Je me demande parfois, quand je suis dans tes bras, si j’ai jamais connu le bonheur avant toi. J’ai dû me sentir heureuse, en avoir l’air en tout cas, mais tout ce que j’ai vécu me semble désormais fade. Pourtant j’étais-une enfant joyeuse. Je t’imagine hausser ton sourcil parfait comme quand tu affiches ton sourire ironique. Cela m’est égal, ces lettres seront détruites de toute façon, déchirées, alors je peux bien écrire ce que je veux.
J’ai un fort accent méridional que la famille de mon mari déteste. Pas assez chic. Je ne suis pas stupide, tu sais. Si je n’avais pas eu ce physique, ils ne m’auraient jamais acceptée. Ils passent sur mon accent parce que j’ai de l’allure en robe de cocktail. Parce que je suis jolie. Et tu sais que je dis ça sans vanité. On a vite conscience d’être jolie. À cause de la façon dont les autres vous regardent. Ma fille connaîtra ça. Elle n’a que six ans, elle est encore petite, mais je sais qu’elle sera belle. Pourquoi est-ce que je te confie tout ça ? Cela t’est bien égal de savoir que je viens du Midi et que j’ai l’accent. Tu m’aimes comme je suis.