Chapitre XVI

Un silence pesant s’établit dans la pièce. C’était le dernier clou du cercueil de William Nolan que l’on venait d’enfoncer. Le Directeur adjoint des Opérations se servit un Johnny Walker, alluma une cigarette et fit face à Malko.

— Je n’ai plus aucun doute, martela-t-il. William Nolan est un traître. Mais si je révèle cette histoire au FBI, ils vont y aller avec leurs gros sabots et il rentrera dans sa coquille. Nous n’avons strictement aucune preuve. Rien. Ni motivation non plus. Il nous rira au nez et se tiendra tranquille, définitivement s’il le faut.

Malko était plus que troublé.

— Vous me dites avoir transmis cette information le lundi, remarqua-t-il. Apparemment, les Soviétiques sont entrés en sa possession jeudi matin au plus tard. William Nolan s’est rendu à Arlington le mercredi. Il aurait pu la transmettre, mais je ne vois pas comment. Alors ?

L’Américain rejeta ses cheveux en arrière. Visiblement, il avait mal dormi la nuit précédente.

— L’emploi du temps de William Nolan est très simple. C’est là que le bât blesse, avoua-t-il. Il part de sa maison de Foxhall pour Langley tous les jours vers sept heures du matin avec son chauffeur. Il a chaque jour un déjeuner dans la salle du sixième étage et repart ensuite, directement, chez lui, sauf s’il est convoqué par la Maison Blanche ou une commission sénatoriale. Dans tous ces cas, il a son chauffeur et parfois un garde du corps. Il est donc impensable d’imaginer un contact. Le soir, son chauffeur l’attend pour dîner en ville et le ramène chez lui. Les seuls moments où il est plus libre, c’est le week-end. Il lui arrive de dîner le vendredi soir avec Fawn McKenzie et de coucher chez elle.

— Dans le cas qui nous intéresse, remarqua Malko, ce sont des jours de semaine.

— En effet, approuva Franck Woodmill. Et je vais vous dire plus : depuis le moment où j’ai transmis cette fausse info à Bill Nolan, j’ai chargé Milton Brabeck de le surveiller. J’ai étudié son emploi du temps minute par minute : je ne vois pas comment il a fait pour retransmettre aux Popovs l’histoire d'Indigo.

— Il reste le cimetière… dit Malko. Et je n’ai rien vu.

C’était hallucinant, Malko avait envie de se pincer. Le numéro 2 de la CIA alimentant le KGB en informations hyper-secrètes, par un moyen quasiment magique.

— Il faut retourner à Arlington, dit Franck Woodmill. Je peux savoir à l’avance s’il ira avant mercredi prochain. À mon avis, il va s’y rendre lundi.

— Pourquoi ?

— C’est l’anniversaire de la mort de son fils… Et j’ai continué le « Baryum meal technique ». En lui balançant ce matin une information sur un mémo secret du Président concernant le programme Starwar. J’ai parlé de tout cela à Jessica, elle est d’accord pour vous aider plus activement.

— Comment ?

— Une femme passe inaperçue, plus qu’un homme.

— Mais il la connaît.

— Bien sûr. Nous en tiendrons compte.

La perspective de se rapprocher de Jessica ne déplaisait pas à Malko. Au moins, il ne perdrait pas tout. Franck Woodmill continua.

— Votre enquête peut devenir extrêmement dangereuse. Je ne peux pas imaginer que le KGB n’ait pas un dispositif de protection pour une source aussi importante. Ils feront tout pour vous empêcher de la tarir. Même ici, à Washington. En dehors de leurs officiels, je sais qu’ils disposent de clandestins ou qu’ils peuvent en faire venir. La NSA a calculé d’après les messages radio codés diffusés à leur intention qu’ils doivent être environ deux cents dans ce pays. Milton Brabeck sera bien entendu prêt à vous aider, mais je ne veux l’utiliser qu’en dernier ressort. Je vais donc, demain matin, déposer ici de quoi vous défendre. (Il tira une clef de sa poche.) Voici pour entrer. Vous faites d’abord deux tours à droite, ce qui neutralise les systèmes de sécurité.

