1 Celle de Jean Balsamo, Michel Magnien et Catherine Magnien-Simonin, Gallimard, Coll. «Pléiade», 2007 (texte de 1595). L'article cité est celui du «Mondes des Livres» du 15 juin 2007, intitulé «Montaigne, retour aux sources».


2 Montaigne a repris, en la traduisant, l'épitaphe latine du pape Boniface VIII. Celle-ci est mentionnée dans les « Annales d'Aquitaine » de J. Bouchet.


3 Montaigne écrit : « des-reglements » ; j'ai conservé le trait d'union qui renforce l'idée.


4 Il s'agit bien sûr du caméléon. Le mot est attesté dès le XIIe s.


5 Montaigne écrit « bonasse ». Il existe un mot « bonace » encore usité de nos jours, pour désigner le calme plat. On pourrait l'utiliser ici.


6 Montaigne citera plus loin encore ces mêmes vers (Chap. 12, § 388).


7 Lucrèce, femme de Tarquin Collatin, dont la vertu devint légendaire : pendant que son mari participait au siège d'Ardée, elle fut violée une nuit par Sextus Tarquin qui s'était introduit chez elle. A son père et son mari qu'elle fit venir, elle révéla le crime qu'elle avait subi, et se tua ensuite devant eux d'un coup de poignard.


8 A. Lanly traduit par « ne trouve avec elle son heure », expression qui me semble un peu trop obscure.


9 Montaigne ne fait ici que démarquer un passage de Plutarque, mais si l'on s'y reporte (Vies... Vie de Pélopidas,p. 537, 2-4), on pourra admirer comment il sait rendre en quelques lignes toute la saveur de ce long passage.


10 Dans l'« exemplaire de Bordeaux », on lit « Mechmet ». En fait il s'agirait de Mahomet II, sultan né en 1430, qui s'empara de Constantinople en 1453 ; c'est en 1479 qu'il fit une expédition contre les Hongrois ; elle se termina par un échec. L'édition de 1595 écrit « Mahomet ».


11 Terme de logique néo-scolastique ; procédé consistant à diviser les arguments en paires, dont chacune comporte au moins un élément opposé à l'un des éléments de l'autre. Les commentateurs considèrent que le début du chapitre 11 (« Sur la cruauté ») est composé selon ce procédé.


12 Une citation de Cicéron : De Natura Deorum, I, 21 (« Ils méprisent la volupté, mais sont trop faibles dans la souffrance ; ils dédaignent la gloire, mais une mauvaise réputation les abat. ») a été ajoutée ici à la main (par Montaigne?) dans l'interligne de l'« exemplaire de Bordeaux » ; curieusement, elle ne figure pas dans l'édition de 1595. Aurait-elle donc été rajoutée postérieurement à la copie dont semblent avoir disposé P. de Brach et Mlle de Gournay ?


13 Je n'ai pas trouvé la formulation précise de la « devise » de Talbot. Montaigne écrit « avau le vent » pour « a vau le vent », qu'A. Lanly traduit par « au gré du vent ». Mais cela ne me semble pas rendre complètement le sens, que je rapprocherais plutôt de l'expression « à vau-l'eau » qui est encore usitée aujourd'hui : « à vau », c'est « à val », donc « en aval », vers le bas, suivant simplement la pente naturelle — mais aussi avec une valeur dépréciative. J'ai donc conservé l'expression telle quelle, en ajoutant les traits d'union pour mieux la marquer.


14 Tous les commentateurs disent ici : « l'Allemagne », qui n'était pas très appréciée, en effet, des Français de l'époque.


15 Voir notamment Sénèque (De la tranquillité de l'âme XVII, p.690) : « Liber l'inventeur du vin, s'appelle ainsi, non parce qu'il délie les langues, mais parce qu'il libère l'âme des soucis dont elle est esclave... »


16 Flavius Josèphe De vita sua, §44.


17 Le vers exact est : « Inflatum hestero venas, ut semper, Iaccho ».


18 A. Lanly conserve « leur rang », et précise en note (II, 16, note 14) : « apparemment : la section, l'escouade à laquelle ils appartiennent. ». Je comprends différemment.


19 On trouve cette idée dans Sénèque Épitres, ou Lettres à Lucilius, LXXXIII.


20 Plutarque Vies..., Artaxerxès II, et éd. Amyot, Propos de table I, 4.


21 « estomac » au XVIe siècle avait un sens moins précis qu'aujourd'hui, et servait plutôt à désigner l'appareil digestif en entier.


22 La phrase qui précède ne figure que dans l'édition de 1595. Soit la copie dont disposaient les éditeurs (P. Brach, Mlle de Gournay) était légèrement différente de l'exemplaire de Bordeaux, soit il s'agit d'un ajout de leur propre chef. Mais je pencherais plutôt pour la première hypothèse, car on ne voit pas bien ce qui aurait pu les pousser à ajouter une telle réflexion.


23 Aucun commentateur de Montaigne n'a identifié ce personnage.


24 Montaigne écrit: « cinq lots ». Le « lot » valait 4 pintes, et la pinte un peu moins d'un litre. Il est difficile de croire Montaigne sur ce point... On sait qu'il n'est guère regardant quant à la qualité et la vraisemblance de ses « informations » !


25 Marc-Aurèle ou l'Horloge des Princes d'Antonio de Guevara, qui connut un grand succès.


26 Les deux phrases précédentes ne figurent que dans l'édition de 1595.


27 La source est certainement dans Diogène Laërce, Anacharsis I, 104.


28 Le texte manuscrit de Montaigne comporte nettement ici « ordonne ». La correction apportée par les éditeurs de 1595 offre un sens plus satisfaisant.


29 Les vins grecs étaient très corsés et très alcoolisés, un peu comme le Porto ou le Madère de nos jours, et on les consommait coupés d'eau.


30 Cette histoire serait (selon P. Villey) tirée de la Vie de Lucrèce de l'obscur auteur latin Crinitus.


31 Montaigne écrit « secte ». Il s'agit probablement ici des Stoïciens et des Épicuriens dans la phrase qui suit.


32 Les commentateurs ne sont pas d'accord sur l'identité de ce personnage : pour Villey, il s'agirait de « Métrodore de Lampsaque, philosophe épicurien ». Mais A. Lanly fait observer fort justement (II, 22, note 69), que « ce Métrodore était disciple d'Anaxagore », et qu'il s'agirait plutôt d'un « autre Métrodore, né à Athènes vers 330 av. J.-C. qui fut disciple et ami d'Épicure » .


33 Cette anecdote est tirée de Diogène Laërce, IX, 39.


34 Paroles attribuées à saint Laurent ; cf. Prudence, Des Couronnes, Hymne II.


35 In Flavius Josèphe, Histoire des Macchabées, VIII.


36 Platon éd. Gallimard, Pléiade, Ion §533-534, mais aussi : Sénèque, De la tranquillité de l'âme XVII, p. 691.


37 Montaigne prend aussi cela dans Sénèque, De la tranquillité de l'âme XVII, p. 691.


38 Allusion au travail des Parques : Clotho filait les jours et les événements de la vie, et Lachésis coupait le fil de celle-ci. Grand ou petit, le « fil » est complet, au sens où il représente une vie entière.


39 Ce passage est une sorte de traduction très compliquée de Cicéron De finibus, III, 18, et il est plutôt obscur... J'interprète assez librement ici pour tenter de lui donner un sens cohérent ! Ni la traduction de P. Villey ( II, 351, note 20, ni celle d'A. Lanly II, 27) ne m'ont semblé ici satisfaisantes.


40 Le texte de 1595 ne comporte que « punis en l'autre monde ». Pourtant, sur l'« exemplaire de Bordeaux », on lit nettement l'ajout manuscrit : « et en celui cy et».


41 Dans le texte de 1595 l'expression est en grec.


42 Cf. Livre I, chapitre 14.


43 Le geste de tourner le pouce vers le bas signifiait que la mise à mort était souhaitée.


44 Après le meurtre de César, Brutus, Cassius, et leurs partisans, durent s'enfuir de Rome, Antoine ayant soulevé le peuple contre eux. Ils se rendirent maîtres de l'Orient. Mais en 42, en Macédoine, Cassius battu à l'aile gauche par les troupes d'Antoine et Octave, se tua sans savoir que Brutus était vainqueur sur l'aile droite. Et Brutus, qui dut se replier le lendemain après une nouvelle bataille, se jeta sur sa propre épée. (D'après A. Lanly II, 30, note 57).


45 La bataille eut lieu le 15 Avril 1544. Selon l'édition Strowski t. IV, p. 182 b, « Montaigne a peut-être pris ceci dans les Commentaires de Montluc qu'il a pu connaître en manuscrit et qui ont paru l'année même de sa mort, en 1592 ». Voici le texte de Montluc : « Monsieur de Pignan, de Montpellier, qu'estoict a luy, me dit par deux fois il se donna [sic] de la pointe de l'espée dans le gorgerin, se volant thuer soy-mesmes et me dict au retour qu'il s'estoict veu en tel estat lors qu'il eust voulu qu'on luy eust donné de l'espée dans la gorge. »


46 Ce paragraphe ne figure que dans l'édition de 1595.


47 Montaigne, on le sait, a souffert une grande partie de sa vie de « coliques néphrétiques » — comme on appelle aujourd'hui ce qu'il appelait la « maladie de la pierre ».


48 Goze, Gozzo est une petite île à l'ouest de Malte. La source de cette histoire se trouve dans Guillaume Paradin, Histoire de son temps 1575, f° 99 v°. (Le passage où il est question de cette île est une addition manuscrite sur l'« exemplaire de Bordeaux », donc postérieure à 1588).


49 Dans l'édition de 1588, la phrase concernant « Pélagie et Sophronie » se trouvait placée avant celle qui commence par « L'histoire ecclésiastique... ».


