KAPPA (ble)

Tout !

Tout dit !

De A à Z…

Non, pardon : d’alpha à oméga.

Sa Majesté aux yeux couleur de rubis m’a écouté en branlant son chef à claques. N’a pas proféré. S’est abstenue de toute onomatopée malséante. Qu’à peine un pet timide… Mais un tout ténu, un discret. Qui ne dit rien, qu’on sent. Simplement.

J’ai raconté l’arrivée à Genève et la mort du bagagiste. Et la visite de la vieille dame. Et notre rencontre, Marie-Marie et moi, en mentionnant au passage ma demande en mariage (là, le Gros a écrasé un pleur gros comme une chenille processionnaire) ; j’ai raconté la Samsonite rouge, le cadeau fait à Marie-Marie, notre ruse de l’ambulance, ce qui en est résulté… J’ai raconté le grand costar, et la mort du tailleur qui l’a confectionné… Mon arrivée chez Konopoulos, sa secrétaire, la bagnole pleine de serpents, la bombe, le marché… Tout, te dis-je.

Archi-tout ! Complètement tout ! Tout tout, quoi !

Tant toutou que j’en lèverais la patte pour conclure.

Mes potes m’esgourdent comme si j’étais un texte d’ultimatum. Comme si je française-françaisais dans le gravissimo.

— Faut préviendre les roussins d’ici ! murmure Bérurier.

Moi, avec ma bombe de poitrine, je me sens mal barré. Tu vois pas qu’ils me retiennent, les copains helvètes, pour témoignage et patati-lala ? Le temps qui passe, aux gens qui passent… Et demain, minuit : patapoum, m’sieurs-dames ! Attention aux éclats ! Mettez vos rouges tabliers ! Non, non. Jouer serré menu, l’Antonio. Pas mordre la ligne jaune, qu’autrement sinon il va se retrouver au jardin d’Eden en compagnie de grelus pas recommandables. Mais tout de même ! Je fouille mes fonds de mémoire, essayant de me rappeler si j’ai une bonne relation policière en Swizerland. Attends, v’là que ça remue sous ma coiffe bretonne. Il me revient d’un congrès aux zuhéssas, pas dégueu, very marrant. J’avais lié amitié avec un ponte de la Rousse bernoise. Un certain…

Bon, je fouillette mon petit calepin recelant les bonnes adresses du passé. Un Suisse allemand, faut chercher dans les « H », ou dans les « Z »… J’ai beau, je trouve que pouic.

On s’appelait par nos prénoms, lui et moi. Georges et Antoine. Georges quoi ? Et poum, voilà que je le chope au vol. Adoretti. D’origine tessinoise, il est. Au moins.

Pour lors, je dégauchis sa ligne mignonne dans mon carnet magique. Fil privé. A cette heure, j’ai ma chance.

Je commence par le préfixe zéro-trente, pour obtenir le canton de Berne, puis je filoche son numéro. Ça bouzigue longuet. Je désespère lorsqu’une voix féminine décroche, si je puis dire, et m’annonce en swiss-deutsch qu’elle appartient à Mme Adoretti. Je la salamalek un brin, en mauvais bon allemand, dis qui je suis et combien j’aimerais parler à son mari.

Elle m’informe que son époux est mort depuis dix-huit ans aux fraises. D’où je conclus qu’il ne s’agit pas de l’épouse, mais de la maman de mon homologue… Je lui demande de me pardonner la méprise, ce à quoi elle consent extrêmement volontiers, qu’après quoi, elle me branche sur son grand garçon, lequel est en train de gésir dans son lit, terrassé par une grippe qui, pour être pasteurisée, n’en est pas moins pernicieuse.

Il n’a plus sa belle voix américaine, Georgio. Le timbre est fêlé, et des râles épais lui embroussaillent les fins de phrases. Pourtant, vaillamment, il joue le jeu du « Comment ça va chez toi, comment ça va chez moi, et qu’est-ce que tu deviens ? Tu cours toujours les filles, grand dégueulasse ? », tout bien, quoi.

Il passe ensuite à des choses plus contemporaines.

