Sâli-Sang est une petite localité située à une vingtaine de kilbus de Denpasar (si Denpasar on te donnera autre chose). Les maisons y sont humbles, comme presque partout à Bali, les échoppes nombreuses, où l’on vend des babioles d’argent ciselé : bijoux de semi-pacotille que les touristes marchandent d’autant plus âprement qu’ils valent des prix dérisoirement bas. Un temple un peu plus fameux que les autres célèbre la foi bouddhiste. Des autochtones portant le sarong viennent y déposer des offrandes en pyramides précaires dressées sur des plateaux d’osier tressé. Une quantité de nourritures bigarrées : paquets de biscuits et de bonbons, fruits exotiques, poulets rôtis, sacs de riz, fleurs, pièces d’étoffe, artistiquement assemblés et fixés, ornés de rubans aux teintes vives. Les nabus du coin queueleuleutent et disposent leurs pièces montées sur l’entablement des espèces d’autels en plein air, sous les regards atones des statues et des prêtres, pour la plus grande allégresse des mouches à reflets bleus. Ils se prosternent, ravis d’offrir, eux si pauvres, des denrées qu’ils estiment riches à ces divinités roupillantes. Ils surveillent en coin l’offrande du voisin, plus somptueuse ou plus modeste que la leur, car même en pleine crise de foi, les hommes sont vermines que tu peux pas savoir l’à quel point, bordel ! A s’entre-jalouser comme des gorets !
Henriette et moi les regardons manigancer. Des touristes épars flashent à tout-va, quand bien même ils ne sont pas japonais. Voleurs d’images ! Agaçants grappilleurs d’existences. Voyeurs de rien ! Connards ! Connards ! Et je dirai même : connards !
Elle a l’habitude, Mme Mombauc-Surtabe, de cicéroner les personnalités gouvernementales en déplacement à Bali. Un vrai guide bleu des Vosges, la mère. Te récite par cœur le pourquoi du comment des trucs. L’origine des traditions. L’historique, tout bien. En connaît un monstre rayon sur les mœurs, les races, les religions et tout le bazar. Very interesting, je la trouve. D’ailleurs, même si elle était analphabète, avec un cul pareil et un brio amoureux aussi performant, elle ne me laisserait pas indifférent.
La crémation annoncée par la mystérieuse voix féminine au pseudo-Billy dont je tenais le rôle au pied levé, va avoir lieu dans vingt minutes. Comme nous étions en avance, Henriette m’a montré le temple Polotour de Sâli-Sang, parce que, justement, c’est la fête religieuse du Nantankungong.
Elle se met au volant de sa petite chignole de louage et nous allons attendre la cérémonie crémateuse sur l’esplanade y affectée. On se gare sous des eucalyptus poussiéreux, dans un coin du terre-plein. Il fait doux, le soleil brille et ma braguette chante sa joie de vivre. Deux bûchers sont dressés.
— Ils font philippine ? demandé-je.
— Oui, sourit ma conquête. Le mari et la femme sont morts dans un accident de mobylette, selon ce que j’ai appris.
Sa main caresse ma cuisse. On dirait que ses avaries de réchaud sont réparées et qu’elle se trouve de nouveau opérationnelle, la jolie chérie. Je sens, aux effluves qui partent d’elle, combien elle regnanate du frifri. Avant notre envol de l’aprème, Jérémie et moi, faudra que je lui ménage une séance d’adieu, Henriette.
Une bouillave langoureuse, je pressens. A la nostalgique, côte à côte dans le pucier. Juste je lui tiendrai, une jambe levée, pas qu’elle fatigue trop.
Tout ça après la préface habituelle, œuf corse. Le petit compliment débité à bout portant sur le bistougnet. Je la planterai nonchalamment en lui récitant des pages entières de mon adaptation personnelle de Gamiani. J’irai d’une allure primesautière, sans forcer la cadence. Valse anglaise, tu vois ? Pas du tout la harde sauvage. Je ferai jouer les violons. Hier, c’était du Wagner ; today, ce sera du Chopin. Pratiquer l’alternance, comme en présidence de République. Un septennat t’as François Mitterrand, le septennat d’ensuite, t’as Mitterrand François, tandis que Double-patte et Patachon s’en vont vendre des moules dans leurs circoncisions (comme dit Bérurier-le-puissant).
