Le Pervak se vantait d’être le plus ukrainien des restaurants de Kiev. Avec ses grandes statues de bois peint, ses balancelles pendant du plafond et ses objets baroques disséminés un peu partout, il ressemblait à un décor de théâtre. Donald Redstone et Malko, amenés par le chauffeur du chef de station de la CIA, avaient pris place sur la terrasse couverte, un peu à l’écart. Après avoir trempé ses lèvres dans sa vodka, Malko réitéra la question qu’il avait posée dans le bureau de l’Américain.
— Vous savez donc qui a empoisonné Viktor Iouchtchenko ?
— Absolument, confirma Donald Redstone. Comme je vous l’ai dit, dès que la thèse de l’empoisonnement a été confirmée, Vladimir Satsyuk, chez qui a eu lieu le dîner, s’est répandu partout pour jurer qu’il n’y était pour rien et que son personnel travaillait pour lui depuis des années. Et que, de toute façon, s’il avait voulu empoisonner le candidat de la «révolution orange», il n’aurait pas été assez bête pour que cela se fasse chez lui.
— Ce qui semble logique, approuva Malko, en regardant avec méfiance la salade rachitique, composée de plantes disparues depuis longtemps du monde civilisé, qu’on venait de déposer devant lui ; l’Ukraine n’était pas encore tout à fait sortie des brumes du socialisme scientifique…
Donald Redstone but une gorgée de son Defender et rétorqua :
— Logique, mais inexact… La première chose que nous avons faite, c’est de reconstituer l’emploi du temps de Viktor Iouchtchenko le jour de l’empoisonnement, concernant en tout cas ses repas. Pour cela, j’ai demandé l’aide d’Evgueni Tchervanienko, le responsable de la sécurité. Il m’a appris que Iouchtchenko ne prend jamais ni petit déjeuner, ni déjeuner. Le 5 septembre, Tchervanienko ne l’a pas quitté d’une semelle depuis le matin. En fin de journée, il a rencontré des militants et partagé avec eux quelques zakouskis qu’il choisissait lui-même dans un plat commun. Or, lorsqu’il a quitté Tchervanienko pour aller dîner dans la datcha de Satsyuk, il était en pleine forme. Quand il est rentré de ce dîner tardif, vers deux heures du matin, sa femme a remarqué qu’il avait une drôle d’haleine, comme s’il avait avalé un produit pharmaceutique.
— Ce sont effectivement des indices troublants, reconnut Malko, lorgnant avec inquiétude le minuscule poisson bouilli qu’on venait de déposer devant lui dans une cocotte en cuivre.
— Ce n’est pas tout, enchaîna l’Américain. Evgueni Tchervanienko a fait une enquête, lui aussi, et découvert un fait omis par Satsyuk. Celui-ci avait l’habitude de faire appel comme extra à un serveur d’un fast-food de la chaîne Mister Snack, situé juste en face du siège social du SBU, dans Volodymyr-Skaia. Un certain Roman Marchouk. Or, le soir de l’empoisonnement, Roman Marchouk travaillait dans la datcha de Satsyuk, comme serveur.
— Vous l’avez retrouvé ?
Donald Redstone acheva son Defender « 5 ans d’âge » d’un trait et en commanda un autre d’un signe discret, avant de continuer :
— Dès que j’ai eu l’information, j’ai mis Irina Murray sur le coup. Grâce à Tchervanienko, nous avions le signalement de ce Roman Marchouk. Elle a commencé à venir régulièrement au Mister Snack, comme une employée travaillant dans le quartier, sans jamais aborder Marchouk, se contentant de l’observer et de le suivre discrètement lorsqu’il quittait son travail. Jusqu’à un petit studio de Kosmoleske, un coin assez sinistre au bord du fleuve. Il ne semblait pas avoir de vie privée, mais Irina a dû se montrer imprudente car, d’après elle, il a remarqué qu’il était sous surveillance.
— Pourquoi ne pas l’avoir signalé à la Milicija ? s’étonna Malko. Ne serait-ce que pour le faire interroger.
