Chapitre VIII

Leslie garda la main à la manette des gaz jusqu’à ce que l’hydravion ait pris son envol. Et quand celui-ci fut à quelque cent pieds au-dessus du niveau de l’eau, elle lui fit prendre sa vitesse de croisière, puis le ramena en position horizontale.

Malgré le ciel bleu et la mer scintillante, l’atmosphère n’était pas à la fête dans le poste de pilotage et nous nous demandions encore comment il se faisait que des êtres humains intelligents puissent se laisser séduire par la perspective d’une guerre. Qui plus est, il nous était difficile d’accepter l’idée que pareille folie puisse menacer nos jours et ceux d’autrui.

« Pye, dis-je enfin, pourquoi avons-nous choisi d’emprunter ces sentiers particuliers plutôt que d’autres sillonnant le plan infini et pourquoi avons-nous choisi de nous confronter à ces vies passées plutôt qu’à certaines autres ? Pourquoi avons-nous dû rencontrer Leslie à son piano et Richard aux commandes de son avion de chasse ?

— Ne pouvez-vous deviner ? » répondit-elle en s’adressant à Leslie et à moi-même, et en nous invitant à relever le défi. Cherchant à voir ce que Leslie et Richard avaient en commun, je pensai alors que tous deux étaient jeunes et un peu désorientés.

Leslie, quant à elle, émit l’hypothèse qu’il s’agissait d’un problème de perspective et dit : « Tous deux n’en étaient-ils pas rendus à un point où il leur fallait prendre conscience de l’importance de leur choix ? »

Pye acquiesça et dit : « Vous avez touché juste, Leslie !

— Et c’est aussi à cause d’un problème de perspective que nous nous retrouvons ici ? dis-je à mon tour.

— Non, répondit Pye d’un ton ferme. Il n’y a pas de raison particulière à votre présence en ces lieux. Vous y êtes par hasard.

— Oh, Pye ! Je vous en prie, fis-je.

— Qu’y a-t-il, Richard ? me répondit-elle. Vous ne croyez pas au hasard ou à la coïncidence ? Eh bien, dans ce cas, vous devez croire que c’est vous qui avez navigué jusqu’ici !

— Je doute qu’il en soit ainsi », dis-je en regardant Leslie d’un air complice. Puis j’ajoutai à l’intention de Pye :

« Il s’agit d’une farce entre Leslie et moi. Car si elle n’a aucun sens de l’orientation lorsqu’elle est au sol, Leslie devient une merveilleuse navigatrice dès qu’elle se trouve dans les airs. Mieux que personne, elle sait nous diriger.

— C’est moi la navigatrice, dit alors Leslie en souriant. Par conséquent, je suis la seule responsable de notre présence ici.

— Elle croit plaisanter en affirmant cela, rétorqua Pye, et pourtant si ce n’avait été d’elle, Richard, vous ne seriez pas ici. Le savez-vous ? »

J’acquiesçai et dis : « À la maison, je passe pour le spécialiste des phénomènes extrasensoriels, des voyages astraux et des expériences du seuil de la mort. Je suis celui qui reste debout des nuits entières à étudier et à fouiller dans les livres. Leslie, elle, ne s’intéresse guère aux livres. Et pourtant, quand il s’agit de lire l’avenir, c’est elle qu’on vient consulter …

— Richard, dit Leslie avec véhémence, je ne lis pas l’avenir, et tu le sais très bien. Je suis une personne sceptique de nature et le deviens encore plus s’il est question de tous ces phénomènes extrasensoriels.

— Ainsi, vous n’accordez aucune valeur à ces phénomènes, lui demanda Pye.

— Euh ! répondit Leslie. Il me faut admettre que certaines des hypothèses avancées par Richard sont parfois vraisemblables et qu’il arrive même qu’elles soient corroborées par des scientifiques. J’ai appris par conséquent à considérer avec respect, voire à trouver intéressantes ses idées, farfelues ou non, ses hypothèses, corroborées ou non. Bref, je trouve fascinant le regard qu’il jette sur le monde. Ceci dit, j’ai le sens pratique et les deux pieds posés sur terre.

— En a-t-il toujours été ainsi ? lui demandai-je pour la taquiner.

— Oh ! objecta-t-elle en comprenant ce à quoi je faisais allusion. Tu n’as pas le droit de tirer de conclusions à partir d’expériences qui remontent à mon adolescence. Qui plus est, j’ai mis un terme à toutes ces expériences que je jugeais effrayantes.

— Leslie avait une faculté d’intuition tellement grande, dit Pye, qu’elle en était effrayée. Aussi a-t-elle cherché à endiguer cette faculté et cherche-t-elle encore à le faire. Les personnes qui ont le sens pratique et se disent des sceptiques n’aiment pas savoir qu’elles ont un don et aiment encore moins avoir recours à des pratiques étranges.

