Les services-radio de Konkipok ont pu câbler des S.O.S. à bord de ce sacré sous-marin et permettez-moi de vous dire qu’on a eu dare-dare des escadrilles d’avions pour rapatrier tout le monde chez soi.
Une journée qu’elle aura duré, la fameuse croisière d’Okapis, le temps d’un pique-nique à la cambrousse, quoi !
Mais quel pique-nique !
Tous les journaux en ont parlé, rappelez-vous ! Vous ne vous souvenez pas ? Ça vient de ce que vous ne lisez pas les baveux en vacances, alors.
Le pauvre armateur pleure maintenant sa belle bobonne dont on a retrouvé le cadavre. Il croit (et la police aussi) que c’est un gars de la bande qui l’a scrafée. Laissons-lui pieusement ses illusions. Comme dit le poète : y a des morts qu’il est inutile de buter deux fois !
Vous savez la nouvelle ? Tous les monarques de la croisière viennent de m’envoyer leurs décorations nationales en échantillon recommandé pour me remercier du service exceptionnel que j’ai rendu à leur pays !
Tu parles, Charles, comme on dit dans le nôtre.
Je voulais placarder cette quincaillerie dans les ouatères, histoire d’intéresser les constipés de passage, mais Félicie, qui a le respect de l’ordre établi, s’y est fermement opposée. Elle prétend que si j’ai des mômes, plus tard, ils seront fiers de trouver ça dans mon pedigree. Elle doit avoir raison, comme toujours.
On attend les Béru pour dîner. Des enquêtes pareilles, si on ne les arrose pas dignement, il vaut mieux changer de métier et se lancer dans la culture du nougat ou dans l’élevage du bénédictin-angora, non ?
Les voilà justement qui carillonnent à la grille. Et c’est à cet instant précis que la sonnerie du bigophone retentit. Pendant que Maman va ouvrir aux mastodontes, je décroche. Aussitôt, un délicieux gazouillis prend d’assaut mon éventail à libellule. La voix de la douce Antigone. Autrement dit un miel !
— Je suis à Paris, me dit-elle, je viens juste de débarquer. Qu’est-ce que vous faites, ce soir ?
Ce que je fais ce soir, quand une petite déesse aussi gentille vient à la relance !
Ce que je fais, ce soir ?
Moi, vous me connaissez, hein !…
Alors, puisque vous me connaissez, concluez !