Chapitre 16
Archibald entre dans son grenier qui fait office de bureau, de boudoir et, maintenant, de mur des lamentations. Le pauvre homme est abattu et semble même avoir rétréci, tellement sa tristesse est grande. Son petit-fils est toujours porté disparu et il n'y a rien au monde qui le chagrine davantage. Arthur c'est son rayon de soleil, sa joie de vivre. C'est le souvenir permanent de ce qu'il était, un petit garçon turbulent et plein de vie, bouillonnant d'énergie à chaque seconde, s'émerveillant de tout et surtout prêt à toutes les aventures. Mais Archibald est toujours revenu sain et sauf de ses jeux d'enfants. Arthur, lui, est parti pour une aventure d'une autre dimension. Ce n'est pas un jeu auquel il est en train de participer, c'est une guerre.
Archibald se laisse tomber dans son fauteuil et pousse un grand soupir. Il tient entre ses doigts le wagon du train électrique qu'il a trouvé par terre. Le jouet est complètement éventré et Archibald secoue la tête en souriant. Comment peut-il mettre ses jouets dans un tel état ? se demande-t-il, presque admiratif.
Il rassemble les morceaux du toit déchiqueté et cherche son pot de colle à maquette. Mais quelque chose l'intrigue à l'arrière du wagon. Un objet qu'il n'avait jamais remarqué. Archibald saisit sa loupe et l'approche du balcon situé à l'arrière du wagon. Il y découvre, assis les jambes dans le vide, Darkos. Ce dernier semble complètement éteint. On dirait
Bourriquet, le fidèle ami de Winnie l'ourson, tellement il a l'air déprimé.
- Que fais-tu là, Darkos ? lance Archibald, nullement inquiet, vu leur différence de taille.
Mais c'est précisément cette différence de taille qui pousse Darkos à se mettre les mains sur les oreilles.
- C'est pas la peine de hurler comme ça !! Je ne suis pas sourd !! hurle ce dernier qui a soudain retrouvé sa vigueur.
- Quoi ? J'entends rien ! répond Archibald en tendant l'oreille.
En voilà deux qui avaient déjà du mal à communiquer avant et c'est pas parti pour s'arranger.
Le grand-père réfléchit une seconde, fouille dans un tiroir, sort un micro, le branche à un ampli et le pose juste devant le wagon.
- Vas-y, parle ! chuchote Archibald. Parle dans la machine !
Darkos s'approche du micro avec réticence et tape dessus. Un bruit assourdissant envahit aussitôt la pièce, comme un écho en pleine montagne.
- Tu m'entends ?! hurle soudain Darkos.
Archibald fait un bond en arrière en se tenant les oreilles.
- Tu m'appelles ? demande Marguerite, probablement allongée dans la chambre voisine.
- Euh... non, mon cœur ! Tout va bien ! Je... je faisais des essais de microphone ! explique Archibald, tout en baissant le niveau de l'amplificateur. Qu'est-ce que tu fais là ? demande- t-il à voix basse à Darkos.
- Je ne sais pas ! répond Darkos en haussant les épaules. J'ai suivi Arthur et Sélénia. Je voulais leur faire la peau et puis mon père est arrivé et... m'a abandonné une nouvelle fois !
Le guerrier a l'air bien déprimé et il n'en faut pas davantage pour attendrir un petit grand-père comme Archibald.
- Sais-tu où est Arthur maintenant ? demande-t-il gentiment.
- Il est parti chez la reine des abeilles lui demander de la liqueur de miel, afin de grandir et pouvoir courir après mon père ! annonce Darkos sans enthousiasme.
Archibald comprend mieux la situation. Arthur fait tout pour empêcher Maltazard de nuire. Il est probablement venu jusqu'au bureau pour attraper la fiole, mais M a été plus rapide que lui.
- Exactement ! confirme Darkos. Il voulait boire le contenu de la fiole pour retrouver sa vraie taille.
