Chapitre 17

Les déclarations d’ouverture ayant occupé toute la première journée du procès, c’est seulement le lendemain matin à dix heures que commencent les auditions.

L’État de Californie contre Hask, annonce le juge Pringle en prenant place sur l’estrade. L’accusé est présent, de même que ses avocats, maîtres Rice et Katayama. L’État est représenté par maîtres Ziegler et Diamond. Le jury est présent. Le ministère public est-il prêt ?

— Oui, Votre Honneur.

— Bien. Vous pouvez appeler le premier témoin.

— Merci, Votre Honneur.

Ziegler se lève et vient se placer derrière le pupitre, obligeant la caméra de Court TV à un panoramique pour ne pas la perdre de vue.

— Le ministère public appelle le docteur Anne Flemingdon à la barre.

Le docteur Flemingdon est une femme d’une quarantaine d’années à l’air énergique et à la forte carrure, sobrement vêtue d’un ensemble pantalon marine et d’un chemisier vert pâle, et qui ne fait pas mystère des mèches grises qui se mêlent à ses cheveux coupés très court.

Après avoir franchi la petite barrière en bois qui sépare le public de la Cour, le docteur Flemingdon vient se planter devant le greffier et lève la main droite avant même qu’il le lui ait demandé.

— Jurez-vous devant Dieu de dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité ? déclame le greffier avec un léger accent hispanique.

— Je le jure, déclare le témoin d’une voix forte.

— Veuillez prendre place à la barre puis décliner et épeler vos nom et prénom afin qu’ils soient consignés dans le compte-rendu, poursuit le greffier.

— Docteur Anne Flemingdon. A-N-N-E Flemingdon : FL-E-M-I-N-G-D comme David, ON.

— Merci.

— Docteur Flemingdon, attaque Ziegler en levant les yeux de ses notes, êtes-vous habilitée à exercer la médecine dans l’État de Californie ?

— Oui.

— Pour qui travaillez-vous à l’heure actuelle ?

— Le comté de Los Angeles.

— À quel titre ?

— Comme médecin légiste en chef et coroner.

— Est-ce vous qui avez procédé à l’examen du corps de feu Cletus Robert Calhoun ?

— En effet.

— Où cet examen a-t-il eu lieu ?

— J’ai effectué un premier examen sur les lieux du crime, à Valcour Hall – une résidence du campus de l’USC –, suivi d’une autopsie complète après que le corps eut été transporté à mon laboratoire.

— Votre Honneur, je souhaite faire enregistrer les pièces 1 à 25 du ministère public, soit les photos du corps prises sur le lieu du crime.

— Maître Rice ? interroge Pringle.

— Votre Honneur, soupire Dale, nous maintenons notre objection.

— Objection rejetée.

On apporte alors trois chevalets sur lesquels sont fixés des agrandissements de photos en couleurs. Comme le docteur Flemingdon quitte la barre pour s’en approcher, le technicien de Court TV manœuvre sa caméra de façon à la cadrer sans que les photos apparaissent à l’écran.

Voyant Hask baisser les yeux vers la table, Dale dirige son attention vers les autres Tosoks. Eux aussi ont détourné leurs regards des photos, même si l’un d’eux – Ged, semble-t-il – y jette parfois un œil à la dérobée.

— Docteur Flemingdon, reprend Ziegler, pourriez-vous nous décrire les causes de la mort ?

— Assurément, acquiesce le témoin en tirant une baguette laser de la poche de sa veste. La mort est due à un choc hémorragique sévère. Le docteur Calhoun a subi une exsanguination quasi totale ; en d’autres termes, il s’est presque entièrement vidé de son sang. Comme le montre le cliché numéro quatre (le faisceau rouge vif de sa baguette danse sur la photo parmi les taches de sang pourpre), la jambe droite a été sectionnée au niveau de la cuisse. Les vaisseaux sanguins, y compris l’artère fémorale qui distribue le sang à toute la jambe, ont été tranchés net. Le coup ayant été porté en diagonale, l’incision était d’autant plus large. C’est par là que s’est écoulée la plus grande partie du sang.

— « Écoulée » ? répète Ziegler en levant les sourcils. J’imagine que ça a dû être plus spectaculaire que ça ?

