III. LES INCONNUS D'AUSTRALIE
Des convicts débarquent sur une terre muette. – Les plus pauvres de tous les primitifs. – On leur donnait trois mille ans, ils en ont plus de quinze mille. – Les étonnantes découvertes de Mulvaney. – Et c'est à peine commencé. – Une déportation dans un paradis ? – Un exil ou une réserve. – La fin des Tasmaniens. – Les profusions de la Nouvelle-Guinée. – La grande foire de la préhistoire. – Propos rêveurs sur le continent du silence.
Séparée de l'Asie avant que l'homo sapiens (selon la chronologie classique) apparaisse, l'Australie est une masse de terre sèche et presque plate d'une surface égale à celle des États-Unis. Montagnes et rivières se concentrent à l'est, mais vous pouvez aller du golfe Carpentrias, au nord-est, jusqu'à la côte sud, sans vous élever jamais au-dessus de six cents pieds, à travers des déserts écaillés et de rases végétations poussiéreuses. Cependant, des traces de rivières asséchées depuis des millénaires et des cuvettes de sel laissent penser qu'à la fin du pléistocène ou au commencement de la période post-glaciaire, ce continent désolé jouissait d'un climat plus doux, et que ces étendues arides, où grouillent les termites, verdoyaient. Les premiers habitants viennent-ils de ce temps lointain ? Pourquoi et comment s'organisa cette immigration ? L'Australie fut-elle, traditionnellement, terre de relégation ? Une partie de la race humaine fut-elle conduite comme en quelque réserve sur cette île immense, sans mammifères, sans bêtes dangereuses, seulement peuplée de marsupiaux, étranges herbivores sautillants ?
Lorsque les Blancs débarquèrent, en 1788, pour jeter leurs convicts dans ces étendues lunaires, ils ne trouvèrent ni vestige de temple ni pyramide, aucune trace d'ancienne civilisation, seulement trois cent mille aborigènes errants, un être humain par mille carré dans les vallées de l'est et la côte, un pour trente ou quarante mille ailleurs. Et, en dépit de la différence entre la région humide et l'immensité sèche, aucune adaptation particulière au milieu, nulle agriculture : chasse, pêche, cueillette, nomadisme.
Des rêves naquirent du mystère de ces terres muettes. Erle Cox imaginait une sphère d'or, enfouie dans les profondeurs, où dormaient, depuis les très anciens âges, un homme et une femme témoins d'une civilisation disparue. Lovecraft songeait à des bibliothèques et à des laboratoires souterrains, abandonnés par des visiteurs non humains. Un peu d'archéologie, à partir de 1929, se substitua à l'interrogation poétique. Beaucoup d'archéologie dans l'avenir rendra peut-être à celle-ci de la valeur.
Peu de peuples plus pauvres que les premiers habitants. Pas d'animaux à cornes ou à défenses qui eussent pu fournir du matériau pour fabriquer des armes. Très peu de silex et de pierre à grain fin. Du quartz en quantité, et c'est tout. Aucun vestige de tombes ou d'habitations. Ni céramiques, ni métaux, ni pierres précieuses. Nulle trace de cultures, et aucun reste d'animal domestique, à l'exception du chien, le dingo. D'où vient ce chien ? Depuis quand est-il le compagnon de l'aborigène ? Des fouilles dans la région de Fromm's Landing, effectuées par D.J. Muhanez ces dernières années, situeraient son apparition aux environs du troisième millénaire avant J.-C. Et c'est le dingo qui, avec l'homme chasseur, fait disparaître de nombreuses espèces, comme le « loup de Tasmanie ». Durant des millions d'années, les seuls changements dans l'écologie auraient été causés par la faim du dingo et celle de l'homme, chassant et mettant le feu.
