— À propos du Memphis ? demanda Malko. Cooper inclina la tête.
— Je sais maintenant par qui le Memphis a été coulé et pourquoi.
— Alors ?
Malko était sur le gril.
— Voilà : mes hommes ont trouvé un trou.
— Un trou ?
— Un tunnel, si vous préférez. L’amiral s’arrêta un instant pour donner plus de poids à ses paroles. Les Russes ont creusé le Bosphore, sous le filet anti-sous-marin. L’autre bout du tunnel aboutit en mer Noire. De là, il n’y a plus qu’à mettre le cap sur Sébastopol. C’est un travail gigantesque. Le tunnel a cent mètres de long. Au départ et à l’arrivée il se présente comme une tranchée profonde d’une vingtaine de mètres. Le tunnel doit avoir dix-huit mètres de haut… C’est suffisant. Il y a bien dix mètres de largeur. Voilà d’où venait la terre. 20.000 mètres cubes.
Malko secoua la tête, médusé.
— C’est incroyable. Moi je pensais que les Russes avaient seulement aménagé une base de sous-marins, de ce côté-ci du Bosphore, afin de pouvoir ravitailler secrètement leurs unités qui s’aventurent en Méditerranée. Mais c’est encore plus grave. Cela veut dire qu’en cas de guerre, leurs sous-marins munis de fusées atomiques seraient en Méditerranée alors qu’on les attendrait du côté de Vladivostok ou d’Arkhangelsk… Cooper acquiesça.
— J’ai déjà mis le Président au courant. C’est d’une importance capitale pour le pays. Moi-même je suis dépassé. Et il faut que cela se passe dans un pays allié et sûr, en plus !
— Mais, Amiral, coupa Malko, les dimensions de votre tunnel m’apparaissent bien étroites pour un sous-marin atomique. Le Memphis serait resté coincé là-dedans, non ?
— Autant vous le dire, répliqua Cooper. Nous savons depuis un an que les Russes sont parvenus à miniaturiser certains sous-marins atomiques, pour en faire des bâtiments « de poche ». Et ils sont, eux aussi, armés de fusées à longue portée. Six comme ceux-là pourraient anéantir la VIe flotte en un quart d’heure.
— Mais comment avez-vous découvert le tunnel ? L’entrée est assez loin de l’Arkhangelsk puisque celui-ci est échoué près de la rive ?
— Un coup de chance. Mes hommes ont commencé à explorer tout le fond autour du pétrolier et la coque. Ils ont facilement découvert le sas donnant sur le Bosphore, mais il n’y avait rien de spécial autour. Pendant plus d’une heure, ils ont effectué des recherches concentriques, sans résultat. Ils ont seulement trouvé dans la coque de l’Arkhangelsk une autre ouverture beaucoup plus grande, à l’arrière. C’est vraisemblablement par là que les hommes-grenouilles ont acheminé les plaques d’alliage léger qui tapissent les murs et le « plafond » du tunnel :
— Mais c’est le hasard qui nous a fait découvrir le principal. Un de nos hommes a été pris d’un malaise. Il s’est immobilisé au fond et est resté coincé dans une anfractuosité. En le dégageant, nous avons trouvé le départ d’un câble en acier ancré dans le rocher, à une dizaine de mètres du sas de l’Arkhangelsk. Il n’y a plus eu qu’à le suivre. Il nous a menés droit au tunnel, côté turc. Je suppose que les Russes ont ancré cette main-courante pour faciliter la tâche des hommes-grenouilles, les eaux du Bosphore sont souvent sales et ils devaient en plus opérer le nuit. »
— Mais pourquoi ces hommes-grenouilles ?
— Même pour un sous-marin de poche, le tunnel est plutôt étroit. La moindre fausse manœuvre et il s’échoue. Alors, les sous-marins qui passent le tunnel doivent être guidés par un ou plusieurs hommes-grenouilles qui leur montrent la route, probablement à l’aide de signaux sonores frappés sur la coque.
