CHAPITRE IV LE COUP DE FORCE DE MARIE-MARIE

— Je veux voir aussi, je veux voir aussi, trépigne Marie-Marie !

— Écrase, c’est pas de ton âge ! riposte Béru.

— J’ai pas peur des morts, tu sais, affirme la péronnelle, simplement, je trouve qu’y z’ont l’air un peu poire…

— C’te morte de là-haut, elle a plus d’air du tout, soupire le Gravos.

L’arrivée d’Évariste met fin à la discussion. Plantin a été prévenu par son garçon de ferme et il radine dans une crise de tachycardie impressionnante qui l’oblige à marcher à l’équerre.

— Qu’est-ce que j’apprends, parvient-il à bavocher, il y a un cadavre en putréfaction dans mon pavillon de chasse ?

Je lui désigne l’échelle dont nous nous sommes munis :

— Si le cœur vous en dit, m’sieur le maire !

— Ne me parlez pas de mon cœur, il va finir par me lâcher avec tous ces drames… Mais qu’est-ce que c’est que ça ! coupe-t-il en désignant la poêle où subsiste un reliquat d’omelette.

L’interpellation déconcerte Sa Majesté.

— Ça ? bredouille-t-elle, manière de se stimuler la glande à mensonges.

— Oui ? insiste farouchement ce grigou de Plantin, lequel semble plus préoccupé par le morcif d’omelette froide que par le cadavre.

— C’est comme qui dirait un restant d’omelette, positive Bérurier. Un clodo quéconque sera venu tortorer ici, cousin !

Mais l’hypothèse ne convainc pas m’sieur le maire.

— Mouais, mouais, mouais, ronchonne le premier magistrat de la commune, je le vois d’ici, ton clodo, Alexandre-Benoît ! M’étonne plus que ma production d’œufs soit en baisse depuis votre arrivée à tous les deux. Tu veux que je te dise, cousin ?

— Dis-y, se résigne l’Humilié.

— Tu n’es qu’un sac à mangeaille ! Un de ces jours, tu crèveras d’indigestion !

Il ponctue sa prophétie d’un ricanement attestant l’absence de chagrin qu’il aura lors de sa réalisation.

— Me fais pas marrer, ’Variste, ça flanque des courants d’air dans mes dents creuses, répond le Mastar. Si tu nourrirais convenablement les gens que t’invites, y seraient pas obligés de se colmater les brèches avec les minables œufs de tes poultocks nourris aux produits chimiques !

Comme par enchantement, il a le battant rectifié, Plantin. Une insulte pareille, ça vous redresse les avaries en moins de deux. Le docteur Barnard vous le dirait, entre une conférence de presse et un gala.

— Bérurier, grince l’homme blasphémé, tu n’es qu’un triste individu : bâfreur, pique-assiette, chapardeur, grande gueule et calomniateur. Quel triste exemple pour cette enfant qu’on t’a confiée ! Je me propose de faire le nécessaire afin que cette tutelle te soit retirée.

Mon ami enfle à force de colère, mais c’est Marie-Marie qui prend la parole avec promptitude :

— Cousin Évariste, dit-elle, je vous défends d’insulter mon onc’ Bérurier vu que c’est un homme que vous lui viendrez jamais à la cheville. C’est parce qu’y me voyait dépérir chez vous qu’y me faisait manger des omelettes et ça j’y dirais à l’insistance publique au cas que vous feriez le dégourdoche, spèce de vieux grippe-sou !

— Tu veux une fessée, dis, voyouse ! siffle Évariste.

— Mes amis, mes amis ! interviens-je, ne pensez-vous pas qu’il y a mieux à faire que de vous vous disputer ? Ayez un peu de respect pour la morte dont le triste cadavre gît au-dessus de vos têtes !

Bien tourné, non ? Quand je m’y mets, je suis le Bossuet des banlieues, le Bourdaloue des noces et banquets.

Mon exhortation ramène le calme dans les rangs de la gent tutélaire.

— Qui c’est, d’abord, cette morte ? ronchonne le maire.

— La dentiste, répond le Dodu.

