Chapitre 6

Quelques jours avant Noël, la neige se mit à tomber. La ville prit sa parure de fête. Dans les églises, on édifiait les crèches de gros carton ou de rocaille où les personnages de la Nativité retrouvaient leurs places, l'Enfant Jésus entre le bœuf et l'âne.

Les bannières des confréries continuaient à mener par les ruelles encombrées de neige et de boue leurs longues processions chantantes.

Ainsi que le voulait la coutume annuelle, les Augustins de l'Hôtel-Dieu se mirent à fabriquer des milliers de beignets, arrosés de jus de citron, que les enfants partirent vendre à pleines bassines à travers Paris. Pour ces beignets seuls, on avait droit de rompre le jeûne, et l'argent récolté aiderait au Noël des pauvres malades. Simultanément, les événements se précipitèrent pour Angélique. Entraînée dans les méandres lugubres de l'affreux procès, c'est à peine si elle réalisa que l'on vivait les heures bénies de Noël et les premiers jours de la nouvelle année. Tout d'abord, Desgrez vint la voir un matin au Temple, et lui communiqua les renseignements qu'il avait pu obtenir sur la nomination des juges-jurés du procès.

– La nomination des juges a été précédée d'une longue enquête. Il ne faut pas se faire d'illusions, car il semble qu'on les ait choisis non point à cause de leur esprit de justice, mais d'après leur degré d'attachement à la cause royale. De plus, on a soigneusement écarté des magistrats dont certains sont dévoués au roi, certes, mais que l'on sait assez courageux pour éventuellement s'opposer à la pression royale. Tel par exemple Me Gallemand, qui est un des avocats les plus célèbres de notre temps et dont la situation est pourtant bien assise, car, pendant la Fronde, il a franchement pris parti pour la cause royale, jusqu'à risquer l'emprisonnement, mais c'est un lutteur qui ne craint personne, et ses boutades inattendues font trembler le Palais. J'ai longtemps espéré qu'il serait choisi, mais décidément on ne veut que des gens sûrs.

– C'était à prévoir, d'après ce que j'ai cru comprendre dernièrement, fit Angélique avec courage. Savez-vous quelques noms parmi ceux qu'on a déjà désignés ?

– Le président Séguier, premier président, fera en personne l'interrogatoire pour la forme et pour revêtir le procès d'un grand éclat d'exemple et de publicité.

– Le président Séguier ! C'est plus que je n'osais espérer !

– Ne nous emballons pas, dit l'avocat. Le président Séguier paie ses hautes fonctions du prix de son indépendance morale. J'ai entendu dire aussi qu'il avait visité le prisonnier, et que l'entrevue avait été orageuse. Le comte a refusé de prêter serment, car la chambre de Justice est, à ses yeux, a-t-il dit, incompétente pour juger un membre du parlement de Toulouse, et seule la grande chambre du Parlement de Paris pourrait juger un ancien maître des requêtes d'un parlement provincial.

– Ne disiez-vous pas que la solution parlementaire n'était pas non plus souhaitable, à cause de l'asservissement des parlementaires à M. Fouquet ?

– Certes, madame, et j'ai essayé d'en avertir votre mari. Mais, soit que ce mot ne lui soit point parvenu, soit que sa fierté s'oppose à recevoir des conseils, je ne puis que vous rapporter la réponse qu'il a faite au grand maître de la justice du roi.

– Et qu'en est-il résulté ? demanda anxieusement la jeune femme.

– Je suppose que le roi a décidé de passer outre à la coutume, et qu'on jugera votre mari quand même, au besoin « en muet ».

– C'est-à-dire ?

L'avocat expliqua que cela consisterait à le juger comme un absent, « par contumace », et que, dans ce cas, son affaire s'en trouverait aggravée, puisqu'en France un prévenu était toujours un présumé coupable, alors qu'en Angleterre, par exemple, c'était au procureur-accusateur d'apporter les preuves de la culpabilité d'une personne arrêtée, laquelle, faute d'accusation notifiée par écrit, était relâchée dans les vingt-quatre heures.

