Le double ruban asphalté filait droit à travers les collines désertiques vers Santiago. Malko voyait à peine la route. Il n’avait qu’un nom dans la tête TANIA. La clef de l’énigme. La Roumaine torturée par la D. I. N. A. était-elle morte ou vivante ? En prison ou en liberté ?
Qui mentait ? Geranios ? John Villavera ?
En une demi-heure, Malko n’avait croisé que deux charrettes et un autobus. La mine abandonnée se trouvait à cinquante kilomètres derrière lui. La version donnée par Geranios semblait tirée par les cheveux : que John Villavera ait fait venir de Washington un agent de la « company » pour débusquer le miriste et le faire abattre par la D. I. N. A. paraissait peu vraisemblable… Il y avait pourtant des faits troublants…
Carlos Geranios avait promis à Malko de mobiliser tous ses informateurs pour connaître le sort de la jeune femme. Et si possible, savoir où elle se trouvait, au cas où elle serait encore vivante. Ensuite, ce serait à Malko de jouer.
Celui-ci dépassa l’embranchement menant à l’aéroport de Puntahuel. Il n’avait qu’une envie : se reposer. Les dernières heures avaient été éprouvantes… Il fut presque heureux de retrouver la tranchée du métro dans Alameda et le building gris du Sheraton. Il y avait un mot dans sa case. Oliveira lui demandait de l’appeler. Il prit une douche, téléphona au magasin.
Le soulagement de la Chilienne en entendant sa voix lui fit plaisir.
Je croyais que tu avais encore des problèmes.
Malko l’assura du contraire et l’invita à dîner. Il était trop tard pour aller à l’ambassade américaine. Dommage. Il avait hâte de savoir la vérité. Il décida d’attendre jusqu’au lendemain.
Sans ses lunettes, John Villavera semblait plus dur, plus inquiétant, sa mâchoire énorme lui mangeait le visage, ses yeux clignaient. Toujours tiré à quatre épingles, il examina Malko en se frottant les yeux. La rumeur de la calle Augustinas montait par la fenêtre ouverte. Il remit ses lunettes, bâilla.
— Excusez-moi, j’ai mal dormi. Mon chat s’était échappé. Je l’ai cherché partout. Vous avez du nouveau ?
— Pas encore.
Sans réfléchir, Malko avait menti. D’emblée il fut furieux contre lui-même. Le lavage de cerveau de Carlos Geranios faisait son effet.
Le chef de station de la C. I. A. à Santiago croisa les doigts sur son sous-main.
Pourvu que Geranios ne fasse pas d’imprudence ! J’ai appris ce matin que le général Pinochet avait personnellement reproché au colonel O’Higgins de l’avoir laissé échapper. Il faut absolument retrouver sa trace avant qu’il ne soit trop tard.
Il semblait sincèrement concerné, presque ému. Malko s’en voulut, faillit dire la vérité, pensa qu’il se ferait prendre pour un imbécile, demanda :
— Comment voulez-vous le faire sortir du Chili ?
— En avion, dit l’Américain. Si vous le retrouvez, j’arrangerai cela. On donnera un plan de vol local on filera en Argentine, à Mendoza. Je connais une petite piste qui sert aux chasseurs près de la route de Valparaiso…
Pas loin de la mine abandonnée, donc.
C’était tentant. Sans risques. Mais quelque chose retint Malko. Il n’aimait pas les coïncidences ni les zones d’ombre. Il y en avait trop dans la situation actuelle. Il décida de lancer un ballon d’essai.
— On m’a dit que cette Tania ne s’est jamais évadée, comme le colonel O’Higgins me l’a affirmé. Qu’en pensez-vous ?
John Villavera eut une moue incrédule.
— C’est douteux. Ils ont parfois des « bavures : ces militaires ne sont pas habitués au travail de policiers. Mais il y a eu un article dans la presse qui relatai cette évasion, qui a fait deux morts parmi les forces de l’ordre. Pendant que vous étiez à l’hôpital.
— Pas de photos ?
L’Américain secoua la tête.
— Cela s’est passé pendant le couvre-feu… Mais je vais essayer d’en savoir plus. Que comptez-vous faire ?