Malko se versa un verre de whisky. Tout ça était fantastique. D’innombrables questions lui brûlaient les lèvres.
— Mais ce tunnel, comment l’ont-ils creusé ?
— Probablement avec des foreuses-suceuses, identiques à celles que nous utilisons pour creuser la banquise. La terre et les débris sont évacués par des conduits en toile souple et aspirés par une drague. Avec ça, ils pouvaient facilement creuser cinq ou six mètres par jour. Il n’y a pas de barrière rocheuse à cet endroit…
Les deux gorilles, complètement réveillés, écoutaient de toutes leurs oreilles. Leurs gros pistolets leur semblaient bien futiles dans une histoire pareille.
Le téléphone sonna. Malko décrocha puis passa l’appareil à l’amiral.
— C’est pour vous, Amiral.
La communication ne dura pas longtemps. Cooper écouta deux minutes, fit « quand ? » et raccrocha, le visage soucieux.
— Ça commence. L’Arkhangelsk vient de sauter. Une violente explosion sans incendie, il y a un quart d’heure.
Le navire s’est enfoncé de près de trois mètres. Les officiels turcs sont sur place mais les Russes étaient là les premiers. L’attaché naval soviétique est monté sur l’épave de l’Arkhangelsk et y a collé un pavillon soviétique. Il a fait un foin du diable en clamant qu’on a saboté le pétrolier…
— Saboté !… Ils ont fait vite. Il ne doit plus rien rester de l’équipement un peu spécial de l’Arkhangelsk. Ceux qui nous ont ratés sont revenus pour nettoyer la place.
— Toujours est-il que cela va faire du bruit, l’histoire du tunnel. Dommage qu’on ne puisse pas le faire visiter aux touristes comme les Russes avaient fait avec notre tunnel d’écoute à Berlin, en 1961. Je vais avertir les autorités turques afin que nous puissions officiellement faire sauter ce damné tunnel le plus tôt possible. Il faudrait tenir une conférence de presse…
Cooper avait déjà la main sur le bouton de la porte quand Malko le rappela.
— Amiral, vous oubliez quelque chose d’important… L’officier se retourna d’un bloc, impatient de partir.
— Quoi ?
Malko se frottait doucement la joue gauche avec la paume de la main. Ses yeux dorés étaient presque fermés. Il parla presque à voix basse.
— Le tunnel c’est très bien de l’avoir découvert. Mais il fallait autre chose aux Russes pour passer leurs sous-marins.
— Autre chose ?
— Il y a un poste de contrôle turc permanent à l’entrée du Bosphore. Même dans son tunnel, votre sous-marin fait du bruit. Il a bien fallu que quelqu’un ferme les yeux ou plutôt les oreilles, chaque fois qu’il en passait un.
Cooper était pétrifié.
— Vous voulez dire que parmi les officiers et le personnel triés sur le volet du poste de surveillance il y a un agent russe ?
— Un ou plusieurs. Et ce ne serait pas la première fois. On en a bien découvert à l’OTAN. C’est pour cela que nous avons intérêt à ne pas nous précipiter. Le tunnel ne se sauvera pas. Et on peut le détruire quand on veut. Par contre c’est dangereux de laisser derrière nous un espion bien placé.
Cooper était indécis.
— Il y a bien une cinquantaine de Turcs à passer au microscope, fit-il. Ça va prendre des semaines si on imagine que les services de Sécurité turcs y ont pensé avant nous. Notre homme est certainement bien camouflé… Dans quoi voulez-vous m’embarquer ?
Il y eut un lourd silence. Dans leur coin les deux gorilles supputaient l’ampleur de la tâche. Si on les avait laissés faire, eux, ils l’auraient trouvée, la brebis galeuse, et même quelques-unes en plus, pour le poids.
Malko rompit le silence.
— J’ai une idée qui pourrait nous faire gagner beaucoup de temps. Mais il faudrait que vous m’écoutiez et que vous laissiez les Turcs en dehors du coup.
— Qu’est-ce qu’il faut faire ? demanda Cooper, méfiant.
