CHAPITRE (SOMME TOUTE) CINQUIÈME

Je crois que si on tournait un documentaire sur le roi des cons en exil, faudrait braquer une caméra sur moi, en ce moment, mes loutes.

Il est coquinet, le San-A. Le paturon incertain, la main gauche balayeuse, avec des sursauts, des arrêts brusques, des hésitations sans cesse renouvelées…

Ah, c’est pas facile d’être aveugle débutant. Long va être l’apprentissage. Plein de bosses et de bleus. Je vais me péter le cigare plus souvent qu’à mon tour, espérez du peu ! Je me sens infiniment grotesque et vulnérable. Paumé, gaga. Comme disait une amie à moi : « Je donnerais bien dix années de ma vie pour être sûr de vivre encore vingt ans ! » Jamais je n’eus pareillement la notion de notre précarité. Un frelon contre une vitre, voilà ce que je suis devenu. Entouré de perfidies, me semble-t-il. De maléfices hautement mijotés.

Il m’arrive, parfois, de rêver que je suis aux agonies et promis à l’enfer. Tout est TERRIBLE. Tout est compromis : mon corps, mon âme. Je suis désormais voué aux pires affres morales et physiques. L’effroi me glace. Ça dure un bout de temps. Et puis, brusquement, mon tempérament reprend le dessus et je me résigne furieusement. Je décide que « et merde ! ». À compter de ce sursaut tout va mieux. Ma cuirasse est verrouillée. Là, c’est presque du pareil. Pour commencer je crierais de désespoir, de peur aussi. À trébucher d’un pas sur l’autre, à heurter tout, à décrire des embardées de marin par gros temps, je me considère vite comme un déchet de la société. Un être perdu. La sueur colle mes fringues à mon corps. J’ai le cœur en frénésie. La gorge bloquée. Un indicible malheur planté jusqu’en ma plus humble cellule.

— Vas-y molo, Gars. Attention, v’là un gros caillou, rabas-toi par ici…

Béru me pilote au mieux.

Au lieu de lui en savoir gré, j’enrogne. Je pense des invectives. Je voudrais insulter l’univers tout entier : le Gros, le soleil, une certaine idée de Dieu qui traîne en moi depuis l’enfance. Leur crier « chiasse », à tous. Leur expliquer qu’ils me courent, que je les hais. Je voudrais Félicie. Oh, ça oui… Me blottir contre ma vieille, la supplier de me guérir. Prendre sa main, comme à l’époque jadis où je ne marchais pas encore et circulais entre des falaises à pic. Je me dis qu’elle trouverait un moyen, M’man. Elle ferait quelque chose pour moi. J’ai besoin. Faut qu’on m’aide ! Qu’on me sauve.

Il a raison, Alexandrovitch : je devrais rentrer en France. Désormais ma besogne est finie. À moi les pensions, les décorations. Blessé grièvement en service commandé. Devenu aveugle pour avoir convoyé une saleté de caillou que des salopards ont voulu s’emparer en employant les grands moyens.

La colère me submerge. Si je les tenais, ces fumelards, aveugle ou non, je saurais leur jouer Ninette !

De cette rage sort une grande vague de courage. J’y puise la ténacité nécessaire. Tant qu’il sera vivant, il se rebiffera, San-A., mes frères. Il dira non à tout ce qui lui paraît inique, injuste, voire simplement mesquin.

— T’as l’air en pétard ? remarque Béru.

— Si tu étais à ma place, tu aurais peut-être du mal à ronger ton frein, Gros.

— À quoi ça sert de te bouillonner le raisin ?

— À me soulager.

— Bon, en ce cas, gêne-toi pas.

Nous déambulons dans les rues torrides de Kelbochibre.

— Où allons-nous, Chef ? demandé-je pour faire diversion.

— Au garage, chercher une chignole amphigourique, que j’ai retenue.

— Qu’appelles-tu une voiture amphigourique ?

— Mince, t’ignores le progrès, Sana. Tu sais : une auto qui roule sur l’eau aussi bien que sur terre ?

— Tu veux dire amphibie ? ricané-je.