Elle soupire, en tirant sur la sonnette d’alarme de ma fermeture Eclair :
— Pourquoi tiens-tu tellement à voir cette crémation, Antoine ? Par curiosité ?
— Point tant, réponds-je. Tu sais, sur le chapitre des émotions fortes, j’ai déjà donné. Mais il y avait comme de l’ironie dans le ton de la fille au téléphone, quand elle a prévenu son copain Billy que celle-là allait avoir lieu.
— Et tu en conclus quoi ?
— Rien, sinon que je ne dois pas la rater.
Elle a glissé sa main preste dans l’encolure de mon slip pour un brin de causette avec Nestor. Où tu constates la gonzesse expérimentée, c’est la manière qu’elle le chope par le cou avec un mouvement de pas de vis (et non pas de vice). Toujours à dispose, Matéose ! Il a droit à un petit bisou affectueux qui le pavane à bloc.
Sans doute pousserait-elle plus loin sa manœuvre si une musique n’éclatait à cet instant au cœur du village. Cloches et tambours, comme partout ! Bach aurait vécu ici, il se zinguait recta.
— Les voilà ! fait-elle, bien qu’on ne doive pas parler la bouche pleine.
Je remets Coquette à la niche, par décence. J’ai rien de morbide et je suis pas le genre d’auteur à se faire tailler un calumet devant des cadavres, Dieu merci beaucoup !
Maintenant, faut que je vais te décrire les bûchers. Ils sont placés côte à côte, à environ trois mètres dix de distance. Chacun se compose de deux espèces de palissades faites de troncs de bananiers (ceux-ci ne brûlent pas et retiennent les braises). Entre cette double palissade sont accumulés des fagots sur une hauteur d’environ deux mètres. Le bûcher est surmonté d’un dais de papier aux couleurs « flamboyantes », si tu me permets l’expression, vu la circonstance. Quatre autres troncs de bananiers le soutiennent. A l’extrémité de l’un des bûchers, un trépied supporte une espèce de lance-flammes en tôle servant d’embout à un tuyau de caoutchouc qui serpente sur la terre galeuse jusqu’à un baril rouillé juché sur un praticable. Tu mords le topo, Toto ?
Alors ne me reste plus qu’à laisser arriver le cortège et, justement, le voilà qui débouche. En tête marchent les musiciens, coiffés d’étranges bonnets orangés. Tout de suite derrière viennent les catafalques mortuaires, joyeux, pimpants, portés à dos d’homme par les costauds du patelin. Ils sont garnis de guirlandes jaunes et rouges, d’étoffes chamarrées. Des offrandes sont accrochées tout autour du dais : des poulets vivants pendus par les pattes, des fruits, des fleurs, des couronnes de papier. Le prêtre marche à côté, poussant son Solex du retour. Il est en jean et porte un T-shirt aux armes de Coca-Cola et un bonnet-turban cradoche. La foule suit en bavassant. Rien de triste dans cette cérémonie funèbre.
La compagnie se déploie sur l’esplanade ; les porteurs exécutent trois tours des bûchers, tandis que le rythme de la musique s’amplifie à devenir insoutenable. Et puis les catafalques stoppent chacun devant le bûcher dévolu au client qu’ils amènent. Des hommes les escaladent et dégagent les étoffes recouvrant les défunts. Ils se saisissent alors des corps enveloppés dans un linceul blanc, raides et étroits car, en fin de compte, la mort est menue et, ce con de duc de Guise excepté, un homme paraît encore plus foutriquet lorsqu’il a trépassé que quand il est vivant.