— Ma chère pilote, dis-je alors à Leslie, jamais tu ne cesseras de m’étonner. Car il n’est pas donné à tous de pouvoir actionner la manette des gaz d’un avion à bord duquel nous ne nous trouvons pas. Je comprends maintenant pourquoi tu ne voulais pas retourner à Los Angeles.

— Cesse de faire l’idiot, me répondit Leslie. Je n’aurais jamais piloté cet avion si tu ne m’avais demandé de le faire. Quant à Los Angeles, c’est toi qui tenais à y aller ! »

Leslie disait vrai. Je l’avais convaincue de venir avec moi à Spring Hill et de laisser la maison et ses nombreuses activités en plan pour quelque temps. Je lui avais promis un voyage qui serait riche en expériences de toutes sortes, qui apporterait une réponse à certaines de nos questions et nous ouvrirait à de nouvelles idées. Car les idées pour nous étaient source de joie et d’espérance. Nous ne pouvions résister à leur appel.

« D’où viennent les idées ? demandai-je alors à Pye.

— Dix degrés vers la gauche, me répondit-elle.

— Pardon, objectai-je. Je crains que vous ne m’ayez mal compris. Je parlais des idées et me demandais, entre autres, pourquoi elles nous viennent en de si étranges moments.

— Dans le plan, vous trouverez réponse à toutes vos questions, dit Pye. Maintenant, tournez plutôt de vingt degrés vers la gauche, puis atterrissez. »

Je me sentais en présence de Pye, notre guide, comme je m’étais toujours senti en présence de mes instructeurs de vol. Tant et aussi longtemps qu’ils demeuraient avec moi dans l’avion, je n’avais pas peur.

« Ça va, Wookie ? demandai-je à Leslie. Te sens-tu prête pour une nouvelle aventure ? »

Elle acquiesça. Alors, je fis les manœuvres que Pye m’avait demandé d’effectuer, puis je rentrai le train d’atterrissage, baissai les volets et coupai les gaz.

« Bien, dit Pye. Maintenant, déplacez-vous de deux degrés vers la droite et manœuvrez en direction du sentier jaune, droit devant vous, sur le plan, dans l’eau. Bon, maintenant augmentez un tant soit peu votre vitesse. Voilà. C’est parfait ! »

On se serait cru en enfer tant le vacarme était infernal et la chaleur insupportable. Partout autour, il y avait d’immenses fourneaux desquels jaillissaient des flammes d’un rouge vif, et des chaudières géantes dans lesquelles se trouvait du matériel en fusion que déposaient ensuite sur une surface d’acier des grues mécaniques.

« Oh ! mon Dieu », dis-je.

Une voiturette électrique tourna le coin et s’arrêta près de nous. Une jeune femme mince en salopette et chapeau à rebord rigide en descendit, et nous ne sûmes jamais si oui ou non elle nous avait salués, car si elle l’avait fait, le son de sa voix avait été étouffé par le bruit environnant. Puis, comme elle s’avançait vers nous, un chaudron faillit se renverser tandis que des étincelles couleur de jade jaillissaient des moules à lingots placés derrière elle.

La jeune femme était menue ; elle avait des yeux d’un bleu intense et des cheveux blonds bouclés.

« Quel endroit, n’est-ce pas ? » nous dit-elle en guise d’introduction. Puis elle nous tendit des chapeaux à rebord rigide et nous dit : « Vous n’en aurez probablement pas besoin, mais ferez quand même bien de les conserver à portée de la main, car si la direction vous surprend sans vos chapeaux … » Puis, nous gratifiant d’un large sourire, elle fit le geste de quelqu’un qui se fait trancher la gorge. Visiblement, elle semblait fière de travailler là où elle œuvrait.

« Mais nous sommes incapables de les toucher, dis-je en parlant des chapeaux.

— Ici, vous l’êtes », me répondit-elle en hochant la tête.

Alors, nous prîmes les chapeaux qu’elle nous tendait et non seulement nous pûmes les toucher, mais encore les mettre sur nos têtes, auxquelles ils s’ajustèrent parfaitement bien. Puis, la jeune femme nous intima l’ordre de la suivre.

Me demandant qui pouvait bien être cette jeune femme, je jetai un regard à Leslie. Celle-ci, lisant dans mes pensées, haussa les épaules et fit un mouvement de la tête qui signifiait qu’elle n’en avait pas la moindre idée.

« Pourriez-vous nous dire comment vous vous appelez ? » me risquai-je alors à demander à la jeune femme.

Surprise, elle s’arrêta net et parut réfléchir un instant. Puis, elle haussa les épaules et nous dit avec un large sourire : « Appelez-moi Tink. Tous les autres noms qui me sont donnés sont si formels. »

Puis, elle reprit sa marche et nous fit faire une visite guidée de l’endroit : « Le minerai est acheminé jusqu’aux cribleurs qui se trouvent à l’extérieur, nous expliqua-t-elle en nous montrant certaines installations. Ensuite il est lavé, puis dirigé vers une trémie principale. »

À ces paroles, Leslie et moi échangeâmes un regard qui en disait long sur notre ignorance.