Il s’arrête. Je connais sa figure à cet instant. Cette trogne couperosée, mafflue, hostile, avec de grands yeux jaunes et des lèvres peintes au beaujolpif de l’année.

— Écoute, dit-il. Faudrait pas perdre le contact av’c la réalité, Mec. J’ sus le boss, et s’agirait pas de me chahuter l’autorité en voulant me donner des leçons de français. Doré de l’avant, le français, c’est moi que je vais te l’apprendre, vu ?

— Hélas, entendu seulement, Gros, soupiré-je manière de lui ruiner le tonus. Entendu, mais pas vu ! Oh non, pas vu !

Il me pose la main sur l’épaule.

— Remarque, je dis pas que de temps en temps, tu me reprennes gentiment, lorsqu’on est entre quat’ z’yeux.

Je le foudroie pour le compte.

— Parle pas non plus de « quat’ z’yeux », Gros.

Il chiale.

* * *

La digue…

Le Dodu vient de couper le moteur et une odeur d’essence carbonisée se faufile dans mes narines sur la pointe des pieds.

— Ça se présente comment ? je demande.

— Comme annoncé à l’estérieur, mon pote. La jeep, la chenillette, un vide et l’aut’ chenillette.

— C’est l’emplacement du camion qui m’intéresse, allons examiner les lieux.

Il tousse âprement.

— Perds c’te manie de vouloir me commander, avertit le nouveau boss. J’aime bien conserver ma livre d’arbitre lorsque j’enquête en chef !

Je crois que, la chaleur aidant, ses prérogatives lui montent au cervelet. Les galons sont des échelons grâce auxquels les hommes escaladent d’autres hommes avec une furia d’écureuil en cage. Ils gravissent tous une échelle ronde, les hommes. Ils ascensionnent sur boucle, ces couillons. Suffit de les attendre. Ils te font « Ohé », de là-haut. Et puis ils continuent d’escalader et, ce faisant, se retrouvent avec le pif entre tes miches, sans comprendre.

Je me gausse carrément de la terrine du chef. Lui dis qu’il peut aller se faire obstruer chez les Grecs. Qu’il a une tête de chef de gare pour chanson impertinente. Qu’on l’imagine mieux en adjudant-chef ou en chef d’équipe. Et puis d’autres trucs encore moins gentils.

Il les efface sans piper.

Comme un chef !

Le stoïcisme, ça fait partie de la maîtrise.

Lorsque je me tais, il se contente de demander d’une voix brève et péremptoire.

— C’est terminé, voui ?

Puis, glacial malgré les degrés qui nous pleuvent sur le cassis.

— On va procréer à une reconstitution de la chose. En vot’ vertu de témoin, m’sieur San-Antonio, je vous prie de bien vouloir me narrer le bidule.

« Pourquoi pas ? se dit tout crûlment[9] l’homme intègre que je suis.

Et il s’ajoute dans les in petto les plus confidentieux : « Fais taire ton orgueil, imbécile. Bérurier a le bon droit pour lui. Il est réellement chargé de te remplacer. Alors ne complique pas sa tâche. Et comme l’écrira l’arrière-petit-fils du général Massu, septième du nom (autrement dit Massu 7) lequel aura été élevé, non seulement à la hauteur des institutions, mais de plus à bonne école (militaire) « Comment peut-il prétendre commander, celui-là même qui ne sait pas obéir ! » Les bons chefs se recrutent chez les bons subordonnés.

— Je suis à vos ordres, monsieur l’inspecteur principal ! redditionné-je.

Et fort succinctement, sans y changer un pouce de iota ni le moindre détail, en ponctuant bien mon récit de virgules frivoles, surveillées par ces virgules-chefs que sont les points-virgules, je lui propose un récit d’une totale fidélité.

Le Gros m’écoute en mastiquant j’ignore quoi, mais qui craque. De temps à autre, tandis que je refais provision d’oxygène, il recrache des excédents franchement incomestibles (sinon il les consommerait).

Et lorsque je me tais, il questionne.

