L’imposante masse du Père Melnik se glissa dans la chambre avec la rapidité d’un serpent. Un doigt sur les lèvres, il fit signe à Otto Wiegand, déjà dressé sur son lit, de se taire. L’Allemand retomba avec un geste las. Rentré depuis une heure, il ressassait l’abominable spectacle auquel il venait d’assister. Une seconde, il avait pensé aller chasser le Danois du lit de sa femme, puis il avait renoncé. Elle aurait été capable de prendre le parti de son amant…
Le prêtre attira un fauteuil à lui et s’assit près de l’Allemand. Dans un geste familier, il caressa l’une de ses oreilles transparentes et demanda d’un ton inquiet :
— Que se passe-t-il ? Où étiez-vous ? Je suis venu tout à l’heure.
Vidé, Otto laissa tomber :
— Je suis coincé, ils vont m’avoir.
La belle voix mélodieuse du Père Melnik affirma aussitôt :
— Je veux vous aider. Il faut vous reprendre, échapper à tous ces gens. Cette petite fortune nous attend depuis si longtemps…
— Je m’en fous, Joseph… de vos dollars.
Le Père Melnik eut un haut-le-corps comme s’il avait blasphémé le saint nom du Seigneur.
— Ossip, il s’agit de vingt-cinq millions de dollars.
— Je sais, je sais… Mais en ce moment j’ai autre chose dans la tête.
Le prêtre chercha vainement le sujet de réflexion qui pouvait éclipser vingt-cinq millions de dollars.
— Dites-moi tout, mon cher Ossip, vous êtes malade, conclut-il très patenôtre.
L’Allemand hésita un instant. N’importe comment, cela lui faisait du bien de parler de Stéphanie. Il raconta au prêtre ce qui venait de se passer, et pourquoi. Celui-ci étendit ses grosses mains poilues comme pour bénir l’Allemand et fit, rassurant :
— Mais avec vos dollars, vous trouverez, dix, cent filles plus belles que votre Stéphanie.
Otto secoua la tête.
— Je sais, Joseph, mais c’est elle que je veux. Quand je me dis que je ne la reverrai pas, je deviens fou. Je ferais n’importe quoi. Je lui donnerais tout mon argent si j’étais sûr qu’elle reste…
Le Père Melnik le contempla, plein de reproche. Décidément, il avait eu raison de vouloir lui sonder le coeur et les reins. Il était sur une bien mauvaise pente.
— Mon cher camarade, reprit-il avec une sereine componction, cette créature veut votre perte. Il faut l’écarter de votre chemin. Quant à ce Boris, j’en fais mon affaire…
Il plongea dans la poche droite de sa soutane et en sortit son bon vieux Luger P-08 dont le long canon d’acier brun reflétait la lumière. Jouant avec l’arme, il fit :
— Vous vous souvenez de cela, mon cher Ossip ? Il ne me quitte jamais. Grâce à lui, je peux me vanter d’avoir rapproché de leur Sauveur un bon nombre de mécréants. Ce Russe ne sera pas le premier.
Otto alluma une cigarette et sourit tristement :
— Joseph, même si vous tuez Boris, cela n’arrangerait rien. D’abord, ils en enverront un autre. Ensuite, c’est dans ma tête que cela se passe. C’est moi qu’il faudrait tuer, conclut-il, avec un rien d’ironie.
« Pas avant qu’il n’ait signé » pensa avec effroi le Père Melnik. Pris d’un abominable soupçon, il pointa un doigt poilu et inquisiteur vers l’Allemand :
— Ossip, mon fils, vous n’allez pas faire une bêtise ? Vous savez que le Seigneur réprouve de la façon la plus absolue le suicide. Vous seriez damné pour l’éternité.
Ainsi soit-il. Et les dollars resteraient enfouis dans les coffres-forts de Vaduz, également pour l’éternité.
Mais Otto rassura son interlocuteur :
— Ne craignez rien, Joseph, je ne me suiciderai pas. J’aime trop la vie et Stéphanie.