Il se leva et serra longuement la main de Malko, ajoutant d’une voix lasse :

— Tout ceci est un cauchemar. Chaque matin, quand j’arrive à Langley, je me demande si je ne vais pas aller tout raconter au DCI…


* * *

Des dizaines d’élégantes Washingtoniennes caquetaient à qui mieux mieux serrées comme des sardines autour des nappes à carreaux du Jockey-Club, le restaurant du Ritz-Carlton. Même le samedi, c’était bondé. Discutant de leurs garde-robes, de leurs amants et parfois même de leurs époux. Malko et Jessica Hayes avaient trouvé une table coincée entre deux vieilles femmes qui s’empiffraient de foie gras et quatre épouses de sénateurs refaisant le monde. Cette fois, c’était un chemisier en soie émeraude qu’arborait l’analyste, avec une jupe de cuir moulant ses hanches en amphore et des bas gris, probablement pour faire plaisir à Malko. Ce dernier se pencha au-dessus de la table.

— Vous savez que notre mission peut devenir dangereuse…

Elle but un peu de son Cointreau et demanda, étonnée :

— Vous croyez ? De toute façon, mon père m’a toujours dit qu’il fallait faire passer les intérêts de son pays avant tout. Et ici à Washington, je ne vois pas ce qui peut nous arriver.

— William Nolan est sûrement sous la protection du KGB, expliqua Malko. Une source de cette importance est unique. Donc, si nous essayons de débusquer la Taupe, il peut y avoir des réactions violentes. Ils ne bougeront que si nous touchons au but, pour ne pas nous alerter. Mais à ce moment, cela risque d’être extrêmement brutal.

Jessica écarta ses lèvres épaisses avec un sourire ambigu.

— Vous me protégerez…

Le maître d’hôtel français leur apporta l’addition.

— Je vais à la « safe-house », dit Malko, vous m’accompagnez ?

— OK, fit-elle, je laisse ma voiture ici.

Dans la Pontiac, il s’aventura à caresser le nylon des bas gris, remontant le plus haut possible, mais le cuir vert empêchait d’aller bien loin. Jessica lui jeta un clin d’oeil espiègle.

— Vous voyez, un Américain ne ferait jamais cela… Vous êtes très audacieux.

Il continua, parce qu’elle avait ouvert les jambes au maximum, attrapant la peau nue au-dessus du bas, tiède et souple. Brusquement, Jessica Hayes referma les cuisses sur sa main et dit d’une voix changée :

— Arrêtez !

Son regard avait chaviré et elle avait le souffle court. Malko était pourtant encore bien éloigné de son but. Il obéit et quelques instants plus tard, ils stoppaient dans la rue. Les bougies brûlaient toujours derrière les fenêtres. Malko entra par la porte de derrière, Jessica Hayes sur ses talons.

— Je n’avais jamais vu une « safe-house », avoua-t-elle. Je m’imaginais toutes sortes de choses et ça ressemble à une maison ordinaire.

À cela près qu’elle était protégée par un système hypersophistiqué relié au bureau de Franck Woodmill. Même le FBI ignorait l’existence de cette planque. Malko trouva sur la table basse du living-room une valise métallique. Il l’ouvrit. Jessica, regardant par-dessus son épaule, poussa une exclamation de surprise.

— C’est pour vous ?

Dans un écrin de mousse, il y avait deux petits Colt « Cobra » avec une boîte de cartouches, deux walkie-talkie Motorola à grande capacité et trois grenades aveuglantes.

— C’est pour nous, corrigea Malko en lui tendant le petit « deux pouces » Cobra noir. Mettez ça dans votre sac.

Jessica repoussa l’arme.

— Non, je ne saurais pas m’en servir et je ne peux pas supporter l’idée de tirer sur quelqu’un.

— Ne soyez pas idiote, fit Malko. Il suffit de presser sur la détente. Ou même de le braquer sur quelqu’un. Cela intimide et permet de gagner du temps. Nous allons nous lancer dans quelque chose de dangereux. Je veux que vous soyez armée. Et votre oncle Franck aussi.

— Bien, dit-elle avec résignation.

Elle jeta le « Cobra » dans son sac, sans même regarder comment il fonctionnait et Malko prit l’attaché-case métallique. Comme elle faisait la tête, il prit Jessica dans ses bras. Elle était raide et son regard le fuyait.

— Il ne faut pas faire l’enfant, dit-il. Nous avons affaire à des gens qui ne reculeront devant rien.