— Je suis bloqué, dit Malko, tant que je n’ai pas trouvé Tania. Je ne possède aucune autre piste. À propos, pensez-vous que la D. I. N. A. me fait suivre ?
John Villavera prit l’air franchement réprobateur.
— Je ne le crois pas. J’ai eu une conversation très franche avec O’Higgins. Je lui ai promis que vous aviez abandonné la recherche de Carlos Geranios si ma demande. Que vous cherchiez seulement à réunir les éléments de votre rapport pour Langley.
Par moments, les barbouzes les plus chevronné faisaient preuve d’une étrange candeur. Malko soupira :
— Espérons qu’il est plus sincère avec vous que vous ne l’êtes avec lui… De toute façon, j’aimerais le rencontrer. Pouvez-vous lui demander un rendez-vous ? Tout de suite ? Si possible.
John Villavera décrocha sa ligne directe et composa le numéro de l’Edificio Diego Portales.
Malko ne pouvait détacher ses yeux de la main droite recouverte du gant de laine noire, serrant la mini-bouillotte japonaise, la malaxant machinalement tandis que le colonel Federico O’Higgins parlait. Les yeux protubérants et glauques du Chilien ne le quittaient pas, l’examinaient sans cesse, comme pour découvrir un secret. Malko se dit que c’était un adversaire redoutable. On ne l’avait pas fait attendre plus de trois minutes. Un chaud soleil tapait sur les glaces. L’atmosphère de ce bureau design était rassurante, fonctionnelle. On était loin des cellules de la D. I. N. A.
— Avez-vous retrouvé la trace de cette Tania ? demanda Malko.
Le colonel O’Higgins secoua la tête.
— Non, et c’est un de mes gros soucis. Je suis presque certain qu’elle a pu rejoindre Carlos Geranios et qu’ils préparent ensemble des attentats, de la propagande, de la subversion. La D. I. N. A. m’a établi un rapport signalant que le M. I. R. essaie de former maintenant des comités de Résistance Populaire, de sept personnes au maximum. Afin de faire de l’agitation de personne à personne.
— Il me semble pourtant que vous avez la situation bien en main, remarqua Malko. Que la population est de votre côté.
Le colonel approuva onctueusement.
— Bien sûr. Nous recevons ainsi de nombreuses lettres de dénonciation de marxistes dont nous ne tenons même pas compte. Mais il reste un noyau d’agitateurs professionnels que nous devons mettre hors d’état de nuire avant de pouvoir revenir à des conditions de vie normales. Comme cette Tania. Elle avait été envoyée par Castro pour endoctriner Allende.
Malko leva un regard candide sur le chef de la D. I. N. A.
— Pourquoi ne l’avez-vous pas arrêtée plus tôt ?
— Mais nous n’avions pas de preuve ! s’exclama vertueusement Federico O’Higgins. Ce n’est qu’à la suite d’une longue enquête que nous l’avons interpellée.
Malko faillit parler de Chalo Goulart, puis se dit que c’était totalement inutile. Comme si la D. I. N. A. avait épargné un agent soviétique repéré alors qu’elle raflait les ouvriers des « poblaciones » pour un regard de travers…
— Tania était-elle très liée avec Carlos Geranios ?
— Je le crois. Mais pas depuis longtemps… Les miristes ont aidé à la chute d’Allende, comme vous le savez. Ils le trouvaient trop à droite… Mais, depuis, ils se sont sûrement rapprochés. Quoique Tania Popescu soit une communiste de stricte obédience…
Il posa la bouillotte, massa ses doigts avec précaution, avec une petite grimace, qui fit trembler ses joues flasques.
— Dès que le temps change, remarqua-t-il, je souffre terriblement. Touchez ma main.
Il ôta sa main et tendit ses doigts à Malko. Celui-ci les effleura : ils étaient froids comme la peau d’un serpent.
— Je n’ai plus d’artère, fit tristement O’Higgins. On sera peut-être obligé de me couper le bras.
Il remit son gant, regarda sa montre. Malko se leva.
Il ne tirerait rien de plus du chef de la D. I. N. A.
— J’espère que vous retrouverez Tania, dit-il.