— Tu as vu ce qui se passe en Suisse Romande, french flic ?

— C’est-à-dire ?

— Cette invasion de serpents.

— Comment ça, une invasion ?

— Tu n’as pas écouté les informations de ce soir ?

— Non, j’étais trop accaparé par les miennes propres.

Il s’empresse de m’affranchir.

— Genève est investi par des reptiles ultra-venimeux. En fin de journée, il y en avait pas moins de huit dans la salle de réunion de l’O.P.E.P., le délégué du Tiroirkès et celui du Tonkusulhakommod sont morts, foudroyés par ces horribles bestioles, issues d’un croisement nouveau. Outre le fait qu’elles sont les plus venimeuses connues jusqu’à ce jour, elles présentent la particularité d’attaquer l’homme. C’est la première fois que l’on constate une chose pareille. Un dispositif spécial est en cours.

Je le laisse réciter son journal tévé. Ma bombe se fait de plus en plus lourdingue et glaciale. Pour un peu, je hurlerais. Cette mort collée à ma peau a quelque chose d’hallucinant. La louche envie de l’arracher de moi et de partir en postillons de chair me tenaille, obsessionnelle comme l’attirance du vide consécutive au vertige.

Mais je bande ma volonté. Je n’ai pas le droit d’abdiquer aussi bassement. La vie m’attend, Maman aussi, et ma gentille Marie-Marie dont je me demande bien ce qu’elle maquille. Pourquoi n’est-elle pas revenue à l’hôtel ? Autre sujet de mortelle inquiétude.

— Dis voir, Georgio…

Il coasse un « quoi donc » plus caverneux que la voix d’Armstrong au fond du gouffre de Padirac.

— Je m’intéresse à un diplomate grec, hôte de ta belle Helvétie. Un certain Konopoulos, demeurant au domaine du « Bout du Monde » à Bonraisin dans le Canton de Vaud.

— Qu’est-ce que tu appelles « t’intéresser à lui » ? demande Adoretti avec sa voix de béchamel-basse aux intonations germanoches.

Cher Georgio ! De l’entendre me permet d’évoquer en force les joyeuses heures passées ensemble aux States. Une solide personnalité. Un vrai creuset, ce type où se mélangent les cultures latine et alémanique. Des élans, une forme d’humour à froid, un regard à la fois aimable et perspicace…

— Il m’est difficile de te raconter cela au téléphone. Mais j’aimerais savoir un peu ce qu’on pense de lui à la Police des Etrangers.

Adoretti gratifie mes tympans avides d’une quinte de toux en bonne et due forme.

— Personnellement, je n’ai jamais entendu parler de ce client, finit-il par déclarer, mon bol de lait, à moi, c’est la Criminelle.

— Il n’est pas interdit de penser que vos pistes se croiseront bientôt, Georgio.

J’ai mis le paquet dans cette affirmation. Mon confrère pige et murmure :

— Vraiment ?

— En tout cas, s’il m’arrivait un turbin dans les heures qui viennent, je peux te donner ma parole d’homme que ce sera à cause de lui. Ceci est mon testament, Gars. Il est à la tête de trucs pas catholiques, et pas calvinistes ou orthodoxes non plus. Même l’affaire des serpents le concerne.

Georgio fait tilt :

— Qu’est-ce que tu racontes !

— Minute ! Je te demande de ne rien déclencher contre lui avant après-demain, c’est ma vie qui est en jeu.

— A ce point ?

— Tout ce qu’il y a d’à ce point, mon pote.

— Je peux faire quelque chose pour toi, Antoine ?

— Tu peux essayer de contacter tes homologues du Service des Etrangers, à Berne et à Lausanne, dans la minute qui suit et leur demander ce qu’ils savent à propos de Konopoulos. Simplement ce qu’ils savent.

— A quel numéro puis-je te rappeler ?

Je lui file celui qui est écrit sur le cadran du biniou. Il promet en toussant d’agir depuis son plumard.

* * *

M. Félix se livre à un travail d’une délicatesse probante. Pourquoi « probante », me demanderas-tu ? Eh bien, parce que ce mot m’est venu à l’esprit, et que voudrais-tu que j’en fasse, dès lors qu’il se trouve à disposition ?

