Lieu inconnu

Lorsque je repris conscience, Keira était penchée au-dessus de moi. Son sourire était pâle.

– Où sommes-nous ? lui demandai-je.

– Je n'en ai pas la moindre idée, me répondit-elle.

Je regardai tout autour, quatre murs bétonnés, sans aucune ouverture hormis une porte blindée. Un néon au plafond diffusait une lumière blafarde.

– Qu'est-ce qui s'est passé ? questionna Keira.

– Nous n'avons pas écouté les recommandations d'Ivory.

– Nous avons dû dormir un long moment.

– Qu'est-ce qui te laisse croire ça ?

– Ta barbe, Adrian. Tu étais rasé de près quand nous avons dîné avec Walter.

– Tu as raison, nous devons être là depuis longtemps, j'ai faim et soif.

– Moi aussi, je suis assoiffée, répondit Keira.

Elle se leva et alla tambouriner à la porte.

– Donnez-nous au moins à boire ! cria-t-elle.

Nous n'entendîmes aucun bruit.

– Ne t'épuise pas. Ils viendront bien à un moment donné.

– Ou pas !

– Ne dis pas de bêtises, ils ne vont pas nous laisser crever de soif et de faim dans ce cachot.

– Je ne voudrais pas t'inquiéter, mais je n'ai pas eu l'impression que les balles qui nous visaient dans le Transsibérien étaient en caoutchouc. Mais pourquoi, pourquoi nous en veut-on à ce point ? gémit-elle en s'asseyant par terre.

– À cause de ce que tu as trouvé, Keira.

– En quoi des ossements, aussi vieux soient-ils, justifient-ils un tel acharnement ?

– Ce n'est pas n'importe quel squelette. Je ne crois pas que tu aies bien compris la raison du trouble de Poincarno.

– Cet imbécile qui nous accuse d'avoir falsifié l'ADN que nous lui avons fait étudier.

– C'est ce que je pensais, tu n'as pas tout saisi de la portée de ta découverte.

– Ce n'est pas ma découverte, mais la nôtre !

– Poincarno tentait de t'expliquer le dilemme auquel les analyses l'ont confronté. Tous les organismes vivants contiennent des cellules, une seule pour les plus simples, l'homme en possède plus de dix milliards, et toutes ces cellules se construisent sur le même modèle, à partir de deux matériaux de base, les acides nucléiques et les protéines. Ces briques du vivant sont elles-mêmes issues de la combinaison chimique dans l'eau de quelques éléments, le carbone, l'azote, l'hydrogène et l'oxygène. Voilà pour les certitudes sur le pourquoi de la vie, mais comment tout a commencé ? Là, les scientifiques envisagent deux scénarios. Soit la vie est apparue sur la Terre après une série de réactions complexes, soit des matériaux provenant de l'espace ont déclenché le processus de la vie sur la Terre. Tous les êtres vivants évoluent, ils ne régressent pas. Si l'ADN de ton Ève éthiopienne contient des allèles génétiquement modifiés, son corps est pour ainsi dire plus évolué que le nôtre, ce qui est donc impossible, sauf si...

– Sauf si quoi ?

– Sauf si ton Ève est morte sur la Terre sans pour autant y être née...

– C'est impensable !

– Si Walter était là, tu le mettrais en colère.

– Adrian, je n'ai pas passé dix ans de ma vie à chercher le chaînon manquant pour expliquer à mes pairs que le premier des humains est venu d'un autre monde.

– À l'heure où je te parle, six astronautes sont enfermés dans un caisson quelque part près de Moscou, en préparation d'un voyage vers Mars. Je n'invente rien. Aucune fusée à l'horizon, il ne s'agit aujourd'hui que d'une expérimentation organisée par l'Agence spatiale européenne et l'Institut russe des problèmes biomédicaux, afin de tester les capacités de l'homme à voyager dans l'espace sur de longues distances. L'aboutissement de ce projet baptisé Mars 500 est prévu dans quarante ans. Mais qu'est-ce qu'une quarantaine d'années dans l'histoire de l'humanité ? Six astronautes partiront vers Mars en 2050 comme le firent moins de cent ans plus tôt ceux qui posèrent les premiers pas de l'homme sur la Lune. Maintenant, imagine le scénario suivant : si l'un d'eux décédait sur Mars, que feraient les autres à ton avis ?