– Et connaît-on le futur procureur-accusateur du procès ?

– Ils sont deux. Il y a d'abord Denis Talon, qui est l'avocat général du roi lui-même, et il y a, comme je l'avais prévu, votre beau-frère Fallot de Sancé désigné comme juge. Ce dernier a fait mine de se désister, alléguant un lien de parenté avec vous, mais il a dû être convaincu par Talon ou d'autres, car, dans les coulisses du Palais, on dit maintenant qu'on le trouve très fin d'avoir choisi entre le devoir de famille et sa fidélité au roi, à qui il doit tout.

Angélique avala sa salive et son visage se contracta. Mais elle se domina et voulut savoir la suite.

– Il y a aussi Masseneau, un parlementaire de Toulouse.

– Sans doute celui-là aussi serait-il soucieux d'obéir à n'importe quel ordre du roi, et surtout de se venger d'un noble insolent...

– Je l'ignore, madame, encore que cela soit possible, du fait même que Masseneau ait été désigné par le roi nommément. Pourtant, on me rapporte qu'il aurait eu récemment une conversation avec la Grande Mademoiselle au sujet de votre mari, conversation dont il résulterait qu'il ne serait pas totalement hostile à M. de Peyrac, et qu'il regretterait fort sa nomination.

Angélique chercha dans sa mémoire.

– La duchesse de Montpensier m'avait dit en effet quelque chose de ce genre. À la réflexion, une telle attitude favorable me paraît peu probable, car j'ai entendu Masseneau, hélas, injurier mon mari, et mon mari lui répondre sur le même ton.

– Circonstance qui, sans aucun doute, motiva sa désignation nominale par le roi. Car, avec l'avocat général et Masseneau, ce sont les seuls nommés. Les autres sont choisis par Séguier, ou par Talon lui-même.

– Il y en aura donc encore des juges-jurés ?

– Il y aura le président des jurés. On m'a parlé du président Mesmon, mais la chose m'étonne. C'est un vieillard qui n'a plus qu'un souffle de vie. Je le vois mal présidant un débat qui risque d'être orageux. Peut-être n'a-t-il été choisi qu'à cause de sa faiblesse physique, car on le sait un homme juste et consciencieux. S'il peut retrouver quelques forces pour ce procès, c'est un de ceux que nous pouvons espérer convaincre.

Puis Desgrez poursuivit :

– Il y aura encore Bourié, secrétaire du conseil de justice, qui possède parmi les gens de loi une réputation de faussaire légal, et un nommé Delmas, homme de loi très obscur, qui est peut-être choisi parce qu'il est l'oncle de Colbert, lui-même commis de Mazarin, peut-être aussi simplement parce qu'il est protestant et que le roi veut donner toutes les apparences légales à sa justice et conserver la réputation de faire participer également la religion réformée à l'expédition de la justice séculière du royaume...

– Je suppose, dit Angélique, que ce huguenot va être bien surpris de se trouver mêlé à un procès de sorcellerie où il sera question d'exorcisme et de possession. Mais, au fait, cela nous sera sans doute profitable d'avoir parmi les jurés un esprit peut-être plus clairvoyant et qui rejette d'emblée toute superstition ?

– Sans doute, fit l'avocat en hochant la tête avec une expression soucieuse. À propos d'exorcisme et de possession, dites-moi donc si vous connaissez un moine du nom de Conan Bécher, et une nonne qui, avant de prendre l'habit, s'appelait Carmencita de Mérecourt ?

– Si je les connais ! s'exclama Angélique. Ce moine Bécher est un alchimiste à demi fou qui a juré d'arracher à mon mari le secret de la pierre philosophale. Quant à Carmencita de Mérecourt, c'est une personne volcanique qui a été... la maîtresse de Joffrey jadis et qui ne lui pardonne pas de ne plus l'être. Mais que viennent-ils faire dans cette histoire ?

