Chapitre XIII

Zakra fixa Malko avec un mélange d’incrédulité et de fureur, puis son regard devint fixe. Dans le lointain, la sirène d’une ambulance commença à hululer.

— Jamais, fit-elle. Je ne veux plus entendre parler de tes histoires. J’ai déjà failli y laisser ma peau. Je rentre à Budapest. Seule. Et toi, tu vas au diable.

L’atmosphère s’était brutalement tendue. Malko, sans dire un mot plus haut que l’autre, annonça :

— A la seconde où tu t’en vas, j’appelle ton ami Pavel dont je connais maintenant le nom et je lui dis que c’est toi qui me l’as appris. Et aussi que tu l’as trahi à mon profit.

— Salaud ! Ce n’est pas vrai.

Le buste en avant, la lèvre supérieure retroussée, Zakra ressemblait à un fauve prêt à bondir. Si elle avait encore tenu le poignard d’Hashemi, elle l’aurait sûrement planté dans le ventre de Malko.

— Tu auras du mal à te disculper, remarqua Malko sans s’énerver. Les apparences sont contre toi…

— Si tu fais ça, il va me tuer, lança Zakra d’une voix étranglée par la fureur et la peur.

— Ce n’est pas impossible, reconnut Malko, mais il ne tient qu’à toi d’éviter cette solution désagréable.

Zakra demeura silencieuse, comme si elle donnait à son cerveau le temps de s’imprégner de la proposition de Malko.

— Qu’est-ce que tu veux de moi ? demanda-t-elle au bout d’un silence pesant. Et pourquoi Pavel t’intéresse-t-il tellement ?

Visiblement, son pragmatisme reprenait le dessus.

— Tu sais en quoi est fait le collier que tu portais en arrivant ?

— En or, non ?

— Non, en partie seulement. Le reste c’est du plutonium.

— C’est quoi ?

— Ça sert à faire les bombes nucléaires et ça vaut très cher. C’est bien ton ami Pavel Sakharov qui te l’a donné ?

— Oui. Et alors ?

— Alors, tu as servi de courrier pour transporter des échantillons de plutonium 239 que Pavel Sakharov voulait vendre à Ishan Kambiz. Pour une somme colossale.

— C’est quoi, une somme colossale ? demanda Zakra, subitement intéressée.

— Rien que pour ce collier, ton ami Pavel va toucher un million de dollars. Soixante millions de roubles, précisa-t-il. Il eut l’impression d’avoir donné un coup de poing à Zakra.

— Soixante millions de roubles ! répéta rêveusement la jeune Kirghize.

— Oui, continua Malko. Cet argent devait être viré au compte que doit posséder Pavel hors de Russie. Seulement, Ishan Kambiz, qui devait effectuer le virement, est mort.

Zakra lui envoya un regard interrogateur.

— Et alors ?

— Alors, dit Malko, si tu reviens à Budapest en disant que tu as remis le collier, sans parler de ce qui est arrivé ensuite, Pavel va très vite comprendre qu’il se passe quelque chose d’anormal en ne recevant pas son argent… Et c’est à toi qu’il va poser des questions. Peut-être pas d’une façon agréable…

— Je ne vois pas où tu veux en venir.

— J’ai récupéré les références des comptes bancaires de Kambiz, expliqua Malko. J’ai accès à eux. Je peux donc, quand Pavel me donnera les références de son compte, lui faire virer son million de dollars…

— Mais pourquoi Pavel te donnerait cette information ?

— Parce que nous allons revenir ensemble à Budapest, toi et moi, conclut Malko. Tu vas expliquer à Pavel que je suis le bras droit d’Ishan Kambiz et que j’ai l’argent. Bien entendu, tu ne lui dis pas qu’il est mort. Il ne le saura pas tout de suite. Nous allons y veiller. Ton rôle s’arrête là.

— Mais pourquoi tu fais tout cela ?

— Je veux acheter à Pavel le plutonium qu’il voulait vendre aux Iraniens, expliqua Malko.

— Qu’est-ce que tu veux en faire ?

