Chapitre XIV

Babrak Quasim avançait lentement à travers la foule du bazar, cherchant une gargote où se restaurer. Sa main coincée au fond de la poche de son charouar serrait le manche de son poignard. Il avait beau savoir que l’on veillait sur lui, il préférait compter sur ses propres forces. Impossible de déceler une menace dans cette foule dense et bruyante. Plusieurs mudjahidins avaient déjà été victimes de tueurs dans des circonstances semblables. Dans ces cas-là, personne n’intervenait. Les Pachtous avaient trop peur de déclencher des vengeances tribales et les Pakistanais préféraient rester neutres.

Il s’assit sur le banc de bois d’un restaurant en plein air de Misgaran Bazar, à côté du marché aux fruits, et commanda un khebab assaisonné au piment et un verre de lait caillé.

Tandis qu’il mangeait, il essaya de repérer son protecteur sans y parvenir. Il s’était installé face au grouillement de la rue, le dos au mur, et observait les marchands, les colporteurs, les gosses portant des charges énormes, les ânes et les rickshaws qui défilaient dans un brouhaha d’enfer. Il but trois thés coup sur coup et se releva. Il se sentait trop fatigué pour rentrer à pied, aussi monta-t-il dans un taxi collectif à une roupie, qui le déposa presque en face du Green’s Hôtel. De nuit, l’établissement avait presque l’air présentable. Il s’engagea dans l’escalier crasseux avec dégoût. Le veilleur s’était absenté, laissant son registre grand ouvert. Babrak Quasim monta lentement les deux étages, récitant intérieurement un verset du Coran. La lumière du couloir était si mauvaise qu’il fallait presque se guider au toucher.

Il aurait préféré coucher sous la tente que dans cette chambre poisseuse de chaleur et de crasse, mais il n’avait guère le choix. Il poussa sa porte. Un néon clignotait sur le trottoir d’en face, vantant une fabrique de meubles. Soudain, il sentit une présence. Il pivota pour ressortir de la pièce, mais n’eut pas le temps d’achever son geste.

Deux mains avaient saisi ses bras et les avait rejetés en arrière. Il vit surgir une silhouette gigantesque, il devina l’éclair d’un poignard recourbé tenu à l’horizontale, puis le géant frappa. Ce fut comme un coup de poing dans l’estomac, suivi d’une brûlure atroce. Avec un « han » de bûcheron, son assassin remonta la lame, ouvrant la cage thoracique de Babrak jusqu’au sternum. Un flot de sang jaillit de l’horrible blessure. Babrak Quasim perdit connaissance instantanément, sans même pousser un grognement. Le géant retira le poignard et l’enfonça à nouveau dans le corps recroquevillé, épinglant le cœur au sol poussiéreux. Mais déjà l’Afghan ne se débattait plus.

Elko Krisantem écouta dans le couloir du troisième étage. Il avait suivi Babrak Quasim depuis le bazar et Malko devait le rejoindre pour organiser la surveillance pendant la nuit, avec les hommes de Sayed Gui qui étaient en retard d’une bonne demi-heure.

Le Green’s était silencieux. Quasim venait de rentrer dans sa chambre. Inutile d’aller l’embêter. À son avis, le danger se trouvait dehors dans la foule. Elko Krisantem se détendit un peu. Il allait pouvoir passer une nuit tranquille, à condition que les moustiques et les punaises ne le dévorent pas entièrement.

Il s’allongea quelques instants sur son charpoi, puis la soif le saisit, inextinguible, conséquence du piment ingurgité au bazar. Bien entendu, il n’y avait même pas un lavabo dans la chambre. Pour tout l’étage, on ne comptait qu’une douche crasseuse au bout du couloir. Il se leva. Il fallait qu’il boive ! Sortant de sa chambre, il s’engagea dans l’escalier. Le veilleur de nuit devait savoir où trouver un Pepsi. Le Turc arriva à la réception. Toujours pas d’employé. Il avait dû s’endormir. Elko Krisantem fit le tour du petit comptoir puis écarta le rideau qui donnait sur le cagibi où se reposait le veilleur de nuit.