Donald Redstone fit la moue.
— Délicat. Et je vous rappelle qu’il n’y a toujours aucune enquête ouverte sur l’empoisonnement… Et puis, un jour, Irina a remarqué une fille blonde, plutôt sexy, type pute, en conversation avec Marchouk. Elle était venue déguster un hamburger, mais Irina a eu l’impression que c’était un prétexte pour lui parler. Elle a suivi cette blonde, découvert qu’elle habitait avec une petite fille un appartement au seizième étage d’un des clapiers d’Osogorki, une des banlieues est de la ville. Elle travaillait dans une agence de voyages du centre et semblait faire un peu la pute, à l’occasion. Pas du tout le genre de Roman Marchouk, plutôt fruste et pas assez argenté pour s’offrir une fille comme elle… En la suivant, Irina a aussi découvert qu’elle traînait souvent dans un café du centre, La Maison du Café, un endroit en vogue, où on rencontre beaucoup de filles faciles, de gens de la politique ou du business.
— Vous l’avez approchée ?
— Non. Par contre, j’ai demandé à Irina de chercher le contact avec Roman Marchouk. C’a été un fiasco. Il n’a absolument pas répondu à ses avances et a semblé de plus en plus nerveux. Deux jours plus tard, Irina l’a suivi à la sortie de son travail et il l’a menée jusqu’à l’appartement de cette blonde dont nous ne savions même pas le nom. Il n’en est pas ressorti. Malko reposa sa fourchette, étonné.
— Il y est toujours ?
— Pas vraiment. Irina m’a prévenu et j’ai organisé une planque around the dock autour de cet appartement. Le lendemain, la fille blonde est allée travailler, mais Roman Marchouk ne s’est pas montré. Il ne s’est pas rendu à son travail. Cela signifiait qu’alerté, il se planquait.
— Vous n’avez pas essayé de le contacter ?
L’Américain eut un geste d’impuissance et but une gorgée du Defender tout neuf qu’on venait de lui apporter.
— Comment ? Nous ne savions même pas dans quel appartement il était. En plus, il n’aurait sûrement pas ouvert à des étrangers. La planque a duré trois jours. La fille allait tous les jours à son travail, mais Roman Marchouk ne se montrait pas. Comme il n’y a qu’une entrée dans l’immeuble, nous étions certains qu’il y était toujours. Il en est sorti trois jours après s’y être réfugié.
— Et vous ne l’avez pas coincé ?
Donald Redstone lui adressa un regard teinté d’ironie.
— Il aurait fallu être un oiseau… Le troisième jour, c’est Irina qui planquait de l’autre côté de Mykoly-Bazhana Prospekt, près d’une station-service. La blonde est rentrée de son travail vers quatre heures. Vers six heures, Irina a remarqué trois hommes qui pénétraient dans l’immeuble. Jeunes, costauds, ressemblant à des sportifs, bonnets de laine noirs et blousons de cuir matelassés. Quelques minutes plus tard, quelqu’un est passé par la fenêtre du seizième étage et s’est écrasé devant l’immeuble. Bien entendu, Irina est allée voir. Pendant qu’elle traversait, un second corps a été projeté dans le vide et s’est écrasé non loin du premier. Irina a pu voir qu’il s’agissait d’une femme. Quelques instants plus tard, les trois hommes qu’elle avait vus entrer dans l’immeuble sont ressortis et sont partis dans une vieille Lada Deviatka rouge.
— Irina ne les a pas suivis ?
— Non, elle avait laissé sa voiture de l’autre côté de l’avenue. Et cela vaut peut-être mieux. Elle a seulement relevé le numéro du véhicule : 116 01 KA. Quand j’ai vérifié, j’ai découvert qu’il s’agissait d’une fausse plaque. Et, en s’approchant, elle a reconnu Roman Marchouk et la blonde qui l’hébergeait.