— Mme Prémolère ?

— Tout juste, Auguste ! T’sais qu’elle a disparu le jour qu’on a scrafé son Jules ? Eh bien, on y a fait sa fiesta, à elle aussi.

— Ici, nom de Dieu ! lamente Évariste. Chez moi ! Sous un de mes propres toits !

— Causons-en de ton toit : y part en brioche !

Le pauvre maire branle son chef effondré.

— Chez moi ! Un assassinat ! Vous êtes sûrs qu’on l’a assassinée ?

— Tu penses qu’elle est venue se terrer dans ta masure pour y clamser tranquillement de la rougeole, hé figure de fifre ?

— Elle est morte d’un coup de feu dans la tempe, révélé-je. La balle a traversé sa tête de part en part ; je l’ai retrouvée sur le plancher. Par ailleurs, ce dernier est encore maculé de sang séché, ce qui prouve qu’on a belle et bien tué cette femme dans ce pavillon.

— Misère ! Me faire une chose pareille ! Les gens vont jaser…

— Ça, je dois dire, remarque perfidement Béru, que ta réélection n’est pas encore dans un fauteuil.

Se tournant vers moi, il ajoute :

— Tu sais ce que c’est dans ces campagnes, San-A. Déjà, quand y a rien, les gens causent, alors avec un bidule de ce genre, tu mords l’étendue de la bavette ?

Le valet de ferme revient, escortant un monsieur élégant, aux tempes grises et à la légion d’honneur discrète.

— Qui est-ce ? souffle le maire.

— Le professeur O. Paul Hué, de la Faculté de Médecine de Paris. Je lui avais demandé de m’accompagner…

— Pourquoi, s’éberlue Béru, tu prévoyais ce cadavre, Gars ?

— Le professeur n’est pas médecin légiste ; mais un spécialiste de l’eau en tant que véhicule de germes. Alors, monsieur le professeur ? interpellé-je l’arrivant.

Le savant opine, ce qui arrive parfois aux gens de sa condition, surtout lorsqu’ils souhaitent exprimer l’affirmation.

— Positif ! dit-il brièvement. Mais dites-moi, mon cher commissaire, quelle est cette histoire de cadavre ?

— Si cette échelle ne vous rebute pas, vous pourrez constater qu’il ne s’agit pas d’une histoire, monsieur le professeur.


Le Gros fait sa valise, assisté de Marie-Marie tandis qu’en bas, m’sieur le maire téléphone aux gendarmes.

— Tu vas pas me laisser ici, m’n’onc’ ! déclare la fillette. J’en ai ma claque de cette ferme à la gomme et de ce pays où qu’on tue les gens…

— Je reviendrai te chercher sitôt qu’on sera rentré d’Angleterre, promet le Valeureux.

— Des clous, je veux pas rester !

— Bien obligé, puisque ta tante Berthe, est partie en convalescence avec M. Alfred, sur la Côte, et que j’ai même pas leur adresse ! dit amèrement mon collaborateur.

— Emmène-moi à Londres avec vous, tonton ! supplie la péronnelle.

— Et pis quoi s’encore ! Tu te figures qu’on y va pour une partie de campagne ?

Il rabat d’un geste brusque le couvercle de sa superbe valoche en carton renforcé.

— Et d’abord, pourquoi t’est-ce qu’on y va, à London, dis, San-A ? s’inquiète le Vaillant.

Je juge le moment venu d’éclairer sa lanterne sourde.

— À cause d’une affaire absolument insensée qui est en corrélation avec les meurtres d’Embourbe-le-Petit, mon chéri.

— Sans charre !

— Tu te souviens que le cousin Évariste déplorait qu’il n’y ait plus de naissance dans son bled depuis pas mal de temps ?

— Y’en a eu une récemment, objecte le Gros.

— Elle ne fait que confirmer l’hypothèse ayant germé dans mon admirable cerveau, coupé-je. Imagine-toi que ce matin-même, j’ai eu connaissance d’une information selon laquelle une commune anglaise était dans le même cas que celle-ci. Et cette commune est précisément Swell-the-Children avec laquelle Embourbe-le-Petit vient de se jumeler, curieux, hein ?

