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Erlendur ne parvenait pas à chasser de son esprit la visite du vieil homme venu au commissariat pour voir si la police avait de nouveaux éléments sur son fils disparu. Il désirait ardemment faire quelque chose pour lui, mais savait les possibilités extrêmement limitées. Cette affaire était depuis longtemps classée, cette disparition demeurait inexpliquée. Le plus probable était que le jeune ait mis fin à ses jours. Erlendur avait tenté de discuter de cette hypothèse avec le vieil homme et sa femme, mais ils n’avaient pas voulu en entendre parler. Jamais leur fils n’avait caressé de telles idées, jamais il n’avait fait la moindre tentative dans ce sens. Il était plein de joie de vivre, la vie lui souriait et jamais il n’aurait eu l’idée de se suicider.

Les amis qu’Erlendur avait interrogés à l’époque tenaient le même discours. Ils excluaient catégoriquement l’idée que David ait pu se donner la mort. Ils la trouvaient déplacée, mais n’avaient par ailleurs pas été d’un grand secours pour l’enquête. Le disparu ne fréquentait pas d’individus susceptibles de lui nuire, c’était un lycéen tout ce qu’il y avait de plus banal qui, à l’automne suivant, avait prévu de s’inscrire en faculté de droit avec deux de ses camarades.

Erlendur était maintenant assis dans le bureau de l’un des camarades en question. Des dizaines d’années s’étaient écoulées depuis leur dernière discussion. L’interlocuteur d’Erlendur avait suivi de brillantes études, obtenu un diplôme de droit, il était devenu avocat à la Cour suprême et dirigeait un important cabinet de conseil juridique avec deux associés. Il s’était considérablement épaissi depuis ses vingt ans, il avait perdu presque tous ses cheveux et gagné des poches sous les yeux. Erlendur se souvenait de ce gamin rencontré une trentaine d’années plus tôt, il avait gardé en mémoire l’image d’un garçon svelte et musclé, au tout début d’une vie qui avait désormais imprimé sur lui ses marques, le transformant en un homme d’âge mûr, à l’air fatigué et usé.

– Pourquoi revenez-vous me poser des questions sur David, vous avez du nouveau ? s’étonna l’avocat avant d’appeler sa secrétaire pour lui demander de ne pas être dérangé. Dans le couloir, Erlendur avait salué cette femme souriante, âgée d’une cinquantaine d’années.

Deux jours s’étaient écoulés depuis son entrevue avec l’ancien petit ami de Maria. Elinborg lui avait reproché de ne rien faire d’autre au travail que de se plonger dans de vieilles affaires de disparition. Erlendur lui avait répondu de ne pas s’inquiéter pour lui. Ce n’est pas pour toi que je m’inquiète, avait rétorqué sa collègue, mais pour l’argent du contribuable islandais.

– Non, nous n’avons aucun élément nouveau, répondit Erlendur. Mais je crains que son père ne soit arrivé au terme de sa vie. C’est la dernière occasion qui nous est donnée de tenter quelque chose avant qu’il nous quitte.

– Ça m’arrive parfois de penser à lui, observa l’avocat, du nom de Thorsteinn. David et moi, on était de grands amis et c’est très triste qu’on ne soit jamais parvenu à élucider cette affaire. Vraiment très triste.

– Je pense qu’on a fait tout ce qui était en notre pouvoir, plaida Erlendur.

– Je n’en doute absolument pas. Je me souviens de la passion qui vous animait. Vous étiez accompagné d’un autre policier, une femme… ?

– Marion Briem, précisa Erlendur. C’est nous qui étions chargés de l’enquête. Marion est depuis décédée. J’ai relu ces vieux dossiers récemment. Vous étiez à la campagne lorsqu’il a disparu.

– En effet, mes parents sont originaires du village de Kirkjubaejarklaustur, dans le Sud. J’étais parti là-bas avec eux. On y est restés une semaine environ. À mon retour, j’ai appris pour David.

