7. La Patrouille du temps

Il y a neuf personnes au Conseil. J’ignore pourquoi bien que le G.O. pourrait me le dire si je lui demandais puisque c’est lui qui sélectionne et choisit ses membres. Je me suis toujours plu à croire qu’il en était ainsi pour que, le jour où l’on fichera un tel bordel que l’univers se déglinguera et que toutes les époques coexisteront, on ait une équipe toute prête pour jouer la finale du championnat du pays de Cocagne.

Techniquement, ça s’appelle le Conseil des programmeurs. Il s’agit d’une fiction polie. Ils ne font pas la moindre programmation. Les ordinateurs sont depuis longtemps devenus trop complexes et trop précis pour qu’un vulgaire être humain vienne faire joujou avec leurs instructions.

Malgré tout, il reste des qualités que personne encore n’est parvenu à placer dans des banques de mémoires.

Ne me demandez pas lesquelles.

L’imagination pourrait en être une, l’empathie une autre. À moins que je ne reconnaisse à la race humaine plus de valeur qu’elle n’en mérite. Peut-être que le G.O. soutient et maintient le Conseil pour se garder lui-même à l’œil, pour s’empêcher de devenir réellement Dieu. Il y a effectivement cette éventualité. Il est possible que le G.O. ait besoin d’un élément de témérité, de parti pris, de mesquinerie et de vil égoïsme pour se resituer. Ou peut-être, comme nous autres, a-t-il simplement besoin de se marrer de temps en temps.

Quelle qu’en soit la justification, le Conseil est ce que nous avons de plus proche d’un gouvernement. Pour y entrer, il faut être une incroyable antiquité – disons dans les trente-six, trente-huit ans ; un âge bien au-delà de la moyenne.

Que ses membres soient des gnomes, cela va sans dire. La plupart ne sont guère plus qu’un cerveau et un système nerveux central. Parfois, seul subsiste l’encéphale et dans plus d’un cas, je le soupçonne même d’avoir disparu.

Il y a d’autres exigences que simplement l’âge, mais je suis toujours incapable d’imaginer lesquelles. L’intelligence est un bon critère, tout comme l’excentricité. Si vous êtes un super-génie de trente-huit ans et que vous faites chier tout le monde, vous avez d’excellentes chances de finir au Conseil.

Ils forment une drôle d’équipe. La plupart sont encore moins concernés par leur apparence physique que les gnomes. Si plusieurs ont choisi de loger leur cerveau dans un corps entièrement artificiel, le plus souvent leur apparence n’est pas plus réaliste que celle de Sherman. Ali Téhéran est comme Larry : un torse posé sur un piédestal. Marybeth Brest est une tête parlante, une tronche au bout d’un pieu, sortie d’un film d’horreur de série B. Nancy Yokohama est un cerveau dans une cuve et l’Anonyme n’est qu’un haut-parleur posé sur un bureau. Seul le G.O. sait où il est et de qui – ou de quoi – il s’agit.

Qui sait leur importance ? Je doute que même eux soient capables d’y répondre. Mais le fait est que je n’ai pas souvenance que le G.O. ait jamais passé outre une décision du Conseil. Et le projet de la Porte, l’ultime et faible espoir de l’espèce humaine, est né dans la salle du Conseil, non dans les synapses supraconductrices du G.O.

Vous comprendrez alors pourquoi j’étais un rien nerveuse de comparaître en leur auguste présence. Je savais que ça allait venir : la capsule temporelle l’avait dit. Ce que j’avais ignoré, c’est que j’aurais moi-même requis cette audience – j’avais escompté me voir convoquée. Ça ne me rendait pas pour autant plus heureuse d’être là.

J’avais souhaité que Martin Coventry m’accompagne, mais il avait refusé. À les regarder à présent, je crois que je comprenais pourquoi. Il les détestait, les détestait avec cette passion irraisonnée que je ne connaissais que trop bien. Alors que j’étais destinée à pourrir sur pied en attendant de finir installée avec les autres gnomes dans la salle des opérations, c’est ici que Martin Coventry allait échouer. Il constituait un candidat de choix pour le Conseil depuis l’âge de neuf ans. Je ne lui reproche pas de ne pas avoir envie de contempler son avenir.

