Je tube au Vieux les conclusions béruréennes après les avoir faites miennes. Mais le tondu les réfute.
— Vous espérez vraiment faire croire une telle foutaise aux journalistes ?
— Pourtant, monsieur le directeur…
— Et le public, San-Antonio, pour qui le prenez-vous ? Maintenant tous les candidats de Bellecombe sont morts et vous allez essayer de noyer le poisson ! Je vous dis qu'il s'agit d'une série de meurtres dus à un fou sanguinaire ! Je veux l'assassin ! Car il existe bien au moins un assassin dans toutes ces affaires, oui ?
— Sans aucun doute, monsieur le directeur !
Il hurle à s'en faire péter le stradivarius :
— Alors, trouvez-le ! Et vite !
Bing ! Il a raccroché. Donner sa démission en un pareil instant manquerait de panache. Ce serait la solution du foireux, donc pas la mienne. Et pourtant, j'aimerais l'écrire sur parchemin et la faire bouffer au Vieux !
Vers midi trente, alors que je vide scotch sur scotch dans un bistrot proche du commissariat, un inspecteur vient m'annoncer que Laplume a téléphoné de Paris. Il aurait trouvé une piste concernant la personne qui téléphonait au comte au moment de sa mort. Il rappellera dans l'après-midi. Ça me met un peu de baume sur le battant.
Bérurier et Morbleut rappliquent. Ils paraissent fort surexcités. Morbleut, qui a cuvé sa première peinture, me semble parfaitement conditionné pour en prendre une deuxième Cette fois, ils attaquent à l'apéro de marque : Cinzano, priez pour eux !
— On a une idée formide à te soumettre, annonce Sa Majesté !
— Pas possible ! béé-je. Deux dans la même journée et tu survis ?
— Moule avec tes alluvions, c'est sérieux. L'adjudant Morbleut fait chorus.
— Très sérieux, renchérit-il.
Béru lampe son verre, garde un instant le breuvage dans la bouche afin de le mieux brumer. Ce faisant, il produit un bruit de bain de pieds. Puis il avale et déclare :
— Tu connais la nouvelle ?
— Non, fais-je ; ici, elles vont tellement vite que j'ai renoncé à les suivre.
— Les partis politiques ont décidé de ne plus présenter de candidat tant qu'on n'aura pas agrafé l'assassin !
— Je les comprends un peu. Comment le sais-tu ?
Il extrait de sa profonde une édition spéciale de La Pensée Bellecombaise. Elle ne comporte qu'un feuillet, mais qui n'est pas gentil pour la police. Un titre gros comme le nom d'un aéroport écrit sur le toit de ses hangars me pète à la figure :
C'est toujours mauvais quand un titre commence par « Citoyens » à la une d'un canard ! Le texte qui suit n'est qu'un flacon de vitriol jeté à la face de la police. La Pensée Bellecombaise nous traite d'incapables, et de bien d'autres trucs moins aimables. Elle annonce effectivement que les partis politiques, en signe de protestation, ont pris la décision de ne plus présenter de candidats avant la solution de l'affaire.
— Alors, où est votre fameuse idée dans tout cela ? demandé-je.
— Elle est de moi ! affirme Morbleut.
Béru se renfrogne.
— Sois pas scrétaire, Popaul ! On l'a eue ensemble !
— Ensemble, mais l'un après l'autre ! ricane Morbleut.
— Popaul, si tu me cherches tu vas me trouver ! prophétise le Mahousse. Je suis pas le genre de gentèlemane qui tire les couvertures, mais cette fois je suis certain qu'on la eue ensemble, cette idée !
— Si vous me la disiez, tonnerre de Zeus ! trépigné-je.
— Eh bien, voilà ! font-ils en chœur.
Ils se taisent, se regardent en flics de faïence, et avec le même synchronisme murmurent :
— Tu permets !
Et très vite, tandis que Morbleut s'offre une goulée d'oxygène, Béru me lâche :
— Je vais me présenter, Mec !
