ANNEXES

Itinéraire du Paricutin à la vallée du Tepalcatepec

Quitté Los Reyes par car à 8 h le matin.

Mon barda : soupes lyophilisées, bouillie d'avoine, sessina, et surtout l'eau.

Une couverture pour ne pas faire mentir Don Thomas au cas où l'enfer serait frisquet la nuit.

Citronnelle contre les moustiques.

Le matériel : marteau, sacs à échantillons, bottes en plastique.

Mon vieux Minolta, boussole, calepins, crayons.

Un couteau suisse.

Alcool, pansements, crème solaire, pastilles de chlorazone pour désinfecter l'eau.

Pas de malaria, mais le mal de Pinto, un spirochète (tréponème herrejoni) qui sème des taches sur la peau et rend anémique.


Angahuan, 18/11

Temps sombre.

Marché dans les rues du village.

Sur la place un haut-parleur diffuse une valse.

Contacté Salvador (mon guide, 43 ans), qui connaît par cœur l'histoire du volcan (son gagne-pain).

Raconte les tremblements de terre, la pluie de cendres, la lave qui déborde et la forêt qui s'enflamme. Nous descendons vers Parangaricutiro vers 10 h du matin.

Traversons une partie de la coulée, non loin de la tour de l'église miraculeuse, dans les creux je remarque des offrandes de fleurs.

Continué par un chemin creusé dans la lave.

À 4 h environ nous sommes au bas du volcan (l'altimètre indique déjà 2 000 mètres). Le cône est parfait, échancre au nord-est par la coulée qui a anéanti le village en 43.

Salvador me conduit à travers les laves en aiguilles jusqu'à la « curiosité » : à 500 mètres du cratère, la mazorca (l'épi de maïs), une bombe volcanique en fuseau de 2 mètres de haut.

Avons commencé l'escalade dans la cendre, les laves brûlées, le salpêtre. Odeur forte de soufre. Je touche la cendre, elle me semble encore chaude, sans doute à cause de la réverbération solaire.

Continuons l'escalade à quatre pattes à cause de la pente ; vue sur le paysage chaotique de la vallée. Au sud la montagne où le Tepalcatepec prend sa source.

Je regarde la vallée où je dois faire ma coupe. Devant nous, assez proche, le volcan Tancitaro, type Fuji. La pointe est blanche, non de givre, mais de salpêtre.

L'océan est hors de vue, mais dans l'ombre, je vois un morceau de l'Infiernillo, formé par le barrage sur le río Balsas. L'impression est grandiose. Les deux volcans, Parícutin et Tancitaro, l'un de 2 800, l'autre de 3 000 mètres, commandent toute la vallée.

Nous distinguons clairement les vallées afïluentes : la Perota à l'est ; les plaines d'Antunez ; le Cupatitzio au nord-est, avec ses barrages ; le lac artificiel de Jicalan, et le hameau de Lombardia (le terminus de la voie ferrée Uruapan-Apatzingán). La rive gauche du Tepalcatepec est cultivée (cascalote, sorgho, concombre, melon, papaye, orangers).

En aval commence un désert blanchâtre (soufre, argile) qui a donné son nom au fleuve (tepakate, en nahuatl : terre aride).

Nous sommes redescendus avant la nuit.

Campement sommaire, sans feu. Mangé une boîte de haricots froids. Salvador grignote des tortillas.

Avant de dormir, nous fumons une cigarette. Salvador parle de sa vie aux États-Unis, dans l'État de Washington, il a travaillé dans une scierie en forêt.

Réveillé en pleine nuit par des glapissements : les coyotes rôdent au milieu des laves. Salvador dit que la semaine passée ils ont attaqué des enfants. Il jette quelques cailloux, au hasard.

C'est ma première nuit dans ce pays ancien et sauvage, une nuit noire dans un paysage noir.


19/11

À l'aube, dans la lueur jaune du soleil pas encore levé, nous partageons le reste de haricots et de tortillas.

Salvador met sa paie dans son chapeau. Il retourne vers son village.

Je marche tout seul vers l'ouest, dans la direction de San Juan Nuevo.

Ma traversée du Tepalcatepec a commencé.


20-25/11

San Juan Nuevo-Tancitaro.

Passé de la zone froide à la zone tempérée des 1 500.

Terrain boisé (pin oyamel, moctezuma, puis à mesure que je descends, pin maritime, fromager).

Le volcan à ma droite, à 10 km à vol d'oiseau.

Début de la descente vers le lit du fleuve.

Sol tertiaire, arénique congloméré, vers Santa Ana calcique-arénique.

