V
La terre creuse, le monde glacé, l'homme nouveau. – Nous sommes des ennemis de l'esprit. – Contre la nature et contre Dieu. – La société du Vril. – La race qui nous supplantera. – Haushoffer et le Vril. – L'idée de mutation de l'homme. – Le Supérieur Inconnu. – Mathers, chef de la Golden Dawn, rencontre les Grands Terrifiants. – Hitler dit qu'il les a vus aussi. – Une hallucination ou une présence réelle ? – La porte ouverte sur autre chose. – Une prophétie de René Guénon. – Le premier ennemi des nazis : Steiner.
La terre est creuse. Nous habitons à l'intérieur.
Les astres sont des blocs de glace. Plusieurs lunes sont déjà tombées sur la terre. La nôtre tombera. Toute l'histoire de l'humanité s'explique par la bataille entre la glace et le feu.
L'homme n'est pas fini. Il est au bord d'une formidable mutation qui lui donnera les pouvoirs que les anciens attribuaient aux dieux. Quelques exemplaires de l'homme nouveau existent dans le monde, venus peut-être d'au-delà des frontières du temps et de l'espace.
Il y a des alliances possibles avec le Maître du Monde, avec le « Roi de la Peur », qui règne sur une cité cachée quelque part en Orient. Ceux qui auront un pacte changeront pour des millénaires la surface de la terre et donneront un sens à l'aventure humaine.
Telles sont les théories « scientifiques » et les Conceptions « religieuses » qui ont alimenté le nazisme originel, auxquelles croyaient Hitler et les membres du groupe dont il faisait partie, et qui ont, dans une notable mesure, orienté les faits sociaux et politiques de l'histoire récente. Ceci peut paraître extravagant. Une explication de l'histoire contemporaine, même partielle, à partir de telles idées et croyances, peut sembler répugnante. Mais nous pensons que rien n'est répugnant dans l'exercice de la vérité.
On sait que le parti nazi se montra anti-intellectuel d'une façon franche, et même bruyante, qu'il brûla les livres et rejeta les physiciens théoriques parmi les ennemis « judéo-marxistes ». On sait moins au profit de quelles explications du monde il repoussa les sciences occidentales officielles. On sait moins encore sur quelle conception de l'homme reposait le nazisme, tout au moins dans l'esprit de quelques-uns de ses chefs. Quand on le sait, on situe mieux la dernière guerre mondiale dans le cadre des grands conflits spirituels ; l'histoire retrouve le souffle de la Légende des Siècles.
« On nous jette l'anathème comme à des ennemis de l'esprit, disait Hitler. Eh bien, oui, c'est ce que nous sommes. Mais dans un sens bien plus profond que la science bourgeoise, dans son orgueil imbécile, ne l'a jamais rêvé. » C'est à peu près ce que déclarait Gurdjieff à son disciple Ouspensky après avoir fait le procès de la science : « Ma voie est celle du développement des possibilités cachées de l'homme. C'est une voie contre la nature et contre Dieu. »
Cette idée des possibilités cachées de l'homme est essentielle. Elle conduit souvent au rejet de la science et au mépris de l'humanité ordinaire. Au niveau de cette idée, très peu d'hommes existent réellement. Être, c'est être différent. L'homme ordinaire, l'homme à l'état naturel n'est qu'une larve et le Dieu des chrétiens n'est qu'un pasteur de larves.
Le docteur Willy Ley, l'un des plus grands experts du monde en matière de fusées, s'enfuit d'Allemagne en 1933. C'est par lui que nous avons appris l'existence à Berlin, peu avant le nazisme, d'une petite communauté spirituelle d'un réel intérêt pour nous.
Cette communauté secrète s'était fondée littéralement, sur un roman de l'écrivain anglais Bulwer-Lytton : La Race qui nous supplantera. Ce roman décrit des hommes dont le psychisme est beaucoup plus évolué que le nôtre. Ils ont acquis des pouvoirs sur eux-mêmes et sur les choses, qui les font pareils à des dieux. Pour l'instant, ils se cachent encore. Ils habitent des cavernes au centre de la terre. Ils en sortiront bientôt, pour régner sur nous.
