Chapitre 12
Arthur avance avec rage sur cette pelouse aux allures de jungle. Il shoote dans toutes les pierres qu'il croise, tellement il a besoin de se libérer de sa frustration.
- Ça ne sert à rien de courir après lui comme ça ! Il est trop loin maintenant ! lance Sélénia avec dépit.
- En plus, à chaque fois qu'il fait un pas, il nous faut en faire cent ! ajoute Bétamèche qui s'effondre par terre, terrassé par la fatigue.
Arthur enrage, mais il doit se rendre à l'évidence, marcher ainsi ne mènera à rien et seule la réflexion le sortira peut-être de cette impasse.
- Il faut qu'on trouve une solution ! dit-il en se mettant à tourner en rond, comme une souris sur sa roue.
- Et vite ! Avant que M le maudit ne résolve les problèmes à sa manière ! ajoute Sélénia qui s'est elle aussi mise à tourner en rond, dans l'autre sens.
- Il nous faut trouver un produit qui fasse grandir ! résume Arthur en se frottant la tempe. Trouver le produit ou fabriquer le produit ! Mais pour le fabriquer, il faudrait déjà en connaître la composition ! Je suis sûr qu'Archibald doit avoir ça dans l'un de ses livres. Il faut donc retourner au bureau ! Allons-y !
- Arthur, sois réaliste ! Ta voiture est inutilisable, tu vas mettre des heures à remonter jusqu'en haut ! s'écrie la princesse.
Le petit garçon de deux millimètres regarde sa maison au loin, elle ressemble à une montagne inaccessible. La princesse n'a pas tort, mais les Bogo-Matassalaïs ont fait de lui un vrai guerrier et il ne peut se résoudre à cesser le combat.
- Je ne peux pas rester là sans rien faire, Sélénia ! Je ne peux pas attendre les bras croisés que M envahisse mon monde et le détruise ! s'exclame Arthur qui sent le désespoir le submerger.
- J'ai peut-être une solution ! annonce timidement la princesse.
L'espoir renaît immédiatement dans les yeux du jeune garçon.
- Miro m'a parlé un jour de ce produit en cours de science. J'étais d'ailleurs la meilleure élève ! dit-elle fièrement.
- J'en suis sûr ! répond Arthur, impatient d'entendre la suite.
- C'est une sorte de liquide, épais comme une pâte, très puissant, à base de sélénielle. Si ma mémoire est bonne, il n'y a qu'une seule personne qui soit capable de le fabriquer...
Arthur tombe en arrêt, comme un lapin devant une carotte.
- La reine des abeilles ! dit enfin la princesse pour mettre fin au suspense.
Arthur semble un peu déçu car négocier avec la reine des abeilles lui paraît aussi compliqué que d'aller sur la lune.
- On a plus vite fait de remonter au bureau et de consulter les livres ! Comment veux-tu faire pour aller voir la reine d'une ruche qui se trouve Dieu sait où ?
Sélénia lui lance un petit sourire et fixe ses jolis yeux sur ceux d'Arthur.
- Pour une fois, c'est toi qui vas me faire confiance ! lui dit-elle avec assurance.
Rose se réveille doucement. L'odeur du marshmallow que son mari agite sous son nez a fini par agir.
- Oh ! Du nougat ! comme c'est gentil ! dit-elle en apercevant la friandise.
Qu'elle puisse confondre la forme d'un nougat et celle d'un marshmallow n'étonnera personne puisqu'elle est myope comme une taupe, mais confondre ces deux friandises, à l'odeur si différente, est inquiétant. Maltazard a dû lui taper un peu trop fort sur la tête et lui déranger les sens. Rose attrape le marshmallow et le dévore avec gourmandise.
- Mmmm ! C'est tellement bon les nougats ! dit-elle en se léchant les babines, confirmant ainsi que ses sens sont sérieusement perturbés.
Maltazard a trop secoué la bouteille.
Armand lui met gentiment une compresse froide sur la tête, comme s'il mettait une couronne sur une tombe.
- Repose-toi, ma chérie ! dit son mari en l'obligeant à s'allonger à nouveau.
Rose sourit et se laisse dorloter.
- Où est Arthur ? demande-t-elle alors en toute innocence.
L'avoir à ses côtés, dans un moment aussi délicieux, la rapprocherait davantage du paradis.
- Il... il est dans sa chambre ! balbutie le père, aussi convaincant qu'un arracheur de dents.
- Dis-lui qu'il fasse bien ses devoirs et qu'il vienne me les montrer ! répond la mère, totalement déconnectée de la réalité.
Armand en est abasourdi.
- Euh... bien sûr ! J'y vais de ce pas ! dit-il en quittant la maison pour le jardin, comme si c'était entre deux pommiers qu'il allait trouver la chambre de son fils.