« De là, poursuivit-elle, il est acheminé jusqu’à un creuset — et en passant je vous signale qu’il y en a vingt sur cet étage — où il est chauffé à cent cinquante degrés. Ensuite, il est amené jusqu’ici.

« Mais de quoi parlez-vous donc ? me risquai-je à lui demander.

— Mes explications, répondit-elle, au fur et à mesure que je vous les donnerai, constitueront autant de réponses à vos questions, et alors vous comprendrez de quoi je parle.

— Mais … » objectai-je.

Elle ne tint pas compte de mon objection et poursuivit en disant : « On infuse du xénon au mélange lors de son passage sur la chaîne de montage, puis on recouvre ce dernier d’une couche de chondrite en poudre d’une épaisseur de vingt microns, ceci pour en faciliter le démoulage. Et suite à toutes ces opérations, on obtient des lingots. »

Les lingots n’étaient pas d’acier, mais de verre, et passaient de l’orangé au translucide en se refroidissant.

Dans une pièce, des robots industriels taillaient les lingots comme si c’étaient des diamants.

« C’est ici que les blocs sont taillés, polis et énergisés, dit Tink. Et remarquez qu’aucun d’eux n’est semblable », ajouta-t-elle.

Puis notre guide nous conduisit à un autre étage et nous dit, l’air triomphant : « Nous sommes à l’étage de la finition, et c’est ici que vous êtes attendus ! »

Les portes, qui s’étaient ouvertes sur notre passage, se refermèrent derrière nous.

Dans la pièce où nous entrâmes, tout était calme, silencieux, propre et ordonné. Des tables et des bancs s’alignaient le long des murs et sur chaque table reposait un bloc de cristal poli. Les gens qui travaillaient aux tables étaient muets, et on se serait cru en face d’artistes plutôt qu’en présence d’employés d’usine. Ils travaillaient avec soin et étaient complètement absorbés par leur ouvrage.

Au bout d’un moment, nous ralentîmes le pas et nous nous arrêtâmes à la table d’un jeune homme costaud, assis sur une chaise pivotante et qui inspectait, au moyen d’une tourelle ultramoderne, un bloc de cristal géant. Ce bloc était si transparent qu’il était à peine visible, quoique travaillé de façon extraordinaire. À l’intérieur du bloc, on pouvait apercevoir un réseau de filaments lumineux et doucement colorés ainsi que des mini-lasers.

L’homme appuya sur l’un des boutons de l’appareil se trouvant à ses côtés, et l’on put voir que quelque chose se passait à l’intérieur du bloc de cristal.

« Il s’assure que toutes les connexions ont été faites, dit Tink, presque dans un murmure. Car il suffit d’un filament mal raccordé pour que toute la structure interne soit défectueuse !

À ces paroles, l’homme se retourna et nous observa pendant un moment. Puis, il nous dit bonjour et nous souhaita la bienvenue. Il avait l’air aimable et nous accueillit comme si nous avions été de vieilles connaissances. Immédiatement, je le trouvai sympathique.

Nous lui retournâmes son bonjour, puis je profitai de l’occasion pour lui demander si je le connaissais ou l’avais déjà rencontré.

Ma question le fit sourire et il me répondit : « Je crois effectivement que nous nous sommes déjà rencontrés, mais je doute que vous vous souveniez de moi. Je m’appelle Atkin et fus votre monteur-régleur dans une de vos vies et votre maître zen dans une autre. Mais cela n’a pas la moindre importance », ajouta-t-il en haussant les épaules.

Curieux, je lui demandai à quoi il travaillait.

« Voyez vous-même », me répondit-il en me montrant du doigt un microscope binoculaire posé à côté d’un bloc de cristal, nous invitant à nous en approcher.

« Oh ! mon Dieu ! dit Leslie après avoir regardé au travers du microscope binoculaire.

— Qu’y a-t-il ? lui demandai-je.

— Ce bloc de cristal, Richard, ce n’est pas un bloc de cristal, mais un bloc à idées ! À l’intérieur, y sont assemblées une foule d’idées. On dirait une toile d’araignée.

— Que veux-tu dire ?

— Ces idées ne sont pas traduites en mots ; toutefois, elles peuvent l’être si nous nous y appliquons !

— Essaie, lui dis-je. Dis-moi quels mots tu utiliserais pour traduire ce que tu vois.

— Oh ! fit-elle encore. C’est extraordinaire !

— Parle, dis-je. Parle. Je t’en prie.