Instantanément, le pouls du Turc passa à 120.

Le veilleur était bien là, mais allongé par terre, la langue noire sortant de sa bouche, la tête faisant un angle de 45° avec son corps. Tout ce qu’il a de plus mort.

Elko Krisantem se rua vers l’escalier, arrachant son Astra de son holster. Le meurtre du veilleur de nuit était de très, très mauvais augure… Il se maudit de ne pas avoir raccompagné Babrak Quasim jusqu’à sa chambre. Tandis qu’il montait quatre à quatre, il entendit des craquements au-dessus et une masse énorme surgit devant lui : le type qu’il avait déjà repéré derrière Quasim. Derrière, il y en avait un autre. Ils se dévisagèrent une seconde, puis le géant enturbanné aperçut le pistolet dans la main du Turc, et recula sur le palier du premier.

Elko en fit autant, gagnant une position moins exposée, ne sachant que faire. Il regagna le rez-de-chaussée et s’embusqua derrière la réception, Astra au poing, guettant les hommes de Sayed Gui qui auraient dû être là depuis longtemps. Il n’y avait qu’une seule sortie à l’hôtel. Il se doutait que ses adversaires n’allaient pas tenter de se frayer un chemin à coups de feu. Cela alerterait trop de gens et ils ne bénéficiaient plus de la surprise… Donc, ils allaient tenter un autre truc… Ce qui lui donnait quelques secondes.

Il se rua dans le couloir, débouchant dans la rue et faillit hurler de joie. Malko traversait l’avenue ! Krisantem ne fit qu’un bond jusqu’à lui.

— Ils sont là, jeta-t-il. Au moins deux. Je crois qu’ils ont tué Quasim.

Malko jura. Il pensait trouver les mudjahidins ! Au lieu de cela, il se retrouvait seul.

Une terrasse à demi effondrée donnait sur l’immeuble voisin. Les tueurs pouvaient s’échapper par là. Un seul homme ne pouvait les retenir. Cette fois, ils n’avaient pas le droit de laisser passer cette chance.

— Je vais téléphoner, dit Malko. Surveille l’entrée.

Il se rua vers la boutique de photocopie. Devant un billet de 20 roupies, le marchand lui tendit aussitôt le téléphone. Le numéro de Sayed Gui sonna longtemps, sans répondre. Malko commençait à avoir envie de hurler. Enfin, on décrocha. C’était Asad ! Malko se fit connaître et eut enfin Sayed Gui.

— Mais qu’est-ce que vous faites ! explosa-t-il. Ils viennent de tuer Babrak.

L’Afghan balbutia quelque chose au sujet d’une voiture en panne.

La gorge nouée, Malko regarda la façade du vieil hôtel vert. S’ils prévenaient la police pakistanaise, c’était foutu. Ils ne sauraient rien de plus sur le commando.

Il entendit les promesses précipitées de Sayed Gui avant de raccrocher. Elko Krisantem avait disparu. Courant jusqu’à l’immeuble qui dominait la terrasse à demi effondrée du Green’s il y entra, monta l’escalier quatre à quatre, afin de prendre les assassins à revers. Le temps pour Sayed Gui de rassembler des hommes et de venir, cela prendrait un bon quart d’heure.

Elko Krisantem s’engouffra dans le Green’s Hôtel. L’escalier était vide. Un Pakistanais apparut, sans turban, descendant d’un pas titubant, le regard fixe, halluciné. En plein rêve de haschich. Pas question d’en tirer quoi que ce soit.

Son vieil Astra au poing, le Turc s’engagea dans l’escalier. Il espérait que ses deux adversaires ne chercheraient pas à se servir de leurs armes à feu, pour ne pas attirer l’attention. Ce qui lui donnait un léger avantage. Il pria silencieusement le ciel pour que Malko ait pu joindre Sayed Gui. Le tout était de faire maintenant la jonction avec lui. Il lui fallait à peine quelques minutes pour atteindre la terrasse prolongeant le troisième étage du Green’s. Une fois en place, ils pourraient prendre les tueurs en tenaille. Il parvint au palier du premier et s’arrêta.

