CHAPITRE XIX

Le boss a un visage imperturbable, lorsque je pénètre dans son burlingue.

— Tiens, murmure-t-il, votre crise d’appendice est dissipée ?

— Fausse alerte, chef. En réalité, il s’agissait d’un banal empoisonnement dû à de la sauce tomate…

Il me regarde.

— C’est dangereux, la sauce tomate, fait-il, sans rire. Ça vous défigure complètement un homme.

Je sais ce qu’il veut dire. Un miroir m’a renseigné. Le coup de savate de l’imprimeur m’a sérieusement entamé le pif. J’ai maintenant un tarin plus gros qu’une pomme de terre. Sans parler d’un œil au beurre noir…

— Bon, enchaîne le boss. Je suis bien aise de vous retrouver. J’ai du travail. Oh, à propos, vos collègues de Grenoble ont mis fin à cette affaire de fausse monnaie, tandis que vous étiez couché.

J’esquisse une grimace.

— Ce sont des gens très forts, continue le boss. Prenez du feu, San-Antonio.

Je reste de marbre.

— L’affaire était très importante. De hauts personnages sont compromis.

Je laisse tomber un « Ah ! » réservé.

— Enfin, dit le boss, maintenant ce ne sont plus nos oignons. Nous avons du pain sur la planche. Vous êtes en forme ?

— Assez, je murmure. Les vacances, patron, c’est formidable comme ça vous retape un homme !

FIN
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