– Vous aviez évoqué, à l’époque, une conversation que vous aviez eue au téléphone avec lui, c’était la dernière fois que vous lui parliez. Vous vous trouviez à Kirkjubaejarklaustur. Il vous avait appelé là-bas.

– Oui, il m’a demandé quand je rentrais à Reykjavik.

– Il voulait vous confier quelque chose.

– C’est exact.

– Mais il avait refusé de vous dire de quoi il s’agissait.

– Tout à fait. Il s’était montré très mystérieux, mais il avait l’air content. Ce qu’il voulait me raconter n’avait rien d’une mauvaise nouvelle, au contraire. Je l’ai un peu cuisiné. Il a ri et m’a dit de ne pas m’inquiéter, que j’allais bientôt tout savoir.

– Et il semblait heureux ?

– Extrêmement.

– Je me souviens que nous vous avons déjà posé ces questions à l’époque.

– En effet et je ne vous ai pas été d’un grand secours, pas plus que maintenant, d’ailleurs.

– Mais vous nous aviez aidés en nous racontant cela, en nous disant qu’il voulait vous apprendre une nouvelle très gaie.

– Oui.

– Ses parents non plus ne savaient pas du tout de quoi il pouvait s’agir.

– Non, j’ai l’impression qu’il n’avait parlé de ça à personne.

– Avez-vous aujourd’hui une idée plus précise de ce que ça pouvait être ?

– Rien que de vagues hypothèses. Bien des années plus tard, je me suis dit que ce devait être une fille, qu’il avait rencontré une fille dont il était tombé amoureux, mais je n’en ai aucune certitude. Je crois que cette idée ne m’est venue que quand j’ai revu Gilbert.

– David n’avait pas de petite amie au moment de sa disparition ?

– Non, aucun d’entre nous n’en avait, répondit l’avocat en esquissant un sourire. Je crois bien que, de toute façon, il aurait été le dernier à se trouver une amoureuse. Il était affreusement timide. Vous avez interrogé Gilbert ?

– Gilbert ?

– Il a déménagé au Danemark à l’époque où David a disparu. Depuis, il est rentré en Islande, il est revenu s’installer ici. Je viens juste d’y penser, c’est peut-être le seul d’entre nous à ne jamais avoir été interrogé.

– Ah, j’y suis, je m’en souviens vaguement, répondit Erlendur. Je crois en effet qu’on n’est jamais arrivés à le rencontrer.

– Il avait l’intention de travailler dans un hôtel à Copenhague pendant une année, mais il s’est tellement plu là-bas qu’il s’y est installé. Il a épousé une Danoise. Il doit être rentré au pays depuis une dizaine d’années. Il me donne des nouvelles de temps en temps. Il me semble qu’un jour il a laissé entendre que David avait une liaison amoureuse. Enfin, c’est ce que pensait Gilbert, mais c’était quelque chose de très vague.

– Très vague ?

– Oui, très.

Valgerdur, l’amie d’Erlendur, l’appela dans la soirée, alors qu’il avait terminé son repas et s’était assis dans son fauteuil avec un livre. Elle s’efforça de le convaincre de l’accompagner pour voir une pièce. Une comédie très populaire était à l’affiche au Théâtre national, elle voulait y assister et désirait qu’Erlendur l’accompagne. Ce dernier rechignait, il s’ennuyait au théâtre. Elle n’était pas non plus parvenue à le traîner au cinéma. La seule distraction qui ne le rebutait pas complètement était les concerts : le chant choral, les solistes et les orchestres symphoniques. Dernièrement, il était allé avec elle à une soirée où se produisait une chorale d’hommes et de femmes venus de la vallée de Svarfadardalur. L’une des cousines de Valgerdur chantait et Erlendur avait apprécié. Il s’agissait de poèmes de David Stefansson, mis en musique.