– Ils mangeraient son goûter !

– Keira, je t'en prie, sois sérieuse deux secondes !

– Désolée, le fait de me retrouver en cellule me rend nerveuse.

– Raison de plus pour que tu me laisses te changer les idées.

– Je ne sais pas ce que feraient les autres. Ils l'enterreraient je suppose.

– Exactement ! Je doute qu'ils aient envie de faire le voyage retour avec un corps en décomposition à bord. Donc, ils l'inhument. Mais sous la poussière de Mars, ils trouvent de la glace, comme dans le cas de ces tombes sumériennes sur le plateau de Man-Pupu-Nyor.

– Pas exactement, corrigea Keira, eux ont été ensevelis, mais il y a beaucoup de ces tombes de glace en Sibérie.

– Alors comme en Sibérie..., dans l'espoir qu'une autre mission reviendra, nos astronautes enterrent avec le corps de leur compagnon une balise et un échantillon de son sang.

– Pourquoi ?

– Pour deux raisons distinctes. Permettre de localiser la sépulture, en dépit des tempêtes qui peuvent bouleverser le paysage, et pouvoir identifier de façon certaine celui ou celle qui y repose... ainsi que nous l'avons fait. L'équipage repart, comme les astronautes qui firent les premiers pas de l'homme sur la Lune. Rien de scientifiquement extravagant à ce que je viens de te dire, nous n'avons finalement en un siècle appris qu'à voyager plus loin dans l'espace. Mais entre le premier vol d'Ader qui avait parcouru quelques mètres au-dessus du sol et le premier pas d'Armstrong sur la Lune, il ne s'est écoulé que quatre-vingts ans. Les progrès techniques, la connaissance qu'il aura fallu acquérir pour passer de ce petit vol à la possibilité d'arracher une fusée de plusieurs tonnes à l'attraction terrestre sont inimaginables. Bien, je poursuis, notre équipage est revenu sur la Terre et leur compagnon repose sous la glace de Mars. L'Univers se moque bien de tout cela et son expansion continue, les planètes de notre système solaire tournent autour de leur étoile, qui les réchauffe et les réchauffe encore. Dans quelques millions d'années, ce qui n'est pas beaucoup dans l'histoire de l'Univers, Mars se réchauffera, les glaces souterraines se mettront à fondre. Alors, le corps congelé de notre astronaute commencera à se décomposer. On dit que quelques graines suffisent à faire naître une forêt. Que des fragments d'ADN appartenant au corps de ton Ève éthiopienne se soient mélangés à l'eau lorsque notre planète sortait de sa période glaciaire et le processus de fertilisation de la vie commençait sur la Terre. Le programme que contenait chacune de ses cellules suffirait à faire le reste et il ne faudrait plus que quelques centaines de millions d'années supplémentaires pour que l'évolution aboutisse à des êtres vivants aussi complexes que l'Ève qui fut à leur origine... « La nuit de l'un est gardienne de l'origine. » D'autres avant nous avaient compris ce que je viens de te dire...

Le néon au-dessus de nous s'éteignit.

Nous étions dans le noir absolu.

Je pris la main de Keira.

– Je suis là, n'aie pas peur, nous sommes ensemble.

– Tu crois à ce que tu viens de me raconter, Adrian ?