— Allez voir le colonel de la Sécurité turque. Extorquez-lui la liste complète des personnes possédant à un moment donné la liste d’écoute ainsi que les horaires de présence. Et surtout la liste des absences pour permission, ou autre raison, depuis un mois.
Cooper sursauta :
— Vous me faites faire un fichu travail. Je ne suis pas un espion moi. Allez-y vous-même.
— Je donnerais l’éveil. Pas vous…
— Bon, admit Cooper à regret. Je vais envoyer un de mes aides de camp. Je vous téléphonerai.
À peine la porte avait-elle claqué derrière Cooper que Malko se laissait aller en arrière sur son lit.
— Allez dormir, fit-il aux gorilles. J’ai l’impression qu’on va avoir du travail dans la journée. Que l’un de vous reste dans les parages du cher Krisantem, pour lui éviter les mauvaises tentations.
Ils partirent en traînant les pieds. Malko prit son téléphone et appela la chambre de Leila.
— Tu devrais descendre participer à mon repos, murmura l’Autrichien. J’ai mal partout, il faudrait qu’on me masse.
— Je viens, mais ce n’est pas pour te masser, répliqua du tac au tac Leila. Et si tu es trop fatigué je remonterai.
Et elle raccrocha. Malko fila à la salle de bains, se lava les dents et s’arrosa d’eau de Cologne.
Le dernier coup de cinq heures sonnait lorsqu’on frappa à la porte de Malko.
Méfiant, il cria de son lit :
— Qu’est-ce que c’est ?
— L’amiral Cooper, fit la voix bougonne de Cooper. Heureusement, Leila avait regagné sa chambre. Cooper entra et jeta un porte-documents sur le lit.
— Voilà tout ce que vous m’avez demandé. A vous de jouer, maintenant, monsieur le Sorcier.
— Merci, Amiral.
Malko sourit, attrapa la serviette et commença à lire plusieurs listes tapées à la machine.
— Ça, c’est la liste des gens qui ont la charge du système de surveillance. Uniquement des officiers. Ils se relaient toutes les six heures, nuit et jour. Avec les remplaçants, cela en fait près de 150 ! J’espère que vous avez une bonne idée, autrement nous en avons jusqu’au jugement dernier.
Cooper s’assit dans un fauteuil et alluma un cigare. Malko s’approcha de la fenêtre et regarda un gros cargo noir glisser sur le Bosphore. Puis ses yeux retombèrent sur la feuille qu’il tenait à la main. Sur celle-là, il n’y avait qu’une douzaine de noms, avec une annotation en face de chacun d’eux : la liste des absences depuis un mois. Malko la lut avec attention. Chacun des noms était maintenant ancré dans sa mémoire. Il reposa la feuille et vint s’asseoir en face de Cooper.
— Voyons, à quelle date a disparu le Memphis ?
— Le 24 juillet à 3 heures de l’après-midi, répondit sans hésiter l’amiral.
— Bien. Mais à ce jour il n’y a aucune absence au poste de surveillance, un remplacement seulement. Par contre, le 23 juillet le lieutenant Beyazit qui aurait dû prendre son service de minuit à six heures du matin, s’est fait remplacer au dernier moment. Sa mère ayant eu une attaque cardiaque dans la soirée, il a passé la nuit à son chevet.
Cooper ouvrit des yeux ronds.
— Et alors ?
— Suivez-moi bien, Amiral, fit Malko. Le Memphis a été attaqué par un sous-marin inconnu, présumé soviétique, qui se trouvait immobilisé au fond de la mer de Marmara. Maintenant nous savons comment il était arrivé là. Mais il y a une chose bizarre : les bâtiments qui empruntaient le tunnel ne devaient pas s’éterniser dans le Bosphore ou dans la mer de Marmara, qui n’est qu’une flaque d’eau, dans laquelle ils peuvent être repérés par n’importe quelle unité de la marine turque.
— Celui-là a pu avoir une avarie, coupa Cooper.