– Je t’assure que c’est une pièce très drôle, plaida Valgerdur à l’autre bout du fil. Une comédie légère. Ça te fera le plus grand bien.

Erlendur grimaça.

– D’accord, céda-t-il. C’est quand ?

– Demain soir, je passe te prendre.

Il entendit qu’on frappait à sa porte et prit congé de Valgerdur. Eva Lind se tenait dans le couloir, accompagnée de Sindri. Ils lancèrent un bonsoir à leur père et entrèrent s’asseoir au salon où ils prirent chacun une cigarette.

– Qu’est-ce que tu as donc dit à la bande du dessus, je n’ai pas entendu le moindre bruit depuis que tu es monté leur parler.

Sindri sourit. Erlendur s’était étonné de ne plus entendre le hard-rock de l’étage supérieur et se demandait ce que son fils pouvait bien être allé raconter à ces gens qui manifestaient enfin quelque respect pour leurs voisins.

– Ah ah, ils sont parfaitement inoffensifs, la fille a un piercing au sourcil et le gars se la joue à fond. Je leur ai dit que tu étais encaisseur. Que tu faisais régulièrement des séjours en taule pour coups et blessures et que tu ne supportais pas le bruit.

– Je commençais à me demander s’ils n’avaient pas déménagé, observa Erlendur.

– Espèce d’idiot, s’agaça Eva Lind en lançant à son frère un regard désapprobateur. Tu mens, maintenant ?

– Ils faisaient un vacarme infernal, rétorqua Sindri en guise d’excuse.

– Alors, tu as réfléchi ? interrogea Eva Lind. Pour maman. Tu vas la rencontrer, oui ou non ?

Erlendur ne lui répondit pas immédiatement. Il avait eu un peu de temps pour réfléchir à la proposition de sa fille. Il n’avait pas la moindre envie de rencontrer son ex-femme, la mère de ses enfants, mais il voulait éviter d’afficher un franc mépris face à l’initiative d’Eva et à son enthousiasme.

– Qu’est-ce que ça t’apportera ? demanda-t-il.

Erlendur observait à tour de rôle le frère et la sœur, assis face à lui sur son canapé. Leurs visites étaient de plus en plus fréquentes. Après son retour à Reykjavik des fjords de l’Est où il avait travaillé dans le poisson, Sindri avait renoué contact. Quant à Eva Lind, elle venait le voir plus souvent depuis qu’elle avait diminué sa consommation de drogue. Il appréciait beaucoup leurs visites, surtout quand ils passaient ensemble. Il aimait voir les relations qui unissaient ses deux enfants. Il constatait d’ailleurs qu’elles étaient excellentes. Eva Lind était la grande sœur qui commandait et tenait parfois le rôle de l’éducatrice. Quand quelque chose lui déplaisait, elle en informait clairement Sindri. Erlendur soupçonnait que le garçon avait parfois été sous la responsabilité de son aînée quand ils étaient enfants. Sindri ne mâchait pas ses mots quand il lui répondait, mais ne manifestait envers elle ni méchanceté ni animosité.

– Je crois que ça vous ferait du bien à tous les deux, répondit Eva Lind. Je ne comprends pas pour quelle raison vous n’arrivez même pas à discuter.

– Pourquoi veux-tu absolument te mêler de cette histoire ?

– Parce que je suis votre fille.

– Et elle, qu’est-ce qu’elle t’a dit ?

– Ben, seulement qu’elle acceptait. Qu’elle te rencontrerait.

– Et tu as dû la cuisiner longtemps, non ?

– Oh oui ! Vous vous ressemblez tellement que je me demande pourquoi vous avez divorcé !

– Pourquoi ça a tant d’importance pour toi ?