Un ange passa. Malko imaginait la scène. Irina Murray avait dû être terrifiée. Pendant un moment, on n’entendit que le bruit des glaçons dans le verre de Donald Redstone. Celui-ci enchaîna :
— Bien entendu, elle est partie avant l’arrivée de la Milicija. Le lendemain, les journaux ont annoncé qu’un certain Roman Marchouk, serveur dans un Mister Snack, avait défenestré sa compagne dans une crise de jalousie et s’était suicidé ensuite de la même façon. Du coup, on a appris le nom de cette fille, Evguena Bogdanov, mère d’une petite fille de cinq ans, Marina.
— Personne n’a évoqué un double meurtre ?
— Personne.
— Donc, il n’y a pas eu d’enquête ?
— Non. L’affaire a été classée, le meurtrier d’Evguena Bogdanov s’étant fait justice.
— Bel exemple de liquidation, souligna Malko. Ce serait donc ce Roman Marchouk qui aurait versé le poison. Et ses sponsors se sont assurés qu’il ne parlerait pas, liquidant ensuite les témoins de leur meurtre.
On retrouvait les bonnes vieilles méthodes tchékistes. Rapides et brutales. Roman Marchouk n’était qu’un pion qu’on avait éliminé impitoyablement.
— Vous n’avez rien appris de plus sur cette Evguena Bogdanov ? demanda Malko.
L’Américain acheva son second Defender et précisa :
— Ce n’est sûrement pas de sa propre initiative qu’elle a contacté Marchouk. Seulement, nous n’avons pas la moindre idée de l’identité de la personne qui l’a contactée, elle.
— Je ne vois pas très bien comment remonter cette piste, remarqua Malko. À moins de faire tourner les tables…
— Au cours de notre surveillance, Irina a repéré une copine d’Evguena Bogdanov qu’elle retrouvait souvent à la Maison du Café. Une fille un peu déjantée apparemment, qui a toujours un fume-cigarette, des lunettes noires et des ongles interminables peints de toutes les couleurs. Elle semble être là tous les matins, attendant de se faire draguer.
— Vous savez son nom ?
— Non, avoua Donald Redstone, mais Irina vous la montrera. Les deux filles semblaient intimes. Peut-être sait-elle quelque chose. Nos adversaires doivent se sentir tranquilles désormais. Si Satsyuk est mêlé à l’empoisonnement, il n’avouera jamais. Et si cela chauffe trop, il ira se réfugier à Moscou. Et tant que Viktor Iouchtchenko n’a pas pris le pouvoir, le procureur général d’Ukraine ne lèvera pas le petit doigt.
— Et côté dioxine, il n’y a aucune piste ?
— Aucune, avoua le chef de station. Plusieurs laboratoires dans le monde l’utilisent, dont un en Russie.
Tout cela n’était pas encourageant. Malko reprit un peu de vodka. Perplexe. Il avait rarement eu aussi peu d’éléments pour commencer une enquête.
— Comment vais-je entrer en contact avec cette amie d’Evguena Bogdanov ? demanda-t-il.
— Irina va vous aider. Elle la connaît physiquement. J’ai prévu qu’elle vous briefe ce soir. Demain, dans la tranche horaire où cette femme est à la Maison du Café, Irina vous la désignera. Ensuite, ce sera à vous de jouer. Ça ne devrait pas être très difficile de la draguer : elle est là pour cela…
— Attendez, protesta Malko, vous ignorez si elle sait quelque chose sur l’affaire qui nous intéresse.
— Exact, reconnut Donald Redstone. Si ce n’est pas le cas, vous en serez quitte pour une opération de séduction sans lendemain.
— Même si elle sait quelque chose, remarqua Malko, cela m’étonnerait qu’elle m’ouvre son cœur d’emblée.
L’Américain ricana discrètement.
— Right. Elle risque de vous ouvrir autre chose. C’est vrai, c’est un long shot, mais je n’ai rien d’autre à creuser.
Il regarda sa montre et soupira.
— Il faut que je retourne au bureau.