Elle se détendit peu à peu et il sentit son corps s’appuyer plus librement contre lui. Ses seins jouaient sous la soie verte et il ne put résister au désir de les caresser. Jessica se dégagea aussitôt.

— Pas ici.

— Pourquoi ?

Il s’imaginait déjà en train de la culbuter sur la table ou dans un des fauteuils. Elle le lut dans ses yeux et remit son manteau.

— Allons-nous en.

Elle avait vraiment peur qu’il la viole. Furieux, il referma la porte. La vue des armes semblait l’avoir traumatisée. Elle ne dit plus un mot jusqu’au Ritz-Carlton où elle avait laissé sa voiture.

— Vous dînez avec moi ce soir ? demanda-t-il en la quittant.

— Si je ne suis pas fatiguée, fît hypocritement Jessica. Appelez-moi d’abord.


* * *

L’Oldsmobile noire aux glaces fumées filait sur Skipwith road à 55 miles à l’heure. William Nolan connaissait chaque arbre de ce trajet qu’il avait effectué des milliers de fois. En face de la station Esso, il tourna à droite, s’engageant dans un petit chemin bordé de modestes cottages.

Il s’arrêta cent mètres plus loin dans un driveway. Le chauffeur, assis à côté de lui, demanda :

— Je vous attends, Sir ?

— Non, merci, fit le numéro 2 de la CIA, on me raccompagnera. Ramenez la voiture à la maison et dites à George que nous serons deux pour dîner. À lundi.

— Â lundi, Sir. Bon week-end.

William Nolan sonna, son attaché-case contenant son téléphone portatif à la main. Il fallait qu’on puisse le joindre à tout moment. Fawn McKenzie lui ouvrit aussitôt et l’étreignit tendrement.

— Je suis heureuse que tu aies pu te dégager.

C’était une grande jeune femme aux cheveux blonds et courts, à peine maquillée, solidement charpentée, un peu le style de Jane Fonda. Elle l’entraîna dans le living. Sur une table basse, il y avait un plateau avec une citronnade chaude. Il sourit et lui serra la main. Elle pensait toujours à tout… Pendant qu’il buvait, elle l’observait.

— Tu as des problèmes ?

Elle connaissait chacune de ses expressions pour avoir vécu auprès de lui depuis plus de seize ans. Leur liaison avait commencé presque par hasard. Un jour, il était venu chez elle dicter des mémos urgents et secrets. Il était épuisé et s’était allongé sur le canapé pour prendre un peu de repos.

Fawn McKenzie l’avait regardé dormir longtemps avant de poser ses lèvres sur les siennes, puis de s’allonger à côté de lui. Elle l’avait pris dans ses bras et il lui avait rendu son étreinte. Chastement, d’abord. Comme un homme qui a besoin de chaleur, d’affection. Et puis, parce qu’il était aussi sevré de sexe, leur étreinte s’était transformée. Ils avaient fait l’amour gauchement, hâtivement, maladroitement, avec un vague sentiment de culpabilité, bien que William Nolan soit veuf depuis deux ans déjà.

Ensuite, ils étaient restés près de deux mois sans recommencer et ce n’était pas le fond de leurs relations.

Il leva les yeux vers elle et lui sourit. Elle aimait son regard, si clair, si lumineux. On avait l’impression de voir à travers son cerveau.

— Non, dit-il. Mais il y a vingt ans dans deux jours que John a été tué.

Il se tut et elle vit sa pomme d’Adam monter et descendre, comme s’il allait pleurer. La mort de son fils avait été un coup dont il ne s’était jamais relevé. Et dont il ne se relèverait jamais. Elle revoyait les photos de l’enterrement. Un des premiers morts du Vietnam. William Nolan, soutenant sa femme, avait un visage de pierre, un regard vide, comme les Marines de la garde d’honneur.

Fawn lui prit la main.

— Il n’y a rien à faire, fit-elle. Tu le sais. C’était la volonté de Dieu.

Il hocha la tête, sans répondre. Elle se leva et dit avec une gaieté un peu forcée :

— Allez, viens, la vente commence à trois heures.

Ils se rendaient à une vente d’art baroque, le dada de William Nolan. Fawn McKenzie disparut dans sa chambre et revint avec son manteau et une grosse enveloppe jaune.

— Tiens, voilà pour tes amis du Sénat.

