Jamais il ne s’était fait peur comme ce matin-là. Dès le réveil, il avait dû combattre sa propre folie en se faisant passer, à ses propres yeux, pour un brave type qui prenait ses rêves pour des réalités et ses désirs pour des ordres. Sur le trajet de la clinique, il avait presque réussi à s’en convaincre. Sa folie avait pourtant repris le dessus quand l’infirmière lui avait demandé de passer cette bizarre chemise de nuit blanche qui s’attache dans le dos comme une camisole.
À 8 heures précises, il entra dans le bureau des admissions de la clinique où on lui donna du Vermeiren à chaque phrase. On l’accompagna ensuite dans sa chambre où il répondit, inquiet, à toutes les questions d’une dame en blanc qui prit soin de lui faire avaler un cachet pour le détendre. Les esprits malades qui divorcent d’eux-mêmes sont répertoriés par la psychiatrie qui leur a donné des noms compliqués, son cas devait sûrement en porter un. S’il avait connu ce fameux mot, peut-être aurait-il été tenté de se faire soigner, il suffisait de changer de service. Rodier lui avait laissé une dernière chance de tout arrêter sur-le-champ, pourquoi pas Joust ? Lequel entra, se fendit de quelques paroles d’usage et traça, en silence, des lignes sur le visage de son patient. Le tranquillisant commençait à faire effet ; s’il en avait encore le désir, Blin ne pouvait déjà plus se rétracter. Ses épaules tombèrent d’un coup et son corps entier se mit à flotter. Le sourire du ravi se dessina sur ses lèvres quand il vit arriver le brancardier. Dans le bloc, il croisa une dernière fois le regard de Joust, ça n’avait déjà plus d’importance, comme si la conscience de Blin quittait lentement son corps pour rejoindre celui de Vermeiren. L’anesthésiste lui injecta dans les veines un liquide blanchâtre qui lui chauffa le bras, lui demanda de compter jusqu’à cinq. Ce fut le dernier visage qu’il vit avant de perdre le sien.
Il n’avait pas inventé cette douleur, elle était bien là mais il n’en souffrait pas, elle se contenait elle-même, sans le réveiller. Il était tout son corps à la fois, ses veines, son sang, son cœur qui battait lentement, il était ses muscles et sa force endormie.
On lui passa une compresse humide sur les lèvres, il devina un geste de femme. Il percevait ses déplacements dans la pièce à de petits signes, un tintement de verre, le squiiik de ses semelles sur le parquet, un raclement de gorge. Il voulut à tout prix ouvrir les yeux mais ses paupières restaient scellées, une sensation terrible. S’il en avait eu encore la force, il se serait laissé aller à la panique, mais les pansements autour de la mâchoire lui interdisaient de crier. Une nouvelle dose d’antalgiques et de tranquillisants l’apaisa.
Ne plus pouvoir parler le reste de sa vie ne lui aurait pas manqué tant que ça. La parole, il s’en foutait. Après tout, il n’était qu’un œil, c’était devenu son métier, et dans ce métier, moins on parlait, mieux ça valait. Épier, saisir, entrevoir, surprendre. Le reste, c’était des photos qu’on montrait en silence parce qu’elles se passaient de commentaires, c’était un rapport qu’on tapait en cherchant le mot juste. Nul besoin de parler. Discrétion assurée.
En fin d’après-midi, il entendit un bruit de pas différent, plus affirmé.
— C’est moi, dit Joust. N’essayez pas de parler, je viens vérifier si tout va bien au niveau de la vue, ne vous inquiétez pas si vos paupières sont un peu collées, c’est normal.
Thierry sentit ses doigts lui ouvrir les yeux. Un rai de lumière brouillée raviva la douleur. Rassuré, Joust remit le bandage en place.
— Tout va bien. Passez une bonne nuit, je serai là demain à 9 heures.
Avant de quitter la chambre, Joust demanda à l’infirmière si elle était de garde pour la nuit.
— Non, c’est Inès, monsieur.