Voilà tout ce que paraissait en savoir le docteur Willy Ley. Il ajoutait en souriant que les disciples croyaient connaître certains secrets pour changer de race, pour devenir les égaux des hommes cachés au fond de la terre. Des méthodes de concentration, toute une gymnastique intérieure pour se transformer. Ils commençaient leurs exercices en contemplant fixement la structure d'une pomme coupée en deux… Nous avons poursuivi les recherches.
Cette société berlinoise se nommait : « La Loge Lumineuse » ou « Société du Vril ». Le vril, c'est l'énorme énergie dont nous n'utilisons qu'une infime partie dans la vie ordinaire, le nerf de notre divinité possible. Celui qui devient maître du vril, devient maître de lui-même, des autres et du monde(62). Il n'y a de souhaitable que cela. C'est à cela que doivent tendre nos efforts. Tout le reste appartient à la psychologie officielle, aux morales, aux religions, au vent. Le monde va changer. Les Seigneurs vont sortir de dessous la terre. Si nous n'avons pas fait alliance avec eux, si nous ne sommes pas des seigneurs, nous aussi, nous serons parmi les esclaves, dans le fumier qui servira à faire fleurir les cités nouvelles.
La « Loge Lumineuse » avait des amis dans la théosophie et dans les groupes Rose-Croix. Selon Jack Belding, auteur du curieux ouvrage Les Sept Hommes de Spandau(63), Karl Haushoffer aurait appartenu à cette Loge. Nous aurons à parler beaucoup de lui, et l'on verra que son passage dans cette « société du vril » éclaire certaines choses.
Le lecteur se souvient peut-être que nous avons découvert, derrière l'écrivain Arthur Machen, une société initiatique anglaise : la Golden Dawn. Cette société néo-païenne, à laquelle appartenaient de grands esprits, était née de la Société Rosicrucienne anglaise, fondée par Wentworth Little en 1867. Little était en relation avec des rosicruciens allemands. Il recruta ses adeptes, au nombre de 144, parmi les dignitaires maçons. L'un des adeptes était Bulwer-Lytton.
Bulwer-Lytton, érudit génial, célèbre dans le monde pour son récit Les derniers jours de Pompéi, ne s'attendait sans doute pas à ce que l'un de ses romans, des dizaines d'années plus tard, inspirât en Allemagne un groupe mystique prénazi. Cependant, dans des œuvres comme La Race qui nous supplantera ou Zanoni, il entendait mettre l'accent sur des réalités du monde spirituel, et plus spécialement du monde infernal. Il se considérait comme un initié. À travers l'affabulation romanesque, il exprimait la certitude qu'il existe des êtres doués de pouvoirs surhumains. Ces êtres nous supplanteront et ils conduiront les élus de la race humaine vers une formidable mutation.
Il faut prendre garde à cette idée de mutation de la race. Nous la retrouverons chez Hitler(64), et elle n'est pas éteinte aujourd'hui. Il faut prendre garde aussi à l'idée des « Supérieurs Inconnus ». On la trouve dans toutes les mystiques noires d'Orient et d'Occident. Habitant sous la terre ou venus d'autres planètes, géants pareils à ceux qui dormiraient sous une carapace d'or dans des cryptes tibétaines, ou bien présences informes et terrifiantes telles que les décrivait Lovecraft, ces « Supérieurs Inconnus » évoqués dans les rites païens et lucifériens existent-ils ? Lorsque Machen parle du monde du Mal, « plein de cavernes et d'habitants crépusculaires », c'est à l'autre monde, celui où l'homme prend contact avec les « Supérieurs Inconnus », qu'il se réfère, en disciple de la Golden Dawn. Il nous semble certain qu'Hitler partageait cette croyance. Mieux : qu'il estimait avoir l'expérience du contact avec les « Supérieurs ».