Comme d'habitude, le hasard fait bien les choses. Armand a eu raison d'aller dans le jardin pour y chercher son fils, car il passe à quelques centimètres de lui.
Malheureusement pour Arthur, les centimètres se comptent en kilomètres au pays des Minimoys et il ne perd même pas son temps à appeler son père, tant il sait que ses cris ne seront pas entendus. Arthur est au milieu d'un coquelicot et agite les pistils de toutes ses forces.
- T'es sûre que ça marche ? demande l'enfant à Sélénia, assise sur le pétale supérieur.
- Ça marche à tous les coups ! assure la jeune fille qui guette l'horizon, comme un aigle en haut d'une cime.
Arthur continue de secouer ces pistils comme de vulgaires pruniers. Bétamèche apparaît, les bras chargés d'œufs de libellule. Il s'assied à côté de sa sœur et commence à dévorer.
- T'as déjà vu un lapin résister à une carotte ? demande- t-il à Arthur.
-... Non.
- Un poussin résister à un asticot ?
- Non.
- Une chenille résister à une feuille de chou ?
- Non.
- Un gamoul résister à des criquets-croquants ?
- Euh... vraiment non !
- Eh bien tu ne verras jamais une abeille résister à une belle fleur comme celle-ci ! conclut Bétamèche avant de se couper lui-même la parole en se remplissant la bouche de friandises.
La princesse sourit légèrement, non pas à la blague de son frère, mais parce qu'elle vient de repérer ce qu'elle attendait depuis cinq minutes.
L'abeille vient droit sur la fleur et ralentit comme un gros hélicoptère en phase d'approche. Les battements de ses ailes sont surpuissants et Arthur a bien du mal à résister à ce souffle violent. Il se tient aux étamines comme il peut.
L'abeille fait du surplace dans les airs et commence son opération de pompage. Sélénia lui saute alors sur le dos et s'agrippe aussitôt d'une main aux poils que l'animal a sur le cou. Bétamèche finit sa dernière bouchée et imite sa sœur.
- Qu'est-ce que je fais maintenant ?! hurle l'enfant pour couvrir le bruit infernal de cette usine volante.
- Quand elle sera pleine, elle va descendre un peu avant de prendre son virage ! C'est à ce moment qu'il faudra sauter ! explique Sélénia en haussant la voix.
Arthur dit bêtement « oui » de la tête alors que tout son corps a envie de crier « non ». Mais l'abeille a déjà fini sa mission. L'énorme pompe se retire et l'animal s'affaisse légèrement, comme l'a prévu Sélénia.
- Maintenant !! lui hurle la princesse.
Il y a des fois où il ne vaut mieux pas réfléchir si l'on veut faire quelque chose, surtout quand c'est une bêtise. Arthur remplit ses poumons d'air, pousse un grand cri pour se donner du courage et part en courant en direction du vide. Imaginez- vous en train de courir et de sauter d'une falaise pour rattraper un hélicoptère, et vous serez proche de la vérité.
Arthur atterrit sur le duvet moelleux de l'abeille. Moelleux mais glissant, et le voilà qui s'apprête déjà à rejoindre le plancher des vaches. Heureusement, Sélénia le rattrape de justesse par le col et l'aide à se mettre derrière elle. Arthur se serre contre elle de toutes ses forces, comme un naufragé agripperait un morceau de bois.
- Eh ?! Ne profite pas de la situation pour mettre tes pattes partout ! s'exclame la princesse en lui tapant sur la main.
- Excuse-moi, je... je ne voulais pas ! assure le petit garçon, trop jeune et trop respectueux pour avoir ce genre de mauvaises pensées.
Bétamèche éclate de rire.
- Enroule ta main autour d'un poil et tu seras plus solidement fixé qu'un arbre dans la terre ! confie Bétamèche.
Arthur s'exécute, mais laisse son autre bras autour de la taille de Sélénia.
- Voilà qui est plus convenable ! concède la princesse, toujours aussi soucieuse du protocole. Maintenant il n'y a plus qu'à espérer que madame l'abeille soit en fin de tournée, sinon elle va s'arrêter sur toutes les fleurs qui sont sur le chemin de la ruche.
Elle est toujours là cette belle ruche, accrochée à une branche du gros chêne qui la protège, mais le visiteur qui s'en approche n'est pas Arthur. C'est Maltazard. Heureusement, notre vilain n'a que faire de ce pot de miel ambulant et il passe dessous, sans même daigner lever les yeux sur elle. Ce qui l'intéresse est un peu plus loin. C'est une petite mare, glauque, nauséabonde et peu accueillante. Maltazard sourit, comme s'il était chez lui. Il soulève sa cape et récupère un petit tube, qu'il débouche avec précaution. C'est un morceau de bambou finement ciselé et tressé de lanières de cuir. Il jette un coup d'œil à l'intérieur. Au fond du tube, on aperçoit, entassés les uns sur les autres, une cinquantaine de séides, probablement les seuls rescapés du naufrage. Souvenez-vous, lors de l'inondation qu'Arthur a provoquée et qui avait coûté son royaume à Maltazard, le vilain était parvenu à s'enfuir avec quelques séides, les plus valeureux, les fidèles parmi les fidèles qui formaient, à l'époque, sa garde rapprochée.[7]
Cette poignée de séides ne l'avait jamais quitté et lui vouait une dévotion sans limites.
