Les amours de Newt et de Zinka

Newt ne me disait pas qui était sa petite amie. Mais quinze jours après qu’il m’eut écrit, toute la nation savait qu’elle s’appelait Zinka. Zinka tout court. On ne lui connaissait pas de nom de famille.

Zinka était une naine ukrainienne, danseuse aux ballets Borzoi. Il se trouve que Newt assista à une représentation de cette compagnie à Indianapolis, avant d’aller à l’université Cornell. Puis, la troupe vint se produire à Cornell même. À la fin de la représentation, le petit Newt attendait à l’entrée des artistes avec une douzaine de roses à longues tiges, des American Beauties.

Les journaux s’intéressèrent à l’affaire lorsque la petite Zinka, ayant demandé l’asile politique aux Etats-Unis, disparut avec le petit Newt.

Une semaine plus tard, la petite Zinka se présentait à l’ambassade russe. Elle déclara que les Américains étaient trop matérialistes et dit vouloir retourner dans son pays.

Newt, lui, trouva refuge chez sa sœur, à Indianapolis. Il fit une brève déclaration à la presse :

— Il s’agit d’une affaire personnelle, dit-il. D’une affaire de cœur. Je n’ai pas de regrets. Ce qui s’est passé n’intéresse personne d’autre que Zinka et moi.

Or, à Moscou, en enquêtant dans les milieux chorégraphiques, un reporter américain entreprenant fit une découverte peu galante : contrairement à ce qu’elle prétendait, Zinka n’avait pas vingt-trois ans.

Elle était âgée de quarante-deux ans. Autant dire qu’elle aurait pu être la mère de Newt.

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