Chapitre 18

– Monseigneur ! Monseigneur !

Alors que le chébec du comte de Peyrac doublait la pointe de Shoodic, une voix le hélait, venue d'un morutier français qui voguait à quelques encablures sous le vent. Il reconnut à la rambarde Yann Le Couennec, qu'il avait envoyé de Popham à la recherche d'Angélique.

Peu après, les deux navires ayant jeté l'ancre face aux quais de Gouldsboro, le comte, d'un pas hâtif, rejoignait le Breton.

– Parle ! Parle vite !

Yann ne montrait pas son habituelle figure joviale et Joffrey de Peyrac sentit son cœur serré d'appréhension.

– As-tu pu joindre Mme la Comtesse ? Pourquoi n'est-elle pas avec toi ? Avez-vous croisé Le Rochelais ?

Le pauvre Yann baissait la tête. Non, il n'avait pas croisé Le Rochelais. Oui, il avait pu joindre Mme la Comtesse, après avoir traversé la région d'Androscoggi mise à feu et à sac par les Indiens et il l'avait trouvée en perdition sur la baie de Casco.

– Je sais tout cela... Cantor nous a prévenus. Il est reparti les chercher. Las ! Il était trop tard, pleura Jacques Yann.

Cantor trouverait place vide. Barbe d'Or avait capturé Mme de Peyrac comme otage. Il s'empressa d'ajouter, afin d'atténuer les effets de l'atterrante nouvelle, qu'il ne croyait pas Mme la Comtesse en danger. Elle savait se défendre et ce pillard paraissait avoir un équipage bien tenu. Et elle avait eu le sang-froid de le faire évader à temps, lui, Yann, afin qu'on pût donner à savoir ce qu'elle était devenue. Il conta en quelles circonstances s'était effectuée son évasion.

– J'ai couru, et heureusement ils ne m'ont pas poursuivi ; j'ai marché une journée entière en suivant la côte. Vers le soir, en approchant d'une crique, j'ai eu la chance de trouver ce morutier français au mouillage. L'équipage était descendu à terre pour la corvée d'eau douce. Ils m'ont accepté à leur bord et ont bien voulu se dérouter pour me mener ici au plus vite.

Joffrey de Peyrac était livide. Il serrait les poings.

– Barbe d'Or ! Toujours ce bandit... Je le pourchasserai à mort ! Il a déjà capturé le chef de mes mercenaires, le mois dernier, et maintenant ma femme !... Quelle impudence !

Il songeait avec inquiétude à Le Gall et à Cantor qui avaient dû parvenir au lieu du rendez-vous pour y trouver place déserte ou pire : occupée encore par les dangereux malandrins des mers. Découvrant que sa mère était entre leurs mains, Cantor ne serait-il pas tenté de se lancer dans une action de guerre prématurée ? Non ! L'enfant était prudent ! En Méditerranée, il avait appris les ruses de la vie de corsaire. Sans doute se contenterait-il de prendre en surveillance étroite le navire de Barbe d'Or, tout en essayant de faire parvenir la nouvelle à son père.

Malheureusement, le navire Gouldsboro ne serait pas en état de soutenir une chasse et un combat avant deux jours. En travaillant toute la nuit, peut-être pourrait-on prendre la mer le lendemain soir avec le chébec auquel on ajouterait deux canons, et le vaisseau de Vaneireick. Il fallait espérer que le pirate se laisserait intimider par ce déploiement de forces et que l'on pourrait parlementer.

Joffrey de Peyrac fit volte-face et revint vers le Breton.

– Qu'y a-t-il encore que tu n'oses me dire ?... Que me caches-tu ?

Son regard brûlant se rivait à celui de Yann effaré, et qui de la tête faisait des signes véhéments de dénégation.

– Non... Monseigneur, je vous jure... Je vous fais serment sur les images de la Vierge et de sainte Anne... Je vous ai tout dit... Pourquoi ?... Qu'imaginez-vous que je vous cache ?...