La question était si naïve qu’il fut tenté de sourire.

— Je ne suis qu’un intermédiaire, expliqua-t-il. Zakra s’ébroua, dépassée.

— Karacho, karacho ! Et moi, ça me rapporte quoi de mentir à Pavel ?

— Un passeport américain et un million de dollars.

— Américain, pas autrichien ?

— Oui.

Le regard de la Kirghize s’éclaira.

— Ah, tu travailles avec les Amerikanski…

— Peu importe, coupa Malko. Tu auras ton passeport et soixante millions de roubles. Et en plus, ajouta-t-il, tu auras rendu un sacré service à l’humanité en général et au Moyen-Orient en particulier. Tu es musulmane, non ?

Zakra haussa les épaules.

— L’humanité, elle, ne m’a rendu aucun service. Et les musulmans, je m’en tamponne. Ils peuvent crever. Je n’ai jamais ouvert un Coran de ma vie.

— Alors, tu es d’accord ?

— Oui, dit-elle après quelques instants d’hésitation.

— Bon, nous allons retourner au Caesar Park, proposa Malko. Et demain, nous reprenons Air France pour Paris et Budapest.

Il passa l’appartement au peigne fin. Bien sûr, son plan était hyper-risqué, car il ne connaissait pas toutes les précautions dont s’était entouré Ishan Kambiz. Tout allait peut-être lui exploser à la figure au premier contact.

Seulement, il était impossible de laisser dans la nature quatre-vingts kilos de plutonium 239. Or, liquider ou faire arrêter par les Hongrois le mystérieux Pavel Sakharov ne servirait à rien. Il n’était sûrement pas en possession du plutonium 239 et ne pourrait être inquiété longtemps. Remis en liberté, il n’aurait plus qu’à trouver de nouveaux acheteurs.

Zakra pouvait apporter la touche de vérité à la « légende » de Malko, à condition qu’elle joue le jeu.

Le tout, ensuite, était de faire vite. Avant que les Iraniens ne se réveillent. Normalement, d’après ses billets d’avion, Ishan Kambiz aurait dû être en train de voler vers l’Iran. En ne le voyant pas, ses commanditaires allaient s’inquiéter. Mais, les communications étant sûrement difficiles, ils penseraient peut-être qu’il était retourné à Budapest.

Ce qu’il fallait, c’était éviter toute publicité intempestive à la mort de Kambiz, et, à celle de ses trois gardes du corps. Cela ne pouvait se faire qu’avec la collaboration des autorités brésiliennes. C’était à la CIA de jeter tout son poids dans la bataille.

Du côté de Pavel Sakharov, Malko voyait moins de danger immédiat. Apparemment, il n’avait pas de lien direct avec Kambiz. En voyant débarquer à Budapest le « fondé de pouvoir » de l’Iranien avec le million de dollars, le Russe n’avait pas de raison de se méfier. D’autant que le récit serait corroboré par Zakra.

Il restait, hélas, tous les impondérables, dont chacun pouvait déclencher une catastrophe.

Zakra pouvait trahir. Il y avait peut-être un code entre Sakharov et Kambiz. Les Iraniens pouvaient se manifester plus tôt que prévu…

La liste était longue et non limitative… Zakra sortit la première de l’ascenseur, encadrée de Chris et Milton, et ils traversèrent le hall envahi de policiers brésiliens. Prudente Freitas demeurait sur place pour éviter la curiosité de ses collègues de la police de Rio, en attendant que Malko puisse faire les interventions nécessaires.

A quelques mètres de là, un petit groupe de badauds entourait un périmètre délimité par des rubans jaunes où une tache sombre souillait le trottoir de mosaïque. L’endroit exact où Ishan Kambiz avait terminé son existence. Une ambulance avait depuis longtemps emporté ce qui restait du corps.

La course contre la montre commençait.

Malko déposa Zakra à l’hôtel sous la garde des gorilles et fila au consulat américain. Il était urgent de communiquer à Langley le nom de l’homme qui vendait du plutonium 239.