— Peu probable. Souvenez-vous qu’après avoir torpillé le Memphis, l’autre sous-marin a filé comme une flèche.
Si vous voulez bien, abandonnons pour le moment l’hypothèse de l’avarie. Et imaginez que notre sous-marin ne venait pas du tunnel, mais y allait.
— Pourquoi ?
— Pour rentrer chez lui, parbleu, après un petit tour en Méditerranée. Mais imaginez qu’au moment de rentrer on lui ait intimé l’ordre d’attendre, parce qu’au dernier moment sa sécurité n’était plus assurée.
— Tout ça n’est qu’une hypothèse, pour l’instant.
— Oui, mais, écoutez : le 25 juillet de 6 heures à minuit, le lieutenant Beyazit a remplacé un de ses camarades, le lieutenant Ismet qui avait pris sa place durant la nuit où il veillait sa mère malade. Donc, il était normal – si mon hypothèse est exacte – que le sous-marin attende vingt-quatre heures au fond de la mer de Marmara, puisqu’il était certain de pouvoir passer à coup sûr. Et rappelez-vous : quand il a été découvert il a mis le cap sur le Bosphore, ce qui a stupéfié tout le monde puisque, en principe, c’était un cul-de-sac.
Cooper secoua la tête, découragé.
— En admettant que vous ayez raison, il ne reste plus qu’à aller demander poliment au lieutenant Beyazit : Êtes-vous un espion russe ? Nous n’avons pas le plus petit commencement de preuve contre lui. Et toutes vos hypothèses ne tiendront pas s’il est sûr de lui. Sans compter les ennuis que nous aurons avec les Turcs. Il paraît que la Sécurité d’Ankara a examiné le passé de tous les officiers qui travaillent à la station d’écoute au super microscope. C’est comme si vous me disiez que le Président des USA possède une carte de membre du Parti communiste.
— Pourtant, on n’a pas le choix. J’ai une idée qui peut nous aider. Si ça ne marche pas nous n’aurons rien perdu.
Sceptique, l’amiral haussa les épaules.
— Au point où nous en sommes… Allez-y. Malko décrocha le téléphone et demanda : « M. Jones, s’il vous plaît. »
Le gorille répondit immédiatement.
— Allez me chercher Krisantem et amenez-le-moi, ordonna l’Autrichien.
Trois minutes plus tard, Krisantem était là, encadré des deux gorilles. Il n’en menait pas large.
— Je vais voir si j’ai eu raison de ne pas écouter mes amis. Vous savez le nom de celui qui vous emploie.
— Oui. M. Doneshka.
— Bien. Vous allez trouver un certain Beyazit – on vous donnera son adresse – et vous allez lui dire que Doneshka lui demande de lui apporter la liste de ses prochains tours de garde. S’il pose des questions, dites-lui que vous ne savez rien d’autre que le lieu du rendez-vous : place de la Corne-d’Or, à la terrasse du café qui s’y trouve. Ah, dites-lui de ne pas se mettre en uniforme.
Krisantem le regardait, un peu étonné.
— C’est tout ?
— Pour le moment. Et ne faites pas d’imprudences. MM. Jones et Brabeck ne seront jamais loin de vous. O.K. ? Milton, emmenez-le maintenant.
Quand le Turc fut sorti, Malko dit à Jones :
— Lorsque Beyazit sortira de chez lui, suivez-le pour que je puisse l’identifier au rendez-vous. Vous prendrez une table près de la mienne.
Cooper écoutait tout sans mot dire. Quand il fut seul avec Malko, il demanda :
— Qui est ce Doneshka ?
— À ma connaissance c’est le patron du réseau russe à Istanbul. Logiquement il devrait faire la liaison entre Beyazit et le sous-marin. Il y a une chance que Beyazit – si c’est lui – tombe dans le piège. Ce n’est probablement pas un espion professionnel, il doit agir par idéal ou par vengeance.
— Et s’il ne vient pas au rendez-vous ?