– Lui est-il donc arrivé quelque chose ?... Elle est blessée, n'est-ce pas ?... Malade ?... Parle...

– Non, monseigneur, je ne vous dissimulerais pas de tels malheurs... Il se fait que Mme de Peyrac est en très bonne santé... Elle soutient tous les autres... Si elle est restée là-bas, c'est précisément à cause des malades et des blessés... Elle a même recousu le ventre d'un de ces sagouins, celui qui l'a vendue...

– Oui, cela aussi, je le sais...

L'œil perspicace de Peyrac scrutait l'honnête visage de son matelot dont l'hiver passé avait fait pour lui un compagnon et un ami. L'Iroquois ne l'avait pas fait trembler ni les approches de la famine. Or, aujourd'hui, Yann tremblait. Peyrac entoura de son bras les épaules du jeune homme.

– Qu'as-tu ?...

Et Yann crut qu'il allait éclater en sanglots comme un enfant. Il baissa la tête.

– J'ai beaucoup marché, murmura-t-il, et ce n'était pas facile d'échapper aux sauvages en guerre.

– C'est vrai... va te reposer. Il y a une espèce d'auberge, sous le fort, que tiennent Mme Carrère et ses filles. On y fait bonne chère et l'on y boit dès aujourd'hui du vin de Bordeaux arrivé d'Europe. Répare tes forces et tiens-toi prêt à faire campagne avec moi dès demain, si le temps nous est propice.

Le comte de Peyrac et Roland d'Urville réunirent dans l'une des salles du fort, qui tenait lieu de salle du conseil, Manigault, Berne, le pasteur Beaucaire et les principaux notables huguenots ; ils demandèrent à Vaneireick et à son second d'être présents, ainsi qu'Erikson, le capitaine du Gouldsboro. Le père Baure assistait également au Conseil. Don Juan Alvarez, le commandant de la petite garde espagnole, se tenait derrière le comte comme une sombre figure hiératique veillant sur son salut. Joffrey de Peyrac les mit tous brièvement au courant des derniers événements. Le fait que son épouse, la comtesse de Peyrac, était tombée entre les mains de leur ennemi, l'obligeait à une extrême prudence. Pour avoir vécu aux Caraïbes, ils connaissaient les mœurs des gentilshommes d'aventure et Gilles Vaneireick en témoignerait comme lui, Mme de Peyrac ne risquait pas d'être maltraitée tant qu'elle représentait valeur d'otage. Jamais grande dame capturée, qu'elle fût espagnole, française ou portugaise, n'avait eu à se plaindre de ses geôliers, en attendant la généreuse rançon qui lui permettrait de retrouver la liberté. On racontait même que quelques-unes d'entre elles, quand le flibustier était de bonne mine, n'avaient point trop de hâte de voir se terminer leur captivité. Mais l'on savait aussi que, pourchassées, acculées à la bataille ou au naufrage, déçues dans leur espérance de rançon, certaines de ces brutes prêtes à tout n'hésitaient à mettre leurs menaces contre les otages à exécution.

Il fallait également prévoir qu'en cas d'attaque sur Gouldsboro le poste ne disposerait que d'une défense terrestre. Avant de s'éloigner, on procéda à la répartition des munitions. Sur ces entrefaites, la sentinelle espagnole passa une tête effarée, casquée d'acier noir, par l'entrebâillement de la porte, et s'écria :

– Excellenzia, quelqu'un vous demande.

– Qui est-ce ?

– Un « hombre ».

– Qu'il entre !

Un homme, bien bâti et fort barbu, vêtu d'un seul pantalon de marin, déguenillé et trempé, apparut sur le seuil.

– Kurt Ritz ! s'exclama Peyrac.