* * *

Le Boeing 737 d’Air France commença sa descente sur Budapest. Zakra avait ouvert les yeux depuis un moment et regardait le paysage d’un air absent.

De sa part, Malko avait peu appris de neuf. La description physique de Pavel Sakharov et quelques détails sur la vie qu’il menait à Budapest. Elle ne connaissait d’ailleurs même pas son nom. Grâce à Langley, Malko, lui, en savait beaucoup plus depuis quelques heures.

L’ordinateur central qui avait en mémoire des milliers de noms avait craché tout sur le général du KGB Pavel Ivanovitch Sakharov. Une carrière assez effacée qui ne l’avait jamais mené hors des frontières de l’Union soviétique, sauf pour une période de trois ans en Syrie. Le reste du temps, il avait eu diverses fonctions au sein du deuxième Directorate, chargé de la sécurité intérieure. Jusqu’à son dernier poste, au MSB, comme directeur de la sous-direction chargé de la protection du nucléaire. Il avait donné sa démission au KGB trois mois plus tôt, faisant valoir ses droits à une retraite bien méritée de 1176 roubles par mois exactement. De quoi ne pas mourir de faim.

Heureusement, il avait pris la présidence de la société ISOTOP dont les activités légales prospéraient.

Zakra se redressa sur son siège, soudain nerveuse. Pourtant, le voyage s’était passé sans histoire depuis Rio. Grâce aux pressions du FBI et de la CIA, la police de l’État avait classé sans suite la mort d’Ishan Kambiz, l’attribuant à un suicide consécutif à une dépression.

D’autant que la CIA avait obtenu de la Police Fédérale l’autorisation d’établir une discrète bretelle sur les téléphones de l’Iranien. Ainsi, ses correspondants s’entendaient dire par une voix portugaise que le senhor Kambiz était en voyage pour plusieurs semaines. Pour les trois morts, c’était encore plus simple : ils avaient été transportés à la morgue sans aucune pièce d’identité, ayant été trouvés sur la voie publique.

Les Américains avaient même obtenu que le certificat de décès soit établi au nom d’Émilie Suza, celui d’un des faux passeports de l’Iranien. Aucune publicité n’ayant été donnée à ce décès, les Iraniens ne découvriraient pas immédiatement sa mort. Il fallait que Malko ait bouclé son opération d’ici là. Il regarda les champs enneigés au-dessous de l’appareil. En trois jours, la CIA avait bien travaillé. Il arrivait à Budapest avec une identité toute neuve : Herr Rudolph Mùller, avec un bureau à Frankfurt am Main reprenant le sigle d’une des infrastructures d’Ishan Kambiz. Il s’agissait en réalité d’un local de contact de la CIA et le téléphone aboutissait dans le bureau du chef de station de Bonn.

De ce côté-là, il était couvert. Il y avait une chance minuscule pour que l’officier du KGB Pavel Sakharov le connaisse physiquement. Peu probable, puisqu’il n’avait jamais travaillé au Premier Département, celui en contact avec l’étranger. Pour tout le reste, Malko pouvait faire face. Une seule inconnue : Zakra. La jeune Kirghize tenait son sort entre ses mains. Heureusement, il y avait l’attrait du passeport, de l’argent et d’une nouvelle vie à l’Ouest.

Le « 737 » sortit son train et la Kirghize se tourna vers lui.

— Nous arrivons, remarqua-t-elle d’une voix en apparence indifférente.

Le voyage s’était bien déroulé. Grâce à la rapidité des arrivées et des départs à Roissy 2, ils avaient eu le temps de faire un saut à Paris que Zakra voulait voir à tout prix. Au passage, elle avait craqué pour une somptueuse robe du soir de Balenciaga toute de dentelle noire, au décolleté vertigineux, que Malko n’avait pu refuser à la jeune Kirghize.

— Tu sais ce que tu dois faire ?

— Oui. Je vais voir Pavel et je lui dis que tu es revenu avec moi, et qu’avant de le voir, tu veux lui payer le collier. Qu’il te fasse parvenir un numéro de compte bancaire.

