— Kot ! me dis-je, lorsqu’on tambourine à ma lourde, c’est sûrement la police.
Cette manière de massacrer une porte ne peut être que celle d’un poultok. Allemand, de surcroît !
Être allemand, lorsqu’on est flic, c’est l’être deux fois !
Suzy — prononcer « souzzi » — vagit à mon côté, la tétasse à l’air. C’est la plus blonde des deux hôtesses. Privée de son soutien-gorge et couchée sur le dos, on dirait qu’elle est à demi dégonflée. Après m’avoir fourni le renseignement que j’attendais d’elle, la bonne hôtesse de fret s’est muée (ainsi que sa grosse camarade) en hôtesse de frai. Subjuguées, les chères petites nous ont pilotés dans une auberge isolée, sur la route de Ratisbonne, à quelque trente kilomètres de Munich. L’endroit est charmant, vieillot, accueillant. Il présente l’avantage de ne jamais fermer et de fournir des chambres à l’heure aux automobilistes « fatigués ». Après l’échauffourée de la brasserie, j’ai été fort aise d’avoir un endroit discret où finir la nuit. Nos deux gretchens constituent une paire d’aubaines que nous avons honorées selon leurs grands mérites, Pépère et moi. La big séance, mes chéries. Chevauchée infernale ! L’auberge en a tremblé de la cave au grenier.
Boum ! boum ! fait le visiteur nocturne, que je devine grand, massif et vêtu d’un long cuir noir.
— Vasistas ? murmure Suzy.
— La fin d’une fête galante, je ronchonne.
Flûte, au moment où tout carburait à merveille. La piste renouée, une planque, une fille douée pour le matelas ! J’ai même pu contacter Félicie pour lui dire de régler nos notes et de filer à Paname par le premier avion, demain matin, voire par un train de nuit s’il y en a encore un…
— J’arrive ! dis-je en m’introduisant dans mon futal. Pas la peine de casser la cabane.
J’imagine déjà cette pommade ! Ces palabres avec nos confrères germains ! Les explications filandreuses ! Les cautions à produire…
J’ouvre enfin, sans joie.
Au lieu du matuche escompté, je découvre dans l’encadrement le loufiat de nuit, gros et roux dans une veste blanche trop courte et trop étroite d’au moins deux tailles.
— Quoi ? fulminé-je.
Il a du sommeil sous les lanternes, une barbe blondasse poudre d’or ses joues roses de modèle-à-tirelire.
— Vous êtes le Kommissaire San-Hantonio ? me demande le serveur.
— En effet, éberlué-je, pourquoi ?
— On vous demande au téléphone.
Je zieute le valeton dans les carreaux. « Toi, mon frère, lui dis-je in petto, tu me vends des salades un peu frisées. La ruse est grosse. Doit y avoir deux méchantes armoires dans le couloir, prêts à me bondir dessus sitôt que je ferai un pas en avant…
Je coule un regard rapide à l’extérieur. Contre toute attente, le couloir est désert.
De plus, le serveur me paraît sincère. Sa morosité n’est pas de pacotille.
— Qui donc me demande ?
Il hausse les épaules.
— Je ne sais pas !
De plus en plus ahuri, je bigle ma tocante. Elle raconte 3 heures 10 en chiffres romains. Voilà un mystère de taille, convenez-en ! Qui peut savoir que je suis ici, excepté Béru et mon ange gardien ?
— Je reviens, dis-je à Suzy.
Et je file le train au garçon. Il me conduit au fond de la salle de bistrot. Une porte vitrée est restée ouverte et j’aperçois un combiné téléphonique posé sur un annuaire.
— Là-bas, me déclare le bouffi.
Toujours impressionnant, un appareil tubophonique décroché lorsqu’on s’en approche sans savoir qui vous attend à l’intérieur de la petite passoire.
Je biche courageusement le petit haltère d’ébonite et je lâche un « J’écoute » tout pareil à un pet de sacristain pendant la grand-messe.
Abasourdissement total !
Stupeur sidérale !
Engourdissement instantané de mon entendement.
Délabrement de mes facultés.
Déliquescence absolue de mon esprit.
Le Vieux !