— En effet. Jusqu’à ce que la victime succombe à l’hémorragie, le sang devait jaillir à gros bouillons sous l’effet des pulsations cardiaques.

Dale secoue la tête en regardant son assistante. Sait-on jamais : cette scène digne de Sam Peckinpah pourrait plonger le jury dans un état d’hébétude tel qu’il se retrouverait incapable de réclamer vengeance.

— Comment cette incision a-t-elle été pratiquée ? demande Ziegler.

— Elle part du haut de la cuisse droite, juste au-dessous de l’aine, et se poursuit jusqu’à la face interne de la cuisse suivant un angle d’environ quarante-trois degrés.

— En réalité, ma question portait sur le type d’instrument qui avait servi à pratiquer cette incision.

Dale lève les yeux au ciel. Le docteur avait foutrement bien compris – les deux femmes ont certainement répété leur numéro au préalable, mais leur but est de faire croire aux jurés qu’il est improvisé.

— Il est difficile de répondre. On peut obtenir une coupure aussi nette avec un scalpel, seulement le docteur Calhoun portait un pantalon en toile de jean – un Levi’s, pour être précise.

Quelques jurés sourient : comment imaginer Cletus autrement qu’en jean ?

— L’instrument a traversé le tissu, la peau, les muscles, l’artère et le fémur, c’est-à-dire l’os de la cuisse, comme l’aurait fait une scie. D’ailleurs, la lame d’un scalpel se serait émoussée sur le denim. Et pourtant, la coupure est parfaitement nette ; l’os ne présente pas une seule éraflure.

— Êtes-vous sûre qu’il n’y ait eu qu’une incision ?

— Sûre et certaine. Les deux marques sont parfaitement alignées. Le pantalon et la jambe du docteur Calhoun ont été tranchés en même temps.

— Quel était le diamètre du haut de la cuisse de la victime ?

— Un peu plus de dix-sept centimètres.

— Donc, si on s’était servi d’un couteau, sa lame aurait dû être longue d’au moins dix-sept centimètres ?

— C’est ça.

— Existe-t-il des instruments plus tranchants que les scalpels chirurgicaux ?

— Non.

— En trouve-t-on qui aient des lames de dix-sept centimètres de long ?

— Pas parmi les modèles courants. Mais bien sûr, on peut toujours les faire fabriquer sur mesure.

— Mais vous-même, avez-vous déjà vu un scalpel avec une lame de dix-sept centimètres de long ?

— Objection ! s’écrie Dale. La question est de nature à influencer le témoin.

— Accordée. Veuillez reformuler votre question.

— Quelle était la taille du plus long scalpel que vous ayez jamais vu ?

— Il avait une lame de treize centimètres.

— C’est tout ?

— Oui.

— Je suis certaine que les jurés auront remarqué votre baguette laser, docteur. L’incision aurait-elle pu être pratiquée à l’aide d’un laser ?

— Non. Le laser doit être réglé à très haute température pour traverser la matière. La toile de jean aurait présenté des traces de brûlure, de même que la peau et les poils de la cuisse. En plus, un laser n’aurait pas laissé l’artère béante. Au contraire, il l’aurait cautérisée. C’est pourquoi on l’utilise en chirurgie, parce qu’il sectionne et cicatrise simultanément les vaisseaux sanguins. Non, en aucun cas cette incision n’a pu être faite avec un instrument produisant de la chaleur.

— Merci. Si vous le voulez bien, laissons un peu la jambe pour nous intéresser aux autres blessures.

Le docteur Flemingdon se retourne alors vers les photos, les désignant de sa baguette.

— Le corps a été gravement, euh… mutilé est probablement le mot qui convient le mieux. Le thorax : a été ouvert et les côtes écartées. Des organes ont été ôtés et la tête séparée du tronc.

— Vous venez de dire que le terme « mutilé » était sans doute le plus approprié. Pourquoi cette hésitation ?

— Eh bien, si on se réfère au dictionnaire, il s’agit bien d’une mutilation, soit l’« ablation d’un membre, d’une partie du corps, qui cause une atteinte irréversible à l’intégrité physique ». Reste à savoir si l’assassin a bien agi dans ce but.

