Les glaces épaisses de trois centimètres de la Lincoln étouffaient les bruits de la rue, le grondement des engins en train de creuser le lit du métro dans Alameda. Malko avait l’impression bizarre d’être coupe du monde, de flotter dans un autre univers. Après quatre jours de soins et de repos dans une chambre de l’hôpital Del Salvador, où l’on avait diagnostiqué un traumatisme crânien, il se sentait encore d’une faiblesse extrême. Lorsqu’il s’était regardé dans une glace, il s’était littéralement fait peur.
Tout le côté droit de sa figure était encore très enflé, l’œil aux trois quart fermé, l’arcade sourcilière striée de points de suture. Chaque fois qu’il bougeait les muscles de sa mâchoire, il avait envie de hurler.
Ses lunettes noires dissimulaient une partie des dégâts, mais ne lui évitaient pas la douleur. Quant à son corps, ce n’était qu’un immense point douloureux. À chaque inspiration, c’était comme s’il respirait du feu. Chaque muscle semblait avoir été tordu. Mais ses migraines surtout l’inquiétaient. Des élancements horribles qui lui ébranlaient le cerveau, lui donnaient des éblouissements…
— Vous croyez que vous avez eu raison de sortir de l’hôpital ? demanda John Villavera d’une voix inquiète.
— Je n’allais pas y rester toute ma vie, dit sombrement Malko.
Une glace les séparait du chauffeur chilien. La Lincoln se traînait dans les embouteillages d’Alameda à dix à l’heure. Le building Diego Portales paraissait ne pas se rapprocher…
Malko avait vu surgir John Villavera auprès de son lit d’hôpital quelques heures après y avoir été transporté. L’Américain était revenu tous les jours. Assurant Malko qu’il avait fourni des explications satisfaisantes à la D. I. N. A., mais que le colonel O’Higgins souhaitait le voir dès sa sortie de l’hôpital.
— Ne soyez pas trop dur avec le colonel O’Higgins, suggéra prudemment John Villavera. Il a très bien réagi.
— Que lui avez-vous dit au juste ?
Malko essaya de tourner la tête vers l’Américain, mais dut y renoncer : sa colonne cervicale bloquée par la douleur. C’était agaçant de parler à quelqu’un sans le regarder.
— Presque la vérité, répondit Villavera. Qu’en plus de votre mission la « company » vous avait demandé de retrouver Geranios. Bien entendu, j’ai dû m’excuser pour cette ingérence dans les affaires chiliennes, mais O’Higgins est intelligent.
— Je crois surtout qu’il vous doit beaucoup, remarqua Malko. Ou plutôt son gouvernement. Comment avez-vous expliqué ma présence chez Geranios ?
— Je ne suis pas entré dans les détails, j’ai seulement dit que vous étiez parvenu à le joindre. Vous verrez ce que vous ayez à ajouter.
Malko avait réfléchi à ce point. Chalo Goulart étant mort et Tania arrêtée, il ne risquait pas grand-chose à dire la vérité… Puisque de toute façon la D. I. N. A. savait que Tania connaissait le refuge de Geranios… La Lincoln tourna dans la petite rue qui entourait l’Edificio Diego Portales et stoppa devant le poste de garde. Une question tournait dans la tête de Malko depuis quatre jours. Pourquoi Carlos Geranios l’avait-il traité en ennemi ?
— Je vous laisse la voiture, proposa l’Américain. Elle me dépose et revient vous attendre.
La Datsun de Malko devait toujours se trouver calle Santa Fé si elle n’avait pas été détruite durant l’attaque de la maison. Malko sortit de la Lincoln avec peine. Il se sentait un vieillard. Ses poumons surtout le brûlaient. Les gardes regardèrent son visage enflé, pleins de suspicion.
Le colonel Federico O’Higgins ôta délicatement le gant de laine qui protégeait sa main infirme et tâta ses doigts morts. À la fois onctueux et glacial.
— Vous avez commis une grave imprudence, señor. Très grave. Qui aurait pu vous coûter la vie.
Comme Malko s’apprêtait à lui couper la parole il leva ses doigts racornis et jaunâtres.