— Te présenter où ?
— Aux élections. Et c'est Popaul ici présent qui sera mon adjoint !
Tandis que la commotion me fait l'effet d'une pincée de poivre moulu dans les narines ; Sa Majesté poursuit.
— Faut qu'on en sorte, non ? Si c'est un fou qui a décidé de buter les candidats, il essaiera de m'avoir. Seulement, pour avoir Béru, faut pas oublier de se lever de bonne heure et de mettre en guise de flanelle son gilet antiballes !
Je refais surface tant bien que mal. D'une voix barboteuse j'articule :
— Ainsi, tu vas te présenter…
— Oui, Môssieur.
— C'est génial, décide Morbleut. Et pour vous, pour nous tous gens de police, qu'elle publicité ! Quelle réhabilitation aux yeux du public ! Un inspecteur s'offre en holocauste à la furie du sinistre meurtrier !
— Un inspecteur PRINCIPAL ! tonne Béru.
— Si tu veux, concède l'autre.
Mon premier instant de désarroi passé, j'examine la proposition saugrenue à tête — non pas reposée — mais lucide !
— Et pourquoi pas ! fais-je soudain. Faudra que tu retiennes la date d'aujourd'hui, Béru. C'était ta grande journée phosphorescente ! Allons faire le nécessaire.
— Pour commencer, déclare le Gros, je vais chez l'imprimeur pour les affiches !
— Je t'aiderai à les rédiger, promet Popaul. J'ai toujours eu un beau style. Si je te disais qu'au dernier endroit où j'étais, l'instituteur du pays lisait mes rapports à ses élèves pour les estimuler !
Bellecombais, Bellecombaises !
On n'est pas ce que vous croyez !
La preuve, c'est que moi, Bérurier Alexandre-Benoît, inspecteur principal, je lance un défi à l'assassin de Bellecombe en me présentant à vos suffrages ! S'il veut m'empêcher de candider qu'il y vienne !
La politique, je m'ai toujours assis dessus, et sans coussins ! C'est pourquoi je me présente pour un parti nouveau, (moi et l'ex-adjudant Paul Morbleut mon adjoint, on est ses fondateurs et les membres virils : le P.A.F : parti Amélioré Français).
Ce soir, dans la salle des réunions, on vous définira notre programme. Venez nombreux, l'assassin y compris !
Et surtout : Votez BERURIER !!!
Je ne sais pas s'il existe des collectionneurs d'affiches. Je suppose que oui. Alors, qu'ils prennent le premier train venu pour se ruer à Bellecombe. L'affiche électorale de Béru est une pièce de collection dès sa sortie des presses ! D'ailleurs, la population se rue dessus.
L'effet ne se fait pas attendre. Moins d'une heure après que les murs de Bellecombe soient recouverts de cette prose intempestive, le bigophone retentit. C'est le Vieux ! Oh ! Cette sortie de plein air, jolies mesdames ! Il s'en étrangle, le Tondu ! Il dit que nous sommes devenus fous. Que le ministère de l'intérieur ne pourra pas survivre à une histoire pareille ! La police meurt de ridicule. Il va démissionner, écrire une lettre ouverte dans le « Figaro », que sais-je ! Que sait-il !
Il veut parler à Béru, mais il est impossible de mettre la main sur ce dernier. Il est entré en loge dans une quelconque arrière salle de troquet avec son « adjoint » et dans la fièvre, les deux compères préparent leur réunion publique de la soirée.
J'exprime ma navrance au Vieux puis, quand il a déversé des torrents de bile et des bonbonnes de fiel, je raccroche en me demandant pourquoi je n'ai pas choisi de me faire marin, épicier, marchand de bagnoles ou poseur de passages cloutés au lieu d'entrer dans la Rousse ! Pour me changer les idées, je vais à l'enterrement de Monféal.