M. Félix, donc, œuvre à l’aide d’un canif pourvu de petits ciseaux à ongles. Il découd le bas de la doublure du gigantesque veston, avec application. Comme souvent chez les gens usant d’un tel ustensile, sa mâchoire inférieure suit le mouvement de celle du ciseau ; ce qui est une façon comme une autre de mâcher sa besogne. Mais ça ne vaut vraiment pas la peine de rire de ça.

Je lui demande à quoi correspond ce délicat travail, et le cher professeur me répond ceci :

— Cher et intellectuel policier, de tous les mystères que vous nous avez exposés, c’est celui du complet surdimensionné qui m’intrigue le plus. Mes connaissances anthropologiques sont suffisantes pour m’assurer qu’aucun humain n’est susceptible de passer les hardes que voici. Or, elles ne furent pas confectionnées gratuitement. Je les soupçonne de receler quelque document. L’intérêt que votre tourmenteur leur témoigne en est pour ainsi dire la preuve… Dans l’hypothèse où elles constituent une cachette, je tente de découvrir la chose qu’elles sont chargées de véhiculer.

Et ses petits ciseaux, maniés par ses petits doigts de philosophe fiévreux, s’activent à découdre : mais la doublure ne dissimule rien de particulier.

Bérurier, pendant ce temps, s’adonne à des supputations d’un tout autre ordre. Il ne pense qu’à moi, l’Exquis poussah, qu’à la vilaine bombe sparadrée sur mon torse non moins bombé.

— Ecoute, ronchonne-t-il, j’sus certain qu’l’gars Mathias, qu’a du chou, saurait déshameçonner c’t’engin, Mec.

Je branle ce que tu sais et réponds :

— S’il s’y risque et commet la moindre erreur, nous volerons en éclats répugnants, lui et moi, Grosse Pomme. Je dois le considérer comme une sorte de suprême recours, pour le cas où les autres me feraient faux bond.

— Alors, ton plan ?

— Suivre leurs directives à la lettre. De toute évidence, nous sommes au seuil d’un énorme patacaisse, l’invasion des serpents l’indique ; il est bon de connaître les intentions de la clique à Konopoulos.

— Tu fais quoi ?

— Primo, je veux récupérer Marie-Marie dont le silence prolongé m’inquiète ; secundo, nous allons retourner à Paris. Je raconterai le topo au Vieux, lequel en référera à son ministre qui transmettra aux instances suprêmes. Si le Président et son état-major décident d’écouter le fameux message, j’irai le leur lire. Dans le cas contraire, je m’en remettrai aux artificiers de chez nous et que Dieu me garde !

Sa Majesté réfléchit.

Superbe spécimen de bipède. Il violit de semaine en semaine, l’Apôtre. Se veinule, se fistule, s’arrondit. Ses vêtements cèdent à la poussée profonde de la viande en surdéveloppement. Malheur aux coutures ! Sus aux boutons ! L’obésité le déshabille lentement et, tels certains arbres dont l’écorce ne suit pas la croissance, il éclate d’un peu partout et sa graisse triomphante s’affirme en grande apothéose. Maintenant, ses yeux ressemblent à deux rubis dans des écrins de velours rose. Son cheveu raréfié reste collé au front de taureau par la sueur inétanchable de ceux que l’embonpoint met à l’épreuve. Ses silences sont hachés de rots, ses méditations ponctuées de pets. Sa vie est une longue mangeoire à laquelle il s’alimente en permanence.

Mais derrière cette graisse, par-delà cette violinerie, il reste imperturbablement un bon gros pote plus con qu’un autre, sans doute, mais moins bête que n’importe qui. Un être de jugeote, un madré, un décisif aux ruades toujours rechargées.

Le regarder, l’écouter penser est aussi beau que de regarder se lever le soleil ou monter la marée. Bruit léger des sarments à bout de combustion, dans l’âtre. D’étranges lueurs traversent ses prunelles pour robots satanesques de films sciencefictionnistes.