You bien entendre, mon z’ami ? The Vioque soi-même. La voix nette comme s’il venait de passer une belle noye de grand repos. Le Vieux, incisif, net, autoritaire, péremptoire.
— San-Antonio ?
— Heu ! Ben… Je… Oui, monsieur le dir… Mais coco… mais comment…
— Pourquoi me laissez-vous sans nouvelles après avoir pris cette initiative d’aller en Allemagne ?
— Mais, patron… je… Coco… Comment avez-vous su…
— Du nouveau ?
Je respire un vachtement grand coup d’oxygène allemand.
— Pour moi, un nouveau énorme, monsieur le directeur : j’ai recouvré la vue !
Ça le foudroie un tantichouille.
— Vraiment ? Eh bien, la nouvelle est de taille, en effet. Bravo ! J’en suis très, mais alors très, très heureux, mon petit.
— Merci, monsieur le directeur, je suis ravi d’être, par la même occasion, redevenu « votre petit ».
Culotté, non ? Il prend ça dans les badigouinces comme une porte à va-et-vient. Puis, aussitôt, il repart dans les grincheries :
— Parlez-moi un peu de cette foutue enquête, c’est le black-out, ici ! Cet ahuri de Bérurier ne donne pas signe de vie…
Tandis qu’il cause, je virgule un regard pas joyce dans la salle, par la porte vitrée. À cette heure supra-tardive, ou super-matinale, il n’y a qu’un client. Un type qui ressemble à un toucan. Sa tête n’est qu’un gros bec jaunâtre, avec deux gros yeux placés sur ses profils. Il porte un imper au col relevé et me considère d’un air sardonique qui me fout les doigts de pied en bouquet de fleurs d’oranger[28].
Je pige tout. Ce fumelard de Big Boss a, une fois de plus attaché un ouistiti à mes chausses. Le vilain me filoche, en douce et rapine mes fesses et gestes au Dirlo ! Décidément il lui vient de sales manies, au Dabuche, en prenant du carat. Ça tourne marotte, son besoin de contrôle. Ainsi j’étais miro et, nonobstant, il avait attaché un guignolet à ma personne ! La fureur me sort des naseaux. J’ai mille peines à la refréner.
— J’ai retrouvé la trace du dirigeable utilisé pour l’opération, jeté-je hargneusement. Il appartenait au maréchal de l’Air von Dechich, lequel l’a cédé moyennant une somme élevée à un type équivoque du nom de Karl Steiger, habitant 54 Mabitakouperantranschestrasse, Munich. Ce dernier a fait expédier l’enveloppe en Tathmaziz par avion-cargo spécialement affrété. Suite à ma visite au maréchal, et après avoir été convoqué par celui-ci, Steiger s’est mis en communication avec des gens qui…
Je lui déballe les incidents de la soirée.
— Passionnant, passionnant ! glapit Pépère. Comment comptez-vous mettre la main sur ces gens ?
— Je vais aviser, fais-je. Je vous tiendrai au courant. Excusez-moi, patron, mais il faut que je vous quitte.
Je raccroche pour bondir hors de ma cabine.
Traverser la salle de l’auberge avec la vélocité de Mercure sur sa roue ailée…
Rattraper le toucan à l’imperméable qui s’apprête à monter dans sa pompe : une vieille D. S. cabossée.
— Hé ! L’ami…
Il se retourne. Me regarde d’un air gêné… Je file un zœil sur sa plaque minéralogique. 75 ! Parissss, mes frères ! J’avais vu juste, non ?
— Monsieur, il bredouille, l’apôtre.
Mon gauche lui atterrit sur la pommette droite. Il bascule contre sa chignole. Je le récupère par un revers de son C. C. C. Ma droite, cette fois-ci. Chplaofff ! Dans la margoule. Il suffoque, chapatouille de la menteuse et crache deux vilaines dents enrobées de mousse sanguinolente. Je double au menton… Il s’efface sur le sol germanique, fécondé par le sang de ses glorieux enfants. Sans me biler, j’ouvre sa portière, le ramasse, et le transvase derrière son volant.
— Premier et dernier avis, lui déclaré-je. Si je te retrouve sur mon chemin, je te massacre si radicalement que tu ressembleras à une tomate pourrie, compris ?
