Imagine une allée de palmiers un peu jaunâtres. Tout au bout, y’a une maison Médicis, dans les tons ocre-rose. Le tout sur une éminence plus riante que le Père Joseph[1] Molto flores. En buissons : des gazibouilles cloaqueux, des torpéduches grenouillères, des aléas multiples, des pontamoussons écarlates, des bivulves vaginelles caduques, et encore d’autres… Un pur enchantement.
La pompe vient se ranger devant la porte principale. On déboule. Ça ressemble plus à l’Espagne qu’à l’Italie, à cause du patio et de la piscine. Un gros mec malsain, chauve par contumace (il se fait raser ce qui reste), vêtu d’un bermuda orange, à fleurs blanches et de longs poils presque blancs, se balance dans un rocking-chair, exactement comme dans un film B. On a eu le souci de la reconstitution au point de poser un grand verre de scotch près de lui.
Par contre, où ça diffère, c’est que dans les films B, ce genre de personnage est le chef, alors qu’ici mes kidnappeurs se soucient autant de lui que du rajustement de l’allocation aux vieillards. On longe la piscine, puis on pénètre dans une grande pièce nue dont le fond est une glace.
Des agrès et un épais tapis-brosse indiquent qu’il s’agit d’une salle de gymnastique. D’ailleurs, une dame s’entraîne aux anneaux. Elle a un maillot-blanc-une-pièce et un turban blanc. Je la vois mal car elle me tourne le dos, mais elle ne doit pas être de la première fraîcheur si j’en crois ce que je distingue dans le miroir du fond. Sa bidoche fait des plis aux cuisses et dans le dos, comme le goudron par grande chaleur.
Les trois lascars s’arrêtent. Ils semblent respecter l’exercice de la dame. Celle-ci réussit un retournement qui ne manque pas de souplesse et se reçoit fort bien, les bras écartés, comme une gymnaste participant à un concours.
— O. K., nasille l’oiseau.
Elle laisse retomber ses bras et s’approche en coltinant sa cellulite. J’éprouve une impression de déjà vu. Certain d’avoir rencontré cette momie antérieurement. Tu sais qu’elle va sur ses septante ans, mémère ? Malgré son ravalement, les carats sont là, tous présents à l’appel. Elle a eu beau se farder au pistolet, ne lui manque pas un mois de nourrice.
Sa bouche craquelée, ses narines luisantes, ses paupières batraciennes, enfoncées, sa peau qui pend aux endroits charnus, tout la trahit. Elle peut faire de l’exercice, du régime et marcher aux produits Carrita, pour se gommer l’irréparable outrage, tintin !
Où diantre l’ai-je déjà rencontrée ?
Et puis ça me revient.
Sur des écrans. Elle était actrice. Pas le tout grand vedettariat, non, le rôle secondaire, mais que tu retrouves à tout bout de champ. Elle jouait les amies d’enfance, les belles-sœurs, les logeuses. Son blaze ? Un prénom en « a », un nom en « hon ». Gloria Machinchon, ou assimilé.
Elle a un regard bleu-vert, pénétrant, pas gentil. C’est ce regard mauvais qui a dû limiter sa carrière, l’empêcher d’accéder aux grands emplois qui exigent des acteurs sympathiques. Sinon, elle avait du talent, la mère.
Je me la rappelle dans « La grand-mère de Dracula », elle jouait la châtelaine et elle effrayait davantage que Dracula.
Je lui souris.
— Très honoré de vous connaître, madame. J’ignorais ce que vous étiez devenue depuis que le cinéma vous a quittée. Je ne savais pas que vous vous étiez reconvertie dans le gangstérisme.
Ma réplique accroît la vilaine lueur qui brille dans ses prunelles enfoncées.
— Occupez-vous de cet enfant de salaud, lance-t-elle à ses guerriers.
Ils s’occupent de moi.
