Chapitre 4
Angélique regagna la plage où le jeune Breton Yann gardait sa jument. Les cavaliers étaient déjà en selle. Honorine à demi rhabillée pataugeait toujours. Elle regardait dans le creux de sa main quelque chose qui requérait toute son attention. C'était une peau d'hermine blanche, si bien traitée qu'on aurait dit une petite bête vivante et souple.
– C'est Mopountook qui me l'a donnée.
Elle sortit de l'eau en ajoutant :
– Nous avons fait du troc. Il m'a donné ce petit animal et moi je lui ai donné mon diamant.
– Le diamant que ton père t'avait offert à Gouldsboro ?
– Oui ! C'est de cela que Mopountook avait envie. Il le mettra sur le haut de ses cheveux quand il dansera. Il sera très beau, tu verras !
Dans l'état où se trouvait Angélique, l'annonce de sa fille la mit à deux doigts de la crise de nerfs.
« Je ne sais vraiment de quelle façon prendre cette affaire, se dit-elle en se contenant avec peine. Joffrey a bien dit que ce diamant avait moins de valeur qu'un épi de maïs, mais tout de même !... Et il le lui avait donné ce soir où il lui avait déclaré : « Je suis ton père. » Elle est parfois exaspérante ! »
Elle hissa sans ménagement sa fille en selle, s'installa à son tour et rassembla les rênes pour détourner Wallis de l'eau et la ramener vers le sentier aride. Elle chevaucha un long moment sans avoir conscience du chemin parcouru. On montait par un sentier encore argileux où les racines formaient gradins. Un mulet s'y serait trouvé à l'aise, mais l'aristocratique Wallis manifestait de l'appréhension. À un détour du chemin, des chutes d'eau apparurent et leur fracas emplit les oreilles. L'eau dévalait de trois seuils abrupts de roches noires, pour exploser dans le lit de la rivière profondément encaissé. Les arbres enserraient étroitement le précipice, le recouvraient presque. Le ciel était invisible, l'ombre caverneuse, et cependant la lumière, se glissant partout, impitoyable, blessait les yeux, burinait le sous-bois comme un cuivre. Angélique ne distinguait plus les Indiens qui la précédaient. Le bruit de la chute d'eau l'isolait des quelques échos qui, jusque-là, lui avaient révélé la présence de la caravane, même lorsque la forêt était trop touffue pour qu'ils s'aperçussent les uns les autres. Elle était comme la voyageuse de quelque mauvais rêve, aux confins de domaines redoutables, où elle ne percevait même pas le bruit du pas de son cheval.
Le fracas devenait assourdissant.
Devant elle un caillou énorme, un bloc rond se détacha et vint s'échouer en travers de la route. Là, ce bloc dur, inerte, parut, sous les incantations de la glauque lumière, s'animer. Il se gonfla, se boursoufla, bulle énorme et grise, creva de toutes parts comme un fruit hideux, éclata, et ainsi, dressé, mouvant et minéral, il dardait vers elle une tête reptilienne et cruelle, au balancement morbide.
Horrifié, le cheval d'Angélique se cabra de toute sa hauteur. Elle cria, mais son cri se perdit. Honorine devait crier aussi. On n'entendait rien. Le cheval, dressé battant l'air de ses sabots, reculait. Il allait tomber, entraînant la cavalière et l'enfant sous son poids, et ils rouleraient tous trois empêtrés dans les arçons, les rênes, la selle, puis ce serait la chute vertigineuse dans le gouffre.
D'un élan surhumain, Angélique se jeta contre l'encolure du cheval, se hissa jusque sur sa tête, pour l'obliger, par sa pesée, à retomber au moins sur ses quatre fers. Elles n'en étaient pas sauvées pour autant, Wallis continuait toujours à reculer sur la pente fatale.