Nous avons cité la Golden Dawn et la Société du Vril allemande. Nous parlerons tout à l'heure du groupe Thulé. Nous n'avons pas la folie de prétendre expliquer l'histoire par les sociétés initiatiques. Mais nous allons voir, curieusement, que tout se tient et qu'avec le nazisme, c'est « l'autre monde » qui a régné sur nous pendant quelques années. Il a été vaincu. Il n'est pas mort. Ni de l'autre côté du Rhin, ni ailleurs. Et ce n'est pas effrayant, c'est notre ignorance qui est effrayante.
Nous signalions que Samuel Mathers avait fondé la Golden Dawn. Mathers prétendait être en rapport avec ces « Supérieurs Inconnus » et avoir établi les contacts en compagnie de sa femme, la sœur du philosophe Henri Bergson. Voici un passage du manifeste aux « Membres du second ordre » qu'il écrivit en 1896 :
« Au sujet de ces Chefs Secrets, auxquels je me réfère et dont j'ai reçu la sagesse du Second Ordre que je vous ai communiquée, je ne peux rien vous dire. Je ne sais même pas leurs noms terrestres et je ne les ai vus que très rarement dans leur corps physique… Ils me rencontrèrent physiquement aux temps et lieux fixés à l'avance. Pour mon compte, je crois que ce sont des êtres humains vivant sur cette terre, mais qui possèdent des pouvoirs terribles et surhumains… Mes rapports physiques avec eux m'ont montré combien il est difficile à un mortel, si avancé soit-il, de supporter leur présence. Je ne veux pas dire que dans ces rares cas de rencontre avec eux l'effet produit sur moi était celui de la dépression physique intense qui suit la perte du magnétisme. Au contraire, je me sentais en contact avec une force si terrible que je ne puis que la comparer à l'effet ressenti par quelqu'un qui a été près d'un éclair pendant un violent orage, accompagné d'une grande difficulté de respiration… La prostration nerveuse dont j'ai parlé s'accompagnait de sueurs froides et de pertes de sang par le nez, la bouche et parfois les oreilles. »
Hitler entretenait un jour Rauschning, chef du gouvernement de Dantzig, du problème de la mutation de la race humaine. Rauschning, n'ayant pas les clefs d'une aussi étrange préoccupation, traduisait les propos d'Hitler en propos d'éleveur qui cherche à améliorer le sang allemand.
« Mais vous ne pouvez rien faire d'autre que d'aider la nature, disait-il, que d'abréger le chemin à parcourir ! Il faut que la nature vous donne elle-même une variété nouvelle. Jusqu'à présent, l'éleveur n'a réussi que très rarement, dans l'espèce animale, à développer des mutations, c'est-à-dire à créer lui-même des caractères nouveaux.
— L'homme nouveau vit au milieu de nous ! Il est là ! s'écria Hitler d'un ton triomphant. Cela vous suffit-il ? Je vais vous dire un secret. J'ai vu l'homme nouveau. Il est intrépide et cruel. J'ai eu peur devant lui. »
« En prononçant ces mots, ajoute Rauschning, Hitler tremblait d'une ardeur extatique. »
Et Rauschning rapporte aussi cette étrange scène, sur laquelle s'interroge en vain le docteur Achille Delmas, spécialiste de la psychologie appliquée. La psychologie, en effet, ne s'applique pas là :
« Une personne de son entourage m'a dit qu'Hitler s'éveille la nuit en poussant des cris convulsifs. Il appelle au secours, assis sur le bord de son lit, il est comme paralysé. Il est saisi d'une panique qui le fait trembler au point de secouer le lit. Il profère des vociférations confuses et incompréhensibles. Il halète comme s'il était sur le point d'étouffer. La même personne m'a raconté une de ces crises avec des détails que je me refuserais à croire, si ma source n'était aussi sûre. Hitler était debout dans sa chambre, chancelant, regardant autour de lui d'un air égaré. “C'est lui ! C'est lui ! Il est venu ici !” gémissait-il. Ses lèvres étaient blêmes. La sueur ruisselait à grosses gouttes. Subitement, il prononça des chiffres sans aucun sens, puis des mots, des bribes de phrases. C'était effroyable. Il employait des termes bizarrement assemblés, tout à fait étranges. Puis, de nouveau, il était redevenu silencieux, mais en continuant à remuer les lèvres. On l'avait alors frictionné, on lui avait fait prendre une boisson. Puis, subitement, il avait rugi : “Là ! là ! dans le coin ! Il est là !” Il frappait du pied le parquet et hurlait. On l'avait rassuré en lui disant qu'il ne se passait rien d'extraordinaire, et il s'était calmé peu à peu. Ensuite, il avait dormi pendant de longues heures et était redevenu à peu près normal et supportable…(65) »