Un décorateur d’Hollywood aurait adoré la salle du Conseil. Elle était futuriste à chier. Vous ne trouviez pas les murs avant de buter dedans ; c’était comme de se trouver au beau milieu d’une vaste plaine nue, toute blanche, face à ces neuf drôles de numéros assis derrière – ou sur – une table noire incurvée.

Bon, si ça pouvait les rendre heureux, ce n’était pas mes oignons.

Je supposai que Peter Phoenix était le chef puisqu’il était assis au milieu. Il avait l’air plus humain que le reste des autres réunis, quoiqu’un tantinet semblable à un Dieu de l’Ancien Testament. C’est lui qui commença les festivités.

« J’ai cru comprendre qu’il y avait un twonky et que vous proposiez un plan pour y remédier.

— Deux twonkies », dis-je en me demandant si c’était le bon pluriel.

« Et que vous pourriez être la responsable de l’un d’eux ? » Phoenix haussa un sourcil massif. Je pouvais presque entendre grincer les poulies.

« Ça se peut. Je suis prête à accepter votre jugement en cette matière et votre châtiment.

— Eh bien, rendez compte. »

Je leur fis le compte rendu de la journée désastreuse qui avait vu la mort de Pinky, de Ralph et sans doute de Lilly. Je leur contai l’épisode du pirate de l’air de la manière la plus précise possible, relatant chaque circonstance qui selon moi pouvait éclairer l’affaire. Il s’était écoulé quarante-huit heures – temps direct – depuis la mort de Pinky. J’avais passé les vingt-quatre dernières, après ma conversation avec Coventry, à lorgner dans la cuve d’un scanneur temporel, pour finir par connaître monsieur Bill Smith sans doute mieux encore que son ex-épouse ne l’avait jamais connu. C’était de cet homme que je désirais entretenir le Conseil, mais je trouvai plus judicieux d’y arriver progressivement.

Je leur résumai donc la conférence donnée par Coventry la veille, leur racontant l’histoire du premier twonky – celui pour lequel je n’avais aucune responsabilité – hormis celle, indirecte, d’avoir sous mes ordres quelqu’un qui avait fait une erreur. Je leur dis qu’on n’en avait pas retrouvé la moindre trace et que la probabilité était proche de cent pour cent que quiconque l’avait éventuellement retrouvé dans les cinq siècles suivants n’en avait fait aucun usage et n’avait vu en rien son existence modifiée par l’objet.

Nancy Yokohama opina : « Eh bien, voilà de bonnes nouvelles, pour changer. »

T’en veux d’autres, ma salope ? Je viens juste de lâcher un banc de piranhas dans l’aquarium où nage ta matière grise…

J’ai bien peur de m’être autocensurée. Il y a des limites, même à mon irrespect.

« Oui, n’est-ce pas ? » fis-je, radieuse. Et maintenant, en avant pour la réplique classique : « La mauvaise nouvelle, c’est que nous avons localisé l’autre arme. Et que ça ne va pas être de la tarte pour la récupérer. Puis-je avoir le scanneur, s’il vous plaît ? »

La cuve d’un scanneur temporel jaillit du plancher à côté de moi. En une rapide succession, nous vîmes le résultat des trente heures de balayage effectuées par près de mille opérateurs.

La première scène présentait le site de l’écrasement du DC-10. La cuve était presque noire, ponctuée simplement d’adorables petites flammes. Le plan se resserra jusqu’à ce que la majeure partie de la cuve fût occupée par un sauveteur qui marchait comme un somnambule en traînant derrière lui un grand sac en plastique. Il trébucha, ramassa quelque chose et esquissa le geste de le mettre dans son sac. L’image se figea et le plan se resserra encore pour révéler l’objet dans sa main. C’était le paralyseur de Ralph, en assez piteux état. Dans les entrailles de l’arme, une lumière rouge scintillait.