Il venait de reconnaître dans l'arrivant « l'autre » otage de Barbe d'Or, le mercenaire suisse, qu'il avait engagé comme recruteur, lors d'un voyage au Maryland. Les habitants de Gouldsboro le reconnurent également, car il avait débarqué chez eux en mai, avec les soldats levés par lui pour le service du comte de Peyrac. Il s'apprêtait à partir pour l'arrière-pays lorsqu'un soir il s'était laissé surprendre sur le rivage par les hommes de Barbe d'Or embusqués dans les îles et qui avaient entrepris le siège de Gouldsboro. C'était peu avant le combat décisif qui avait obligé le pirate à s'enfuir. On craignait que Kurt Ritz eût payé les frais de cette défaite. Or, il était là, apparemment en bonne santé, quoique fatigué, semblait-il, par une longue course.

Peyrac le prit aux épaules, cordialement.

– Gröss Gott ! Wie geht es Ihnen, lieber Herr ? Je m'inquiétais de votre sort.

– J'ai enfin réussi à m'enfuir de ce sacré bateau, de ce sacré pirate, monseigneur.

– Quand cela ?

– Il n'y a guère plus de trois jours.

– Trois jours, répéta Peyrac songeur. Le navire de Barbe d'Or ne se trouvait-il pas alors au nord de la baie de Casco, vers la pointe Maquoit ?

– Monsieur, vous êtes devin !... C'est bien là en effet le nom que j'ai entendu prononcer par les hommes d'équipage... Nous avions jeté l'ancre à l'aube... Il y avait beaucoup d'allées et venues avec la terre, un certain désordre... Vers le soir, j'ai remarqué que la cabane où l'on me tenait était mal close. Le mousse qui m'apportait ma pitance avait oublié de cadenasser la porte. J'attendis la nuit profonde et me glissai au-dehors. Je me trouvais situé à l'arrière sous la dunette. Or, tout semblait désert. J'apercevais des feux sur la plage. On aurait dit que l'équipage festoyait à terre. La nuit était sans lune. Je grimpai sur la dunette et j'enjambai le parvis à l'arrière. Puis, en me cramponnant aux moulures, je suis descendu jusqu'au balcon de la grand-chambre. De là, j'ai plongé et j'ai gagné un îlot voisin. J'attendis afin d'être sûr que l'alerte n'était pas donnée. Alors, j'ai repéré une autre île plus loin et j'ai tenté ma chance, bien que je ne sois pas un très bon nageur. À l'aube, j'y étais. Sur le côté ouest, il y avait des réfugiés anglais. Je ne me suis pas mêlé à eux. J'ai attendu à l'est, du côté des falaises. Dans la journée, j'ai vu passer des canoës indiens, des Tarratines, Sébagots, Etchemins qui remontaient vers le nord avec des scalps à leur ceinture. Je leur ai fait signe et leur ai montré la croix que je porte au cou. Nous sommes catholiques, nous autres, dans la haute vallée du Rhône. Ils m'ont pris avec eux et m'ont déposé quelque part à l'embouchure du Pénobscot. J'ai marché de jour et de nuit et, plutôt que de contourner les fjords, j'ai traversé plusieurs bras de mer à la nage. J'ai bien failli me laisser entraîner par les courants et la marée haute...

Mais enfin me voici.

– Gott sei Dank ! s'exclama Peyrac, monsieur Berne, n'aurions-nous pas à portée de main un flacon de bon vin afin de réconforter le plus grand nageur en eau salée des Waldstaeten17 ?

– Si fait.

D'une console, maître Berne tira un flacon de vin de Bordeaux et un gobelet d'étain. L'homme avala d'un trait. Le sel de la mer l'avait assoiffé, mais il était à jeun et le vin fort lui monta à la tête et lui mit le sang au visage.

– Ouf ! Es schmeckt prima. Ein feiner Wein ! J'ai été tellement ballotté par les flots que la tête me tourne.

– Vous avez eu de la chance, dit quelqu'un. Les tempêtes d'équinoxe menaçaient, mais ne se sont pas déchaînées.

Le Suisse se versa une seconde rasade et parut tout ragaillardi.

– Avez-vous gardé ma bonne hallebarde ? interrogea-t-il, je ne m'en étais pas muni lorsque je me promenais dans les rochers et que ces maudits m'ont assailli.

