P.P.C

— Un appel pour vous, commissaire ! m’annonce la standardiste. Ça vient de Genève.

Je décroche. C’est le directeur de l’hôtel Intersidéral.

— Je vous appelle au sujet de vos deux invités, monsieur le commissaire, me dit-il. Aucun acompte n’a encore été versé sur leur note et cela fait plusieurs jours qu’ils font bombance dans leur chambre.

Putasse de mes deux ! Je les avais totalement oubliés, ces deux petits écumeurs d’autoroute.

Alors, ma pomme, cynique :

— Je n’ai aucun invité dans votre établissement, mon cher directeur. Ce couple vous bluffe.

— Vraiment ?

— Je me suis contenté de leur venir en aide sur l’autoroute de Nantua et de leur indiquer votre hôtel, sinon je ne les connais pas.

— Mais ils prétendent…

— Monsieur le directeur, aboyé-je, mettriez-vous en doute la parole d’un commissaire des Services spéciaux français[8] ?

— Mais pas le moins du monde, monsieur le commissaire. Seulement, ils n’ont pas d’argent et…

Je tonne :

— Alors, parce qu’un couple de coquins se livre à une tentative de grivèlerie chez vous, vous venez vous en prendre à moi ! Mais, monsieur le directeur, si je fais une déclaration à La Suisse et à la Tribune de Genève où je ne compte que des amis, la réputation de votre hôtel va en prendre un coup !

— Non, non, il n’est pas question de… Je vais prévenir la police d’ici, décide le dirlo, malheureux.

— Bravo ! Et faites vite car le compteur tourne !

Je raccroche. Un grand sourire farceur illumine mon faciès de séducteur. Pourtant je me sens délabré du mental. Tout ça a été si épique, si échevelé, si cruel, si fou…

Tiens, je vais emmener m’man faire un petit voyage de quelques jours, histoire de remettre mes pendules à l’heure.

Tu as une idée de l’endroit où on pourrait aller, toi ?

FIN
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