— Est-ce que cela va aller ?
Le petit homme fluet aux yeux très bleus qui semblaient perpétuellement noyés de larmes arborait une expression si anxieuse qu’elle en était comique. Malko compara un des documents qu’il tenait, trouvé dans l’attaché-case d’Ishan Kambiz, et celui que lui tendait Mark Tyselman, spécialiste en faux de la Technical Division de Langley. C’était un ordre de virement d’un million de dollars au profit du compte indiqué par Pavel Sakharov, avec une signature parfaitement imitée d’Isham Kambiz, suivie du code secret trouvé par Malko dans ses papiers.
— C’est parfait, dit Malko. Qu’en pensez-vous, Alan ?
— Tout à fait étonnant, reconnut le chef de station de Budapest.
Mark Tyselman était arrivé de Londres trois heures plus tôt et s’était mis au travail immédiatement, dans un bureau voisin de celui d’Alan Spencer.
— Avez-vous découvert quelque chose sur ce compte ? interrogea Malko.
— Non, avoua l’Américain. Il est à Zurich, au nom d’une antstalt lichtenstanoise dont il est impossible de percer à jour le véritable propriétaire. Nous l’avons criblé à l’ordinateur, mais c’est la première fois qu’il apparaît.
— Est-ce que cela peut venir de Russie ? Interrogea Malko.
— Bien sûr, confirma Alan Spencer. N’importe qui peut ouvrir ce genre de compte qui est totalement protégé. Il faudrait une longue enquête pour trouver le vrai bénéficiaire. Nous savons que beaucoup d’apparatchiks soviétiques et de membres du KGB ont ouvert des comptes étrangers numérotés ou secrets.
La veille au soir, Malko avait trouvé une enveloppe dans sa case au Hilton avec simplement ce numéro de compte et un intitulé. Il était maintenant prêt à procéder au virement par le débit du compte « iranien » d’Ishan.
— Quand espérez-vous une réaction ? demanda le chef de station.
— A mon avis, très vite, fit Malko. Un virement ne prenait que quelques heures. Si Pavel recevait son million de dollars, il y avait de fortes chances qu’il accélère les négociations.
— Pourvu que ça marche ! soupira l’Américain. L’idée d’utiliser de l’argent iranien pour retourner la situation le remplissait d’une joie saine. Teintée quand même d’une vague inquiétude.
— Et les Iraniens ? demanda-t-il.
— J’y pense, dit Malko. Nous n’avons aucun moyen direct de savoir où ils en sont. Mais j’ai une piste à explorer ici, à Budapest.
En attendant la réaction de Sakharov, il avait de quoi s’occuper. Pour l’instant, il valait mieux rester à l’écart de la pulpeuse Kirghize… Ils avaient décidé également de n’exercer aucune surveillance autour de l’Eden ou de l’usine désaffectée de Révész utça. Pour ne pas risquer d’alerter Pavel Sakharov.
Stationné sur un arrêt d’autobus, juste en haut de la rue Aikotmàny, Malko surveillait l’entrée du restaurant Semiramis. Il avait d’abord été y faire un tour. En bas, un petit bar où une serveuse mafflue servait des chawer-mas comme à Beyrouth, avec des jus de fruit. La salle du haut était minuscule avec un plafond si bas qu’on pouvait tout juste se tenir debout. Une famille était en train d’y déjeuner au fond et les deux autres tables étaient libres.
Malko commençait à mourir de faim quand une voiture, une vieille Mercedes 240 verte, s’arrêta devant le restaurant. Il en sortit trois hommes, visiblement moyen-orientaux, qui pénétrèrent dans le restaurant. Malko eut un petit choc au cœur. L’un d’eux était celui qu’il avait brièvement aperçu dans l’usine désaffectée. Celui qui avait tiré sur lui sans le voir.