On coltine chaque macchabe sur un bûcher et commence une série de rites bizarroïdes consistant à asperger de parfum les dépouilles, à les parsemer de fleurs, à leur délivrer de touchants présents : les derniers.
Juché sur un bout d’échelle, le prêtre vient faire l’ultime toilette des morts. Il commence par le corps de l’homme dont il écarte le suaire. Il verse de l’eau bénite (ou assimilé). La sempiternelle musique continue de retentir à t’en scier les nerfs. Par instants, elle semble faiblir, mais une phase du rituel la relance et elle repart dans l’insoutenable.
— Curieux, non ? murmure Henriette.
— Descends de la voiture, chérie, et va repérer dans la foule les assistants étrangers au pays, en particulier les Blancs, ordonné-je.
Docile, l’étrangleuse de pafs quitte la tire et se fond dans la populace.
Je continue de mater le déroulement des opérations. Maintenant, on en a terminé avec l’homme et on s’occupe de l’épouse. Le cérémonial est identique. Et pourtant, à un moment donné, voilà que ton faramineux Santonio (et je pèse mes termes) ouvre sa bouche grand comme l’entrée du tunnel sous la Manche (côté anglais). Je profite de ce qu’elle bée pour sourire avant de la refermer, comme l’écrivait M. Maurice Schumann dans son livre.
Laissant là toute prudence, je me dévoiture à mon tour. Moi, y en a chien de chasse, que veux-tu ! Je ne peux résister à l’appel de mon dur métier, en comparaison duquel celui d’écailler est de tout repos, malgré le maniement du redoutable couteau à huîtres qu’il implique.
Hardiment, je fends la foule afin de me porter au premier rang et voir le « spectacle » de plus près.
Ayant ardemment regardé, je me prends en tête à tête pour une conférence intime. L’une des plus importantes que j’aie eue à tenir depuis que je trimbale une carte barrée de tricolore contre mon cœur.
Dois-je, ou ne dois-je-t-il pas ?
Faut-il ou ne fauché-je point ?
Cruelle indécision.
J’écoute, dans la coquille creuse de ma mémoire, la voix du Vieux, hier, au bigophone, quand il me disait :
« — Pas de vagues, mon petit. Il vaudrait mieux solutionner cela d’une manière radicale mais discrète, si je me fais bien comprendre ? Une telle affaire, si elle éclatait au grand jour, ferait trop de bruit. C’est la France qui en pâtirait, Antoine, vous le comprenez bien, n’est-ce pas ? »
Et moi de bredouiller en comprimant mes rancœurs :
« — Qu’entendez-vous par « solutionner cela d’une manière radicale », monsieur le directeur ? »
Son silence dans lequel défilaient des points d’exclamation, comme une cohorte de petits soldats de plomb !
« — Mon cher, il est des réponses qu’on ne peut décemment articuler. »
Joli, non ?
Et puis nous avons raccroché presque simultanément, mais tout de même, lui le premier, m’a-t-il semblé. Et à présent que j’ai vu, à présent que je sais, le doute me vient encore, bien qu’il n’ait plus de raison d’être. Faire quoi ? Me précipiter, théâtral ? Haranguer la foule ? Inter-rompre cette cruelle cérémonie-spectacle ? Créer l’incident ? Ne sois pas con toute ta vie, Antoine. Essaie de marcher au pas, de temps à autre, pour aller plus sûrement vers tes vieux jours ! Et puis, surtout, il y a mieux à faire.
Au pied du bûcher, je me détrancane la matière grise. « Si la fille qui croyait parler à un dénommé Billy, hier, à l’hôtel, lui a conseillé de venir assister à cette double crémation, c’est qu’elle comptait y participer elle-même, non ? De toute façon, on peut penser que, selon toute logique, quelqu’un du Suey Sing Tong est présent à « la fiesta ». Ne serait-ce que pour vérifier que tout se passe au poil. Le quelqu’un est, sans aucun doute possible, en train de m’observer. Il a, à cet instant, l’œil rivé à moi. Je sens d’ailleurs l’intensité de ce regard sur ma nuque. Alors, tu sais quoi, Tonio ? Tu vas te retourner brusquement. L’éclair ! Et, en une fraction de seconde, il te faudra repérer qui t’observe, pas laisser le temps à l’intéressé de déporter ses yeux. Putain, si je disposais au moins d’un petit miroir, je m’en servirais comme périscope. Tu y es, Antoine ? Go !