Le prêtre se gratta la gorge et tritura son oreille gauche, presque à en arracher un lobe.
— Il y aurait bien une solution, proposa-t-il. Il doit être possible de faire authentifier votre signature ici. Je pourrais ainsi effectuer le voyage tout seul, et rapporter votre part…
Cette suggestion arracha un rire sincère à Otto.
— Mon cher Joseph, dit-il, vous seriez capable de financer l’explosion du Kremlin avec ma part. Je préfère voir mon argent utilisé à de meilleures fins. Un peu de patience. Si tout se passe bien, je viendrai avec vous à Vaduz.
— Et si tout ne se passe pas bien ?
Otto eut un geste fataliste.
— Les dollars resteront où ils se trouvent. Après tout, vous vous en êtes passé pendant vingt-trois ans.
Nettement rembruni, le Père Melnik se leva et esquissa une vague bénédiction en direction de l’Allemand.
— La douleur vous égare, mon fils, affirma-t-il, onctueux. Nous reprendrons cette conversation après une bonne nuit de sommeil. Vos idées seront plus claires. Cette fille est l’incarnation de Belzébuth, Jézabel en personne. Elle mériterait d’être brûlée en place publique et ses cendres dispersées aux quatre vents.
Une lueur dangereuse brillait dans son regard. Otto bondit hors de son lit et attrapa le prêtre par le col de sa soutane. Il le retourna, l’adossa au mur, les yeux fous, et l’apostropha :
— Si tu touches un cheveu de Stéphanie, vieille canaille, je te grille vif, comme tu faisais en Ukraine, avec les partisans.
Le Père Melnik se dégagea avec dignité et foudroya du regard son interlocuteur :
— Vous devriez avoir honte de parler ainsi à un serviteur de Dieu. Et de lui prêter d’aussi vilaines pensées. Je vais prier pour vous et cette misérable pécheresse.
Sur ces paroles vengeresses, il s’éclipsa dans le couloir. Son pas lourd fit trembler les vieilles planches. À part lui, il pensait qu’il allait devoir prendre de sérieuses précautions pour supprimer Stéphanie…
Malko regarda sa montre : une heure et demie. Avec Otto, il était certainement le seul à être réveillé à Skagen. Krisantem, consciencieux jusqu’au bout, avait assisté au supplice de l’Allemand et lui en avait rapporté tous les détails. Ça promettait. De plus, ce genre d’activité ne risquait pas d’affoler les deux Lodens.
À travers la cloison, il avait suivi ensuite la visite du Père Melnik, sans toutefois comprendre ce que s’étaient dit les deux hommes. Il allait commencer à se déshabiller lorsqu’il y eut un craquement dans le couloir. Rapidement Malko se leva et alla coller son oreille à la porte.
On marchait dans le couloir, très légèrement. Malko pensa tout de suite à Stéphanie. Quel tour manigançait-elle encore ? Il entendit encore quelques craquements, puis deux coups légers furent frappés à la porte d’Otto Wiegand.
Il y eut un bruit de pas dans la chambre et la porte s’ouvrit. Quelques mots à voix basse que Malko ne saisit pas, puis la porte se referma sur l’inconnue et Otto. Malko changea de place et colla son oreille à la cloison. D’abord, il entendit seulement le murmure d’une voix de femme.
Tout à coup, Otto Wiegand poussa un cri. Stupéfaction, peur…
La voix féminine monta de plusieurs tons. Une chaise tomba et roula sur le plancher.
Malko bondit dans le couloir et ouvrit la porte de l’Allemand à la volée.
La surprise le cloua sur place.
Un énorme pistolet automatique au poing, la petite jeune femme brune de la salle à manger menaçait Otto Wiegand. Ce dernier, pour lui échapper, était monté sur le lit.