C'est vraiment de la cérémonie à grand spectacle, les gars ! En ce moment, Bellecombe vit une période d'exception. Depuis l'arrivée des Allemands en 40 et leur départ en 44 on n'avait pas connu des heures pareilles ! Il faut trois corbillards pour charrier les fleurs, les couronnes, les palmes et autres babioles. Un ancien-quelque-chose-à-béret marche devant le convoi, portant sur un coussin tendu de satin, les décorations de feu Monféal ; à savoir : la médaille commémorative des abonnés à Rustica et la croix d'honneur des remerciements anticipés.
La fanfare de Bellecombe suit, drapeau en berne, en jouant « Si tu n'en veux pas je la remets dans mon linceul » variante d'une marche allègre. C'est l'unique morceau que connaisse la fanfare, mais elle l'interprète sur un rythme extrêmement lent afin de la transformer en marche funèbre. Viennent alors des enfants : de chœur, de Marie, de Pétain, naturels, des écoles, de p…, de troupes, trouvés, légitimes, de salauds, du Bon Dieu et même martyrs. Après, c'est le clergé, ayant à sa tête Monseigneur Transept, archevêque de Moinillon-sur-Crosse et ses vicaires. Puis enfin : la vedette ! Monféal dans son beau corbillard des dimanches. La famille sous des voiles. Un oncle colonel soutient la veuve, malgré qu'elle eût déjà un produit de chez Scandai pour soutenir sa gorge et un notaire cacochyme pour soutenir ses intérêts. Il y a des larmes, à cause de la musique. Les parents éloignés se sont rapprochés du char funèbre. Les notables du patelin leur filent le train, graves, en se faisant regarder par la foule (probablement parce qu'ils ne peuvent plus se voir !). Ce sont ensuite les amis. Ils vantent les mérites du mort de la maison à l'église. De l'église au cimetière ils parleront de ses défauts, et du cimetière au bistrot de la place de ses vices inavouables. Et enfin, la longue chenille ondulante des anonymes, des sans grade, des partis-sans-laisser-d'adresse, des diminués moraux, des augmentés sociaux, des vacanciers, des vaccinés, des humiliés, des curieux, de tous ceux enfin qui assistent aux sépultures parce qu'il fait bon enterrer son prochain. Et qui marchent gaiement, en parlant fort et de tout, sans savoir qu'ils vont mourir demain ! L'inspecteur Martinet (il est à fouetter celui-là !) s'est joint à moi. Depuis l'affaire Lendoffé il me fait la cour pour essayer de se faire pardonner l'asphyxie de son client.
— Vous croyez que l'assassin est dans le cortège ? me demande-t-il.
— J'en suis absolument certain.
— En somme, si on pouvait embarquer tout ce populo…
— Oui, mais on ne peut pas !
La cérémonie n'en finit plus. La Collégiale de Bellecombe est trop petite pour contenir tout le monde. Heureusement qu'il y a plein de bistrots tout autour. On n'y trouve pas d'eau bénite, mais le vin est de première qualité et ceci compense cela. Nous en éclusons un gorgeon, Martinet et moi. Il y a un brouhaha terrible autour de nous. On se croirait un jour de Comice agricole.
— Vous semblez songeur, monsieur le commissaire.
— Je le suis.
Vous savez à quoi je pense, mes chéries ? Non, pour une fois ça n'est pas à vos dessous affriolants. J'évoque les paroles du Gros, lorsque nous étions dans le garage[1].
Il a pas le courant lumière dans le citron, Béru, et ça n'est pas le poids de son cerveau qui risque de fausser un pèse-lettres, mais parfois, il dit des choses sensées. Dans la vie, il n'y a que les c… qui soient capables d'en dire ! Les autres se mettent la calbombe en pas de vis ! Ils se tortillent la matière grise, ils brodent, ils blablatent, ils déforment. Le c…, lui, il dit ce qu'il pense vraiment et comme il pense juste il dit juste. N'entreprenez jamais rien de grave dans la vie sans avoir pris l'avis d'un c… ! C'est une grande règle que les grands hommes d'affaires connaissent et appliquent. Vous pouvez le remarquer : ils ont toujours des tas de c… autour d'eux. Des c… nobles, pour le standing de la maison ; des vieux c… pour son honorabilité ; et une infinité de pauvres c… pour porter le coton, le chapeau et la chance ! Les plus futés s'assurent même la collaboration de sales c… afin de cristalliser sur eux le mauvais esprit qui finit toujours par s'insinuer dans une communauté. Le c… c'est le microorganisme. Sans lui, l'univers serait en décomposition.
