La présentateur de la 4e chaîne interrompit son programme. Il lut la feuille qu’on venait de lui passer, releva le front, énonça d’une voix neutre :
« On nous communique à l’instant que notre ville vient d’être le témoin du plus audacieux hold-up de l’histoire des États-Unis. Il s’est déroulé dans la 47e Rue Ouest, là où se trouve le fameux quartier des diamantaires, là où justement il y a peu de temps une équipe, la même pense-t-on, a tenté d’arriver jusqu’au SAFE du 38. Mais cette fois les gangsters ont réussi. Le vol serait considérable. L’agent O’Brien figure bien connue de la 47e Rue, est grièvement blessé. L’un des gangsters a trouvé la mort. Aucun indice ne permet de l’identifier pour l’instant. À notre édition de 21 heures nous pensons être en mesure de vous fournir d’autres détails sur cette extraordinaire affaire. »
M’man coupa le contact, se tourna vers la table :
— Ils n’ont pas perdu de temps.
Honoré et Steve qui étaient assis autour de la table approuvèrent d’un signe. Tous deux avaient retrouvé leurs habits que M’man avait ramenés de la remise de Brooklyn aussitôt après leur départ pour le vol. Les deux sacs qu’ils avaient apportés étaient calés à leurs pieds. Celui de Steve était énorme, gonflé à craquer.
M’man puisa dans une boîte de chocolats, soupira :
— Dommage pour l’Oranais.
Louis Coppolano qui, assis dans un fauteuil, tête dans ses mains, n’avait encore rien dit, lâcha enfin :
— C’est de ma faute s’il est mort.
— Ça, on peut dire qu’il vous a sauvé la mise, constata Sam qui sortait de sa chambre où il venait de se changer. Car sans lui…
— C’est juste, acquiesça Steve, vers le vieux. Mais pour sa mort, c’est la faute à personne. C’est le destin. Pas vrai M’man ?
La grosse femme, qui avait la bouche pleine, eut un geste approbateur, puis regarda vers le téléphone qui sonnait. Sam décrocha, écouta, montra l’appareil à sa mère :
— Ted.
Elle vint s’emparer de l’engin, et après avoir avalé sa bouchée, s’étonna :
— Déjà, Ted ? Il n’est pas encore 9 heures !
Elle prêta l’oreille, fronça les sourcils avant de reprendre :
— Ah ! Vous venez d’entendre la télé ! Tout le monde dans New York ne parle que de ça ! Vous nous félicitez ?
M’man eut un mince sourire.
— Mais vous ignorez si c’est nous qui… et moi aussi j’ignore. Mais passez quand même… disons dans une heure. Ça vous va, Ted ? Alors à tout à l’heure.
Elle reposa l’écouteur. À cet instant on sonna en bas. Sam alla appuyer sur les boutons, prêta l’oreille dans le parlophone. Peu après Hector entra dans la pièce.
Pour éviter une irruption trop nombreuse chez elle, M’man avait préféré fractionner les arrivées. Il ne manquait plus qu’Hubert, et tous seraient réunis. Hector était nu-tête, en chandail et en pantalon de flic. De la neige le recouvrait.
Sam lui désigna sa chambre.
— Tes fringues, ta montre, ton passeport, ton portefeuille, tout est là.
Hector remercia de la main, et alla s’enfermer. Il n’était pas ressorti qu’Hubert sonnait à son tour. Ses premiers mots furent pour le vieux.
— Qu’est-ce qui vous a pris ? J’ai failli me faire poisser à vous attendre !
Son ton était hargneux, Honoré se tourna vers lui :
— On t’expliquera plus tard. Leur équipier l’Oranais est mort.
— Ah ! c’est donc ça tous ces coups de flingue que j’ai entendus en fuyant ! remarqua Hubert qui se débarrassait de sa canadienne.
Puis soudain inquiet, d’un cri qui venait du cœur :
— Et Hector ?
— Là, rassura son frère, indiquant la chambre du petit Sam.
Le jeune Laventure poussa un long soupir. Allons, son aîné était là, tant mieux. Lui s’en foutait de l’Oranais. C’était pas son ami. Un inconnu sans plus. Et dans la vie, on ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs. Le principal était que ce soit pas un Laventure qui serve d’œuf. Le reste…
Il regarda le petit Sam.
