La dernière bataille de mademoiselle Rose


À quand remonte ma dernière véritable opération de terrain ? C’était il y a treize ans, si je me fie à ma mémoire et non à mes fiches. Nous nous rendions, Walter, le Sphinx et moi, à une importante réunion qui devait entériner un accord entre vampires et loups-garous – accord arraché au prix d’efforts diplomatiques acharnés : aux enfants de Nosferatu les centres-ville, à ceux de Lycaon les périphéries. Visiblement, cet arrangement n’était pas du goût de tout le monde. Nous rencontrâmes sur notre route un groupe de vampires et de garous ligués pour l’occasion. Il n’en resta pas un vivant. La signature de l’accord eut lieu comme prévu

J’eus le temps de voir le Sphinx exploser littéralement la figure d’un vampire avec son poing et égorger un garou d’un revers de poignard, tandis que Walter, à l’abri d’un mur de protection, invoquait des sphères de haute densité destinées à aveugler nos assaillants. Une horde vociférante se jeta alors sur moi. Un garou perdit ses griffes contre mes mailles en argent. Il ne hurla pas très longtemps : je le tuai avec mon sabre. J’évitai ensuite une attaque de vampire et ripostai en lui brisant une jambe avec mon bâton ferré. Tandis que le plomb du pommeau emmagasinait le sort que je tissais en psalmodiant, je dégainai mon pistolet et défouraillais dans le tas. Quand mon sort fut prêt, je fis signe au Sphinx qui se retira à l’abri de la protection érigée par Walter. Brandissant mon bâton d’if je lâchai les énergies mortelles qui foudroyèrent ce qui restait d’agresseurs.

Comme dit le poète, le combat cessa faute de combattants.

— Toujours dans la dentelle, hein Rose ? fut le seul commentaire de Walter.

— C’est pas juste, se plaignit le Sphinx. Je commençais seulement à m’amuser.

Walter. Sphinx. Votre ironie et votre humour vont me manquer, à l’heure où je repars seule sur le champ de bataille…

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