Angélique le savait bien. Ce n'était qu'une énorme tortue terrestre. Mais comment l'expliquer à la jument hagarde ? L'épouvantable bruit montait autour d'elle et semblait étouffer tous les autres sons. Elle n'entendait même plus craquer les branches, mais elle les voyait se briser, éclater en gerbes. Elle voyait la blancheur des eaux furieuses caracoler de plus en plus proche et envahissante, un ballet d'écume vomie par quelque monstre mythique, mais ne réalisait pas que, du déferlement de cette matière délirante, venait le vacarme qui les étourdissait. Soudain, une large tache sanglante lui sauta aux yeux. Une fraction de seconde. Il lui sembla entendre la chute, l'envol pêle-mêle dans les profondeurs du ravin. Elle crut même qu'elle y tombait, happée par le grondement torrentiel.
Une baguette la frappa en plein front et l'arracha à cette mortelle sensation. La terre rocheuse s'éboulait sous les sabots de Wallis, à quelques pouces du précipice, mais elle pouvait encore ne pas céder à la mort. La pensée d'Honorine, dont les petites mains se cramponnaient à elle, la galvanisait. Il lui parut que toute sa conscience et sa lucidité se réfugiaient dans ses mains. Elle sut ce qu'il fallait faire. Ses mains crispées s'ouvrirent sur les rênes, les laissant flotter complètement et rendant la liberté au cheval. Celui-ci, libéré, secoua la tête, étonné de ce soulagement. Alors elle l'éperonna jusqu'au sang. Il bondit en avant, rattrapant un peu d'espace sauveur. Avec fermeté, elle réussit à le guider jusqu'au sentier. Il restait la, les jarrets tremblants. La chute immédiate était conjurée, mais la tortue géante continuait à barrer la route.
– Une tortue ! Ce n'est qu'une tortue ! cria Angélique, comme si sa monture devait la comprendre.
Elle n'entendit pas le son de sa propre voix. La douleur de ses poignets et de ses jambes lui devint perceptible. Personne ne viendrait donc l'aider à maintenir cette bête ou, tout au moins, à chasse l'épouvantail qui barrait le chemin.
Les Indiens les entouraient immobiles. Ils la regardaient lutter, se débattre, frôler la mort avec une impassibilité qui, même venant de la part d'êtres aussi mystérieux, avait quelque chose d'insolite. Subitement, elle crut percevoir dans leur attitude de la stupeur et de l'effroi. Cependant leur odeur puissante de graisse tiède et de charogne lui montait aux narines. On aurait dit que c'était l'odeur de la tortue ou de la forêt, ou du gouffre. Honorine était toujours là !...
Angélique réussit à se tourner vers sa fille, lui cria de descendre. L'enfant finit par comprendre.
Sa mère la vit, avec soulagement, rouler dans les feuilles mortes puis, se relevant, courir vers l'Indien le plus proche.
Alors, à son tour, elle sauta de cheval. Ce ne fut pas sans peine. Wallis cherchait à lui échapper, à s'élancer à travers le taillis. Elle se cabra encore et Angélique évita de justesse un coup de sabot ferré. Avec promptitude, elle se plaça à la tête du cheval, d'une main le tenant fermement et de l'autre le cravachant avec violence sur les naseaux, elle réussit peu à peu à faire entrer l'animal sous le couvert des arbres. Elle voulait surtout l'éloigner de l'objet de son effroi.
Enfin Wallis parut se calmer. Tremblante, couverte d'écume, elle se laissa attacher solidement à un arbre, cessa de s'agiter et de se révolter, et sa fine tête s'abaissa soudainement vers le sol dans un geste d'abandon et de renoncement. Angélique faillit en faire autant. Revenant sur le sentier, elle s'approcha de la tortue. Les Indiens ne faisaient pas un geste. Ils semblaient figés là pour l'éternité. La carapace de la tortue était large comme un guéridon. Les pattes, aux écailles reptiliennes, avaient la grosseur d'une main d'adulte. La colère d'Angélique fut plus forte que la répugnance que lui inspirait ce monstre antédiluvien qui, à son approche, commençait à se rétracter hideusement. S'arcboutant contre la carapace, elle l'envoya d'une poussée hors du passage. Entraînée par la pente, l'énorme chose bascula, roula, rebondit. Ce fut elle, finalement, qui fit un saut dans la rivière, au milieu d'éclaboussures d'eau.