50 Il s'agit d'Henri Estienne, dans son Apologie pour Hérodote XV, XXII.


51 Cette histoire est racontée dans le livre de Simon Goulard : Histoire du Portugal, IX, XXVII, f° 278 r°.


52 Voir Plutarque, éd. Amyot IX, Du trop parler.


53 A. Lanly ( II, 34, note 94) fait très justement remarquer que traduire « litteras » du texte de Tite-Live par « lettres » est un latinisme (pour ne pas dire une erreur), car « on sait que litteras (plur.) signifie “une lettre” ». Selon Tite-Live en effet, Fulvius avait bien reçu une lettre — mais à laquelle était jointe le senatusconsulte qui condamnait ses actes. C'est pourquoi j'ai préféré traduire par « des nouvelles ».


54 Abydéens : habitants de la ville d'Abydos, sur l'Hellespont. Source de l'épisode : Tite-Live Annales XXI, 17-18.


55 Dans l'Épître aux Philippiens (I, 23).


56 Aux Romains VII, 24.


57 Montaigne écrit « plus tost ». En choisissant la mort, l'évêque arriva probablement « plus tôt » au Paradis, en effet... mais il me semble qu'il faut plutôt voir ici une opposition entre « rentrer en France » et « aller au Paradis ». D'où ma traduction par « préféra ».


58 Il ne s'agit pas seulement de l'Amérique, mais aussi, comme ici, des Indes.


59 Tacite : Annales VI, XXIX, 1-2.


60 Le plus jeune des fils de Pompée ; après avoir fait la guerre aux triumvirs, il fut vaincu par Agrippa, et s'enfuit à Milet où il fut assassiné par un officier d'Antoine.


61 Le mot « insupportable » a été rajouté à la main sur « l'exemplaire de Bordeaux ». Curieusement, ce mot ne figure pas dans l'édition de 1595. Preuve que Mlle de Gournay et P. de Brach disposaient d'une copie quelque peu différente, ou simple oubli ?


62 Le livre d'Amyot a paru en 1572, et on estime que ce chapitre a été composé l'année suivante. Dans une période aussi troublée en France, la lecture des œuvres morales de Plutarque pouvait en effet être considérée comme bien « à propos ».


63 Amyot était né en 1513, il avait donc à peu près soixante ans à l'époque où Montaigne écrivait cela. Il ne mourut qu'en 1593, mais ne traduisit pourtant jamais Xénophon...


64 Plutarque, éd. Amyot, De la curiosité X, v.


65 Montaigne écrit « un pacquet ». Mais comme le fait remarquer A. Lanly (II, 39, note 5) « le mot paquet est usuel au XVIe siècle pour « lettre ».


66 Dans le texte de Montaigne, on a « lettres » ; mais Plutarque employait le mot grec signifiant « une lettre », et il s'agit probablement ici d'un latinisme.


67 Là encore, « lettres » ; mais s'agissant de quelque chose que l'on surprend par hasard, il est difficile de conserver ce pluriel — que l'on vient de rencontrer à plusieurs reprises, et qui est probablement un latinisme.


68 En principe, le mot « sieur » désignait une personne de rang inférieur à celui qu'on nommait « seigneur ». Michel Eyquem, fils aîné, était « seigneur de Montaigne », et il nomme ses frères : « le sieur de La Brousse », le « sieur d'Arsac » ; les domaines qu'ils avaient reçus n'étaient pas des « seigneuries ».


69 Ceci est plutôt surprenant car... Hésiode est bien antérieur à Platon !


70 Les cantharides, ou « mouches d'Espagne » passaient pour avoir des propriétés aphrodisiaques et vésicantes.


71 On peut penser au célèbre « L'oeil était dans la tombe et regardait Caïn. » de Victor Hugo !...


72 D'après Aulu-Gelle, Nuits Attiques IV, 18. Mais P. Villey (ed. Strowski, IV, P. 192), cite le passage et indique « ...je n'ai trouvé aucun texte qui explique ces mots de Montaigne : “ et son accusateur mesme ”, qui sont en contradiction avec le récit d'Aulu-Gelle ».


73 Montaigne écrit « cauterizee ». D'après Littré, c'est un terme de morale chrétienne (XVIe s. fig. conscience cauterisée « conscience endurcie, corrompue » (Calvin) — TLF). Mais c'est aussi un terme médical depuis Henri de Mondeville (1314) : « brûler un tissu organique pour le désinfecter ». J'ai préféré « endurcie », qui est plus dans l'usage d'aujourd'hui, me semble-t-il, dans ce contexte.


74 Les éditions antérieures à 1588 portaient ici : « le mieux »...


75 On sait que les Grecs nommaient « barbares » les peuples qui n'étaient pas... grecs. Ce n'est que bien plus tard que le mot prit le sens péjoratif que nous lui connaissons, mais on voit que tel était le cas au XVIe siècle déjà.


76 La source est dans Froissart, IV, 78. Le général dont il s'agit est Bajazet 1er, selon l'édition Strowski.


77 Le mot « exercitation » employé par Montaigne dans le titre de ce chapitre peut signifier aussi bien « exercice », « expérience », « pratique », « entraînement »... C'est en fait un peu de tout cela à la fois qu'il s'agit.


78 Montaigne pense probablement à Démocrite, dont la légende raconte qu'il s'était crevé les yeux.


79 Voilà une notation dont la finesse tranche sur les idées convenues !...


80 Le château de Montaigne est en effet situé entre le Poitou et la Guyenne, région où ont eu lieu de nombreux combats durant les guerres de religion.


81 Cheval puissant, généralement utilisé pour les labours ou pour transporter des charges. Cheval moins « noble » que les « destriers » dont il a été question au livre I, 48, et que l'on montait pour la chasse ou la guerre.


82 Donc difficile à manier, comme les chevaux trop malmenés (c'est par la bouche, en quelque sorte, que le cavalier communique ses ordres au cheval).


83 Montaigne précise « lieue française », car les lieues n'avaient pas la même valeur dans toutes les provinces. La « lieue française » valait environ 4,45 km.


84 A. Lanly traduit ici par « un plein seau de caillots de sang pur », ce qui me semble un peu contradictoire dans les termes ? Par ailleurs, je ne suis pas sûr que l'on puisse rendre « bouillons » par « caillots » ? C'est pourquoi j'ai préféré « à gros bouillons ».


85 Montaigne écrit « âme », mais il semble bien que dans ce contexte, il s'agisse plutôt de ce que nous nommons « esprit ».


86 Ce « tribut » est un cheveu. C'est Iris qui parle.


87 L'édition de 1588 comportait ici : « si plaisante ». Sur l'« exemplaire de Bordeaux », ces mots sont raturés et remplacés à la main par « moins poisante ». A. Lanly indique ici, à tort : « Dans les éditions antérieures on lisait : “si agréable” ».


88 Les éditions de 1580 et 1582 portaient ici : « me sens encore quatre ans après de ».


89 Pline Histoire naturelle XXII, 24, C.


90 Tout le développement qui suit, jusqu'à la fin de ce chapitre, est un ajout manuscrit sur l'« exemplaire de Bordeaux », donc postérieur à 1588. Il est caractéristique de l'évolution des Essais vers la « peinture du Moi ».


91 La formule est plaisante, qui montre bien les méfaits d'une position trop radicale... Aujourd'hui, on dirait peut-être : « On jette le bébé avec l'eau du bain » ?


92 P. Villey croit devoir faire remarquer dans son Lexique que les « brides pour les veaux n'existent pas. ». Outre le fait qu'il ne devait pas souvent fréquenter les marchés aux bestiaux... et même s'il ne s'agissait pour Montaigne que d'une boutade à propos d'un lien imaginaire, l'acception actuelle (et populaire !) de « veaux » m'a semblé justifier amplement mon choix de conserver l'expression.


93 Montaigne écrit « se jetter bien avant sur le trottoir » et « jeter sur le trottoir » est aujourd'hui équivoque. Mais il s'agissait bien sûr pour lui, homme de cheval, de l'endroit où l'on faisait trotter les chevaux pour en montrer la valeur. J'ai été tenté d'utiliser « plateau » — malgré l'anachronisme !


94 Les voisins en question sont les Protestants, dont les confessions étaient publiques.


95 Montaigne utilise ici le mot « skeletos », que Paré et Ronsard entre autres avaient déjà francisé en « squelette » à l'époque. Mais plutôt que d'un « squelette », Montaigne veut manifestement parler d'un corps destiné à l'étude anatomique, et c'est pourquoi j'ai utilisé « écorché ».


96 Le texte (manuscrit) de l'« exemplaire de Bordeaux » comporte ici « ou pres de la » — et non « tout a fait ». Il peut donc s'agir d'une erreur faite par les éditeurs de 1595 — à moins qu'ils n'aient jugé que « tout à fait » s'accordait mieux avec le sens de la phrase ? Dans ma traduction, je combine un peu les deux versions.


97 L'édition de 1595 a omis « Il peut estre», que l'on peut lire sur la partie manuscrite de l'« exemplaire de Bordeaux », malgré la rature qui se trouve à cet endroit. Je réintroduis donc cette petite phrase — qui a tout de même son importance — dans ma traduction.


98 A. Lanly traduit ici : « qui se voient [seulement en second lieu] après leurs affaires ». Je ne partage pas son point de vue. « Après » peut fort bien signifier « d'après » en marquant une cause et non une succession temporelle. Du moins si j'en crois l'exemple donné (malheureusement sans référence !) par le Dictionnaire du Moyen Age et de la Renaissance de Greimas/Keane : « Après le naturel, d'après nature. » Je me risque donc à traduire « d'après la réussite de leurs affaires », car cela me semble plus convaincant, de toutes façons, dans le contexte ?


99 « baissera la tête » par humilité, bien sûr. Mais...« l'expression est belle, il nous la faut choyer » !


