Chapitre 32

L’État de Californie contre Hask. Le jury n’est pas présent. Maître Rice, vous avez la parole.

— Votre Honneur, je souhaite apporter mon soutien aux deux motions que maître Katayama a déposées hier.

— Je vous écoute.

— Tout d’abord, à propos de notre nouveau témoin…

— Je n’aime pas beaucoup les témoins de dernière minute, maître.

— Moi non plus, mais le cas est très particulier. Le docteur Hernandez a participé à l’opération subie par mon client. Comme elle n’avait jamais été en contact avec lui auparavant, il lui était impossible de déposer plus tôt.

— Votre Honneur, intervient Linda Ziegler, l’affaire que nous avons à juger concerne le meurtre de Cletus Calhoun. Les événements survenus après n’ont aucun rapport avec la procédure.

— Le témoignage du docteur Hernandez concerne des événements antérieurs au meurtre, objecte Dale.

— Dans ce cas, je l’autorise, fait le juge.

— Merci, Votre Honneur. En second lieu, nous souhaiterions que les Tosoks quittent la salle du tribunal durant la déposition du docteur Hernandez…

— Si les propos du docteur Hernandez sont de nature à les influencer, je veux bien exclure ceux des Tosoks qui figurent sur la liste des témoins. Toutefois, cette mesure s’appliquera seulement à Kelkad, Stant, Ged et Dodnaskak.

— Comme il est précisé dans le dossier que je vous ai remis, le témoignage du docteur Hernandez pourrait m’amener à réclamer une extension de la liste des témoins.

— C’est bon. Je leur demanderai à tous de quitter la salle et d’éviter les commentaires que les médias pourraient faire sur le témoignage du docteur Hernandez.

— Merci, Votre Honneur. Concernant mon autre requête – à savoir, la possibilité pour le jury et les avocats des deux parties de visiter le vaisseau mère des Tosoks…

Linda Ziegler écarte les bras, comme si elle tentait de raisonner son adversaire.

— Nous nous opposons vigoureusement à cette mise en scène, Votre Honneur. Le meurtre a été commis sur Terre. Si maître Rice souhaitait transporter le jury sur le lieu du crime, nous serions les premiers à le soutenir. Mais sa requête ne vise qu’à impressionner les jurés…

— Je partage votre avis, acquiesce le juge. Maître Rice, rien dans votre dossier ne m’incline à souscrire à votre demande. Vous aviez tout loisir de me soumettre les pièces que vous jugiez nécessaires avant le procès.

— Votre Honneur, nous comptons sur le témoignage du docteur Hernandez pour orienter l’enquête dans une direction qui rendra indispensable une visite du vaisseau. À ce propos, poursuit-il en se tournant vers Ziegler, la police aurait dû perquisitionner le domicile de l’accusé. Si elle ne l’a pas fait, c’est certainement par la faute du ministère public. Il convient de réparer cette négligence.

— Pour l’amour du ciel, Votre Honneur, se défend Ziegler, le vaisseau tosok ne se trouve pas dans la juridiction de la police de Los Angeles. En fait, il ne dépend d’aucune juridiction. De sorte que, nul ne saurait établir de mandat de perquisition à son endroit.

— Si le capitaine Kelkad consent à ce que le jury…

— Non, le coupe le juge Pringle. Même s’il acceptait, ce serait une trop lourde responsabilité. Si l’un des jurés venait à être blessé, je vous laisse imaginer les conséquences.

— On pourrait leur demander de signer une décharge, suggère Dale.

— Et si l’un d’eux refusait ? lui rétorque le juge. Nous irions droit à l’invalidation.

— Il y a des suppléants…

— Je ne tiens pas à créer une situation qui nous obligerait à piocher une fois de plus dans notre réserve de jurés. N’insistez pas, maître Rice. Si vous pensez trouver une preuve à bord du vaisseau, débrouillez-vous pour la présenter dans l’enceinte du tribunal. À présent, faisons entrer le jury et mettons-nous au travail.