- Maltazard va sûrement aller en ville et la mettre à feu et à sang, murmure Archibald, en se rongeant déjà les sangs. Il faut que je fasse quelque chose ! Je ne peux pas laisser Arthur se battre seul contre ce monstre ! s'exclame le grand- père en se levant tout à coup.
Il attrape son fusil de chasse, qui pend au mur depuis des siècles, se coiffe d'un magnifique casque colonial et s'apprête à sortir, aussi ridicule qu'un acteur d'opérette.
- Archibald ! crie Darkos dans le microphone.
Archibald sursaute et le coup part tout seul. Le lustre tombe à ses pieds comme un oiseau foudroyé en plein vol. Archibald regarde son tableau de chasse avec embarras.
- Qu'est-ce que tu fabriques ? hurle Marguerite, toujours allongée dans la chambre voisine.
- C'est rien ! Je fais un peu de ménage !! répond Archibald.
- Il serait temps ! lance la grand-mère, de l'autre côté mur.
Darkos s'est rapproché du micro.
- Archibald, laisse-moi t'aider ! Je connais Maltazard par cœur, ses défauts et ses faiblesses. Je peux t'être utile. Laisse- moi passer dans ton monde et je t'aiderai à le mettre hors d'état de nuire.
Archibald revient à son bureau et s'assied. La proposition est alléchante. C'est vrai qu'un guerrier comme Darkos ferait de l'effet au sein d'une armée qui ne compte qu'un vieillard et un enfant. Mais comment être sûr qu'il ne s'agit pas, une fois de plus, d'une ruse de guerrier, justement. Comment lui faire confiance ? Une fois qu'il mesurera deux mètres, qui pourra l'empêcher de rejoindre son père et de s'allier à nouveau à lui ? Leurs forces conjointes deviendraient une arme redoutable et personne ne pourrait plus les empêcher de détruire le monde.
- Je n'ai jamais eu envie de dominer le monde et encore moins de le détruire ! lâche Darkos en baissant les yeux. Ce que je voulais, moi, c'était pouvoir jouer avec mes copains, comme tous les enfants de mon âge, mais mon père m'en a toujours empêché. Il me disait sans arrêt que j'étais d'une race supérieure et que je ne pouvais pas me mêler aux autres, que de hautes fonctions m'attendaient et que je devais dès à présent m'y préparer. Mais ses espoirs n'étaient pas les miens. Moi je voulais juste être comme tout le monde et faire partie de cette grande famille.
Archibald ne s'attendait pas à de tels aveux et il est au bord des larmes.
- Je dois parler à mon père, lui faire comprendre que le chaos et la destruction ne lui amèneront jamais la paix. On ne soigne pas la douleur par la douleur. Je dois le lui dire, et je le combattrai s'il ne veut pas entendre raison.
Archibald saisit sa loupe, la rapproche de Darkos et l'observe un long moment.
- Je vais te faire confiance, car chacun d'entre nous mérite d'avoir une chance de se racheter. Mais si jamais tu me mens et que tout ceci n'est qu'un piège, le ciel te punira ! menace le vieil homme.
- Je préférerais mourir de honte plutôt que de te trahir, répond Darkos, en bon guerrier qu'il est.
Archibald prend alors un livre sur l'étagère et plonge la main dans le trou qu'il a laissé. Il ressort une deuxième petite fiole, identique à la première.
- Tu... tu avais caché une autre fiole ? bégaye Darkos, impressionné par ce tour de magie.
- Eh oui ! fait Archibald en souriant. J'ai appris à connaître ton père pendant ces longues années de prison qu'il m'a fait subir. Je sais maintenant qu'il ne faut jamais le sous-estimer et toujours être prévoyant.
Archibald arrache le bouchon de cire qui ferme la petite bouteille et pose celle-ci sur la table. Darkos passe du wagon au rebord de la fiole et saute à pieds joints à l'intérieur. Il lui suffit maintenant de boire tout ce qu'il peut.
De petits éclairs apparaissent dans la fiole, comme au milieu d'un nuage lointain. Darkos s'empiffre et gonfle à vue d'œil. En quelques secondes, il est trop gros pour tenir dans la fiole et il la fait éclater en mille morceaux. Son corps se déplie et se détend comme une montgolfière.