100 Selon P. Villey , ce chapitre aurait été écrit par Montaigne à l'occasion de « la création de l'Ordre du Saint-Esprit, destiné à remplacer l'Ordre de Saint-Michel, qui était tombé dans un grand discrédit. »


101 Jules César, le vainqueur des Gaules.


102 A l'origine, ces « ordres » avaient été créés pour lutter contre les « infidèles ». Devenus souvent trop puissants et/ou trop riches (Templiers), ils furent peu à peu réduits par la royauté et transformés en effet en ordres purement honorifiques.


103 Cet ordre fut fondé en 1469 par Louis XI. Si l'on en croit Montluc, il avait encore tout son prestige sous Henri II vers 1550. Ce serait sous Charles IX que des abus (évoqués par Montaigne) lui auraient ôté sa réputation.


104 Il me semble qu'il faut ainsi comprendre « ...le dancer, ...le parler... » Pour « le voltiger », il s'agit de figures exécutées à cheval, que Montaigne a déjà évoquées ailleurs.


105 Cette phrase, déjà présente dans le texte de 1588, a été oubliée dans la traduction d'A. Lanly (II, 57).


106 En latin, « virtus » est en effet de la même racine que « vis », la force. Cf. ma traduction, Livre I, XIX, §4. Cette étymologie (?) vient en fait de Cicéron : Tusculanes, II, 18.


107 Madame d'Estissac est la mère de Charles d'Estissac qui accompagnera Montaigne dans son voyage en Italie. Elle était veuve depuis 1565 et avait une fille, Claude, qui épousa en 1587 le comte de La Rochefoucauld.


108 D'après Montaigne lui-même, c'est en 1571 que, lassé de ses charges publiques, il avait décidé de se retirer dans sa « librairie ».


109 Elle était probablement très jeune encore en effet, en 1565. On sait qu'elle se remaria d'ailleurs en 1580 (donc peu de temps après que Montaigne eut composé ce texte), avec Robert de Combaut, premier maître d'Hôtel d'Henri III.


110 On est encore loin de « l'Homme-machine » ; ce n'est même pas encore Descartes, bien sûr. Mais Montaigne emploie bel et bien le mot « machine », qu'il faut certainement entendre ici au sens large de « construction, assemblage ». Traduire par « mécanique » comme le fait A. Lanly II, p. 60 me semble aller un peu loin.


111 Comment rendre « actions toutes formées » ? Il m'a semblé que cette « forme » était celle de l'esprit et du raisonnement.


112 Aristote Politiques VII, 16.


113 Platon République V.


114 Platon Lois VIII.


115 La traduction d'A. Lanly a omis la deuxième partie de cette parenthèse qui figure pourtant bien dans le texte de 1580, déjà.


116 Il s'agit de Jean d'Estissac, doyen de Saint Hilaire de 1542 à 1571, et qui mourut en 1576. Selon Jean Plattard Montaigne a pu le voir en effet en 1574, lorsqu'il se rendit au camp de Ste Hermine.


117 Le Maréchal de Monluc, qui a écrit ses souvenirs, intitulés Commentaires est mort en 1577, et son fils en 1566.


118 Note de l'édition P. Villey : « Ce terme de droit désigne une disposition par laquelle on appelle successivement un ou plusieurs héritiers à succéder pour que celui qu'on a institué le premier ne puisse pas aliéner les biens soumis à la substitution.[...] Il s'agit ici de substitution en faveur des mâles. Un commentateur a observé que Montaigne a cédé aux préoccupations dont il signale ici les exagérations : mû par le désir de perpétuer son nom, il a fait un testament par lequel il disposait de plus qu'il ne possédait, et institué le puîné de ses descendants héritier de sa terre et du nom, ce qui a donné lieu par suite du second mariage de sa fille Léonore, à un procès qui ne s'est terminé que deux siècles après. » (P. Villey II, Sources et annotations p. 041).


119 Platon Lois XI.


120 Il s'agit de la « Loi salique », c'est-à-dire celle des Francs Saliens, écrite selon la tradition d'abord sous le règne de Clovis, puis de Charlemagne. Elle excluait les femmes de la succession à la terre, et fut ensuite étendue à la couronne, sous les Valois. A l'époque où écrivait Montaigne, cette question était d'actualité, puisqu'on pensait que Henri III n'aurait pas d'enfants. P. Villey fait observer que Montaigne défend cette loi comme « raisonnable » et non comme historiquement fondée sur quelque texte ancien. (P. Villey II, Sources et annotations p. 041).


121 Cette « fille » est toute spirituelle puisqu'il s'agit de son roman L'Histoire éthiopique qui a été traduit par Amyot.


122 Il s'agit en fait de Cremutius Cordus, dont parle Tacite Annales, IV, 34.


123 Saint Augustin avait bel et bien des enfants : ses « Confessions » nous l'apprennent ; Montaigne n'avait certainement pas lu cet ouvrage...


124 Montaigne écrit : « mousquetaires » ; mais il ne s'agit pas de bretteurs gascons façon Dumas : ce sont les soldats porteurs de mousquets, ancêtres de nos fusils, et non de rapières. J'ai donc préféré parler de mousquetsplutôt que de mousquetaires...Montaigne écrit : « mousquetaires » ; mais il ne s'agit pas de bretteurs gascons façon Dumas : ce sont les soldats porteurs de mousquets, ancêtres de nos fusils, et non de rapières. J'ai donc préféré parler de mousquetsplutôt que de mousquetaires...


125 D'après Xiliphin, abrégé de : Dion Cassius, Vie de Caracalla.


126 Le passage entre crochets figure dans l'édition de 1580 et 1588. Mais il a été rayé d'un trait de plume dans l'« exemplaire de Bordeaux », et il ne figure pas dans l'édition de 1595. L'édition de P. Villey le donne en note (II, p. 405), mais A. Lanly dit seulement (II, note 18, p. 77) que « Les éditions savantes donnent ici une phrase qui figurait dans les éditions publiées du vivant de Montaigne » — sans la citer. Cette anecdote donne un éclairage de plus sur « l'homme-Montaigne » et confirme qu'il ne manquait pas d'humour... C'est pourquoi j'ai jugé bon de la reproduire ici.


127 Le texte de 1588 comportait ici une phrase dont voici la traduction : « J'ai une mémoire qui n'est pas capable de conserver trois jours durant ce que je lui ai confié. »


128 L'édition de 1588 comportait ici un développement qui a été barré dans l'« exemplaire de Bordeaux ». En voici la traduction : « et à la confiance que je leur accorde. Ce que je prends aux autres, ce n'est pas pour me l'attribuer, je ne prétends à rien ici, sauf à raisonner et juger : le reste n'est pas mon affaire. Je ne demande rien, si ce n'est qu'on examine si j'ai bien su choisir ce qui convenait à mon propos. Et si je cache parfois volontairement le nom de l'auteur des passages que j'emprunte, c'est pour réfréner la liberté de ceux qui prétendent juger de tout, et n'ayant pas le flair nécessaire pour goûter les choses par elles-mêmes, se fondent sur le nom de celui qui a écrit et sur sa renommée. Je veux qu'ils soient bien attrapés en condamnant Cicéron ou Aristote parce qu'ils croient que c'est de moi. »


129 Cette phrase figure bien dans les éditions de 1580, 1588 et 1595 ; mais elle a été omise dans sa traduction par A. Lanly.


130 L'officier chargé de veiller à la bonne disposition des troupes avant le combat.


131 À propos de « resveries », A. Lanly déclare « on traduit souvent par idées folles ; c'est exagéré. » — mais il propose « idées fantasques »... qui ne me semble guère meilleur !


132 Il s'agit bien entendu de Cicéron. On pourra remarquer que Montaigne évoque ici ce qu'il critique par ailleurs : le fait que la réputation de Térence doive beaucoup à une autorité reconnue.


133 Horace, notamment dans : Épîtres, II, 2, v. 150.


134 Montaigne sait de quoi il parle, lui qui aimait être à cheval parce qu'il se trouvait trop petit !


135 Jacques Amyot a publié en 1572 sa traduction éd. Amyot des Œuvres morales de Plutarque, dont il avait déjà publié, dès 1559, la Vie des hommes illustres. Montaigne connaissait bien ces ouvrages.


136 Plutarque entre 45 et 50, Sénèque vers 4 av. J.-C.


137 Sénèque fut le précepteur de Néron, qui l'obligea à se suicider en 65. Selon certaines traditions peu sûres, Plutarque aurait été celui de Trajan et peut-être d’Adrien.


138 « Sursum corda » : ce sont les mots que le prêtre prononce pendant la messe, au commencement de la « préface », et qui sont un appel à l'attention.


139 Cet ouvrage est de Cicéron. Montaigne l'évoquera de nouveau dans le chapitre II, 13, §9 de la présente édition. Mais il avait pourtant fustigé sévèrement cette « philosophie ostentatoire et bavarde ». Cf. ma traduction Livre I, 38, §38.


140 L'édition de 1588 avait ici un passage qui a été barré d'un trait de plume dans l'« exemplaire de Bordeaux », et que ne reproduit pas l'édition de 1595. Le voici : « Si est-ce qu'il n'a pas en cela franchi si net son advantage, comme Vergile à faict en la poësie, car bientost apres luy, il s'en est trouvé plusieurs qui l'ont pensé égaler et surmonter, quoy que ce fust à bien fauces enseignes : mais à Vergile nul encore dépuis luy n'a osé se comparer ; & à ce propos j'en veux icy adjouter une histoire. »


141 « Il semble que ».


142 Cette phrase entre crochets a été barrée sur l'« exemplaire de Bordeaux », et ne figure pas dans l'édition de 1595. On peut se demander pourquoi, car elle ne manque pas d'intérêt.


