Chapitre XIV

Le sourire de Mr Lim Soon s’effaça instantanément lorsqu’il aperçut Malko s’encadrer dans la porte derrière avec Angelina Fraser. C’est la jeune femme qui avait demandé un rendez-vous plus tôt. Faisant contre mauvaise il prit la main de Malko, referma la porte et retourna derrière son bureau. Ses yeux noirs avaient la dureté de la pierre. La voix tendue par la colère et la peur, il attaqua :

— Mr Linge, je vous avais dit de ne pas chercher à me revoir. Vous me faites courir des risques qui peuvent bouleverser ma vie entière. En plus, je suis impuissant à vous aider.

Malko laissa passer l’orage.

— Je suis désolé, Mr Soon, s’excusa-t-il. J’ai agi ainsi pour deux raisons. La première, c’est que je dispose que de quelques heures et je craignais que vous ne me fuyiez. La seconde, c’est que je suis persuadé au contraire que vous pouvez m’aider. Tout ce que j’ai fait n’a servi à rien et mes adversaires disposent maintenant d’un otage qui m’est cher.

— Qu’attendez-vous de moi ? demanda le Chinois un peu moins tendu.

Malko résuma les derniers évènements, et conclut :

— J’ai fait fausse route en attaquant de front. Hadj Ali a liquidé tous les témoins et se sent très fort. Il n’y a qu’une chose à laquelle il n’a peut-être pas pensé. Ces trois chèques tirés pour un total de vingt millions de dollars sur le compte du Sultan, que sont-ils devenus ? Normalement, une fois l’opération terminée, la banque qui les a touchés les renvoie à la banque qui les a émis. Est-ce exact ?

— Tout à fait, Mr Linge, approuva Lim Soon Mais il est probable que Hadj Ali se soit arrangé pour les détruire.

— Peut-être pas, objecta Malko, cela risquait d’attirer l’attention. En plus, je suppose que ces chèques sont archivés par la banque elle-même. C’est là qu’il faudrait enquêter. Et pour ça j’ai besoin de vous.

Lim Soon réfléchit plusieurs minutes avant de répondre

— En théorie, vous avez raison, Mr Linge. Cela vaut la peine d’essayer. Il faut trouver l’employé qui, à la Banque Internationale de Brunei, gère le compte du Sultan sur lequel ont été tirés ces chèques.

« Je connais une employée chinoise travaillant l’International Bank of Brunei qui serait en mesure de vous aider. Mais je ne sais pas si elle acceptera. Les risques sont énormes…

— Il faut lui demander. Si j’obtiens une preuve tangible, les coupables seront mis hors circuit.

— Que Dieu vous entende ! soupira le Chinois. Pour une affaire aussi sensible je ne peux pas téléphoner. Je vais aller la voir. Donnons-nous rendez vous pour déjeuner au Phong-Mun. Celui de Desi Complex. Je prendrai un salon privé. Mais, ensuite ne me demandez plus rien. Arrivez à une heure, je serai déjà là. C’est ce qu’il y a de plus sûr.

— Merci, dit Malko, soulagé.

— Ne me remerciez pas, corrigea Lim Soon. J’agis ainsi parce que cet homme hait les Chinois. Je sais qu’à long terme, il souhaite nous expulser tous de Brunei. En vous aidant, je défends mes compatriotes


* * *

Malko traversa l’esplanade en face du restaurant chinois, le cœur battant. Si Lim Soon n’était pas arrivé à ses fins, tout était perdu. La grande salle au premier étage était presque vide. Une serveuse en robe fendue s’approcha de lui.

— Le salon de Mr Lim ?

La fille le conduisit à travers un couloir jusqu’à une porte jaune et s’effaça pour le laisser entrer. Lim Soon lui tournait le dos. En face de lui se trouvait une Chinoise au visage plutôt ingrat, avec des lunettes serties de strass en ailes de papillon, maquillée maladroitement, du rouge à lèvres jusque sur les dents. Ses cheveux tirés lui donnaient l’air sévère, mais ses yeux brillaient d’un éclat vif.