Personne en vue.

L’étage comportait six chambres, deux à gauche, quatre à droite. Les deux portes de gauche étaient ouvertes, l’une sur une pièce inoccupée, l’autre sur un capharnaüm appartenant sûrement au drogué qu’il avait aperçu dans l’escalier.

Il passa à droite et frappa à la première porte d’où venait de la musique, vit un vieux surpris qui referma aussitôt. La pièce suivante était vide. Il se fit encore ouvrir deux portes, recueillant quelques injures pachtous et urdus, et repartit vers l’escalier, l’âme en paix.

Il inspecta largement le couloir avant de s’engager vers le second. Il avait dans son champ de tir la cage de l’escalier dans son entier. Le palier du second était tout aussi vide. Trois portes étaient ouvertes, donnant sur des chambres vides. De la musique pachtou suintait d’une autre. Elko frappa au battant, il y eut un remue-ménage et un jeune homme lui ouvrit. Krisantem s’excusa et continua. La porte donnant sur la terrasse au bout du couloir était ouverte. Pour l’atteindre, il fallait passer devant la chambre de Babrak Quasim.

Le silence l’inquiéta. Les deux tueurs devaient avoir déjà découvert la terrasse et s’être enfuis par là. Soit ils étaient déjà loin, soit ils s’étaient heurtés à Malko.

À cette pensée, Elko Krisantem perdit toute prudence. Il avança le long du couloir, les yeux fixés sur la terrasse. Ses pas firent craquer le vieux plancher vermoulu et plusieurs lézards s’enfuirent devant lui. Il arriva à la hauteur de la chambre de l’Afghan qu’il était chargé de protéger. La porte était entrouverte. Elko passa rapidement devant. Au même moment, une porte s’ouvrit violemment dans son dos et une masse énorme le catapulta à travers le couloir, l’expédiant dans la chambre de Babrak Quasim. Il eut le temps de voir le corps ensanglanté allongé en travers du charpoi et il se reçut sur les mains, lâchant son pistolet dans sa chute.

Il roula sur lui-même avec la rapidité d’un chat, photographiant la scène du coin de l’œil.

Un géant enturbanné aux petits yeux noirs cruels se ruait sur lui. Un autre, crâne rasé, se profila un poignard à la main. Elko se releva, aperçut une valise et la projeta à travers la fenêtre, espérant attirer l’attention. Son Astra avait glissé sous le charpoi, hors d’atteinte. Il lui restait le lacet. Le voyant désarmé, le géant afghan ne se méfiait pas. Krisantem lui sauta littéralement à la gorge, passant son mortel lacet autour de son cou.

Il sentit aussitôt les mains de son adversaire se nouer autour de sa propre gorge et rentra la tête dans les épaules, bandant tous ses muscles. Furieux de s’être laissé surprendre comme un débutant.

Décidément, le métier de majordome ne prédisposait pas aux sports de combat. Le second tueur tournait autour d’eux, cherchant à enfoncer la lame de son poignard dans le corps d’Elko, mais il risquait de toucher son complice. Elko lui décocha un coup de pied, plus pour l’éloigner que lui faire mal. Il ne se faisait guère d’illusions : si Malko n’arrivait pas vite, il allait succomber. Dans leur lutte, ils bousculèrent le charpoi et la crosse de son Astra apparut. Il chercha à s’en approcher. Lui n’avait pas peur d’attirer des gens.

Parvenu à portée de l’arme, il chercha à se baisser, mais la poigne gigantesque de son adversaire l’en empêchait. Il évita encore de justesse un coup de couteau destiné à l’éventrer. Un voile rouge commençait à obscurcir sa vue. Il avait beau serrer son lacet à le casser, le géant ne s’écroulait pas. Elko n’avait jamais vu ça ! L’autre aurait déjà dû être mort. Soudain, le lacet parut se détendre brutalement. Heureux, Krisantem se dit qu’il venait de pénétrer dans les chairs, tranchant la trachée et les carotides. Récompense d’un juste effort.