— Mes fafs ?
Ce dernier lui désigna la chambre.
— Avec ceux de ton frère. Ta montre. Tes cigarettes. Tout.
Après un regard de curiosité sur le père de Mike, Hubert alla rejoindre son aîné. Sur le parquet, ses mi-bottes avaient laissé des traces humides. Le petit Sam hocha une tête chagrine. Lui et M’man aimaient le calme et la propreté.
— On fera le ménage demain, le tranquillisa sa mère qui ajouta pour les autres : À présent, je crois qu’on peut ouvrir les sacs.
Honoré et Steve que ça démangeait s’exécutèrent sur-le-champ. Ils se levèrent, renversèrent les sacs sur la table. Aussitôt un tas de billets de banque, de lourds portefeuilles avec leurs chaînettes, des papiers d’affaires, des carnets d’adresses, des sachets de cuir, de toile, de peau etc., s’empilèrent, glissèrent, roulèrent en tous sens.
— Allez-y mollo, les enfants, avertit M’man, montrant de son gros index des diamants qui, crevant les papiers qui les enveloppaient, cascadaient jusqu’au sol.
En hâte et adroitement, Sam les récupéra, et Hector qui venait d’apparaître avec son jeune frère, poussa un sifflement admiratif devant l’amoncellement de la table.
— Oh ! mon hostie[27] ! Quelle fortune !
— Oh ! mon tabernacle ! s’extasia Hubert, assommé par la vue des rubis et des perles que Steve venait de faire glisser d’un portefeuille usagé. Quand on pense qu’on a dit oui pour un forfait de 500 000 dois, alors que là, y en a peut-être pour…
Son aîné le ramena à la réalité d’un coup de coude.
— Ta gueule, tu pleureras demain. Ce qui est convenu est convenu. Et 500 000 thunes c’est du gros pognon. Et remercions M’man de nous avoir mis dans ce coup.
Cette dernière lui sourit, et lui montra la table.
— Si vous nous aidiez à ranger et à compter le liquide…
Tous se mirent au boulot. Sauf le vieux qui les contemplait, comme sans les voir.
Une fois vidés, les portefeuilles allaient rejoindre dans les sacs de toile les papiers et les carnets inutiles. Et sous la lumière, les diams, les perlouzes, les colliers, les bagouzes de prix, les rubis, les topazes, les diadèmes, les bracelets, tout ce qui se fabrique en orfèvrerie, en joaillerie, en bijouterie, étincelait en milliers et milliers de feux, en milliers et milliers d’éclats fascinants, dans le logis de M’man du Bowery.
Les yeux des hommes luisaient, leurs gorges étaient sèches, leurs mains tremblaient en maniant les joyaux.
Steve et Hubert, eux, s’occupaient des billets. Et il y en avait ! Les deux hommes comptaient les dollars, les liaient par paquets de mille et de dix mille, puis les empilaient en bout de table.
Quand les bijoux furent rangés par catégorie, les billets comptés, M’man alluma un de ses longs cigarillos et jeta :
— Combien ?
Steve, releva le nez du carnet où il crayonnait :
— 792 000.
M’man fixa l’aîné des Laventure.
— Avec les 300 000 qu’on nous apporte tout à l’heure, ça fait plus d’un million de dois en liquide. Donc je vais pouvoir vous payer cash toi et tes frères. D’accord Steve ?
Celui-ci inclina le front. M’man reprit à l’intention des Canadiens :
— Je suis contente d’avoir fait appel à vous, les gars.
Hector la remercia d’un sourire.
— Nous aussi, M’man, on est contents d’avoir turbiné pour vous. Et puisque vous pouvez nous payez cash, tant mieux. Mais s’il l’avait fallu, on aurait patienté. On a confiance en vous, M’man.
Les deux autres Laventure approuvèrent de la tête.
M’man, d’un œil expert, soupesa les énormes tas de pierreries, d’or, de platine, et remarqua pour Steve :
— Y aurait là pour 15 ou 20 millions de dois que ça m’étonnerait pas.
— Qu’est-ce que ça aurait été si on avait pu ouvrir tous les coffrets, regretta Steve.
