93.

Il est minuit.

Lucy s’est endormie, quelques chats tièdes et ronronnants roulés en boule à ses pieds.

Elle ronfle et remue les lèvres.

Gabriel la regarde dormir et la trouve encore plus ravissante qu’avant. Presque aussi belle qu’Hedy Lamarr.

Que souhaiter de plus que vivre à côté d’une femme aussi extraordinaire et travailler avec elle ? C’est elle l’élément qui manquait dans ma vie. Dommage que je ne l’aie rencontrée qu’après ma mort. Mais mieux vaut tard que jamais…

Il a un agréable frisson en se souvenant de ce qu’il a ressenti quand il était à l’intérieur de son corps.

Il traverse le plafond et s’envole au-dessus des toits. Il apprécie d’être une âme errante, capable de tout voir, tout entendre, et de pouvoir décider du jour où il voudra se réincarner.

Il rejoint le Père-Lachaise, observe sa pierre tombale et son énigmatique inscription. Il n’a plus peur de la maladie, de la souffrance, de la vieillesse. Surtout, il a maintenant cet excitant projet : poursuivre son œuvre littéraire, autrement, depuis les limbes.

Contrairement à ce qu’il croyait jusque-là, il lui semble désormais que la priorité n’est pas de trouver la réponse à la question :

« Pourquoi suis-je mort ? »

L’important lui apparaît plutôt de répondre à cette autre interrogation, encore plus mystérieuse :

« Pourquoi suis-je né ? »

FIN

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