Dale accorde un bref regard aux chaises vides des Tosoks, puis il se tourne vers le juge :

— La défense appelle le docteur Carla Hernandez à la barre. La jeune femme prête serment avant de s’asseoir.

— Docteur Hernandez, quelle profession exercez-vous ?

— Chirurgien-chef à l’USC Medical Center, comté de Los Angeles.

— À ce titre, avez-vous participé à une opération menée sur un patient tosok ?

— En effet.

— Veuillez nous décrire les circonstances de cette intervention.

— Le 18 mai dernier, le Tosok nommé Hask a été blessé par balle. Son état nécessitait une intervention dans les plus brefs délais, afin d’extraire le projectile logé dans sa poitrine. L’opération a été pratiquée par un de ses congénères, Stant, que j’ai eu l’honneur d’assister.

— Lors d’une opération sur un patient humain, celui-ci reste-t-il habillé ?

— Non, bien sûr, répond le docteur Hernandez avec un sourire en coin.

— La partie du corps concernée par l’intervention est généralement dénudée, exact ?

— Exact.

— A-t-on dépouillé Hask de ses vêtements avant de l’opérer ?

— Je lui ai retiré sa tunique, puis j’ai recouvert son torse d’un champ stérile de sorte à ne laisser paraître que la blessure.

— Stant était-il alors présent dans la salle d’opération ?

— Pas encore. À ce moment-là, il s’entraînait au maniement de nos instruments dans la salle voisine.

— Ainsi, vous seule avez vu le torse de Hask dans son entier ce jour-là ?

— Moi et trois infirmières.

— Mais Stant, lui, ne l’a pas vu ?

— C’est juste. C’est moi qui ai refermé la plaie une fois la balle extraite. Stant avait déjà quitté la salle quand on a ôté le champ.

— Quelque chose vous a-t-il intriguée pendant que vous aviez le torse de Hask sous les yeux ?

— À vrai dire, c’est toute l’anatomie tosok qui m’intriguait. En tant que médecin, j’étais absolument fascinée par ce que je découvrais.

— Certes, certes. Mais hormis la plaie causée par la balle, Hask présentait-il d’autres traces de lésions récentes ?

— Oui.

— Lesquelles ?

— J’ai remarqué trois sillons violacés et saillants sur son abdomen.

— Ces sillons vous ont-ils évoqué quelque chose ?

— Oui.

— Quoi ?

— À part la couleur, ils avaient tout l’air de cicatrices récentes.

— Quel type de cicatrices ?

— Logiquement, j’aurais parié pour des blessures mal soignées, mais…

— Pourquoi « logiquement » ?

— En général, les cicatrices d’intervention présentent de part et d’autre de minuscules points de tissu fibreux, à cause de la suture.

— Donc, il ne pouvait s’agir de cicatrices d’intervention ?

— Je suis persuadée du contraire. À en croire Stant, il y a longtemps que son peuple n’a plus recours à la suture, mais il faut bien qu’ils aient trouvé un moyen de refermer les plaies. Les incisions en question étaient parfaitement nettes, comme celles pratiquées par un scalpel. Et, à l’évidence, elles avaient été refermées d’une façon ou d’une autre.

Dale plonge la main dans un sac posé sur sa table et en tire une poupée tosok – Mattel s’est dépêché de les lancer sur le marché peu de temps après l’arrivée des aliens.

— Docteur Hernandez, en vous servant de cette poupée, sauriez-vous nous indiquer l’emplacement de ces cicatrices ?

— Certainement.

Comme elle se lève, Dale lui fait signe de ne pas bouger. S’étant approché de la barre des témoins, il lui tend la poupée ainsi qu’un marqueur violet.

— La première était ici, dit-elle en traçant une ligne verticale entre le bras ventral et la jambe gauche, dans la partie inférieure du torse. La deuxième, là, ajoute-t-elle en tirant un trait horizontal bien au-dessous de l’orifice respiratoire antérieur gauche. Et la troisième…

La dernière marque s’étend en diagonale à partir du bras ventral.

— Il se pourrait qu’il y en ait eu d’autres ; à aucun moment je n’ai vu le dos de Hask.