Il traversa la rue, releva le numéro de leur voiture et fila de nouveau à l’ambassade. Grâce à Ferencz Korvin, l’ancien flic du MVA reconverti dans le taxi, qui lui avait fourni le nom du Semiramis, il avait peut-être enfin une piste qui lui éviterait de gros problèmes. Si les Iraniens se doutaient de la manip, ils allaient tout faire pour prévenir leur vendeur de plutonium 239. Probablement par leur réseau en place à Budapest.
Quelque part à Damas, Mehdi Chimran décrocha un téléphone et demanda à la poste de lui donner un numéro à Rio. Comme il appelait d’un appartement appartenant au Moukhabarat[27], il obtint sa communication en quelques minutes.
Une voix portugaise lui annonça que le senhor Kambiz était en voyage, style femme de ménage et il n’insista pas.
Mehdi Chimran était le bras droit de l’ayatollah Said Mohajerani, le vice-président du gouvernement iranien en charge du projet « Darius ». Deux milliards de dollars étaient consacrés à ce projet. L’acquisition de l’arme nucléaire était l’obsession numéro un des ayatollahs. Sur son lit de mort, Khomeini avait exhorté ses amis à y parvenir, afin de faire de l’Iran la puissance principale de la région. Sans parler des innombrables utilisations qu’on pouvait faire des projectiles nucléaires grâce aux groupes Hezbollah qu’ils contrôlaient à travers le monde. Des possibilités de chantage encore jamais égalées.
Trois jours plus tôt, Mehdi Chimran avait en vain attendu Ishan Kambiz à l’arrivée du vol Zurich-Téhéran. Certes, aucun passager ne portait l’un des noms d’emprunt de l’Iranien mais Kambiz était méfiant et pouvait avoir utilisé un autre patronyme.
Mehdi Chimran avait encore attendu le jour suivant. Ensuite, il avait pris l’avion pour Damas où il s’était remis à la recherche d’Ishan Kambiz, à partir d’une base Hezbollah protégée par les services syriens… Il était intrigué, mais pas encore inquiet.
Certes, des sommes colossales avaient été mises à sa disposition et l’Iran fermait les yeux sur des petits détails comme les intérêts, mais Kambiz était un homme sûr… A Beyrouth, ses domestiques ne savaient rien. Visiblement, son appartement de Rio était vide. Ses bureaux en Allemagne étaient sur répondeur. Il ne restait donc qu’une hypothèse. Pour une raison inconnue, Ishan Kambiz avait été obligé de partir pour Budapest ou Moscou, et cela, c’était plutôt bon signe… Cependant, pour être tranquille, l’Iranien préférait le vérifier.
Si Ishan se trouvait à Budapest, il avait forcément pris contact avec l’ambassade d’Iran là-bas. Il entreprit donc de rédiger un télégramme secret à l’intention du responsable de la Savama en place à Budapest, lui demandant des nouvelles. C’est lui qui avait assisté Ishan Kambiz lors de son dernier séjour en Hongrie.
Malko, intrigué, examinait un prospectus qu’on venait de glisser sous sa porte. Un dépliant rosé vantant les délices d’une boîte, le Pink Pussy Cats. Dans une langue approximative, on promettait de multiples félicités aux futurs clients : top-less dancing, shows lesbiens, strip-tease. Précisant qu’on pouvait également profiter d’un « service complet », grâce aux délicieuses « chattes rosés ».
Malko aurait jeté le prospectus si une main inconnue n’avait pas écrit en diagonale : Le spectacle commence à onze heures.
Il n’avait jamais entendu parler du Pink Pussy Cats, mais cela ressemblait fort à la réponse au virement fait la veille au profit du compte de Pavel Sakharov. Ce dernier avait donc reçu l’argent et acceptait de rencontrer Malko. Il n’y avait plus qu’à prévenir la CIA.
Le chef de station le reçut immédiatement, et après avoir écouté Malko, suggéra :
— Appelez Tibor Zaïa, il doit connaître l’endroit. Je l’ai eu ce matin, il est chez lui.