— Et ensuite ?

— Tu veux le rencontrer pour terminer l’affaire le plus vite possible.

— Où vas-tu habiter ?

— Comme avant, je pense, dans l’appartement de Karim, derrière l’hôtel Penta. Je t’ai donné l’adresse.

Choc des roues sur la piste.

— Il va sûrement te questionner, insista Malko, Tu parles le moins possible. Tu as vu Ishan seulement une fois, le soir du bal à la Scala, où tu lui as donné le message. Il t’a présenté à moi et tu m’as retrouvée ensuite à l’aéroport.

— Et mes blessures ?

— Tu as été attaquée sur la plage par des voyous. Nous allons nous séparer à l’aéroport. Il est possible qu’il te fasse surveiller. Moi, je vais au Hilton. Tu connais mon nom. Rudolph Mùller. Cela suffit. Fais attention, si ça tournait mal, c’est à toi qu’il s’en prendra d’abord.

— Je sais, soupira Zakra.

La CIA avait décidé de ne pas mettre encore au courant les autorités hongroises. Quant au plutonium 239 du collier, il se trouvait déjà aux États-Unis.

Le policier de l’immigration feuilleta distraitement le passeport allemand de Malko et le lui rendit avec un large sourire. Les Hongrois comptaient beaucoup sur leurs voisins de l’Ouest pour redresser leur économie.

Pavel Sakharov éprouvait une impression indéfinissable : une vague, très vague anxiété qui lui donnait des brûlures d’estomac. Il regarda Zakra moulée dans une robe brésilienne collante comme un gant et guère plus longue qu’un tee-shirt, bronzée, les seins débordant, infiniment désirable. Même les cicatrices qui parsemaient ses cuisses, son ventre et ses seins ne l’enlaidissaient pas. Attablée au bar, elle buvait un Cointreau « on ice », bavardant avec les autres entraîneuses de l’Eden qui, elles, le buvaient à la Russe, comme de la vodka.

Sa robe panthère déclenchait les fantasmes des clients qui la réclamaient tous. D’un geste dédaigneux, elle les dirigeait vers les autres femmes.

Soudain, elle aperçut Pavel Sakharov qui lui faisait signe, à l’entrée du couloir menant à son bureau. Elle glissa de son tabouret et le rejoignit, le suivit dans son bureau et referma la porte derrière eux.

— Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-elle.

— Je te regardais sur l’écran de contrôle, dit-il. J’ai eu envie de te voir de plus près. Zakra fit un pas en avant et vint s’appuyer à lui, fondante.

— Eh bien ? je suis là.

Malgré son self-control, Pavel Sakharov sentit une coulée de lave envahir ses reins. Personne ne pouvait résister au magnétisme sexuel de Zakra. Elle posa la pointe d’un escarpin sur une chaise et sa robe remonta presque jusqu’au pubis, découvrant un minuscule slip noir perdu au milieu de son sexe. Son regard plongé dans celui de Pavel, avec un drôle de sourire qui lui tordait un peu la bouche, elle farfouilla à l’aveuglette, finissant par extraire ce qu’elle voulait.

Pavel Sakharov n’eut même pas à remonter la robe panthère. Guidé par les doigts habiles de Zakra, il s’enfonça en elle d’un seul coup. Tout le corps de la jeune femme frémit et elle lui mordit le cou pour ne pas hurler. Mais au moment où elle le croyait en pleine euphorie, le ventre plein de lui, le Russe demanda d’une voix calme :

— Tu m’as vraiment tout dit de ton voyage ? Zakra eut un sursaut de fureur.

— Salaud ! C’est à ça que tu penses quand tu me baises !

Ce fut comme si le cercle de fer qui oppressait Pavel Sakharov avait brusquement cédé. C’était la première fois que la Kirghize lui parlait sur ce ton. Et cela lui inspira confiance. Ses doutes envolés, il l’appuya au bureau et se mit à la labourer à puissants coups de reins.

Quand il explosa tout au fond de son ventre, Zakra trembla de tous ses membres, le maquillage coulant sur son visage.