— À part vous, aucun être humain n’a pratiqué d’intervention chirurgicale sur un Tosok, pas vrai ?

— C’est exact.

— Êtes-vous au courant des révélations qui ont été faites au cours de ce procès à propos de l’anatomie tosok ?

— Oui. Comme vous le savez, les Tosoks se montrent très discrets sur ces questions, mais il existe sur Internet un site alimenté par les renseignements qu’on a pu glaner à ce sujet. Je le consulte régulièrement depuis sa création.

— Si ces cicatrices proviennent d’interventions chirurgicales, sur quelles parties de l’anatomie tosok croyez-vous qu’elles aient porté ?

— Sur un des quatre cœurs, un des quatre poumons et un de ces quatre organes qui, pour autant qu’on le sache, combinent les fonctions de nos reins et de notre rate.

— Je vous remercie, docteur. Je laisse la parole au ministère public. Linda Ziegler se lève comme à contrecœur. Si la stratégie de Dale lui échappe, son instinct lui dicte de contrer systématiquement les efforts de la défense.

— Docteur Hernandez, avez-vous examiné Hask depuis que vous avez recousu sa blessure ?

— Non.

— Les fils que vous avez posés sont-ils toujours en place ?

— Non.

— Que sont-ils devenus ?

— On m’a dit que Stant les avait retirés.

Ziegler fait une pause pour reprendre son souffle. Elle paraît s’attendre à ce que Dale formule une objection, mais comme il n’en est rien, elle se décide à poursuivre :

— Pourtant, c’est vous qui les aviez posés ?

— C’est une opération assez délicate. En revanche, il est très facile d’enlever des points. Il suffit de couper les fils avec des ciseaux et de tirer dessus. C’est ce que j’ai expliqué à Stant à sa demande. Il était sûr d’y arriver tout seul.

— Par conséquent, vous n’avez jamais vu de cicatrices sur un Tosok ?

— Je crois que si, aux endroits que j’ ?i indiqués sur la poupée.

— Mais vous n’avez aucune certitude qu’il s’agissait bien de cicatrices.

— Je n’en suis pas sûre à cent pour cent, mais mon expérience de médecin m’incline à penser que ça en était.

— Nous savons tous que les Tosoks muent ; nous en avons même eu un exemple dans l’enceinte de ce tribunal. Je suppose que les cicatrices s’éliminent avec la peau usagée.

— Un être humain renouvelle la totalité de ses cellules cutanées en l’espace de sept ans, maître Ziegler. Et pourtant, je garde des cicatrices qui remontent à mon enfance. Pour avoir examiné la blessure de Hask, j’ai le sentiment que l’enveloppe externe des Tosoks est constituée de plusieurs couches et que la peau révélée par la mue date en fait de plusieurs années – simplement, elle n’a pas été exposée jusque-là. C’est obligatoire, sachant que cette mue peut être provoquée à tout instant. Si on enfonçait une lame à travers toutes ses couches jusqu’à la cavité viscérale, je suis certaine que la cicatrice subsisterait même après la mue.

— Que faites-vous des facultés de récupération propres aux Tosoks ? Lors de sa déposition, le capitaine Kelkad nous a dit que ses congénères avaient la capacité de régénérer leurs organes endommagés. Je vois mal des êtres doués d’un tel pouvoir conserver leurs cicatrices indéfiniment.

— Ce sont deux phénomènes différents, lui rétorque le docteur Hernandez. Le tissu cicatriciel ne se substitue pas à celui qui a été détruit. Il s’agit tout au plus d’un ajout, une tentative naturelle pour refermer la zone abîmée et empêcher qu’elle ne subisse d’autres dommages. C’est vrai, je n’ai aucune preuve de ce que j’avance. Mais en tant que spécialiste, je n’hésite pas à affirmer que les cicatrices visibles sur le corps de Hask ont une origine relativement récente, quoique antérieure à sa dernière mue.