— Moi, déclare-t-il, une fois en bout de piste, moi, j’vas rester z’ici, gars.

— Pourquoi fiche ?

— J’sais pas z’encore, mais mon instincte m’bonnit comme quoi c’est dans c’bled et pas t’ailleurs que s’trouve la sotuce, mon pote. Fais à ton idée, j’ferai t’à la mienne. Si t’aurais b’soin d’moi, prends le tubophone de c’te crèche et laisse-moi-z’y un message, le casier chéant.

Sur ces entrefesses, la patronne monte m’annoncer qu’on me mande audit qui vient d’être évoqué.

— V’ savez qu’v’s’êtes tout ce qu’y a de choucarde dans vot’ genre, la mère, lui rupine le Gros, toujours galantin à cette heure-là. Avec vos loloches façon Dunlopillo et vos p’tits fripons d’vers seulâbres qui vous taquinent l’intestin, j’vous f’rais volontiers visiter ma garçonnière. Ma camarade Zézette s’ferait une joie d’aller à leur rencontre, aux gentils téniasses.

Je le laisse madrigaler à loisir et dévale jusqu’au bignof. Comme je le prévoyais, c’est mon pote Adoretti qui, déjà, m’affranchit.

Un tout brave, ce gus. Du fond de sa grippe à 39°5, il débroussaille mes problos.

Il attaque bille en tête :

— Tu as rudement bien fait de m’appeler, à propos du Grec, tu allais mettre la main dans un fameux nid de frelons.

— C’est-à-dire ?

— C’est-à-dire rien du tout, mon vieux. Laisse tomber ! Ce diplomate est intouchable. Si tu lui cherches des noises, c’est toi qui auras des ennuis.

— J’en ai déjà.

— Ce qui te prouve qu’il est temps de stopper et de faire marche arrière.

— Il est trop tard.

— Jamais. D’après les réactions que j’ai recueillies en haut lieu, il vaut mieux que tu rentres dare-dare à Paris retrouver les jolies mademoiselles des Champs-Elysées. Oublie ton Grec et ce sera tiptop.

— Qui te dit que lui, veuille m’oublier, Georgio ?

Un silence. Il le rompt pour tousser un bon coup.

— Seigneur, qu’est-ce que tu es venu manigancer !

— Les manigances, c’est lui, ne confonds pas.

— Peu importe, Konopoulos bénéficie d’un statut spécial qui dépasse de loin les conventions diplomatiques.

Cette fois je m’emporte.

— Ecoute, Georges, je veux bien que ton thermomètre devienne incandescent quand tu te le carres dans l’oigne, mais tu peux néanmoins garder la tête froide, non ?

— Pourquoi ?

— Parce que je voudrais que tu me répondes à la question suivante : si je suis en mesure de prouver que le Grec trempe dans l’affaire des serpents, qu’il est un assassin, qu’il fait partie d’une gigantesque organisation terroriste, etc., etc., crois-tu que tes collègues continueront à le considérer comme Henri Dunant, glorieux fondateur de la Croix-Rouge (1828–1910) ?

Le silence qui succède n’est pas remboursé par la Sécurité Sociale. C’est du silence très costaud, qu’on entend, en quelque short.

Georges Adoretti doit commencer à regretter notre rencontre aux U.S.A. de même que le « chmolitz » qui en consécuta[10]

Il soupire à m’en fêler le tympan.

— Ecoute, San-t’Antonio (car comme beaucoup, voire même comme la plupart, il se croit obligé de foutre un « t » de liaison à mon pauvre San qui ne fait qu’un tour). Ecoute-moi bien : je connais mes collègues. Eux autres, c’est presque comme à votre Paris-Match : le poids des mots, le choc des silences. Je leur ai transmis tes insinuations et ils m’ont répondu que tu les emmerdais, c’est clair, non ? Ils m’ont chargé de te dire que si tu continuais à t’intéresser à ce Grec, tu risquais les pires ennuis et qu’ils ne permettraient pas que tu ramènes ta grande gueule dans leurs propres affaires. J’ai tenté de te traduire ça en termes plus mesurés, mais puisqu’il faut te mettre les poings sur les ouïes, je te répète in extenso leurs paroles. Criminel ou pas, Konopoulos est tabou. Ça durera ce que ça durera ; ça cache ce que ça doit cacher, mais de toute manière, tu es prié de dégager le terrain, point à la ligne ; qu’y a-t-il à rajouter ?