L’idée d’être veillé par une Inès apaisa Thierry qui s’endormit pour de longues heures.
La nuit avait été lourde de rêves, il ne lui en restait rien, pas même une image, à peine un souvenir fatigué, entrecoupé de gorgées d’eau et de montées d’anxiété stoppées net par les somnifères. Il avait entendu, d’une chambre voisine, le son lointain d’une radio, un halo de musique qui donnait à son voyage intérieur des allures de chasse au trésor. Sans être sûr de l’avoir trouvé, il avait creusé, et creusé, ses membres vidés en témoignaient.
Joust lui ôta tous les bandages d’un coup, juste le temps de vérifier si ses coups de ciseaux ne l’avaient pas trahi. Blin parvint à entrouvrir les yeux ; le décor de la chambre lui revenait par impressions, son regard fit le point sur une petite bouteille rouge.
— Je vous ai placé un drain dans la région frontale pour évacuer le sang. Ça ne coule déjà plus.
Il n’avait rien senti vers le front, sinon une ceinture de gêne qu’il imputait au bandage.
— Vous pouvez dire quelques mots, si vous voulez.
Il refusa d’un signe de tête.
— Je suppose que vous avez envie de vous voir ? Je peux vous tendre un miroir, mais vous ne verrez que des plaies. Tout s’est très bien passé, mais ça risque de vous impressionner. Alors ?
Il secoua la tête à nouveau. Il n’était pas si impatient de voir son visage à vif. Vermeiren n’était pas tout à fait achevé, il craignait que Blin en soit impressionné. Avant de se laisser momifier, il essaya de lire dans le regard d’Inès. Peut-être voyait-elle déjà, entre les lambeaux de chair, les coutures, les agrafes, et les coulées de sang, le visage inachevé de Vermeiren.
Thierry avait traversé les derniers jours avant l’opération dans une ambiance ouatée, brumeuse, les bruits de la ville et des gens alentour s’étaient estompés. En réalité, il s’était regardé agir, comme s’il n’était déjà plus Blin mais que Vermeiren marchait à ses côtés, prêt à prendre le relais. Paul Vermeiren avait un état civil depuis maintenant une bonne semaine : carte d’identité, extrait d’acte de naissance. Jouant la curiosité professionnelle, Blin avait soutiré à Rodier, aux hasards de leurs dossiers, de précieux renseignements sur la fabrication de faux papiers et la manière de s’en procurer. Rodier avait cité les noms et les zones d’activité de quelques spécialistes reconnus pour leur fiabilité. Parmi eux, les plus recherchés fabriquaient de fausses identités à partir de vraies cartes volées dans les préfectures. Moyennant une somme ruineuse, on pouvait se procurer tout un jeu de faux papiers indétectables parce que vrais. Thierry Blin y avait mis le prix. Son premier acte de citoyen fut d’ouvrir un compte en banque au nom de Paul Vermeiren, où il déposa 150 000 francs : le dessous-de-table de la vente de la maison de Juvisy. Dans son ancienne banque, il avait pris soin de vider son compte des deux tiers, en liquide, semaine après semaine, une année durant, soit 400 000 francs. Une partie de cet argent avait servi à payer Joust, ses faux papiers, la caution de son nouveau domicile et le bail de sa future agence. De la vie de Blin, il n’avait rien pu solder de peur d’éveiller les soupçons, pas même les dessins et les lithographies oubliés depuis des lustres au fond de son atelier. Il aurait pu en tirer un bon prix chez un brocanteur spécialisé et peu regardant sur l’origine, mais la redoutable Brigitte, sa comptable, se serait vite aperçu de leur disparition. Depuis qu’elle travaillait pour le nouveau gérant de la boutique, elle avait cherché à revoir Thierry en prétextant une affaire d’impôts. Il lui manquait, elle ne trouva pas le courage de le lui avouer.
— Dites, Mademoiselle, il ne vous donne pas trop de soucis, le petit jeune ?