143 Cette phrase elle aussi a été barrée dans l'« exemplaire de Bordeaux ».


144 Guichardin avait en effet occupé des postes importants : ambassadeur de la république de Florence auprès du roi de Castille Ferdinand V ; au service des papes ; gouverneur de Modène et de Reggio (1518), puis de Parme (1521), de Bologne (1531-1534)...


145 P. Villey, et A. Lanly à sa suite, donnent ici au mot « religion » le sens de « scrupule ». Je ne vois pas pour ma part de raison impérative et suffisante pour ne pas conserver le mot ?


146 L'auteur principal est Martin Du Bellay, mais son frère Guillaume a rédigé les livres V à VIII.


147 Montaigne parle de « secte » ; mais le mot a de nos jours une telle connotation péjorative que j'ai préféré l'éviter.


148 Comme on peut le voir si l'on confronte cette traduction et le texte original, ce dernier est si emmêlé à cet endroit, si truffé d'incises qui n'en finissent pas, qu'il m'a été absolument impossible de parvenir à le rendre intelligible sans en bouleverser grandement l'organisation. Il est clair que Montaigne en ajoutant sans cesse des anecdotes, des citations, ou des réflexions d'après coup à son texte, ne prend pas toujours la peine de reconsidérer l'ensemble du passage ou même de la phrase... et que l'on se trouve en fin de compte devant un fouillis inextricable ! Au lecteur de juger si j'ai eu raison de prendre de telles libertés.


149 Montaigne ne vient-il pourtant pas de dire, quelques lignes plus haut, que Socrate « se mettait à l'épreuve en supportant la méchanceté de sa femme »... ?


150 Assiégé dans Utique par César, Caton se transperça de son épée.


151 César... !


152 Cette phrase, qui a été ajoutée sur l'« exemplaire de Bordeaux », n'est pas très claire ; il faut probablement comprendre : « semble insister sur le fait qu'il faut détester le vice. »


153 La guerre de Troie, on le sait, fut soi-disant provoquée par ce choix.


154 Le mot de Montaigne ici est « délicats ». A. Lanly reprend le mot proposé par P. Villey (, II, p. 428) : « efféminés »... Mais dans ce contexte (les principes philosophiques) le mot me semble mal venu.


155 Diogène Laërce Vies... Épicure X, p. 1245 : « Envoie-moi un pot de fromage afin que je puisse, quand je le voudrai, faire grande chère. »


156 L'édition de 1595 est la seule à mettre ici « Je les accuse... ». Sur l'« exemplaire de Bordeaux », le texte était : « ains au rebours, il juge plus exactement & plus rigoureusement », corrigé en : « Au rebours il les accuse plus rigoureusement».


157 Sur l'« exemplaire de Bordeaux », on peut voir que la phrase imprimée « C'est icy un fagotage de pieces descousues : je me suis detourné de ma voye pour dire ce mot de la chasse. Mais » a été barrée d'un trait de plume.


158 C'est Suétone Vies..., César LXXIV. C'est encore de lui qu'il s'agit dans la phrase suivante.


159 Cette exécution s'est déroulée le 14 janvier 1581. Elle est racontée par Montaigne dans son « Journal de Voyage » ( p. 1210). Catena avait commis 54 meurtres, paraît-il ; et 10 000 personnes assistèrent à son exécution. « Il fit une mort commune, sans mouvemans et sans parole ; estoit home noir, de trante ans ou environ. Après qu'il fut estranglé on le detrancha en quatre cartiers. Ils ne font guiere mourir les homes que d'une mort simple et exercent leur rudesse après la mort. [...] le peuple qui n'avoit pas santi de le voir estrangler, à chaque coup qu'on donnoit pour le hacher, s'écrioit d'une voix piteuse. »


160 Au § 28 pourtant, Montaigne semblait faire l'éloge de l'excitation qui saisit le chasseur ?


161 Les oies du Capitole avaient éveillé les défenseurs par leurs cris, empêchant la ville d'être envahie par surprise.


162 Certes, Montaigne utilise ici le mot « science » ; mais il ne saurait s'agir de ce que nous rangeons aujourd'hui sous ce mot... Et j'estime que le terme plus large de « connaissance » convient mieux, car il n'implique pas forcément l'idée d'une construction globale et cohérente bâtie sur des protocoles explicites.


163 Montaigne écrit « en doubte et à la balance ». Les commentateurs n'ont pas manqué de relever le fait que, en 1576, il avait fait graver pour lui-même une médaille sur laquelle justement, les plateaux d'une balance en équilibre symbolisaient son impossibilité d'alors à adopter une opinion plutôt qu'une autre... Mais ce scepticisme a connu de fortes variations.


164 Les éditions précédentes comportaient ici la phrase : « avec la négligence qu'on peut y voir, d'après le très grand nombre de fautes que l'imprimeur y laissa, ayant eu seul la responsabilité de ce travail. »


165 Je comprends ainsi les « choses externes » dont parle Montaigne ici.


166 A. Lanly se contente de traduire par « un pied ». Mais des exemples tels que : « Si noz facultez intellectuelles & sensibles, sont sans fondement & sans pied » ou « cette consideration, qui nous a faict forger & donner pied si volontiers, à cette loy » ou encore « l'humaine raison a persuadé, qu'elle n'avoit ny pied, ny fondement quelconque » montrent bien, à mon avis, que « pied » est à prendre ici non pas littéralement (car alors que dire de « fondement » ?), mais dans le sens de « base ».


167 Anonyme, imitant Virgile (Énéide VII, 587), à la louange de Ronsard.


168 Comme toujours chez Montaigne, deux termes quasi équivalents pour qualifier quelque chose... Nous éviterions certainement aujourd'hui ce que nous ressentons comme une redondance.


169 Bible de L. Segond, Matth. XVII, 20 : « Je vous le dis en vérité, si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à cette montagne : ‘Transporte-toi d'ici là’, et elle se transporterait ; rien ne vous serait impossible. »


170 Le texte dit : « orages publics ». Le mot « public » a pour le lecteur d'aujourd'hui un sens trop précis. Je propose donc une périphrase pour rendre l'idée, qui est, me semble-t-il, celle de bouleversements de la société.


171 L'expression employée par Montaigne « faire barbe (ou gerbe) de paille » signifiait : donner de la paille pour du grain, se moquer. « Rouler dans la farine » qui s'emploie encore aujourd'hui couramment, m'a semblé conserver la même idée, et convenir mieux dans le contexte que celle de « faire prendre des vessies pour des lanternes ».


172 Selon Diogène Laërce (Vies..., Diogène p. 717), Diogène aurait lancé une réplique de ce genre « à des Athéniens qui lui demandaient de se faire initier aux mystères », et il aurait dit : « Laissez-moi rire ! Agésilas et Épaminondas croupiraient dans le bourbier, tandis que n'importe quel pauvre type, à condition d'être initié, séjournerait dans les îles des Bienheureux ! »


173 Les éditeurs (Villey p. ex.) font ici référence au texte de Platon Lois X. Mais c'est plutôt I, 5, semble-t-il, où l'on peut lire : « quand quelqu'un se trouve près de ce qu'il croit devoir être la fin, pénètrent en lui la peur et le souci de choses dont auparavant il ne s'inquiétait pas. » Et il faut noter que ni le mot « athée », ni « athéisme », ne figurent dans le texte de Platon.


174 Platon République I : « Car les histoires que l'on raconte au sujet de ce qui se passe chez Hadès, à savoir que celui qui, en ce monde, a commis l'injustice, doit dans l'autre en rendre justice, ces histoires, dont il se riait jusqu'alors, voici maintenant qu'elles bouleversent son âme ». Comme indiqué à la note précédente, rappelons que les mots « athée » ou « athéisme » ne figurent pas explicitement dans le texte de Platon — bien entendu... Toutefois, dans le texte de Montaigne, ce « ils » renvoie bien à ceux dont il a été question au paragraphe 25.


175 Sur l'« exemplaire de Bordeaux », le passage qui suit a été entièrement barré d'un trait de plume : nouvel indice des précautions que Montaigne avait peut-être jugé bon de prendre cette fois envers son imprimeur... ? Je traduis : « Si mon imprimeur aime ces préfaces ampoulées et maniérées sans lesquelles, selon la mode d'aujourd'hui, il n'est pas de bon livre, s'il n'en est pas bardé, il ferait mieux d'utiliser des vers comme ceux-là, qui sont de meilleure et plus ancienne race que ceux qu'il est allé y accrocher. »


176 Dans l'édition de 1588, on trouvait au lieu de la phrase précédente ceci : « Celui qui est d'ailleurs imbu d'une créance, reçoit bien plus aysément les discours qui lui servent, que ne faict celuy qui est abreuvé d'une opinion contraire comme sont ces gens icy. » Dans l'« exemplaire de Bordeaux », cette phrase a été surchargée par une correction manuscrite que ne reprend pas exactement l'édition de 1595 : « On couche volontiers le sens des escrits d'autrui a la faveur des opinions qu'on a prejugees en soi : et un atheiste se flate a ramener tous auteurs à l'atheisme : infectant de son propre venin la matiere innocente. Ceux cy ont quelque [..] ». Ma traduction suit le texte de 1595. Mais les différences ne sont pas négligeables, comme de remplacer « escrits » par « dicts ».


177 Platon Timée 51 : « Il faut dire qu'à l'opinion tout hommeparticipe, qu'à l'intellection au contraire, les dieux ont part, mais des hommes, une petite catégorie seulement. »


178 Montaigne écrit « ces gens icy ». Il s'agit de ceux qui sont évoqués plus haut (§ 33) : « certains disent que ses arguments sont faibles et incapables de démontrer ce qu'il veut... » et donc des athées.