Nous laissons au lecteur le soin de comparer les déclarations de Mathers, chef d'une petite société néopaïenne de la fin du XIXe siècle, et les propos d'un homme qui, au moment où Rauschning les recueillait, s'apprêtait à lancer le monde dans une aventure qui a fait vingt millions de morts. Nous le prions de ne pas négliger cette comparaison et son enseignement sous prétexte que la Golden Dawn et le nazisme sont, aux yeux de l'historien raisonnable, sans commune mesure. L'historien est raisonnable, mais l'histoire ne l'est pas. Ce sont les mêmes croyances qui animent les deux hommes, leurs expériences fondamentales sont identiques, la même force les guide. Ils appartiennent au même courant de pensée, à la même religion. Cette religion n'a jamais encore été vraiment étudiée. Ni l'Église, ni le rationalisme, autre Église, ne l'ont permis. Nous entrons dans une époque de la connaissance où de telles études deviendront possibles parce que la réalité découvrant sa face fantastique, des idées et des techniques qui nous semblaient aberrantes, méprisables ou odieuses, nous apparaîtront utiles à la compréhension d'un réel de moins en moins rassurant.
Nous ne proposons pas au lecteur d'étudier une filiation Rose-Croix-Bulwer-Lytton Little-Mathers-Crowley-Hitler, ou toute autre filiation du même genre, où l'on rencontrerait aussi Mme Blavatsky et Gurdjieff. Le jeu des filiations est comme celui des influences en littérature. Le jeu fini, le problème demeure. Celui du génie en littérature. Celui du pouvoir en histoire. La Golden Dawn ne suffit pas à expliquer le groupe Thulé, ou la Loge Lumineuse, l'Ahnenerbe. Naturellement, il y a de multiples interférences, des passages clandestins ou avoués d'un groupe à l'autre. Nous ne manquerons pas de les signaler. Cela est passionnant, comme toute la petite histoire. Mais notre objet est la grande histoire. Nous pensons que ces sociétés, petites ou grandes, ramifiées ou non, connexes ou pas, sont les manifestations plus ou moins claires, plus ou moins importantes, d'un autre monde que celui dans lequel nous vivons. Disons que c'est le monde du Mal au sens où l'entendait Machen. Mais nous ne connaissons pas davantage le monde du Bien. Nous vivons entre deux mondes, prenant ce no man's land pour la planète elle-même tout entière. Le nazisme a été un des rares moments, dans l'histoire de notre civilisation, où une porte s'est ouverte sur autre chose, de façon bruyante et visible. Il est bien singulier que les hommes feignent de n'avoir rien vu et rien entendu, hors les spectacles et les bruits ordinaires du désordre guerrier et politique.
Tous ces mouvements : Rose-Croix moderne, Golden Dawn, Société du Vril allemande (qui nous amèneront au groupe Thulé où nous trouverons Haushoffer, Hess, Hitler) avaient plus ou moins partie liée avec la Société Théosophique, puissante et bien organisée. La théosophie ajoutait à la magie néo-païenne un appareil oriental et une terminologie hindoue. Ou plutôt, elle ouvrait à un certain Orient luciférien les routes de l'Occident. C'est sous le nom de théosophisme que l'on a fini par décrire le vaste mouvement de renaissance du magique qui a bouleversé beaucoup d'intelligences au début du siècle.
Dans son étude Le Théosophisme, histoire d'une pseudo-religion, publiée en 1921, le philosophe René Guénon se montre prophète. Il voit monter les périls derrière la théosophie et les groupes initiatiques néopaïens plus ou moins en rapport avec la secte de Mme Blavatsky.