— Tu veux dire fantastique, Mec !

Je continue :

— En apprenant la chose, tout s’est illuminé dans mon esprit.

— T’as de la chance, fait le Plantureux, ce qui indiquerait que tout reste obscur dans le sien.

— J’ai compris que cette absence de natalité était volontaire et comment elle s’opérait.

— J’aimerais savoir aussi, avoue-t-il.

— Il s’agit d’une expérience ayant pour but d’interrompre scientifiquement les naissances.

— De quelle manière ?

— En faisant absorber aux femmes un produit contraceptif ; à toutes les femmes, comprends-tu, à TOUTES !

— Qu’est-ce c’est le produit que tu causes ?

— Ce qu’il est pomme, tonton Béru, glousse Marie-Marie, voyons, m’n’onc, un produit contradjectif, c’t’une drogue qu’empêche les dames d’être féconnes, tu lis donc pas les journals ?

— Bien, admet le Renfrogné, et après ? Comment qu’on leur fait gober la pilule à ces petites madames ?

— Tu ne devines pas, Gros ?

— Non.

— Nous avons pourtant tous les éléments de la solution en main, reste plus qu’à les assembler !

— Accouche, quoi ! s’emporte le Mastodonte en usant d’un terme peu approprié au problème qui nous préoccupe.

— Quel était l’emploi de feu Assombersaut ?

— Directeur du service des… Oh, merde, j’ai pigé ! Le produit contractuel, c’est dans l’eau de la ville qu’on le mettait ?

— La chose vient de m’être confirmée par le professeur O. Paul-Hué. Voilà pourquoi, la seule femme ayant récemment accouché est une ivrognasse qui ne buvait que du vin.

— Et le gars Moïse a trempé dans l’affaire ?

— Jusqu’au trognon. Tout s’emboîte admirablement, mon Béru. L’expérience a été parallèlement tentée en France et en Angleterre. Or, Moïse Assombersaut appartenait au conseil municipal, et c’est lui qui est allé négocier le jumelage des deux bourgades…

— Tu crois que ce jumelage est en rapport avec l’expérience ?

— Sans aucun doute. En tout cas l’un découle de l’autre, reste à déterminer si c’est le jumelage qui est à l’origine de l’expérience, ou l’expérience qui est à celle du jumelage ; toujours est-il que, du côté français, Assombersaut assurait l’exécution de l’opération…

— Pourquoi on l’a bousillé, selon toi ?

— Je suppose qu’il devait renâcler, peut-être même exercer un chantage sur ceux qui employaient ses services. À noter que le meurtre a eu lieu pendant le séjour ici des notables britanniques.

— Et la mère Prémolère ?

— Sans doute était-elle au courant. Voilà pourquoi on lui a réglé son compte à elle aussi.

Le Majestueux pianote le couvercle de sa valise, lequel s’agrémente de plusieurs étiquettes dont la plus belle émane de l’hôtel Des Deux Églises et du Colombey réunis.

— Tu crois qu’il vaut mieux enquêter chez les rosbifs plutôt qu’ici, San-A ?

— Yes, Baby. Car c’est là-bas que se trouve la tête de l’organisation. Laissons nos confrères enquêter peinardement dans le patelin et fonçons au cœur du problème. Je te parie qu’en prenant les choses par le haut nous arriverons les premiers au but, c’est aussi l’avis du Vieux !

— Oh, alors, si le Vieux est dans le coup, y a plus qu’à met’ les pouces, soupire Béru.

— En tout cas, je vous accompagne, tranche Marie-Marie, je vais pas continuer de me taper la flotte de la commune pour devenir stérile un jour ! J’ai envie d’avoir des chiares quand t’est-ce que j’s’rai grande, moi !

— Suffit ! brame le Gros. Je te vas laisser un peu de carbure et tu t’achèteras de l’eau minérale. Je veux qu’t’obéisses, Marie-Marie, autrement sinon on ne sera plus copains, vu ?

