CHAPITRE IX

À l’intérieur de la petite maison, il n’y avait que Lefort, Céline Barron et Sylvie. À l’extérieur, Tabariech montait la garde devant la porte ouverte, maintenant à distance les quatre journalistes présents, dont Pesenti. Les gendarmes de la brigade locale fouillaient les ruines, cherchaient des indices, sans grand enthousiasme, sous le soleil féroce de cette fin de matinée.

Céline faisait lentement le tour de la pièce. Elle s’immobilisa devant la paillasse inachevée, ramassa une tomette pour l’examiner. Elle ouvrit une des deux portes. Sur un cadre de bois, un mince matelas servait de lit. Par terre, il y avait un sac de couchage ouvert et couvert de traces de souliers.

Il y avait une seconde chambre, mais le cadre de bois était dressé contre un mur et, au-dessus, on voyait le ciel.

— Le journaliste a ôté les tuiles pour pouvoir s’échapper. Votre mari et votre fils l’avaient enfermé là-dedans. Hier matin, entre dix heures et midi. Les deux roues avant de sa 2 CV avaient été crevées. Il a dû descendre jusqu’à la route, a joué de malheur puisqu’il n’a aperçu aucun véhicule pour faire du stop. En définitive, il est arrivé au village vers quatre heures, complètement épuisé. Le temps de récupérer et de donner l’alerte, il en était cinq.

Il paraissait sceptique, devait trouver que le journaliste avait perdu un temps fou.

— En principe, tout ceci vous appartient. Bien sûr, il y a la location sous un faux nom, mais ce n’est pas très grave. Nous sommes ici depuis l’aube, et nous n’avons rien découvert d’intéressant. Les deux hommes ont tout aménagé de leurs mains. En décembre, il faisait un temps épouvantable, paraît-il. Leur installation a dû être difficile. Vous ne vous êtes jamais doutée qu’ils pouvaient être dans ce coin ?

Sylvie venait d’ouvrir en placard très bas, une sorte de bahut qui contenait les provisions des deux hommes. Agenouillée devant, elle touchait du bout des doigts les boîtes de conserves, le sac de farine, une grosse miche de pain.

— Cette nuit seulement, je me suis souvenue du nom de Benoît.

— Et vous saviez qu’il habitait Draguignan ?

— Mon mari avait essayé de le rencontrer voici deux ou trois ans. Je l’avais oublié.

Il ne la trouvait pas très convaincante, mais ne le lui dit pas.

— Maintenant, vous ignorez où ils peuvent se cacher ?

— Même si je le savais, je ne le dirais pas. Vous disposez de moyens assez puissants, maintenant que l’enquête rebondit aussi spectaculairement, pour les découvrir rapidement.

Lefort n’en parut pas irrité. Il inclina la tête, posa ses fesses sur un coin de la table.

— Qu’envisagez-vous de faire ? Vous n’êtes pas obligée de me répondre, mais peut-être vaudrait-il mieux signer une sorte de pacte. Uniquement pour les vingt-quatre heures suivantes.

— Je vais rendre cette voiture louée et retourner au camping de la presqu’île de Saint-Mandrier.

— Hier, j’ai interrogé Roumagnes pendant trois heures. Il vous l’a appris ?

— Je ne l’ai pas rencontré depuis hier matin. Mais pourquoi Roumagnes ?

Ce qui fit hausser les épaules du commissaire. Il se le demandait également, car le vieux marin n’avait répondu à aucune de ses questions. Il se redressa, se dirigea vers la porte.

— Nous partons pour Manosque, où sont centralisées toutes les informations. À la gendarmerie. Si vous désirez me voir…, avant votre départ pour Saint-Mandrier… Il y a également ces journalistes.

Elle se tourna vers l’extérieur, cherchant la haute silhouette de l’homme aux cheveux gris vêtu d’une veste en toile couleur tabac. Il avait plus l’air d’un instituteur de campagne que d’un journaliste.