— Voici miss Yé Yun Gi. Elle travaille dans la banque qui nous intéresse, annonça Lim en se levant.

— Bonjour, dit Malko, merci d’être venue.

— Mr Lim est un ami très cher, répliqua la jeune femme d’une voix douce. C’est à lui que je dois ma modeste carrière…

Elle parlait anglais avec un accent zézayant, les yeux baissés avec parfois un brusque regard pour Malko, par en dessous, comme si il lui faisait peur. Le prototype de la vieille fille. Il entra tout de suite dans le vif du sujet.

— Mr Lim vous a expliqué ce que je cherchais. Pouvez-vous m’aider ?

Yé Yun Gi eut un rire étouffé, signe d’embarras. Elle s’empiffra de quelques crevettes grillées avant de répondre.

Ce n’est pas très facile ! Les documents qui vous intéressent sont conservés aux archives. A chaque titulaire de compte correspond un classeur contenant les chèques tirés et revenus ici. Il faut que j’y accède, le temps de faire une photocopie. Si ces chèques sont là, bien entendu.

— Quand pouvez-vous tenter cela ? demanda-t-il. C’est urgent. Si je n’ai pas ces chèques, je dois quitter Brunei demain.

— Je comprends, dit Yé Yun Gi avec une furieuse œillade pour Malko qui se demanda soudain si elle était aussi vieille fille qu’elle le paraissait. Mais je ne sais pas si j’y arriverai dans un délai aussi court.

— Yé Yun ne doit commettre aucune imprudence, renchérit Lim Soon. Si elle se faisait prendre, ce serait terrible pour toute la communauté chinoise.

Il entama en chinois une longue conversation avec l’employée de banque. Celle-ci opinait sagement sans répliquer. Lorsque Lim Soon eut terminé, Malko reprit

— Le talon porte le numéro d’un compte et le nom d’une société. Si le nom du bénéficiaire est différent, c’est la preuve qu’il y a eu escroquerie de la part de Hadj Ali… Puisqu’il l’a rempli lui-même.

— Sauf si nous aboutissons à un compte numéroté en Suisse ou ailleurs, souligna le Chinois. Il pourra toujours prétendre qu’il a agi sur les instructions de John Sanborn. Et il sera impossible d’identifier le véritable bénéficiaire.


Yé Yun mangeait avec appétit ses nouilles au soja. Elle picora encore dans les différents plats, regarda sa montre avec un sourire d’excuses.

— Je recommence à deux heures, dit-elle. Je vais faire de mon mieux. Je tiendrai Mr Lim au courant.

Elle s’éclipsa avec la discrétion d’une sot Malko demanda aussitôt

— On peut compter sur elle ?

— Oui, fit Lim. Elle connaît tout le monde et sait se débrouiller. Mais nous lui faisons prendre un risque.

Malko repensa à Mandy Brown. Elle aussi courait un risque énorme. Qu’allait-il se passer après son refus de quitter Brunei ?… Lim Soon semblait nerveux. Malko songea soudain à un autre personnage dont on n’avait plus parlé.

— Qu’est devenue la maîtresse de Michael Hodges ? demanda-t-il.

— Rien, fit Lim Soon, elle travaille toujours à l’autre restaurant. Il doit être totalement sûr d’elle.

Une serveuse entra et se pencha à l’oreille du Chinois. Une brusque lueur de contrariété passa dans ses yeux noirs.

— Michael Hodges se trouve dehors dans le parking, au volant d’une Range-Rover, avec trois de ses hommes. Ils vous ont suivi ?

— C’est possible, dit Malko. Que faisons-nous ?

— Je ne bouge pas d’ici, vous, sortez. Ils n’auront aucune information par le personnel du restaurant.

— J’espère, fit Malko.

Il but son thé brûlant et très sucré malgré la chaleur étouffante, serra la main de Lim et traversa le restaurant presque vide. En débouchant sur la place, il aperçut la Range-Rover qu’on n’avait pas cherché à dissimuler. Michael Hodges était au volant, la glace baissée. Il affronta le regard de Malko. Quand ce dernier démarra, il suivit, à bonne distance. Intimidation.