179 Ce sont les maximes « dictées à saint Paul par le Saint-Esprit », comme il est écrit dans l'Épître aux Corinthiens II, 8 — III, 9 — VIII,2 et l'Épître aux Galates VI. Cette dernière ainsi que celle qui concerne « l'hommequi présume de son savoir » étaient gravées en latin sur les poutres de la « librairie » de Montaigne.


180 En clair : ils n'admettent pas que l'on fasse appel, pour essayer de les convaincre, à des preuves « extérieures à la raison », c'est-à-dire divines. Ont-ils tellement tort ?


181 Il est plaisant aujourd'hui de voir un plaidoyer pour la « vraie religion » se fonder sur l'astrologie — par le moyen d'une citation d'un auteur de l'Antiquité !


182 Diogène Laërce Vies... Anaxagore II, 8 : « C'est lui [...] qui disait que la Lune a des habitations, mais aussi des sommets et des ravins ».


183 Plutarque éd. Amyot LXXI, De la face qui apparoit au rond de la lune.


184 Livre de la Sagesse IX, 15 — cité par saint Augustin Cité de Dieu XII, XV.


185 Dans l'« exemplaire de Bordeaux », « dict Pline » a été barré, ce qui semble indiquer que dans sa révision, Montaigne tenait à reprendre l'affirmation à son compte ?


186 Parmi les trois « conditions » : l'air, l'eau, la terre, la dernière est considérée comme étant « la pire ».


187 Les deux phrases précédentes ont été ajoutées dans l'édition de 1595. Faut-il y voir la main de Mlle de Gournay ?


188 Platon, Le politique p. 198 : « Telle était, Socrate, la vie des hommes sous Chronos. » (Chronos en grec et Saturne en latin renvoient à la même entité).


189 Platon, dans le Timée, 72.


190 On voit que même pour un Gascon, la langue basque était alors le symbole même de la langue incompréhensible ! Mais le rapprochement avec les animaux n'est pas des plus flatteurs...


191 Dans l'Antiquité on appelait ainsi un peuple plus ou moins légendaire, qui vivait au sud-est de l'Égypte sur le golfe de Suez. Strabon raconte qu'ils vivaient dans des trous de rochers, et Pline qu'ils mangeaient même des serpents, qu'ils n'avaient pas de langue propre, mais poussaient de simples cris.


192 Le texte de l'« exemplaire de Bordeaux » portait ici : « sans discours & sans providence ». Le passage de « providence » à « prudence » est-il une coquille, ou bien une correction volontaire de la part de Mlle de Gournay ?


193 Traduire ici « art » par « technique » comme le fait A. Lanly (II, p. 122) m'a semblé exagérément anachronique : le mot n'est apparu avec ce sens que deux siècles plus tard, selon le Petit Robert.


194 Le mot « police » est souvent employé pour désigner la société. Mais le contexte conduit à privilégier ici la notion d'organisation, et « organisme » m'a semblé convenir.


195 Ici les éditions faites du vivant de Montaigne, comme l'« exemplaire de Bordeaux » ajoutaient : « le visage, les pieds, les mains, les jambes, les épaules, la tête, selon que l'usage nous y convie ».


196 Que nous appelons précisément « défenses ».


197 Rat carnassier pouvant atteindre un mètre de long. Il était adoré dans l'ancienne Égypte, parce qu'il passait pour détruire les serpents et les œufs de crocodile.


198 A. Lanly (II, p. 125) traduit ici « ce que nous exprimons par la parole, il faut que nous l'exprimions d'abord à nous-mêmes ». Mais à mon avis dans le texte de Montaigne il n'est question que de la matérialité sonore, et non du sens de ce que l'on dit — ce que suggère pourtant le verbe « exprimer ».


199 Montaigne ne précise pas explicitement à quoi s'applique cette ressemblance ; A. Lanly (II, p. 125, note 162) estime qu'il peut s'agir de « l'ensemble des êtres vivants ». Mais dans les paragraphes précédents, c'est bien des animaux que Montaigne a traité, et c'est pourquoi j'ajoute « les animaux ».


200 Ecclésiaste 9-2. Montaigne a déjà fait référence à cette sentence au chapitre I, 36. « Tous ont même sort, juste et méchant, bon, pur et impur... » (Bible Osty, Seuil, 1973,s p. 1350) et l'avait fait graver en latin sur les poutres de sa « librairie ». A. Lanly (II, p. 125, note 163) croit devoir ajouter que « L'Édition P.U.F. remarque (p. LXVIII) qu'il n'y a rien de tel dans l'Ecclésiaste ni dans l'Ecclésiastique. » Il se trompe, confondant la note 2 et la note 3 de ladite page — P. Villey indique seulement que « le texte de l'Ecclésiaste est assez sensiblement différent. ». Mais ce qu'il cite est le verset 3, alors que le 2 (cité plus haut ici) correspond très bien !


201 La dernière partie de cette phrase ne se lit que dans l'édition de 1595.


202 Plutarque éd. Amyot LVIII, Quels animaux sont les plus advisez f° 513 G.


203 Plutarque éd. Amyot VII, Comment on pourra discerner le flatteur d'avec l'amy f° 41 A.


204 Hérodote, IV, 71-72, qui dit toutefois que ces chevaux et ces jeunes gens avaient été étranglés auparavant...


205 La mer d'Azov.


206 Aristote, cité par Plutarque éd. Amyot LVIII, Quels animaux sont les plus advisez f° 519.


207 Plutarque Vies..., Sylla p. 887, ne mentionne pas explicitement les « poux » mais parle de « vermine » : « Il resta longtemps sans s'apercevoir qu'il avait un abcès dans les entrailles. Or cet abcès corrompit sa chair et la changea en vermine... ». D'ailleurs dans la phrase suivante, Montaigne parle bien de « ver ».


208 La rhubarbe passe pour être un purgatif ; le polypode (sorte de fougère) est laxatif et facilite l'évacuation de la bile.


209 Plante aromatique aux feuilles laineuses. Le Dictame de Crête a des propriétés vulnéraires (guérison des plaies).


210 Une fois de plus, on peut constater que Montaigne reprend, sans aucun esprit critique, tout ce qu'il trouve dans les « auteurs »...


211 G. de Trapezonce ou de Trébizonde, (1395-1484), grammairien grec dont les traités étaient en usage dans les écoles au à l'époque de Montaigne.


212 L'édition de 1595 a omis « et sans discours », pourtant présent dans l'« exemplaire de Bordeaux ».


213 L'épisode semble tiré de l'Histoire indienne de cet auteur.


214 Montaigne a en effet exprimé déjà cette idée plus haut, Livre I, chap. 42, §1 : « il y a plus de distance de tel à tel homme, qu'il n'y a de tel homme à telle beste. »


215 Montaigne écrit « par le bec [...] c'est un poisson à coquille ». Mais le remora n'a pas plus de bec que de « coquille » !... Les remora ont sur la tête une large ventouse par laquelle ils s'attachent, à l'envers, et très solidement d'ailleurs, aux tortues, aux requins etc. Quant à arrêter les navires...


216 Ville de Phrygie.


217 Montaigne emploie le mot « mathématicien ». Claude Pinganaud (éd. Arléa) traduit par « astrologue », A. Lanly par « météorologue »... mot qui s'accorde mieux avec le contexte, mais qui n'est apparu qu'en 1783... Par ailleurs, le dictionnaire Petit Robert indique que le mot a signifié « astronome » jusqu'au XVIIIème. Mais les astronomes ont longtemps été aussi des astrologues... En fait il semble bien que le terme de « mathématicien » ait eu longtemps le sens générique de « savant », et c'est celui que j'ai choisi d'adopter ici.


218 Filets disposés en demi-cercle.


219 Le passage entre crochets figurait dans toutes les éditions jusqu'à celle de 1588 (« exemplaire de Bordeaux »), où il a été rayé d'un trait de plume. Il n'a pas été repris dans l'édition de 1595. Je l'indique cependant, pour l'intérêt qu'il présente.


220 Montaigne dit seulement : « comme à certain visage ». D. M. Frame et A. Lanly pensent que « nous » a été omis et considèrent qu'il s'agit d'un parallèle fait avec l'attitude des hommes. Cela se tient, mais « visage » a longtemps eu le sens de « contenance », « attitude », et peut donc s'appliquer à des chevaux.


221 Comme souvent, la citation donnée par Montaigne est inexacte ou incomplète. Et le sens de ces vers est bien plus leste que celui généralement donné par les traducteurs !


222 Le mot du texte latin est « regibus » (rex : roi ; mais Virgile évoque ici les abeilles, et nous parlons de « reine » de nos jours à leur propos.


223 Il s'agit de l'empereur Auguste, auquel Martial prête la parole dans les vers cités ensuite. L'épigramme prétend s'adresser à un « lecteur sévère » qui aurait reproché à Martial ses vers licencieux, et en guise d'excuse, le poète propose « ce sixain égrillard de César Auguste ».


224 Il s'agit de la princesse à laquelle il s'adressera encore plus loin, et à laquelle il a dédié l'Apologie : on pense généralement qu'il s'agit de Marguerite de Valois, fille de Henri II et femme de Henri de Navarre, futur Henri IV. Les vers de Martial étaient en latin, ce qui permettait de faire passer des choses un peu lestes...


225 Virgile, dans les Géorgiques dont il a été question plus haut.


226 P. Villey fait remarquer que Montaigne se trompe ici : ce n'est pas Sertorius, mais le peuple des Characitaniens qui furent vainqueurs ici. Mais il est vrai qu'ailleurs, Sertorius a remporté une victoire sur Pompée.


227 A. Lanly indique ( T. II, p. 141, note 274) que ce territoire, contrairement à ce qu'indique l'édition Villey, n'est pas en Inde, mais que c'est celui d'une tribu du Maroc. La ville de « Tamly » n'a pas été vraiment identifiée.


228 A. Lanly traduit ici « ils veulent plus ». Il a tort, à mon avis : il s'agit bien d'une opposition « vouloir/pouvoir ».