— Il travaille bien, il comprend tout ce que je lui explique, il tient les livres de comptes à jour, une perle de client. Il est juste mortellement ennuyeux.
— Encore quelques mois et je suis de retour.
Il avait toujours aimé chez elle sa silhouette de poupée, elle le savait et cherchait à en jouer, ce jour-là plus encore. Ses longues tresses, ses pommettes rehaussées de rose pêche, ses robes satinées. Il était à cent lieues de se douter de la vraie raison de ce rendez-vous : en apprenant que Nadine l’avait quitté, Brigitte était venue tenter sa chance auprès de lui. Au lieu de quoi, il se contenta de signer les papiers qu’elle lui tendait sans même la regarder.
Le matin de son entrée en clinique, il avait quitté l’appartement de Convention en laissant quelques bijoux de valeur dans un tiroir, un café encore tiède sur un coin de table, un livre ouvert sur une table basse, une fenêtre entrouverte. Rien qui donne à penser qu’il avait préparé une sortie.
La suite se déroulait selon un scénario qu’il n’avait cessé de réécrire jusqu’à sa version la plus aboutie. Prévenue par la concierge — étonnée par l’amoncellement du courrier — Nadine ouvrait l’appartement avec le double que Thierry lui avait laissé, puis se rendait au commissariat pour déclarer sa disparition. Elle remplissait le formulaire, donnait le signalement le plus précis possible sans oublier les signes particuliers — la cicatrice dans l’aine droite en forme de V qui l’intriguait et la repoussait à la fois — et leur laissait une photo récente, sans doute la grande en noir et blanc qu’elle avait faite pour sa série de portraits. Le Service des Disparitions prenait le relais, appelait les hôpitaux, l’institut médico-légal, le médecin et le dentiste du disparu, visitait son appartement et interrogeait quelques-uns de ses amis, peut-être aussi des clients du Cadre bleu. Vermeiren connaissait les chiffres : sur trois mille disparus par an en région parisienne, 5 % des cas n’étaient jamais élucidés. Il avait réuni tous les atouts pour faire partie de ces cent cinquante-là et tomber dans la catégorie V.R. — Vaines Recherches — jusqu’à la fin des temps.
Paul Vermeiren aurait pu sortir vingt-quatre heures après l’opération ; il avait préféré passer une nuit de plus à la clinique, inquiet de se retrouver livré à lui-même sans savoir qui il était vraiment. Joust, satisfait de ce qu’il avait vu sur le visage de son patient, lui proposa un rendez-vous dès le lendemain — « J 3 » selon son mode de calcul — pour enlever les fils des paupières supérieures, et un deuxième, J 7, pour les paupières inférieures. Ils ne se reverraient qu’en J 15 pour ôter les agrafes dans la bouche, le menton et les pommettes. En plus des bandages qui lui couvraient entièrement le visage, Joust lui conseilla de porter d’ici là une cagoule de compression afin d’éviter tout risque sur la zone frontale. Avec sa tête de film fantastique, il repassa par le service des admissions et demanda un taxi.
— Pour quelle adresse ?
— 4, allée des Favorites, à Cholong-sur-Cèze.
Il précisa à l’infirmière, qui s’en foutait : c’est chez moi.
— Vous y serez bien.
Cette simple phrase de l’agent immobilier, trop prosaïque pour être malhonnête, l’avait décidé. À quoi bon rater une occasion d’être bien quelque part, et pourquoi pas dans un pavillon de grande banlieue qui ressemblait beaucoup à un coin de campagne, une bicoque entourée d’arbres, hors du village et hors du temps. Trois fenêtres donnaient sur une ruelle que personne n’empruntait, les autres sur un jardin dont on ne pouvait deviner les limites. Un saule pleureur, deux sapins, un magnifique érable, un cerisier. Paul s’y sentait comme un hobereau vieillissant accroché à sa terre pour se consoler d’avoir perdu ses autres privilèges. La maison était saine et juste à sa mesure : un salon avec une cheminée qui prenait tout un mur, une chambre avec vue sur le jardin, une cuisine qui sentait le bois et la cendre.