Sa joie ne dura qu’une fraction de seconde. Privés de point d’appui, ses poings s’écartèrent. Le lacet venait de casser !

Il n’eut pas le temps de s’abandonner à la stupéfaction. Le cou libéré, le géant venait de pousser un grognement sourd en même temps qu’il aspirait une grande goulée d’air. Soulevant Elko du sol, il l’écrasa contre le mur qu’il fit trembler. Elko, à demi assommé, vit surgir sur sa droite le complice au crâne rasé ; il lui envoya un coup de pied, mais ses forces avaient tellement diminué qu’il l’effleura tout juste.

Son adversaire lança le bras en avant, il ressentit une brûlure violente au côté et perdit connaissance au moment où le poignard s’enfonçait entre ses côtes.


* * *

En sueur, haletant, Malko s’élança pour la dixième fois sur la porte vermoulue, mais pourtant solide, qui le séparait de la terrasse du Green’s. Rageant de ce retard qui pouvait être tragique. Toujours aucune trace des mudjahidins et Krisantem était tout seul avec les deux tueurs. Le dernier étage de l’immeuble où il se trouvait était désert, abandonné, avec des planches clouées en travers de la porte qu’il essayait de défoncer. Réunissant toutes ses forces, il se jeta, le pied droit en avant.

Avec un craquement bruyant, la planche tenant le cadenas se brisa enfin et Malko, dans son élan, faillit même tomber dans le vide.

Il reprit son équilibre, ramassa son pistolet et sauta sur la terrasse en ruine. La porte donnant sur le couloir du Green’s était ouverte. Malko s’engagea a l’intérieur en courant, et ouvrit la porte du 36 d’un coup de pied. Elko Krisantem était assis par terre, une grosse tache de sang sur le côté ; un type massif au crâne rase, penché sur lui, tenait ses cheveux dans sa main gauche pour lui relever la tête et s’apprêtait à l’égorger de la droite. Accroupi en face, une énorme brute enturbannée était en train de ramasser un pistolet. Sans réfléchir, Malko tendit le bras et tira deux fois, visant le crâne rasé. Les détonations firent trembler les murs. L’homme bascula et le sommet de son crâne sauta, comme le couvercle d’une cafetière. D’une seule détente, le géant se releva serrant l’Astra de Krisantem, ses petits yeux pleins de haine fixant Malko.


* * *

Les hommes de Sayed Gui jaillirent de la Mitsubishi comme des diables d’une boîte et coururent vers l’entrée du Green’s, suivis par leur chef boitillant aussi vite qu’il le pouvait.

— Allez au troisième, hurla Sayed Oui. Ils se ruèrent dans l’escalier, écrasant contre la paroi le drogué qui remontait. Ils arrivaient au troisième étage lorsque deux coups de feu claquèrent. Les premiers jaillirent à la porte de la chambre, derrière Malko, au moment où Jamal Seddiq allait tirer. Malko et deux d’entre eux firent feu en même temps. Les projectiles firent sauter l’Astra de la main du géant, lui broyèrent le poignet, coupant net deux doigts. Il recula au fond de la chambre, encore conscient, aussitôt entouré et roué de coups de crosse. Il tomba et, sans Sayed Gui, arrivé enfin, les mudjahidins l’auraient tué sur place.

Malko s’était précipité vers Elko Krisantem. Le Turc avait les narines pincées et un peu de sang suintait de la commissure de ses lèvres. Malko écarta sa chemise, vit la coupure entre deux côtes. Au mieux, il avait un poumon perforé. Si aucun gros vaisseau n’était touché, on pouvait peut-être le sauver. Il était inconscient. Malko se releva.

— Vite, dit-il, il est gravement blessé. Il faut l’emmener à l’hôpital.

Les mudjahidins étaient en train de transformer Jamal Seddiq en saucisson. En un clin d’œil, avec quatre Kalachnikovs et des turbans, ils confectionnèrent une civière de fortune où on plaça Krisantem. Par acquit de conscience, l’un d’entre eux tira une rafale dans le corps de l’homme abattu par Malko et ils descendirent tous. On chargea le Turc à l’arrière de la voiture qui partit aussitôt avec Sayed et Malko.