229 Source : Plutarque éd. Amyot Quels animaux...


230 Le dictionnaire Gaffiot donne : « Bourg près de Corinthe » avec une référence dans Ovide Métamorphoses 7, 435.


231 Montaigne a tiré cette histoire (connue encore de nos jours), du livre d'Aulu-Gelle Nuits attiques V, 14. Mais l'esclave dont il est question y a pour nom Androclus et non Androclèscomme on l'appelle aujourd'hui. Comme le suggère A. Lanly ( II, p. 142, note 280), l'imprimeur de Montaigne a probablement lu « d » au lieu de « cl ».


232 Aulu-Gelle a écrit : « servus viri consularis ». « Consul » : l'un des deux magistrats qui exerçaient l'autorité suprême, sous la République. J'emploie « rang consulaire » ; il s'agit probablement de ce qu'on appelait un « Proconsul », nom donné, après Sylla, aux anciens consuls qui recevaient le gouvernement d'une province et possédaient les pouvoirs militaire, civil et judiciaire (d'après le Petit Robert).


233 Poisson dont les dents sont soudées et forment une sorte de bec ; il vit en Méditerranée.


234 Plutarque éd. Amyot Quels animaux... XXXI.


235 Ile de la mer Égée, dans le golfe Maliaque (Dict. Gaffiot). A. Lanly ( II, p. 143, note 286) dit que « l'atlas moderne comporte une île Antikythira, au sud de Kythira (Cythère) » et se demande s'il ne s'agit pas de la même. Possible, en effet.


236 Petit rat carnassier. Cf. note du paragraphe 59 de ce chapitre.


237 A. Lanly conserve « magnanimité ». Mais le mot a pris aujourd'hui un sens assez différent, me semble-t-il.


238 Source : Plutarque éd. Amyot Quels animaux... XIX.


239 Source : Plutarque éd. Amyot Quels animaux... XXXV.


240 Plutarque éd. Amyot Quels animaux... XXXV.


241 Tiré de Gomara, Histoire Générale des Indes Occidentales... II, 20.


242 Selon P. Villey il s'agirait de Balbi, in Viaggio dell'Indio orientali éd. de 1590, p. 76.


243 Le passage entre crochets ne figure que dans les éditions antérieures à l'« exemplaire de Bordeaux ».


244 Les éditions jusqu'à celle de 1588 comportaient ici : « Et puis que l'hommen'avoit pas dequoy se presenter tout nud a la veue du monde, il a eu raison de se cacher ».


245 Le texte est ici : « défaut ». J'estime qu'étant donné le contexte, ce « défaut » est le manque de « vêtement naturel », d'où « nudité ».


246 Dans les éditions antérieures à celles de 1595, on lit ici « la philosophie », mais « Socrate» est une correction manuscrite de l'« exemplaire de Bordeaux », que l'édition de 1595 prend en compte.


247 Source : Cornelius Agrippa, De incertitudine scientiarum LIV. Selon M. Rat (Pléiade, note 3 p. 1553) « les Épicuriens accusaient Aristote\index{Aristote d'avoir eu une jeunesse dévergondée et d'avoir, du vivant de Platon, fondé une école rivale de celle de son maître. »


248 La rédaction initiale était : « La doctrine est encores moins necessaire au service de la vie que n'est la gloire » etc. La correction manuscrite de l'« exemplaire de Bordeaux » a été reprise par l'édition de 1595.


249 Rapporté par Plutarque éd. Amyot in Contre Colotès LXIX. Mais P. Villey ( t. II, p. 051) fait remarquer qu'en réalité Plutarque ne prête pas ce propos à Épicure, mais à Colotès, et dans un sens un peu différent.


250 A. Lanly traduit « le cuider » par « l'outrecuidance », D. M. Frame par « presumption » et P. Villey par « orgueil ». Je suis ici cette dernière leçon. Mais « cuider » c'est en fait penser que..., dans le sens de se faire une opinion. On pourrait donc aussi traduire par « la pensée », car l'exemple qui suit dit nettement que le premier péché est bien celui de connaissance.


251 Genèse III, 5.


252 Saint-Paul, Épitre aux Colossiens II, 8.


253 Épicure, dont Lucrèce se fait l'apôtre, en quelque sorte. Montaigne fait ici allusion à une tradition selon laquelle Lucrèce aurait été rendu fou par un breuvage donné par sa femme, et qu'il aurait composé son poème pendant des périodes de lucidité, avant de finir par se tuer.


254 Sur l'« exemplaire de Bordeaux », la formule de transition « et toutefois je reconoy qu'il n'y a » a disparu dans l'édition de 1595.


255 Posidonios d'Apamie, philosophe stoïcien\index{Stoïcien ; il en a déjà été question au Livre I, chap. 40, §19.


256 Les éditions antérieures à celle de 1595 ajoutaient ici : « Ce n'est que vent et paroles. »


257 Archésilas de Pitane, fondateur de la seconde Académie.


258 Philosophe du IIème siècle avant J.-C. que l'on avait surnommé « Le Transfuge », tellement il avait changé souvent d'école.


259 Montaigne a déjà raconté cette histoire au Livre I, chap. 40, § 18.


260 Il s'agit de Torquato Tasso, dit Le Tasse auteur du très célèbre poème Jérusalem délivrée, interné à la suite de crises de démence, depuis 1574.


261 Le Journal de Voyage de Montaigne mentionne son passage à Ferrare le 16 novembre 1580 ; mais curieusement, il n'y est fait aucune mention de sa visite au poète...


262 Vers latins tirés de Poemata de La Boétie.


263 Montaigne écrit « secte ». Mais celui-ci a pris à notre époque une connotation franchement péjorative, et il me semble injustifié de le conserver dans un tel contexte.


264 Philosophe de l'ancienne Académie (IIIème s. avant J.-C.). On ne possède que quelques fragments de ses écrits. Il a été imité par Cicéron, dans ses Tusculanes notamment.


265 P. Villey ne donne pas la source de ce vers en italien ; D.M. Frame indique en note : « Adapted from Dante ».


266 C'est la traduction d'un vers d'Euripide.


267 Cicéron De finibus II, 3 (à propos d'Épicure).


268 Dans l'édition de 1588, on lisait ici : « et plastrer ».


269 On ne sait d'où Montaigne a tiré ce nom... Cet exemple et ceux qui suivent ont été pris dans les Adages d'Érasme.


270 Le texte de 1588 comportait « toute » ; « en general » est une correction manuscrite de l'« exemplaire de Bordeaux ».


271 Cela donnerait en effet « aut vivat ». A. Lanly cite ( II, p. 160) le dicton « Beati Vascones quibus vivere est bibere ! » (« Heureux Gascons!Gascons pour qui vivre c'est boire ! »). Dans l'édition de 1595, des mots ont été déplacés ; on lit : « ...qu'en celle de Cicéron, qui change volontiers en V. le B. ». Mlle de Gournay, ne connaissant pas le Gascon, a-t-elle cru que ce changement phonétique s'appliquait au latin de Cicéron ?


272 Ces formules sont tirées de Plutarque éd. Amyot LXVIII, Des communes conceptions contre les Stoïques.


273 De quelle « Loi » s'agit-il ? Celle du Dieu biblique, ou celle des Stoïciens ? Peut-être simplement « règle à suivre dans la vie ». Les éditeurs de Montaigne sont muets là-dessus.


274 En fait, d'après Cornelius Agrippa, De vanitate scientiarum I.


275 Cornelius Agrippa, que Montaigne utilise ici, a donné ce nom à l'empereur habituellement nommé « Valens », mort en 378, frère de Valentinien qui lui avait confié l'orient. Chrétien, il avait rallié l'arianisme (Dict. Larousse).


276 Mot de Socrate, pris dans Stobée, Sermo XXII.


277 D'après Platon Timée II.


278 Sur l'« exemplaire de Bordeaux », Montaigne a écrit : « à terre couchez. » A. Lanly traduit par « à terre, étendus. » et D. M. Frame par « on the ground, prostrate ». Mais de mon point de vue, l'idée est plutôt de ne pouvoir se « détacher » de la terre.


279 Aristote Ethique à Nicomaque VII, I. Notons encore une fois avec quelle facilité Montaigne « annexe » en quelque sorte Platon, Aristote, Socrate etc. à la religion chrétienne !


280 Saint Paul Épître aux Corinthiens I, 1, 19.


281 La formule est jolie ; fallait-il la traduire ? Si l'on y tient : « je révèle les choses plus que je ne les explique ».


282 Platon Politiques XIX : « Car il semble que chacun de nous connaît tout ce qu'il sait comme en rêve et qu'il ne connaît plus rien à l'état de veille. » (Traduction E. Chambry). On notera l'habileté avec laquelle Montaigne condense le texte de Platon : ici, ma traduction ne fait que le suivre.


283 Douteux : Montaigne prend cela chez Cornelius Agrippa. Mais d'autres, comme Valère Maxime, n'ont rien dit de tel.


284 L'« exemplaire de Bordeaux » comporte : « à quoy ils se sont résolus », et le dernier mot a été barré et remplacé par « tenus».


285 Le mot, dérivé d'un verbe signifiant « suspendre son jugement », signifie aussi « sceptiques ».


286 Montaigne avait fait graver (en grec) la plupart de ces formules, tirées de Sextus Empiricus, sur les poutres du plafond de sa « librairie ». On peut encore les voir aujourd'hui (en partie rénovées).


287 Littéralement : « je ne bouge pas ».


288 « la vérité » est un ajout manuscrit de l'« exemplaire de Bordeaux ». Curieusement, il n'a pas été repris dans l'édition de 1595.