— D’accord, je vais essayer. Ici, il est question de la difficulté à faire des choix éclairés et de l’importance de nous en tenir à ce que nous croyons être la vérité. On y dit aussi que nous avons une connaissance instinctive de ce qui est bon pour nous. » Puis, se tournant vers Atkin, elle lui dit : « Je m’excuse pour cette lecture malhabile. Mais peut-être pourriez-vous nous lire l’inscription sur cette section argentée ? »

En guise de réponse, Atkin lui lança un sourire généreux, puis il lui dit : « Vous vous débrouillez très bien. » Ensuite, il se plongea dans sa lecture et dit à voix haute :

« Ce sont les petits changements que nous effectuons aujourd’hui qui nous assurent des lendemains meilleurs. Ceux qui choisissent la voie difficile connaîtront de grandes joies, et les récompenses qui les attendent ne leur seront remises que bien plus tard. Aucune décision n’est absolue ou ne vient avec une garantie. »

Puis il fit une pause et dit : « Voyons voir maintenant ce dont il est ici question. » Et, poursuivant sa lecture, il dit : « Il n’y a qu’une façon d’éviter les choix ou les décisions difficiles, et c’est de se retirer de la société et de devenir un ermite ; mais ceci, en soi, est un choix difficile.

« Et cette idée maintenant, reliée à la précédente : C’est en adhérant à nos idéaux et à notre sens du devoir, sans même savoir ce que cela nous rapportera, que nous pouvons le mieux former notre caractère. L’un des défis qu’il nous est donné de relever lors de notre passage sur Terre, c’est de nous élever au-dessus des systèmes qui se veulent des bois morts : Je parle des guerres, de la religion, du patriotisme, de la destruction. Il faut refuser ces systèmes et travailler à notre croissance, à la réalisation de soi.

— Que penses-tu de celle-ci ? me demanda ensuite Leslie qui n’avait cessé d’inspecter le bloc de cristal. Elle se présente comme suit : Il est impossible de régler à la place de quelqu’un d’autre le problème qui consiste à ne pas vouloir régler ses problèmes. » Puis se tournant vers Atkin, elle lui demanda si elle s’était bien fait comprendre.

« C’était parfait », lui répondit-il.

Heureuse d’avoir compris le code, elle inspecta à nouveau le cristal et y lut ce qui suit :

« Si qualifiés ou méritants que nous soyons, jamais nous n’accéderons à une vie meilleure si nous ne croyons pas que cette vie nous est destinée, si nous ne la désirons pas, ne l’imaginons pas et ne nous donnons pas la permission d’en jouir. »

« Il n’y a rien de plus vrai », dit-elle en guise de commentaire.

Puis, s’adressant à Atkin, elle lui dit : « C’est donc de cela qu’a l’air une idée lorsque nous la formulons les yeux fermés. Tout est là dans le cristal. Les interrelations, les questions, les réponses, de même que les différentes possibilités pour chacune des questions existantes. Vraiment, c’est génial !

— Merci, répondit Atkin modestement.

Tink ? demandai-je à mon tour.

— Qu’y a-t-il ? me répondit-elle.

— C’est donc vrai que l’on fabrique les idées, et que celles-ci proviennent d’une fonderie, d’une aciérie ?

— Les idées ne sont pas des bulles d’air », me répondit-elle avec le plus grand sérieux. « Non plus que du bonbon. La vie des gens repose sur les idées, et celles-ci doivent avoir du poids pour pouvoir résister à leurs interrogations et aux critiques formulées par des cyniques. Elles doivent dégager une certaine force pour pouvoir résister au choc qu’elles provoquent et qui, bien souvent, se manifestent sous la forme des conséquences de nos actions. »

Je secouai la tête, ayant peine à croire à ce que je venais d’entendre. Certes, me dis-je, nos meilleures idées nous viennent toujours à l’état de produit fini, mais de là à accepter qu’elles soient fabriquées de toute pièce dans une fonderie !..

« Il est terrible d’échouer, poursuivit Tink, simplement parce que nous n’avons pas maintenu notre ligne de pensée, ce que nous croyions être la vérité. Toutefois, il est plus terrible encore de se rendre compte que les idées qui nous ont soutenus notre vie durant, sont fausses ou périmées. »

Puis, fronçant les sourcils, elle me dit d’un ton résolu : « Mais bien sûr que les idées sont fabriquées dans une fonderie. Toutefois, elles ne sont pas d’acier, car l’acier est trop mou et peut plier.

— En voici une absolument fantastique », dit soudainement Leslie, en regardant à travers le microscope binoculaire avec l’air d’un commandant qui regarderait par le hublot de son sous-marin. « Elle se lit comme suit : Le commerce est une idée et un choix rendus manifestes. Car tout ce qu’il est possible de voir ou de toucher est l’expression d’une idée rendue visible ou évidente par quelqu’un qui décida de lui donner existence.