Il mit l’enveloppe dans son attaché-case et ils sortirent. Fawn se mit au volant de sa Dodge Lancer grise un peu écornée et mit une cassette de musique classique. Si seulement William avait eu envie de lui faire un enfant… Elle n’avait jamais osé aborder le sujet.


* * *

On se serait cru en Éthiopie dans la partie nord de la 18e Rue, un quartier plutôt pouilleux tranchant avec l’élégant Georgetown. Des masures de bois, de vieux buildings en brique décrépits, des boutiques poussiéreuses. Peu de Blancs. Tous les trois immeubles, il y avait un restaurant éthiopien offrant la même nourriture immangeable. Jessica paraissait ravie, pendue au bras de Malko, remontant le trottoir sous une bise glaciale. Ils avaient dîné dans un restaurant de cuisine créole, mal et lentement, dans un bruit infernal, mais la jeune analyste semblait de meilleure humeur.

— Si on allait danser ? proposa-t-elle.

— Pourquoi pas ? fit Malko.

Ils se retrouvèrent dans une disco de la 23e Rue, près de M Street, le Papermoon. Un grand hangar avec des parachutes au plafond, une sono démente et un immense bar où étaient accrochés quelques dizaines d’ivrognes. Beaucoup d’iraniens.

À peine Jessica eut-elle entendu le « beat » de Michael Jackson, qu’elle arracha son manteau. Dessous, elle portait un tailleur orange hyper sexy, avec une veste très longue boutonnée jusqu’au cou, collant comme un gant assorti à une mini-mini, arrivant tout juste à mi-cuisse… Elle se mit à onduler comme une folle sur la piste à deux mètres de Malko.

La chaleur aidant, elle ne tarda pas à ouvrir sa carapace, découvrant un body de dentelle noire sous lequel ses seins somptueux étaient parfaitement visibles. Les bas noirs avec une couture de strass soulignant la ligne des jambes ajoutaient une note encore plus érotique. Jessica, tout le temps de la séquence rock, ne s’arrêta que le temps de prendre un Cointreau au bar.

Malko ne put la calmer qu’au premier slow où elle se laissa aller contre lui avec un abandon nouveau.

— J’ai chaud, fit-elle.

Elle se colla à Malko, comme une collégienne qui décide d’exciter à fond sa première conquête… Seulement, c’était une femme et ses formes épanouies avaient un effet dévastateur. D’autant que, le pubis en avant, elle mimait parfaitement l’amour… Il croisa son regard et ne vit qu’une lueur trouble dans ses prunelles noires. S’amusait-elle ou avait-elle vraiment envie de lui ?

La bouche entrouverte, le bassin en avant, les seins écrasés contre lui, Jessica Hayes avait changé de personnage. Ondulant avec un art consommé, jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus ignorer l’état de son cavalier.

Chauffé à blanc par ce manège, Malko lui releva le visage et l’embrassa. Elle lui rendit aussitôt son baiser, un baiser sucré, parfumé au Cointreau, avec violence et se serra encore plus de tout son corps, ne semblant pas s’apercevoir que les doigts de Malko jouaient sur la dentelle noire. Il trouva la pointe d’un sein érigée, la fit rouler doucement entre ses doigts. Jessica poussa un bref gémissement et, brutalement, s’immobilisa. Sa langue dansait une sarabande effrénée dans sa bouche, son ventre palpitait contre lui, ses doigts lui brisaient la nuque.

Si la musique ne s’était pas arrêtée, elle aurait probablement joui… Elle se contenta de foncer au bar pour son second Cointreau, auquel elle fit goûter Malko.

Jessica dansa encore plus d’une heure, avec un slow trop bref où elle montra les mêmes excellentes dispositions.

Ils remontaient M Street sous un vent glacial qui ne refroidit pas Malko. À peine dans la Pontiac, il aventura une main sous la minijupe orange, découvrant que Jessica portait des bas sans jarretelles, en raison de la longueur de sa jupe. Très vite, il trouva la peau et, plus haut, ce qu’il avait espéré. Jessica sursauta et se recula :

— Laissez-moi ! supplia-t-elle, essayant d’écarter les doigts qui se faufilaient entre le nylon et la peau.

