Chapitre 4

Les hommes du fort Wapassou avaient accueilli avec sang-froid l'annonce de la menace qui pesait sur eux. Dans leur fatalisme il y avait chez beaucoup de réels sentiments chrétiens, de résignation à la volonté de Dieu.

Angélique ne possédait pas ce genre de résignation. Elle aimait la vie avec une passion d'autant plus forte qu'il lui semblait n'en connaître que depuis peu toute la magnificence. Et elle ne voulait pas qu'Honorine ni ses fils fussent privés dans la fleur de l'âge de ce fruit savoureux. La mort d'enfants ou de jeunes hommes était un crime dont elle se serait sentie responsable.

Mais il y a des moments où il faut savoir faire le sacrifice de sa vie, pour soi-même et pour les siens, admettre que le couperet peut tomber à tout moment un jour, s'abandonner, sans révolte inutile, à ce sort qui est le sort commun...

« C'est ainsi que l'on chemine avec la vie et la mort pour compagnes – toutes deux ont leur importance – il ne faut pas avoir peur de la mort... »

Qui lui avait dit ces mots empreints de grandeur ? Colin Paturel, le roi des esclaves de Miquenez, un Normand, un simple marin, de la même espèce que ceux qui étaient là, rassemblés sur une terre étrangère et captifs de l'hiver... Lorsque Joffrey de Peyrac décida de veiller une partie de la nuit auprès du gentilhomme malade, pour laisser ensuite le tour de sarde au forgeron, Angélique ne trembla pas pour lui. Elle le sentait invulnérable devant la maladie.

Le huitième jour, le dernier des Hurons mourut à son tour, consumé de fièvre et le corps criblé de taches rouges.

Mais toujours pas de pustules.

À l'aube du jour suivant, en venant relever Clovis l'Auvergnat de sa garde, Angélique le découvrit presque inconscient, le souffle court, la face rougie comme le métal de sa forge et beaucoup plus mal en point que le malade qu'il veillait.

Angélique le considéra un long moment. Puis elle tomba à genoux en s'écriant : « Dieu soit loué ! »...

L'Auvergnat devait lui en vouloir longtemps de son exclamation. On pouvait lui raconter ce qu'on voulait. Il n'en démordrait pas. Mme la comtesse s'était vraiment réjouie de le voir malade.

Elle ne s'était même pas préoccupée de le secourir. Elle avait dit : « Dieu soit loué ! » Elle l'avait d'emblée planté là pour courir annoncer à tout le monde : « Clovis est malade. Réjouissez-vous... »

Il l'avait exactement entendu de ses propres oreilles. Et elle avait sauté au cou de la première personne rencontrée, en l'occurrence Nicolas Perrot.

Personne ne réussit à faire entendre à l'Auvergnat que ce qui avait tant réjoui Angélique en le voyant, lui, un ancien varioleux, frappé par la contagion, c'était la preuve et la certitude, enfin, que ce n'était pas la variole !... C'était une rougeole maligne, et certes beaucoup la contractèrent. Elle ne présentait pas pour autant la gravité du terrible fléau. Les Hurons étaient bien morts ; cependant, ils meurent pour peu de chose, les Canadiens en témoignaient. Un simple rhume les met à la dernière extrémité. C'est une race fragile depuis qu'ils ont fait alliance avec les Blancs. Leurs génies protecteurs semblent les avoir abandonnés et beaucoup parmi eux ont été jusqu'à accuser le baptême d'être la cause de leur déchéance et de l'extinction de leur race.

Frappés d'une fièvre maligne, ils ne pouvaient résister.

Pendant plusieurs semaines, la maladie allait requérir toutes les forces des habitants de Wapassou.