— Il est innocent… ou méfiant. De toute façon, on ne peut pas grand-chose. Le mieux est que vous veniez et suiviez l’opération de loin.
Le trottoir devant Malko grouillait de monde. Il avait choisi une table à l’intérieur, près de la place. Ainsi, il surveillait toute la terrasse et la rue. Cooper, sur la place, flânait entre les étalages du marché.
Un quart d’heure s’était déjà écoulé. Malko calcula que Beyazit aurait dû être là depuis dix bonnes minutes. À moins qu’il n’ait pas été chez lui ou que…
La haute silhouette de Brabeck s’encadra derrière la vitre, face à Malko. Comme un touriste épuisé par la chaleur, il se laissa tomber sur sa chaise et s’éventa avec son chapeau. Quelques secondes plus tard un homme aux cheveux bruns coupés très courts, à la silhouette trapue, vêtu d’un complet sombre, s’asseyait à une table voisine de celle de Brabeck.
Malko fut tout de suite persuadé que c’était Beyazit. Il n’eut pas longtemps à attendre pour en être sûr. Laissant son chapeau à côté de son orangeade, Brabeck entra dans le café et se dirigea vers le fond. Malko le suivit et les deux hommes se retrouvèrent dans une toilette crasseuse et nauséabonde.
— C’est l’homme brun, à votre gauche ? demanda Malko.
— Oui.
— Bien, revenez à votre table, dans deux ou trois minutes.
Malko sortit le premier et alla droit à la table de l’officier turc. Celui-ci sursauta lorsque Malko s’assit à côté de lui. Mais l’Autrichien ne lui laissa pas le temps de s’étonner.
— Je viens de la part de Doneshka. Il a été retenu. Vous avez la liste ?
Beyazit le regarda avec méfiance.
— Qui êtes-vous ?
— Ça ne vous regarde pas. La voix de Malko était sévère, autoritaire, il parlait turc avec un léger accent, volontairement, il continua :
— Vous avez la liste oui ou non ? Nous allons avoir besoin de vous dans les jours prochains.
Mais l’autre était encore perplexe.
— Pourquoi Doneshka n’est-il pas venu ?
— Question sécurité. Il faut qu’on vous voie le moins possible ensemble. Alors, vous avez les renseignements ?
Beyazit hésita une seconde puis dit :
— Oui.
— Bien. C’est imprudent de me la donner ici. Suivez-moi jusqu’à ma voiture.
Il se leva. Il avait repéré la Buick de Krisantem. Le Turc était debout à côté « bavardant » avec Jones. Il alla jusqu’à la voiture et s’assit à l’arrière, faisant signe à Jones de ne pas bouger.
Beyazit le rejoignit immédiatement. A peine assis, il tira de sa poche une feuille pliée. Malko la déplia et vit l’horaire complet du Turc pour les quinze jours à venir. Son cœur se réchauffa. Et il décida de frapper un grand coup.
— J’espère que votre mère ne sera pas malade, cette fois, dit-il sévèrement.
Le Turc grogna :
— Ne touchez pas à ma mère. Dieu fasse qu’elle vive encore longtemps. Et vous, vous allez tenir vos engagements ?
Ça, c’était un terrain brûlant. Malko brusqua les choses. Levant la main il appela Jones. Et il se tourna vers le Turc.
— Lieutenant Beyazit, j’ai le regret de vous mettre en état d’arrestation. Pour espionnage au profit de l’Union Soviétique.
Le Turc le regarda pétrifié, puis bondit vers la portière. Il fut cueilli par Jones qui lui colla son Colt sur l’estomac. Brabeck arrivait à la rescousse. Mais c’était inutile. Beyazit se rassit sans résistance. En voyant Krisantem se mettre au volant il sursauta et cracha, de toutes ses forces, dans la nuque du Turc.
Il se tourna vers Malko et dit :
— C’est lui qui m’a vendu.
Malko secoua la tête, dissimulant sa satisfaction.
— Pas exactement. Au fond personne ne vous a trahi. Votre mère peut-être. Sans le vouloir.