Federico O’Higgins prit la peine de le raccompagner. Dans l’ascenseur, il se demanda si Tania ne s’était pas évadée réellement, mais sans avertir Geranios. Leurs différences idéologiques pouvaient l’expliquer…
En se servant d’Oliveira, il pourrait peut-être en apprendre plus sur l’évasion de Tania, grâce au lieutenant Pedro Aguirre.
Le vacarme était effroyable, toute la salle reprenant les refrains chantés par un énorme cuisinier en toque blanche, accompagné d’une chanteuse à la guitare. Des airs chiliens. Un ivrogne se leva, vint s’incliner comiquement devant Oliveira, une bouteille à la main. Oliveira éclata de rire, s’appuya encore plus contre Malko, écrasant sa poitrine pleine de défi contre lui. Consciencieusement, l’ivrogne leur versa à boire, inondant la nappe et retourna s’effondrer à sa table. Deux hommes dansaient ensemble. Oliveira enfonça une langue aigüe dans l’oreille de Malko, tandis que ses ongles égratignaient sa cuisse. Sans souci du voisin au bord de l’apoplexie.
— C’est gai, ici ! murmura-t-elle.
Ils se trouvaient à une vingtaine de kilomètres de Santiago, dans une sorte de chalet, animé par un petit orchestre. Malko dégagea son poignet pour regarder l’heure.
— Il est minuit et demi.
Oliveira sourit.
— Avec moi, tu ne crains rien. J’ai un laissez-passer.
— Signé probablement par le colonel Manuel Chunio, le Bourreau de Los Angeles. Son papa.
— Si nous tombons sur le lieutenant Aguirre, remarqua-t-il, il risque de ne pas apprécier.
Elle rit. Complice.
— Impossible. Il est de service toutes les nuits à la D. I. N. A. en ce moment. Il est très ambitieux. Mais il va sûrement me téléphoner. Pour voir si je suis là. Alors, il vaut mieux que nous rentrions…
— Il n’est pas jaloux ?
Oliveira pouffa.
— Comme un couguar. S’il savait… Mais il peut attendre.
Elle s’interrompit, se détacha de lui, les yeux brillants, tira sur son pull, ce qui eut pour effet d’accentuer le défi de sa poitrine.
— Viens.
Dès qu’ils furent dans la Datsun, elle se lova contre lui, riant quand les virages la projetaient contre la portière. Malko flottait sur un petit nuage agréable, aidé par l’alcool et la fatigue. Avec pourtant une petite idée qui lui trottait derrière la tête… Dans son métier il lui était, hélas, difficile de dissocier complètement l’agréable de l’utile.
Oliveira glissait entre les mains de Malko comme une anguille qui se serait égarée dans un aquarium de Miss Dior…
Le lourd vin chilien avait déchaîné chez elle une folie érotique communicative. Mais pour une raison incompréhensible, elle se refusait à lui, se contentant de caresses sophistiquées, allant de la fellation passionnée à l’usage extrêmement spécial de ses cils. Agenouillée à côté de Malko, elle avait entrepris de compter du bout de sa langue pointue les hématomes bleus et noirs qui constellaient le corps de Malko, lui infligeant chaque fois une délicieuse secousse électrique. Il commençait à se demander si la douce Oliveira n’avait pas envie d’être violée…
Tout à coup, elle l’abandonna, allongé sur la moquette, pour farfouiller dans le tiroir de sa table de nuit.
Il devinait son corps bronzé dans la pénombre avec les marques blanches des fesses rondes. Il n’y avait pas encore de bronzage intégral au Chili.
Elle se retourna, revint vers lui, l’embrassa, en appui sur les mains. Puis sa bouche glissa le long de sa poitrine, il sentit de nouveau la caresse délicate et habile de sa langue, vite remplacée par ses doigts souples.
Occupés à une étrange besogne…
Il se redressa sur les coudes, intrigué.
— Qu’est-te que tu fais ?
— Laisse-toi faire !
Il la sentit glisser quelque chose autour de son sexe. Comme un anneau de caoutchouc qui le serrait sans lui faire mal. Les ongles courts d’Oliveira le firent glisser à mi-hauteur de son organe. Puis, elle s’allongea sur lui doucement, de tout son corps. Ondulant doucement, laissant glisser les jambes de chaque côté des siennes, se cambrant comme une chatte en chasse.
