Chapitre XVI

L’Iranien se dirigea vers une des barmaids et chuchota quelque chose à son oreille avant de s’installer dans un box. Malko rejoignit Zakra et se pencha à son oreille :

— J’ai envie de danser.

— De danser ?

De toute évidence, il lui aurait demandé de la prendre sur-le-champ, elle n’aurait pas été plus étonnée. Malko l’entraîna sur la piste et elle se colla à lui. La jeune Kirghize aurait fait perdre la tête à n’importe qui… Malko, lui, ne voyait que la tête crépue de Cyrus Tadjeh.

Peu de temps après, Pavel Sakharov apparut et se dirigea vers l’Iranien. Malko sentit son estomac se serrer. C’était bien ce qu’il avait craint. Cyrus Tadjeh avait dû être convoqué par Sakharov qui cherchait des nouvelles d’Ishan Kambiz, et peut-être des informations sur Malko. L’Iranien allait rendre compte à l’ambassade et tout risquait d’exploser.

— Tu connais l’homme qui vient d’arriver ? demanda-t-il.

Comme elle tardait à répondre, il lui dit brutalement :

— Évidemment que tu le connais ! C’est un des deux avec qui tu avais rendez-vous à l’usine de la rue Révész. Qui est-ce ?

— Un Iranien, fit-elle. Je ne sais pas son nom, mais c’est sûrement l’assassin de Stephan. Il porte sa montre.

Le cerveau de Malko tournait à la vitesse de la lumière. C’est à la fin du slow qu’il eut une idée.

— Partons, viens avec moi, dit-il à Zakra.

Dès qu’ils furent dans l’entrée, il lui demanda :

— Tu sais où se trouve Grosny en ce moment ?

— Il doit être dans la pièce près de l’entrée, pourquoi ?

— Va le chercher. Je t’attends dehors dans ma voiture.

Il alla s’installer au volant de la Mercedes. Le Tchétchène surgit quelques instants plus tard et ouvrit la portière. Ses petits yeux plissés luisaient de curiosité.

— J’ai une information pour vous, dit Malko en russe. L’homme qui a liquidé vos deux amis et Stephan se trouve à l’Eden en ce moment. Il bavarde avec Pavel.

— Comment le savez-vous ? demanda le Tchétchène après un moment de surprise.

— Je le sais, trancha Malko. C’est facile à vérifier : il porte la montre de Stephan.

Le Tchétchène s’éloigna sans un mot et Malko le vit rentrer à l’Eden. Zakra vint prendre sa place, inquiète.

— Qu’est-ce que tu lui as dit ?

— Rien d’important, dit Malko. Je rentre au Hilton. Tu viens ?

— Non, dit-elle, je dois rester là pour surveiller les filles.

— Alors, appelle-moi demain, demanda Malko avant de démarrer.

Cyrus Tadjeh sortit de l’Eden, la tête lourde. La conversation avec Pavel Sakharov n’avait pas été longue, mais ensuite, il s’était attardé avec les entraîneuses. Une petite Russe potelée — cadeau de la maison — l’avait bien échauffé pendant les danses et se pendait maintenant à son bras.

Elle le tira vers un taxi arrêté à l’écart.

— Viens, on va au Penta. C’est là que j’habite. Un des rares hôtels de Budapest qui acceptait les putes russes. Beaucoup de Soviétiques y séjournaient. L’Iranien se laissa faire.

Il s’installa dans le taxi et, ne voyant pas monter la fille, tourna la tête. Il eut l’impression de recevoir un ours dans les bras. Un type énorme venait de bondir par la portière ouverte, l’écrasant contre celle qui lui était opposée. Des doigts noueux se refermèrent autour de sa gorge et l’empêchèrent même d’émettre un soupir. L’inconnu, brutalement, releva le poignet de sa veste, découvrant la montre qu’il avait prise sur le cadavre du Russe étouffé. Il ne grommela qu’un seul mot :

— Stephan…

Son gros doigt pointait sur le cadran. Cyrus Tadjeh n’eut pas le temps de s’expliquer. Une manchette puissante comme un coup de marteau lui brisa le cartilage du nez. La terreur le paralysa. Le sang dégoulinait dans sa bouche. Un autre malabar était monté à l’avant, à côté du chauffeur. Le véhicule démarra. L’Iranien poussa un hurlement inhumain : son voisin lui avait saisi le sexe et les testicules dans sa main énorme et était tranquillement en train de les écraser… Fou de douleur, il perdit connaissance.