Il écrit :
« Les faux messies que nous avons vus jusqu'ici n'ont fait que des prodiges d'une qualité fort inférieure, et les voix qui les ont suivis n'étaient probablement pas bien difficiles à séduire. Mais qui sait ce que nous réserve l'avenir ? Si l'on réfléchit que ces faux messies n'ont jamais été que les instruments plus ou moins inconscients entre les mains de ceux qui les ont suscités, et si l'on se reporte en particulier à la série de tentatives faites successivement par les théosophistes, on est amené à penser que ce ne sont là que des essais, des expériences en quelque sorte, qui se renouvelleront sous des formes diverses jusqu'à ce que la réussite soit obtenue, et qui, en attendant, ont toujours pour résultat de jeter un certain trouble dans les esprits. Nous ne croyons pas, d'ailleurs, que les théosophistes, non plus que les occultistes et les spirites, soient de force à réussir pleinement par eux-mêmes une telle entreprise. Mais n'y aurait-il pas, derrière tous ces mouvements, quelque chose d'autrement redoutable, que leurs chefs ne connaissent peut-être pas, et dont ils ne sont pourtant à leur tour que les simples instruments ? »
C'est aussi l'époque où un extraordinaire personnage, Rudolph Steiner, développe en Suisse une société de recherches qui repose sur l'idée que l'univers tout entier est contenu dans l'esprit humain et que cet esprit est capable d'une activité sans commune mesure avec ce que nous en dit la psychologie officielle. De fait, certaines découvertes steineriennes, en biologie (les engrais qui ne détruisent pas le sol), en médecine (utilisation des métaux modifiant le métabolisme) et surtout en pédagogie (de nombreuses écoles steineriennes fonctionnent aujourd'hui en Europe) ont notablement enrichi l'humanité. Rudolph Steiner pensait qu'il y a une forme noire et une forme blanche de la recherche « magique ». Il estimait que le théosophisme et les diverses sociétés néo-païennes venaient du grand monde souterrain du Mal et annonçaient un âge démoniaque. Il se hâtait d'établir, au sein de son propre enseignement, une doctrine morale engageant les « initiés » à n'user que de forces bénéfiques. Il voulait créer une société de bienveillants.
Nous ne nous posons pas la question de savoir si Steiner avait tort ou raison, s'il possédait ou non la vérité. Ce qui nous frappe, c'est que les premières équipes nazies semblent avoir considéré Steiner comme l'ennemi numéro un. Les hommes de main du début dispersent par la violence les réunions des steineriens, menacent de mort les disciples, les obligent à fuir l'Allemagne et, en 1924, en Suisse, à Dornach, mettent le feu au centre édifié par Steiner. Les archives flambent, Steiner n'est plus en mesure de travailler, il meurt de chagrin un an plus tard.
Nous avons jusqu'ici décrit les approches du fantastique hitlérien. Maintenant, nous allons vraiment aborder notre sujet. Deux théories ont fleuri dans l'Allemagne nazie : la théorie du monde glacé et la théorie de la terre creuse. Ce sont deux explications du monde et de l'homme qui rejoignent des données traditionnelles, justifient des mythes, recoupent un certain nombre de « vérités » défendues par des groupes initiatiques, des théosophes à Gurdjieff. Mais ces théories ont été exprimées avec un important appareil politico-scientifique. Elles ont failli chasser d'Allemagne la science moderne telle que nous la considérons. Elles ont régné sur beaucoup d'esprits. Elles ont, de plus, déterminé certaines décisions militaires d'Hitler, influencé parfois la marche de la guerre et sans doute contribué à la catastrophe finale. C'est emporté par ces théories et notamment par l'idée de déluge sacrificiel qu'Hitler a voulu entraîner le peuple allemand tout entier dans l'anéantissement.
Nous ne savons pourquoi ces théories, si puissamment affirmées, auxquelles ont adhéré des dizaines d'hommes et des grands esprits, pour lesquelles de grands sacrifices matériels et humains furent faits, n'ont pas encore été étudiées chez nous et nous demeurent même inconnues.
Les voici, avec leur genèse, leur histoire, leurs applications et leur postérité.