TREIZIÈME JOURNÉE
Le chef des Bohémiens me fit apporter un ample déjeuner et me dit :
— Seigneur cavalier, les ennemis approchent, c’est-à-dire les gardes de la douane. Il est juste de leur céder le champ de bataille. Ils y trouveront les ballots qui leur sont destinés, le reste est déjà en sûreté. Déjeunez à votre aise, et puis nous partirons.
Comme l’on voyait déjà les gardes de la douane de l’autre côté du vallon, je déjeunai à la hâte, tandis que le gros de la troupe prenait les devants. Nous errâmes de montagne en montagne, nous enfonçant toujours davantage dans les déserts de la Sierra Morena.
Enfin, nous nous arrêtâmes dans une vallée fort profonde, où déjà l’on nous attendait, et l’on avait préparé notre repas. Après qu’il fut terminé, je priai le chef de continuer l’histoire de sa vie, ce qu’il fit en ces termes :