M’man poursuivit, comme si elle n’avait rien entendu :
— Même avec la perte de 60 % que ça va nous coûter au fourgue, il va bien nous rester dans les 8 millions de thunes. Aussi comme les Canadiens et le vieux sont au forfait, et qu’il n’y a plus que toi, Sam et moi dans le coup, je voudrais vous faire une proposition à tous les deux, et voir si vous êtes d’accord.
— Faites-la toujours, dit Steve.
— Avec toi je suis toujours d’accord M’man, déclara le petit Sam qui essayait une bague enrichie d’un diamant à son petit doigt.
— Eh bien, reprit M’man, j’aimerais qu’on fasse une fleur de 200 000 thunes aux Canadiens. Une sorte de prime, quoi. Et autant au vieux qui s’est mouillé deux fois avec nous.
Steve fixa les liasses de dollars alignées devant lui, puis contempla Sam.
— Sam ?
Le petit tueur cessa de faire miroiter le diamant sous la lumière.
— Pour moi, M’man a déjà décidé.
— Alors c’est d’accord aussi, lâcha Steve. Faites comme vous proposez M’man.
L’aîné des Laventure tapota amicalement l’épaule de la grosse femme.
— Merci, M’man. Je savais que vous étiez régule, mais là, c’est champion. Merci pour nous tous.
Les frères donnèrent leur approbation en silence. Louis Coppolano lança à son tour :
— Merci aussi M’man. Merci beaucoup. Mais… je m’excuse…
Il toussota, hésita, enchaîna :
— … pour Jean… pour sa famille… vous me répondrez que ça me regarde pas mais… l’argent qui lui revient…
La grosse femme leva une main compréhensive.
— Vous excusez pas. J’y ai pensé aussi. Et je voulais t’en causer, Steve.
Ce dernier haussa les épaules.
— Qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse ? On sait même pas s’il en a vraiment une de famille !
— Mais il m’a souvent assuré que sa mère vivait, remarqua le vieux.
— À moi, il m’en avait touché un mot aussi, fit Sam.
La grosse femme contempla Steve.
— Alors ?
Steve haussa de nouveau les épaules, se décida à admettre d’un ton maussade :
— Tout à l’heure avant de la glisser Jean m’a donné le nom de sa mère… et la rue où elle vit à Paris. Mais…
Il regarda le vieux. Sam, puis M’man, avant de s’emporter avec une violence soudaine :
— Mais on va tout de même par lui refiler tout ce pognon ? Ça serait un comble !
Son doigt désignait l’amas étincelant des joyaux. M’man se mordilla les lèvres.
— T’es contre, alors ?
— Absolument.
La réponse de Steve était tombée, brutale. Les Laventure se reculèrent. Ça ne les concernait pas. Le père de Mike, lui, se rapprocha au contraire. Il scruta Steve.
— Pourquoi ?
Steve abandonna la table, s’emporta de nouveau :
— Parce que je ne suis pas un sentimental ! Que l’Oranais soit canné, c’est peut-être moi qui le regrette le plus ici, car je sais pas pourquoi mais ce type me réconciliait avec la vie. Seulement, bon Dieu, j’ai pas l’intention de partager cet argent avec une vieille femme qui saura pas quoi en foutre ! Même si Jean m’avait demandé de le faire, je le ferais pas.
Puis il se tut brusquement. Sa pensée avait rejoint son équipier quand il lui murmurait, « Rue St Paul… Paris… ma mère… ma part ».
— Même s’il te l’avait demandé, tu dirais encore non ?
C’était M’man qui venait de jeter la question. Steve releva le front, la regarda longuement avant de grommeler à contrecœur :
— Il l’a fait. Il me l’a demandé.
— Et tu refuses quand même ?
C’était toujours M’man qui intervenait. Steve hésita avant de répliquer avec hargne :
— Oui ! Pourquoi allez balancer tout ce pognon à cette vieille ? On s’en servira mieux qu’elle, non ?
M’man le fixa en silence. Longuement. Puis écrasant son cigarillo dans une soucoupe, elle déclara, d’une voix dure.