Il bavoche des bredouillis informes.
— Banco, ajouté-je. Maintenant décarre, fonce droit devant toi, et ne t’arrête pas avant de lire sur un panneau : « Cap Nord, 10 kilomètres. »
Pas besoin de répéter.
Le tourbillon bleuté de son échappement est sa seule réponse.
Avant que de regagner ma turne, je m’arrête au rade pour me faire servir un scotch par le loufiat de nuit. Il ressemble à une grosse pédale de village. De celles qui redoutent la vindicte publique et se font membraner seulement à l’âge adulte par des potes de régiment.
— Comment comptez-vous mettre la main sur ces gens ? qu’il m’a demandé, le Pope.
Cette question, je me l’étais déjà posée, comme de bien vous pensez, seulement, because les gentilles hôtesses, j’avais remis la réponse à la veille d’après-demain !
À présent que je suis bien réveillé, avec les nerfs en pelote d’épingles, elle prend une acuité lancinante. « T’as pas le droit de laisser se refroidir une piste, mon San-A. », me chuchote mon lutin intime. « T’es là à tâter une teutonne aux tétons tentateurs au lieu d’aller de l’avant, c’est indigne de toi, de ton honneur, de ta vaillance et de ton roi. »
Je siffle mon godet et je vais tambouriner à la porte de Béru-la-Matraque. Sa souris se réveille avant lui et joint ses efforts aux miens pour l’arracher au brouillard.
— Quoi-ce ? bougonne l’ensommeillé, tu veux un p’tit rabe d’affection, môme ?
— Lève-toi et marche après être passé par ton pantalon, lui dis-je.
Il bâille à en décrocher la mâchoire du lion Brutus, lâche un vent qui coucherait tous les genêts d’or de la lande bretonne et soupire.
— Turellement, y’a que ta pomme pour tirer des toiles un nonnette citoillien à… à…
Déclic de la poire électrique.
— À 4 heures moins 20 ! tonne l’Enflure. On va pas aux escargots, quoi, merde ! Quelle idée de venir me dépoter à c’t’ heure industrielle, Dedieu de Dedieu !
— Le Vieux vient de m’appeler de Paris, ça urge.
Il toussote, rassemble dans son clapoir nuiteux des immondices qu’il expectore à travers la chambrette de l’auberge.
— Tu me prends pour un chêne ou pour un gland, hé, dis, Sana ? Le Vioque, t’appeler ici… Alors qu’il…
— Bouge-toi l’oigne, je te raconterai. Rendez-vous d’ici dix minutes dans la salle, je commande des caouas.
— Dans un quart de plombe seulement, si ce serait un effet de vot’ bonté, m’sieur le commissaire, riposte l’Embrasé. « Me v’là encore avec Popaul dans les apothéoses, et faut que je raconte un gros brin de fleurette à ma Fräulein, histoire de m’essorer l’intime.
Si vous ne connaissez pas Munich, je vais vous préciser une chose. La Mabitakouperantranschestrasse prend à gauche du beffroi de Saint-Hermanngöring, sur la place Liebadolf. Vous ne pouvez pas vous tromper. Ou alors c’est que vous êtes plus cons que possible.
Il s’agit d’une voie à faible écartement, bordée de vieilles maisons ayant toutes pignons sur strasse. L’une des rares rues préservées des bombardements, lors de la dernière guerre polono-allemande, grâce à l’initiative du bourgmestre qui avait écrit une très gentille lettre au général Eugène-au-Vert pour lui signaler que sa belle-sœur y habitait.
La chose va probablement vous surprendre, mais le 54 se trouve entre le 52 et le 56 et non pas entre le 53 et le 55, comme se l’imaginait un ivrogne qui, n’ayant pas vu les façades d’en face, croyait être sur une place.
Des fenêtres à petits carreaux… Des motifs gothiques au-dessus du porche, et des motifs de satisfaction sur la façade, tel est, en grosso et en modo, l’aspect général de la maison qu’habitait feu Karl Steiger.
La construction ne comporte qu’un étage.
Et encore, je compte le grenier !
— T’as ton sésame ? s’inquiète le Formide en lancebroquant contre la façade.