– Il serait question d'une séance d'exorcisme qu'aurait présidée ce Bécher, et à laquelle aurait participé cette dame. C'est très vague. La pièce vient d'être versée au dossier de l'accusation et constitue, paraît-il, un document d'une importance capitale.

– Vous ne l'avez pas lu ?

– Je n'ai rien lu du dossier énorme à la constitution duquel le conseiller Bourié s'emploie activement. M'est avis qu'il ne doit pas se gêner pour utiliser ses qualités de faussaire.

– Mais enfin, puisque le procès va avoir lieu, en tant qu'avocat de l'accusé vous devez connaître les détails des autres actes d'accusation ?

– Hélas ! non. Et il m'a déjà été dit plusieurs fois que l'assistance d'un avocat sera refusée à votre mari. De sorte qu'actuellement je m'emploie surtout à obtenir un refus écrit de cette déclaration.

– Mais vous êtes fou !

– Pas le moins du monde. La coutume judiciaire établit qu'on ne peut refuser l'assistance d'un avocat qu'à un homme accusé du crime de lèse-majesté. Et, comme l'invocation d'un tel crime est tout de même difficile à soutenir dans le cas qui nous occupe, si j'obtiens cette déclaration écrite qu'on lui refuse un avocat, je prends la procédure en faute, ce qui me donnera aussitôt une forte position morale. Finalement, je crois, par cette manœuvre détournée, que je contraindrai ces gens à me nommer défenseur.

*****

Lorsque Desgrez revint le surlendemain, il avait pour la première fois une expression satisfaite qui fit bondir d'espoir le cœur d'Angélique.

– Le tour est joué, fit-il, exultant. Le premier président de la chambre de justice Séguier vient de me désigner comme avocat défenseur du sieur Peyrac, accusé de sorcellerie. C'est une victoire remportée grâce aux ficelles de la procédure. Malgré leur désir aveugle de complaire au roi, ces hauts laquais de la justice se sont trouvés par trop en désaccord avec leurs propres principes. Bref, ils se sont vus contraints de désigner un avocat. Toutefois, je vous signale, madame, qu'il est encore temps pour vous de choisir un avocat plus célèbre pour lui remettre la cause de votre époux.

Angélique regardait par la fenêtre. L'Enclos était presque désert, et comme endormi sous son tapis de neige. Mme Scarron passa, enveloppée de son mauvais manteau, pour se rendre à l'office dans la chapelle du grand prieur. Les sons d'une petite cloche s'étouffaient sous le ciel gris.

Au pied de la maison, Sorbonne tournait mélancoliquement sur lui-même en attendant son maître.

Angélique jeta un regard de biais à l'avocat, qui affectait un air grave et compassé.

– Je ne vois vraiment pas à quel homme plus qualifié je pourrais confier cette cause qui me tient au cœur, dit-elle. Vous remplissez toutes les conditions désirables. En effet, lorsque mon beau-frère Fallot vous a recommandé à moi, il m'a dit : « C'est un des plus habiles esprits de la magistrature, et, de plus, il ne vous coûtera pas cher. »

– Je vous remercie de la bonne opinion que vous avez de moi, madame, fit Desgrez, qui ne parut nullement fâché.

La jeune femme dessinait machinalement du doigt sur la vitre embuée. « Quand je serai revenue à Toulouse, pensait-elle, avec Joffrey, me souviendrai-je encore de l'avocat Desgrez ? Parfois, je me rappellerai que nous avons été aux étuves ensemble, et cela me paraîtra inimaginable !... »

Tout à coup, elle se retourna, transfigurée.

– Si je comprends bien, vous allez pouvoir rencontrer mon mari journellement. Ne pourriez-vous pas m'emmener ?