— Je suppose que vous désirez vous entretenir avec Pesenti ? C’est le seul homme qui ait approché votre mari et votre fils au cours des six derniers mois… C’est-à-dire le seul qui ait eu une conversation sérieuse avec eux. Voulez-vous que je le fasse entrer ?

— Lui seul.

— Très bien. Au revoir, madame Barron. N’oubliez pas. Vingt-quatre heures au moins à Saint-Mandrier.

Lorsque Lefort fit part de la volonté de Céline, les autres journalistes protestèrent, mais Pesenti les apaisa en leur promettant qu’il leur ferait part des renseignements dont il pourrait faire usage après accord avec la jeune femme.

Il pénétra dans la petite maison, trouva Céline assise au bout de la longue table. La petite fille paraissait jouer avec les tomettes abandonnées dans un coin.

— Je vous remercie, madame Barron, de m’accorder votre confiance. Vous permettez ?

Le journaliste s’assit à sa droite, déposa sur la table une petite serviette et un appareil de photo.

— Tout d’abord, laissez-moi vous dire que votre mari et votre fils sont en excellente santé, d’après ce que j’ai vu. Votre mari est très calme, très conscient de ce qu’il fait. Votre fils m’a paru plus nerveux, plus impulsif. C’est lui qui m’a menacé de mon propre pistolet et a oublié de le remettre dans ma voiture. Mais cette attitude est assez compréhensible, n’est-ce pas ?

— Que vous ont-ils dit ?

Pesenti sortit ses cigarettes, lui en offrit une qu’elle accepta.

— Tout, ou presque, se trouve dans mon article. Vous ne l’avez pas encore lu entièrement, mais vous verrez que je m’efforce d’être objectif et que je ne cache pas ma sympathie pour votre mari. Dans les mêmes circonstances, je me demande ce que j’aurais fait.

Entre chaque phrase, il marquait quelques secondes de silence, et, dans la torpeur campagnarde du proche midi, ne leur parvenaient que les murmures des trois autres journalistes et le crissement d’une cigale isolée.

— Les deux tiers de notre entretien ont été faussés. J’étais censé m’adresser à M. Louis Ferrand, ex-professeur en Afrique noire et installé ici avec son frère pour certains travaux de géologie. Donc, même par allusion, rien de positif dans cette partie-là. Puis, votre fils est entré, l’arme à la main, et la situation est devenue très claire. Daniel m’a affirmé qu’il avait commis un crime politique, que sa victime avait frappé une jeune fille inanimée à coups de pied, que cette jeune fille avait disparu par la suite. Il semble penser que, étant morte des suites de ce sauvage traitement, la police a fait disparaître son cadavre. Je lui ai dit qu’on n’avait jamais retrouvé trace de cette jeune fille. En fait, je ne crois pas à cette version du drame. Et vous, madame Barron ?

Céline resta silencieuse. Dans son coin, Sylvie empilait les tomettes d’un air absent.

— Une fois seul avec votre mari, votre fils étant allé crever les deux pneus de ma voiture, j’ai essayé de le faire parler. Notre tête-à-tête n’a pas duré longtemps, hélas !

— Mon mari croit-il à cette version des faits ?

Pesenti découvrit combien son visage était tendu.

— Je ne le crois pas. Il cherche visiblement le véritable mobile de ce meurtre. Et ne l’a pas encore trouvé. Il doit éviter d’assaillir son fils de questions. De l’agresser, en quelque sorte. Daniel a subi un grave traumatisme.

— Les événements de mai l’ont complètement bouleversé. Il a été matraqué, interné, a assisté à des scènes horribles.

— C’est ce qu’il dit, ce que tout le monde raconte. En êtes-vous absolument sûre ?

Il remarqua qu’elle s’écartait instinctivement de lui comme pour s’enfuir.

— N’y a-t-il pas autre chose ? Avez-vous vu la photographie de cet homme ?

Ouvrant sa serviette, il en tira une grande épreuve sur papier glacé.