— Que voulez-vous dire, docteur ?

— L’intention n’apparaît pas clairement. Il pourrait très bien s’agir d’une expérience de dissection…

— Objection, la coupe Dale. Ce sont de pures spéculations.

— Le docteur Flemingdon me semble parfaitement qualifiée pour donner son opinion, proteste Ziegler en se tournant vers le juge.

— Objection rejetée.

— Qu’est-ce qui vous fait dire qu’il pourrait s’agir d’une dissection, docteur ?

— Tout d’abord, le caractère systématique de l’opération. Le plus souvent les mutilations sont localisées au visage ou aux parties génitales. Dans le cas présent, leur auteur ne donne pas l’impression de s’être acharné sur une partie précise du corps, ou plutôt, il semble s’en être pris à l’ensemble de celui-ci.

— Peut-on en déduire que celui ou celle qui s’est livré à ces actes avait de solides connaissances médicales ?

— Oui et non.

— Qu’entendez-vous par « oui et non » ?

— Eh bien, il ne fait pas de doute qu’il ou elle savait manier des instruments chirurgicaux. Supposons que je vous colle un scalpel entre les mains, maître, et vous demande de pratiquer une incision. Il est probable que vous vous limiteriez d’abord à une incision superficielle, pour faire un essai. La personne qui a disséqué le docteur Calhoun n’a montré aucune hésitation de ce genre. Mon impression est qu’elle avait une certaine expérience des techniques de dissection.

— Dans ce cas, votre réponse est oui, cette personne avait de solides connaissances médicales ?

— Une bonne connaissance du matériel Mais la dissection a été menée de façon presque aléatoire. Quelqu’un d’un tant soit peu expérimenté n’aurait jamais écarté les côtes de cette manière ; il existe des méthodes beaucoup plus simples. C’est à croire que la personne, bien que familière des techniques médicales, ignorait les fondements de l’anatomie humaine.

Dale exhale un soupir. Assurément, Ziegler a bien fait réciter sa leçon à Flemingdon. En faisant croire à un commentaire spontané du témoin, elle coupe court aux objections de la défense.

— Vous dites bien qu’elle ignorait les fondements de l’anatomie humaine ? souligne Ziegler.

— Oui.

— Avez-vous d’autres éléments qui étayent cette thèse ?

— Eh bien, la personne en question a ouvert l’estomac avant de l’ôter de la cavité thoracique, provoquant un épanchement d’acide gastrique à l’intérieur de celle-ci. Quiconque sachant que l’estomac contenait de l’acide l’aurait d’abord prélevé avant de le disséquer.

— Je vous remercie. Avez-vous fait l’inventaire des différentes parties du corps ?

— Oui.

— Pour quelle raison ?

— Dans les cas de meurtres avec mutilations, il n’est pas rare que l’assassin conserve un souvenir de son crime.

— Un « souvenir » ?

— Oui. Ça peut être un doigt ou dans certains crimes à caractère sexuel, une partie des organes génitaux.

— Donc, vous avez procédé à l’inventaire des parties du corps de la victime. Qu’avez-vous trouvé ?

— Qu’il en manquait plusieurs.

— Pouvez-vous préciser lesquelles ?

— Pour commencer, l’œil droit.

Ici, les jurés quatre et six prennent une profonde inspiration, comme s’ils manquaient d’air. Dale les avait identifiés comme étant du type impressionnable durant l’audience préliminaire, mais il n’avait pu les faire récuser.

— L’œil droit ? s’exclame Ziegler, comme s’il s’agissait d’une révélation.

— Oui.

— A-t-il été ôté à l’aide du même instrument ?

— On dirait que oui. Le globe oculaire a dû être arraché avec les doigts mais les muscles et le nerf optique ont été proprement sectionnés, sans doute à l’aide du même instrument.

— Que manquait-il encore ?

— L’appendice vermiforme.

— L’appendice « vermiforme » ? répète Ziegler en se tournant vers le jury. Vous voulez dire, l’appendice qui se trouve ici ? demande-t-elle en se touchant le flanc droit. Celui qui est responsable de l’appendicite ?

— Tout à fait.