— Tu as des lunettes de soleil ? je demande à Martinet. Question quasi superflue : tous les inspecteurs en ont, ainsi que des gants beurre frais et des pochettes blanches.
J'arrache une page blanche à mon carnet et j'écris en lettres d'imprimerie :
BRAVO. BIEN JOUÉ. MAIS MAINTENANT IL FAUT QU'ON DISCUTE. FIXEZ-MOI UN RENDEZ-VOUS EN M'ECRIVANT MARTINET POSTE RESTANTE BELLECOMBE. DANS VOTRE INTERET FAITES VITE.
Je tends le feuillet à mon inspecteur. Il lit et me regarde sans piger.
— Qu'est-ce que ça veut dire, monsieur le commissaire ?
— A la sortie du cimetière, fais-je, il va y avoir une poignées-de-mains-party. En serrant la louche de la veuve, tu lui glisseras ce petit billet dans le creux de la paume.
— Mets tes lunettes avant, pour dissimuler un peu tes traits.
Il met un certain temps pour récupérer.
— Je ne comprends pas, excusez-moi, vous pensez que la veuve…
J'ai un soupir qui me vide les purgeurs.
— Je ne pense rien, j'essaie de m'en sortir… Ce que je fais est peut-être odieux, mais je suis décidé à tout mettre en œuvre et d'aller jusqu'au bout de l'ignominie s'il le faut.
Les cloches nous signalent la sortie du cortège. Tout le monde s'empresse. Nous voilà repartis à travers les rues apparemment quiètes de Bellecombe. Le cimetière est loin, Les cimetières sont toujours loin. En France du moins. On aime bien reléguer ses soucis derrière la porte.
Larmes blabla d'un zig qui trémole. Il a une moustache blanche, la Légion d'honneur et un œil de serre, c'est vous dire s'il fait sérieux.
On a droit à la vie édifiante de Monféal depuis l'école primaire. Tout y passe : ses bons points, sa première communion, son service héroïque pendant la guerre lorsqu'il vendait aux maquisards des fausses cartes d'alimentation. On passe en revue ses dons de visionnaire : n'a-t-il pas crié « Vive de Gaulle ! » en 1944. Un prophète ! Et son action sociale : Président du cercle pongiste, il a ouvert une souscription pour doter le club d'un ping-pong de compétition. Son action humaine aussi est célébrée ; deux enfants ! Faut les faire ! Les faire et les nourrir, ce qui n'est pas à la portée de toutes les bourses ! L'assistance est pétrifiée par une gigantesque émotion. D'un seul coup, trois mille personnes se mettent à le regretter, Monféal. On le pleure, on le déplore, on le renifle, on le toussote, on lui rend un solennel et vibrant hommage.
Le Moustachu en a son râtelier qui hoquette tout seul. Du coup, un vicaire décide une quête supplémentaire. C'était du grand homme, ce Monféal. Buter de la belle marchandise commak, c'est vraiment scandaleux. Mais l'homme au lampion bidon a confiance en la justice. Si la justice humaine ne parvenait pas à châtier le misérable, celle de Dieu s'occuperait de ses fesses ! Y’a du chaudron là-haut qui se prépare. La maison Satan fait rentrer de l'anthracite ! L'orateur en paume son œil de verre dans le gravier de l'allée. Il se baisse pour le ramasser, se trompe et finit par se carrer une capsule de Coca-Cola dans l'orbite.