Thierry Blin, lui, avait toujours aimé la ville. Il voulait être au cœur, là d’où partent toutes les artères, et si les battements de ce cœur se faisaient parfois trop entendre, il lui était impensable de vivre ailleurs. Le monde était sous ses fenêtres, il se voyait comme le mille de la cible. Il craignait que quelque chose lui échappe et pensait avoir assez d’énergie pour se confronter à la grande ville. Depuis que le matériau humain était devenu son gagne-pain, il recherchait le contraire ; après des jours et des nuits de filatures, de tension nerveuse et de désordre, il avait besoin de remettre sa tête à l’endroit, loin de la folie des hommes.
Paradoxe : depuis son exil, il n’avait jamais senti Paris si proche. S’il pouvait voir la Ville lumière scintiller du haut du clocher de Cholong, à quoi bon l’avoir à ses pieds ? Comment ressentir une ville quand on est pris dans sa tourmente ? Babylone n’est Babylone que si on peut la contempler de loin.
Allongé dans une chaise longue, le nez en l’air, un plaid sur les genoux et un livre en main, il attendait en paix la fin de sa convalescence. Il retourna à la cuisine pour surveiller un gratin de légumes et ouvrir son courrier où le nom de Vermeiren était imprimé partout. Paul Vermeiren existait pour le social. La machine s’était enclenchée d’elle-même, il suffisait de respecter quelques règles, de ne rien demander à personne, de ne jamais se plaindre. Dès lors, un citoyen de plus ou de moins passait inaperçu aux yeux de tous.
— C’est flamand comme nom ? lui demanda l’employé des Télécom en installant la ligne.
— D’origine hollandaise, assez lointaine.
Il n’avait plus sur le visage que quelques sparadraps au coin des tempes. Se regarder bien en face ne lui posait plus de problème. Les lentilles marron lui donnaient un regard plein, profond, en harmonie avec ses cheveux et son grain de peau — le regard qu’il aurait dû avoir depuis toujours. La forme de ses yeux, à peine plus fendue, faisait sourire le visage entier et le rendait malicieux. Plus que tout, Paul était fier de son menton ; il lui donnait une légitimité, une assurance qui lui avaient toujours manqué, un surcroît de virilité, une finition inattendue qui le débarrassait à tout jamais d’une barbe de camouflage. Il prenait plaisir à se raser, à masser ses joues parfaitement glabres. Tous les trois jours, il passait son crâne à la tondeuse, un geste maîtrisé d’emblée. Par endroits, la cicatrisation le démangeait et lui rappelait qu’il y avait une couture ; pas de quoi se prendre pour un monstre. De jour en jour, il voyait son visage s’affirmer dans le miroir. Parfois, il retrouvait Blin sous ses traits, à l’improviste, l’espace d’une mimique. Un Blin lisse, anamorphosé, tellement lointain. Même l’éclat dans son œil avait presque disparu, comme une toute petite braise prête à s’éteindre sous un voile de cendre.
Paul Vermeiren avait du temps pour tout, du goût pour tout, la cuisine, la promenade, la lecture sous un plaid, les soirées au coin du feu, les nuits devant des films, les grasses matinées interminables, les bains chauds à toute heure. Sa convalescence lui laissait même le temps de mettre à l’épreuve de vieux rêves et d’élucider certains mystères. Il s’était toujours demandé comment un objet pouvait tenir en l’air, tourner sur lui-même, dessiner une courbe, faire une révolution complète, et revenir dans la main. Il n’était peut-être pas trop vieux pour accomplir des miracles. Chaque jour il apprenait à lancer le boomerang, seul, un livre ouvert à ses pieds. Il voyait dans ce geste un mélange de science, d’élégance, d’humilité face à la nature, une façon de rendre hommage aux mystères de la physique qui fascinaient déjà les primitifs. Comme un véritable aborigène, Paul prenait le temps de ressentir la qualité du vent, de s’en faire un ami, de contourner les arbres par d’habiles paraboles. Pendant les heures d’apprentissage où son boomerang se perdait dans la nature, il arpentait des kilomètres de pré avec la patience d’un sourcier. Les gens du coin le saluaient, le regardaient lancer, amusés — une lubie ? La toute dernière mode parisienne ? — sans se douter un instant que cet homme reproduisait un geste rituel bien antérieur à l’existence des tracteurs, des vaches, peut-être même de l’herbe verte.