Malko atteignit ce qu’il cherchait et elle eut une secousse de tout son corps, avec un gémissement aigu. Il fut certain qu’elle venait de jouir, en quelques secondes. Tandis qu’ils remontaient Foxhall, il garda une main activement enfouie entre les cuisses charnues de Jessica. Celle-ci, la tête rejetée en arrière, se défendait mollement. Arrivé derrière sa maison, il stoppa et attaqua de plus belle. Jessica Hayes eut un sursaut.

— Vous êtes fou ! On va nous voir !

Elle tituba jusqu’au living où elle s’écroula sur le canapé après avoir mis un laser-disc sur la chaîne Akaï. Malko se jeta sur elle et Jessica le repoussa.

— Il faut que je dorme, rentrez ! On se verra demain.

Un cyclone ne l’aurait pas fait partir… Mais Jessica se leva, les yeux brillants et lui tendit la main, voulant l’entraîner vers la porte.

— Venez !

Elle était fabuleusement excitante avec sa mini à quinze centimètres de son sexe, le body noir moulant sa poitrine pleine, la bouche rouge et gonflée. Malko se sentait des envies de viol. Il l’appuya contre le mur, l’embrassant violemment et comme un soudard, glissa une main sous la mini et continua ce qu’il avait commencé dans la voiture. Jessica en avait les jambes qui tremblaient… Elle roulait, se débattait contre lui. Il la décolla ensuite du mur et la jeta sur le canapé. La mini était remontée sur ses hanches, découvrant un slip de dentelle blanche. Jessica avait les yeux fous.

— Non, non, je ne veux pas ! supplia-t-elle.

Sans l’écouter, Malko venait de libérer son sexe tendu. D’abord, elle le repoussa, puis, il se coucha sur elle, et par surprise, parvint à effleurer le satin trempé du slip. Jessica eut un violent sursaut, prit son sexe à pleine main pour l’écarter de son objectif. Fou de rage, Malko, des deux mains, fit descendre le triangle de dentelle sur les cuisses pleines, jusqu’aux pieds, le laissant accroché à une cheville. Puis, glissant son genou entre ses longues cuisses charnues, il pesa, les ouvrant peu à peu et s’installa sur elle !

— Non !

La sage analyste, les yeux fous, le cheveu en bataille, les joues cramoisies, ressemblait à une cavale en furie. Le sexe de Malko toucha le sien et elle poussa un grognement désespéré. Une fois de plus, elle réussit à le repousser, mais sa résistance faiblissait. Alors, d’un coup, sa bouche s’abattit sur lui, l’avalant, le mordant, le léchant, faisant monter et descendre sa tête dans une fellation sublime, désordonnée et totalement inattendue.

Malko n’en revenait pas. Un peu calmé, il avait quand même une furieuse envie de s’enfoncer dans ce ventre qu’il sentait prêt à le recevoir. Il attendit qu’elle s’interrompe pour la renverser en arrière, l’écrasant sous lui. De nouveau, son sexe tendu à craquer effleura Jessica. Celle-ci murmura d’une voix suppliante :

— Non, non, je vous en prie, il y a ma fille !

Pendant une fraction de seconde, Malko resta médusé. Quels que soient les replis de l’âme baptiste de Jessica, il ne voyait pas la différence pour sa fille qui dormait en haut, entre une fellation enragée et un coït tout aussi violent.

Le sang palpitait dans son membre, l’instinct fut le plus fort. De toutes ses forces, il pénétra le ventre de Jessica.

Le hurlement faillit le désarçonner. La bouche ouverte, Jessica criait tout simplement de plaisir, les yeux révulsés. Automatiquement, ses mains se resserrèrent sur sa nuque, son bassin se mit à s’agiter furieusement. Quelques instants plus tard, ondulant sur lui, elle le suppliait.

— Défonce-moi ! Défonce-moi !

Il plongeait au fond d’elle, au plus loin, chacun de ses coups de reins ponctué par un hurlement de Jessica. Les jambes de la jeune femme se nouèrent autour des siennes, pour mieux le verrouiller, et son pubis se jeta avec encore plus de force contre lui. Quand Malko explosa en elle, elle poussa un hurlement de possédée, puis retomba, ses cheveux noirs collés par la transpiration, le chemisier défait, les prunelles révulsées.

— Maman !

Malko tourna brusquement la tête. Une petite fille blonde, en chemise de nuit, les regardait fixement.

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