— Écoute. Je suis pas plus sentimentale que toi. Et de la mère de l’Oranais, je m’en fous moi aussi. Mais au moins, si on vaut pas plus cher qu’un vieux crachat séché sur un trottoir du Bowery, je tiens quand même pas à ressembler à tous ces requins de la finance et d’ailleurs, qui mangeraient leur merde pour 10 cents. T’entends, Steve ? Je veux pas me comparer à ces gens-là. À ces gens qui crèvent avec leur sale fric et leur mentalité pourrie. T’entends, Steve ?
Et, sans le quitter de ses gros yeux globuleux où dansait une lueur sauvage :
— Sam ?
— D’accord avec toi, M’man, renvoya son fils qui, à présent, laissait glisser entre ses doigt un collier de perles rares.
Louis Coppolano sourit à M’man. Et à lui dans ses yeux sombres, c’était une lueur tendre, admirative qui dansait.
Steve les contempla tous, les uns après les autres, même les Canadiens qui pourtant, par leur attitude, montraient qu’ils étaient neutres.
Enfin il lâcha dans un long soupir :
— O.K. vous avez gagné. Eh bien je crois que j’irai en France. Il y a longtemps que ça me démange de voir Paris. J’en connais une qui va être heureuse…
On sonna en bas. Il acheva pendant que Sam allait appuyer sur les boutons.
— … c’est ma femme. Depuis le temps que je lui promets tant de choses…
Et tous regardèrent vers Sam qui se retournait, avertissant sa mère.
— C’est Ted. Je fais monter ?
Elle approuva.
— Oui. Et vous autres allez tous vous planquer dans la chambre de Sam. Ted n’a pas besoin de voir vos frimes. Sam et moi allons le recevoir. Vous partez quand ?
Elle interrogeait les Canadiens du regard.
— Tout à l’heure, renseigna l’aîné. Moi je prends un avion. Eux la route. On préfère se séparer.
— Et votre pognon ?
M’man montrait les liasses.
— On le confie à quelqu’un d’ici, rassura Hector. Vous bilez pas, M’man. On est parés.
La grosse femme leur sourit :
— J’aime les gens adroits. Et méfiants. Allez, ajouta-t-elle, les poussant vers la porte de la chambre de son fils. Restez pas là, l’autre va monter. Et peut-être qu’il vous connaît de Montréal !
Tous disparurent, Sam alla ouvrir à Ted qui cognait à la porte d’entrée.
Le représentant des receleurs avait dans les soixante hivers. Il était enjoué, maigriot, son regard était plein de ruse. Mais M’man savait qu’avec lui on pouvait traiter, sans risque. Aussitôt qu’il aperçut la table où scintillaient les joyaux, il se figea, immobile. On aurait cru un vieux clebs à l’arrêt le matin de l’ouverture de la chasse. Puis il avança lentement vers la table. Il en oubliait de dire bonjour, ne semblait voir personne.
— Bonté divine ! laissa-t-il tomber au bout d’un long moment, soupesant le tout de ses yeux avides. Bonté divine ! Jamais vu ça.
Se retournant enfin sur M’man, main tendue :
— Félicitations, M’man. Du magnifique boulot. Du sensationnel. Mais moi aussi je vais en avoir du boulot à expertiser tout ça. Ça va prendre du temps.
— Ça fait rien, dit M’man. Sam et moi, on vous tiendra compagnie jusqu’au bout. Et s’il le faut, vous réveillonnerez ici cette nuit.
Ted désigna l’amas de joyaux, et les liasses de dollars.
— Voilà le plus beau réveillon de ma vie. Et si vous le permettez je vais ajouter 300 000 dollars à ces liasses pour régler mon addition.
Les fausses dents de M’man luirent dans sa figure ronde.
— Vous avez ma permission et ma bénédiction avec.
Le fourgue exhiba une énorme enveloppe, l’ouvrit, en sortit des billets qu’il se mit à compter.
— J’ai toujours eu un faible pour la couleur verte de ces billets ! s’exclama M’man, puisant dans sa boîte de chocolats. À croire qu’ils vont bien aux blondes.
— Qui n’aurait pas un faible pour eux ! répliqua Ted qui comptait avec dextérité. Je crois même qu’ils vont bien aux chauves.