Mais, jusqu'en 1960, on estimait que le premier peuplement de l'Australie avait précédé de peu l'arrivée des convicts. Tout au plus de trois mille ans. Dans la vallée de la rivière Murray (Adélaïde) Hale et Tindale firent, en 1929, les premières découvertes archéologiques. Dans un site abrité par des rochers, ils fouillèrent une couche de vingt pieds de dépôts stratifiés. Au plus profond, ils trouvèrent des pointes de projectile en pierre ; au-dessus, des os de petite longueur, épointés aux deux bouts, qui avaient pu être des hameçons ; enfin, à la surface, des ustensiles primitifs, en os et en pierre, utilisés par les aborigènes locaux. Un échantillon de charbon situait l'âge de la couche inférieure aux alentours de moins trois mille.
En gros, et jusqu'aux travaux de Mulvaney, durant notre dernière décennie, on s'en tint à la théorie de Tindale et Hale. Il y avait eu trois « cultures » : celle de l'outil en pierre, celle de l'outil en os et celle des primitifs actuels, usant à la fois de la pierre et de l'os. Il y avait eu divers peuplements, durant ces trois millénaires, puisqu'il y avait différentes « cultures ». C'était, évidemment, une supposition qu'aucune trace de migration vers l'Australie ne venait étayer.
Entre 1960 et 1964, Mulvaney fouilla un abri rocheux dans le sud du Queensland (Keniff Cave, dans le ranch du Mount Moffatt) contenant onze pieds de dépôts. Il déterra huit cent cinquante projectiles ou grattoirs de pierre taillée, pour la plupart dans de la quartzite. Le datage au carbone 14 permit de remonter à moins seize mille ans. De nouveaux travaux, à Sydney, dans le Northern Territory, à Victoria, en Australie du Sud, permirent à Mulvaney d'avancer une théorie plus convaincante. À savoir qu'il n'y avait pas eu des « cultures » et des peuplements différents, mais une évolution, non déterminée par le passage de la pierre à l'os mais par celui de l'outil sans manche à l'outil avec manche. Durant onze mille ans, les inconnus d'Australie auraient ignoré le manche. Dans les couches se situant aux environs de moins trois mille, on trouve des manches ou des poignées, de la résine de fixation, des vestiges de lanières, de courroies de boyaux ou de cheveux. Ainsi, durant plus d'une dizaine de millénaires, une singulière stagnation, puis un brusque progrès technologique, qui s'accélère dans le dernier millénaire où l'on voit apparaître des outils de pierre plus finement travaillés, couteaux et écaillures, tranchants de ciseaux et gouges, comme si un « interdit » avait été levé et que l'homme se soit libéré d'une obligation ou d'une fatalité de permanence.
Et que savons-nous de cet homme ? Il existe une assez riche quantité d'informations, de recueils de tradition orale, rassemblés par les premiers colons européens. Cependant, les légendes, coutumes et embryons de technologie observés avec plus ou moins de rigueur, ne constituent guère des éléments d'interprétation du passé préhistorique. À quelle date fixer l'apparition des premiers hommes en Australie ?
Près de Melbourne, dans les carrières de gravier de Keilor, on exhuma en 1940 un crâne humain. Un test au carbone 14, effectué sur un morceau de charbon trouvé à proximité, indiqua environ moins seize mille. Cependant, on ne peut savoir si ce charbon provient d'un feu de camp ou de quelque origine naturelle, quoique des instruments de pierre aient été aussi déterrés sur les lieux.
En 1965, on découvrait, dans la même région, un squelette en bon état de conservation, et la datation était identique. La rareté des fossiles humains est extrême, tout au moins dans l'état actuel des recherches. Une dernière indication a été fournie par la comparaison avec des crânes trouvés à Wadjak et à Sarawak, dans l'île de Java, et qui auraient quarante mille ans.