— Je sais tout, le señor Villavera m’a mis au courant. Vous n’avez fait que suivre les instructions qui vous étaient données. Bien sûr nous élèverons une protestation officielle, mais, de vous à moi, je peux vous dire que l’affaire est classée en ce qui vous concerne. Vous ne serez même pas convoqué pour un interrogatoire.
Malko se demanda s’il s’attendait à être remercié… Le colonel O’Higgins remit son gant avec soin, massa ses doigts, reprit sa bouillotte et ajouta :
— Bien entendu, il n’est plus question que vous cherchiez de nouveau à entrer en contact avec ce Geranios… D’ailleurs il ne tardera pas à être arrêté. Comme vous avez pu le voir, nos services de renseignements sont assez efficaces…
Malko jeta un regard glacial au Chilien.
— Efficace, je l’ignore. En tout cas, ils sont féroces. Ce dont j’ai été témoin et victime ne fait pas honneur à un pays civilisé. Ces policiers se sont conduits comme des porcs.
Les joues blêmes du colonel O’Higgins s’empourprèrent légèrement.
— Señor, plaida-t-il, il faut comprendre ces hommes ! Ils vous ont pris pour un dangereux terroriste. Malheureusement, plusieurs extrémistes américains ont combattu aux côtés des miristes. Deux de leurs camarades ont été tués dans l’assaut. Ils se sont énervés. Mais dès que j’ai été prévenu, j’ai donné l’ordre qu’on vous libère immédiatement.
— Je croyais que tous les bureaux de la D. I. N. A. se trouvaient ici, demanda ironiquement Malko. Vous ne m’aviez pas parlé de centres de tortures semblables à celui où je me suis trouvé.
Le colonel O’Higgins fit passer sa bouillotte de la main droite à la main gauche, le temps de tirer sur son gant.
— Ce n’est pas un centre de tortures, dit-il posément. Seulement un lieu de regroupement pour les suspects arrêtés.
Malko pensa aux malheureux entassés dans la cellule de douze mètres carrés. Il ne pouvait, hélas, rien pour eux. Un brusque élancement lui ébranla le crâne. Involontairement, il esquissa une grimace de douleur. Aussitôt O’Higgins se pencha vers lui, plein de sollicitude.
— Ça ne va pas ?
— Ça va, fit Malko qui s’était repris. Il sentait encore les brûlures du nerf de bœuf un peu partout sur sa peau.
— Je suis vraiment désolé de cet incident, répéta le Chilien mais, hélas, je ne peux veiller à tout et il arrive que mes hommes fassent un peu de zèle.
Malko saisit la balle au bond.
— À propos, savez-vous comment vos hommes ont retrouvé ce Geranios ?
Federico O’Higgins redevint immédiatement onctueux.
Je crois qu’on leur a donné une information. Ils le cherchaient depuis longtemps… Cela n’a aucun rapport avec votre présence là-bas.
Malko savait à quoi s’en tenir sur « l’information ». Juan Planas n’avait pas caché la façon dont il avait arraché le renseignement à Tania. Il se dit qu’un pan d’honorabilité de la D. I. N. A. venait brusquement de tomber. Or, O’Higgins semblait très concerné par son image de marque. C’était le moment d’en profiter… Il essaya de donner à ses traits une expression amicale.
— Colonel, dit-il, une femme a été torturée en ma présence d’une façon ignoble. Une certaine Tania.
Les yeux glauques de Federico O’Higgins s’animèrent d’une chaleur soudaine.
— Pouvez-vous me dire par qui ?
Un policier très petit 1 m 55 environ, coiffé d’un chapeau blanc. Une moustache. Je crois qu’il s’appelle Juan…
O’Higgins notait, tout en secouant tristement la tête.
— Señor, dit-il, je vous remercie. J’ai moi-même formellement interdit toute brutalité. Je vous donne ma parole de caballero que cet homme sera suspendu et sévèrement puni. (Il soupira de nouveau.) Nous sommes en guerre contre un ennemi impitoyable… Ces interrogatoires renforcés sont indispensables pour exploiter rapidement les renseignements. Mais il y a des limites !