289 Au moyen-âge, « fragment de jaspe utilisé pour essayer l'or et l'argent. » (Dict. Petit Robert).


290 Psaumes 93, 2.


291 Rappelons que pour Montaigne il s'agit des Péripatéticiens, des Épicuriens, des Stoïciens et de tous ceux qui « ont pensé avoir trouvé la vérité ».


292 Montaigne utilise ici la traduction (incomplète) qu'en a faite Cicéron : Timaeus chap. III.


293 Dans l'« exemplaire de Bordeaux » on lit : « (comme pour exemple sur le propos de l'immortalité de l'âme) », et cette parenthèse a été barrée.


294 Exemplaire de Bordeaux : « sous la forme de parler qu'il a entreprise. »


295 Il s'agit d'Héraclite.


296 La citation est reprise de Salluste, Jugurtha LXXXV.


297 Les « dogmatiques », probablement, bien que le texte ne soit pas très clair ici.


298 Dans l'« exemplaire de Bordeaux », cette page a été extrêmement raturée et modifiée à plusieurs reprises. On lisait initialement ici : « ils ont une forme d'écrire douteuse & irrésolue, & un stile enquerant[...] ». Puis avec les corrections : « une forme d'écrire douteuse en substance & en dessein ». Et tout le paragraphe qui suit a été largement raturé et modifié : seul, Plutarque était d'abord mentionné, dans une rédaction légèrement différente d'ailleurs.


299 L'édition de 1595 porte ici « devoient » ; pourtant on lit bien « devraient » dans les corrections manuscrites de l'« exemplaire de Bordeaux ».


300 Dans l'« exemplaire de Bordeaux » on trouve ici : « ce sien refrain ».


301 Ces vers sont tirés de Plutarque éd. Amyot, également XLVII, f°348 (sans référence pour Euripide).


302 Cité d'après Cicéron, Seconds Académiques I, XII, 44.


303 Livre de la Sagesse IX, 14.


304 « Exemplaire de Bordeaux » : « comme fut Phaëton », barré.


305 Sénèque Le Rhéteur, Suasoriae IV, 3. Consultable sur BNF Gallica (http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k255468), p. 44 f°29.


306 L'« exemplaire de Bordeaux » comporte ici cette remarque étonnante : « car il n'est pas deffendu de faire nostre profit de la mensonge mesme, s'il est besoing », qui a été barrée d'un trait de plume...


307 A. Lanly II, p.175, traduit cette phrase ainsi : « Platon traite ce mystère d'une façon bien claire. » ce qui est assez banal. D. M. Frame de son côté écrit : « Plato treats this mystery with his cards pretty much on the table. », prenant « jeu découvert » à la lettre, en quelque sorte. Mon interprétation va dans le même sens.


308 Valerius Sorianus, cité dans saint Augustin Cité de Dieu VII, 11.


309 Actes des Apôtres XVII, 23.


310 On remarquera que Montaigne fait ici appel à un contemporain, et non à un auteur grec ou latin.


311 Sur la tête.


312 En astrologie, les « maisons » sont les régions du ciel correspondant aux douze signes du zodiaque, que semble parcourir le Soleil dans sa révolution annuelle.


313 Ici, les nuées, les nuages.


314 L'ouvrage de Copernic « De revolutionibus orbium celestium » qui établit l'héliocentrisme est de 1543. On voit que Ronsard s'en tient encore à la vision traditionnelle du monde dont la Terre est le centre et le Soleil dans sa course en marquant les limites (« le terme »).


315 Sans repos, donc actif. Simple variante en somme pour redoubler l'opposition et éviter la répétition de « repos ».


316 La pluralité des mondes a sa place dans ce que l'on sait de la pensée d'Anaximandre.


317 La terre, l'eau, l'air, le feu.


318 Il fut disciple de Platon au IVe s. avant J.-C.


319 Surnommé « Le Physicien », fut l'élève de Théophraste. Il succéda à son tour à ce dernier à la tête du Lycée.


320 Disciple d'Anaximène au Ve s. avant J.-C.


321 Les textes, y compris celui de 1595, ont ici : « l'aage ». Mais les divers éditeurs considèrent qu'il s'agit ici d'une erreur de Montaigne pour « l'air » et Montaigne parle en effet un peu plus loin de « l'air de Diogène ».


322 Diagoras de Mélos, surnommé « l'Athée », vivait vers 420.


323 Théodore de Cyrène, surnommé également « l'Athée », était le disciple et successeur d'Aristippe le Jeune.


324 Cette « parenthèse » qui figure dans un ajout manuscrit de l'« exemplaire de Bordeaux » a été omise dans l'édition de 1595. Je la reproduis néanmoins ici.


325 Dans les éditions antérieures et celle de l'« exemplaire de Bordeaux », après le mot « déifiées », la phrase continuait ainsi : « car d'adorer celles de nostre sorte, maladives, corruptibles et mortelles, comme faisoit toute l'ancienneté, des hommes qu'elle avoit veu vivre et mourir, et agiter toutes nos passions, cela... ». La phrase ainsi tronquée est moins claire, et j'ai dû développer quelque peu pour lui restituer tout son sens.


326 D'après la traduction d'E. Bréhier in Les Stoïciens p. 434).


327 Il m'a semblé judicieux de garder ici le mot même de Montaigne : dans son acception actuelle, un peu « populaire », il a conservé le côté narquois qui convient.


328 « la reconnaissance de nos parents » écrit Montaigne. D. M. Frame traduit par « The gratitude of our parents », ce qui est surprenant. Je comprends de la même façon que A. Lanly II, p. 182 : il s'agit de « retrouvailles », et non de « témoignages de reconnaissance ».


329 Épître aux Corinthiens I, 2, 9.


330 Pline, bien sûr... ! Hist. nat. X, 2.


331 La traduction donnée ici est celle de José Kany-Turpin, Aubier-Montaigne, 1993, bilingue, p. 229.


332 Cf. Tite-Live, Annales XLI, 16.


333 Vainqueur en 168 de Persée, roi de Macédoine, qu'il fit prisonnier (cf. Tite-Live, XLV, 33).


334 « le nôtre » : les Gaulois ; l'existence de sacrifices humains chez les Gaulois semble désormais avérée. Non pas tant par les références littéraires (César, Cicéron, Diodore etc... toujours sujettes à caution, mais par des découvertes archéologiques récentes à Ribemont-sur-Ancre et Gournay-sur-Aronde (80), avec « des dizaines de corps démembrés et mises en scène macabres » ou encore « 19 hommes sacrifiés, momifiés et enterrés en tailleur face contre terre devant le temple sur la place centrale du village à Acy-Romance (08 ) ». Je tiens ces indications de Jean-René Chatillon, qui participa aux fouilles.


335 Les commentateurs hésitent sur l'identité d'Ufens... un personnage ou un nom de fleuve ? A. Lanly (t. II, p. 185 note 664) écrit : « Sulmone et Ufens sont probablement ici des noms d'hommes (note de l'édition Plessis et Lejay) ». Mais D. M. Frame (p. 387) traduit ainsi : « ...of Sulmo town, from Ufens' stream ».


336 Peuple scythe (qu'Hérodote appelle des « Thraces ») vivant au bord du Danube.


337 Montaigne écrit« Themixtitan », mais J.-L. Bernard m'a signalé la véritable graphie de ce lieu, autre nom de Mexico.


338 Empereur romain de 249 à 251, qui défit d'abord les Goths, puis fut tué avec son fils dans une nouvelle guerre.


339 Une première rédaction, raturée dans l'« exemplaire de Bordeaux », était : « Et que Decius, pour acquérir la bonne grâce des dieux envers les affaires Romaines se brulast tout vif en holocauste à Saturne, entre les deux armées. »


340 Bible, Saint Paul, Épître aux Corinthiens I, 1, 25.


341 Certes, Montaigne écrit « matiere » ; mais pour nous aujourd'hui « la matière » désigne un concept scientifico-philosophique, et j'ai pensé que Montaigne, ici, évoquait plutôt quelque chose de concret ? Par ailleurs, j'introduis (à la suite de D. M. Frame) des guillemets, car il s'agit d'un « argument » auquel la suite cherche à répondre.


342 « Des chrétiens, comme Origène », selon P. Villey I, p. 525, note 3.


343 Cf. Diogène Laërce, Vies... Démocrite IX, 44 — Épicure X, 85.


344 Dans l' « exemplaire de Bordeaux » on lit (manuscrit) : « sans usage et connoissance du feu». L'édition de 1595 ne conserve que « sans usage du feu ».


345 P. Villey II, p.526 indique en note 3 : « contre nature ». Mais je conserve « monstrueux », comme le fait d'ailleurs A. Lanly .


346 Montaigne a d'abord donné la traduction de ces vers sans le dire, avant de les citer en grec (la graphie grecque donnée ici est celle de l'édition Villey ).


347 Melissos de Samos, philosophe de l'école de Zénon d'Élée, et considéré comme le dernier de celle-ci.


348 Dans le Théétète.


349 Le texte de 1595 est « Mansiphane », certainement fautif. Nausiphane : « Le premier maître d'Épicure fut peut-être, à Samos même, le platonicien Pamphile ; mais bientôt Épicure quitta l'île pour Théos où se trouvait une école plus célèbre, dirigée par le disciple de Démocrite, Nausiphane » (Encyclopedia Universalis).


350 Dans l'« exemplaire de Bordeaux », la phrase « Je ne scay si la doctrine Ecclésiastique en juge autrement, & me soubs mets en tout & par tout à son ordonnance, mais » a été barrée.


351 J'adopte ici le mot d'A. Lanly II, p. 190. D. M. Frame, comme souvent, conserve tout simplement « indiscretion » p. 392.


352 Le texte est: « Et l'apparence qui s'offre à nous, en ces propositions, il la faudroit representer plus reverement et plus religieusement. »; A. Lanly reprend ici la traduction de P. Porteau [montPor] en écrivant : « ce qu'il y a de séduisant dans ces assertions ». De son côté, D.M. Frame écrit : « The probability that appears to us ». Mon interprétation diffère quelque peu.