Si l'on songe à l'étendue du continent et au nombre infime d'exhumations commencées depuis si peu de temps, on comprend la prudence un peu triste de Mulvaney : « Il faudra, dit-il, encore beaucoup d'excavations pour combler les vides de nos connaissances et permettre un commencement de généralisation. »
Cependant, en Australie comme partout ailleurs, l'enquête moderne fait reculer chaque année le passé humain de plusieurs millénaires. Nous avons aujourd'hui la possibilité de penser que les inconnus sont arrivés massivement alors que le climat était à son apogée, que coulaient des rivières abondantes, que la végétation entourait des lacs poissonneux, et que des marsupiaux herbivores géants fournissaient de la nourriture à l'immigrant, en l'absence de tout grand animal de proie. Par quelle navigation se fit cette immigration ? Et pour quelle raison ? Exil d'une race ? Constitution d'une réserve sur une terre sans danger ? Dans la crainte de quelque risque couru par l'humanité ? Arche ? Expérience tentée par des Supérieurs ? Choix d'un immense espace désert, fait par ceux-ci, pour un dépôt du savoir ? Et l'on emmène des masses de manœuvres pour procéder aux enfouissements ? Pelletons dans ces sables du rêve au pays des kangourous…
Mais si les chercheurs sont aidés en Australie par la présence des descendants, de leurs traditions orales et de leurs lieux de refuge, il n'en va pas de même dans l'île de Tasmanie, séparée du continent par le détroit de Bass. Les Blancs ont massacré les Tasmaniens. Totalement. À la fin du XIXe, il n'en restait plus un seul. Nous sommes coupés de toute source d'information. Quelques fouilles ont mis au jour des projectiles de quartz taillé. Nulle trace d'outils avec manche. Comment ont-ils franchi le détroit de Bass ? Des études du fond de mer laissent supposer qu'au pléistocène la Tasmanie était reliée par terre. Mais la carte de la préhistoire australienne et tasmanienne demeure une immensité muette. Rien ne vient encore expliquer cet isolement et cette étrange stagnation technologique et culturelle. Rien enfin ne permet d'imaginer que les premiers Australiens seraient venus de la Nouvelle-Guinée tant la différence de niveau et d'activité culturels est considérable entre les deux populations. Découverte depuis cinq cents ans, la Nouvelle-Guinée, qui compte encore des terres inconnues, est gouvernée en partie par les Australiens modernes, ségrégationnistes. M. l'administrateur règne sur Port Moresby, aux baies encombrées de cailloux, de bouteilles vides et de coques pourries où s'abritent des pauvres indigènes piégés par les bas salaires. Les vieux venus des forêts, et qui ont échoué là, errent ivres dans les rues basses, et des femmes abruties, assises par terre, tentent de vendre un citron, des noix de bétel, des colliers de coquillages. Le centre de la ville est dominé par une enclave entourée de barbelés : les casernes de Murray. M. le chef de l'administration, qui n'a rien oublié des temps durs des guerres tribales et de la grande insécurité, estime que le pays n'est pas viable pour l'indépendance et garde l'esprit répressif du temps de l'anthropophagie (qui n'est pas tout à fait passé, il est vrai) et des coupeurs de têtes. C'est un ancien éleveur de chevaux de courses et un fermier du Queensland, ultra-conservateur, dont l'ethnologie n'est pas le violon d'Ingres. Son adjoint est un ancien infirmier. Le pays a quelque peu changé. On a pacifié les tribus, ouvert des terres absolument sauvages voici vingt ans. Des services de santé et des missionnaires ont travaillé. Une petite élite indigène, difficilement, s'est révélée : cinq cents étudiants l'Université. Mais ils demeurent des indésirables. L'esprit colon n'a pas varié. Ses « bontés » portent faux, et si l'on veut faire ami avec un jeune leader