Il va entrouvrir la lourde de sa chambre, s’assure que le couloir est désert, et murmure en revenant :

— Cours vite rafler deux ou trois douzaines d’œufs pendant que l’affreux est occupé. Tu les porteras directo dans la bagnole de San-A.

— Bien, m’n’onc’ ! ronchonne miss Tresses en se barrant.

— Tu veux emmener des œufs en Angleterre, Gros ? m’effaré-je.

— Et comment ! Tu te figures pas que je vais m’embarquer dans ce pays de bouffe-m… sans biscuit. Au cas qu’on la pilera trop, j’aurai toujours la ressource de me cogner des œufs-coque !


Je dépose le professeur devant la porte de son domicile en lui promettant de lui expédier un flacon empli à un quelconque robinet de Swell-the-Children.

— Merci pour votre précieux concours, professeur.

— Au contraire, mon cher commissaire, c’est moi qui vous remercie. Cette inimaginable histoire me passionne et je me demande quelles sont les intentions profondes de l’organisation qui…

— Je me le demande également, l’interromps-je, veuillez m’excuser, mais l’heure de notre avion approche…

Ouf ! Il allait me faire un cours sur le trottoir. Les savants c’est toujours commak : Silencieux pendant leur travaux, mais intarissables lorsqu’il s’agit de les commenter. On ne parvient jamais à les vider. Leur drame, ou plutôt le nôtre, c’est qu’ils s’écoutent et qu’ils se plaisent. En cours de route, O. Paul-Hué m’a fait tout un cours sur le produit contenu par l’eau d’Embourbe-le-Petit. C’est de l’antichiare-normalisé, une drogue tellement efficace qu’il suffit à une femme de se laver les dents avec pour être inféconde. Selon le professeur, il n’y aura pas de nouvelles naissances dans la commune du ladre Plantin avant plusieurs mois. Un crime contre l’humanité, comme qui dirait. Vous imaginez ce désastre si on polluait de la sorte la flotte de toutes les cités, de tous les bourgs de France ? Les naissances stoppées. Les gens devenant vieillards sans que le cheptel se trouve renouvelé ! La Gaule ressemblerait peu à peu à Ris-Orangis. Plus de maternités, plus de crèches… On fermerait les écoles, ensuite les Facultés (que les messieurs C.R.S. transformeraient en maisons de l’inculture). Dans le fond, ce serait spectaculaire, un pays en train de s’étioler, de pourrir sur pied comme une poire oubliée sur sa branche ! Notre nation tournerait blette. Elle s’enfoncerait dans le silence et la tremblote. Elle perdrait ses tifs, cracherait ses dents. Ses nichons lui pendraient sur le bide. Elle blanchirait, elle gâtocherait. Pays fantôme ! Les vieux enfin entre eux, ayant tout pour eux, n’engendrant plus que leur pourriture, contaminant tout de leur vieillesse. Heureux de faire la fermeture de la maison France, les vilains égoïstes ! Les plus résistants enterrant les moins. Jusqu’à ce qu’il n’en subsiste plus qu’un. Un qui serait militaire de carrière, naturliche, car la naphtaline conserve. Ne pouvant s’inhumer lui-même, il se serait fait des piquouzes d’extrait de feuilles de laurier pour se statufier.

Un touriste bienveillant le planterait sur la place de la Concorde pour permettre aux autres de le mitrailler de leurs appareils japs. Ici fut la France soi-disant éternelle ! Et voici le dernier Français. Aux larmes, citoyens ! Fini, râpé, scié, joué, terminate ! Merci, M’sieur Clovis : ça, ç’a été du franc !

Les explications, démonstrations, considérations et autres appréciations de l’éminent professeur ont endormi Béru à l’arrière de l’auto. Couché en travers de la banquette (de veau), il ronfle selon une nouvelle technique que je ne lui connaissais pas encore. Ça consiste à grogner en aspirant et à siffler en expirant. Je trouve le procédé harmonieux, il met de la cadence dans son sommeil. Il renseigne sur sa capacité thoracique, il transforme son gaz carbonique en mélodie.

— Hé, Grosse Pomme !

Le Monstrueux se déléthargise.

— Hein, quoi ?