Le directeur du renseignement ne cachait pas sa joie.

— C’est lui, c’est Jamal Seddiq ! exulta-t-il. Cela fait des années que nous le voulions. C’est un des plus grands criminels de notre pays. Il a torturé des centaines de mudjahidins dont le sang crie vengeance. Tout le monde a un ami ou un parent qui est passé par ses mains.

Oublié, le malheureux Babrak Quasim qui avait perdu la vie dans l’opération. La Mitsubishi filait à toute vitesse dans les allées désertes de University Town, vers l’hôpital des mudjahidins. Malko prit la main de Krisantem et ce dernier répondit d’une faible pression des doigts.

— Il faut qu’il dise ce qu’il sait de cette opération, dit-il. C’est plus important que la vengeance. Il est le seul à pouvoir nous renseigner.

Sayed Gui eut un sourire sinistre :

— Vous raisonnez comme un Occidental. Pour nous, rien n’est plus important que la vengeance. Surtout avec un homme comme Jamal Seddiq. Il faut que sa mort et ce qu’il subira avant rachète ses crimes et serve d’avertissement à ceux qui seraient tentés de l’imiter. C’est un grand traître.

Le dénommé Seddiq était mal parti.

Malko ne dit plus rien jusqu’à l’hôpital. Ne pensant plus qu’à Krisantem. Deux infirmières en blouse blanche les accueillirent devant un bâtiment qui ressemblait plus à un garage qu’à un hôpital et on emmena Krisantem en courant vers la salle d’opération.

— Rassurez-vous, dit Sayed Gui, ils ont l’habitude de faire des miracles. Allons à l’Alliance Islamique, nous reviendrons ici tout à l’heure.

Malko ne discuta pas.

Il avait enfin une piste, payée très cher, mais il ne fallait pas que les Afghans, dans leur rage de vengeance, l’empêchent de l’exploiter…

Les mudjahidins qui avaient participé à l’expédition du Green’s avaient ameuté tous ceux qui se trouvaient à l’Alliance Islamique. En quelques minutes, plusieurs centaines d’Afghans avaient entouré le groupe qui avait ramené le corps de Babrak Quasim et son assassin. Un hurlement jaillit de toutes les poitrines, ponctué de coups de feu.

— Marg bar Seddiq[27] !

Jamal Seddiq, étourdi, tassé sur lui-même comme un animal, perdant son sang, rentra la tête dans les épaules. Un coup de crosse lui fendit la joue et il se recroquevilla encore plus. Cela sentait le lynchage… Sayed Gui s’interposa et, monté sur le capot de sa voiture, exhorta ses hommes.

— Le traître sera jugé par le Conseil de la Révolution ! cria-t-il. Ne nous conduisons pas comme les gens du Khad.

Il eut beaucoup de mal à se faire entendre, mais un paquet de gardes parvint à traîner Jamal Seddiq qui ne se défendait pas jusqu’au trou-prison au fond de la cour. On lui fit même un garrot sommaire au poignet et on enveloppa sa main déchiquetée de chiffons sales.

Sans doute pour épargner les barreaux de l’échelle, on l’y poussa purement et simplement. L’Afghan fit un bruit sourd en tombant, qui fit mal aux tympans de Malko… Un mudjahid descendit ensuite renfermer. Puis, on referma la trappe et une douzaine d’hommes en armes, de la garde personnelle de Sayed Gui, prirent place au-dessus.

Sayed Gui passa un bras autour de l’épaule de Malko.

— Nous l’interrogerons demain matin. Il aura réfléchi à ses crimes et sera plus malléable. Maintenant, retournons à l’hôpital.

Malko regarda la trappe avec inquiétude. Le prisonnier ne devait pas se faire beaucoup d’illusions. À serait exécuté de toute façon. Alors, comment le convaincre de parler ? Il était pourtant le seul à pouvoir les mener à la femme mystérieuse qui était finalement leur plus dangereux adversaire : la meurtrière de Bruce Kearland. Encore quelques heures de patience.

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