Passions, rancœurs, projets devaient faire silence. On les mettait de côté, pour après. Mais tout d'abord il fallait sortir de ce tunnel rouge où demeurait tapie dans l'ombre, l'ennemie, la mort. Jusqu'au dernier convalescent qui se lèverait, pâle et vacillant pour venir s'asseoir à la table commune et dont on célébrerait la présence par des vivats et des verres levés, la mort peut frapper ; mais il faut se battre pied à pied, faire reculer la fièvre, faire face aux défaillances, aux rechutes, aider à franchir la crise, prendre dans ses bras un malade qui se débat brûlant et le porter pendant de longues heures, comme au creux d'une vague ou à son sommet, de l'autre côté, là où il va échouer enfin épuisé, couvert de sueur, sur la plage de la vie. Alors, Angélique contemplait le corps inerte, gisant. L'attitude était la même. Le souffle qui séparait la vie de la mort était imperceptible. Mais Angélique savait que le plus dur était franchi, qu'il vivrait. Pour être bien sûre, elle posait encore sa main sur le front, les tempes, d'où s'éloignaient, comme un orage, les pulsations incandescentes de la fièvre, puis, rassurée, elle le couvrait soigneusement, veillait à ce qu'il ne pût se refroidir et s'en allait au chevet d'un autre.

La vue d'un malade triomphant de l'épreuve lui redonnait de grandes forces et elle gardait pour lui la sympathie et l'estime qu'inspire un bon combattant. De la reconnaissance aussi. Au moins celui-ci ne l'avait pas lâchée, ne l'avait pas désavouée, ne l'avait pas laissée vaincue, avec ses pauvres armes dérisoires.

– Ne me lâchez pas. Ne me lâchez pas, lui disait-elle. Je ne peux pas tout faire, il faut que vous m'aidiez.

Et après, il restait entre elle et ceux qu'elle avait contribué à guérir la solidarité de s'être battus côte à côte. À la vie, à la mort.

Devant la maladie les hommes ont tendance à s'abandonner, à lui faire la partie belle. C'est une ennemie qui les subjugue facilement parce qu'elle leur répugne et qu'ils ne veulent pas la regarder en face. Angélique les secouait, les obligeait à doser le pouvoir de l'adversaire et à s'organiser pour en venir à bout. Elle leur expliquait :

– Demain, vous serez très mal. Ne m'appelez pas toutes les cinq minutes car je ne peux pas m'occuper de tout le monde à la fois, et cela durant sans doute plusieurs heures... Je laisserai près de vous une cruche de tisane et un gobelet. Tout ce que vous aurez à faire, c'est de boire, mais alors faites-le. Quand on est devant quelqu'un qui vous veut du mal, on prend son couteau. On n'attend pas que quelqu'un le fasse pour vous...

Elle paraissait ainsi les laisser se débrouiller. Mais ils ne cessaient de la sentir présente. Elle passait, ne jetait qu'un bref regard, mais son sourire disait « bravo ! vous ne me décevez pas », et cela les revigorait, dans leur lassitude, leur demi-délire, leur désir de s'abandonner bêtement. Et puis, quand il le fallait, elle pouvait s'asseoir longtemps à leur chevet, y rester des heures sans impatience ni découragement.

Au début, les trois femmes se relayaient pour la garde de nuit. Joffrey de Peyrac assumait souvent les heures de l'aube les plus mauvaises, mais il constatait que la présence d'Angélique avait en elle-même la vertu d'une panacée. Il aurait voulu lui épargner une fatigue inhumaine qui peu à peu tirait ses traits, cernait ses yeux. Le manque de sommeil fut bientôt ce qui l'éprouva le plus. Malgré cela il lui semblait que, si elle passait une nuit tout entière sans aller voir ses malades, elle les retrouverait tous morts ou mourants en s'éveillant. Elle se contraignit au moins une fois par nuit à effectuer une ronde, allant de l'un à l'autre, se penchant sur chacun. Elle relevait des couvertures, posait sa main sur des fronts brûlants, aidait à boire quelques gorgées, murmurait des paroles de réconfort.