– Je ne sais pas, Keira, si tu me demandes si un tel scénario est possible, ma réponse est oui. Tu me demandes s'il est probable ? Au regard des preuves que nous avons trouvées, la réponse est pourquoi pas. Comme dans toute enquête ou dans tout projet de recherches, il faut bien commencer par une hypothèse. Depuis l'Antiquité, ceux qui firent les plus grandes découvertes sont ceux qui eurent l'humilité de regarder les choses autrement. Au collège, notre professeur de sciences nous disait : Pour découvrir, il faut sortir de son propre système. De l'intérieur, on ne voit pas grand-chose, en tout cas rien de ce qui se passe au-dehors. Si nous étions libres et publiions de telles conclusions à l'appui des preuves dont nous disposons, nous susciterions différentes réactions, de l'intérêt comme de l'incrédulité ; sans compter la jalousie qui ferait crier à l'hérésie nombre de confrères. Et pourtant, tant de gens ont la foi, Keira, tant d'hommes croient en un Dieu, sans aucune preuve de son existence. Entre ce que nous ont appris les fragments, les ossements découverts à Dipa, et les extraordinaires révélations de ces analyses ADN, nous avons le droit de nous poser toute sortes de questions sur la façon dont la vie est apparue sur la Terre.

– J'ai soif, Adrian.

– Moi aussi, j'ai soif.

– Tu crois qu'ils vont nous laisser mourir comme ça ?

– Je n'en sais rien, cela commence à faire long.

– Il paraît que c'est terrible de mourir de soif, au bout d'un certain temps, la langue se met à gonfler et on étouffe.

– Ne pense pas à ça.

– Tu regrettes ?

– D'être enfermé ici, oui, mais pas le moindre des instants que nous avons passés ensemble.

– Je l'aurai quand même trouvée, ma grand-mère de l'humanité, soupira Keira.

– Tu peux même dire que tu as trouvé son arrière-arrière-grand-mère, je n'ai pas encore eu l'occasion de te féliciter.

– Je t'aime, Adrian.

Je serrai Keira dans mes bras, cherchai ses lèvres dans le noir et l'embrassai. D'heure en heure, nos forces s'amenuisaient.

– Walter doit s'inquiéter.

– Il a pris l'habitude de nous voir disparaître.

– Nous ne sommes jamais partis sans le prévenir.

– Cette fois, il s'inquiétera peut-être de notre sort.

– Il ne sera pas le seul, nos recherches ne seront pas vaines, je le sais, souffla Keira. Poincarno poursuivra ses analyses sur l'ADN, mon équipe ramènera le squelette d'Ève.

– Tu veux vraiment la baptiser ainsi ?

– Non, je voulais l'appeler Jeanne. Walter a mis les fragments en lieu sûr, l'équipe de Virje étudiera l'enregistrement. Ivory a ouvert une voie, nous l'avons suivie, d'autres continueront sans nous. Tôt ou tard, ensemble, ils recolleront les pièces du puzzle.

Keira se tut.

– Tu ne dis plus rien ?

– Je suis si fatiguée, Adrian.

– Ne t'endors pas, résiste.

– À quoi bon ?

Elle n'avait pas tort, mourir en s'endormant serait plus doux.

*

* *

Le néon s'alluma, je n'avais aucune idée du temps qui s'était écoulé depuis que nous avions perdu connaissance. Mes yeux eurent du mal à s'accommoder à la lumière.

Devant la porte, deux bouteilles d'eau, des barres de chocolat et des biscuits.

Je secouai Keira, lui humectai les lèvres et la berçai en la suppliant d'ouvrir les yeux.

– Tu as préparé le petit déjeuner ? murmura-t-elle.

– Quelque chose comme ça, oui, mais ne bois pas trop vite.

Désaltérée, Keira se jeta sur le chocolat, nous partageâmes les biscuits. Nos avions recouvré quelques forces et elle reprenait des couleurs.

– Tu crois qu'ils ont changé d'avis ? me demanda-t-elle.

– Je n'en sais pas plus que toi, attendons.

La porte s'ouvrit. Deux hommes portant des cagoules entrèrent en premier, un troisième, tête nue, vêtu d'un costume en tweed fort bien coupé se présenta à nous.

– Debout et suivez-nous, dit-il.

Nous sortîmes de notre cellule et empruntâmes un long couloir.