Porgaiga « pour qu'il apprenne notre langue et puisse rapporter aux natifs les bienfaits de la civilisation », on en fait le boy d'un officier. Les contacts avec les tribus des forêts n'ont guère servi l'homme blanc ignorant de la langue, indifférent aux réalités humaines et culturelles particulières. Pour les administrateurs, les aborigènes sont « des singes de rochers », ou des « Oli ». Ce mot pidgin signifie : n'importe qui. Si l'indépendance survient vite, hâtée par les colères et les malentendus, sans relève suffisante dans un peuple tenu en mépris, la forêt ruisselante se refermera sur ses mystères. Les tribus oublieront le bref passage des Blancs et renoueront avec l'éternité en s'enfonçant, à travers la brume blanche, avec leurs perruques de cheveux en forme de bicorne napoléonien, secouées par leur toussotement constant, vers les vallées argileuses des Highlands, préparer sur des pierres chaudes, dans des feuilles de bananes, les corps des derniers missionnaires – pourtant bien méritants –, à la manière du casoar. Mais les jeunes responsables du pays, bien qu'en proie à d'immenses difficultés, sauront peut-être mieux que les Australiens interroger leurs frères, comprendre leur refus de notre monde, et nous révéler leur âme. Certes ils regagneront leur forêt et leur magie, et ils repartiront chasser l'oiseau de paradis, ceux qui venaient (ironiquement ?) écouter M. l'administrateur inaugurer la nouvelle piste d'envol de Koroba, le corps enduit de graisse de porc ou de boue blanche, celui qui avait une pointe Bic dans le nez, celui qui, nu, avait ceint son front d'une fermeture Éclair, et le petit garçon qui portait pour tout vêtement une paire de lunettes peintes…
En opposition avec l'unité stagnante du primitivisme aborigène australien, la finesse et la multiplicité culturelle de la Nouvelle-Guinée est étonnante. À cause de la géographie, les hommes de différentes tribus communiquent peu et vivent dans des vallées fermées. Mais dans chacune l'effervescence paraît considérable. On parle cinq cents langues différentes, soit le dixième de toutes les langues parlées du monde, et quelques-unes se révèlent très élaborées. La langue Duna, par exemple, qui groupe les créatures vivantes en catégories (celles qui volent, celles qui marchent et les basses, celles qui rampent : les cochons et les femmes) possède un vaste vocabulaire dont les variantes sont tonales, comme en chinois. La diversité des costumes, des décorations, des mœurs et des traditions est à son comble dans un peuple qui ignore le concept de l'unité, et qui est sans doute le plus égalitaire et le plus indépendant de la planète. Sans souverains, sans leaders héréditaires, il ne se choisit de chef qu'en cas de conflit, pour le mener au combat.
Il semble que les hommes de la Nouvelle-Guinée tiennent en honneur la pérennité de leurs coutumes, et, loin de vouloir singer les Blancs, affirment devant ceux-ci, avec passion et une sorte de joie rieuse, leur singularité. Le plus connu des jeunes leaders guinéens, qui a été formé par une mission catholique, puis par l'université, Léo Hannett, admire Camus, Luther King, Kennedy et Senghor. S'il doit prendre un jour le gouvernement de son pays, il s'opposera au déracinement de ses frères, à l'émigration vers des villes froides et artificielles, et il voudra que civilisation et tradition se marient sur la terre réelle, dans les petits villages, dans les clairières où l'on cultive la patate douce. Terre forte, nature et hommes ivres de couleurs et de liberté. Dans la forêt fraîche, les arbres s'égouttent continuellement. À l'aube, les vallées des Highlands sont des fleuves de brume laiteuse où nagent les porteurs. Sur les hauteurs, quand le soleil apparaît, le sol se couvre de papillons jaunes et noirs qui sèchent leurs ailes étendues.