« Et en voici une autre : Il nous est impossible de donner de l’argent à une personne dans le besoin et située dans un autre espace-temps. Toutefois, nous pouvons l’approvisionner en idées qu’elle transformera à sa guise en biens matériels et qui feront d’elle une personne riche. »

« Essaie à ton tour », me dit enfin Leslie en me cédant la place au microscope binoculaire. Puis, se tournant vers Atkin, elle lui dit : « Je suis fascinée. Tout est si précis et si clairement pensé.

— Nous faisons de notre mieux, répondit Atkin modestement. Mais venez plutôt jeter un coup d’œil à celle-ci. Il s’agit d’une idée maîtresse que nous avons baptisée du nom de Choix. Ceci dit, quand nous nous apercevons de failles dans le raisonnement des êtres humains face à des choix ou aux prises avec des idées maîtresses, il nous faut arrêter le processus de la production d’idées et ce, jusqu’à ce qu’ils aient mis de l’ordre dans leurs idées. Mais, bien sûr, nous ne sommes pas là pour vous arrêter dans votre démarche, mais pour vous aider à progresser. »

Quand il eut terminé, je regardai par le microscope binoculaire et m’absorbai complètement dans ce que je vis. Les dessins formés par les idées dans le bloc de cristal retenaient toute mon attention. Cependant, je pouvais entendre Atkin qui, ravi d’avoir trouvé un interlocuteur attentif et intéressé au plus haut point par ses travaux, discutait avec Leslie et lui disait : « … tout comme les étoiles, les planètes et les comètes attirent à eux la poussière ; en raison du phénomène de la gravité, convergent vers nous les idées les plus diverses, allant de la simple intuition au système de pensée le plus complexe. Comme eux, nous sommes des centres autour desquels gravitent les idées ! »

Ce que je vis me parut à la fois inquiétant et familier. Inquiétant, car ce n’est pas tous les jours que l’on voit des couleurs chatoyantes se transformer en idées sous ses yeux ; et familier, car il m’avait déjà été donné un jour d’être frappé par des idées du même genre et d’assister au même spectacle se déroulant devant mes yeux fermés.

Alors, je pensai intérieurement : Comme nous brodons autour des idées. Car, que nous soyons zoulou ou arabe et que nous écrivions en sténo ou en lettres calligraphiées, ou que nous utilisions le langage mathématique, celui de la musique ou de l’art, ou que nous discutions de la théorie du champ unifié, d’ongles artificiels ou de satellites, toujours nous nous référons aux mêmes idées autour desquelles nous ne faisons qu’élaborer.

Puis, un rayon violet vint capter mon attention ; il s’en dégageait le message suivant : « Une mauvaise chose qui nous arrive n’est pas la pire chose qui puisse nous arriver. Car la pire chose qui puisse nous arriver est qu’il ne nous arrive rien. »

Et ayant terminé ma lecture, je demandai à Atkin : « Est-ce bien de cela dont il s’agit ?

— Ce ne peut être plus exact », me répondit-il.

Puis ce fut une ligne émeraude, à la surface du diamant de cristal, qui attira mon attention et j’y décodai le message suivant : « L’amour, la santé, la longévité, la joie, l’argent, le bonheur, tout nous est accessible. De nos choix dépendent notre mode de vie et notre destinée, et quiconque n’assume pas ses choix se condamne à vivre par défaut et devient une personne malheureuse et impuissante.

« Mais ce sont là, presque mot pour mot, les paroles que tu as prononcées à l’intention de la jeune Leslie ! » fis-je remarquer à mon épouse.

Sur une autre des faces de cet énorme diamant de cristal, une autre idée venait se greffer aux précédentes. Elle disait en substance : « À la naissance, il est fait don, à chacun de nous, d’un bloc de marbre et des outils servant à le tailler et à le transformer en une magnifique sculpture. Ce bloc, il nous est cependant possible de le traîner comme un boulet au pied et de ne pas y toucher, comme il nous est possible de le faire éclater en mille morceaux ou de le façonner magnifiquement. »

Et en parallèle à cette idée, on pouvait lire ce qui suit : « Nous disposons de l’expérience de nos vies passées ; les échecs et les réussites que nous y avons connus, sont pour nous comme autant de balises, de points de repère, de signaux d’alarme, de travaux achevés ou inachevés. »

Et comme corollaire à ces deux idées, se trouvait la suivante : « Lorsque nous approchons de la fin, notre sculpture a pris forme et il ne reste plus qu’à y apporter les retouches finales et à la polir. Le travail entrepris des années auparavant en est à son point culminant, et alors nous pouvons faire mieux que nous n’avons jamais fait. Toutefois, pour qu’il en soit ainsi, il nous faut nous dégager des apparences et ne pas tenir compte de l’âge. »

En silence, je poursuivis ma lecture et tombai sur la pensée suivante : « Nous sommes les créateurs de notre propre univers et récoltons ce que nous avons semé exactement. Nous ne pouvons par conséquent nous plaindre de ce que la vie nous a donné en partage, non plus blâmer les autres de ce qui nous arrive. Car si notre vie n’est pas satisfaisante ou au contraire si elle l’est, c’est à nous que nous le devons. Qui plus est, nous sommes les seuls à pouvoir en changer le cours quand et lorsque nous le désirons. »