« Ceci est le premier contact humain avec le twonky. Rien de bien sérieux, comme vous pouvez le constater. L’homme n’a aucune idée de ce qu’il a entre les mains. Ses actes n’ont pas été suffisamment altérés pour induire une modification dans le déroulement du flux temporel.

« Le twonky est emporté dans cet édifice qui a été réservé à la collecte des débris non organiques générés par l’accident. »

Je les laissai étudier l’intérieur du hangar présenté par la cuve. Mine de rien, je m’essuyai les paumes sur les hanches. « Les débris non organiques générés…»

Voilà que ça me prenait. J’étais restée trop longtemps avec Martin Coventry et, pour arranger les choses, la plupart des fenêtres temporelles que nous avions eu l’occasion d’examiner pour étudier Bill Smith étaient occupées par des réunions interminables. Je me mettais donc à mon tour à baragouiner le technologos, cet obscur jargon universellement répandu, conçu par les experts pour clouer le bec aux béotiens. Il avait probablement vu le jour aux alentours de l’âge de la pierre taillée et n’avait fait que croître en densité et en impénétrabilité depuis.

Je n’y pouvais rien. Ça faisait vingt-quatre heures que j’observais des maîtres en la matière se surpasser lors des différentes réunions, auditions, et conférences de presse successives générées par l’accident.

Pourtant, j’avais intérêt à faire gaffe. Avant même de m’en rendre compte, j’allais me retrouver capable de dialoguer avec les bureaucrates et de là, il n’y avait qu’un petit pas pour dégringoler au degré zéro du langage qui, au XXe siècle, avait pour nom le Langage Judiciaire.

Je poursuivis : « On perd sa trace à partir d’ici. Nous sommes entravés par le fait que pas moins de quatre blancs distincts existent entre l’instant où se referme la Porte à l’issue de l’escamotage et la période critique – quarante-huit heures plus tard – quand la situation paradoxale devient indissoluble. Naturellement, nous ne pouvons pas savoir la raison pour laquelle la Porte a été utilisée à quatre reprises. Mais ce que nous savons, c’est qu’aucun de ces blancs n’est la résultante d’opérations effectuées préalablement à l’époque actuelle. » Ali Tehéran prit la parole : « Ergo, ils vont être créés par des excursions dans le passé non encore entreprises. »

Et c’est avec ce genre de brillantes réflexions que le Conseil me fait peur ? Enfin bon. Je hochai la tête et poursuivis.

« Passons là-dessus pour l’instant. Quand nous localisons de nouveau le twonky, c’est uniquement en termes de probabilités. »

Cette déclaration produisit en gros la même réaction que lorsque Martin Coventry le premier l’avait énoncée ; j’allai jusqu’à entendre quelqu’un grogner – même si cette fois j’étais certaine de n’y être pour rien. Je crois que c’était l’Anonyme.

« Pour l’instant, tout semble s’articuler autour des actions de cet homme – William “Bill” Smith – quarante ans et quelques, chargé de l’enquête sur place par le Conseil national sur la sécurité des transports. »

Dans la cuve, l’image était celle d’un grand type brun, mal peigné, le regard légèrement chassieux, que j’avais fini par trop bien connaître ces dernières heures. Je le laissai flotter là pour que le Conseil puisse à loisir étudier l’homme qui était soudain devenu le pivot de l’histoire telle que nous la connaissions. Je ne pus m’empêcher d’y jeter moi-même un nouveau coup d’œil. Ce n’est pas le genre de mec à qui j’aurais confié le rôle de l’Homme de l’année.

Bizarrement, il avait un faux air de Robert Redford, mon coup de cœur hollywoodien. Si Redford avait été un bon buveur, empâté par quinze années de calme désespoir et affligé d’un rictus malencontreux et d’une paire d’yeux légèrement vagues à califourchon sur un nez qui pointait vers la gauche… Si Redford avait été un perdant et un poivrot, il aurait été Bill Smith. C’était comme si deux personnes avaient construit le même modèle en utilisant des pièces identiques, mais que l’un avait suivi la notice tandis que l’autre s’était contenté de tout emboîter de force en laissant dégouliner la colle par toutes les fissures.