Ce n’est qu’en voyant Malko entrer dans le parking du Sheraton qu’il décrocha et continua tout droit le long de Jalan Sungai.

Malko trouva un message dans la case Guy Hamilton lui donnait rendez-vous au Maillet à sept heures.


* * *

Le lobby du Sheraton grouillait d’animation quand Malko descendit. Des Malais en grande tenue locale, des femmes très habillées, un orchestre traditionnel, installé au milieu du hall. Un cocktail.

Malko aperçut une femme qui lui adressait un signe amical.

Azizah ! Drapée dans un superbe sari bleu nuit. La jeune princesse était avec deux autres Brunéiennes, horribles et mafflues, pomponnées comme des chevaux de retour. Elle les abandonna et vint vers lui.

— Je vous ai vue l’autre soir à Jerudong, dit Malko après s’être incliné sur sa main.

— Moi aussi, fit-elle, mais je n’étais pas seule. Son regard était brûlant. Le long sari moulait un corps superbe. Ses mains étaient couvertes de bijoux dont un diamant qui devait valoir le prix de l’hôtel.

— Que se passe-t-il ce soir ? interrogea Malko.

— Une des princesses donne un cocktail de charité, expliqua-t-elle. Cela met un peu d’animation. La vie est si triste ici. Combien de temps restez-vous à Brunei ?

— Encore quelques jours, dit Malko. Et vous ?

— Moi aussi, j’ai envie de retourner en Europe, j’en ai assez de Singapour, ce n’est qu’un grand supermarché plein de Chinois… J’irais bien à Londres ou à Paris…

— Venez à Vienne, proposa Malko avec un sourire, c’est ma ville.

Azizah lui jeta un regard ironique.

— Je ne voudrais pas m’attirer les foudres de la charmante jeune femme avec qui vous étiez l’autre soir. Elle dit le plus grand bien de vous.

Les yeux noirs le fixaient avec une lueur amusée et provocante. La princesse Azizah dit soudain d’un trait

— Essayez de me faire savoir quand vous partez. Nous pourrions faire le voyage ensemble à partir de Bangkok ou de Singapour. Ce serait plus gai. Ces longs vols sont assommants…

Il y avait de l’Emmanuelle dans ses prunelles. Malko objecta

— Je ne sais pas où vous joindre.

Azizah tira une carte de son sac du soir et la glissa discrètement dans la main de Malko.

— C’est mon secrétariat privé. Ils parlent anglais. Dites qui vous êtes, on vous passera à moi. A bientôt, j’espère.

Elle pivota et s’éloigna dans la foule, tandis qu’il admirait sa chute de reins moulés par son sari bleu nuit. Il venait de se faire draguer comme une femme. La belle Azizah n’avait pas froid aux yeux. Il savait que cela ne se faisait pas, mais l’idée d’un flirt un peu poussé dans les sièges couchettes d’Air France, entre Bangkok et Paris, serait plutôt excitante. Il n’avait encore jamais fait l’amour avec une Brunéienne…

Il pénétra dans le bar et repéra aussitôt dans un coin sombre la silhouette voûtée de Guy Hamilton.


* * *

Une bouteille de Gaston de Lagrange était posée sur la table devant le Britannique, à côté d’un gros verre ballon plein du liquide ambré. Hamilton leva son verre en voyant Malko avec un sourire chaleureux – Well, well, well ! J’espère que je ne vous dérange pas. Il y a tant de jolies femmes ici, ce soir…

Il avait toujours son ton grinçant, vaguement ironique, les yeux pétillants de malice. Malko prit place à côté de lui. Avec un soin méticuleux, Hamilton se reversa un peu de Gaston de Lagrange et fixa Malko.

— Alors, et votre, enquête ?

— Cela avance, dit Malko. Mais je suis l’objet de nombreuses pressions. Et pas toujours de qui on peut s’attendre.

— Ah bon ? Et qui ?

— Votre ami Michael Hodges, par exemple.