Puis, je déplaçai légèrement le microscope binoculaire et aperçus, disposée sur une facette angulaire, la pensée suivante : « Une idée peut être quelque chose d’absolument fascinant. Toutefois, tant et aussi longtemps que nous n’en tirons pas les enseignements ou que nous ne nous appliquons pas à la mettre en pratique, elle demeure inutile. »

Bien sûr, pensai-je. Une idée ne devient intéressante que lorsque nous cherchons à en vérifier le bien-fondé ou à la mettre à exécution. Car c’est alors et alors seulement qu’elle prend vie et nous conduit à bon port ou nous précipite sur de dangereux récifs.

Quand j’eus détourné mon regard du bloc de cristal, celui-ci redevint ce qu’il était auparavant : un objet d’art à admirer. Hors de ma portée maintenant, toutes ces pensées qui y étaient inscrites et se bousculaient encore toutes chaudes dans ma tête. Remis en place ce merveilleux instrument qui n’attendait qu’une nouvelle utilisation.

« Terminé ? » me demanda alors Atkin en se tournant vers moi.

J’acquiesçai. Voyant cela, il appuya sur un bouton et, sans autre forme d’adieu, il fit disparaître le bloc de cristal. Puis, devant mon étonnement, il ajouta en guise d’explication : « Le bloc ne s’est pas volatilisé ; je l’ai simplement fait passer dans une autre dimension.

— Aimeriez-vous profiter du fait que vous êtes ici pour transmettre une idée à un autre vous-même, à un moi parallèle ? » nous demanda alors Tink.

Je clignai des yeux et lui demandai ce qu’elle entendait par là. Elle me répondit :

« Qu’avez-vous appris que vous pourriez transmettre à un moi parallèle ? Quelle idée lui communiqueriez-vous si vous vouliez lui faire un cadeau et l’aider à changer sa vie ? »

Une vieille maxime que j’aimais beaucoup me revint alors en mémoire, et je la lui répétai : « Il n’est de catastrophe qui ne puisse se transformer en bénédiction et de bénédiction qui ne puisse se transformer en catastrophe. »

À ces mots, Tink échangea un regard avec Atkin. Visiblement, elle était fière de moi. En souriant, elle me dit : « Quelle jolie maxime ! puis elle me demanda si j’avais pu, au cours de ma vie en vérifier le bien-fondé.

— Et comment ! dis-je. Au point même qu’elle n’a plus de secrets pour Leslie et moi. Grâce à elle, nous avons appris à ne plus juger aussi rapidement de ce qui est bien et de ce qui ne l’est pas. À plusieurs reprises, nous avons été à même de constater que ce que nous considérions des échecs étaient en fait des réussites, et que ce que nous supposions des réussites étaient des échecs lamentables risquant de nous conduire à la catastrophe.

— Que sont pour vous le bien et le mal ? nous demanda alors Atkin, nonchalant.

— Le bien, c’est ce qui nous rend profondément heureux, et le mal, profondément malheureux ! lui répondis-je.

— Et qu’entendez-vous par profondément heureux ou malheureux ? me demanda-t-il encore.

— J’entends que cela nous rend heureux ou malheureux pendant des années ou la vie entière, lui répondis-je à nouveau.

Il acquiesça, satisfait, et en resta là.

Prenant la parole à son tour, Tink me demanda : « D’où tirez-vous votre inspiration ? »

Elle avait souri au moment où elle m’avait posé cette question, mais je savais néanmoins qu’elle la considérait de la plus haute importance et qu’elle s’attendait à une réponse intelligente de ma part.

Aussi, je me montrai désireux de lui plaire et voulus m’assurer, avant de lui répondre, qu’elle ne rirait pas de ma réponse.

« Non, me répondit-elle, à moins que vraiment ça ne soit hilarant !

— Eh bien, lui dis-je alors, l’inspiration nous vient de la fée du sommeil. Des idées merveilleuses nous viennent aussi alors que nous sommes à peine éveillés et qu’il nous est difficile de les coucher sur papier !

— Et il y a aussi la fée de la douche, enchaîna Leslie à son tour, ainsi que la fée du jardinage, la fée de la natation, la fée des balades en voiture. Bref, c’est dans les moments les plus inattendus, alors que nous sommes encore ruisselants ou que nous avons les mains pleines de terre ou aucun papier à portée de la main que nous viennent nos meilleures idées. Mais puisque nous les chérissons tellement, ces idées, et qu’elles nous tiennent tellement à cœur, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour nous en rappeler. Et si jamais il nous est donné de rencontrer cette merveilleuse fée, nous l’embrasserons jusqu’à l’étouffer tellement nous l’aimons ! »

À ces paroles, Tink se prit le visage entre les mains et se mit à pleurer. Puis toujours sanglotante, elle nous dit : « Merci ! merci ! », puis elle ajouta : « Je vous aime moi aussi et fais tout ce qui est en mon pouvoir pour vous aider. Que de travail il me faut accomplir parfois ! »

Alors je la regardai, pantois, et lui dis : « Vous êtes la fée des idées ?