Le cimetière, entre autres… Malko avait décidé de conserver son calme. Quoiqu’il arrive…
— Dans le cas de cette femme, dit-il, ces limites ont été largement dépassées. Je lui avais promis de m’occuper d’elle. Serait-ce trop vous demander d’intervenir personnellement afin qu’elle soit menée dans un hôpital ? Je pense que si nous lui rendions visite ensemble, cela effacerait la mauvaise impression de son séjour calle Londres.
Une ombre passa fugitivement sur le visage du colonel chilien. Malko vit ses doigts se crisper sur la bouillotte, puis il sourit aussitôt.
— Excellente idée ! Je vais m’occuper de cette Tania et vous faire prévenir à votre hôtel. Reposez-vous.
Malko ne put éviter de lui serrer la main gauche. Le colonel O’Higgins le raccompagna jusqu’au palier, de nouveau dégoulinant de gentillesse. Ceux qu’ils croisaient fixaient à la dérobée le visage marqué de coups de Malko. La Lincoln attendait dans la petite rue derrière l’Edificio Diego Portales. Malko s’y laissa tomber avec soulagement.
— À l’ambassade, dit-il au chauffeur.
Les travaux du métro continuaient, les gens attendaient l’autobus, les voitures roulaient. Il pensa avec horreur à ce qui se dissimulait derrière cette façade rassurante de Santiago. Il avait envie de crier la vérité à la foule apathique. De lui parler de la Casa de los carinios…
— Je suis tellement content que ça ne soit pas pire ! Les yeux myopes derrière les grosses lunettes d’écaille en étaient presque humides d’émotion. Le regard affectueux de John Villavera enveloppa Malko, les bleus, les points de suture de l’arcade sourcilière. Il secoua la tête. Malko, heureusement, n’avait aucune fracture.
— Il vaudrait mieux que vous retourniez aux États-Unis, suggéra l’Américain. Vous n’êtes pas en état de continuer. Cela a dû être épouvantable. Ces militaires sont inexpérimentés, trop zélés. Ils obéissent strictement au général Pinochet qui a donné l’ordre d’expurger le marxisme par tous les moyens…
Malko ne répondit pas. Toujours la même histoire. Le mal était contagieux. En luttant contre l’abominable système communiste, on finissait par employer les mêmes méthodes et on perdait son âme… Comme s’il avait deviné ses pensées, John Villavera ajouta :
J’ai appris que celui qui vous a interrogé, heu, si brutalement, faisait jadis partie de la police secrète d’Allende. Il s’en est tiré en dénonçant ses anciens camarades. Comme c’était un bon technicien, ils l’ont gardé. Ils manquent de spécialistes, n’est-ce pas… Cet homme a été suspendu de ses fonctions et envoyé dans le Sud, à un poste où il ne pourra pas donner libre cours à ses mauvais instincts.
Malko aurait préféré qu’il soit coupé en rondelles et frit dans l’huile bouillante, mais devait se contenter de cette demi-mesure…
— Je ne pars pas, dit-il. Dans deux jours, je serai complètement d’aplomb. Je vais essayer de retrouver Geranios. À propos, savez-vous que sans l’intervention des carabinieros, il m’exécutait ?
L’Américain sursauta.
— Il vous exécutait ? Mais c’est impossible…
— Il m’a pris pour un agent de la D. I. N. A., expliqua Malko. À refusé de me croire lorsque je lui ai dit que je venais de votre part…
Il doit être à bout de nerfs, commenta John Villavera. Quel dommage qu’il ne soit pas resté à l’ambassade d’Italie ! Nous n’aurions pas eu tous ces problèmes. Êtes-vous certain de vouloir continuer ? Si le colonel O’Higgins l’apprenait, il serait fou furieux.
— N’ayez pas peur, dit Malko. Je serai prudent. J’ai vu ce qu’était la D. I. N. A. Je ne tiens pas à retomber entre leurs mains.
John Villavera semblait soucieux.
— Mais comment allez-vous faire ? Après cet incident, Carlos Geranios va être persuadé que vous l’avez dénoncé, il vous abattra à vue…, et où allez-vous le trouver ?
