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Ma chère Maman,

Cette semaine je n’attends pas qu’on soye samedi pour t’écrire car j’en ai à te raconter des choses, ho là là !!! En effet les Anarchistes qui ont kidnappé l’ambassadeur des États-Unis, c’est nous qui les avons eus, c’est-à-dire notre escadron. Moi là tout de suite, je me hâte de te dire que personnellement je n’en ai pas tué le moindre. Je le précise car je sais que cela t’ennuyera t’ennuie ! tu en serais bien ennuyée, ma petite Maman. Tout de même je répète que c’est une chose à envisager sans faiblesse, si un jour nous sommes contraints à user la force pour la défense de l’État. Tendre la joue c’est bien joli, mais que veux-tu faire quand tu as en face de toi des gens qui veulent tout détruire, je te le demande. Le bon père Castagnac est assez de mon avis (en effet nous avons étudié la question l’autre dimanche où j’étais venu après la messe). Son point de vue est que si les policiers ne sont pas prêts à tout comme moi, il n’y aura aucune raison pour que certains individus fassent n’importe quoi et c’est aussi le mien de point de vue. Sérieusement, petite Maman, tu voudrais d’un pays sans police ? Tu voudrais que le fils Barquignat (je le prends juste comme un exemple) soit libre d’assaillir de ses mains lubriques ta fille qui est aussi ma sœur ? Tu voudrais que sur notre bien péniblement amassé se ruent niveleurs et partageux dans une orgie de destruction ? Je ne dis pas qu’il n’y a pas une majorité de bonnes gens au bourg mais toutefois, rien que dans notre paisible communauté rurale, s’il n’était pas su qu’il y a une police et prête à tirer au besoin, j’en vois déjà qui n’hésiteraient pas, sans parler des romanichels.

En tous les cas, hier, je n’ai fait que tenir ma place. J’étais avec François dont je t’ai parlé et nous avons fait feu pas mal, mais sans résultat. C’est d’autres agents de la force publique, de l’autre côté de l’édifice, qui ont enfin pénétré dans les lieux et réussi à abattre les individus. Je ne reviens pas sur cette sanglante boucherie qui lève le cœur. François regrette de n’avoir pas tenu un anarchiste entre ses mains pour lui faire passer lui-même le goût du pain. Personnellement je ne vais pas jusque-là mais je respecte son point de vue.

Voilà une bien longue lettre et je ne sais plus trop quoi te mettre. Aussi je m’arrête pour aujourd’hui. Embrasse le père pour moi, ainsi que Nadège. Je te serre sur mon cœur battant.

Ton fils affectueux,

Georges Poustacrouille

P. -S. Pourrais-tu, si ça ne te dérange pas, m’expédier le camembert à musique parce que j’en aurai besoin car nous faisons une fête surprise pour les galons du Maréchal des Logis Sanchez. Merci d’avance.

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