Alors, espère, ça ne traîne pas. M’est survenu bien des avatars depuis que je fais carrière dans la castagne. J’en ai rencontré des vilains, des mauvais, des teigneux, des faisandés, des sadiques, des fumiers de tout poil. J’en ai effacé des horions, des massacrades, des coups bas. J’en ai connu des situations désespérées, effarantes, épouvantables. J’ai vu l’horreur en face. Ma peau, je l’ai risquée tant et plus, et plus que tant ! On m’a souvent baisé par surprise. Pris de court. Entourloupé canaille. Des prises fulgurantes, si tu savais combien on m’en a placées ! Tudieu, la merde ! Des qui te laissent pas le temps de piger. Des que tu te retrouves neutralisé comme une tranche de rumsteack sur un billot de boucher…
Mais dans le cas présent, je pense que ça dépasse tout en promptitude. D’accord, ils sont trois. N’empêche que sans un synchronisme absolu, ça ne serait pas aussi efficace. Ils doivent répéter pendant leurs moments d’inaction, ces gredins. S’entraîner à mort. Faire des gammes, quoi.
Un grouillement de piranhas. Lequel me ceinture ? Lequel me passe une boucle de menotte à la cheville gauche ? Lequel me fait pirouetter ? Lequel passe l’autre extrémité du cabriolet à l’un des anneaux dont se servait la vioque ? Je ne sais pas. Je m’en fous. Le temps de compter jusqu’à trois, parole ! Pas plus, je jure. Jusqu’à trois : un, deux, trois ! Me v’là suspendu par un pied, la tête en bas. Je vois le monde à l’envers. Un monde pas très choucard : la vieille actrice, les trois tordus assassins. L’extrémité de mes doigts affleure à peine le sol. Pas moyen de prendre appui.
Et tu crois qu’ils me tiennent quitte, ces ordures ?
Penses-tu, Toto, c’est à présent que les festivités démarrent. C’est le Noir qui m’entreprend en premier, d’un coup de pied dans la poitrine. Le souffle stoppé, je pars à balancer. Le Jaune s’est filé de l’autre côté, et il me refoule en me shootant les meules. Je vais de plus en plus haut. Tout tourne. Ma jambe gauche doit s’allonger car j’ai l’impression qu’on me l’arrache. Ai-je arraché des pattes aux mouches, autrefois ? N’en ai pas souvenance. Ma cruauté devait s’exercer autrement, car les mouches me dégoûtaient.
Le troisième : l’oiseau, trouve un jeu pour lui. Il se place à bonne distance, et chaque fois que mon mouvement pendulaire amène ma frime à hauteur de sa ceinture, il me file un crochet. J’en morfle à la mâchoire, à la tempe, sur l’oreille, sur le crâne, partout. Un au cou, si je te disais, le plus douloureux. Mon corps, lentement, se disloque. Pauvre Ravaillac, qui fut écartelé ; pauvre Damien…
Je me disperse en pièces, lambeaux, morcifs… Ce parpaing qui me donne envie de dégobiller mon cœur, tu penses qu’il m’est arrivé dans les roustons ? Ma cheville doit enfler, éclater. Je vais me désosser. Me dépiauter tout. Faudra qu’ils nettoient la salle de gymnastique à grand jet.
Et pourtant, mon entendement s’obstine à fonctionner. Preuve que ma pensée vacille moins que mon corps. Ils ne veulent pas me buter tout de suite, sinon ils m’auraient refroidi en même temps que la pauvre petite Thérésa et que son arrière-grand-dabe.
Je maudis le Vieux. Son plan à la con, à la noix, à la gomme, à la chiasse, à la mords-moi-le-nœud, à la va-te-faire-mettre ! Son plan de chef sénile. Son plan d’enfoiré mondain ! Son plan pour bandes dessinées d’écolier.
Tout cela pour rien. Pour la peau ! Pour rire.
T’entends, gueule de bite ? Pour RIRE !
Pauvre carcasse contractée, mutilée, torturée, dont chaque pore appréhende la seconde qui va suivre ; dont chaque cellule souffre. Pauvre chair que trop j’ai nourrie et qu’on martyrise. Plus jamais de homards à la nage, de truites au bleu, de cuisses de grenouilles…
Plus jamais de pigeonneaux étouffés.