Dans la torpeur du malaise ils entendaient sa voix, savouraient l'inflexion, douce comme un baume, comme une caresse, réservée à eux seuls, et lorsqu'elle se penchait plus encore, voilant de son ombre la lueur diffuse venue du feu ou de la lanterne, leurs sens, à la fois engourdis et exacerbés par la sensibilité particulière à la fièvre, se réjouissaient de percevoir son odeur de femme et dans l'entrebâillement du corsage la clarté de sa gorge ronde, jouissance furtive, moins paillarde que nostalgique, celle d'une présence chaude et maternelle qui leur rendait la sécurité lointaine, délicieuse et jamais oubliée de l'enfance. Un soir, il semblait à Loménie-Chambord qu'il allait mourir. Dans son esprit s'estompait toute sa vie passée. Il était dans un autre monde, de l'autre côté de la porte qu'il n'avait jamais osé pousser. Par l'ouverture de la trappe lui venaient des bruits de voix, des odeurs de repas, un bourdonnement confus, et ces bruits familiers prenaient une densité et une signification nouvelles. Il leur trouvait une saveur exceptionnelle, celle même de la vie. La vie qu'il n'avait jamais goûtée. Et maintenant qu'il allait mourir, tout son être en avait la perception charnelle quoique diffuse. Et lui qui avait passé son existence à aspirer au jour de sa mort et à la rencontre avec Dieu, il regrettait de quitter la terre matérielle et rude, au point que des larmes coulaient de ses yeux. Il étouffait. Il se sentait seul. Alors il se prit à guetter la visite de Mme de Peyrac dans le grenier sombre comme celle d'un ange salvateur. Lorsqu'elle était venue, elle avait compris tout de suite, d'un seul regard, ses angoisses, et elle l'avait rassuré avec des mots calmes et sérieux : « Vous vous sentez mal parce que vous allez aborder une crise... La guérison viendra aussitôt après... Soyez confiant... Vous allez franchir ce mauvais pas... Si vous étiez en danger, je le saurais... J'ai une grande expérience des malades et des blessés... Vous n'êtes pas en danger... »

Il l'avait crue aussitôt et déjà il respirait mieux. Elle l'avait enveloppé dans une couverture, l'avait aidé à se lever et l'avait soutenu pour le guider jusqu'à un siège où elle l'avait fait asseoir. Il ressentait encore la pression de ce bras ferme soutenant sa faiblesse.

– Tenez-vous sage, ne bougez pas.

Puis elle avait changé les draps moites, avait secoué la paillasse écrasée par le poids du corps fiévreux, avait aéré les couvertures et remis des draps propres, tout cela avec des gestes amples, nets, mais si harmonieux dans leur vivacité qu'il n'en éprouvait pas de fatigue à la regarder. Elle l'avait aidé de nouveau à s'étendre et il se rappelait le bien-être des linges frais autour de lui. Enfin elle s'était assise à son chevet et, tandis qu'il se laissait aller à l'engourdissement de la fièvre, elle posa sa main sur son Front moite, sa main comme un talisman, un gage précieux, une force indéfectible, qui barrait la route aux phantasmes, sa main comme une certitude, une promesse, une calme attention, une lumière qui veille... Un cœur qui veille. Il s'était endormi comme un enfant et s'était réveillé, faible mais dispos, guéri !... Lorsqu'il descendit, de son grenier et prit place à la table commune, on lui fit fête comme aux autres. Pour les Français l'exiguïté du poste s'accordait mal avec leur situation de prisonniers. Après les avoir soignés comme des nouveau-nés, Angélique pouvait difficilement les écarter et ne pas veiller sur leur convalescence... Il y eut une période, vers la fin de janvier, où plus de la moitié du contingent se trouva alité. La maladie battit son plein environ trois semaines.