– Vous devriez quand même pouvoir discuter, répéta Eva Lind. Je refuse de voir les choses continuer comme ça. Je ne… d’ailleurs, Sindri non plus, on ne vous a jamais vus ensemble. Pas une seule fois. Tu ne trouves pas ça bizarre ? Franchement, tu trouves que c’est normal ? C’est normal que vos enfants ne vous aient jamais vus ensemble ? Vous, leurs parents !

– Vous seriez les seuls ? rétorqua Erlendur. Puis, s’adressant à Sindri : et toi, tu es aussi catégorique là-dessus ?

– Alors là, je m’en fous complètement, observa Sindri. Eva essaie de m’entraîner là-dedans, mais je m’en tape comme…

– Tu n’es qu’un crétin et tu ne comprends rien, coupa Eva Lind.

– Non, exactement. Par conséquent, expliqua-t-il à son père, ça ne sert à rien de lui dire que ce qu’elle veut, c’est une connerie. Si maman et toi vous aviez eu envie de discuter, il y a belle lurette que vous l’auriez fait. Mais Eva se mêle de tout. C’est plus fort qu’elle. Elle se mêle de tout, surtout quand ça ne la regarde pas.

Elle lança à son frère un regard furieux.

– T’es qu’un crétin, conclut-elle.

– Eva, je crois que tu ferais mieux de renoncer à cette idée, reprit Erlendur. C’est…

– Maman a dit oui, s’enflamma Eva Lind. Il m’a fallu deux longs mois pour l’amener enfin à changer d’avis. Tu n’as pas idée du cirque que ça a été.

– Si, enfin non, je comprends le pourquoi de ta tentative, mais très sérieusement, je m’en sens incapable…

– Et pourquoi donc ?

– Cette… Cette histoire entre ta mère et moi est depuis longtemps terminée et ça ne faciliterait rien pour personne d’aller remuer tout ça. C’est passé, terminé, révolu. Je crois qu’il vaut mieux envisager les choses sous ce jour et s’efforcer d’aller de l’avant.

– Je te l’avais bien dit, fit Sindri en regardant sa sœur.

– Aller de l’avant ! N’importe quoi !

– Eva, tu as bien réfléchi à tous les détails ? s’enquit Erlendur. Est-ce que c’est elle qui va venir ici ? C’est moi qui irai chez elle ? Ou bien nous rencontrerons-nous en terrain neutre ?

Les yeux fixés sur sa fille, Erlendur se demandait pour quelle raison il avait subitement eu recours à des concepts relevant de la guerre froide en parlant de son ex-femme.

– En terrain neutre ! s’exclama Eva Lind, avec un soupir de dédain. Comment veux-tu qu’on arrive à quoi que ce soit avec vous deux ? Vous êtes givrés ! Autant l’un que l’autre ! Elle se leva d’un coup. À tes yeux, tout cela n’est qu’une plaisanterie. Qu’il s’agisse de moi, de maman ou de Sindri, on n’est pour toi que de simples farces !

– Absolument pas, Eva. Je n’ai jamais dit que…

– On n’a jamais compté pour toi ! s’écria-t-elle. Tu n’as jamais écouté ce qu’on avait à te dire !

Et avant qu’Erlendur et Sindri aient eu le temps de s’en rendre compte, elle se précipita jusqu’à la porte qu’elle ouvrit et referma en un claquement qui fit trembler tout l’immeuble.

– Quoi… ? Qu’est-ce que j’ai dit ?

Erlendur lança à son fils un regard interrogateur. Sindri haussa les épaules.

– Elle est comme ça depuis qu’elle a décroché, elle s’emporte pour un rien. On ne peut rien lui dire sans qu’elle pète complètement les plombs.

– Depuis quand elle parle de cette rencontre entre ta mère et moi ?

– Depuis toujours, répondit Sindri. Du plus loin que je me souvienne. Elle s’imagine que… enfin, je ne sais pas, Eva raconte tellement de conneries.

– Je n’ai jamais entendu de connerie sortir de sa bouche, corrigea Erlendur. Qu’est-ce qu’elle s’imagine ?