Il a la voix autoritaire de l’enquêteur. Ce ton inoubliable à cause duquel on nous catalogue dans le rang des maudits. Car les gens ne se rendent pas compte de ce qu’est notre métier. Ils oublient que nous évoluons dans le crime et dans le vice et ils voudraient que nous barbotions dans cette fange comme dans une piscine à l’eau d’azur. Il nous faut débusquer des ordures parmi les honnêtes gens, et ils s’étonnent que nous considérions tout le monde comme des ordures en puissance. Mais le moyen de procéder autrement, je vous demande ? Si nous appliquions la méthode inverse, qui consisterait à tenir tout le monde pour innocent, nous n’arriverions à rien ! Un dentiste vérifiant une denture suspecte chaque dent de caries cachées et investigue exactement comme nous le faisons. Qui songerait à lui en tenir rigueur[10] ?

Hmmm ?

Je disais, Bérurier questionne.

Il me dit ceci :

— M’sieur Sale-Antonio…

— San-Antonio ! rectifiége.

— Escusez, j’ai toujours un certain mal à me fout’ le blaze des témoins dans le citron. Vous disez que tout a commencé par une sorte d’espèce de roulement de tonnerre ?

— Parfaitement, m’sieur l’Introspecteur.

— Inspecteur Principal, si ça vous écorcherait pas la gueule.

— Pardon, j’ai toujours eu de la peine à retenir des grades des flics.

— Bon, le tonnerre, comme qui dirait en sorte ?

— Oui : le tonnerre !

— Les éclairs qu’a suivi fussent-ils instantanés ?

— Il s’est écoulé un certain laps de temps entre le dernier grondement et la première lueur.

— Vot’ lapse, monsieur Encens-Tonio, vous le mésestimez à combien t’est-ce ?

— Une minute environ, monsieur l’Instructeur Général.

— Donc, vu l’importance du bruit, y pouvait pas s’agir du vrai tonnerre ? Autrement sinon, la lumière aurait suivi plus vite ?

Allons bon, physicien, Béru, à présent.

— En effet, il ne pouvait s’agir du tonnerre de Dieu.

— Essayez de bien vous mettre la gamberge en tas m’sieur Cent-ans-Tonio, après le grondement que vous causez, avez-vous entendu un bruit de moteur ?

— Je vous prie de considérer, monsieur l’Improvisateur-Chef, que je roulais à bord d’un camion, entre deux chenillettes, et que, par conséquent, les bruits de moteur ne manquaient pas.

Il y a un silence. Le roi des Béru s’évente avec son chapeau. De ce fait, un brin d’air me parvient à travers la gluante stagnance qui nous accable.

Déconcerté, le Gros soupire.

— Pour pas planquouzer le fond de ma pensée, déclare-t-il, je vois qu’une explication à ceci-cela : un héliocoptère de grandes puissances. Vous êtes certain et à peu près sûr de ne pas avoir reconnu le ronron cataractatérisque d’un héliocoptère ?

Je rame en avant pour trouver l’épaule musclée de l’inspecteur principal Bérurier. Mon instinct joint au hasard me permet de la découvrir assez rapidement.

M’étant assuré un point d’appui, je ne soulève pas le monde, mais seulement mon raisonnement, ce qui n’est déjà pas si mal.

— Monsieur l’Inventeur-Admirable, déclaré-je, votre explication est aussi foireuse qu’une diarrhée de chaton. L’intensité sonore et lumineuse fut si violente qu’elle a tué des hommes et m’a rendu aveugle, moi qui pourtant me protégeais derrière un bloc de diamant. Comment, en ce cas, les occupants d’un hélicoptère auraient-ils pu y résister ? Ils se seraient pulvérisés eux-mêmes en émettant ce cataclysme.

— Et s’ils auraient largué une bombe de bien plus z’haut, monsieur Sang-en-tonneau[11] ?

— Un hélicoptère n’aurait pu prendre suffisamment d’altitude pour se mettre à l’abri des ondes. Et puis la chose a duré trop longtemps pour être le fait d’une bombe !

— D’une bombe qu’aurait été pourvue d’un parachute, m’sieur Sano-Tognan ?

— Un parachute ralentit une chute, il ne l’interrompt pas, monsieur l’Encadreur-Municipal. Le déferlement de bruit et de lumière stagnait. Vous connaissez le sens du verbe stagner ou dois-je m’assurer le concours de notre ami Larousse ?