— J’ai une idée, dit Malko. Si elle ne marche pas, je laisserai tomber.
John Villavera soupira.
— Je vous suis fichtrement reconnaissant de rester ! À propos, Phnom Penh est tombé hier soir. Les Viêt-Cong sont à 50 kilomètres de Saigon…
Malko pensa à sa mission au Cambodge, un an plus tôt. Quelle tristesse ! Les doux Khmers allaient tomber sous le joug communiste. La Lincoln stoppa devant le vieux Sheraton.
— Reposez-vous bien, cria John par la glace baissée.
Malko avait l’impression qu’un train traversait son crâne d’une oreille à l’autre… Mais il ne pouvait s’empêcher de réfléchir. Tania était sûre maintenant qu’il n’appartenait pas à la D. I. N. A. Elle l’aiderait à retrouver Carlos Geranios. Le colonel O’Higgins allait se révéler utile.
Au moment où il prenait sa clef, une voix de femme lui dit « bonjour ». Il se retourna. Oliveira perchée sur des galoches, moulée dans un blue-jean, la besace accrochée à l’épaule lui souriait.
Son visage se figea en voyant le visage marqué de Malko.
— Oh, mon Dieu !
Le sang s’était retiré de son visage. Malko demanda :
— Mais comment êtes-vous là ?
— J’ai téléphoné à San Salvador. Ils m’ont dit que vous étiez sorti… J’ai pris de vos nouvelles tous les jours…
Il la prit par le bras, l’entraînant vers l’ascenseur.
— Si vous n’avez pas peur d’être compromise, venez avec moi en haut, j’ai honte de me montrer ainsi.
Elle le suivit. Tandis que l’appareil montait, il observa avidement les hanches minces, la petite poitrine arrogante, les longues jambes, les cheveux bouclés. Après ce qu’il avait vécu, c’était bon de retrouver une femme.
Aussitôt dans la chambre, elle jeta la besace sur le lit et lui fit face, promenant légèrement ses doigts sur ses traits meurtris. Malko la laissa faire avec délices, se remplissant les narines de son parfum léger. Il brûlait, tout son corps lui faisait mal, il avait l’impression de cracher des bulles de savon chaque fois qu’il respirait, mais il avait brusquement envie d’Oliveira. Elle le devina, s’approcha de lui. Lorsque son bluejean effleura son ventre, il faillit crier de plaisir.
— Pedro ne m’avait pas dit, murmura-t-elle. C’est horrible. Ils ont failli vous tuer…
— Vous savez ce qui m’est arrivé ?
Elle hocha la tête affirmativement.
— Oui. Pedro est mon « pololo », vous savez. Il m’a dit que vous aviez été arrêté par la D. I. N. A. Qu’il vous avait fait sortir… Mais que vous aviez dû aller à l’hôpital. Je ne pensais pas que… (elle s’arrêta.) Que c’était comme cela.
Malko préféra ne pas entrer dans les détails… Il posa avec précaution ses lèvres encore meurtries sur celles d’Oliveira.
Lorsqu’il s’écarta, elle dit à voix basse :
— Je pensais ne jamais te revoir. Je t’ai attendu jusqu’à dix heures l’autre soir.
Elle avait repris le tutoiement.
Ils restèrent un long moment à se regarder. Puis Oliveira eut un sourire maladroit, ôta son blouson, secoua ses socques, arracha les pressions de son bluejean qu’elle fit glisser le long de ses jambes bronzées et minces. Le temps de faire passer par-dessus sa tête son tee-shirt, elle était nue.
— Viens vite, dit-elle, je n’ai pas beaucoup de temps. Pedro doit venir me chercher pour dîner.
Lorsque les doigts de Malko se refermèrent sur les fesses cambrées et fermes, son angoisse s’envola d’un coup. Ils s’embrassèrent, oscillèrent au milieu de la pièce. Sans même aller jusqu’au lit. Il l’appuya contre le bureau, la pénétra sauvagement, pour effacer l’image du nain au chapeau blanc, le goût de l’eau savonneuse, les coups sur la tête. Il se déversa en elle presque aussitôt, à longues saccades délicieuses. Si violemment qu’ils perdirent l’équilibre tous les deux, tombèrent par terre, se séparant involontairement. Malko poussa un cri de douleur. Oliveira rit, se serra contre lui moqueusement.