Frank et Dale profitent de la pause déjeuner pour aller faire un tour. Bien entendu, ils doivent se frayer un passage à travers la foule des journalistes et des curieux avant d’atteindre Broadway. Il fait un temps splendide, aussi Dale met-il ses lunettes de soleil sitôt au-dehors. Frank, de son côté, tire de sa poche de veste des verres teintés à fixer sur ses montures de lunettes.

— Bon sang, mais c’est bien sûr ! s’exclame-t-il subitement.

— Pardon ?

— Alpha du Centaure… Les Tosoks. Je viens de comprendre ce qui me titillait.

Il se remet en marche, suivi de près par son compagnon.

— J’ai été jusqu’à me rendre aux studios de PBS pour visionner l’émission que Clete avait consacrée à ce sujet. Vous-même, que savez-vous d’Alpha du Centaure ?

— C’était la destination de la famille Robinson dans Perdus dans l’espace.

— Comme vous l’avez entendu au cours de ce procès, Alpha du Centaure regroupe en fait trois étoiles voisines. On les appelle Alpha du Centaure A, B et C, par ordre décroissant de luminosité. Les Tosoks prétendent que leur planète gravite autour d’Alpha du Centaure A, et je les crois volontiers. Maintenant, s’ils venaient de B, l’éclairage à bord de leur vaisseau serait orange et non jaune.

— Jusque-là, je vous suis.

— Alpha du Centaure A est ce qu’on appelle une étoile G2, du même type spectral que Sol…

— Sol ?

Frank esquisse un sourire.

— Désolé… Le mot « soleil » est en fait un terme générique. Tout astre placé au centre d’un système est un soleil. Le nôtre est dénommé Sol, en l’honneur d’un dieu romain. Comme je le disais, reprend-il tandis que Dale l’y encourage d’un signe de tête, Alpha du Centaure A est presque une jumelle de Sol : même couleur, même température, etc. Elle est également à peu près du même âge – un poil plus vieille, en réalité. Toutefois, il y a une différence significative entre elles.

— Laquelle ?

— La luminosité. Celle d’Alpha du Centaure A est supérieure de cinquante-quatre pour cent à celle de notre soleil.

— Alors ?

— Alors, même par temps gris, les Tosoks portent ici des lentilles pour protéger leurs yeux de la lumière. S’ils venaient d’un monde éclairé par un soleil plus brillant que le nôtre, ils ne seraient pas gênés.

— Peut-être leur atmosphère est-elle différente de la nôtre – plus opaque, par exemple ?

— C’est une explication intéressante, approuve Frank. Mais vous oubliez une chose : les Tosoks n’ont aucun mal à respirer notre air. Lorsque Clete s’est rendu à bord de leur vaisseau, lui aussi respirait sans peine. D’ailleurs, vous avez pu voir sur la vidéo que l’air était aussi transparent que le cristal.

— Dans ce cas, peut-être leur planète est-elle plus éloignée de leur soleil que la nôtre.

Apercevant un banc public, Dale indique à son compagnon qu’il souhaite s’y arrêter.

— Tout juste, acquiesce Frank en s’asseyant. Un jour où j’évoquais avec Kelkad le temps qu’il nous faudrait pour fabriquer des pièces pour leur vaisseau, il s’est affolé en m’entendant avancer le chiffre de deux ans. Il s’est brusquement calmé après que Hask lui eut expliqué qu’il s’agissait d’années terrestres. À l’évidence, l’année tosok est beaucoup plus longue que la nôtre. Alpha du Centaure A ayant à peu près la même taille et la même masse que Sol, cette différence ne peut s’expliquer que par la dimension de l’orbite de la.planète des Tosoks.

— Ça paraît faire sens, même pour un ignare comme moi.

— En effet, tout ça est très logique. Rappelez-vous : Alpha du Centaure A a une taille égale à celle de notre soleil mais elle brille 1,54 fois plus. Par conséquent, une planète située à la même distance d’Alpha du Centaure A que la Terre l’est de notre soleil recevrait 1,54 fois plus de lumière.

— OK.