Marche difficile, terrain aride, éboulements, ravins bouchés par la végétation épineuse.

Traversé la route Tepalcatepec-Buenavista-Apatzingán.

Impression étrange d'une route goudronnée après des jours de marche dans la montagne.

Je suis depuis deux jours un chemin de bétail qui relie Santa Ana et Guarachita.

Je suis dans la zone des 400.

Prélèvement des sols (environs de Guarachita) :

Présence de fertilisants : calcium, magnésium (roche dolomitique pulvérisée). Soufre (estimation 10 kilos à l'hectare).

Absence de bore.

Nitrogène élevé : 140 (culture de pomme de terre, de maïs).

Potasse k 20 (patate douce).

Phosphore faible : P 205 : 40 (orangers).

Présence exceptionnelle de vignobles près du hameau.

Dans le fond de la vallée, les fumées d'un hameau isolé (le nom fait penser à un campement de chercheurs d'or) : El Piru.

La pente s'accélère, Tout à coup, après la route, je découvre le fleuve.

Vallée immense fermée au nord-ouest par la chaîne des montagnes (la région de Quitupan, le pays de Don Thomas). Le fleuve coule en méandres réguliers dans une vallée alluviale sèche, piquée de broussailles, quelques bosquets d'arbres au creux intérieur des courbes.

Aucune ville, aucun village.

Une vallée au commencement de l'ère quaternaire.

Impression de solitude, de grandeur.

Demain je camperai au bord du fleuve.

De l'autre côté les pentes sombres de la sierra transversale, dernier obstacle avant le Pacifique.


30/11

Franchi le fleuve par le pont. Eau rare, plusieurs bras morts. Sur la rive gauche, les bosquets (tamaris, saules) suivent le tracé de la rivière souterraine, comme pour les oueds africains. Rejoint la route d'Aguililla, j'ai arrêté un car pour aller jusqu'à la ville. Au km 41 passé la ligne de partage des eaux. Le soir, avant la ville, j'aperçois le début des vallées des affluents du Nexpa, qui descendent vers l'Océan. Passé la nuit dans l'unique hôtel d'Aguililla.

Fin de la mission.

Campos
Lois de Campos

ASTR : Fondation par le « Conseiller » dans les années 80 — Anthony Martin, métis de français et de choctaw. Formation : engagé, puis études de mathématiques École indienne de Norman.


ÉDU : Éducation sans école organisée. Développement de l'imagination. Application du sensoriel aux sciences.

Le langage mathématique : « parler en équations ».


FAM : Notion de famille réduite exclue. Famille extensive. Les « anciens ». Les « tuteurs ».


FOI : Absence affirmée de la religion. L'idée de Dieu laissée à l'individu. Pas de catéchisme.


LAN : La langue de Campos. Alphabet, syntaxe, vocabulaire de la langue « elmen ». Création d'un « créole ». Importance de la langue originale : le purépecha.


MAR : Pas de mariage.

Reconnaissance officieuse d'un partenariat amoureux. Non-possession des enfants. Jusqu'au sevrage, un lien maternel fort. Contact physique, soins du corps, nourriture mise dans la bouche, etc.

Un couple idéal, destiné à diriger le camp. Direction morale, non autoritaire.

Les décisions doivent être prises après consultation (enfants compris).


MED : En principe, pas de médecin. Certains hommes, femmes, doués pour soulager. Proche du chamanisme. Les plantes. Jardin de simples, recettes apportées par le Haïtien Sangor. Importance de la plante « nurhité » (Clunopodium laevigatum).

Massages, caresses. Importance de la parole. Aucune hostilité à la médecine occidentale.


MOD : Pas d'argent à l'intérieur du camp. Le troc. Le service rendu. Mais accès au commerce extérieur (vente de produits de la ferme, achat de grains et d'outils). Revenus d'actions bancaires.


PAS : Passage à l'adolescence.

Cueillette des feuilles de nurhité. Voyage à l'extérieur avec obligation de travail. Certains ne reviennent pas.


RIT : Le ciel comme centre d'intérêt Observation du ciel, établissement d'une charte. Dessins et noms des astres en langue elmen.

Observation des passages : le passage des Pléiades au zénith.


SEX : Sensualité libre, mais contrôlée. Éducation par les « tuteurs ». Les jeunes ont accès à la sexualité. Doivent connaître la réalité de l'acte sexuel dès l'enfance, sans être incités à y participer. Danger de la promiscuité.

Égalité des sexes. Prépondérance de l'élément féminin dans les rapports sociaux. Dans l'éducation des enfants les trois premières années.

Passage des Pléiades au zénith
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