Quel dialogue pourrait s'établir entre les Blancs avides et abstraits, gens de béton et de graphiques, et ces hommes plongés dans des paysages daliniens, qui dessinent des fleurs sur leurs jambes et se coiffent de plumes d'oiseaux de paradis et de perroquets ? Au Mount Hagen, il y a dix ans au mois d'août, les Blancs organisèrent une exposition d'animaux de fermes et de machines agricoles. Cette foire devait, désormais, avoir lieu tous les deux ans. Les indigènes l'apprirent, vinrent voir. Les tribus sortirent des jungles, en costumes de fête. À la foire suivante, ils étaient si nombreux qu'ils avaient volé la vedette aux fermiers australiens et hollandais, organisant l'unique et formidable « biennale de la préhistoire » du monde. Il a bien fallu, depuis, les laisser faire. Tous les deux ans, en août, ils viennent montrer aux Blancs et eux-mêmes ce qu'ils sont. Des tribus qui s'ignoraient se rassemblent, dansent, chantent, poussent les cris de guerre en brandissant des lances, des arcs, des flèches. Ils sont vingt mille dans l'arène, la terre tremble, et les touristes photographes se font piétiner. Les Asaros, les Kandeps, les Chimbuns, les Hewas, les Laiagaps ont marché des nuits et des jours à travers des vallées et des forêts où le voyageur, d'habitude, ne rencontre pas cent hommes en plusieurs semaines d'exploration, pour célébrer, face au Blanc, le monde ancien. Il y a les Porgaiga, aux perruques de cheveux décorées de boutons d'or, et qui portent des colliers de dents de chiens et des cache-sexe de coquillages. Il y a les Dunas, qui vivent dans des huttes, les hommes et les femmes chacun de leur côté, se rencontrant dans les buissons, qui se peignent le visage en jaune et rouge pour l'initiation et enfilent dans leur cloison nasale une plume bleue si longue que ses extrémités battent leurs épaules. Il y a – ce sont les plus étranges et les plus bouleversants – les petits hommes de la rivière Asaro, entièrement enduits de boue grise et ocre, avec de gros masques faits de la même boue, figures des origines, maladroites, terrifiantes, douloureuses… Mais il faut bien vendre des tracteurs et des vaches de concours. Au soir, les organisateurs de la foire blanche chassent ces milliers de témoins de l'éternité magique, pour que M. le ministre puisse faire son discours, que l'armée défile et qu'on joue au polo. Les curieux s'en retournent vers Port Moresby, dominé par sa prison. Les tribus repartent se diluer dans les lointaines terres à papillons…
Pourquoi cette exubérance en Nouvelle-Guinée, et cette stagnation en Australie ? Il ne paraît pas que des contacts aient eu lieu. Les mythes de l'Australie orientale racontent que la Terre aurait progressivement émergé d'une mer originelle, mais ne parlent ni de visites, ni de voyages. Ils se rattachent tous aux « temps du rêve », éternellement présents et sources de toute vie, règne des héros célestes créateurs, pères du chamanisme, qui habitaient au Ciel en un lieu rempli d'eau fraîche et de cristaux de quartz. Ce sont les dieux qui régentent la procréation et la mort, l'une et l'autre surnaturelles. Un autre héros, tantôt sage, tantôt nigaud, fut médiateur entre les dieux et les hommes pour apporter des rudiments de connaissance, de technique et de médecine magique. Dans tous ces mythes recueillis vaguement de la tradition orale, paraît courir un tabou contre le changement et l'évasion, comme si cette immensité isolée était vouée la relégation.
Une information singulière, parfaitement déroutante, nous parvenait en 1963. On aurait découvert dans un terrain australien abrité des rochers, l'enfouissement datant approximativement de quatre mille ans, un stock de monnaies égyptiennes. Les lecteurs qui nous communiquaient cette information se référaient à des revues assez obscures, aucune publication archéologique ne faisant mention de cette découverte. Cependant la revue soviétique de grande diffusion Tekhnika-Molodeji, qui consacre une rubrique régulière aux faits inexpliqués, commentée par des autorités, devait reprendre cette affaire, en publiant des photographies des pièces déterrées. Si, cette découverte, dont on comprend qu'elle invite l'archéologue à l'extrême prudence, devait être confirmée, d'énormes questions surgiraient. On ne saurait imaginer une expédition égyptienne vers l'Australie, étant donné ce que l'on sait des moyens de navigation. Quels voyageurs, explorateurs du monde voici quatre mille ans, seraient venus déposer ce stock dans le sol australien ? Et ceci nous ramène à notre hypothèse : ce continent fut-il traditionnellement un lieu de dépôt, une immense cachette, pour des visiteurs du dehors ou une race inconnue qui y organisa aussi une déportation d'hommes maintenus dans l'ignorance ? Ceci, évidemment, n'est qu'une question romantique, surajoutée au mystère du peuplement originel de l'Australie que l'on croyait récent et que de rares fouilles, depuis dix ans, font remonter au paléolithique. En attendant qu'une recherche plus systématique révèle les secrets de cette terre oubliée par le temps.