Malko n’avait pas revu le stringer de la CIA. Mais c’était une bonne idée.
Il aurait préféré un contact avec Zakra. Mais la jeune Kirghize demeurait invisible et il n’osait pas s’aventurer à l’Eden ni aller chez elle. Officiellement, il la connaissait à peine.
— J’ai une bonne nouvelle, annonça Alan Spencer, nous avons identifié l’homme du Semiramis. Il s’agit d’un employé de l’ambassade iranienne. Cyrus Tadjeh. Il fait équipe avec un autre Iranien, Ali Ghotbi. Le NBH est persuadé qu’il s’agit de deux membres des services iraniens. Officiellement, ils sont gardes de sécurité. La voiture est au nom de l’ambassade.
— Ce sont probablement eux qui ont tué Stephan Sevchenko et les deux Tchétchènes, conclut Malko.
— Probablement. Je viens d’envoyer une note à la NSA lui demandant l’interception de toutes les communications téléphoniques entre Téhéran et cette ambassade.
Pour l’instant, cette piste ne menait nulle par, mais le cas échéant, représentait une sacrée assurance. Malko se promit de faire parvenir un kilo de caviar et une bouteille de Johnnie Walker au rezident du KGB. Indirectement, c’était grâce à lui qu’il avait identifié les Iraniens. Il s’installa à un bureau voisin et appela Tibor Zaïa.
Ils prirent rendez-vous pour déjeuner au restaurant Sipos, dans le vieux quartier de Obuda.
Le nom de la place « Les fils de Lénine » n’avait pas encore été changé, mais le Sipos était charmant, ressemblant à une petite brasserie avec ses nappes à carreaux et son orgue de Barbarie à l’entrée. Tibor Zaïa était toujours aussi placide et massif. Ses gourmettes cliquetèrent quand il serra la main de Malko.
— Vous êtes-vous entendu avec Zakra ? Demanda-t-il.
— Pas trop mal, fît Malko sans se compromettre. Vous avez du nouveau de votre côté ?
— Pas grand-chose, avoua Tibor Zaïa. Il semble que Karim ait disparu de la circulation, et soit remplacé par un Russe ou un Ukrainien, qui continue à développer l’organisation.
— Vous connaissez le Pink Pussy Cats.
— Dans Wesselenyi utça ? (Le Hongrois eut un sourire en coin). C’est une boîte où il y a beaucoup de célibataires. Vous pouvez jouer, regarder des filles se gouiner ou même consommer.
— C’est contrôlé par les Russes ?
— Non, par un de mes amis. Pourquoi ?
— On m’y a donné rendez-vous ce soir.
— Des Russes ?
— Je pense.
— Au pire, vous risquez de vous faire violer… Mais on ne voit pas beaucoup de Russes là-bas. Si vous voulez, je peux y boire un verre au bar.
— Cela m’arrangerait, accepta Malko.
— OK, j’y serai vers dix heures et demie. Ils se concentrèrent sur leur goulash arrosé de Tokay qui se buvait comme de l’eau. Malko avait hâte d’être au soir.
Le sourire de la barmaid en short pailleté en disait encore plus que le dépliant. Luisant, humide, provocant. Elle se pencha par-dessus le bar et annonça d’une voix veloutée :
— Le spectacle est au sous-sol. Ses seins semblaient s’adresser à Malko eux aussi. A l’étage supérieur, il y avait une sorte de loggia, avec plusieurs tables de poker d’où jaillissaient des exclamations. Deux clients, seuls au bar, regardaient d’un œil morne une vidéo porno qui passait sur un écran de télé suspendu au-dessus des bouteilles, à l’américaine.