– Elle m’a dit que ça pourrait peut-être l’aider.

– Quoi donc ? Qu’est-ce qui pourrait l’aider ?

– Si toi et maman… Enfin, si vos relations n’étaient pas comme ça, à couteaux tirés.

Erlendur dévisagea son fils.

– Elle t’a vraiment dit ça ?

– Oui.

– Que ça pourrait l’aider à s’en sortir et à prendre sa vie en main ?

– Ouais, un truc du genre.

– Si moi et ta mère on essayait de se réconcilier ?

– Tout ce qu’elle veut, c’est que vous discutiez, observa Sindri en écrasant sa cigarette consumée jusqu’au filtre. Je ne vois pas ce qu’il y a de si compliqué là-dedans.

Allongé dans son lit où il avait de la peine à trouver le sommeil après cette visite, Erlendur pensait à une maison dans l’est de l’Islande, dont on affirmait autrefois qu’elle était hantée. C’était un bâtiment en bois sur deux étages qui avait été construit par un marchand danois à la fin du XIXe. Dans les années 30 du siècle dernier, une famille originaire du sud du pays y emménagea et, peu après, des histoires se mirent à circuler, affirmant que la maîtresse de maison avait régulièrement l’impression d’entendre les pleurs d’un enfant derrière le lambris de la salle à manger. C’était la première à mentionner le phénomène et elle ne percevait ces pleurs que lorsqu’elle se retrouvait seule dans la maison. Son mari lui affirmait que c’étaient les miaulements d’un chat, ce qu’elle démentait avec véhémence. Elle se mit à avoir peur du noir et à craindre les fantômes, faisait de mauvais rêves et se sentait mal à l’aise dans la maison. À la fin, comme elle n’en pouvait plus, elle obtint de son mari qu’ils déménagent dans une autre région. Ils repartirent donc vers le Sud au bout de trois années seulement. La maison fut revendue à des gens de la campagne qui ne furent jamais témoins du même phénomène.

Aux alentours de 1950, un homme s’intéressa aux pleurs d’enfant que cette femme disait avoir entendus. Il se documenta sur l’histoire de la maison. Elle avait été occupée par un certain nombre de familles depuis que le marchand danois l’avait vendue. Un temps, trois familles y avaient vécu ensemble sans qu’aucun de leurs membres ne signalent le moindre pleur d’enfant derrière le lambris de la salle à manger. L’homme remonta plus loin dans le temps afin de voir si une histoire d’enfant se rattachait à ce bâtiment. Il apprit que le marchand danois avait eu trois filles qui avaient toutes atteint un âge respectable. Les domestiques du couple n’avaient pas d’enfant. Quand l’homme se pencha sur la construction de la maison proprement dite, il découvrit que les maîtres d’œuvre étaient deux et que les travaux avaient été achevés par le second. Le premier, qui avait abandonné le chantier, avait une fillette âgée de deux ans. Cette dernière était morte accidentellement à l’endroit précis où s’élevait la salle à manger. Une botte de lambris lui était tombée dessus depuis une certaine hauteur, elle était décédée sur le coup.

Erlendur avait entendu cette histoire de maison hantée dans son enfance. Sa mère connaissait l’homme qui avait exhumé le récit de la fille du maître d’œuvre, elle le tenait directement de sa bouche. Il excluait que cette femme originaire du Sud ait pu connaître les détails de la construction de la maison. Erlendur ignorait sous quel angle envisager ce récit. C’était d’ailleurs également le cas de sa mère.

Que nous apprenait cette histoire sur la vie et la mort ?

Cette femme était-elle plus réceptive que les autres ? Peut-être avait-elle entendu parler de la fille du maître d’œuvre, ce qui avait mis en branle son imagination ?

Et si elle était plus sensible que la plupart des gens, dans ce cas, qu’y avait-il donc derrière le lambris ?

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