- Allez, mes doux agneaux ! Vous allez enfin prendre un peu l'air ! leur dit-il, comme s'il s'adressait vraiment à des moutons.
Maltazard s'approche de cette affreuse mare et vide le contenu du tube, c'est-à-dire son troupeau de séides, dans ce bout de marécage. Puis il débouche la petite fiole que lui a donnée Archibald et la brandit au-dessus de sa tête.
- L'heure de la vengeance a sonné ! annonce-t-il solennellement.
A la surface de la mare, les guerriers séides n'ont pas perdu de temps. Chacun a attrapé un jeune moustik et lui a sauté sur le dos. Ces hommes sont tellement aguerris qu'il leur faut à peine quelques secondes pour les maîtriser totalement. De plus, le jeune moustik qui, comme chacun sait, naît à la surface de l'eau, traverse toujours une période délicate au moment de sa croissance. Il est suffisamment formé pour tenir sur l'eau, mais pas assez musclé pour décoller de la surface. C'est ce petit moment de fragilité que les séides exploitent, suivant ainsi à la lettre la doctrine de leur maître qui conseille toujours d'attaquer son ennemi tant qu'il est encore faible.
- Que la déesse de la forêt soit avec nous ! lance-t-il, majestueusement.
C'est plus par habitude qu'autre chose puisqu'il ne croit en rien ni en personne, pas même en cette fameuse déesse. Il verse lentement le produit dans la mare, jusqu'à la dernière goutte, et jette négligemment la fiole par-dessus son épaule.
Pendant quelques secondes, rien ne se passe et Maltazard commence à s'inquiéter. Archibald lui aurait-il encore joué l'un de ses mauvais tours et remplacé le bon produit par un jus quelconque ? C'est mal connaître le vieil homme, qui n'a qu'une parole et la tient toujours.
L'eau commence à bouillonner et des formes apparaissent à la surface. Les séides et leurs montures grandissent à une vitesse hallucinante, cent fois plus vite qu'un soufflé au fromage. Les pattes des moustiks se déplient, comme des échasses géantes. Les muscles des séides grossissent comme des ballons qu'on gonfle. En quelques secondes, ces attelages, qui mesuraient à peine quelques millimètres, ont maintenant la taille d'un hélicoptère et c'est une véritable escadrille de combat qui stationne maintenant au-dessus de la mare. Le battement énergique des ailes des moustiks ride toute la surface de l'eau. Le bruit est assourdissant et la forêt se vide de tous ses habitants, terrorisés par cette invasion.
Maltazard peut arborer un sourire de satisfaction. Il a de nouveau son armée préférée devant lui. Certes, elle est un peu diminuée si on la compare à la grande époque, où des milliers de séides se dressaient en légions devant lui, mais les temps changent et cette armée de mercenaires qui s'aligne sous ses yeux fera l'affaire, dans un premier temps. Car Maltazard n'a évidemment pas l'intention de s'arrêter là. Il n'est pas venu pour terroriser la forêt ou pour effrayer quelques paysans locaux. Il est là pour envahir ce nouveau monde, pour le dominer. Mais pour assouvir cette ambition, il lui faudra nécessairement une armée beaucoup plus importante. Mais chaque chose en son temps.
« Ne mangeons pas les bœufs avant qu'ils aient tiré la charrue ! » se dit Maltazard, sans savoir qu'il modifie copieusement le sens de ce magnifique proverbe minimoy. L'original est bien plus profond et le conseil n'avait d'ailleurs pas hésité à l'inscrire à la page dix du grand livre.
En effet, le proverbe dit : « On ne met pas les bœufs avant la charrue, mais à l'arrière avec une ceinture, comme pour les enfants. » Ce qui n'a pas grand-chose à voir avec la version de Maltazard, ni même avec celle qu'Archibald avait un jour confiée au roi. Je vous la livre également : « On ne met pas la charrue avant les bœufs. »
Même si cette version nous semble, à nous humains, plus logique et familière, elle n'avait aucun sens au pays des Minimoys. Archibald, à l'époque, avait cherché à comprendre par quel miracle linguistique ce proverbe avait pu à ce point être déformé. La réponse était dans l'orthographe : les « bœufs » que nous connaissons sont totalement inconnus des Minimoys. Par contre, l' « ébeuh », lui, est un petit animal de compagnie connu de tous. Il est de petite taille, avec une fourrure soyeuse qui change de couleur sans arrêt. Quand on le secoue un peu, il émet un bruit de grelot et fait ainsi la joie des enfants. En revanche, l'ébeuh a la santé fragile et s'enrhume facilement, c'est pour ça qu'il est conseillé de le laisser à l'arrière de la charrue, avec les enfants. Et comme il est aussi très léger, il est donc fortement recommandé de l'attacher.