— Mais si la distance est multipliée par deux, on ne reçoit plus qu’un quart de cette lumière. Donc, une planète gravitant à deux ua d’Alpha du Centaure A – c’est-à-dire le double de la distance entre la Terre et Sol – recevrait un j quantité de lumière égale à 1,54 celle que reçoit la Terre divisée par 4, soit – laissez-moi calculer – environ quarante pour cent.

— Ce qui expliquerait qu’ils portent des verres de soleil par tous les temps. Mais, pour le coup, leur planète devrait être plus froide que la nôtre, non ?

— Pour quelqu’un qui ne connaît rien à l’astronomie, vous posez des questions fort pertinentes, remarque Frank avec un sourire. D’après Clete, la température à bord du vaisseau tosok n’excédait pas dix degrés Celsius, même à l’extérieur de la salle d’hibernation. Maintenant, à quelle distance d’une étoile G2 une planète doit-elle se trouver pour présenter une température de cet ordre ? En fait, la réponse dépend de la teneur en dioxyde de carbone, en vapeur d’eau et en méthane de son atmosphère. Car, voyez-vous, ces gaz emprisonnent la chaleur. Vous avez entendu parler de l’effet de serre ? Eh bien, il joue un peu le rôle d’un joker par rapport à la position des planètes. Avec un fort effet de serre, une planète plus éloignée du soleil que ne l’est la Terre bénéficiera d’une température de surface comparable. En théorie, il pourrait très bien exister une planète analogue à la Terre au niveau de l’orbite de Jupiter, moyennant un taux de gaz suffisant pour piéger la chaleur.

— Donc, les Tosoks viendraient d’une planète plus éloignée de son soleil que la Terre ne l’est du sien…

— « Son » soleil, dites-vous… Vous oubliez une chose : Alpha du Centaure est un système multiple. Quand ses planètes A et B sont au plus près l’une de l’autre, la distance qui les sépare est de onze ua, soit environ un milliard six cents millions de kilomètres.

— Autrement dit, la luminosité d’Alpha du Centaure B compenserait l’éloignement d’Alpha du Centaure A ?

— Non, non. Même au plus près, Alpha du Centaure B apparaîtrait aux Tosoks cent fois moins brillante que notre soleil. Même ainsi, elle resterait des milliers de fois plus brillante que notre pleine lune. Les nuits tosoks sont sans doute plus claires que les nôtres, mais pas plus qu’une rue éclairée par un lampadaire.

— Ah ?

— Le problème n’est pas la luminosité d’Alpha du Centaure B, mais sa gravité. Clete l’a très bien expliqué dans son émission. D’après les lois de la mécanique céleste, dans un système double, les orbites restent stables dans la limite d’un cinquième de la distance séparant les deux étoiles quand elles sont au plus près l’une de l’autre. Dans le cas qui nous occupe, cette distance est de onze ua. En conséquence, les orbites des planètes gravitant autour de A restent stables dans la limite de deux ua, c’est-à-dire le double de la distance entre la Terre et notre soleil.

— Et au-delà, elles deviennent instables ? Frank acquiesce de la tête.

— Or, reprend-il, une orbite instable constituerait une menace grave pour la planète des Tosoks. Dans ce cas, il se pourrait qu’ils ne soient pas venus ici en simples visiteurs, mais dans l’idée de trouver un monde nouveau où s’installer.

— Vous voulez dire… Ils chercheraient à nous envahir ?

— C’est possible.

— Grand Dieu !

— Comme vous dites. Et souvenez-vous des mutilations subies par Clete : à l’évidence, les yeux sont une des parties les plus fragiles du corps humain. Quant à la gorge, vous avez entendu le professeur Wills : le risque de mort par suffocation est inhérent à sa conception même. Pour ce qui est de l’appendice, son éclatement entraîne la mort à moins d’être traité sans retard. Vous vous rappelez que Linda Ziegler a chargé Smathers de mettre au point une méthode d’exécution applicable à un Tosok ? Eh bien, peut-être les Tosoks ne cherchent-ils pas autre chose qu’un moyen de nous anéantir pour leur faire place nette.

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