– Là, nous dit l'homme, ce sont les douches du personnel, allez faire votre toilette, vous en avez besoin. Mes hommes vous escorteront jusqu'à mon bureau lorsque vous serez prêts.

– Puis-je savoir à qui nous avons l'honneur ? demandai-je.

– Vous êtes arrogant, j'aime bien cela, répondit l'homme. Je m'appelle Edward Ashton. À tout à l'heure.

*

* *

Nous étions redevenus presque présentables. Les hommes d'Ashton nous escortèrent à travers une somptueuse demeure en pleine campagne anglaise. La cave où nous avions été enfermés se situait dans les sous-sols d'un bâtiment tout près d'une grande serre. Nous parcourûmes un jardin remarquablement entretenu, gravîmes les marches d'un perron et l'on nous fit entrer dans un immense salon aux murs recouverts de boiseries.

Sir Ashton nous y attendait, assis derrière un bureau.

– Vous m'aurez donné bien du fil à retordre.

– La réciproque est tout aussi vraie, répondit Keira.

– Je vois que vous non plus ne manquez pas d'humour.

– Je ne trouve rien de drôle à ce que vous nous avez fait subir.

– Ne vous en prenez qu'à vous-mêmes, ce n'est pas faute de vous avoir adressé maints avertissements, mais rien ne semblait pouvoir vous décider à arrêter vos recherches.

– Mais pourquoi aurions-nous dû renoncer ? demandai-je.

– S'il ne tenait qu'à moi, vous n'auriez plus le loisir de me poser la question, mais je ne suis pas seul décisionnaire.

Sir Ashton se leva et retourna derrière son bureau. Il appuya sur un commutateur, les panneaux boisés ornant les murs circulaires de la pièce se rétractèrent, dévoilant une quinzaine d'écrans qui s'allumèrent simultanément. Sur chacun d'eux apparut le visage d'un individu. Je reconnus aussitôt notre contact d'Amsterdam. Hommes et femme se présentèrent sous le nom d'emprunt d'une ville. ATHÈNES, BERLIN, BOSTON, ISTANBUL, LE CAIRE, MADRID, MOSCOU, NEW DELHI, PARIS, PÉKIN, ROME, RIO, TEL-AVIV, TOKYO.

– Mais qui êtes-vous ? interrogea Keira.

– Des représentants officiels de chacun de nos pays, nous sommes en charge du dossier qui vous concerne.

– Quel dossier ? demandai-je à mon tour.

La seule femme de cette assemblée fut la première à s'adresser à nous, elle se présenta sous le nom d'Isabel et nous posa une étrange question :

– Si vous aviez la preuve que Dieu n'existait pas, êtes-vous certain que les hommes voudraient la voir ? Et avez-vous bien mesuré les conséquences de la diffusion d'une telle nouvelle ? Deux milliards d'êtres humains vivent sur cette planète en dessous du seuil de pauvreté. La moitié de la population mondiale subsiste en se privant de tout. Vous êtes-vous demandé ce qui fait tenir debout ce monde si bancal, si déséquilibré ? C'est l'espoir ! L'espoir qu'il existe une force supérieure et bienveillante, l'espoir d'une vie meilleure après la mort. Appelez cet espoir Dieu ou foi, comme vous voudrez.

– Pardonnez-moi, madame, mais les hommes n'ont cessé de s'entretuer au nom de Dieu. Leur apporter la preuve qu'il n'existe pas les libérerait une fois pour toutes de la haine de l'autre. Regardez combien d'entre nous les guerres de Religion ont fait mourir, combien de victimes elles provoquent encore chaque année, combien de dictatures reposent sur un socle religieux.

– L'homme n'a pas eu besoin de croire en Dieu pour s'entretuer, rétorqua Isabel, mais pour survivre, pour faire ce que la nature lui commande et assurer la continuité de son espèce.

– Les animaux le font sans croire en Dieu, rétorqua Keira.

– Mais l'homme est le seul être vivant sur cette terre à avoir conscience de sa propre mort, mademoiselle, il est le seul à la redouter. Savez-vous à quand remontent les premiers signes de religiosité ?