Voilà pour l'explication... Revenons maintenant à la mare.
Une cinquantaine de séides, chevauchant leurs moustiks, flottent au-dessus du marécage, pour la plus grande fierté de leur souverain et maître. Un séide amène un moustik à Maltazard qui l'enfourche immédiatement.
Il semble ravi de retrouver sa monture favorite. Il teste un peu les réactions de l'animal, prend ses marques et impose sa présence. Le moustik se plie rapidement aux exigences de son maître.
Maltazard lève les bras, surtout celui qui porte sa pince.
- Mes chers séides ! Nous voilà à nouveau réunis, pour mon plus grand plaisir !
Le souverain fait une légère révérence et les séides du premier rang applaudissent. Mais le ronflement des ailes des moustiks est tellement fort qu'il couvre tout. Les séides du dernier rang de l'escadrille commencent à se plaindre.
- Qu'est-ce qu'il dit ? On n'entend rien ! hurle l'un d'entre eux à son voisin.
- Rien de spécial ! Le speech habituel ! répond ce dernier en haussant les épaules.
Heureusement, Maltazard n'est pas au fait de ces discussions internes, car il a déjà tué pour moins que ça.
- Mes chers guerriers ! Suivez-moi et je vous conduirai à la victoire ! hurle-t-il soudain, aussi convaincant que Jeanne d'Arc.
Un élan de ferveur traverse les rangs et les séides brandissent aussitôt leurs armes en hurlant. Maltazard laisse éclater sa joie et s'envole à travers la forêt, suivi par son armée de monstres volants.
Marguerite est sur le perron de sa maison, le visage crispé et l'oreille tendue. Elle entend distinctement ce bourdonnement inquiétant qui s'élève au-dessus de la forêt, mais ne parvient pas à en déterminer l'origine.
- Qu'est-ce qui peut donc faire un bruit aussi désagréable ? demande la grand-mère à son mari qui la rejoint.
Archibald ne peut pas vraiment lui répondre, même s'il se doute bien que Maltazard ne doit pas être étranger à ce tohu- bohu.
- Ça doit être monsieur Rigot qui laboure son champ. Il a acheté un tracteur tout neuf. Il paraît qu'il dort dedans, plaisante Archibald, qui cherche à noyer le poisson.
Mais le vieil homme est un piètre menteur et sa femme le sait bien.
- C'est gentil de vouloir toujours me protéger ainsi, mais j'ai dû survivre pendant trois ans sans toi. J'ai appris à me défendre. Je suis forte maintenant, tu sais ?
Elle dit ça tellement gentiment qu'Archibald se sent idiot d'avoir menti. Il lui passe le bras autour des épaules.
- Excuse-moi, Marguerite. Je fais un peu le clown parce que la vérité est parfois dure à accepter. Alors, elle passe mieux quand elle est enrobée d'un petit mensonge.
- La vérité ne me fait pas peur, Archibald, et elle ne tue jamais l'espoir.
- Tu as raison, soupire le vieil homme. Je pense que ce bruit effroyable est l'œuvre de Maltazard. Je ne sais pas exactement ce qu'il prépare, mais c'est forcément un mauvais coup, ajoute-t-il, avec franchise.
Marguerite encaisse cette mauvaise nouvelle sans broncher.
- Et mon petit Arthur. Tu sais où il se trouve ?
Archibald n'en a pas la moindre idée.
- Probablement quelque part dans le jardin, en train de courir après Maltazard.
Marguerite vacille sur ses jambes. Même si la vérité est toujours bonne à dire, elle est parfois lourde à porter. Archibald soutient sa femme, pour l'empêcher de défaillir.
- Mais tu connais notre petit Arthur, il n'y a pas plus vaillant que lui et je suis sûr qu'il va nous revenir de cette aventure encore plus fort qu'auparavant !
Marguerite pousse un grand soupir et décide d'être positive.
- Je vais aller dans la cuisine lui préparer une tarte au chocolat pour fêter son retour.
- Voilà une excellente initiative ! répond son mari en lui déposant un baiser sur le front.
La vieille femme s'éloigne vers ses fourneaux, d'un pas lent qui trahit sa fatigue et son émotion. Archibald se tourne vers la forêt et scrute cet épais manteau végétal qui camoufle tant de secrets.
- Arthur, où diable peux-tu bien être ?! chuchote le vieil homme, le visage inquiet.