— Je me la suis procurée il y a déjà quelque temps, car cette affaire m’intéressait. Voici Fernand Lanier, brigadier-chef dans les C.R.S. Marié et père de deux enfants. Il s’occupait uniquement de questions administratives depuis huit ans. Seuls, les événements de mai, l’obligation d’un effectif renforcé l’ont envoyé combattre les étudiants. D’après mes renseignements, ce n’était pas un mauvais diable.

Elle se leva, pâle et visiblement indignée.

— Un homme capable de frapper une toute jeune fille à coups de pied dans le ventre ?

— Je vous en prie, madame. Dites-moi comment votre fils a pu le reconnaître, alors qu’il ne l’a aperçu que quelques secondes, une minute, tout au plus. Lanier portait un casque, des lunettes spéciales contre les gaz.

— Il avait une grosse tache de son sur le dos de la main gauche.

— Oui, bien sûr. Mais votre fils a pu voir cette tache une fois cet homme mort. Il l’a abattu presque à bout portant…

— À la nuit tombée.

— C’est exact, mais Lanier est tombé devant la vitrine fortement éclairée d’un magasin d’appareils ménager.

Elle s’éloigna de la table, fit quelques pas dans la pièce. Lorsqu’elle parla, elle lui tournait toujours le dos.

— Que voulez-vous prouver ? Que Daniel avait décidé d’avoir la peau d’un C.R.S. à n’importe quel prix ? Qu’il faisait une sorte d’obsession maladive ?

— J’y ai songé, madame Barron. Votre fils n’a pas parlé tout de suite de cette histoire de la jeune fille. Ce n’est que bien plus tard, lorsque les journaux ont fait état de certaines disparitions, même des publications très conformistes.

— Vous croyez qu’il a puisé là un prétexte ?

— Pourquoi refusez-vous d’examiner cette photographie ?

— Je n’en vois pas l’utilité.

— Ne ressemble-t-il pas à quelqu’un que vous connaissez, à un ennemi de votre famille, par exemple ? Ce serait une explication.

Elle pivota sur place, marcha vers la table et prit la photographie entre ses mains. Elles tremblaient, et la jeune femme était livide, à la limite de ses forces.

— C’est ridicule, murmura-t-elle.

— Pardonnez-moi. Ce n’était qu’une hypothèse parmi bien d’autres. Vous n’ignorez pas que Lanier habitait le même quartier que vous. Étant donné son grade et son affectation, il avait le droit de vivre en dehors de sa caserne, mais n’était pas dispensé pour autant des servitudes de son métier. Il prenait son tour de garde, faisait certains déplacements.

— Je n’ai jamais rencontré cet homme, ni tout autre qui pourrait lui ressembler de près ou de loin.

Lanier ne paraissait pas son âge. Son visage était agréable, le regard assuré. Pesenti se demandait quels motifs avaient pu le pousser à devenir un policier en uniforme. Il avait l’air d’un homme tranquille, détestant la violence et les embêtements.

— Il habitait rue Blomet, et vous rue de l’Abbé-Groult. Vous ne l’avez jamais rencontré ?

— Moi ? Pourquoi ?

Pesenti jeta sa cigarette en direction de la porte ouverte, manqua son coup et se leva pour pousser le mégot du pied. Un de ses confrères, dans l’ombre d’un mur, lui fit signe en direction du soleil. Ils devaient trouver le temps long.

— Fernand Lanier n’a participé qu’une fois aux bagarres. Par la suite, il a été envoyé à Beaujon pour les formalités administratives. Votre fils a été également conduit là-bas. Vous souvenez-vous de la date ?

— Durant les événements, mon fils ne rentrait plus régulièrement. En fait, durant tout le mois, il ne s’est montré que trois ou quatre fois. Ce devait être aux alentours du 20.

— C’est bien ce que je pensais. Il aurait pu rencontrer Lanier à Beaujon. C’est peut-être là-bas que le nœud de l’affaire se trouve. Malheureusement, les registres des entrées et des libérations ne sont pas accessibles.