Sa tête écarte maintenant les poutrelles qui soutiennent le toit. Darkos mesure deux mètres soixante. On dirait un taureau avec une armure, aussi poilu qu'un porc-épic. Archibald, la bouche entrouverte et la tête en l'air, tente d'apercevoir le visage de Darkos, coincé entre les poutres.
Le grand-père se demande, en voyant le monstre qu'il a libéré, s'il n'a pas fait la plus grosse bêtise de toute sa vie. Darkos se dégage des poutres, s'avance vers le vieil homme et se penche sur lui. Des gouttes de sueur perlent déjà sur le front d'Archibald. Darkos lui fait un beau sourire qui laisse entrevoir sa formidable dentition, à faire pâlir un requin blanc.
- Alors ?... on y va ? lui dit gentiment le guerrier.
Archibald est soulagé. Darkos a changé de taille, mais pas de comportement et le vieil homme se félicite de lui avoir fait confiance jusqu'au bout.
- Et maintenant, comment faire pour quitter cette maison « discrètement » ! s'inquiète Archibald, qui aurait sûrement préféré sortir un éléphant d'un magasin de porcelaine.
Arthur aussi va avoir du mal à rester discret, sa voiture est la seule à circuler encore sur cette route que tout le monde a fuie depuis longtemps. Au loin, on voit la fumée qui s'élève de la ville. Une fumée bien noire dans laquelle apparaissent, de temps à autre, de gigantesques moustiks qui sillonnent le ciel comme des avions de guerre en pleine mission.
Arthur n'en croit pas ses yeux. La destruction du monde a déjà commencé, et, malgré son courage, il ne voit pas bien comment il va s'y prendre pour arrêter tout ça. Il devrait commencer par se demander comment il va bien pouvoir arrêter sa voiture parce que, visiblement, elle n'a déjà plus de freins. Le garagiste lui répondrait sûrement que ce n'est pas de sa faute, puisqu'on lui a demandé de réparer la calandre et pas de s'occuper des freins. Il l'aurait fait avec plaisir, puisque tout travail qui lui permet de gonfler la facture lui procure un plaisir extrême.
Arthur a beau appuyer sur la pédale de freins, rien n'y fait. La voiture fonce vers la ville, comme un aigle sur une souris et plus l'aigle se rapproche, plus la souris lui paraît grosse, aussi grosse qu'une montagne.
Le jeune garçon pénètre dans un épais nuage tout noir et déboule en ville à la plus grande surprise des séides. Il percute quelques moustiks au passage et met le désordre dans la cohorte. Maltazard, du haut de son moustik, s'inquiète aussitôt de cette poche de résistance. Il montre la voiture du doigt et donne ordre de l'intercepter. Une dizaine de moustiks se mettent aussitôt en travers de la route pour bloquer la trajectoire du véhicule. Arthur aimerait sûrement les éviter, mais sans freins c'est difficile, et il rentre dans le tas comme une boule dans un jeu de quilles.
L'escadrille est en miettes, tout comme l'avant de la voiture fraîchement réparé. Mais dans son malheur, Arthur a de la chance, puisqu'il termine sa course en s'emplafonnant dans la vitrine du fameux garage « Surcouf », qui mérite bien son nom, puisque son propriétaire est un pirate. Son père aura le dépannage en moins à débourser, vu que sa voiture est montée directement sur le pont roulant.
Deux autres moustiks se postent aussitôt devant le garage éventré. Les séides cherchent du regard une âme qui vivrait encore dans cet amas de tôle et de verre. Mais plus rien ne bouge, à part un vieux néon qui pendouille et couine régulièrement. Pas de trace d'Arthur à l'intérieur. Normal, il est déjà sur le toit, en train de s'approcher du bord, juste au-dessus des deux moustiks. Le jeune garçon prend son courage à deux mains et saute sur l'une des montures, juste derrière le conducteur. Le choc surprend l'animal qui se cabre et assomme son pilote contre une poutre.
- Merci ! dit Arthur qui n'en attendait pas tant.