Mais Desgrez la dissuada de forcer les consignes très sévères du secret absolu où se trouvait le prisonnier. Il n'était pas encore certain lui-même d'être admis à le voir, mais il était décidé à batailler pour cela par l'entremise de l'ordre des avocats, qui comportait soixante-cinq membres en tout, outre les avocats parlementaires, ceux du conseil du roi, ceux des chambres de justice et de la chambre des aides, dont Desgrez lui-même faisait partie. Il expliqua que n'appartenant qu'à ce dernier organisme un peu terne, il avait peut-être plus de chances d'aboutir qu'un avocat de grand renom dont les puissants du jour se méfieraient. Il fallait agir maintenant très vite, car, sa désignation comme défenseur n'ayant été arrachée que par ruse à la justice royale, il y avait lieu de s'attendre que le dossier de l'accusation ne lui fût communiqué que très peu de temps avant le procès, et peut-être seulement en partie.

– Dans ce genre de procès, je sais que les pièces sont souvent sur des feuilles volantes, et que le garde des Sceaux, le cardinal Mazarin ou le roi se réservent à tous moments de les examiner ou d'en enlever, voire d'en rajouter. Certes, cela ne se fait pas d'une manière courante, mais, étant donné que cette affaire est quelque peu spéciale...

*****

Malgré ces dernières paroles désabusées, Angélique fredonna ce soir-là en faisant la bouillie de Florimond, et finit par trouver du goût au sempiternel morceau de baleine de la mère Cordeau. Les enfants de l'Hôtel-Dieu étaient passés à l'Enclos ce jour-là. Elle leur avait acheté quelques excellents beignets, et son appétit satisfait l'aidait à voir l'avenir sous des couleurs plus riantes.

Sa confiance fut récompensée. En effet, dès le soir suivant, l'avocat revint avec deux nouvelles extraordinaires : on lui avait communiqué une partie du dossier, et il avait obtenu l'autorisation de voir le prisonnier.

En entendant cela, Angélique se précipita vers Desgrez, lui noua les bras autour du cou et l'embrassa avec fougue. Une seconde, elle ressentit l'étreinte de deux bras vigoureux, et elle en éprouva un plaisir bref et intense. Déjà elle reculait, confuse et elle balbutiait, en essuyant ses yeux où perlaient des larmes, qu'elle ne savait plus ce qu'elle faisait.

Avec beaucoup de tact, Desgrez parut n'accorder aucune importance à l'incident. Il dit que sa visite à la Bastille aurait lieu le lendemain vers le milieu de la journée. Il ne pourrait communiquer avec le prisonnier qu'en présence du gouverneur, mais il espérait bien, par la suite, réussir à conférer avec le comte de Peyrac seul à seul.

– J'irai avec vous, décida Angélique. J'attendrai devant la prison. Je sens que je serais incapable de rester enfermée sagement ici pendant ce temps.

L'avocat parla ensuite des pièces du procès dont il avait eu connaissance. D'un sac de peluche usée, il tira quelques feuilles où il avait noté les principaux chefs d'accusation.

– Il est essentiellement accusé de sorcellerie et sortilèges. Déclaré comme artiste en poisons et faisant des distillations de drogues. Convaincu de faits magiques tels que la connaissance de l'avenir et les moyens de parer à un mauvais sort pour éviter la menace de poison. Il aurait découvert par des sortilèges l'art de fasciner beaucoup de personnes réputées saines d'esprit, et d'envoyer « l'invocation diabolique et ridicule », c'est-à-dire le mauvais sort et l'envoûtement, à d'autres personnes de son choix... Il enseignerait aussi l'usage de poudres et de fleurs pour se faire aimer, etc.

« L'accusation assure qu'une de ses... anciennes maîtresses est morte et que, son cadavre ayant été déterré, on a découvert dans sa bouche le portrait-talisman du comte de Peyrac...

– Quel ramassis d'insanités ! s'exclama Angélique stupéfaite. Vous ne prétendez tout de même pas que de respectables juges vont en faire état en pleine audience ?

– Probablement si, et, pour ma part, je me félicite de l'excès même de telles âneries, car je les démolirai d'autant plus facilement. La suite de l'accusation comprend le crime d'alchimie, la recherche de trésors, la transmutation de l'or et – tenez-vous bien ! – « la prétention hérétique d'avoir créé la vie ». Pouvez-vous m'éclairer, madame, sur ce que cela peut bien signifier ?