Il continue. Rien ne peut l'arrêter. On l'a vacciné avec une aiguille de phono. C'est son jour de gloire. Il passe en soliste et c'est grisant. Et puis, dans un cimetière, personne n'ose lui crier « Ta Gueule ! » Alors, il en remet. Je demande qui c'est. Une dame-à-ruban-de-velours-autour-du-goitre me renseigne : il s'agit du vice-sous-président de l'Amicale des Compteurs à Gaz. Ça dure. Il fait comme le défunt : il s'éternise. Dans les rangs du clergé on chuchote pour savoir si une troisième quête s'impose. Le tiers état, lui, il a envie de rentrer chez lui. On en voit qui se débinent : des sournois ou des économiquement faibles qui n'ont pas suffisamment de calories pour tenir le coup.
Enfin, le monsieur s'arrête sur un « Ce n'est qu'un au-revoir, cher Monféal » qui ferait éclater en sanglots une pierre tombale. Distribution d'eau bénite. Mais on est trop nombreux. Seuls, les premiers arrivés sont les premiers servis. L'enfant de chœur de goupillon n'a pas prévu une telle affluence. L'évêque dit qu'on devrait rationner et limiter l'usage du goupillon à un quart de signe de croix par personne. Ça ferait mauvais genre aux dires de ses péons. Si bien qu'on est deux mille à goupillonner à sec. C'est de la bénédiction saharienne. L'évêque est mécontent, ça se voit à sa crosse en virgule. Il veut sermonner l'imprévoyant. Une religion qui se déshydrate c'est une religion décadente ! Après ça, on n'a plus qu'à faire descendre la bière.
Puis, c'est le jeu du serrement de paumes. Toute la famille s'aligne : les arrière-petits-cousins, les sœurs de lait, les frères adultérins. Ils se mettent sur deux rangs pour aider. Ils tiennent à montrer qu'ils en étaient, des Monféal : de près, de loin, par la cuisse ou par correspondance. Les reconnus, les réfutés, les admis, les brouillés. On affiche fin de vendetta pour cause de décès. Des qui ne se sont pas vus depuis des années à cause d'un mur mitoyen ou d'une faute d'orthographe dans la carte de bonne année, s'étreignent, s'effusionnent, se réhabilitent sous les regards rougis de l'assistance. Les mimis aux larmes miaulent dans l'air immobile. Une abeille qui ne sait pas qu'il s'agit d'une première classe se goinfre déjà de pollen à travers gerbes et couronnes. Ça fait son miel, cette histoire.
Je pousse Martinet dans le dos, comme un commandant de bord largue un parachutiste.
— A toi de jouer ; fils !
Il chausse ses bésicles fumées. Il tord un peu ses lèvres pour prendre l'air plus terrifiant. Puis il s'avance vers the Monféal family.
— Condoléances, condoléances, condoléances, ricoche-t-il. Devant la veuve, il marque un temps. Moi je mate comme au téléobjectif le petit manège, Gros plan sur leurs deux paluches. Y’a du monde qui s'impatiente, derrière Martinuche. Ils ont hâte de lui baiser le crêpe, à la femme de l'assassiné. L'inspecteur poursuit sa petite séance condoléante. Y’a dans la file une Gravosse qui barrit chaque fois que quelqu'un la lui serre, c'est pourtant pas la saison des engelures ; notez qu'elle a peut-être un panaris perfide, l'apparentée.
Mme Monféal a marqué un temps, elle aussi. Je distingue le bout de papelard, Elle le fait passer de sa main droite dans sa main gauche, celle qui déjà tenait son instrument de veuvage number two ; le mouchoir. Puis, avec beaucoup de maîtrise, elle se refarcit les phalanges suivantes. Elle bredouille des mercis, sème des larmes, émiette des soupirs et rauquifie un sanglot pour les gens huppés.
Moi, je coupe à la corvée et je me taille par la porte de service. Assis sur une vieille tombe, un vieux fossoyeur fait comme l'abeille : il casse la croûte. Il est tellement vieux que c'en est indécent, de faire ce métier. Peut-être a-t-il décidé que ça ne valait plus le coup de rentrer chez lui ?