— La rousse t’enchose, hé, boug’ de taupe ! éclate Bérurier. Tes airs supérieurs, quand t’avais tes yeux, ça allait encore, bicot ton regard démentelait tes paroles. Mais à présent c’est plus tenable. Je te dis qu’y z’ont fait éclater une bombe, ces vaches, ou plusieurs, en rosaire…

— En rosaire ?

— Enfin, en chapelet, quoi ! Z’ont attendu que vous futassiez tous quenotte-août, et puis y z’ont descendu un grappin du coléoptère pour agrafer le camion et l’emporter.

— Puis-je vous faire respectueusement observer, monsieur l’Inquisiteur-Abominable, que je me trouvais dans le camion et que je suis ici ?

Duglandard clape de la menteuse pour s’huiler la moulinette à sottises.

— Alors un julot est descendu avec le grappin pour le fixer. Il t’a virgulé hors du camion, vu qu’il en avait rien à branler de ta carcasse, elle eusse constitué un excédent de bagages…

Je cesse de jouer au témoin. Ça me casse les pinceaux.

— Écoute, Gros, mate un peu le marécage, à gauche et à droite, des fois que cette saloperie de camion s’y trouverait.

— L’espédition de secours a déjà fait des sondements.

— Vérifie toi-même…

Il soupire, m’empoigne le biceps de sa main chaleureuse pour me permettre de passer entre les véhicules arrêtés et le vide.

— Voilà où se trouvait vot’ carrosse mon prince !

— Parfait, remercié-je. Tu vois quoi ?

— Rien, mais alors aussi nettement que je te vois.

— L’eau est bourbeuse, on ne distingue pas en profondeur.

— Attends, bouge pas de là surtout…

Il part. C’est la première fois que je reste seul depuis ma cécité. J’ai l’impression de me tenir sur un glaçon en train de fondre. Je n’ose remuer. Tout ce qui m’environne est hostile. Le Gravos fourgonne dans l’une des bagnoles. Puis il y a un grand « plouf ».

— Alexandre-Benoît ! m’égosillé-je.

— T’arrache pas les cordages, Mec, j’ sus là !

— Qu’est-ce que tu fabriques ?

— Je jauge. Y’avait un rouleau de cordes dans une chenillette. J’ai attaché une clé à molette au bout. Je viens de balancer l’outil dans le bouillon. Attends, je retire… Mouais, eh ben y’a pas un mètre de profondeur dans le marécage. Pour y faire disparaître un camion, faudrait d’abord le passer à la presse à emboutir.

— Et de l’autre côté ?

Re-plouf…

— Du kif, annonce mon « chef » un instant plus tard. Crois-moi, San-A. la seule esplication, c’est bel et bien le coléoptère géant.

— Bon, réfléchissons…

— Fais !

Il se remet à grignoter. Le bruit concasseur de ses mâchoires m’empêche de me concentrer.

— Que bouffes-tu ? m’impatienté-je.

— Un fruit du pays qu’un espèce de mage m’a vendu dans la rue, devant l’hosto. Ça ressemble à une noix et selon le gus ç’aurait des propriétés affreux-disiaques.

Il se marre :

— On verra bien !

— Béru !

— Présent !

— J’admets ton idée du grappin.

— Tu peux, mon pote. Elle est solide.

— Seulement, on ne soulève pas un camion comme un fer à repasser. Ça laisse des traces… Principalement des traces d’huile. Examine bien le sol.

Pluto part en chasse. Son super-pif balaie la route comme l’embout d’un aspirateur, et en produisant un plus gros ronflement.

— Y’en a ! jubile tout à coup le Mammouth. Y’en a ! Qu’est-ce qu’avait vu juste, hein ? Une vache traînée d’huile. Et je vas te dire… Sur l’eau du marais, la traînée se continue. Ils sont partis par là, à droite…

— Donc, en direction de l’ouest ?

— Ça se peut, moi j’sus pas fortiche pour repérer l’ouest. Le nord, le sud, ça boume, je les trouve recta. L’est aussi à la rigueur. Mais je me fous toujours d’dans avec l’ouest. T’avoueras que c’est une vraie pistouille, non ?