— Rien, admets-je. Je te souhaite beaucoup de pénicilline, Georgio. Du fond de ton terrier, lis les journaux, et si tu apprends que ce sale con de San Tantonio a été déguisé en rillettes de la Sarthe, présente ses compliments posthumes à tes chers collègues.

Là-dessus je raccroche vilainement : ploum paf !

* * *

— Béru n’est pas là ? demandé-je à Félix.

Le Prof me désigne la chambre voisine d’où parvient un bruit lancinant de scie à métaux en action.

— Il répète une union franco-helvétique avec la tenancière, m’explique ce délicat lettré. Cela a débuté par quelques madrigaux de bistrot, s’est poursuivi par des papouilles de soudard, en fin de quoi, pour la convaincre de la sincérité de ses sentiments, il lui a produit un sexe de belle venue, que j’aurais pu cependant ridiculiser en imposant la comparaison avec le mien, la nature s’étant montrée d’une générosité extravagante envers moi ; mais je sais être fair play avec les amis. Or, ce Bérurier, vaille que vaille, en devient un pour moi. Son ingénuité, ses élans, le regard qu’il pose sur vous, finissent par entraîner l’adhésion sans réserve. On peut tout lui demander parce qu’on le sent capable de tout donner : de sa chaussette la plus trouée à ses économies, en passant par sa femme.

Il se tait, hoche la tête.

— J’étais sur les rives de la neurasthénie, mon cher, mais depuis que je l’ai retrouvé, l’existence reprend des couleurs, je cesse de la voir en noir et blanc. Pour en revenir à ce costume géant qui m’intrigue si fort…

— Eh bien ?

— Il m’est venu une idée. Elle ne vaut peut-être pas tripette, pourtant je vous la soumets. Il n’est qu’une façon de connaître la destination de ces vêtements : c’est de les remettre à celui qui les attendait. Auparavant, il conviendrait de coudre dans une épaulette de la veste l’un de ces minuscules « bip bip » qui ont assuré la fortune des James Bond.

— Génial ! conviens-je. Vous n’avez pas que le pénis qui soit surdimensionné, Félix, votre cerveau l’est également !

Félix sourit modestement.

De l’autre côté de la cloison, Béru se livre à sa furia des grandes circonstances. Il porte au rouge les ressorts du sommier ainsi que le trésor de sa conquête, tout en comblant cette dernière de mots ensorceleurs.

— Tiens, grosse vache ! Prends, radasse ! Et ça, bourrique, c’est de la tarte à quoi ? Tu pourrais dire quèque chose, quand on t’escrime, hé, gros tas ! Cause, bordel ! T’es là, av’c trent’ centimètres d’bonhomme dans l’prose comme si t’épluch’rais des patates en écoutant la radio ! Fous-y du tiens, merde ! C’est l’marchand d’bonheur qui passe, ma grande ! T’en as déjà mis sous seins privés, des mandrins pareils, ma grosse ? Charogne, j’t’vas le faire choper ton panard ! Mais qu’est-ce i m’a foutu une crevure pareille ! J’enfil’rais un édredon, ce serait du kif au même ! Tu marches à quoi, la mère ? Au super ou au gazouale ? T’faut quoi t’est-ce dans l’archipel des mollusques pou’ qu’tu réagirais ? Un maguegnome de Dom Pérignon ? Une borne-fontaine ? Merde, bouge pas, j’vas réclamer du renforcement. Alors là, si t’aurais pas ton apothérose, ma belle, c’est qu’t’es plus frigidaire qu’une bourriche d’huîtres.

Et le voici qui se met à égosiller :

— Félisque ! T’as une minute, plize, j’ai b’soin de ta pomme pour grimper un piano au septième ciel !

Загрузка...