Quand il eut fini, M’man, aidée de Sam, vérifia à son tour, puis dit :
— J’ai ici des gens pressés. Si vous voulez accepter d’aller dans ma chambre pendant qu’ils sortent… Inutile qu’ils vous voient.
— Mais comment donc, s’empressa Ted, qui avait déjà sorti une loupe de son gilet. Tout de suite.
Sam alla l’enfermer dans la chambre de sa mère et revint ouvrir aux autres.
— Voilà vos 700 000 dois, dit M’man aux Canadiens, poussant des liasses vers eux. Si vous tenez à vérifier… C’est normal.
Hector indiqua les liasses à son jeune frère.
— Emporte. Vous savez à qui le confier.
Et, vers M’man, en allongeant sa main puissante :
— Je m’en voudrais de recompter derrière vous, M’man. Au revoir et merci.
— Si vous avez un autre travail dans le genre la semaine prochaine… blagua Honoré, lui serrant la main à son tour.
— N’y prenez pas goût, sourit M’man en les raccompagnant. Ça pourrait devenir indigeste. Allez, au revoir les gars. Et bonne route, ajouta-t-elle en leur ouvrant.
Les trois Canadiens franchirent le seuil, se retournèrent dans un salut amical et disparurent. M’man referma doucement, revint vers la table, l’indiqua.
— Il reste 392 000 dois de liquide à nous partager. Je propose qu’on en touche 100 000 chacun. Enfin, je veux dire pour vous. Moi, je prendrais les 92 000. Ça vous va ? On réglera tout définitivement quand Ted aura achevé l’expertise et nous aura apporté le fric. D’accord ?
Elle se tourna vers le vieux. Celui-ci inclina sa tête argentée.
— Comme vous ferez, ça sera bien, M’man.
— Alors voilà déjà vos cent mille thunes, reprit-elle, lui allouant des liasses de 1000 et 10 000 dollars. Prenez-les et venez déjeuner demain matin à midi si vous voulez. Peut-être que Ted et son groupe auront réussi à réunir le pognon même un jour de Noël. Ils sont assez puissants pour ça. De toute façon venez, on trinquera à notre réussite.
— J’aimerais mieux un peu plus tard, fit le vieux. Demain midi, je suis en famille.
— Moi aussi, déclara Steve, empochant à mesure les liasses que M’man poussait vers lui.
Ses yeux étincelèrent d’orgueil et de joie quand il ajouta :
— Margaret va enfin savoir ce que c’est qu’un vrai Noël. Je file la chercher et je l’emmène dévaliser les magasins. Puis après, hop ! à nous la fiesta toute la nuit.
— Fais pas d’imprudence quand même, conseilla M’man. Inutile d’attirer l’attention sur toi.
Steve lui sourit.
— Vous bilez pas, M’man. Je ferai gaffe à pas me faire remarquer. Surtout dans mon quartier. Alors pour demain, voulez-vous vers quatre, cinq heures ?
M’man consulta le vieux du regard.
— Cinq heures, ça m’irait si vous êtes d’accord, fit celui-ci en récupérant son feutre sombre.
— Alors entendu pour 5 heures, accepta M’man en les reconduisant. Mais pas avant. J’ouvrirai à personne de la journée.
Son pouce se pointa vers la table.
— C’est plus prudent, si je suis pas encore débarrassée de ça. Donc à 5 heures pile. Et avant de monter, donnez vos noms dans le parlophone, sinon j’ouvrirai pas. Excusez-moi mais je dois être méfiante.
Les deux hommes acquiescèrent. Elle ajouta :
— Joyeux Noël à vous et aux autres.
— Merci, renvoyèrent les deux hommes. Joyeux Noël pour vous et Sam, M’man.
Le petit tueur, qui se dirigeait vers la chambre pour en libérer Ted, les remercia d’un geste du bras.
Parvenue à la porte, M’man dit à Steve en tirant le verrou :
— Je te chasse pas, Steve. Si tu préfères rester pour participer à l’inventaire c’est ton droit. Je me vexerai pas.
Avant de franchir le seuil, Steve se retourna sur elle :
— Vous salissez pas, M’man. Bonsoir. Et bon Noël.
Et il rejoignit le père de Mike qui l’attendait en haut des marches.