— Gros, interromps-je, sans prendre le temps de compatir, si mes souvenirs sont exacts, à environ deux kilomètres d’ici, la digue s’infléchit par suite d’un affaissement et la route se trouve au ras de l’eau, non ?

— Fectivement, t’as bonne mémoire.

— Allons-y en marche arrière et mets ta caisse à la baille. Ensuite nous reviendrons ici, puis tu prendras à travers le marécage en suivant les traînées oléagineuses.

— Qu’entends-tu par olé… ola… ?

— Les traces d’huile, quoi !

— Je vois pas où que ça pourrait nous embarquer, décrète monsieur l’Inspecteur Principal. On en repérera p’t-être sur une deux centaines de mètres, ensuite elles cesseront.

— Elles ne cesseront pas si vite, couillon. Y’a beaucoup d’huile dans un carter de B. M. C. et ce véhicule n’était pas de la première fraîcheur.

— D’accord, mais une fois qu’ils l’auront eu remonté dans leur carlingue…

— Parce que tu t’imagines qu’on peut loger un camion de quinze tonnes dans un hélicoptère, toi ? C’est déjà inouï que le mystérieux appareil ait pu le soulever du sol…

Mon ami a cette réplique pertinente :

— Des gars capables de vous interpréter une fin du monde ont des moyens que t’timagines seulement pas, San-A.

Ma décontenance est de courte durée. La logique l’emporte.

— Soit, mais réfléchis : ils voulaient quoi ? Le diamant. Le vieux camion, tu parles s’ils s’en tambourinent… Ils ont embarqué le tout parce qu’ils n’avaient pas assez de liberté de manœuvre sur cette digue étroite pour dégager le bloc de la cabine du B.M.C. Le camion, en ce moment, il est quelque part sur la terre ferme, sûrement pas très loin d’ici… Vide, bien entendu.

— Alors pourquoi ils auraient joué la difficulté en attendant que vous fussiez de nuit, sur la digue ? Le caillou se trouvait sur la terre ferme avant votre départ…

— Je crois piger.

— Môssieur a de la chance.

— Ils avaient bien l’intention d’embarquer la pierre depuis son lieu d’origine. Seulement, pour réussir ce coup-là, ils leur fallait agir de nuit, par surprise. N’oublie pas que nous disposions de mitrailleuses. En plein jour, on aurait vu ce qui se passait et on aurait réagi durement.

— Bien, admettons, alors ?

— Je vois les choses ainsi, attaqué-je…

Le terme me meurtrit. Va falloir corriger son vocabulaire. Abandonner les « je vois », les « et mon œil ? », les « quand je regarde les choses en face », etc… Ça fait trop bête, trop triste.

Trop pitié.

Et pourtant il est vrai que « je vois » les événements.

Une bande organisée apprend l’existence de ce fabuleux diamant. Elle a confirmation du fait en torturant ceux-là mêmes qui l’ont découvert. Seulement, quand elle est affranchie, il est trop tard pour risquer un coup de force banal : la gemme est déjà gardée par une petite armée de mercenaires bien équipés.

La bande en question doit donc déployer et employer les grands moyens. Elle s’organise. Ça prend du temps. Lorsqu’elle se pointe sur les lieux, de nuit, il est trop tard, je suis déjà arrivé et j’ai fait lever le siège ! Sachons interpréter convenablement les faits… Ce fameux roulement de tonnerre dans le lointain, par quoi tout a commencé, eh bien mes frères, je vous parie la gueule de bois de votre grand fils contre la jambe de bois de mon grand-père que c’était un début d’opération sur le camp du Zobmastar où les assaillants nous croyaient toujours en bivouac. Lorsque les projos infernaux sont entrés dans la danse, ces messieurs ont constaté que nous avions vidé les lieux. Alors ils se sont élancés au-dessus de la digue et nous ont rejoints.

Même exposée à un Bérurier bas de pafond, cette hypothèse reste valable.

À preuve, il l’avalise (diplomatique).

— Je reconnais quand tu mets dans le mille, Gars, convient mon estimé compagnon, et là je pense que tu tiens fectivement le bon topo.

Justice m’étant rendue, le v’là qui repart à grignoter ses noix à la noix.

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