– Elle est toujours au râtelier des armes, lui dit Manigault en désignant des pitons au mur qui soutenaient des lances de diverses tailles et parmi elles une plus longue pique terminée par cette admirable fleur de chardon d'acier de l'arme helvétique, dont la ferronnerie élégante a caché si longtemps le terrible pouvoir meurtrier qu'elle révélait entre les mains d'un Suisse : la courbe en hameçon du couperet pour crocher et haler, la lame aiguisée pour trancher les têtes, sa pointe effilée pour transpercer les ventres et les cœurs.

Kurt Ritz se saisit de son arme avec un soupir.

– Ah ! La voici enfin ! Quelles mortelles semaines j'ai passées à me ronger les poings sur cette nef ! Et mes hommes, que sont-ils devenus ?

– Ils sont au fort de Wapassou.

Tous le regardaient en songeant qu'il s'était sans doute évadé le jour où Angélique de Peyrac avait été capturée par Barbe d'Or. L'avait-il su ? Avait-il aperçu l'épouse du comte ? Un indéfinissable pressentiment les retenait – et Peyrac lui-même – de l'interroger à ce sujet.

– Vous a-t-on maltraité ? demanda Peyrac en hésitant.

– Que non pas ! Barbe d'Or n'est pas un « mauvais » et c'est un bon chrétien. Tous les soirs et tous les matins, ses hommes faisaient la prière sur le pont. Mais il veut votre mort, monsieur le comte. Car il dit que les territoires du Maine où vous êtes installé lui appartiennent et qu'il est venu avec les siens pour y fonder une colonie... On lui avait promis que les femmes qui étaient à Gouldsboro seraient pour lui et ses hommes, que c'étaient des filles reléguées.

– Quelle insolence ! sursauta Manigault.

– Aussi a-t-il été surpris de la défense éprouvée. Et s'il m'a enlevé, c'était pour avoir une possibilité de négociation, car il est têtu comme une mule. Après avoir été tiré à boulets rouges par ces messieurs ici présents, il est allé se radouber dans une île de la baie de Casco, mais il reviendra...

Le Suisse but encore. Il commençait à planer en pleine euphorie.

– Oh ! Je pourrais vous dire bien des choses sur Barbe d'Or lui-même car c'est un homme rude, mais honnête, oui, honnête... Il fait peur à ceux qui le voient de loin, mais ses intentions sont droites... Et puis il y a une femme là-dedans... Sa maîtresse... C'est elle qui l'a rejoint à la pointe Maquoit. C'est elle qui doit avoir tout manigancé car elle a l'air d'une fameuse gaillarde... Une de ces femmes qui vous alignent des chiffres sur parchemin, sans une erreur remplissent leur coffres, et vous envoient un bonhomme à la guerre pour les remplir encore... À leur service... Elles ont de quoi payer, les mâtines. Belles comme Vénus, intelligentes. Celui qui n'a pas envie de se faire tuer pour elles, c'est que vraiment il n'aime pas la vie ni l'amour... La maîtresse de Barbe d'Or est une femme de cette trempe... Et belle avec ça... Tout le navire était en effervescence de l'avoir vue monter à bord. C'est une Française. Elle l'attendait là, à Maquoit. Elle a des yeux comme de l'eau de roche, et des cheveux comme un rayon de soleil... C'est grâce à elle que j'ai pu m'évader ce soir-là. Barbe d'Or leur avait distribué à tous trois pintes de rhum par matelot pour fêter l'événement... Quant à lui...

Kurt Ritz renversa la tête en arrière et rit d'un rire silencieux. Puis il lampa encore un verre.

– Lui... je n'aurais pas cru... Mais fou d'elle, qu'il est... À travers les planches de ma cabane, je l'ai vu passer sur le gaillard d'arrière. Il la tenait par le bras et il la regardait... la regardait...

Les vapeurs du vin lui montaient à la tête, il pérorait, sans s'étonner de leur silence, sans se troubler de ne les discerner que figés comme des cierges, dans un halo trouble, avec des faces sans sourires, durcies, gelées.