— Oui », me répondit-elle, le visage entre les mains.

À ce moment, Atkin crut bon d’intervenir et il dit calmement en replaçant les aiguilles de son appareil à zéro :

« Ici, c’est Tink qui dirige. Et elle prend son travail très au sérieux ! »

Directement concernée, la jeune femme s’essuya les yeux, puis elle dit :

« Vous, qui me traitez de toutes sortes de noms, je sais que vous m’écoutez bien souvent et que vous prêtez une oreille attentive à mes propos. Moi, en retour, je vous inspire des idées merveilleuses, en espérant qu’elles sachent vous plaire. Et plus vous portez attention à celles-ci, plus je m’efforce de vous en insuffler d’autres. Car je désire que vous soyez heureux. »

Puis, changeant de sujet, elle dit : « Ici, je ne cesse de répéter à tous que nous devons vous donner le meilleur de nous-mêmes et vous communiquer nos meilleures idées qui, comme vous le savez, ne font pas que flotter dans l’espace, mais vous pénètrent profondément. Ceci dit, vous m’excuserez pour ces larmes. » Et se tournant vers Atkin, elle lui dit : « Veuillez passer tout ceci sous silence …

— Tout quoi ? » lui demanda-t-il en la regardant fixement.

Mais elle, se retournant vers Leslie, crut bon de lui dire aussitôt : « Je désire que vous sachiez que de toutes les personnes qui travaillent ici, je suis la moins avisée, la moins brillante.

— De toutes les personnes qui sont ici, Tink est la plus charmante », dit Atkin en l’interrompant. Puis il poursuivit en disant : « Tous ici, nous avons été professeurs. Nous aimons notre travail, et il nous arrive parfois de ne pas nous montrer trop malhabiles, mais il demeure qu’il n’est pas un d’entre nous qui ait autant de charme que Tink. Une idée, si elle ne peut charmer, demeure chose morte, car alors personne ne s’y intéresse. Mais permettez à la fée du sommeil de vous inspirer une idée, et voilà que cette dernière vous charmera au point que vous ne pourrez vous empêcher de la mettre à exécution pour alors changer le monde. »

Incroyable ! me dis-je alors en moi-même. Certains aspects de nous-mêmes auraient emprunté d’autres chemins et seraient occupés à transmettre des idées qu’ils auraient fabriquées de toutes pièces au reste du monde. Ils seraient occupés à faire du savoir quelque chose de clair comme le cristal. Vraiment, cela semble impossible. Et pourtant, il ne peut en être autrement puisque ces autres aspects de nous-mêmes sont là, devant nous, pour en témoigner !

Alors que j’étais encore en train de réfléchir à tout ceci, un robot de la taille d’un chien berger fit son apparition ; il transportait un lingot vierge qu’il vint déposer avec toutes les précautions du monde sur la table derrière Atkin. Ensuite, il fit entendre un joli « bip bip », s’en retourna comme il était venu. Lorsqu’il eut tourné le coin, je demandai à Tink :

« C’est donc ici que sont fabriquées toutes les idées, toutes les questions ainsi que leurs réponses ? C’est donc d’ici que nous vient l’inspiration qui nous permet de donner forme à de nombreuses inventions ?

— Toutes les idées ne viennent pas d’ici, me répondit Tink. Car il en est que vous pouvez produire vous-mêmes, et qui sont les conclusions que vous tirez de vos propres expériences … Celles que nous créons ici sont ces idées merveilleuses qui viennent vous surprendre en ces moments où vous êtes capables de ne pas vous laisser hypnotiser par l’apparente réalité quotidienne. Sitôt façonnées, nous les mettons à votre disposition en les diffusant dans l’espace infini. Et alors, il ne vous reste plus qu’à choisir celles, parmi elles, que vous considérez les plus intéressantes.

— Et les idées pour des livres, lui demandai-je à la fin de ses explications, est-ce d’ici qu’elles nous viennent ? Est-ce vous qui m’avez inspiré Jonathan Livingston le Goéland ?

— L’histoire de Jonathan Livingston le Goéland vous seyait à merveille, me répondit-elle en fronçant les sourcils. Toutefois, vous étiez débutant dans le métier quand vous l’avez écrite, et trouviez difficile de m’écouter … Ainsi, vous ne vouliez écrire ce livre qu’à la condition qu’il ne soit pas trop étrange ou dérangeant. J’ai dû faire des pieds et des mains pour obtenir votre attention et pour que vous consentiez à m’écouter un tant soit peu au moment de la conception de cet ouvrage.