Lorsqu’il revint à lui, ils roulaient sur la voie le long du Danube dans le nord de Pest, dans la zone industrielle. La voiture bifurqua et s’arrêta devant un bâtiment sans lumière qu’il reconnut immédiatement : l’usine désaffectée. S’il ne parvenait pas à s’enfuir maintenant, il était perdu… Il fit le mort et, lorsque Grosny le jeta dehors, il réussit à se dégager et à détaler…

Le chauffeur de taxi démarra aussitôt à sa poursuite, montant sur le trottoir. Un choc violent à la jambe : l’Iranien roula à terre, le tibia brisé. Une minute plus tard, les deux Tchétchènes étaient sur lui. Il souffrait tellement qu’il perdit connaissance tout de suite. Ils le traînèrent jusqu’à l’usine, par les jambes, comme un cadavre. Tandis que l’ex-policier du MVA se garait un peu plus loin et allumait sa pipe. Plutôt satisfait : une soirée comme cela lui rapportait pas mal de forints. Il aimait bien faire le ménage.


* * *

Les deux Tchétchènes ne parlaient pas. A quoi bon ? D’abord, ils essayèrent de faire tenir l’Iranien debout. Avec son tibia en miettes, c’était difficile… Ils le laissèrent tomber à même le sol de ciment, puis Grosny prit son élan et retomba sur son ventre de tout son poids. Il y eut un bruit écœurant, quand le péritoine éclata littéralement. Cyrus Tadjeh exhala un soupir affreux et eut quelques convulsions.

Ce n’était pas suffisant. Grosny arracha le jeans, prit, à travers le slip, l’appareil sexuel de sa victime entre ses deux énormes mains et se mit à serrer.

La douleur était tellement horrible que l’Iranien parvint à faire encore quelques sauts de carpe. Des hurlements délirants sortaient de sa gorge, se terminant en couinements désespérés. Il en fallait plus pour apitoyer les deux Tchétchènes. C’était la méthode employée dans leur pays pour les voleurs. A tour de rôle, ils se mirent à sauter de tout leurs 120 kilos sur les membres de leur victime, lui brisant les os un par un… Les bras, puis les jambes, les cuisses. Mais c’était du fignolage. Ils continuaient à sauter alors que Cyrus Tadjeh ne donnait plus signe de vie depuis longtemps. Ce n’était plus qu’une loque qu’ils continuaient à marteler dans une sorte de rite expiatoire dément. Comme des doberman s’acharnant sur un voleur déjà mort.

Lorsqu’ils eurent terminé, le Pasdaran ressemblait à un sac de chiffons ; il n’avait plus forme humaine, sa tête avait doublé de volume, des matières fécales lui sortaient du nez et de la bouche, ses membres étaient désarticulés selon des angles horribles et bizarres. Les deux Tchétchènes abandonnèrent enfin. Grosny descendit au sous-sol chercher un sac poubelle et ils y fourrèrent le cadavre.

Le temps de refermer l’usine, ils regagnaient le taxi.

— Qu’est-ce qu’on en fait ? demanda le chauffeur, placide.

Ils hésitèrent. Grosny l’aurait bien fait déposer devant son ambassade, mais il n’ignorait pas que l’Iranien était en affaires avec le nouveau patron de l’Eden.

— Mets-le dans le fleuve, comme d’habitude, ordonna-t-il.

Cela laisserait planer le doute. Quant à la petite pute russe, il la terroriserait assez pour qu’elle jure que l’Iranien l’avait abandonnée à la sortie de l’Eden.