— Et comment a-t-il été ôté ?

— Eh bien, pas selon le procédé habituel -je veux dire, celui qu’on emploie lors d’une appendicectomie, en opérant de l’extérieur. En fait, il a été retranché de l’intérieur, au cours de la dissection.

— En êtes-vous sûre ? N’aurait-il pu avoir été ôté des années auparavant ? Après tout, beaucoup de gens n’ont plus leur appendice -c’est d’ailleurs mon cas.

— On n’a relevé aucune cicatrice d’appendicectomie sur le corps du docteur Calhoun. Toutefois, je me suis renseignée auprès du médecin de la victime et de sa compagnie d’assurances. Mon confrère n’a pas trouvé mention d’une telle intervention dans le dossier de son patient et son assureur n’avait enregistré aucune demande de prise en charge pour ce motif.

— Manquait-il encore autre chose ?

— Oui, le maxillaire inférieur et le cou.

— Le cou ? s’écrie Ziegler, feignant de nouveau la surprise.

— Tout juste. Comme je vous l’ai dit, la tête était séparée du tronc. En fait, il m’a fallu chercher jusqu’à la première dorsale pour trouver une vertèbre intacte. La tête, quant à elle, n’était plus reliée à aucune vertèbre. Les sept cervicales ont disparu, ainsi que la pomme d’Adam et la mandibule, autrement dit la mâchoire inférieure.

— Docteur, savez-vous ce qui a pu pousser le meurtrier à prendre ces parties plutôt que d’autres ?

— Non.

— Êtes-vous sûre que ce n’est pas leur ablation qui a causé la mort du docteur Calhoun ?

— Sûre et certaine. Il était déjà mort à ce moment-là.

— Qu’est-ce qui vous fait dire cela ?

— D’après les éclaboussures, je peux affirmer que le thorax a été ouvert après que le cœur a cessé de battre. Il en va de même pour la décapitation. En fait, le corps était presque entièrement vide de sang quand la tête a été coupée. Quant à l’œil… Il faut une force colossale pour arracher un œil. Si le docteur Calhoun avait encore été en vie, on verrait des ecchymoses sur sa joue et sur la partie droite de son nez. Or, comme vous pouvez le constater sur la photo quatorze, il n’en est rien.

— Je vous remercie, dit Ziegler. Et toutes mes excuses pour les détails sordides qui ont émaillé ce témoignage, ajoute-t-elle en se tournant vers le jury. Je ne crois pas qu’il soit nécessaire de revenir dessus, mais j’espère que vous aurez tous compris en quoi ces précisions étaient indispensables. Je laisse maintenant la parole à la défense, conclut-elle en regardant Dale.

Celui-ci se lève, songeant combien son adversaire est redoutable. Ziegler s’est excusée auprès des jurés en leur promettant qu’on ne les ennuierait plus avec des descriptions sanglantes – un bon moyen de le faire passer pour un goujat s’il revenait dessus au cours de son contre-interrogatoire.

— Docteur Flemingdon, commence-t-il, vous avez bien dit qu’une personne peu habituée au maniement du scalpel faisait preuve d’un manque de fermeté dans le trait ?

— En effet. Ce type d’incisions, hésitantes et superficielles, se remarquent également dans les tentatives de suicide par ouverture des veines. Les étudiants en médecine y sont sujets tant qu’ils n’ont pas acquis de l’expérience.

— Les étudiants en médecine, répète Dale.

— Oui.

— Des étudiants humains.

— Euh… oui. Mais…

— Il n’y a pas de « mais ». À présent, parlons un peu de ces fameuses parties manquantes. Diriez-vous que le défunt était un homme célèbre, docteur Flemingdon ?

— Eh bien, on est ici à Los Angeles. Je ne doute pas que Mr Calhoun soit considéré comme une huile là d’où il venait…

— De Pigeon Forge, dans le Tennessee.

— Oui, eh bien, j’imagine qu’aux yeux des gens de Pigeon Forge, il était une star. Mais ici ? N’oubliez pas qu’il passait sur PBS…

Quelques ricanements se font entendre dans le public. Le juge Pringle abat son marteau, réclamant le silence.