— Des pieds et des mains ? m’enquis-je alors.

— J’ai dû, si vous préférez, dit la pauvre Tink qui avait enfin trouvé un exutoire à sa frustration, avoir recours à une expérience psychique avec vous et vous souffler littéralement le titre de l’ouvrage, vous l’annoncer à voix haute même. Enfin, j’ai dû aussi vous en faire défiler les images et les textes devant les yeux, comme un film. Et quoique je n’aime pas avoir recours à ces méthodes, il m’a été impossible d’agir autrement. Car si je ne l’avais pas fait, jamais le pauvre Jonathan n’aurait vu le jour.

— J’ai l’impression que vous exagérez un peu, lui rétorquai-je, confus. D’abord, vous n’avez pas eu à faire des pieds et des mains pour que je vous écoute, puis vous n’avez pas eu à crier à tue-tête lorsque vous m’avez soufflé le titre.

— Avec tous les efforts qu’il m’a fallu déployer, c’est ce qu’il m’a semblé vraiment », rétorqua Tink.

C’était donc la voix de Tink que j’avais entendue au cours de cette nuit mémorable, et qui doucement me répétait : « Jonathan Livingston le Goéland. » C’était donc sa voix qui m’avait effrayé cette nuit-là, ne sachant d’où elle venait !

« Merci de m’avoir fait confiance, dis-je alors à Tink. — Il n’y a pas de quoi », me répondit-elle, cordiale. Puis me regardant d’un air solennel, elle ajouta :

« Les idées sont partout autour de vous et cependant, vous oubliez trop souvent de les saisir au vol. Quand vous êtes en quête d’inspiration, ce sont elles que vous cherchez. Et si vous errez dans le noir, ce sont elles encore qui doivent vous montrer le chemin. Mais il vous faut être vigilants et saisir ces idées au passage, puis les mettre à exécution.

— Oui, madame, lui répondis-je.

— Et, je vous avertis, poursuivit-elle sans même se soucier de mes dernières paroles, Jonathan Livingston le Goéland est la dernière idée de livre qui vous soit communiquée par le biais d’une expérience psychique. Car jamais plus je n’aurai recours à ces méthodes avec vous !

— Nous n’avons plus besoin de tels artifices, n’est-ce pas ? » lui répondis-je, l’air complice.

Et elle esquissa un sourire, comme Atkin fit entendre un petit gloussement et nous dit, à Leslie et à moi : « Vous êtes attendrissants tous les deux. À bientôt. » Puis il se remit au travail.

« Nous reverrons-nous un jour ? » dit alors Leslie à l’intention de Atkin et de Tink.

Ce fut cette dernière qui prit la parole et lui répondit, en s’essuyant le coin de l’œil :

« Bien sûr que nous nous reverrons. Et en votre absence, je prendrai des notes sur toutes les idées que nous aurons conçues. Et surtout prenez garde à ne pas vous éveiller trop tôt le matin et n’oubliez pas non plus les balades, les douches et la natation ! »

Et à peine avions-nous fait un dernier salut de la main à Tink et à Atkin que déjà nous entendions le grondement familier et voyions l’image de la salle dans laquelle nous nous trouvions se dissiper dans une espèce de brouillard. Puis en moins de deux, nous fûmes à nouveau transportés dans l’hydravion qui déjà s’élevait dans les airs, Leslie la main encore posée sur le levier de démarrage. Et pour la première fois depuis le début de cette étrange aventure, nous nous sentions heureux de ce qui venait de nous arriver.

« Quelle merveilleuse aventure ! » dit Leslie à l’intention de Pye. « Je vous en remercie infiniment.

— Je suis contente qu’elle vous ait plu et heureuse d’avoir pu vous satisfaire, répondit Pye. Maintenant, il me faut vous quitter.

— Vous nous quittez, dis-je, soudain alarmé.

— Je vous quitte pour une période indéterminée, me répondit-elle. Car maintenant vous savez comment faire pour entrer en contact avec vos moi parallèles ; et Leslie, quant à elle, sait comment faire pour vous conduire jusqu’à eux puis, le temps venu, pour vous ramener jusqu’ici. Et vous aussi, Richard, pourrez bientôt accomplir toutes ces choses, lorsque vous aurez appris à vous laisser guider par vos perceptions intérieures. »

Sur ce, elle nous offrit un sourire radieux, semblable à celui adressé par des instructeurs de vol à leurs élèves qui s’apprêtent à voler en solo. Puis enfin, elle prononça ces dernières paroles : « Les possibilités sont illimitées et l’important est que vous vous laissiez aller à explorer ensemble ce qu’il importe le plus que vous exploriez. Ceci dit, nous nous reverrons bientôt. »

Il y eut un échange de sourire, le flamboiement d’un rayon laser de couleur bleue, puis plus rien. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, Pye avait disparu.

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