Je repris.

« Les actions de Smith suivant le dernier des blancs sont cruciales. Nous avons pu établir qu’il a pénétré dans le hangar abritant les épaves des deux appareils quarante-huit heures après la catastrophe proprement dite. Lorsqu’il en émerge, il s’est décollé du flux temporel. »

Je laissai la séquence se dérouler. J’en avais marre de parler.

Nous le vîmes sortir, mais dans la cuve, ce n’était plus le modèle réduit d’être humain parfaitement bien défini qu’on y avait vu entrer : il était devenu flou sur les bords, un peu comme avec une image pas au point, un vidécran désaccordé ou plus exactement, une succession de cinq clichés superposés sur la même plaque.

« Nous avons identifié cinq lignes principales distinctes dérivant du point de départ – de cet embranchement, si vous préférez. Dans deux d’entre elles, il émerge du hangar avec l’arme – du moins, c’est ce que nous croyons : il est très difficile à distinguer. Dans l’une de ces deux lignes, l’arme ne constitue pas une force perturbatrice suffisante pour bouleverser son existence. Au bout du compte, il réintègre sa ligne de vie prédestinée. Dans la seconde, la découverte de l’arme modifie définitivement son existence, avec pour nous des conséquences que je n’ai pas besoin de détailler.

« Dans les trois autres scénarios, il ne possède pas l’arme à sa sortie. Dans deux sur trois, là encore il réintègre la voie de l’histoire. Mais là encore, dans le cinquième et dernier, il en diverge radicalement.

— Bien qu’il n’eût pas le paralyseur, intervint Peter Phoenix.

— C’est exact. Nous ignorons pourquoi.

— Quelque chose lui est arrivé là-dedans, dit Yokohama.

— Oui. Naturellement, nous avons essayé de découvrir ce que c’était, mais comme l’événement s’est produit durant une période de censure temporelle, nous n’avons guère d’espoir de jamais le savoir. » Je supposais qu’ils n’avaient pas besoin qu’on leur explique le phénomène, mais peut-être qu’à ce point de mon récit, quelques détails encore n’étaient pas superflus car je m’apprêtais à leur soumettre mon plan, lequel reposait sur les lois de la censure.

On distingue censure temporelle absolue et censure par effet de proximité. La présence de la Porte est le meilleur exemple de la première ; lorsqu’elle est en fonctionnement, lorsqu’elle est effectivement apparue à un moment donné, nous ne pouvons plus ensuite ni voir ni visiter cette époque.

L’effet de proximité est un tantinet différent. Mon récent voyage à New York en 1983 en est un bon exemple. La Porte apparaît, j’y enfourne Mary Sondergard puis elle s’évanouit. La Porte ne revient pas avant le lendemain en 1983. Ainsi donc, durant près de vingt-quatre heures, j’ai vécu dans le passé. Je suis devenue moi-même en quelque sorte une espèce de twonky. Si j’essayais à présent d’observer ces vingt-quatre heures à New York, je ne verrais que des parasites ; j’ai créé une perturbation dans le flux temporel. Un twonky inanimé fera la même chose, mais à un degré bien moindre.

On ne peut pas se rencontrer soi-même. Pour autant que je sache, il s’agit là d’une règle absolument inflexible du voyage dans le temps. Elle s’étend même jusqu’à interdire la possibilité de s’observer soi-même, voire de recueillir le témoignage indirect d’une tierce personne. C’est ainsi que Martin Coventry, observant la chambre de motel où j’avais passé la nuit n’avait vu que des parasites. Idem pour n’importe lequel de mes contemporains. Cette période nous était désormais devenue interdite.

En fait, ma présence dans cette chambre avait créé une zone de censure qui embrassait la majeure partie de la côte est. On n’avait pu encore sonder la Californie durant cette nuit, mais il eût été vain de chercher à voir ce qui se passait à Baltimore.