– Le nom de cette femme ? fit la voix du comte, brève.

Sa voix paraissait surgir d'un univers cotonneux, et elle était sourde, lointaine. Tous les hommes présents se sentaient saisis de panique et d'une envie de s'enfuir. Kurt Ritz branla la tête.

– Weiss nicht ! Tout ce que je sais, c'est qu'elle est française... et qu'elle est belle, ça oui ! Et qu'il l'a dans la peau, Barbe d'Or, à en crever... JE LES AI VUS... la nuit... dans la grande chambre, par la fenêtre du château arrière... La fenêtre était ouverte... J'étais descendu jusquelà et j'ai risqué un œil... Il y avait une chandelle sur la table et je les ai vus... La femme était nue dans les bras de Barbe d'Or... Un corps de déesse... et ses cheveux sur les épaules... Au soleil, je les avais crus blonds, mais là j'ai vu qu'ils étaient comme une coulée de clair de lune... Une nappe d'or pâle... Des cheveux de fée... Il y a quelque chose en cette femme qu'il n'y a à nulle autre, quelque chose de... merveilleux... Je comprends qu'il en soit fou, le pirate... Je n'osais pas plonger à cause de cette fenêtre ouverte... Même des gens qui sont occupés à s'aimer peuvent avoir l'oreille fine... Et Barbe d'Or, c'est un chef : toujours aux aguets... J'ai dû attendre un peu...

Il parlait, parlait. Il était ivre maintenant et parlait sans s'étonner du silence écrasant, sans réaliser ce qu'il y avait d'inquiétant à ce qu'on le laissât parler ainsi, décrire, s'attarder sur cette scène d'amour.

Il répéta en dodelinant de la tête :

– D'où vient-elle, cette femme ? Je n'en sais rien. Elle l'a rejoint là-bas... Son nom... Attendez, je crois me souvenir. J'ai entendu... Pendant qu'il lui faisait l'amour, il l'appelait « Angélique ! Angélique ! ». Un nom qui lui va...

... Il y eut un silence terrible !

Et, subitement, la hallebarde s'échappait des doigts de Kurt Ritz. L'homme vacillait, reculait, s'appuyait au mur, dégrisé, le teint soudain pâle, les yeux exorbités fixés sur Peyrac.

– Ne... ne me tuez pas, monsieur !

Pourtant personne n'avait bougé. Ni même le comte de Peyrac, toujours aussi droit et immuable. Mais c'était de son regard sombre que le Suisse avait senti jaillir l'éclair de mort. En homme des champs de bataille, il avait su qu'elle était sur lui, la mort. Dégrisé, sans comprendre, son regard s'attachait à celui de Peyrac, certain d'un danger mortel. En même temps, avec une prescience effarée, il s'apercevait que tous les personnages de cette scène pour lui incompréhensible, ceux qui se tenaient là présents comme des spectres, dans un silence de tombe, auraient tous et chacun préféré être sourds, muets, aveugles, six pieds sous terre, que d'avoir à supporter l'instant qui passait, dans cette pièce close. Il avala sa salive avec effort.

– Qu'arrive-t-il, messires ? gémit-il. Qu'ai-je dit ?

– Rien !

Le Rien tombait comme un couperet des lèvres de Peyrac.

Encore une fois, le timbre du maître paraissait venir d'un autre monde.

– Rien que vous n'ayez à vous reprocher, Ritz... Allez... Allez, maintenant. Vous avez besoin de repos... Dans quelques jours, il vous faudra rejoindre vos hommes dans les Appalaches, au fort de Wapassou...

D'une démarche titubante, l'homme gagna la porte. Quand il fut sorti, chacun s'empressa de se retirer en silence, non sans avoir auparavant effectué un profond salut, devant le maître de Gouldsboro comme ils l'eussent fait, se retirant, devant le roi. Chacun, au-dehors, remit son chapeau sur sa tête et s'en fut sans un mot, vers sa demeure. Sauf Gilles Vaneireick qui attira d'Urville à part et lui dit : Expliquez-moi...

Загрузка...