Bérurier dort encore. Je devine à quoi il rêve car dans son sommeil il n'arrête pas de bredouiller :
« Merci, merci bien… »
Nous le laissons à sa félicité pour passer dans ma chambre.
Il est six heures et demie. Et nous sommes heureux. Personne n'a téléphoné au Supercontinental. Les sucettes ont explosé. Celles de Brégançon, heureusement avaient toutes été jetées à la mer par les soins diligents de la Gendarmerie Nationale, alertée par le Vieux, lequel l'avait été par l'Immense San-Antonio.
Corps d'élite, la gendarmerie.
San-Antonio aussi.
Bravo.
— Oh, mon moustique chéri, fais-je en l'enlaçant, que de peur, que d'angoisse, que de…
Je l'embrasse fort, fort, dans son cou, là que ses cheveux ont encore une odeur d'enfance.
La radio de la piaule informationne, dit tout bien, pour les sucettes. Annonce en outre qu'un hélicoptère de nationalité inconnue a explosé au-dessus de la mer.
Alors la gosse, pour la seconde fois, se dégage.
— Mince, quel con ! s'écrie-t-elle.
— Tu dis, ma poule ?
— Dune aurait dû surseoir à sa fameuse explosion des sucettes.
— A cause ?
— Figure-toi que j'en avais piqué une chez le pharmago avant qu'on se taille. Et cette sucette, je l'ai glissée tout à l'heure dans son beau coffret à cigares !
Je la regarde comme une fourmi regarde la Tour Eiffel à travers une loupe.
Et je me dis que Dune avait raison : cette gosse est en train de devenir très, mais alors très très jolie.
Et moi aussi je m'y connais.
Allez, tchao !