— Dolly Parton aussi vient de Pigeon Forge, remarque Dale.

— Vous voyez que même à l’échelle du Tennessee, il n’était pas si célèbre que ça.

— Tout le monde ne partage pas votre opinion, reprend Dale en se tournant vers le jury. Je suis sûr que parmi le jury, une majorité considérait le docteur Calhoun comme une vedette.

— Objection, proteste Ziegler en écartant les bras. Quel rapport cela a-t-il avec l’affaire ?

— Je suis moi-même perplexe, avoue le juge Pringle. Maître Rice ?

— Encore quelques secondes, s’il vous plaît, Votre Honneur.

— Très bien. Mais venez-en au fait.

— Avec plaisir. Docteur Flemingdon, est-ce vous qui avez pratiqué l’autopsie de Billy Williger, le chanteur de rock décédé l’an dernier ?

Le docteur Flemingdon se raidit en entendant la question.

— Oui.

— Et certaines parties du corps de Mr Williger n’ont-elles pas disparu de votre laboratoire ?

— Oui.

— Est-il exact que cette affaire vous ait valu un blâme ?

— Oui, souffle le docteur entre ses dents.

— Donc, il est déjà arrivé qu’un corps placé sous votre responsabilité voie s’envoler certaines de ses parties ?

— Je vous l’ai déjà dit, oui.

— Aussi, qu’est-ce qui nous prouve que les parties que vous nous avez énumérées ont été conservées par l’auteur du crime ?

— Sur les photos du corps, on voit qu’il manque la mâchoire et l’œil droit.

— Il est vrai que ces éléments sont absents des photos, mais celles-ci ne montrent qu’une partie de la pièce.

— Vous avez ma parole que ces parties manquaient.

— Votre parole, hum… À supposer que ces disparitions soient encore le fait d’un fan un peu trop zélé, vous n’auriez aucun intérêt à ce que cela s’ébruite, pas vrai ?

— Billy Williger était une immense vedette, maître. Je n’ai jamais entendu dire qu’un astronome suscite de tels excès de passion chez des groupies.

Cette fois, des rires fusent de l’assistance ; le juge elle-même a du mal à garder son sérieux.

— Nous aurions aimé vous faire lire le courrier des fans du docteur Calhoun, reprend Dale. Mais pour l’heure, nous devons élucider un meurtre dont les aspects les plus mystérieux reposent sur le témoignage d’une personne qui a déjà égaré des parties de corps par le passé.

— Objection ! s’insurge Ziegler.

— Accordée. Veuillez poursuivre, maître.

— Vous avez dit qu’il arrivait que des meurtriers humains prélèvent des parties des corps de leurs victimes, reprend Dale.

— C’est vrai.

— Dans quel but ?

— Sans doute pour garder un souvenir de leur crime, comme je l’ai déjà dit.

— Ou à des fins de cannibalisme ?

— En effet.

— Ou comme trophées, dans les crimes à caractère sexuel ?

— Sans doute.

— Pourriez-vous nous donner une définition du cannibalisme, docteur ?

— C’est… eh bien, c’est un comportement qui consiste à consommer de la chair humaine.

— Pas tout à fait. En fait, le cannibale mange les individus de sa propre espèce. Je me trompe ?

— Hum… Non.

— Donc, un individu qui prélèverait des organes sur un cadavre à des fins de cannibalisme appartiendrait forcément à la même espèce que sa victime. Vrai ou faux ?

— Vous jouez sur les mots, maître.

— Pareil en ce qui concerne les crimes sexuels. Là encore, l’acte sexuel n’a lieu qu’entre membres d’une même espèce. Exact ?

— Habituellement, oui.

— Dans ce cas, nous n’avons aucune raison de croire qu’un Tosok puisse avoir des visées cannibales ou sexuelles sur tout ou partie d’un corps humain, n’est-ce pas ?

— Eh bien… Non.

— En revanche, il me semble que les affaires où des meurtriers humains prélèvent des organes pour ces mêmes raisons sont légion.

— En effet, lui accorde le docteur Flemingdon avec réticence.

— Je vous remercie, docteur.

— Contre-interrogatoire ? lance le juge à l’adresse de Ziegler qui fait non de la tête.

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