Le Pink Pussy Cats, dans une rue parallèle à Rakocz, ressemblait à ce qu’il était : une boîte à putes avec tout ce qu’il fallait pour distraire ses clients. Malko descendit l’escalier en colimaçon, passant devant un vestiaire tenu par une autre hôtesse en maillot doré et pénétra dans une salle sombre avec des miroirs aux murs, et un podium éclairé au milieu où deux filles étaient en train de faire l’amour dans un silence de plomb. Onze heures moins dix et pas de Tibor Zaïa. Il prit place sur une banquette raide comme un prie-Dieu et commanda une vodka, avant de regarder autour de lui. Rien que des hommes, installés sur les banquettes. Non loin de lui, il en repéra deux particulièrement gratinés.
Des crânes rasés, avec des sourcils très noirs, les traits taillés à coups de serpe, des épaules de débardeurs, des mains comme des jambons vêtus d’espèces de jogging. A eux deux, ils tenaient quatre sièges… Le spectacle des filles semblait à peine les intéresser. Malko remarqua que les serveuses les évitaient et qu’ils détonaient par rapport au reste de la clientèle, plutôt civilisée.
Onze heures dix. Personne ne s’intéressait à lui. Une meute de filles déboula des coulisses, vêtues de guêpières ou de slips en dentelle. Pas de soutien-gorge. Certaines se mirent à danser sur le podium et d’autres foncèrent sur les clients, comme des vautours.
Leur mimique avait le mérite de la simplicité. L’une d’elles s’assit sur les genoux d’une des deux « bêtes » voisines de Malko. Il eut un mouvement de recul, mais apparemment ne trouva pas le courage de la repousser. Tranquillement, la fille commença à se frotter contre lui dans le but affiché de déclencher son érection… Comme il ne réagissait pas assez vite, elle lui prit les deux mains et les plaqua sur ses seins nus. Tout autour de la salle, c’était le même spectacle. Certaines se mettaient de dos, d’autres de face. Les réactions des clients étaient variées.
Certains riaient bêtement, se contentant de subir cette bonne aubaine passivement. D’autres en profitaient pour mettre leurs mains partout où ils le pouvaient. Une musique endiablée rythmait cette prestation inattendue.
De nouveau, Malko regarda autour de lui. Pas de Tibor et aucun signe d’un rendez-vous quelconque. Pour tromper son ennui, il s’amusa à observer la fille en train d’exciter celui qu’il avait surnommé la « Bête ». Elle avait encore amélioré sa technique : le dos tourné à son partenaire, elle avait calé ses escarpins de part et d’autre de sa « victime », au fond de la banquette et s’appuyait des avant-bras sur un tabouret placé devant elle. De cette façon, son sexe, uniquement protégé par un slip de dentelle noire, était en contact direct avec le bas-ventre du client. Le visage de ce dernier était violet, il respirait comme un soufflet de forge et Malko eut l’impression qu’il allait arracher les seins de la fille tant il les malaxait.
La musique s’arrêta d’un coup et, comme une volée de moineaux, les filles abandonnèrent leurs clients, s’enfuyant vers les coulisses. Toutes, sauf une. Au moment où elle bondissait de ses genoux, la « Bête » avait refermé ses énormes mains sur sa taille, la clouant au tabouret. Le cri aigu qu’elle poussa n’y fit rien. Avec un grognement sauvage, l’homme empoigna le slip de dentelle et l’arracha. Ce n’était pas prévu dans le contrat et la fille voulut s’échapper. Impossible. Sous les regards abasourdis des autres clients, la « Bête » farfouilla fiévreusement dans son jogging et en sortit un membre imposant. Apparemment, il n’aimait pas les hors-d’œuvre… La fille gigotait toujours sur son tabouret. Comme elle essayait de se relever, il la saisit à la nuque avec brutalité et l’aplatit littéralement devant lui.
— Stop !