Céline jeta la photographie avec colère. Elle glissa sur la table, et Pesenti la rattrapa.

— Pourquoi insinuez-vous ce genre de choses ? Dans la nuit qui a suivi son geste, Daniel nous a tout raconté, exactement comme je l’ai ensuite répété aux policiers qui m’interrogeaient. Ses camarades ont confirmé ses déclarations. C’est tout ce que vous vouliez savoir ?

Le journaliste refermait lentement sa serviette. Elle contenait des dizaines de coupures de presse sur l’affaire. Il aurait aimé poser d’autres questions, mais comprenait que Mme Barron fût déçue par la tournure qu’avait prise leur entretien.

— Tout ceci restera entre nous, déclara-t-il fermement. Mais il faut que je fournisse certains renseignements à mes collègues. Pouvez-vous m’aider ?

— Je suis fatiguée, maintenant. Et ma fille encore plus que moi. Nous nous sommes levées à trois heures du matin. Faites vite, dans ce cas.

Il sortit un bloc de sa poche.

— Comment avez-vous passé les six derniers mois ?

— Chez moi, à Paris. Je sortais très peu. Ma petite fille continuait d’aller à l’école.

— Vous n’avez pas essayé de retrouver votre mari et votre fils ? Pourquoi avoir attendu juin ?

— Je suis sortie d’une sorte de léthargie. J’ai désiré que Sylvie change d’air, voie d’autres personnes. C’est par hasard que j’ai retrouvé la trace de mon mari et de mon fils.

C’était presque mécaniquement qu’elle expliquait. Un moment, cette femme avait levé l’écran qui protégeait sa vie privée, ses sentiments intimes, mais, désormais, elle se contenterait de lieux communs. Il n’en prenait pas moins des notes. Ses collègues seraient déçus.

— Acceptez-vous de poser pour une photographie ? Mes collègues ont déjà pris plusieurs clichés de vous.

— De moi seule. Vous n’ignorez pas que ma fille mineure ne doit pas être mêlée à tout cela. Si vous ou vos collègues passez outre, je déposerai une plainte.

— C’est entendu, madame Barron. Voulez-vous vous asseoir ou rester debout ?

Elle accepta de poser devant la table. Il prit deux photographies.

— Encore une question. Quels sont vos projets ?

— Trouver un endroit où nous puissions vivre normalement, ma fille et moi. Dites à vos amis que je ne sortirai pas tant qu’ils seront là, et qu’ils se trouvent dans une propriété privée.

Pesenti fit un signe discret en sortant. Ses confrères l’assaillirent. Durant une demi-heure, elle crut qu’ils ne partiraient jamais, puis les voitures démarrèrent les uns après les autres. Elle lissa son visage à deux mains, rencontra le regard de Sylvie.

— On reste ici ? C’est tranquille, très joli. Tu ne trouves pas qu’ils ont bien travaillé ?

— Oh ! si. Mais nous ne pouvons pas rester. C’est trop isolé.

— Personne ne viendrait nous embêter.

Elle ne répondit pas, enfouit son visage dans ses mains.

— Tu devrais t’allonger un moment sur le lit de cette chambre. Tu crois que je peux boire de cette eau ?

La petite fille lui désignait une bonbonne.

Certainement. Ma pauvre chérie, tu dois avoir faim et soif. Nous allons partir à la recherche d’un restaurant.

— Puisque tu ne veux pas rester ici, on peut quand même manger et partir ensuite.

— Bon, si tu veux.

— Laisse-moi faire. Il y a des tas de choses.

Céline ne parvenait pas à surmonter l’épuisement physique et moral qui, brusquement, s’était emparé d’elle.

— Pourquoi posait-il toutes ces questions ? Je ne comprends pas tout. Il n’avait pas l’air méchant.

— Non. C’est vrai.

— Il dit qu’il aime bien papa, et surtout ce qu’il faisait à la télé. Il veut peut-être nous aider.