Il prend la place du conducteur, saisit les rênes et s'échappe aussitôt.
Maltazard a vu toute la scène et il lance son meilleur escadron à la poursuite de l'enfant.
Arthur n'a pas trop perdu la main. Le moustik c'est comme la bicyclette, ça ne s'oublie pas, et, après quelques figures aériennes, il est comme un poisson dans l'eau. Les autres moustiks lui collent au train, sans le lâcher d'une semelle. Arthur en profite pour éviter les obstacles au dernier moment, pour être sûr que ses poursuivants se les prennent en pleine figure. Arthur connaît bien la ville et c'est plutôt un avantage. Il sait, par exemple, que de l'autre côté de la grange du maire, ce n'est pas le ciel bleu qu'on aperçoit, mais le panneau d'une publicité pour un insecticide. Il traverse donc la grange et vire à gauche brusquement. Pas le moustik qui le suit, qui s'encastre dans le ciel bleu, juste à l'emplacement du jet d'insecticide dessiné sur le mur. « Tuez les tous ! » précise la publicité qui peut maintenant se vanter d'être en relief.
Arthur a sorti son épée magique et il passe maintenant dans le clocher de l'église, toujours poursuivi par un escadron de moustiks. Il coupe l'attache de la cloche et plonge immédiatement vers le sol. La corde se rompt, la cloche se détache du clocher et tombe en direction de l'autel. Arthur se précipite dans l'église dont les portes sont grandes ouvertes. Un séide le suit et sort son épée, prêt à massacrer ce petit prétentieux qui nargue ainsi les troupes. Évidemment, il n'a pas vu arriver la cloche qui lui tombe dessus. Le voilà emprisonné aussi efficacement qu'un camembert dans une cloche à fromages. Arthur quitte l'église à toute allure, si vite qu'il provoque un courant d'air qui fait claquer toutes les portes. Les trois moustiks qui le suivent en font les frais : ils se fracassent sur l'énorme portail en chêne.
Maltazard sourit de l'agilité de son adversaire. Il aime la compétition, car « à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ». Il se laisse même aller à applaudir son rival, avant de lancer une nouvelle escadrille à sa poursuite.
Arthur reprend son souffle et part affronter de nouveaux pièges. Pourra-t-il tenir longtemps à ce rythme-là ? Probablement pas et c'est exactement ce qu'escompte Maltazard. Il laisse son ennemi s'épuiser pour pouvoir porter lui-même le coup de grâce. Arthur est vaillant, mais encore trop jeune pour comprendre le piège qui lui est tendu.
Maltazard, telle une araignée, a tissé sa toile et regarde sa proie se débattre jusqu'à l'épuisement. Il pourra bientôt la dévorer à sa guise.
Archibald a bien fait de sortir par l'arrière de la maison car si jamais quelqu'un aperçoit Darkos, on risque une nouvelle distribution de syncopes. Le pauvre guerrier est obligé d'avancer un peu courbé, s'il ne veut pas toucher l'auvent qui entoure la maison. Ce qui le fait d'ailleurs un peu râler. A quoi bon avoir une taille aussi imposante s'il ne peut pas s'en servir ?
- Chaque chose en son temps ! murmure Archibald. Tâchons déjà d'éviter Armand et on gagnera du temps !
Le Armand en question est dans le salon où il s'acharne sur le téléphone.
- Allo ? mais répondez, enfin ?!
Il ne risque pas de joindre quiconque car Maltazard et son armée ont depuis longtemps fait sauter le central téléphonique.
Archibald et Darkos profitent de son entêtement pour passer sous son nez sans qu'il s'en aperçoive. Mais à peine croient-ils être sortis d'affaire qu'Archibald trébuche sur la chaise longue de Rose.
- Bonjour, papa ! s'écrie la jeune femme avec un sourire de névrosée.
Il faut dire que toutes ces péripéties ont fortement secoué la Rose et ses neurones ne semblent plus vraiment à leur place. Elle est secouée de tics nerveux et rigole sporadiquement, sans raison apparente. Ça sent Sainte-Lucile. Rose est en train de se démaquiller. Ça va prendre du temps, vu qu'elle a la moitié du visage peint en rose, mais elle fait ça avec beaucoup de calme et de persévérance.