— Viens maintenant, murmura-t-elle.
Ils roulèrent sur la moquette. Il la renversa sous lui, s’enfonça avidement en elle.
Elle se cabra.
— Doucement. Doucement.
Il obéit, demanda, bouche contre bouche :
— Qu’est-ce que tu m’as mis ?
Après, haleta-t-elle, je te dirai…
Il commença à bouger avec plus de douceur. Se contrôlant comme il sied à un gentleman, même en rut.
Les reins d’Oliveira se creusèrent sous lui.
— Loin ! réclama-t-elle d’un ton soudain impérieux.
Son injonction déchaîna Malko : sa partenaire poussa soudain un râle rauque, inattendu. Elle qui n’avait jamais desserré les lèvres. Lorsqu’il se retira, croyant l’avoir meurtrie et qu’il revint ensuite, n’en pouvant plus, son râle se transforma en cri rauque de chatte couverte. Malko sentit ses jambes se raidir et se refermer autour de lui. Elle en tremblait. Il accéléra le rythme, lui arrachant un vrai rugissement. Puis, elle se mit à râler sans discontinuer. Ses doigts aux ongles courts ancrés dans ses épaules, les jambes nouées dans son dos, comme une tenaille, pliées en accordéon.
— Doucement, doucement, supplia-t-elle.
Il sentit le tremblement venir du fond de son bassin, à l’accélération de ses mouvements. Il allait et venait toujours aussi lentement, faisant appel à toute sa volonté pour se contrôler et le râle ininterrompu le fouettait comme un aphrodisiaque extraordinaire. Oliveira lui griffait le dos comme si elle avait voulu le peler comme une orange.
La tornade qui surgit de ses reins lui fit oublier toutes les recommandations de prudence d’Oliveira. Il la martela avec férocité, ne pensant soudain plus qu’à son plaisir à lui. L’effet fut extraordinaire.
Le cri d’Oliveira se cassa, elle demeura la bouche ouverte, laissant Malko apercevoir son gosier, tétanisée, tremblante, tendue en arc sous lui, soulevant ses 80 kilos à la seule force de son orgasme. Puis le cri reprit quand ses poumons se remplirent d’air à nouveau, si fort qu’il fit peur à Malko. Il allait sûrement jusqu’à Providencia. De quoi faire rêver toutes les lolas et leurs pololos…
Malko retomba, foudroyé, mais Oliveira continua à gémir, à hoqueter, se trémoussant sous lui comme si un membre invisible continuait à la labourer. Malko, en nage, haletant, ne pensait même plus à l’étrange anneau qu’Oliveira avait glissé autour de lui. La jeune femme se calma enfin, l’écarta avec un sourire repu. Sa main descendit et ôta l’anneau mystérieux. La lumière de la lampe de chevet éclairait les cernes bistre sous les yeux, la bouche gonflée, les étranges pupilles cobalt dilatées, pleines d’une joie animale.
Elle montra à Malko, dans le creux de sa main droite, un bout de ficelle rond d’où partaient des aspérités circulaires.
— Tu sais ce que c’est ?
C’était la machine infernale qui avait déclenché ce super-orgasme.
— Non, dit Malko.
— C’est un guesquel. Cela vient de Bolivie. Les aimaras le fabriquent avec une paupière de lama à laquelle on a laissé ses cils. Lorsque tu fais l’amour, ceux-ci se raidissent. J’ai l’impression d’avoir une pelote d’épingles qui tenterait frénétiquement de s’échapper de moi. C’est tellement fort, c’en est presque insupportable. Seulement, il ne faut pas y aller trop vite parce que je pourrais mourir ou peut-être devenir folle, ne plus penser qu’à cela…
Malko contempla le guesquel. Rêveur. Décidément la civilisation inca était encore plus avancée qu’on ne le croit…
— Qui te l’a donné ?