Angélique s'assit, s'essuya vaguement les mains avec des feuilles mortes, puis retourna chercher le cheval. Elle le tint par la bride jusqu'en haut de la côte. Elle déboucha dans une plaine couverte de myrtilles rouges et de petits sapins bleus. Comme par magie, le grondement des eaux se tut, englouti par la profondeur de la faille. On recommença à entendre les cigales, les oiseaux, le vent. Maintenant les voyageurs se trouvaient dans une vallée haute, déserte au pied des monts, domaine des mille lacs. Les Indiens parurent à leur tour ; redevenus bavards, ils se mirent à discuter entre eux avec des caquetages d'oiseaux. Angélique entendit les gémissements d'Honorine qui sanglotait de plus belle. La jeune femme remonta à cheval. Elle aurait tout donné pour s'étendre dans les myrtilles et dormir lourdement, ne serait-ce qu'un court moment. Mais Wallis aurait été capable d'en profiter pour s'enfuir définitivement.
– Viens, dit-elle à Honorine.
Elle l'assit devant elle, sur la selle, la moucha, essuya son visage tuméfié, l'embrassa en la serrant contre elle. Elle se sentait hébétée. Elle vit tout à coup, à quelques pas, le comte de Peyrac à cheval, ses fils et la plupart des hommes qui étaient revenus en arrière.
– Que se passe-t-il donc ?
– Ce n'est rien, dit Angélique qui était pâle comme la mort. Avec ses vêtements dégoutants, sa fille larmoyante entre les bras, sa monture aux commissures ensanglantées, elle avait conscience d'offrir le plus affligeant des spectacles à un homme qui n'a pas coutume d'être chargé de famille dans ses expéditions.
– On me parle d'une rencontre avec les Iroquois ! insistait Joffrey de Peyrac.
Angélique secoua la tête négativement. Heureusement, le vent dissipait l'odeur nauséabonde des sauvages. Ceux-ci, devenus prolixes, donnaient d'amples explications. Florimond et Cantor s'en mêlaient, utilisant toutes leurs connaissances de dialecte indien.
– Mopountook est formel. Il dit qu'il y a des Iroquois par ici.
On entendit le bruit de plusieurs mousquets qui s'armaient au seul nom évoqué. Les soldats espagnols se disposèrent autour d'eux.
Angélique ne pouvait s'expliquer. Elle réussit enfin à articuler.
– Ce n'était qu'une tortue... Une tortue en travers du chemin.
Elle raconta brièvement l'incident. Le comte de Peyrac fronça les sourcils et lança à la jument un regard si sévère qu'Angélique se sentit coupable.
Les sanglots d'Honorine redoublèrent.
– Pauvre tortue ! gémit-elle. Elle était si bête et maladroite. Et tu l'as poussée dans le précipice. Tu es méchante.
Du coup, Angélique faillit se mettre à pleurer à son tour. D'autant plus qu'elle s'avisait, au même instant, qu'Honorine était pieds nus. Elle avait dû oublier ses bas et ses chaussures près du petit lac où elle avait pataugé. C'était une catastrophe. Où trouver d'autres bas et des chaussures d'enfant dans ce désert ? Ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Si elle ne s'était trouvée dans l'obligation de maintenir à deux mains sa fille et son cheval, elle aurait cherché son mouchoir pour y enfouir sa désolation. Elle détourna la tête pour dissimuler ses yeux trop brillants.
Les Indiens maintenant paraissaient en proie à une agitation hystérique et se livraient à une pantomime bruyante pour s'expliquer avec les Blancs qui leur posaient des questions dans toutes les langues et essayaient de comprendre ce qui s'était passé. Les Espagnols réclamaient qu'on leur montrât l'ennemi.
Le comte se dressa un peu sur sa selle et dit :
– Silence !