Elle aperçoit Darkos. Deux mètres soixante, des yeux noirs comme des perles, une crête formée de lames de rasoir sur la tête.
- Bonjour, monsieur ! fait la Rose, nullement impressionnée.
Après une fourmi géante, c'est pas un petit coq à crête dure qui va l'ébranler.
- Vous voulez que je vous prépare de la limonade ? demande-t-elle, comme une folle qui répète en boucle la même phrase.
- Non merci, ma puce ! on fait que passer ! répond gentiment Archibald.
Rose s'inquiète aussitôt, de peur de voir passer une puce géante. Cela n'aurait rien d'étonnant dans le monde de fous dans lequel elle vit, mais son inquiétude ne vient pas de là : y aura-t-il assez de limonade pour tout le monde si les puces se joignent à la fête ? voilà la vraie question.
Archibald décide qu'il s'occupera de sa fille plus tard. Sauvons d'abord le monde. Il pousse Darkos vers le perron. Rose reprend son nettoyage, comme si de rien n'était.
Archibald entre dans le garage et retire d'un geste vif la bâche qui recouvre son beau cabriolet. Il l'a acheté dès qu'il est revenu de son périple. C'était bien sûr une petite folie, mais quel plaisir il avait eu, après quatre ans d'absence, à emmener Marguerite au village dans cette adorable décapotable. La petite grand-mère avait évidemment partagé son plaisir, en tout cas les premières fois. Après, au fils des jours, elle s'était lassée d'être obligée de faire quatre allers-retours pour ramener ses courses, tellement le coffre était petit. Du coup, Archibald avait mis la belle sous une bâche et ne la sortait que le dimanche pour emmener Marguerite à la messe.
- Tu sais conduire ? demande Archibald à Darkos, qui bave d'admiration en caressant la voiture.
- Ça doit pas être plus compliqué qu'un gamoul ! répond Darkos avec un sourire d'enfant.
Darkos saute dans la voiture, met le contact et enfonce l'accélérateur. Il s'en sort plutôt bien, mais c'est la voiture qui s'en sort plutôt mal, car nos deux amis, tout à leur excitation, ont oublié d'ouvrir la porte du garage. La voiture bondit en avant et fracasse la mince porte en bois. Darkos braque et contrebraque sur le gravier avant de parvenir à maîtriser l'engin. Il file ensuite sur la petite route en terre.
- Désolé pour la porte ! s'excuse Darkos, très embarrassé. Je fais souvent bien les choses, mais toujours dans le désordre !
- C'est pas grave ! je voulais changer la porte, de toute façon ! répond Archibald avec gentillesse. En attendant, tu conduis très bien !
- Merci ! dit timidement le guerrier, tout gêné de recevoir un compliment.
C'est probablement le premier compliment qu'il reçoit de toute son existence et ça le met dans tous ses états. Il sent cette petite boule chaude, qu'on appelle l'émotion, qui lui envahit le ventre et gagne la tête. Le cœur s'accélère au passage, le souffle devient plus court et les yeux commencent à piquer, juste avant que les larmes viennent. C'est beau de voir un guerrier ému, les larmes aux yeux. Par contre c'est moins pratique pour la conduite, et Darkos commence à sortir de la route sans s'en apercevoir. Archibald attrape le volant et rectifie la trajectoire d'un coup sec.
- Désolé, je ne sais pas ce qui m'arrive ! confie Darkos, encore un peu fébrile.
- Ça s'appelle une émotion ! Tu vois, ça fait beaucoup de bien ! Il faut juste apprendre à la maîtriser un peu et éviter d'en avoir quand on est au volant d'une voiture ! explique Archibald.
- Ah ? O.K. ! répond Darkos, sans être vraiment sûr d'avoir tout compris.
En attendant, il se penche un peu plus vers le pare-brise, se concentre sur la route et accélère davantage.