Au moment où Malko entrait, la fille leva son pistolet et dit d’une voix hachée, en allemand :
— Cela fait vingt-sept ans que j’attends ce moment. Je repartirai du Danemark heureuse de vous avoir tué.
Au bruit de la porte, elle se retourna brusquement et laissa son geste en suspens. Elle aurait eu largement le temps de tirer d’abord sur lui et ensuite sur l’Allemand, mais ce n’était pas une tueuse professionnelle. Malko en profita. D’un coup sec sur le poignet, il fit tomber le pistolet.
Avant que la jeune fille ait pu réagir, il ramassa l’arme et la passa dans sa ceinture. Il ne manquait plus que cela. Mort, Otto Wiegand ne lui était d’aucune utilité…
— Que se passe-t-il ? demanda-t-il. Pourquoi voulez-vous tuer cet homme ?
— C’est une folle, glapit Otto. Elle me confond avec quelqu’un d’autre… Une pauvre folle. Il faut appeler la police.
— Je suis venue d’Israël pour tuer ce monstre, répliqua la femme d’une voix basse et rauque et rien ne m’en empêchera.
De près, elle paraissait beaucoup moins jeune, autour de la quarantaine.
Les yeux flamboyants elle fit face à Malko.
— Vous êtes probablement un assassin, vous aussi, siffla-t-elle. C’est pour cela que vous le protégez.
Malko secoua la tête.
— Je ne sais pas ce que vous voulez dire. Cet homme est un agent de renseignements dont la vie m’est précieuse pour des raisons professionnelles.
Rassuré par la présence de Malko, Otto Wiegand redescendit de son lit sans quitter des yeux la jeune femme. Celle-ci s’accrocha au bras de Malko et dit d’un ton pressant :
— Savez-vous pourquoi je veux le tuer ? Il a exterminé toute ma famille il y a vingt-sept ans, en Ukraine. C’est un monstre, une bête.
Tout son calme avait disparu. Elle semblait beaucoup plus jeune d’un coup. Avec des mots entrecoupés de sanglots, elle raconta à Malko sa pitoyable histoire. Au fur et à mesure, l’Allemand, assis sur le lit, semblait se recroqueviller. Lorsqu’elle se tut, Malko eut un regard d’infini mépris pour lui.
— Je regrette sincèrement d’avoir à vous protéger, monsieur Ossip Werhun. C’est la mission la plus pénible qui me soit échue depuis que je fais ce métier.
L’autre bredouilla de vagues excuses, sans regarder Malko. Intérieurement, il se maudissait d’avoir laissé échapper ce témoin, jadis. C’était une bonne leçon pour l’avenir.
Mais Yona Liron poursuivait son idée. Elle s’écarta brutalement de Malko comme s’il avait eu la fièvre jaune et lui jeta :
— Alors, en dépit de ce que je vous ai dit, vous le protégez encore ?
— Hélas ! fit Malko, je vous comprends, mais nous sommes dans une position qui nous dépasse tous les trois…
— C’est bien, fit-elle sombrement.
Elle pivota sur elle-même et il s’effaça pour la laisser passer, croyant qu’elle allait sortir.
D’un geste fulgurant, elle se baissa et saisit quelque chose dans sa courte botte noire. Puis, pliée en deux, elle fonça vers le lit.
Otto Wiegand hurla et Malko eut le temps d’apercevoir la lame brune d’un poignard tenu à l’horizontale.
Instinctivement, il plongea en avant, dans les jambes de la fille et la saisit au-dessous des genoux, l’entraînant dans sa chute. L’Allemand cria de nouveau et il se dit qu’il était intervenu trop tard. Yona roula sur le dos et lui décocha un coup de pied qui l’atteignit à la tempe, l’étourdissant.
Aussi rapide qu’un homme, elle se releva, le poignard toujours à la main. Otto jeta ses mains en avant dans un geste de défense, hagard. Son pantalon était déchiré à la cuisse gauche, laissant apercevoir une longue estafilade. Cette fois, la jeune Israélienne visa le ventre et plongea, tenant le manche du poignard à deux mains, à la manière des commandos japonais.