* * *

Malko, stationné dans Nepfurdô utça, avait assisté à l’arrivée du taxi. Et, vingt minutes plus tard, à la sortie des deux Tchétchènes, traînant un gros sac qui avait terminé dans le coffre du taxi de Ferencz Korvin. Il n’éprouvait aucun remords de l’avoir envoyé au massacre. Le Pasdaran avait tué de sang-froid un Tchétchène désarmé, sans compter ce qu’il avait pu faire dans le passé. La CIA savait qu’il avait été « interrogateur » à la sinistre prison d’Evin, à Téhéran, et qu’il s’y était fait remarquer par sa cruauté.

En tous cas, sa disparition apportait un répit indispensable à Malko.


* * *

Zakra n’avait pas fermé l’œil de la nuit. Elle se trouvait encore à l’Eden quand la Russe potelée — Swetlana — était revenue de sa brève sortie avec l’Iranien et ce que la fille lui avait raconté lui avait fait comprendre ce qui venait de se passer. En écoutant la respiration régulière de Pavel Sakharov, elle était morte de peur. Elle ne savait toujours pas qui il était réellement mais, dans l’ancienne Union soviétique, elle avait croisé beaucoup de « Pavel ». Capables de faire tirer à la mitrailleuse sur des femmes et des enfants, au nom du Parti. Déshumanisés.

Celui-là sortait bien du même moule… En plus glacial. Si jamais il se doutait de sa trahison, le sort de l’Iranien serait une partie de plaisir à côté du sien… Elle refrénait une furieuse envie de s’enfuir, quitte à perdre son futur passeport américain.

— A quoi penses-tu ?

La voix calme de Pavel lui envoya une telle décharge d’adrénaline dans les artères qu’elle fit un bond dans le lit. Elle le croyait endormi. Le Russe lui adressa un regard inquisiteur.

— Qu’est-ce que tu as ?

— Je faisais un cauchemar, bredouilla Zakra. Elle avait envie de crier à Pavel qu’elle ne voulait pas le trahir, qu’elle désirait seulement un beau passeport américain… Qui ferait d’elle un être humain à part entière.

— Dis-moi, fit le Russe, Swetlana avait l’air bien excitée hier soir. Qu’est-ce, qu’elle te racontait ?

Zakra crut qu’une main invisible lui comprimait le cœur. Ainsi, de son bureau, grâce aux caméras de télévision, Pavel l’avait observée. Elle avait une seconde pour répondre. Si elle disait « rien » et que la Russe parle, elle scellait son sort. Une fois, elle avait vu des Tchétchènes enfoncer de longues aiguilles dans les seins d’une « coupable » jusqu’à ce qu’ils ressemblent à des pelotes d’épingles.

— Il y a eu un incident, dit-elle. Grosny a vu que le type avec qui elle partait portait la montre de Stephan.

Pavel Sakharov ne fit aucun commentaire.

— Qu’a fait Grosny ?

— Il est parti avec ce type et un de ses copains. Je ne sais pas où.

— Tu diras à Grosny de venir me voir tout à l’heure, conclut Pavel Sakharov.

Mehdi Chimran raccrocha le téléphone, livide, le pouls à 130. Ainsi, Ishan Kambiz était mort ! Vraisemblablement assassiné. Un homme comme lui ne se jetait pas du dix-huitième étage sans qu’on l’y aide un peu. Ces salauds de Brésiliens, après tout le fric que l’Iran leur avait fait gagner, avaient étouffé le coup…

Un seul pays avait pu exercer des pressions suffisantes pour les faire taire : les États-Unis.

Donc, Mehdi avait en face de lui une manip de la CIA. Il avait dépêché à partir de Brasilia deux agents de la Savama qui avaient cuisiné le concierge de l’immeuble. Ils avaient pu ensuite pénétrer dans l’appartement. Tous ses papiers avaient disparu. Mehdi Chimran s’essuya le front. Aux yeux du gouvernement iranien, c’était lui le responsable financier de l’opération « Darius ». Lui qui avait signé le virement de cent millions de dollars à Ishan Kambiz. Qu’étaient-ils devenus ?