Lorsqu’ils sortirent du Pervak, la luminosité avait déjà beaucoup baissé, il faisait si sombre que Malko dut vérifier sur sa Breitling qu’il n’était que trois heures de l’après-midi ! Quelques vieux immeubles baroques fraîchement repeints tranchaient joyeusement sur le sinistre béton gris de l’époque soviétique. Malko remarqua au coin de la rue deux malabars, le bonnet de laine noir enfoncé jusqu’aux yeux, engoncés dans des blousons de cuir rembourrés. Ce qui le fit penser aux trois assassins de Roman Marchouk tels qu’Irina les avait vaguement décrits. Seulement, des bonnets de laine et des blousons semblables, il y en avait des milliers à Kiev. Ces deux-là devaient être d’inoffensifs voituriers.
— Je vous dépose à l’hôtel ? proposa Donald Redstone. Nous n’en sommes pas très loin.
— Je crois que je vais marcher un peu, rétorqua Malko. J’ai envie de reprendre contact avec cette ville.
— O.K., mais venez une seconde dans la voiture.
Tandis qu’ils se dirigeaient vers elle, Malko remarqua :
— Irina Murray n’a pas le profil habituel de vos field officers.
Donald Redstone sourit.
— C’est vrai, mais elle n’en a pas le grade non plus. Je l’utilise à des tâches où elle m’est très utile, grâce à sa connaissance de l’ukrainien. D’ailleurs, elle a une vie très compliquée : son copain est un peintre ukrainien qui vit à moitié à New York et la fait tourner en bourrique. Il reste parfois des jours enfermé chez lui, sans répondre au téléphone, en peignant comme un fou. Et en refusant de la voir pour ne pas perdre son inspiration.
Ils s’installèrent à l’arrière de la voiture et Donald Redstone ouvrit sa serviette d’où il sortit un gros pistolet automatique noir, qu’il tendit à Malko. Deux chargeurs de rechange étaient scotchés à la crosse.
— C’est tout ce que je peux vous donner comme «baby-sitter», dit l’Américain. J’espère que vous n’en aurez pas besoin, mais ce qui est arrivé à Roman Marchouk et à Evguena Bogdanov incite à la prudence. À la seconde où les « tchékistes » qui ont manigancé cette opération réaliseront que vous tentez de remonter une piste, vous serez en danger de mort. Et on ne peut pas compter sur les Ukrainiens.
— Le SBU ?
— Pas forcément, mais cette ville fourmille d’anciens tueurs de la mafia au chômage, d’ex-berkut démobilisés, sans parler des clandestins du FSB. Or, c’est une priorité absolue pour le pouvoir russe que personne ne parvienne à relier le Kremlin à l’opération contre Iouchtchenko, avec des preuves concrètes.
Malko glissa le pistolet dans sa ceinture, à hauteur de la colonne vertébrale, après avoir mis les deux chargeurs dans la poche de son manteau de vigogne. La voiture du chef de station s’éloigna et il partit à pied ; heureusement, il ne faisait pas trop froid. La seule perspective agréable de cette enquête était de retrouver la pulpeuse Irina Murray, en souhaitant qu’elle ne soit pas trop amoureuse de son peintre.
— Ils ne m’ont pas laissée monter, les employés de la réception m’ont prise pour une pute.
Ce quiproquo semblait beaucoup amuser Irina Murray, que Malko avait trouvée sagement installée dans un des fauteuils du minuscule lobby.
Elle ne s’était pas changée depuis le matin et, entre son pull somptueusement rempli, la mini orange et les cuissardes à talons aiguilles, les employés du Premier Palace avaient des excuses.
— C’est vrai que vous êtes extrêmement sexy, confirma Malko, le regard sur les cuisses gainées de noir, largement découvertes. Irina Murray lui adressa un regard plein d’innocence.
— Mais toutes les jeunes femmes de Kiev s’habillent ainsi ! Il faut bien attirer le regard des hommes. La vie est dure pour elles : si on veut habiter dans le centre, s’acheter de jolis vêtements, du maquillage étranger, il faut trouver un homme…
— Vous n’êtes pas dans ce cas, remarqua Malko.
— Non, mais j’aime qu’on me regarde, avoua-t-elle. C’est rassurant.
— Alors, où allons-nous dîner ?
