confiance en moi et en sa bonne étoile.
Un chien pareil, je te le jure, il n'en existera jamais deux !
Présentement, nous sommes en vacances sur la Costa del Sol avec Félicie.
Le soir, nous jouons au rami tous les trois.
C'est Salami qui gagne.