Il chercha à faire le point. Tout le ramenait à Budapest. C’était dans cette ville que Kambiz devait récupérer l’échantillon de plutonium 239 et que devait s’effectuer la livraison. Il n’ignorait pas non plus qu’il y avait une passerelle entre l’ambassade d’Iran à Budapest et leurs vendeurs potentiels. Donc, il devait coûte que coûte renouer le dialogue et fixer l’étendue des dégâts.

Il n’avait pas envie de prendre l’avion : trop repérable. Là où il se trouvait, à Istanbul où il était venu rencontrer le responsable du réseau turc des Hezbollah, il y avait des trains pour la Hongrie. C’était un moyen beaucoup plus discret que l’avion pour atteindre Budapest. Il se mit à rédiger un télégramme codé à transmettre aux Pasdarans de l’ambassade de Budapest. Mehdi Chimran arriverait par le train le lendemain soir et tenait à obtenir coûte que coûte un contact avec « l’autre côté ». Ils sauraient ce que cela signifiait.

C’est à contrecœur que Mehdi Chimran allait entreprendre ce voyage. L’Iran avait utilisé Ishan Kambiz pour éviter les contacts directs trop compromettants.

Chimran jouait avec le feu.

Si la CIA interceptait un Iranien membre proche du gouvernement en train d’acheter du plutonium 239 à un Russe, les conséquences seraient dramatiques pour son pays. Il avait le choix entre la peste et le choléra… Son télégramme achevé, il alla prendre un taxi pour se rendre au consulat d’Iran.

Grosny et Djokhar, les deux Tchétchènes meurtriers de Cyrus Tadjeh, se balançaient sur leurs baskets, mal à l’aise devant le regard glacial de Pavel Sakharov. A eux deux, ils auraient pu le mettre en pièces sans difficultés, mais mentalement, ils en étaient totalement incapables. Êtres frustrés, habitués à être pris en charge, ils se sentaient perdus en Hongrie, loin de leur Caucase natal. Le remplacement de Karim — musulman comme eux — par Pavel Sakharov ne leur avait fait ni chaud ni froid.

Il leur fallait toujours un chef.

— Comment avez-vous su qu’il s’agissait de l’homme qui avait tué vos frères ? interrogea le Russe de sa voix douce.

— On nous l’a dit, répondit spontanément Djokhar, sans réfléchir.

— Qui ?

— L’étranger qui se trouvait avec Zakra.

— Ça vous a suffi ?

— Non, se hâta de dire Grosny, on a vu qu’il portait la montre de Stephan.

Pavel Sakharov réfléchissait. Il se moquait comme de son premier knout de la mort de l’Iranien. Mais il voyait désormais les choses sous un angle différent. Ce qui n’était qu’une méfiance diffuse s’accrochait maintenant à un fait concret. La dénonciation du messager des Iraniens à Grosny — qui ne pouvait mener qu’à son élimination brutale — avait un but limpide… Le soi-disant bras droit d’Ishan Kambiz ne voulait pas qu’il entre en contact direct avec les commanditaires.

Il leva les yeux et dit avec sévérité :

— Ne mentionnez à personne cette affaire ou cette conversation. Je vais voir ce que je décide. Si je vous garde ou si je vous renvoie chez vous.

Les deux Tchétchènes tournèrent les talons. Blessés. Une vengeance était quelque chose de normal. De sain, même. On ne devait pas en être puni.

Resté seul, Pavel Sakharov alluma un cigarillo. Cherchant à faire le point. Pourquoi le bras droit de Kambiz voulait-il éviter tout contact entre lui et les Iraniens ? Une explication toute simple lui venait à l’esprit :

L’intermédiaire facturait aux Iraniens le plutonium 239 beaucoup plus cher qu’il ne le lui achetait. Seulement, comment Herr Mùller savait-il que les assassins de Stephan lui avaient volé sa montre ? Et comment avait-il pu l’identifier ?

Zakra.