— Le premier garçon avec qui j’ai fait l’amour après mon divorce. Parce que je n’arrivais pas à jouir. Un Bolivien beau comme un dieu. Il est retourné là-bas, mais il m’a dit que je n’oublierais jamais, que je penserais à lui chaque fois que je ferais l’amour avec le guesquel… Que sans lui, cela me paraîtrait fade…
— C’est vrai ?
C’est vrai, dit-elle gravement. C’est comme une drogue. Les « machos » d’ici me tueraient s’ils savaient que je pense à un autre homme en faisant l’amour avec eux…
— Tiens, dit Malko, ton lieutenant ne t’a pas encore appelée.
— Il ne va pas tarder, assura-t-elle, avec un sourire ambigu.
Malko fut pris d’une brusque inspiration.
— Tu sais que Tania s’est évadée de la D. I. N. A… Oliveira fronça les sourcils. Elle fit tourner le guesquel entre ses doigts.
— Évadée ! On ne s’évade pas de la D. I. N. A.
— Demande à ton lieutenant ! dit-il, mi-sérieux, mi-plaisantant.
Au même moment, le téléphone se mit à sonner.
Oliveira mit un doigt sur ses lèvres.
— Chut ! C’est sûrement lui.
Elle décrocha et dit d’une voix faussement endormie :
— Allô ?
Elle fit un clin d’œil à Malko, s’installa, le dos au lit, les genoux repliés. Il imagina le lieutenant Aguirre, s’il la voyait ainsi. Malko n’entendit évidemment qu’une moitié de la conversation. Assez pour comprendre. Il ne fut pas surpris lorsqu’elle annonça, après avoir raccroché :
— Tu avais raison. Il m’a dit que c’était dans les journaux. Mais je ne les lis pas.
Elle l’embrassa. Sa bouche sentait le tabac, l’alcool et le sperme. Puis elle alla mettre un disque de flûte indienne et ils restèrent longtemps étendus à même le sol. Malko était si fatigué qu’il s’assoupit. Il se réveilla en sursaut, rêvant qu’un condor broutait ses parties nobles.
Ce n’étaient que les dents aigües d’Oliveira. Il baissa les yeux et s’aperçut qu’elle lui avait remis le guesquel.
Insatiable.
Oliveira abandonna son activité et vint enfourcher Malko, une lueur amusée dans les yeux.
— Je ne l’ai jamais fait comme ça, dit-elle. Tu feras attention.
Elle s’empala doucement sur lui, se mordant les lèvres pour ne pas crier, resta quelques secondes immobile, reprenant son souffle. Puis elle commença son va-et-vient. Les yeux fermés, les doigts crispés sur le ventre de Malko, comme pour le repousser. L’infernal instrument râpait sa chair intime comme une petite bête hostile et complice à la fois. En dépit de la douleur, elle accéléra le rythme, commença à feuler. Très vite, elle eut un orgasme, puis un second, puis continua sans s’arrêter, dodelinant de la tête, les ongles crispés sur Malko.
Un son inattendu domina soudain les hurlements d’Oliveira. Le téléphone. Malko dut la secouer pour qu’elle s’interrompe. Elle posa sur lui un regard de noyée.
— Je m’en fous…
— Si c’est ton lieutenant et que tu ne répondes pas, il risque de venir…
Cela la décida. Sans s’arracher de Malko, elle étendit la main et décrocha. La conversation ne dura pas longtemps. Oliveira raccrocha avec une exclamation énervée, en disant :
— Laisse-moi ! Je dors.
— C’était Pedro, dit-elle. Il voulait savoir pourquoi je m’intéresse à Tania. Ça le tracasse.
Elle recommença à bouger doucement. Malko n’arrivait plus à se concentrer sur son plaisir. Le lieutenant de la D. I. N. A. était alerté, maintenant.
— Je ne te plais plus, demanda Oliveira, indignée.
Malko la saisit par les hanches.
— Si.
De toutes ses forces, il essaya de se concentrer, de se persuader que la situation était claire. Le lieutenant Aguirre avait confirmé l’évasion de Tania.
Oliveira prit son plaisir avec un hurlement sauvage et retomba contre lui, son visage inondé de sueur collé à la poitrine de Malko.
Celui-ci resta les yeux ouverts, guettant le silence de la nuit. Où était Tania Popescu ?