— Je ne peux pas dîner avec vous, avoua Irina Murray avec un sourire désolé. M. Redstone m’a prévenue trop tard. Je dois aller retrouver un ami.
— Le peintre ? ne put s’empêcher de dire Malko.
Elle lui jeta un regard en coin.
— Ah, il vous en a parlé ! Oui. Ce soir, il veut bien me voir. Il s’est arrêté de peindre. Je suis juste venue vous parler de l’amie d’Evguena Bogdanov.
— Bon, admit Malko, déçu, allons prendre un verre au bar.
Irina Murray fit la grimace.
— C’est sinistre ! Vous ne voulez pas plutôt que nous allions dans votre chambre ?
Son regard était transparent, sans le moindre sous-entendu. Malko la précéda jusqu’à l’ascenseur.
À peine dans la chambre, Irina se débarrassa de sa longue redingote de cuir noir et Malko en eut le souffle coupé. Elle avait vraiment un corps magnifique. Ses seins pointaient sous le cachemire de laine grise et l’ensemble cuissardes mini aurait troublé un aveugle. Dans le petit espace de la chambre, les ondes sexuelles émises par la jeune femme en devenaient presque gênantes.
— Vous me regardez bizarrement ! fit soudain Irina Murray.
Malko sourit.
— Je vous trouve extrêmement séduisante, pour ne pas dire plus.
— Je voudrais bien que mon copain soit comme vous, soupira la jeune femme. J’ai l’impression qu’il ne me voit plus… Enfin, j’espère que ce soir, cela sera différent.
— C’est pour le séduire que vous vous êtes habillée de cette façon ? ironisa Malko.
Irina Murray eut l’air choqué.
— Non. Bon, travaillons.
— Vous voulez boire quelque chose ? Du Champagne ?
— Pas du Champagne de Crimée, c’est infect.
Il ouvrit le minibar et sortit une demi-bouteille de Taittinger.
— Et ça ?
— Superbe.
Pendant qu’il débouchait la bouteille, elle s’assit sur le lit et sa jupe remonta si haut que Malko aperçut l’ombre de son entrejambe. Irina sortit un petit carnet et annonça :
— Voilà, cette fille porte toujours des lunettes noires, elle a les cheveux tressés en nattes, fume tout le temps et, surtout, elle a des ongles démesurément longs, de deux couleurs, artificiels bien sûr. Je vous propose la chose suivante : j’entrerai la première à la Maison du Café et je m’installerai à côté d’elle. Vous entrerez ensuite et vous la repérerez ainsi facilement. Ensuite, je m’en vais et ce sera à vous de jouer. Ce ne sera sûrement pas très difficile. Elle vient là pour chercher des hommes. Or, vous êtes habillé comme un étranger. Ça l’intéressera sûrement. C’est une sorte de pute, vous savez.
Son portable sonna et elle répondit par monosyllabes, se levant aussitôt, avec un sourire d’excuse.
— Il faut que j’y aille…
Il sembla à Malko que ses seins pointaient encore plus sous son pull. Incapable de refréner une pulsion brutale, il s’approcha de la jeune femme, posant ses deux mains sur ses hanches.
— Merci d’être passée… Et, à demain. Elle sourit.
— Je fais mon travail.
Comme si elles étaient douées d’une vie indépendante, les mains de Malko remontèrent, emprisonnant doucement les seins libres de tout soutien-gorge.
— Vous avez une poitrine magnifique, remarqua-t-il d’une voix un peu altérée.
Le regard d’Irina ne cilla pas. Elle esquissa seulement un sourire en reculant un peu.
— Je dois partir maintenant.
Il l’aida à remettre son manteau de cuir et elle s’éclipsa, le laissant dans un état second. Il n’avait même plus envie d’aller dîner. Il s’allongea sur le lit, réfléchissant à la façon dont il allait essayer de confesser l’amie d’Evguena, morte d’avoir été mêlée à une histoire qui la dépassait. Il regarda le gros Makarov posé sur la table de nuit et se dit qu’il ne serait pas inutile si la piste évoquée par Donald Redstone était bonne.