– Il y a cent mille ans, près de Nazareth, répondit Keira, des Homo sapiens inhumèrent, probablement pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, la dépouille d'une femme d'une vingtaine d'années. À ses pieds reposait aussi celle d'un enfant de six ans. Ceux qui découvrirent leur sépulture trouvèrent également autour de leurs squelettes quantité d'ocre rouge et d'objets rituels. Les deux corps étaient dans la position de l'orant. À la peine qui accompagnait la perte d'un proche était venue se greffer l'impérieuse nécessité d'honorer la mort..., conclut-elle en répétant mot à mot la leçon d'Ivory.

– Cent mille ans, reprit Isabel, mille siècles de croyances... Si vous apportiez au monde la preuve scientifique que Dieu n'a pas créé la vie sur la Terre, ce monde se détruirait. Un milliard et demi d'êtres humains vivent dans une misère intolérable, inacceptable, insupportable. Quel homme, quelle femme et quel enfant dans la souffrance accepterait sa condition s'il était privé d'espoir ? Qui le retiendrait de tuer son prochain, de s'emparer de ce dont il manque si sa conscience était libre de tout ordre transcendant ? La religion a tué, mais la foi a sauvé tant de vies, donné tant de forces aux plus démunis. Vous ne pouvez pas éteindre pareille lumière. Pour vous, scientifiques, la mort est nécessaire, nos cellules meurent afin que d'autres vivent, nous mourons pour laisser place à ceux qui doivent nous succéder. Naître, se développer et puis mourir est dans l'ordre des choses, mais pour le plus grand nombre, mourir n'est qu'une étape vers un ailleurs, un monde meilleur où tout ce qui n'est pas sera, où tous ceux qui ont disparu les attendent. Vous n'avez connu ni la faim ni la soif, pas plus que le dénuement, et vous avez poursuivi vos rêves, quels que soient vos mérites, vous avez eu cette chance. Mais avez-vous pensé à ceux qui n'ont pas eu une telle chance ? Seriez-vous assez cruels pour leur dire que leurs souffrances sur la Terre n'avait d'autre fin que l'évolution ?

J'avançai vers les écrans pour faire face à nos juges.

– Cette triste séance, dis-je, me fait penser à celle qu'a dû subir Galilée. L'humanité a fini par apprendre ce que ses censeurs voulaient cacher, et pourtant le monde ne s'est pas arrêté de tourner ! Bien au contraire. Lorsque l'homme libéré de ses peurs se décida à avancer vers l'horizon, c'est l'horizon qui a reculé devant lui. Que serions-nous aujourd'hui, si les croyants d'hier avaient réussi à interdire la vérité ? La connaissance fait partie de l'évolution de l'homme.

– Si vous révélez vos découvertes, le premier jour comptera des centaines de milliers de morts dans le quart-monde, la première semaine des millions dans le tiers-monde. La suivante débutera la plus grande migration de l'humanité. Un milliard d'êtres affamés traverseront les continents et prendront la mer pour aller s'emparer de tout ce qu'ils n'ont pas. Chacun tentera de vivre au présent ce qu'il réservait au futur. La cinquième semaine marquera le commencement de la première nuit.

– Si nos révélations sont si redoutables, pourquoi nous avoir libérés ?

– Nous n'avions pas l'intention de le faire, jusqu'à ce que votre conversation, dans votre cellule, nous apprenne que vous n'êtes plus seuls à savoir. Votre disparition soudaine pousserait les scientifiques qui vous ont côtoyés à achever vos travaux. Vous seuls désormais pouvez les arrêter. Vous êtes libres de partir et seuls face à la décision que vous prendrez. Depuis la découverte de la fission nucléaire, jamais un homme et une femme n'auront porté une telle responsabilité sur leurs épaules.

Les écrans s'éteignirent l'un après l'autre. Sir Ashton se leva et avança vers nous.

– Ma voiture est à votre disposition, mon chauffeur vous reconduira à Londres.

*

* *


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