Sa mère tressaillit et fit un effort pour se lever, s’approcher de la tache de lumière brûlante que le soleil poussait dans la maison. Malgré tout, cette vieille bâtisse conservait la fraîcheur des années d’abandon, et l’air proche des murs se saturait d’humidité.

— On ne peut compter sur personne, dit Céline, oubliant qu’elle s’adressait à une enfant. Pas plus sur ce Pesenti que sur les autres. Ne l’oublie pas.

— Personne ne me fera parler, répondit la petite. Tu mangeras du thon à l’huile, des betteraves rouges en boîte ? Il y a aussi des tas de plats cuisinés. Du saucisson et du jambon. On va laisser tout ça se perdre ?

Ce souci d’économie ménagère fit sourire Céline qui revint s’asseoir à la table.

— Tu es une bonne petite femme d’intérieur, tu sais.

Elles mangèrent rapidement, et Sylvie ne voulut pas laisser la vaisselle sale. Il y avait encore de l’eau dans un jerrycan en plastique.

— Un jour, on pourra peut-être revenir ici passer quelques jours, puisque papa a loué pour toute une année.

Lorsqu’elles remontèrent en voiture, la petite fille se retourna jusqu’à ce que la maison disparaisse.

— Nous retournons à Saint-Mandrier ?

— Jusqu’à demain.

— Parce que tu as promis au commissaire ?

— Oui. Mais, demain, nous chercherons un autre camping.

— À cause des journaux ? Ils vont parler de nous ?

L’été commençait à griller les collines, et des bouffées alourdies de senteurs fortes pénétraient dans la voiture. Sylvie fermait à demi les yeux pour les respirer.

— Comme ils ont dû être heureux, dans ce coin-là ! Si ce journaliste n’était pas venu les déloger…

Le mot « heureux » frappa douloureusement Céline. La petite fille réalisait avec moins d’hypocrisie qu’elle ce qu’avait pu être la vie des deux hommes. En six mois, ils avaient découvert, ensemble, un monde nouveau, des odeurs, des gestes, d’autres fatigues, d’autres sujets de conversation, peut-être de méditation, un autre code de coexistence, des raisons de survivre où le passé, ce passé que sa fille et elle représentaient, n’occupait plus qu’une place médiocre. Elle s’en effraya, ralentit et finit par arrêter la voiture.

— Maman, tu, ne te sens pas bien ?

— La chaleur…

— Il faut rouler jusqu’en bas, il y a des arbres. Nous ne pouvons pas rester ici.

De nouveau, à cause de l’expression vague du regard, la petite fille craignait de perdre sa mère, comme au cours des derniers mois où Céline dérivait dans le quotidien, un sourire mécanique aux lèvres pour rassurer sa fille.

— Repartons, répéta-t-elle d’une voix calme, sans s’affoler. Nous sommes dans une fournaise.

Les gestes mous, empêtrés dans une ambiance où la réalité et la pensée se mêlaient en un grand vertige, elle passa la première. La voiture fit un bond en avant, cala. Pendant une longue minute, le démarreur donna l’impression de racler dans le vide, puis le moteur s’emballa. Céline réalisa que son pied pesait de toutes ses forces sur l’accélérateur. Elle le retira, passa sa vitesse, sourit pour rassurer l’enfant qui ferma les yeux. Tout recommençait comme avant, et sa mère reprenait le masque aux traits figés.

Elle ne s’arrêta pas sous les ombres des arbres fruitiers, tourna à gauche sans marquer le moindre ralentissement, en direction de Gréoux-les-Bains. Dans cette bourgade, au lieu de continuer vers Barjols, elle prit à droite en direction de Manosque. Sylvie préféra garder les yeux fermés. Sa mère conduisait d’étrange façon, comme si elle n’avait plus la force de tenir son volant. Avec une lucidité tranquille, la petite pensait qu’elles allaient peut-être mourir ce jour-là.

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