« Nous nous reverrons J 60, et sans doute pour la dernière fois », lui dit Joust au matin de J 30. Manifestement fier de sa créature, le bon docteur lui demanda s’il pouvait le prendre en photo pour impressionner de futurs clients. Vermeiren refusa à contrecœur. En voiture, il passa sous les fenêtres de l’appartement de Convention, curieux de voir s’il était déjà loué, puis s’arrêta un instant devant le café où Nadine et lui se retrouvaient. Ils s’y étaient parlé pour la dernière fois, J-5. Leur séparation datait de quatre mois.
— Ça va ?
— Ça va.
— C’est nouveau, cette robe bleue.
— Je l’ai vue sur Anne, j’ai voulu la même. Elle t’embrasse.
Non, elle ne m’embrasse pas, elle pense que je devrais me faire soigner. C’est ta meilleure amie, il faut la comprendre, elle m’en veut.
— Rappelle-lui qu’elle a toujours mon cache-poussière en toile, j’aimais bien ce truc.
C’est un détail dont tu te souviendras devant les flics. Un type qui réclame un cache-poussière en toile ne songe pas à disparaître.
— Comment on fait pour la mutuelle ?
— Si je pouvais rester un peu sur la tienne quelques mois, le temps que je retravaille.
— … Tu vas retravailler ?
— J’en ai marre de ne rien foutre.
— Tu t’ennuies, toi ?
Ça t’étonne, hein ? J’avais l’air de les trouver passionnantes, mes virées nocturnes. J’en faisais même un peu trop. Tu avais cherché à comprendre, à me parler de cette crise de la quarantaine, de cette envie de me mettre en danger. La suite t’a donné raison.
— Je vais peut-être reprendre le Cadre bleu.
— Si tu as un problème pour le loyer, je peux t’avancer des ronds en attendant.
— Non, ça va, j’ai de quoi voir venir.
Tu sais bien que j’ai emprunté de l’argent aux copains, ils sont sûrs de ne jamais le revoir. Ils t’en ont parlé, c’était le but de la manœuvre.
— Ne te gêne pas avec moi, hein ? Si tu as des dettes…
— Des dettes ? Quelles dettes ?
— Il paraît que tu continues à jouer…
Et voilà le travail !
— Laisse tomber, Nadine… Parle-moi plutôt de toi. Ton nouvel appartement ?
— Rue de Prony, à deux pas du cabinet, ça me change la vie, c’est incroyable.
Tu n’as encore rencontré personne, mais ça ne va pas tarder, je le sens, tu as de nouveau envie de séduire.
— Tu es pressée ? Tu reprends un café ?
— Je dois rentrer.
Quand ils viendront te voir pour t’annoncer ma disparition, n’oublie rien, l’odeur d’alcool et des parfums sucrés, les cravates que je mettais dans la poche pour sortir, mon compte en banque vidé en moins d’un an et surtout les relevés de carte bancaire avec l’adresse de bars à putes que j’ai pris soin de laisser traîner sur ma table de nuit. Dis-leur des choses comme : « Il a dû lier connaissance avec des gens louches qui lui ont fait des histoires. » Tu n’auras pas à mentir, tu seras convaincante.
— Je fais une petite crémaillère, vendredi en huit, tu viens ?
— Vendredi 17 ? J’ai rien, c’est noté. Je ferai des zakouski.
J’aurai des pansements plein la figure, mais je penserai à vous. À toi, surtout.