Désemparée, Angélique réfléchit longuement et finit par poser la main sur son sein, où s'agitait son deuxième enfant.

– Pensez-vous que c'est à cela qu'ils veulent faire allusion ? demanda-t-elle en riant. L'avocat eut un geste dubitatif et résigné.

Il reprit sa lecture.

– ...À augmenté ses biens avec des moyens de sorcellerie, sans « négliger la transmutation, etc. » Et, tout à la fin, je vois ceci : « Exigeait des droits qui ne lui étaient pas dus. Se vantait ouvertement d'être indépendant du roi et des princes. Recevait des étrangers hérétiques et suspects, et se servait de livres prohibés provenant de pays étrangers. » Maintenant, continua Desgrez avec une certaine hésitation, j'en arrive à la pièce qui m'a paru la plus inquiétante et la plus étonnante de ce dossier. Il s'agit d'un procès-verbal d'exorcisme pratiqué sur la personne de votre mari par trois ecclésiastiques, lesquels ont déclaré que celui-ci avait été convaincu de possession certaine et de commerce avec le diable.

– Mais ce n'est pas possible ! s'écria Angélique, qui sentit une sueur froide lui mouiller les tempes. Qui sont ces prêtres ?

– L'un d'eux est le moine Bécher dont je vous ai parlé l'autre jour. J'ignore s'il a pu pénétrer à la Bastille comme représentant de l'official. Mais ce qui est certain, c'est que la cérémonie a réellement eu lieu et que les témoins affirment que toutes les réactions du comte prouvent de façon éclatante ses relations avec Satan.

– C'est impossible ! répéta Angélique. Vous, au moins, vous n'y croyez pas ?

– Moi, je suis un libertin, madame. Je ne crois ni à Dieu, ni au diable.

– Taisez-vous, balbutia-t-elle en se signant précipitamment.

Elle courut à Florimond et le serra contre elle.

– Tu entends ce qu'il dit, mon ange ? murmura-t-elle. Oh ! les hommes sont fous.

*****

Après un instant de silence, Desgrez se rapprocha de la jeune femme.

– Ne vous troublez pas, reprit-il, il y a certainement quelque chose de louche là-dessous, et c'est cela qu'il s'agit de découvrir à temps. Mais j'insiste sur le fait que cette pièce est très inquiétante, car c'est elle qui risque d'impressionner le plus les juges. L'exorcisme a été exécuté selon les rites de l'official de Rome. Les réactions du prévenu sont accablantes pour lui. J'ai noté en particulier la réaction aux taches diaboliques et l'envoûtement sur autrui.

– De quoi s'agit-il exactement ?

– Pour les taches diaboliques, les démonologues signalent que certains points du corps d'un possédé sont rendus sensibles au toucher d'un poinçon d'argent auparavant exorcisé. Or, au cours de cette épreuve, les témoins ont constaté les cris affreux et « véritablement infernaux » que le prévenu a jetés par instants. Alors qu'un homme ordinaire ne peut être nullement incommodé par l'attouchement léger de cet instrument inoffensif. Quant à l'envoûtement sur autrui, une personne a été amenée en sa présence et a manifesté tous les signes connus de la possession.

– Si c'est de la Carmencita qu'il s'agit, je lui fais confiance pour jouer à ravir son rôle de comédienne, dit Angélique, sarcastique.

– Il est probable qu'il s'agit de cette religieuse, mais son nom n'est pas mentionné. De toute façon, je vous le répète, il y a là-dedans un détail qui sonne faux. Cependant, comme je prévois que les juges-jurés s'y référeront à tout propos, il me faut pouvoir le démolir. Malheureusement, pour l'instant, je ne trouve rien qui puisse le rendre illégal.

– Mon mari lui-même pourra peut-être vous éclairer.

– Espérons-le, soupira l'avocat.

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