Après avoir repris son souffle, le Russe se dégagea et lui dit d’une voix inhabituellement rouée :

— Retourne dans la salle. J’ai des choses à faire ici. Zakra tira sur sa robe et obéit. Elle émergea dans la salle d’une démarche ondulante, lascive, balançant sa croupe incendiaire, ses cheveux flamboyant sur les épaules. La plus belle bête de sexe qu’on puisse imaginer. Aux Olympiades des allumeuses, elle avait la médaille d’or. Elle se cala dans un boxe, un Cointreau tout neuf devant elle, le ventre encore brûlant. Depuis son voyage à l’Ouest, elle ne buvait plus de vodka. Depuis son retour, elle vivait dans une terreur secrète permanente. Pavel Sakharov semblait avoir cru son histoire, mais n’avait pas levé le petit doigt pour contacter le fondé de pouvoir d’Ishan Kambiz. A chaque seconde, Zakra s’attendait à ce qu’il la convoque dans le bureau pour la faire écarteler vivante par ses Tchétchènes.

Pavel lui inspirait une peur animale à cause de sa froideur, de sa maîtrise. Il semblait n’être qu’un cerveau. Même quand il lui faisait l’amour, il paraissait détaché, alors que tous les hommes rencontrés par Zakra auraient fait le tour de la terre en rampant pour avoir le droit de se servir de son corps magnifique. Elle avait l’impression que si elle brisait cette carapace de glace, elle aurait moins à craindre de lui, qu’il pourrait moins lui dissimuler ses véritables pensées. Plusieurs fois, depuis son retour, elle l’avait provoqué sexuellement sans obtenir autre chose qu’une étreinte tiède.

C’était la première fois qu’elle le voyait déchaîné. Elle sentait instinctivement que c’était sa colère — réelle — qui avait fait tomber les barrières du Russe.

Elle trempa ses lèvres dans son Cointreau et se mit à sucer un glaçon. Pourvu que cette histoire se termine vite.

Pavel Sakharov tirait sur son cigarillo, à peu près apaisé. Son bureau était une bulle de calme au milieu de l’Eden. Heureusement, car il avait toujours eu horreur des cabarets, de la musique moderne et des prostituées. Il lui avait fallu faire un effort considérable sur lui-même pour se glisser dans la peau d’un mafioso.

Mais ce n’était que provisoire. En quelques semaines, il avait pris la place de Karim Nazarbaiev et c’était parfait ainsi. Qui aurait soupçonné un minable mafioso ukrainien d’un trafic de l’importance du plutonium 239 ? Il était tous les soirs à l’Eden et continuait la politique de son prédécesseur, s’emparant peu à peu de toutes les boîtes de Budapest.

Seuls, trois de ses hommes savaient qui il était vraiment. Pour les autres, il venait de Moscou, après un accord avec la mafia de Kiev. Clandestin total, les Hongrois n’avaient pu le repérer. Chaque fois qu’il lui fallait téléphoner en Russie, il se rendait à la poste. Le message transmis par Zakra l’avait laissé perplexe et vaguement inquiet.

Apparemment et comme cela avait été prévu, Zakra avait servi de commissionnaire sans comprendre de quoi il s’agissait. A plusieurs reprises, elle lui avait réclamé le collier remis d’après elle à l’Iranien, lors du bal des Travestis et c’était bon signe. D’après elle, Kambiz le lui avait enlevé pour qu’elle ne le perde pas et avait oublié de le lui rendre. Pavel avait prévu de lui en offrir un autre.

L’attitude de Zakra, ce soir, lui avait ôté les derniers doutes sur une possible trahison. Il ouvrit une poche intérieure de sa veste fermée par un zip et y prit un carnet marron. Après l’avoir ouvert à la bonne page, il griffonna quelque chose sur une feuille de papier, la plia et la mit dans une enveloppe. Ensuite, il ferma le bureau et regagna la salle de l’Eden.

Zakra était dans un coin, seule devant son Cointreau.

— Porte ça au Hilton, demanda-t-il.

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