Et puis, d’abord, tel que c’est parti, plus jamais rien, hein ? Tout en moi est souffrance. Nausée, agonie, perdition. Je naufrage à l’intérieur de moi-même. M’auto-ensevelis. Je suis ma mort et mon cimetière.
Les carnes immondes ! Qu’attendent-ils de moi ? Que je parle ? Pour leur dire quoi ? À moins qu’ils ne se vengent d’une chose que j’ignore encore ? Ces diaboliques usent d’un procédé nouveau pour moi : ils me torturent avant de me questionner ! Ils ne me laissent pas le temps d’organiser ma résistance. Non, sans perdre une seconde, ils me réduisent à l’état de loque. Ils tuent mon énergie, annihilent mon courage.
D’un balancement l’autre, d’un gnon l’autre, d’une meurtrissure l’autre, j’ai le temps d’entrevoir la vieille, dans sa petite tenue de gym, qui contemple la scène sans émotion.
Le temps que tout cela dure ? mon pauvre vieux, excuse-moi, j’ai oublié de déclencher le chrono.
Quand ils en ont leur claque, des claques ; que je les ai fatigués par mon inertie obligatoire, ils s’arrêtent. Je les entends qui respirent fort, par le nez. Je les sens qui puent la sueur. Je les vois se masser, qui le poing, qui le genou.
Ma balancerie continue en décrescendant. Voici qu’enfin j’immobilise et me mets à pendre comme une chauve-souris, le jour.
Tout mon être est en feu. Je ruisselle : sueur et sang. Ça me bourdonne de toute part : le crâne, la poitrine, le bide.
La mémé passe un peignoir de bain dans les tons ocres. Elle claque des doigts pour je ne sais quoi. Vite, le Jap va quérir un tabouret de métal qu’il pose près de moi.
— Ici, miss Linda ? il demande.
Le nom de la vieille me revient : Linda Benson.
Elle s’assoit près de moi. Je vois sa bouille à l’envers, ce qui ne l’arrange pas. On croirait le masque mortuaire d’une guenon. L’âge, c’est ce qu’il y a de plus dégueulasse en ce monde. De moins tolérable.
— Vous pouvez parler, commissaire ? elle me demande.
— Naturellement, clapoté-je, je vais en profiter pour vous signaler que, quand on vous regarde à l’envers, on s’aperçoit des imperfections de votre râtelier. Vous avez tort de chipoter sur la prothèse dentaire, miss Benson, à votre âge elle est capitale.
L’oiseau s’avance, furax (peut-être veut-il cacher son hilarité).
— Je crois qu’il n’a pas encore compris, miss Linda, dit-il.
Elle fait un geste effaceur avec la main.
— Laissez !
Puis, à moi, sans s’émouvoir.
— Vous savez qui nous sommes ?
— Vous, oui, j’ai vu certains de vos films quand j’étais petit.
— Et eux ?
— J’ai eu l’occasion de constater qu’ils sont de parfaits tueurs à gages et des chourineurs de première force.
— On a déjà entendu parler du « Code Z », en France ?
Là, elle me marque un penalty imparable. J’en reste comme un parapluie accroché à une patère noire. Le « Code Z » ! Tu parles, Jules. La plus terrible organisation secrète de ces dernières années. Ayant recruté les tueurs les plus chevronnés de la planète et tous les bons agents secrets en rupture de réseau, elle a constitué une petite armée de l’ombre, implacable, capable de tout et s’y livrant.
Cette armée collabore avec les services de renseignements des grandes nations, lorsque ceux-ci essuient un échec, ou hésitent à accomplir certaines missions par trop salissantes. Les mercenaires de l’espionnage des temps nouveaux, voilà ce que sont les gens du « Code Z ».
La chose qui me surprend le plus, dans cette révélation, c’est de trouver une vieille actrice à la tête d’une section.
— Oui, madame, on connaît, bredouillé-je. Et vous faites quoi, au sein de cette honorable association de malfaiteurs, le ménage ou la comptabilité ?