Le ton sur lequel il s'exprima produisit un effet immédiat. Les Indiens se soumirent. Lorsqu'il y avait une certaine expression sur les traits de Joffrey de Peyrac, l'évidence apparaissait qu'il fallait obéir. « Il serait capable d'abattre un homme sur-le-champ », pensa Angélique avec un frisson. Joffrey de Peyrac posa une main apaisante sur la tête d'Honorine.
– Les tortues savent nager, dit-il doucement. Celle qui vous a effrayées est déjà sortie de l'eau et se promène le long de la rivière et mange des mouches.
L'enfant parut consolée comme par enchantement. Puis le comte mit pied à terre et s'approcha du Saga-more pour l'écouter. Aussi grand que l'Indien, il apportait beaucoup d'attention à ses explication ?. L'arrivée de Nicolas Perrot acheva de dissiper le malentendu. Joffrey de Peyrac sourit, remonta en selle et vint se placer près d'Angélique.
– C'est encore une interprétation de leur mentalité superstitieuse, dit-il. La tortue est pour eux le symbole de l'Iroquois. La rencontre leur a porté un mauvais présage, l'annonce presque certaine que leurs ennemis les plus redoutables rôdent non loin. D'où leur stupeur et leur effroi à la vue de cette bête inoffensive, assez commune dans ces parages.
Nicolas Perrot renchérit.
– Ils disent aussi que le signe de l'iroquois s'est dressé devant la femme blanche pour causer sa mort, mais elle ne s'est pas laissé abattre et lui a tenu tête. Désormais, madame, les Métallaks estiment qu'aucune des cinq Nations iroquoises ne prévaudra contre vous.
– J'en accepte l'augure, fit-elle en s'efforçant de sourire aussi.
– Vous allez marcher près de moi, ce chemin est assez large. Car nous débouchons sur une piste fréquentée par les Indiens, un long « trail », comme disent les Anglais, et qui sur des centaines de lieues suit la ligne des crêtes des Appalaches. Ne me quittez plus, chérie.
La voix posée de son mari lui faisait du bien. Et de chevaucher près de lui la rassura. Pourtant il demeurait intimidant, et elle se demandait s'il n'était pas secrètement mécontent d'un incident qui avait failli tourner en drame. Mais, avec sa maîtrise habituelle, il n'en laissait rien paraître.
Vers l'extrémité d'un grand lac vert pâle aux sinuosités de rivières et qui déroulait ses reflets entre des promontoires hérissés de sapins maigres, ils découvrirent à leurs pieds une autre vallée assez profonde et étroite. La montagne vis-à-vis n'était qu'un parterre de houppes rosés, rouges, orangées, ponctuées de bleu et de mauve, avec ça et là encore des taches d'un vert surprenant. Quelque chose, dans cette montagne fleurie, arrêta le regard de Joffrey de Peyrac et il fit faire halte en lisière du bois.
Il demanda sa longue-vue. Le ciel, envahi de nuages maintenant, descendait à la rencontre des brouillards terrestres.
– Dans quelques instants, nous risquons de ne plus rien voir, dit le comte.
Il tendit rapidement sa longue-vue à Angélique.
– Regardez à votre tour et dites-moi ce que vous croyez discerner.
Angélique prit la longue-vue. Les troncs blancs, noirs semblaient soutenir avec un hiératisme étudié les masses ardentes des feuillages. Dans le cercle de la lorgnette, elle s'étonna de voir bouger des silhouettes humaines. Cependant, il n'y avait pas à se tromper sur le chatoiement des plumages qui les surmontaient.
– Que voyez-vous ?
– Je vois des sauvages : deux ou trois ? Non, davantage !
– Remarquez-vous leur chevelure ?
– Ils sont rasés avec une touffe de cheveux au milieu où des plumes sont plantées.
Elle abaissa la longue-vue.
– ...Joffrey, les Cayugas étaient coiffés ainsi...
– C'est bien cela !
Il replia lentement l'appareil.
– Faudrait-il vraiment croire que votre rencontre de la tortue avait une signification ? Je ne voudrais pas passer pour crédule, mais il y a quand même beaucoup à parier que nous nous trouvons devant un parti d'Iroquois...