Guy Hamilton se renversa en arrière pour mieux rire.

— Michael ! Old chap[29]. Cela m’étonne considérablement, indeed. Il ne ferait pas de mal à une mouche…

A part les mouches, le mercenaire était prêt à faire du mal à tout ce qui respirait sur terre.

— Qu’en pensez-vous ? demanda Malko. Est-ce que je dois me plaindre à l’ambassadeur pour qu’il saisisse la police ?…

Guy Hamilton lui adressa un regard plein de reproche. Serrant son verre ballon entre ses doigts, il se pencha en avant et dit sur le ton de la confidence :

— Indeed, ce serait positivement inutile… D’ailleurs, je voulais vous dire que le gouvernement de Brunei s’agace de votre présence… Ils n’aiment pas être soupçonnés et, pour eux, la disparition de John Sanborn ne comporte aucun mystère. Vous devriez, à mon avis, limiter votre enquête, écrire votre rapport et aller une semaine à Bangkok vous détendre…

Il s’appuya en arrière, ayant bien délivré son message et dégusta lentement une gorgée de Gaston de Lagrange. Levant ensuite son verre à l’intention de Malko.

— Excellent cognac !

Et il s’y connaissait en alcools…

Malko était écœuré. Tout Brunei se liguait contre lui… Hamilton couvrait Michael Hodges. Il se leva sans toucher son verre.

— Merci de votre suggestion, dit-il, j’y réfléchirai. Elle est en tout cas moins brutale que celle de votre ami.

— Ah bon, pourquoi ?

Malko eut un sourire glacial.

— Mr Hodges m’a simplement proposé l’échange d’une vie humaine contre mon départ.

Il tourna les talons et sortit du bar. Il se sentait un peu dans la peau de John Wayne dans Rio Bravo. Tout aussi impuissant. Et il était bien décidé à rester à Brunei, tant qu’on ne le jetterait pas de force dans un avion.


* * *

Malko n’avait même pas dîné la veille, l’appétit coupé. Il avait appelé Joanna Sanborn, mais le numéro ne répondait pas. Il avait l’obsession de sortir Mandy Brown de ce guêpier.

La frustration de cette enquête peu à peu étouffée férocement le mettait en pleine crise de rage. Il ne restait plus que Yé Yun. Il se leva. Comme toujours le matin, le ciel était dégagé. Il allait demander son breakfast quand le téléphone sonna.

— C’est le concierge, annonça une voix inconnue. A quelle heure quittez-vous votre chambre ? Avez-vous besoin d’un taxi pour aller à l’aéroport ?

Malko mit quelques secondes à réaliser. Fou de rage, il répliqua d’une voix glaciale

— J’ignore qui vous a annoncé mon départ, je ne pars pas…

L’autre eut un rire embarrassé.

— C’est très, très ennuyeux. Nous comptions disposer de votre chambre… Et les personnes qui doivent l’occuper sont déjà arrivées… J’avais pourtant vérifié, vous êtes réservé sur le vol de ce matin à destination de Bangkok, avec correspondance sur Paris par Air France…

— Je ne pars pas, répéta Malko. Il s’agit d’une erreur.

— Sir, insista le concierge. Je suis désolé, mais dans ce cas, vous devez quand même quitter l’hôtel avant midi. Comme je vous l’ai dit, votre chambre est louée.

Il était tout juste poli. Malko raccrocha, ivre de fureur. La pression montait. Après avoir réfléchi quelques secondes, il rappela le concierge.

— Au fond, dit-il, je vais partir, c’est plus simple. Aussitôt, l’autre redevint tout sucre et tout miel.

Malko coupa court à ses excuses et prépara ses bagages. Vingt minutes plus tard, il était dans le lobby. Pas de Michael Hodges en vue. Il prit le volant de sa Toyota et partit, salué par les courbettes de tout le personnel. Arrivé dans le centre, il se gara en face du bâtiment des Royal Brunei Airlines et gagna une cabine téléphonique.