Ce genre de coup ne pardonne pas lorsqu’il atteint son but : le foie.
Malko se relevait tout juste. Parant au plus pressé, il la tira violemment en arrière et parvint à saisir le manche de l’arme de la main droite. Aussitôt, Yona fit volte-face et se colla contre lui. Il eut le temps de sentir un parfum agréable et la douceur de ses formes avant de recevoir un terrible coup de genou dans le ventre.
Des myriades d’étoiles filantes devant les yeux, il s’accrocha à ses jambes tout en tombant. Elle le frappa encore sur la tête avec le manche du poignard, de toutes ses forces. Un vrai démon. Dire qu’elle semblait si inoffensive à sa petite table… Il pensa quand même à lui saisir la cheville et il tira brusquement, horriblement confus de se conduire ainsi avec une femme. Déséquilibrée, elle poussa un cri et glissa en arrière, lâchant son arme pour protéger sa nuque.
Le poignard se planta en vibrant dans le plancher. Malko roula sur lui-même et immobilisa Yona en se couchant sur elle de tout son long.
Pendant près d’une minute, elle gigota furieusement, tentant de le mordre, de le griffer, se cambrant de toutes ses forces pour tenter de se débarrasser de lui. Tout en la maintenant, Malko éprouvait des sensations confuses. Il avait presque l’impression de vouloir la prendre de force.
Elle se calma d’un coup. Il sentait ses épaules agitées de sanglots. À plat ventre par terre, elle était prise d’une véritable crise de nerfs, pleurant, la tête dans ses bras. Malko se releva avec précaution, ramassant le poignard au passage. Sur le lit, Otto Wiegand comprimait sa cuisse blessée, l’air hagard, en regardant l’Israélienne avec un mélange de haine et de stupéfaction.
— Elle a voulu me tuer, bredouilla-t-il.
— Vous vous attendiez à quoi ? fit brutalement Malko. À ce qu’elle vous saute au cou ! Si j’avais connu votre vie en détail, je n’aurais jamais accepté cette mission.
— Dites donc, dit Otto Wiegand d’une voix aiguë, vous êtes ici pour me protéger, pas pour écouter les divagations d’une folle.
— Ne craignez rien, je vous protégerai, dit Malko.
Il se dégoûtait.
Le plus gentiment qu’il le put, il aida la jeune femme à se relever. Les épaules secouées de sanglots convulsifs elle ne pouvait plus arrêter ses larmes. Cela avait quelque chose de poignant.
— Je saigne, gémit Otto Wiegand.
Abandonnant Yona Liron, Malko se pencha sur lui pour examiner la blessure. C’était une longue coupure superficielle qui n’avait pas entamé le derme. Même pas besoin de points de suture.
— Ça vous changera les idées, fit-il sèchement. Ce n’est en tout cas pas ainsi que vous allez mourir. Bonsoir. Je vais me coucher et j’emmène cette jeune personne. Je vous souhaite de beaux cauchemars.
Il entraîna par le bras Yona, qui se laissa faire en reniflant.
Elle ne protesta pas non plus lorsqu’il la fit entrer dans sa chambre et l’installa dans un fauteuil. Puis, il alla chercher une serviette et lui essuya le visage. Au bout de quelques minutes elle cessa de pleurer et se coiffa maladroitement avec ses mains. En temps normal, elle avait un joli visage triangulaire. Puis, sans transition, elle demanda d’une voix dure :
— Rendez-moi mon pistolet et mon poignard.
Ça commençait.
Malko secoua la tête et s’assit sur l’autre chaise.
— Je ne vous les rendrai pas pour plusieurs raisons, expliqua-t-il.
» D’abord, parce que je ne veux pas que vous terminiez vos jours en prison dans ce pays. Les Danois ne plaisantent pas avec le meurtre. Vous vous apprêtiez à commettre un meurtre prémédité, même s’il est justifié dans le cas d’Ossip Werhun.