— Toujours, voyons !
Je chipote la serrure. Un coup à fond, un coup à droite… Zoum ! La porte abdique comme un roi africain en visite officielle au casino de Nice lorsqu’il apprend par les journaux qu’un soulèvement a eu lieu chez le concierge de son palais.
— Amène-toi, Manneken ! ordonné-je.
Il cesse de pleuvoir et me suit.
Des odeurs vieillottes vous chopent au pif sitôt que vous avez passé le seuil. Ça renifle la bière tournée, la soupe froide (aux choux) et le poil de chien mouillé. Fectivement, un gros toutou vient dans les pénombres nous donner de la queue d’une allure guillerette.
J’actionne le commutateur.
On est en plein XVIe, mes fieux.
XVIe siècle, œuf Corse.
Et même XVIe petit-rond-au-dessus-du-second-guillemet avant J.-C.
Un vrai musée.
Délabré, pillé, chaotique. Des dalles de pierre disjointes, des portes basses à panneau-serviette (comme dans un restaurant), des murs plus épais que des digues hollandaises, du salpêtre, quelques meubles massifs…
L’entrée est une sorte de salle basse, dépouillée et fraîche. Un escalier de quatre marches descend à une porte sur laquelle est écrit : Bureau, en gothique ; un autre, de huit marches, conduit à un palier.
L’entrée du burlingue est fermée à clé. Vous ne l’ignorez pas, et je viens de vous en administrer une nouvelle preuve, ce n’est pas pour moi un obstacle.
Le Gros caresse Médor, un fort chien de chasse jaune et blanc, avec les oreilles en orchite double et un gros museau de bois.
Le chien aboie de contentement, excité de rencontrer plus animal que lui.
— Hé, les frères siamois, rappelé-je à l’ordre, ne rameutez pas le quartier à cette heure ! Reniflez-vous le trouduc en silence, je vous prie.
Ils se le tiennent pour douze[29] et s’ébattent gentiment dans la grande entrée (qui devait être une salle de taverne, probable, à l’époque où le duc de Bavière devint Électeur). Béru goûte un reste de la pâtée de Médor et, en témoignage de reconnaissance, lui accorde la tranche de sauciflard qu’il porte dans un compartiment de son larfouillet, comme une fleur séchée. Sans plus attendre, je me colle au labeur.
Pas joyce pour un pfennig, mes amis. Tu parles d’un « cheni », le bureau de l’entremetteur ! On ne sait pas par quel bout l’attraper. Des piles de paperasses montent du sol. Les classeurs déglingués dégorgent de feuillets multicolores. Un bahut sans porte vomit un flot de documents ornés de titres gothiques terriblement rébarbatifs pour un chaud latin comme I am.
Ma doué, cette avalanche ! Il faudrait trente-deux ans à une équipe d’experts-comptables chevronnés pour répertorier et classer cette marée jaunie. Je ne peux rien espérer d’un tel Himalaya de dossiers. Son dabe, son grand-dabe devaient être tabellions, à Karl Steiger. Il a conservé leurs archives. Ajouté sa contribution de chiffons de papier à l’héritage ancestral. Ça a dû commencer avant le règne d’Henri le Lion, tout ce bigntz. En fouillant par en dessous, on découvrirait des documents celtes, je parie ! Je prends peur. Je renonce… Qu’espérer de ce capharnaüm ?
J’en suis à ce point de ma perplexité lorsqu’un cri de trident (comme dit A.-B. B.) retentit dans l’entrée.
Je me précipite.
Et je fais bien : le spectacle méritant le déplacement.
Maginez-vous qu’une personne de sexe probablement féminin vient de surgir sur le palier du demi-étage. Faut y regarder à quatorze fois avant de se faire une opinion. La Foire du Trône enfoncée, mes chères petites ! Tous les records battus ! Tu captures ce machin, tu l’exposes sur l’esplanade des Invalides, et tu fais fortune en huit jours, montre en main !
J’ savais pas que ça pouvait exister, ÇA !
J’en doute encore en le fixant.
Deux mètres de haut ! Deux cents kilos ! Une tronche grosse comme un chaudron à gruyère… Une cascade de joues, bajoues, mentons devenant seins (et sauf) sans transition, continuant de débouler dans un immense-sac-chemise-de-nuit pour se transformer en ventre.