— On est arrivé !

— À Londres ?

— Mais non : à Orly.

Je pénètre dans le P4, lequel, par miracle, n’affiche pas complet, et laisse ma tire à proximité de la passerelle surplombant la route. Au moment où je coupe le contact, quelqu’un frappe à ma vitre. Je regarde et ma raison se met à jouer à la toupie. Vous savez qui se tient debout près de la bagnole ? Inutile de vouloir deviner, vous sécheriez. Marie-Marie, mes fils ! En chair et en os, avec ses deux tresses, ses deux dents de devant, ses deux yeux de musaraigne, ses deux pommettes vernissées. Marie-Marie à laquelle on a dit « au revoir-à-bientôt » une heure auparavant dans la cour de la ferme.

Le prodige me rappelle un conte pour enfants que me lisait Félicie autrefois : « L’aigle et le roitelet ». Les deux oiseaux avaient fait un pari : à celui qui volerait le plus haut. V’là l’aigle qui prend sa volée, puissamment, sûr de lui, invincible. Il s’élève, s’élève, atteint les nuages, y plonge, les dépasse, monte dans l’azur infini, là où les misères de la terre ne souillent plus la pureté du soleil. Épuisé par son effort, il stoppe son ascension et volplane afin de récupérer. C’est alors qu’il perçoit un gazouillis au-dessus de lui. Levant la tête il avise le roitelet qui décrit joyeusement des voltes quelques mètres plus haut. Ce dernier s’était installé sur le dossard de l’aigle comme dans une Caravelle. Lorsque le rapace exténué avait atteint son apogée, le roitelet tout neuf avait alors pris son propre vol.

— Tu étais dans le coffre ? demandé-je.

— Yes, Antoine. Je t’ai dit que je veux aller en Angleterre avec vous !

— Tu charries, ma fille. Il faut un passeport, et un billet !

— Mon passeport, le v’là, Antoine, et v’là mes éconocroques pour acheter le bifton.

Béru sort de sa médusance comme un torrent débouche du flanc de la montagne. Il fait des cataractes, des gerbes, des cascades, des remous et de l’écume. Une môme pareille, lui fera choper des cheveux blancs, le rendra cardiaque, le mettra sur la paille ; brisera son ménage, sa carrière et ses bibelots de valeur.

Votre San-A. se retient de rigoler. Avouez qu’elle est pas ordinaire, miss Marie-Marie. Celle-là, quand une idée la tient, c’est pas à coups d’éventail qu’on risque de la lui faire lâcher.

— Comment t’es-tu arrangée pour nous doubler, petite teigne ? lui demandé-je.

Elle se marre :

— Pas dur ; quand m’n’onc a eu collé sa valoche dans ton cof’, j’vous ai dit au revoir, comme quoi j’allais aller jouer av’c une p’tite amie, si tu te rappelleras ? Mine de rien, j’suis été me mettre dans ta malle dont au sujet de laquelle j’ai tenu la couverque plaqué pour faire croire qu’il était fermé, tu piges ?

— Bon, on va la coller dans un taxi et l’envoyer chez Pinuche, décide Béru. Elle restera à ses bons soins jusqu’à temps qu’on revinsse.

— Et si la Vieillasse est partie en vacances. Gros ? Ils ne devaient pas aller passer août en Charentes, sa mémère et lui ?

Marie-Marie me virgule un mignon clin d’œil.

— Emmenez-moi av’c vous, quoi, merde ! fait-elle avec une moue suppliante. Vous passerez plus mieux inaperçus si vous êtes accompagnés d’une enfant de m’n’âge. On vous prendra pas pour des matuches, mais pour des touristes, c’t’important dans votre turf !

— On va toujours voir s’il reste de la place dans le zinc, décidé-je.

— Suppose qu’y en ait ! proteste le Fulminant. Tu nous vois radiner chez les rosbifs avec cette infernale grenouille qu’est partie sans même sa brosse à dents !

Le mot de la fin revient à Marie-Marie :

— Et qu’est-ce j’en ferai d’une brosse à dents, dis, m’n’onc ? J’ai pas de dents !

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