Joffrey de Peyrac lui-même fut atteint et avec une certaine violence, mais il fut sur pied plus tôt que les autres. Pendant quelques jours l'intensité de la fièvre le laissa presque inconscient. Angélique le veillait en s'étonnant de n'être pas plus inquiète. Ainsi étendu, rigide, il semblait qu'une force indéfectible continuât d'émaner de lui et la maladie n'arrivait pas à l'abaisser, à le rendre pitoyable. Angélique rappelait ses souvenirs et, en effet, elle ne le voyait jamais inspirant la pitié. Même lorsqu'il était une épave en chemise, la corde au cou, sur le parvis de Notre-Dame, dans l'abjection de son corps torturé, il n'en semblait pas moins plus fort que les autres. Et c'est de la foule haineuse et sotte, du moine hystérique, à demi fou, que l'on eût été plutôt tenté d'avoir pitié... Ce qu'il possédait, rien ni personne ne pouvait le lui ôter jamais. Parmi les rescapés du soir de l'Épiphanie le père Massérat fut le seul à ne pas contracter le mal rouge et il se montra pour Angélique un aide précieux. Infatigable, d'une obligeance à toute épreuve, il se chargeait avec bonhomie des corvées les plus rebutantes, lui évitant ainsi les plus lourdes fatigues, car soulever sans cesse ces hommes inertes, dont certains étaient parmi les plus athlétiques spécimens de l'humanité, l'épuisait. Le père jésuite, lui, saisissait son bonhomme comme un poupon, retournait les paillasses, tendait les couvertures, puis, lorsque son malade était bien sagement recouché, il lui donnait sa soupe à la cuillère avec une patience de nourrice. Comme beaucoup de ses collègues, il avait soigné les sauvages dans les épidémies, parfois seul valide pour des villages entiers, allant de cabane en cabane. Il racontait avec humour que cela finissait toujours mal, car les sauvages l'accusaient comme des enfants de vouloir les faire mourir de faim en ne leur donnant que du bouillon et gardant pour lui seul la viande et les légumes, et comme il était bien portant le pas était vite franchi de le rendre responsable des malheurs qui les accablaient.

Les temps de calamité sont favorables aux sorciers qui ont tôt fait de raconter à leurs ouailles que les dieux sont irrités parce que les villages ont accueilli la Robe Noire... À peine ses malades reprenaient-ils quelques forces qu'il lui fallait s'enfuir au fond des bois pour éviter la mort... Le père avait toujours une histoire à raconter pour distraire ses patients. Il amusait les enfants et leur tenait compagnie, jouant avec eux dans leur convalescence, sans se formaliser des trois huguenots qui se réfugiaient dans un coin de la chambre sans oser bouger, attendant le pire...

Lorsque le soin des malades lui laissait un peu de répit, il ceignait sa taille courte et carrée d'un tablier de toile gommée et allait brasser de la bière dans le cellier, fabriquer du savon ou même se livrer à d'énergiques lessives.

À Angélique qui, confuse, essayait de s'interposer, il opposa une force d'inertie toute jésuitique.

Comment après cela demeurer ennemis ?

Aussi, ce fut sans passion ni animosité préconçue qu'on aborda les questions restées pendantes depuis le soir de l'Épiphanie.

M. de Loménie, dès qu'il fut remis, ne cacha pas à Peyrac qu'il avait été, en fait, envoyé par M. de Frontenac pour lui demander de financer l'expédition qui avait pour but d'explorer le cours du grand fleuve Mississippi, lequel, à coup sûr, débouchait dans la mer de Chine. Il voulait en charger son homme de confiance, Robert Cavelier de La Salle, qui était précisément ce long jeune homme froid et austère qui les avait accompagnés au fort de Wapassou. À celui-là la vue des lingots d'or parmi lesquels on avait couché Pont-Briand, le premier soir, n'avait pas échappé. Après quoi il avait été malade comme un chien. Mais, sitôt remis, il avait entrepris Loménie et Arreboust, les poussant à mener à bien leurs pourparlers avec le maître de Wapassou.

– Vous êtes donc vraiment aussi riche qu'on le dit ? demanda le chevalier de Malte au comte.

– Je le suis et je le deviendrai plus encore par la tâche que, précisément, je suis venu entreprendre ici.

Florimond était dans tous ses états car explorer le Mississippi et découvrir la mer de Chine était sa marotte secrète. Il prétendait l'avoir eue depuis qu'il était tout petit. Cartographe accompli, il rêvait devant l'inconnu des parchemins qu'il dessinait lui-même et sur lesquels il se livrait à des calculs et à des recoupements sans nombre.