La statue du Commandeur, visionnée dans un miroir déformant ! Un cauchemar en marche ! Ça va à la limite du tolérable. C’est prodigieux ! Déconcertant ! Inouï ! Grandiose ! Grotesque ! Frankenstein gonflé au gaz de ville ! Ça ne se peut pas ! Et pourtant ça se meut ! Ça meûeûhhh ! S’agit-il d’une baleine à forme plus ou moins humaine ? Est-ce le résultat d’une éléphante et de son cornac ? On suppute, on supure en reculant. Car cette montagne est en marche ! Cette Marie-Bizon brandit un glaive ! Durandale ! L’épée de Roland, elle a hérité, la belle Aude. Elle nous charge comme des malfaiteurs que nous ne sommes pas ! Impitoyable, sa masse nous arrive dessus.
— Non, madame ! Non, madame ! supplie Béru en interprétant un morceau de claquettes avec son râtelier à impériale. T’as une arme, San-A. ? il implore.
I have not, hélas !
— Frau, chère Frau ! je crie. Nous sommes des amis de Karl !
Au lieu de la calmer, ça paraît achever de lui porter le comble, à la Vachasserie. Elle pousse des sous rauques en avançant, l’épée brandie. On recule. On va se barrer. Las, cette garce de porte est coincée. Faut la soulever un chouille de ses gonds pour débloquer le loquet. Un truc de c’t’ âge-là, vous pensez que le Blount peut pas s’en charger !
Dame mammouth n’est plus qu’à deux mètres. La lumière du lustre fait miroiter la lame. Elle va perforer Béru, se servir de son bide comme de fourreau pour sa rapière.
Il est quasiment mort, Alexandrovitch-Bénito. Transpercé jusque z’au fond du foie d’une atteinte imprévue. Que dire, que faire ? Prier ? On lit le meurtre dans les yeux de « la chose ». C’est la muse de la gestapo ! It’s all over for Béru ! Fors l’honneur, comme disait François (Pavie, pas pris).
Il va trépasser, Béru…
La robote ajuste déjà son coup. Assure l’élan de son bras…
— Hé, mâame Frau ! Vous z’allez pas carboniser un mâle de c’t’ envergure ! lance désespérément Béru en actionnant sa braguette magique !
Ah, m’sieur Éclair, que de reconnaissance nous vous devons pour votre géniale fermeture ! Certes, elle est un peu bruyante dans les cinémas, mais par contre, que de signalés services elle rend aux prostatiques, aux frénétiques, à tous ceux — et ils sont nombreux de par le monde — qui doivent sortir leur poisson rouge de l’aquarium en un temps record !
Floutttt !
Servez chaud !
La déesse Mars (en carême) se paralyse à la découverte de ce joyau. Il a, d’un geste déjà routinier sorti la barre des écrins, ce vieux Pelvoux !
— Mein Gott ! Mein Gott ! fait l’espèce de personne en lâchant son épée.
— Vous v’ rendez un peu compte de l’assassinat que vous suciez commis, mon p’tit cœur ? se requinque le Mastar. « Détriper un mec qui aborde un étendard pareil, ce serait été de la démence, non ? Allez, stoppez votre pastaga, ma fleurette ! Venez dans vot’ chambrette, qu’on s’esplique, se mette à jour tous nos maux-entendus.
Avec un franc sourire de chef d’orchestre ovationné, Bérurier prend la montagne par la main et l’entraîne.
Je les regarde disparaître avec le sentiment inoubliable d’avoir assisté à un miracle.
C’est beau la présence d’esprit, non ?
Si le Gros n’en avait point eu, nous serions vraisemblablement embrochés, lui et moi. Allez donc continuer à débiter des couenneries, avec vingt ou trente kilos de ferraille dans le garde-manger ! San-Antonio ? Kaput !
Terminoche, closed pour cause de perforation.
Irrémédiablement !
Car enfin, admettez : si l’on a vu beaucoup de vivants faire semblant d’être morts, on n’a, en revanche, jamais vu des morts faire semblant d’être vivants.