Pour une raison fort analogue, nous ne pouvions plus suivre Smith très précisément après qu’il se fut rendu en Californie pour commencer son enquête – et c’était là l’argument sur lequel j’allais défendre ma thèse devant le Conseil.

En sus des fenêtres de censure absolue qui nous disaient quand la Porte allait être – ou pouvait être – utilisée, on pouvait observer une quantité importante d’effets de proximité.

Cette probabilité signifiait que l’un d’entre nous avait été impliqué dans les événements du hangar. Cela signifiait, pour Coventry et moi du moins, que quelqu’un de notre époque s’apprêtait à faire un tour en 1983 avec comme résultat que la censure temporelle nous empêchait d’apprendre quoi que ce soit d’autre en vue d’organiser ce que nous avions à faire (avions fait).

Si vous ne pigez pas, prenez cinquante aspirines et rappelez-moi demain matin.

« Je pressens que vous êtes en faveur d’une mission pour réparer cette situation », dit Phoenix, anticipant ma demande.

« Effectivement. Et pour deux raisons. Si nous n’entreprenons rien, les effets cumulés de cet événement vont commencer à se propager le long du temps. Je crois avoir entendu que la vitesse d’approche de… ce qu’un de nos ingénieurs a baptisé un "séisme temporel"… est de l’ordre de deux siècles à l’heure. Si vous arrivez à voir ce qu’une telle notion peut bien signifier. Je…

— Nous sommes familiarisés avec ce concept », me morigéna Téhéran. « Lorsque le séisme temporel arrivera ici – d’où est originaire la perturbation – le réajustement du réel se produira tout au long de la ligne temporelle.

— Et nous en serons tous effacés », terminai-je à sa place. « Nous, ainsi que tous les effets de notre travail. Une centaine de milliers de rescapés réapparaîtront à bord d’avions en chute libre, sur des navires en perdition, dans des usines sur le point d’exploser, sur les champs de bataille, au fond de puits de mine. Le projet de la Porte sera terminé. Je suppose que ça n’aura guère d’importance pour nous puisque nous ne serons plus là pour le voir. Nous ne serons jamais nés.

— Il existe d’autres théories, observa l’Anonyme.

— Je ne l’ignore pas. Malgré tout, en cinq siècles d’opérations d’escamotages jamais personne n’a suggéré de s’y fier. Il y a quelques heures encore, j’ai laissé mourir une fille parce qu’on m’a tellement imprégnée de cette théorie que je dois la considérer comme un fait établi. Est-ce que vous essayez de me dire qu’on est en train d’en changer ? » Vas-y, espèce d’impossible obscénité ; raconte-moi ça et je te jure que si on se retrouve, je dénicherai bien le moyen de te faire connaître ta douleur.

« Non, dit l’Anonyme, allez-y. Vous avez mentionné une seconde raison d’entreprendre ce projet.

— Qui selon moi, intervint Téhéran, pourrait bien justement déclencher la catastrophe temporelle que nous essayons d’éviter.

— Je dois m’en remettre à votre jugement là-dessus, dis-je. Moi-même, je n’écarte pas cette éventualité. Quoi qu’il en soit, ma seconde raison a trait à la capsule temporelle que j’ai ouverte il y a deux jours et au message que j’y ai lu. »

La nouvelle provoqua quelques remous. Qui a dit que nous autres, race future hautement développée, nous n’étions pas superstitieux ? Ce message était écrit de ma main. Ça signifiait que j’allais l’écrire quand je serais un peu plus âgée et, sans doute, un peu plus sage.

Mais tout aussi cynique. Le message avait dit : « Je ne sais pas si c’est [vital], mais dis-leur quand même. » Elle aurait pu se passer (j’aurais pu me passer) d’ajouter : « Ne montre à personne ce message. » Ce genre de gag n’aurait pu marcher si quelqu’un d’autre l’avait lu.

Et donc, je leur dis : « Le message disait que cette mission était vitale pour le succès du projet. » Et je me rassis, sans insister.

Ça ne fit pas un pli : vingt minutes plus tard, j’avais l’autorisation nécessaire.

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