— Qu’est-ce que cela peut vous faire ? coupa-t-elle. Je m’attends à cela. Je n’ai pas de famille, pas d’enfants. Je n’en aurai jamais puisque j’ai été stérilisée. Alors, vivre en prison ou dans un kibboutz, c’est la même chose. Au moins je serai bien avec moi-même.
Il n’y avait pas grand-chose à répondre à cela. Yona continua d’un ton pressant :
— D’ailleurs, vous pouvez garder mes armes, cela n’a pas d’importance. Je m’en procurerai d’autres et je tuerai Ossip Werhun à la première occasion. Avec un couteau de cuisine s’il le faut.
Impossible de l’effrayer. Malko se dit que la seule façon d’en venir à bout était peut-être de lui dire la vérité. Au point de discrétion où il en était…
Lentement, avec le maximum de précisions, il commença à lui raconter l’histoire d’Ossip Werhun. Lorsqu’il en arriva à Stéphanie, une lueur mauvaise brilla dans les yeux de Yona.
« Dieu que je suis contente, s’exclama-t-elle, mais c’est encore trop doux pour lui. »
Malko alla jusqu’au bout, expliquant tout ce que la CIA attendait de l’Allemand. Cet homme avait été des années dans l’appareil de renseignement communiste. Il savait des milliers de choses.
— Voilà, conclut-il, pourquoi il doit rester en vie.
Yona secoua la tête.
— Ce sont vos affaires. Je vous comprends. Mais vous trouverez un autre traître. Celui-là m’appartient. Je le tuerai.
Ils étaient revenus au point de départ. Yona secouait sa chevelure acajou chaque fois que Malko revenait à la charge. Tout à coup elle se laissa glisser sur sa chaise et murmura :
— Je suis si fatiguée.
En une seconde, elle était endormie sur place, épuisée par la réaction nerveuse. Malko la regarda une seconde avec pitié, puis la prit dans ses bras et la déposa sur son lit. Il ignorait dans quelle chambre elle habitait et se souciait peu d’attirer l’attention sur lui.
Elle ne réagit même pas lorsqu’il la déshabilla, ne lui laissant que ses dessous, des collants noirs et un soutien-gorge qui tenait plus de Dior que de la femme-commando.
Puis, il se déshabilla à son tour et se coucha. La journée avait été longue et aucune solution n’était en vue, l’enlèvement de Stéphanie posant des problèmes pratiquement insolubles. À moins de déclarer le Danemark cinquante et unième État des USA…
Il craignait que Boris et sa diabolique complice ne viennent à bout de la résistance nerveuse de l’Allemand. En une journée, ils l’avaient déjà sérieusement ébranlé. Il finirait par se jeter dans le piège velouté de Stéphanie comme le lapin se jette dans la gueule du cobra.
Tout en réfléchissant, il s’endormit. Il fut réveillé un peu plus tard par un gémissement. Yona rêvait dans son sommeil. Elle se pelotonna contre lui, tremblant de tous ses membres. Ne sachant trop que faire, il lui caressa les cheveux, en pensant à Alexandra qui s’imaginerait encore Dieu sait quoi en voyant une fille dans son lit.
Puis l’Israélienne se serra plus fort. D’une façon telle qu’il ne pouvait plus douter que son cauchemar évoluait agréablement.
La résistance humaine a des limites. C’est lui qui fit glisser les collants noirs jusqu’au fond du lit. Ensuite, il oublia pour un moment l’infernal carrousel dans lequel il se trouvait plongé. Si seulement, cela pouvait lui donner un peu de poids auprès de l’Israélienne. Lorsque sa houle voluptueuse se calma, elle murmura d’une voix imperceptible :
— C’est la toute première fois…
Comme elle se rendormit aussitôt, il devait ignorer toute sa vie ce qu’elle avait voulu dire, étant donné qu’elle n’était plus vierge depuis longtemps.