— Cela me rappelle mon mari, murmura-t-elle. Il me faisait toujours l’amour aussi vite…
— Je te demande pardon, dit Malko. Mais…
Oliveira se releva avec un rire joyeux.
— Je suis méchante… C’était bon quand même, tu sais. Tu en avais tellement envie…
Elle fila vers la salle de bains. Lorsqu’elle en ressortit innocente et bien coiffée, elle vint s’asseoir sur le bras du fauteuil où Malko récupérait.
— Pedro m’a raconté des choses, dit-elle. Tu me promets de ne le dire à personne !
— Juré ! dit Malko.
— Cette fille, Tania, que tu as été voir, c’était un agent des communistes. Ils le savaient depuis longtemps. Mais ils ne pouvaient pas y toucher. Parce qu’elle était la maîtresse de Chalo. Celui-ci est respecté ici par tout le monde. Il aurait sorti Tania de prison en cinq minutes. Parce qu’il était fou amoureux d’elle. Mais dès qu’il est mort, ils l’ont arrêtée. C’est comme cela qu’ils vous ont trouvé…
— Pourquoi s’est-il suicidé ? demanda Malko.
— Je ne sais pas. Pedro ne savait pas. Il m’a seulement dit qu’ils avaient été bien contents de sa mort. Que Tania les narguait. Ils savaient qu’elle connaissait Geranios… Mais tu me jures de ne pas parler de tout cela ! Pedro serait furieux… Maintenant, je me sauve. Appelle-moi, demain…
Malko la regarda traverser la chambre. Perplexe. Il aurait bien voulu savoir pourquoi Chalo s’était suicidé. Seule, Tania pouvait lui donner la réponse.
Encore Tania !
Il y eut plusieurs craquements dans le téléphone, puis une voix annonça en anglais, avec un fort accent :
— Je vous passe Son Excellence le colonel Federico O’Higgins.
La voix onctueuse du Chilien donna la chair de poule à Malko. Au milieu de mille circonlocutions, il lui demanda des nouvelles de ses blessures. Malko le rassura et demanda :
— Qu’en est-il pour ce que je vous ai demandé ?
— Je m’en suis occupé immédiatement, affirma le Chilien. Le policier qui vous a maltraité a été envoyé à Punta Arenas, tout au Sud du pays. Dans un poste très mauvais. J’ai donné des ordres très stricts pour que toute pratique illégale soit sévèrement réprimée par les officiers responsables des différents services de la D. I. N. A.
— Et la femme ?
Il sentit de la gêne dans la voix du colonel O’Higgins.
— Ce matin, je n’ai pas voulu vous décevoir, expliqua le Chilien, mais j’étais presque sûr de ne pouvoir vous donner satisfaction. M’étant absenté de Santiago, je n’ai pas suivi tout ce qui se passait. Mais depuis j’ai vérifié…
— Quoi donc ?
— Cette Tania s’est évadée, avoua tristement O’Higgins.
— Évadée ! s’exclama Malko, mais c’est impossible…
— On l’a fait évader, corrigea aussitôt le Chilien, deux jours après que vous ayez été relâché. Durant son transfert, un de nos véhicules a été attaqué par un commando miriste qui a tué le chauffeur et un garde… Tania se trouvait parmi les prisonniers qui ont pris la fuite à cette occasion. Je n’en étais pas certain parce que vous ne m’aviez donné que son prénom.
Malko remercia et raccrocha. Perplexe. Il n’avait plus qu’à compter sur lui-même pour retrouver Carlos Geranios. Si Tania l’avait rejoint, il risquait de l’accueillir mieux que la première fois… Mais pour le retrouver, il avait peu de chose. Un prénom de femme… un restaurant à Viña Del Mar. Un perroquet…
Sa migraine le reprit et il se rua pour prendre des cachets.
Demain serait un autre jour !