Le patron fonçait vers le groupe, accompagné de plusieurs filles. Le voisin de la « Bête » se dressa à son tour, fit un pas en avant, et le patron eut l’impression de se heurter à un mur de béton. D’un seul revers, l’autre l’expédia sur la banquette de face. Comme les copines de la victime continuaient à piailler, il sortit soudain de sous son jogging un knout de cosaque et se mit à les cingler de toutes ses forces, les poursuivant jusque sur le podium. Leurs hurlements se confondirent avec le cri aigu de la fille sur qui l’énorme type venait de se laisser tomber de tout son poids, la clouant au tabouret comme un papillon.
Il se redressa après l’avoir solidement emmanchée, la mit debout, un bras passé autour de sa taille, et entreprit de la violer à grands coups de reins. Chaque coup la faisait tressauter comme un pantin détraqué. Il explosa avec un rugissement, s’arracha d’elle et la jeta sur le velours noir du podium.
Avant de se rajuster et de se rasseoir paisiblement… Plusieurs choses se passèrent alors simultanément. Le patron revint à la charge, avec deux « videurs », Malko aperçut à l’entrée la silhouette massive de Tibor Zaïa, et une hôtesse s’approcha de lui.
— Vous êtes Herr Mùller ? hurla-t-elle pour dominer la musique et les hurlements.
— Oui, fit Malko.
— On vous demande au téléphone. Au bar. Il se fraya un passage au milieu de l’empoignade, rejoint par Tibor, rassurant comme un croiseur.
— Que se passe-t-il ? demanda le Hongrois.
— Ce type a violé une fille, expliqua Malko.
— C’est un Tchétchène, remarqua Tibor, je me demande ce qu’il fait là avec son copain.
Malko atteignit le téléphone. Une voix inconnue dit aussitôt :
— Mr. Mùller. Deux de mes hommes vous attendent pour vous conduire à moi. Des Tchétchènes. Demandez à ce qu’on vous les désigne. Je suis désolé, je n’ai pas pu appeler plus tôt.
Malko revint vers Tibor et lui expliqua la situation. Le Hongrois alla faire le médiateur et quelques instants plus tard, sur un signe de Tibor, Malko se dirigea vers les deux Tchétchènes et leur dit en russe :
— Je suis Mùller. C’est moi que vous attendiez.
— Da, répondit aussitôt le « violeur », le patron nous avait dit de venir vous prendre, mais on ne vous connaissait pas…
Ils se levèrent et personne ne s’opposa à leur sortie. Dans un silence de mort, Malko remonta l’escalier, encadré par les deux Tchétchènes. Arrivés dehors, l’un d’eux annonça :
— Il faut qu’on vous bande les yeux.
Malko n’appréciait pas vraiment, mais il était difficile de résister… On lui noua solidement un torchon sale sur les yeux et on le guida jusqu’à une voiture qui démarra aussitôt. Un des Tchétchènes était assis à côté de lui, l’autre devant. La course dura vingt minutes environ, à toute vitesse. Puis on le fit descendre et traverser une rue. Il sentit un sol inégal sous ses pas, puis un escalier, et on le fit asseoir sur une chaise.
Alors seulement, on lui ôta son bandeau.
Il se trouvait dans un endroit qu’il reconnut immédiatement : la salle de culture physique où Zakra l’avait conduit, à leur troisième rencontre, au sous-sol de l’usine désaffectée ! Les deux Tchétchènes se tenaient près de la porte, bras ballants. Il y eut un bruit de pas et un nouveau venu pénétra dans la pièce.
Malko eut l’impression que la température se refroidissait. L’inconnu, grand, blond, la moitié du crâne dégarni, avec des yeux bleus sans expression, une bouche épaisse et bien dessinée, mais totalement dépourvue de sensualité, comme celle d’un poisson, les oreilles très légèrement décollées, évoquait un officier SS de la Seconde Guerre mondiale. Son regard glacial se posa sur Malko et il demanda d’une voix égale :
— Qui êtes-vous, Herr Mùller ?