Je volte d’un bloc. Si promptement que la langue préhensile du caméléon gobant une mouche pourrait passer pour un trombone à coulisse, en comparaison.
« Elle » est là, à trois rangs, pile devant moi. Au côté d’un gros Chinois adipeux (a dit peu, mais a pense beaucoup !). Une rousse coiffée serré malgré l’échevelure naturelle de ses crins. Queue-de-bourrin, tu vois ? Nouée par un ruban. Pantalon blanc, corsage jaune. The sun ! Kif si je me trouvais en état second, je marche droit à elle.
— Bonjour, lui lancé-je, farceur.
Elle a récupéré de sa surprise et, pour lors, la feint :
— Monsieur ?
— Je suppose que vous espériez me trouver ici, dis-je.
— Mais, monsieur…
— En constatant votre erreur, hier, vous avez dû en déduire que, puisque je n’étais pas Billy, j’étais moi-même, non ?
Je viens de la choper par le bras. Elle agite violemment son aile afin de se dégager. Mais l’étreinte santoniaise, pardon, t’as plus vite fait de te libérer d’une camisole de force !
Son compagnon intervient.
— Lâchez mon amie, il ordonne (de culasse[17]).
Mais mézigue, j’en ai plein les bottillons de cette équipe.
— Moule-moi, figure de courge. Quand c’est plus l’heure, il faut raccrocher les rapières au portemanteau !
Je poursuis, m’adressant à la fille :
— Une supposition, poupée : je m’élance jusqu’au bûcher de droite, je tire un pain dans la gueule du prêtre, j’écarte les plis du linceul et montre à la foule que la dame qui va cramer est une Blanche, blonde comme les blés. Tu vois d’ici la réac de ces gens ?
Putain, que m’arrive-t-il ? Le gros Chinois a sorti un stylet de sa fouille, dont il fait jaillir la lame du pouce. Le déclic qui m’a alerté. Moi, prompt comme tout ce que tu voudras, j’amorce une esquive et lui biche le poignet. Il donne une secousse pour se dégager, réaction à laquelle je m’attends. Au lieu de lui opposer une résistance, j’accompagne son geste. Dès lors, son bras mollit. Je le lui remonte en arc de cercle et dans le mouvement, sa foutue lame se plante dans son aine. Pas profondément, mais comme ces gens du Suey travaillent au curare, l’égratignure suffit pour l’envoyer à dache. Il y part rapidos, dirait mon cher Antoine Decaune, qui en dira bien d’autres, j’aime autant te prévenir !
Le gros Chinetoque fait une bouche rectangulaire comme une boîte à dominos, son regard débride, il fléchit et coule sur soi-même, telle une bougie. Nase ! De profundis ! Il pratique avec une telle discrétion que les spectateurs ne s’en aperçoivent même pas. Ils ont mobilisé toute leur attention sur le premier bûcher qu’on vient d’allumer. Pour commencer, en fourrant un tampon imbibé d’essence au creux du bois, puis en braquant sur ce début de brasier la lance du tuyau. Dès lors, ça se met à cramer haut et fort ! Des flammes joyeuses s’élèvent. Que ce soit pour un feu de cheminée ou une crémation, les flammes sont toujours gaies. Vivifiantes, elles qui anéantissent si bien. Oui, vivifiantes parce que purificatrices. Ça détruit les saloperies, sais-tu ? Et Dieu que les hommes en font partie, les pauvres ! Elles anéantissent tout avec la même verve : les chalets pimpants, comme les charognes odieuses. Pour commencer, elles se dressent vers les montants du dais et encrament la décoration de papier gaufré : vraoufff !