Elle quitte son tabouret, rajuste la ceinture de son peignoir et déclare :
— Nous parlerons lorsque vous serez sérieux.
Elle a un grand geste, pareil à celui de Napoléon posant pour le Pont d’Arcole.
Les gars, sauf le Noir, sortent sur ses talons.
Le sang bouillonne de plus en plus fort dans ma tête.
Une cataracte.
Vais-je pouvoir endurer ce supplice longtemps encore ?
Des vertiges, des vapeurs m’emparent. Ma jambe gauche doit mesurer au moins deux mètres, à présent. Comment se fait-il que je ne traîne pas par terre ?
J’attends encore un brin.
Puis je décide que, non vraiment, plutôt la mort… Et je fais semblant de m’évanouir.
C’est pas duraille à imiter, l’homme inconscient, dans mon état.
S’apercevant que j’ai perdu connaissance, le Noir va héler sur le pas de la porte. Miss Linda et sa clique reviennent, sans se presser. J’ai droit à un seau d’eau revigorant. Pourtant, je continue de feindre l’évanouissement. Cela les incitera peut-être à me désuspendre ?
Eh bien non. L’oiseau se contente de me cramponner sous les ailes et de me soulever, de manière à chasser le sang de mon cerveau.
Je m’obstine. La vieille vient soulever mes paupières. Elle a les mains froides. Elle porte à présent une robe imprimée, genre Hermès, que ça représente des têtes de bourrins.
— Il truque, dit-elle. Allez chercher le nécessaire.
C’est le Japonoche qui s’y rend. L’oiseau me tient toujours à l’équerre et, si ça ne soulage pas ma jambe, du moins cela dissipe le torrent de sang qui déferle dans ma tête.
Le matériel ! De quoi s’agit-il, encore ?
Par l’imperceptible fente de mes paupières, je vois le Jaune revenir avec une grosse boîte d’acajou ressemblant à un coffret humidificateur pour cigares. Il la pose à terre, l’ouvre. Me semble retapisser des cadrans, des fils électriques, des ventouses de caoutchouc noir. On me coiffe d’un casque en plastique à armature métallique. Le Jap s’affaire sur la vilaine boîte. Lui, c’est le technicien du groupe. Le petit bricoleur maison. Il branche des fiches, me place des ventouses sur la poitrine et aux poignets. Tu crois qu’il va me payer un électrocardiogramme ?
Un petit sifflement retentit, léger, impertinent, comme celui de mon compteur quand je coursais la valise volée par Donato à l’aéroport de Catane.
Mille picotements partent à travers ma chair endolorie. Comme si une caravane de fourmis m’investissaient. Ça me chatouille un peu. C’est à la fois soulageant et désagréable, à l’instar (disent mes confrères) de certains massages électriques.
Tout à coup, une voix m’atteint, par les écouteurs placés à l’intérieur du casque. La voix de Linda Benson, mais réverbérée, présente au point que j’ai la sensation de me parler à moi-même. Cette voix arrive directement à mon cerveau, sans emprunter le chemin de mon sens auditif. Elle se forme en moi. M’accapare. J’essaie de lutter contre elle. En vain. Elle se substitue à ma volonté. À mon intelligence, même ! Elle devient un aspect de mon individu. Sa dernière manifestation cohérente. Si tu piges pas, fais semblant et continue, va y avoir de l’action dans pas longtemps.
— Cher ami, vous me recevez bien, n’est-ce pas ?
— Oui.
— Tant mieux. Vous allez me parler, cela vous soulagera. Ensuite, vous vous sentirez bien, vous aurez un bon lit, très doux, dans une chambre très fraîche. On vous donnera à boire des choses exquises. D’accord ?
— Oui, oui, d’accord.
Prononcé-je réellement les réponses, ou me contenté-je de les penser ? Je dois fatalement les articuler puisqu’une conversation s’organise.