Dès qu'il sut les intentions de M. de La Salle, il ne le quitta plus. C'était un homme froid qui paraissait beaucoup plus jeune que son âge et qui avait pourtant derrière lui l'expérience aune vie assez diverse. Il était d'une susceptibilité d'adolescent, exigeait qu'on l'appelât tantôt M. de La Salle, tantôt Cavelier, lorsque la pensée que le Canada devait être créé et conquis par des hommes simples lui traversait l'esprit. Il avait été récemment anobli, et pour qu'Angélique ne pût le mettre en doute, ce à quoi elle ne songeait guère, il lui montra les lettres signées du Roi. « À notre cher et bien-aimé Robert Cavelier de La Salle, pour le bon et louable rapport qui nous a été fait de bonnes actions qu'il a Faites dans le pays du Canada... »

Un lévrier courant sur fond de sable surmonté d'une étoile à huit raies d'or devenait l'armoirie symbolique du nouveau seigneur. Avec cela, il possédait une érudition certaine, un courage à toute épreuve, une ténacité de visionnaire. Persuadé d'être un jour le découvreur du fameux passage de la Chine, le rêve de tous les audacieux qui avaient osé se lancer vers l'ouest, sur la mer des Ténèbres, au siècle dernier, il s'impatientait de n'être pas encore parvenu à son but... ni déjà revenu. Florimond le comprenait : « Je suis certain que ce fleuve immense que les Indiens nomment le Père des eaux nous mène sans quitter le canot jusqu'en Chine. Ne croyez-vous pas, père ? »

Non, Joffrey de Peyrac ne le croyait pas et il opposait aux enthousiasmes de son fils une moue dubitative qui tourmentait le jeune garçon mais ne le décourageait pas pour autant. Angélique était désolée pour Florimond. En mère admirative et touchée par ces enthousiasmes juvéniles, elle aurait bien voulu lui offrir la mer de Chine sur un plat, mais d'autre part la confiance dévotieuse qu'elle avait dans le génie scientifique de son mari ne lui permettait pas d'espérer. Joffrey de Peyrac reconnaissait volontiers que ses doutes ne reposaient pas sur des données précises.

– En fait, disait Florimond, votre scepticisme n'est pas étayé par des calculs...

– En effet ! Dans l'état actuel de nos connaissances, il serait difficile de les établir...

– Le mieux serait donc d'y aller voir...

– Certes...

*****

– Je pense qu'il serait bon de laisser Florimond accompagner ces gens fanatiques, illuminés et géniaux dans leur expédition, dit-il un soir à Angélique. Il apprendrait à leur contact la valeur des qualités contraires : celles de mesures, d'organisation, et qu'une solide formation scientifique peut parfois remplacer aisément le génie. D'autre part, il réaliserait son rêve d'exploration en compagnie d'hommes que rien ne peut rebuter et qui ne se montrent jamais aussi ingénieux que dans les situations difficiles et même désespérées. C'est le don propre du Français. Florimond, qui en est fort peu pourvu, pourra l'y développer à loisir, sans que la sévère et prudente mentalité anglo-saxonne ne vienne refroidir ses ardeurs.

« D'autre part, s'ils réussissent, cela me donnera une place décisive en Amérique du Nord. S'ils échouent, il n'en restera pas moins que j'aurai financé l'expédition et évité à M. de Frontenac d'en faire porter le poids au Trésor public. Par simple reconnaissance – et c'est un homme honnête, gascon de surcroît – il aura à cœur de préserver ma situation aux frontières de sa colonie.

« Si j'avance cet or à fonds perdu, j'en retirerai au moins un avantage moral, et pour notre fils aîné une école sans prix, sans compter les plans, notes et renseignements qu'il me rapportera sur le sous-sol des pays traversés. Ce que Cavelier, malgré une certaine compétence, ne pourrait faire. Florimond est déjà, sur ce point, plus savant que lui...

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