D’un coup ! Que ça me rappelle papa quand, au dessert, il formait un rouleau léger avec le faf enveloppant les oranges, puis mettait le feu au sommet du frêle cylindre. Le papier était posé sur son assiette à dessert, pas risquer de carboniser la belle nappe empesée de m’man. Il brûlait jusqu’aux deux tiers et, brusquement, ce qui subsistait s’élevait, rectiligne, au-dessus de l’assiette, semblable à une montgolfière miniature. Et c’était beau, je te garantis. Le moutard que j’étais matait avec extase l’élévation floue. J’ignorais que c’était déjà l’âme de p’pa qui s’en allait un peu. Maintenant, je le sais. On enveloppe de moins en moins les oranges, mais quand j’en rencontre une, encore habillée de cette robe légère, à mon tour je roule son emballage, puis l’enflamme juste pour ressusciter un instant perdu. On est puérils, les adultes, beaucoup plus que les mômes.
Mais revenons à la situation tendue. La fille, du temps que je m’occupais de son compagnon, tu parles qu’elle a dégainé en souplesse. Un mignon pétard à gros mufle, nickelé comme un carter de Bugatti. Du revolver à barillet assez infaillible dans ses œuvres. Elle le dirige sur mon ventre et son œil étincelant exprime les pires menaces.
Elle murmure entre ses dents :
— Eloignons-nous d’ici, sans affolement.
L’air commence à sentir le cochon brûlé. Car, en cramant, l’homme, tu le sais, pue le porc. C’est révélateur, non ? On est parents dans l’olfactif comme dans le comportement, le goret et nous.
— Vous mettez vos deux mains dans votre dos et vous avancez !
Le ton est tranchant, n’admet aucune discussion. Je sais qu’elle défouraillera sans barguigner, sûre de n’être pas gênée dans sa fuite ensuite, car la musique de cloches est intolérable pour les étagères à crayons, et un coup de feu, au sein d’une telle populace, ne serait pas davantage perçu qu’un pet de dame patronnesse durant le grand largo de Haendel à l’orgue.
— Où dois-je aller ? lancé-je par-dessus mon épaule.
— Direction village !
O.K., je ne suis pas sectaire.
En m’éloignant, le destin supérieurement agencé me fait croiser Henriette occupée à fureter. Je lui fais les gros yeux et, par une mimique follement éloquente, l’avertis de ce qui se passe. La chère bandeuse encaisse le message et disparaît.
Bon, alors on continue de marcher. Ça fouette de plus en plus et la foule se clairsème à force de lui aller à contre-courant.
Nous voici en bout d’esplanade. J’avise une Range Rover couleur caramel métallisé, qui étincelle au soleil. Et puis j’entends presque simultanément, un choc, un cri, un bruit d’éboulement. Je me retourne : mon agresseuse est au tapis, gigotant comme une nasse pleine de langoustes fraîchement pêchées. Henriette, effarée, la regarde, balançant au bout de son bras la grosse pierre dont elle vient de se servir pour estourbir la radasse du Suey Sing Tong.
— Vous êtes la plus exquise des compagnes, Ninette, soupiré-je en ramassant l’arme toute bêtasse qui gît dans la poussière.
Tu dirais un bull-dog stylisé, ce revolver.
— Je crois que cette jeune femme vient d’être frappée d’insolation, déclaré-je. Conduisons-la jusqu’à notre voiture, chérie, en la soutenant chacun par un bras.
Nous regagnons la tire à petits pas. Personne ne s’occupe de nous. Là-bas, sur son bûcher, Lassale-Lathuile flambe comme un mannequin bourré de paille. L’un de ses bras noirci pend sinistrement hors du bûcher et un gazier des pompes funèbres balinaises le refoule dans le brasier avec l’extrémité d’un petit tronc de bananier. Dantesque ! Quelle étonnante fin pour un contrôleur du fisc !