— Je vous aime beaucoup, vous savez, commissaire. Et vous aussi vous m’aimez beaucoup. Voilà pourquoi on n’a rien de caché l’un pour l’autre. On doit tout se dire. On doit s’aider…
C’est tout juste si, quelque part, dans l’arrière-salle de ma gamberge, subsiste un certain état d’alerte. Tout juste si un sentiment de méfiance m’avertit qu’on me berne. Tout juste si ma putain de conscience professionnelle regimbe encore pour tenter de ne pas céder aux paroles chatoyantes du serpent.
Mais, malgré cette infime veilleuse, je sais que je suis vaincu et que je vais tout dire.
TOUT !
Alors je dis tout, mon pauvre.
On est des flics.
On est des bœufs.
On est parfois des saints.
Mais, pire que tout cela : on est des hommes. Le hic ! Des hommes. Tu ne peux rien contre. C’est la maronnade assurée. L’enc… sur facture.
Quand je pense qu’une insulte d’homme consiste à lancer à un antagoniste : « T’es pas un homme ! » Alors qu’au contraire, l’injure serait de le traiter d’homme. Que peut-il y avoir de pire dans la hiérarchie flétrissante, hmm ? Mais je te sens qui insurge, pauvre clapoteur ! Misérable ergoteur ! Pommade, tu veux que je dise une bonne fois ? Eh ben, t’es un homme, mon gars !
— Quand avez-vous retrouvé la valise, et qu’en avez-vous fait ?
— Je n’ai pas retrouvé la valise. Quelqu’un l’a volée.
— Qui ?
— Je l’ignore. Les Siciliens m’accusaient alors que je n’y suis pour rien. Et d’ailleurs, je me moque de cette valise.
Imperturbable, la voix de la vieille femme, avec ce nasillement yankee que des cours de diction n’ont jamais atténué.
— Pourquoi vous moquez-vous de cette valise ?
— Parce qu’elle ne contient rien qui puisse nous intéresser, vous et moi.
— Qu’en savez-vous, commissaire ?
— Quelqu’un de chez nous avait réussi à intercepter les documents avant qu’elle ne soit volée.
Merde, proteste mon moignon de conscience, ça y est : tu t’es lamentablement affalé, San-A. Tout est fichu. Ta mission est anéantie. Tu viens de faire cocu le Vieux.
Il y a une légère période de silence. Les autres se sont rapprochés. Ils regardent Linda Benson avec des mines de rats malades.
La voix reprend, avec un frémissement angoissé.
— Si cela est, pourquoi êtes-vous venu en Sicile pour tenter de la retrouver, commissaire ?
— Afin de donner le change, répond ce connard de commissaire. Mes chefs ont pensé que d’autres s’y intéresseraient et finiraient par découvrir que l’homme volé était suivi, ce jour-là. En remuant tout Catane pour récupérer l’attaché-case, nous voulions donner à croire que nous n’avions pas les documents, puisque nous les cherchions. C. Q. F. D. !
Et voilà comment, moralement, professionnellement, on fait faillite, mon lapin.
C’est la déchéance. J’ai été eu ! Dans les grandes longueurs !
Le fameux Santantonio s’est mis à table.
De bel appétit.
Il en a croqué à belles chailles, le veau !
Miss Linda Benson arrache mon casque et le tend au Jap.
— Tenez, rangez ça, on n’en a plus besoin.
— Vous croyez qu’il a dit la vérité, miss Linda ? demande l’oiseau.
— Naturellement. Et pour tout dire, je subodorais plus ou moins quelque chose de ce genre, à la manière dont il se comportait. On aurait dit qu’il tenait à ce que le monde entier sache qu’il cherchait cette mallette…
Elle regarde le Jap remiser ses appareils, avec des mouvements menus, précis.
Je me balance à nouveau. Tu te rappelles des photos montrant le Duce et sa gonzesse accrochés à un étal de boucher. Eh bien je ressemble à ça, figure-toi.
— Alors, qu’est-ce qu’on en fait ? interroge le Noir.
Elle a un léger claquement de langue agacé.
— Un mort, bien sûr, que pourrait-on en faire d’autre, maintenant.