Deux ou trois hommes grommelèrent. Peu à peu la petite caravane se rassembla et les Indiens de l'escorte eux-mêmes se mêlaient aux Blancs et regardaient avec la même rancune lassée vers la petite montagne chamarrée où couvait l'invisible danger.
– C'est de la malchance, dit l'intendant Malaprade. Nous étions presque aux portes de Katarunk. Bientôt nous allions saluer ce brave O'Connell et nous jouissions de tous les bienfaits de la civilisation. Monsieur de Peyrac, j'étais décidé de vous cuisiner des quenelles de volaille aux choux dès l'arrivée. Mais n'est-ce pas nous qui allons être transformés en quenelles ?...
– Bast ! dit Florimond, ne faites pas si triste mine, braves gens. Nous mangerons votre potée, Malaprade. Les Iroquois abusent un peu de leur réputation dans le Nord. On y prend la fuite avant même de les avoir aperçus. Pourtant j'en ai vu en Nouvelle-Angleterre où on les appelle Mohawks. Ils ne paraissent guère plus mauvais que les Mohicans. Ils ont même prêté mainforte, du côté de New York, aux Anglais contre le roi Philippe, un Narrangasset qui massacre de temps à autre les habitants blancs des frontières.
– Le tout est de savoir si ceux que nous avons devant nous, de l'autre côté du ravin, nous prendront pour des Français ou pour des Anglais. De toute façon, ils n'aiment pas les Métallaks qui nous accompagnent. Tout ressortissant de la race algonquine est pour eux sujet d'esclavage ou objet de grillade. Les Métallaks aussi le savent bien. Regardez-les !
En effet, sous les ordres de leur Sagamore, ils se préparaient au combat. Les bagages furent prestement déposés à terre. Les femmes et enfants indiens disparurent, comme aspirés par la profondeur de la forêt rouge. Les hommes se maquillaient en hâte avec des poudres rouges, noires et blanches, mais où le rouge dominait de loin. Les porteurs d'arc vérifiaient la corde, son ballant, puis l'empennage des flèches munies de trois plumes pour assurer leur précision.
Chacun se trouva porteur d'un énorme casse-tête accroché au bras gauche et tâta de la droite le couteau de scalp, puis le prit entre les dents, pour s'occuper finalement de l'arc. Plusieurs éclaireurs se glissèrent comme des serpents sous les taillis jaune et rouge. Le chef et le principal contingent des guerriers se tinrent en rempart serré contre les Blancs. Une joie féroce illuminait tous les Indiens.
Les Européens, à l'exception peut-être des jeunes comme Florimond, ne partageaient guère leur enthousiasme devant la perspective d'un combat. Leurs visages noircis par les journées de marche d'un long voyage exprimaient la lassitude et l'ennui. S'il était vrai que, juste quelques heures de marche les séparassent du poste où ils pouvaient trouver la sécurité d'une palissade et le confort peut-être rustique, mais malgré tout bienvenu, que procurent des marchandises de première nécessité, c'était, en effet, très décevant d'être retardé par une embuscade, de risquer des morts et des blessés. Angélique jeta un regard vers son mari, quêtant son verdict.
– Attendons, dit celui-ci. Lorsque les éclaireurs reviendront, nous serons fixés. Si ces Iroquois manifestent l'intention de nous attaquer, nous nous retrancherons et nous défendrons ; s'ils passent outre, nous ferons de même ! J'ai prévenu Mopountook que s'il voulait, lui, entamer le combat sans qu'il y ait eu de manifestations d'hostilité de la part des autres, je ne l'assisterais pas.
Ils attendirent l'arme au poing.
Lorsque les Indiens revinrent ils avaient l'air déçus. Non seulement les Iroquois n'avaient montré aucun désir d'attaquer la caravane, mais il était probable qu'ils ne l'avaient pas aperçue, car ils avaient littéralement disparu. On n'en trouvait plus aucune trace. Les Métallaks tournaient vers Angélique leurs visages lourds grotesquement bariolés et hochaient la tête. La femme blanche avait fait fuir l'Iroquois.