C’était la seule personne à pouvoir être au courant de ce détail et à être en contact avec Mùller. Il se frappa le front. Même pas ! Karim Nazarbaiev n’avait jamais vu le cadavre de Stephan. Donc, Mùller tenait cette information des Iraniens eux-mêmes.

Ce qui était plutôt rassurant. Un intermédiaire soucieux de préserver sa commission, même par des méthodes brutales, n’inquiétait pas Pavel Sakharov. Seulement, il ne pouvait demeurer dans le doute. Il appuya sur le bouton de son interphone.

— Gregor, j’ai besoin d’un service, annonça-t-il.

— Pas de problème, affirma l’Ukrainien dégingandé, ancien bras droit de Karim, passé sans états d’âme au service de Pavel.

— Il faut un contact avec les Iraniens.

— Je vais demander à Grosny… proposa l’Ukrainien.

Pavel le coupa.

— Non. Il y a eu un problème.

— Bien, je vais aller dans Vâci utça, fit l’Ukrainien. On va essayer de trouver le type qu’il faut.

— Parfait, approuva Sakharov. C’est urgent et je tiens à le voir moi-même. Je t’attendrai au café Anna, au début de la rue. Dans une heure.

Lorsque Gregor fut sorti, Pavel Sakharov prit son manteau de cuir et glissa dans la poche son Makarov automatique. Il valait mieux être prudent.


* * *

Alan Spencer était confronté à un dilemme délicat. Les télex en provenance de Langley s’amoncelaient sur son bureau. La centrale de renseignement abjurait l’Américain de mettre les services hongrois dans le coup et de procéder à un coup de filet sur la mafia russe.

— C’est idiot, objecta Malko. Il n’y a aucune charge sérieuse contre ce Pavel Sakharov. Et il n’est sûrement pas seul. Nous devons mener l’opération jusqu’au bout.

— Vous garantissez que l’on trouvera le plutonium 239 ?

— Logiquement, oui, affirma Malko. Zakra travaille pour moi maintenant. Je serai prévenu en cas de changement important.

— Elle peut se retourner à nouveau.

— C’est un risque, mais nous bénéficions d’une conjoncture géniale. Acheter du plutonium avec l’argent des ayatollahs.

— Vous jouez avec le feu, remarqua l’Américain. S’ils s’aperçoivent de quelque chose, ils vous liquideront. Il se leva.

— Je repars à l’hôtel.

Il était à peine arrivé au Hilton que le téléphone sonna. C’était Zakra.

— Il y a du nouveau, annonça-t-elle. Pavel essaie de joindre à nouveau les Iraniens.

Le vrai risque.

— Essaie d’en savoir plus.

La Kirghize avait déjà raccroché. Il ne restait plus qu’à attendre. Et à prier.


* * *

Tout en haut de la rue Vâci, juste avant la place Vôrôsmarty, le café Anna était jadis fréquenté par la bonne société hongroise. Maintenant, il était envahi par les changeurs arabes qui venaient y faire leurs comptes. Pavel Sakharov attendait devant l’étalage peu ragoûtant du libre-service.

Son cœur battit légèrement plus vite lorsque Gregor, accompagné d’un homme jeune de type moyen-oriental, poussa la porte du café et vint le rejoindre.

Gregor s’éloigna discrètement et l’inconnu s’assit.

— Je m’appelle Ali, annonça-t-il. On m’a transmis votre message. Cela tombe bien. Quelqu’un de notre organisation souhaite vous rencontrer.

— Qui ?

— Je n’ai pas le droit de vous dire son nom, mais il a un rang très élevé.

— Où ?

— Ce soir, à la gare de l’Est.

— Pourquoi à la gare de l’Est ? demanda le Russe, surpris.

— Il arrive de Turquie par le train.

— Comment vais-je le reconnaître ?

— Je vous accompagnerai, fit l’Iranien gonflé de son importance. Il faut être là-bas à huit heures.

— J’y serai, annonça le Russe en se levant. Il allait enfin savoir si Herr Mùller se moquait de lui.

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