Le numéro donné par la princesse Azizah mit longtemps à répondre. Et cela prit encore plus de temps pour la joindre. Quand Malko entendit enfin sa voix, il n’y croyait plus.

— Quelle bonne surprise ! fit Azizah. Vous savez quand vous partez ?

C’était amusant comme remarque.

— Je voudrais vous demander un service, lui dit Malko. Si vous refusez, je ne vous en tiendrai pas rigueur.

— Vous êtes bien mystérieux, fit-elle d’une voix légère. De quoi s’agit-il ?

— J’ai besoin d’un endroit où habiter quelques jours, expliqua Malko. Le Sheraton ne veut plus de moi. Soi-disant, ils ont reloué ma chambre. Certaines personnes essaient de me faire partir de Brunei. Vous savez probablement pourquoi je m’y trouve.

— On raconte beaucoup de choses sur vous, dit-elle. Vous n’avez pas ici que des amis…

— Je regrette de vous avoir importunée avec cette demande, coupa Malko. Ne m’en veuillez pas.

Il allait raccrocher quand elle dit vivement

— Attendez ! Je ne peux évidemment pas vous accueillir chez moi. Mais je dispose d’une résidence dans le simpang 32 de la Jalan Tutong, où je loge mes amis. Ce n’est pas loin du Palais. Evidemment, vous y serez seul, mais il y a quelques domestiques. Si cela peut vous dépanner.

— C’est merveilleux, fit Malko. Je ne sais comment vous remercier.

— Alors, allez-y, dit Azizah. Je préviens le personnel. Ils parlent anglais et ne vous poseront aucune question. Vous pouvez rester aussi longtemps que vous le souhaitez.

En sortant de la cabine, Malko avait envie de faire des sauts de joie.


* * *

La minuscule Philippine à la bouche énorme, qui apportait son thé à Malko chaque matin depuis trois jours, surgit pieds nus, glissant silencieusement sur le marbre et s’inclina avant de déposer le plateau sur la table basse. Il regarda au-delà de la baie vitrée les grosses gouttes qui commençaient à tomber dans la piscine.

Encore une journée pourrie !

La maison d’Azizah était charmante, meublée luxueusement par Claude Dalle, cachée dans un creux de la colline dominant Jalan Tutong, au bout d’un chemin de terre. Seulement, il s’ennuyait à mourir. Seules trois personnes avaient son numéro de téléphone. L’ambassadeur, Angelina Fraser qui assurait la liaison avec Lim Soon et Azizah, bien entendu. Celle-ci l’appelait tous les jours, pour de longues conversations à bâtons rompus. Mais elle n’était pas venue. Malko avait les échos de Sen Begawan par Angelina.

Peu de choses. Mandy Brown était toujours dans la beach-house du prince Mahmoud. La rumeur publique disait qu’il en était fou et avait même décommandé un charter de Philippines en sa faveur. Sur ce point, Malko était rassuré. Provisoirement. Al Mutadee Hadj Ali continuait à remplir ses fonctions et Michael Hodges semblait n’avoir jamais existé.

Malko ignorait site mercenaire l’avait localisé. Ce n’était pas totalement certain car il ne mettait pas les pieds dehors et Azizah avait juré de garder le secret. Mais après trois jours d’inaction, Malko devenait chèvre. Une seule chose le retenait, en dehors de Mandy Brown. Les chèques. Il s’était imposé une semaine de délai avant de décrocher.

La sonnerie du téléphone le fit sursauter, brisant le silence.

— Malko ?

C’était Angelina Fraser. Elle l’appelait tous les matins.

— Quelle nouvelles ?

— Notre ami voudrait que tu le retrouves vers trois heures aujourd’hui au Bunga Raya Hotel, à Limbang, annonça-t-elle.

— Dis-lui que j’y serai.

Il raccrocha. Ivre de joie. Ce coup de fil ne pouvait signifier qu’une chose. Yé Yun Gi avait enfin récupéré les chèques incriminant Hadj Ali. Le Chinois jugeait plus prudent de les remettre à Malko à l’extérieur de Brunei. Cette fois, il touchait au but.

Загрузка...