353 Allusion à la querelle de la « Transsubstantiation », dont l'objet est l'interprétation de la parole du Christ : « Hoc est corpus meum. » (note de l'édition Villey II, p. 527).


354 Il s'agit là du paradoxe bien connu, dit « du menteur ».


355 Note de P. Villey p. 527 : « Montaigne fit en 1576 frapper un jeton où cette balance symnbolique figurait avec sa devise. » (« Que sais-je ? » était la devise de Pyrrhon lui-même).


356 L'étamine est un « tissu peu serré de crin, de soie, de fil, qui sert à cribler ou à filtrer » (Dict. Petit Robert). On pourrait aussi traduire par « tamis » comme l'a fait A. Lanly , mais le mot est joli et je préfère le conserver.


357 Dans le texte original, cette phrase n'est pas très claire: « Nature veut qu'en choses pareilles il y ait relation pareille. » J'ai essayé de l'éclairer un peu, en fonction des exemples qui suivent.


358 Épître aux Romains I, 22-23.


359 Habitants de Thasos, île de la mer Égée.


360 Je conserve « raison ». Mais « intelligence » ne serait-il pas mieux ici ?


361 Sous-entendu : « puisque Dieu n'est pas faible, il ne peut nous blesser » ?


362 A. Lanly ( II, p. 194) traduit « par son effort », et D.M. Frame ( p. 396) par « by his cleverness ». Je préfère employer une tournure qui conserve le caractère concret du mot « industrie ».


363 Tous les arguments de ce paragraphes sont tirés de Cicéron De natura deorum, notamment dans II, 16.


364 Dans la satire d'Horace (qui se met ici en scène lui-même), le personnage de Damasippe évoque à l'encontre du poète l'histoire bien connue de la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf et que La Fontaine reprendra avec le bonheur que l'on sait.


365 Instrument qui servit jusqu'au XIXe siècle à mesurer la hauteur des astres au-dessus de l'horizon, notamment pour en déduire la position d'un navire.


366 Il s'agissait en fait d'Anubis, selon la légende rapportée par Cornelius Agrippa (entre autres) in De vanitate scient. LVIV


367 La ville de Troie, en Asie Mineure. Les « Portes Scées » sont celles qui commandaient l'entrée de la ville.


368 Hérodote, L'Enquête éd. Folio, I, 172. Les Cauniens habitaient la ville de Caunos, en Carie (Asie-Mineure).


369 Il s'agit ici de Carthage.


370 Les Grecs le plaçaient à Delphes...


371 « Fille de Thoas, roi de Lemnos, sauva son père quand les femmes de l'île tuèrent tous les hommes. » (Note de A. Lanly II, p. 197).


372 Le Faune, ou Pan chez les Grecs.


373 C'est ce que dit saint Augustin, Cité de Dieu IV, 8 : « Non tamen satis fuit hominibus deorum multitudinem amantibus... » (Tout le passage est ironique et fort plaisant à lire).


374 « Grand Pontife » en 89 av. J.-C. Cicéron s'y réfère, de même que saint Augustin : « O Scaevola pontifex maxime » — in Cité de Dieu , IV, 27.


375 Tous les éditeurs donnent comme référence à cette citation : saint Augustin, Cité de Dieu IV, 31. En réalité il s'agit de IV, 27.


376 Je prends cette élégante traduction dans l'édition numérique de l'Abbaye de saint Benoît (http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/augustin/citededieu/livre4.htm) au chapitre XXVII.


377 Cette remarque est lourde de sens, et mériterait à elle seule un long commentaire philosophique... (Mais Montaigne affirmera nettement le contraire au §337 !) Elle rejoint la théorie de la réminiscence, telle que Platon l'expose dans le Ménon XIV-XXI : l'esclave n'est pas ignorant ; il ne sait pas qu'il sait. Ce qui est en quelque sorte le contraire du pyrrhonisme : « Je sais que je ne sais pas ».


378 Phaëton était le fils d'Hélios (le Soleil). S'étant emparé du char de son père, il passa si près de la Terre qu'il faillit la brûler ; c'est pourquoi il fut précipité dans le Pô (Eridan) par Jupiter.


379 « Avec Anaxagore » ne figure pas dans le texte de 1595. C'est pourtant un ajout manuscrit sur l'« exemplaire de Bordeaux ». Il est quelques autres exemples de ce genre, et cela peut conduire à se demander si Mlle de Gournay n'a pas eu en mains une copie légèrement antérieure à celle de l'« exemplaire de Bordeaux » ?


380 Mémorables IV, 7.


381 Au sens grec, le « démon » (comme celui bien connu de Socrate) était une sorte d'« ange gardien », qui symbolisait la destinée d'un personnage.


382 Platon République X, 616-c, p. 529-530 : « ...à ces extrémités ils virent tendu le fuseau de la Nécessité par l'intermédiaire duquel tous les mouvements circulaires sont entretenus ».


383 Il s'agit en fait de vers de Varron, rapportés par V. Probius, dans ses Notes sur la 6e églogue de Virgile (Précisions données dans l'édition P. Villey ).


384 Les éditions antérieures à 1595 comportaient ici une autre phrase : « ... Timon l'a appelé, de façon injurieuse “grand fabricant de miracles” ».


385 Épicycles : « petits cercles décrits par un astre, tandis que le centre de ce cercle décrit lui-même un autre cercle » (Dict. Petit Robert). C'est en recourant à ces épicycles que Ptolémée (IIe s.) parvenait à rendre compte de l'irrégularité des mouvements observés pour les différentes planètes. Cette théorie demeura en vigueur pendant quatorze siècles, et ne fut remplacée que peu à peu par celle de Copernic.


386 Tous ces termes étaient employés en astrologie/astronomie pour décrire les mouvements apparents des astres.


387 En employant « ressorts », Montaigne poursuit ici la métaphore mécanique déjà employée à propos des astres ; c'est pourquoi je conserve le mot.


388 Les autres éditions ont ici : « comme dict Salomon ».


389 Dommage que Montaigne n'ait pas fait cette réflexion... à propos de Plutarque ou de Pline par exemple !


390 Aristote.


391 Ceux qui ont l'esprit rempli de choses apprises sans en chercher les fondements. (Cf. Platon, La République V).


392 A. Lanly ( II, p. 204,) traduit par « selon notre connaissance. » Mon interprétation est différente, et je suis plutôt du côté de D. M. Frame ( p. 404) : « within our knowledge ».


393 Montaigne écrit : « la condition de notre naissance ». Peut-être faut-il comprendre cela comme la configuration astrale de la naissance ?


394 « Fantasie » est une correction manuscrite de l'« exemplaire de Bordeaux », surchargeant « creance ».


395 Il faut certainement comprendre : celles qui ont été données au début du paragraphe précédent.


396 Tous les éditeurs et commentateurs depuis P. Villey indiquent que cette revue des différentes opinions concernant la nature de l'âme viennent de Sextus Empiricus dans ses Hypotyposes et de Cicéron (Académiques, et Tusculanes).


397 A. Lanly et D. M. Frame ne traduisent pas et conservent : « nombre mobile », « a mobile number ». J'ai essayé de donner quelque sens à cette formule obscure.


398 « État de perfection, de parfait accomplissement de l'être, par opposition à l'être en puissance, inachevé et incomplet. » (Dict. Petit Robert).


399 A. Lanly conserve « froide » ; D. M. Frame écrit « frigid ». Pour ma part, je pense que « stérile » rend correctement l'idée.


400 Dans l'anatomie traditionnelle, on distinguait quatre ventricules (zones) dans le cerveau. Mais Montaigne écrit « au ventricule ».


401 Ce serait le petit fils d’Aristote, médecin.


402 L'édition 2007 de la Pléiade indique (notes, p. 1605) que cet « argument » provient de G. Bruès, Dialogues contre les nouveaux académiciens p. 78.


403 Consul romain, évoqué dans certains traités de Cicéron.


404 Dans les éditions jusqu'à celle de 1588, on lisait ici : « comme il s'en voit infinis chez Plutarque contre les Epicuriens et Stoïciens ; et en Sénèque contre les Péripatéticiens. »


405 Le texte de 1595 est ici quelque peu différent de la correction manuscrite portée sur l'« exemplaire de Bordeaux » où on lit : « quelque biais non moins utille a considerer que les opinions saines et moderees. » C'est cette rédaction que je traduis ici.


406 « Vergue longue et mince des voiles latines » (Dict. Le Robert).


407 A. Lanly conserve ici le mot « aviron ». Mais il s'agit certainement ici de cet aviron particulier servant en fait de gouvernail. Et de même, j'ai préféré un peu plus haut « cordage » à « corde » : chacun sait qu'il n'y a pas de « corde » à bord d'un navire — sauf celle de la cloche...


408 Claudien, Le sixième consulat d'Honorius V, 411.


409 Montaigne donne la traduction latine d'un vers d'Homère, Odyssée II, 71.


410 Montaigne prend donc ici nettement parti contre la théorie dite « de la réminiscence », exposée dans Phédon (XVIII) et Ménon (XIV, et sq.) « ce que nous appelons apprendre, c'est se ressouvenir » (voir aussi au §295). Cette pseudo-théorie (idéaliste) de la connaissance demeure pourtant encore très prisée de nos jours, notamment chez les adeptes des prétendues « sciences de l'éducation », qui font si souvent référence à Montaigne... Mais parler beaucoup d'un auteur ne signifie pas forcément qu'on l'ait lu.


411 Cette phrase n'est pas des plus claires ! Le texte, d'ailleurs, en a varié : le texte de 1588 était : « jouait son role simple » et la correction manuscrite « faisoit purement son office » a été reprise par l'édition de 1595 ainsi que par tous les éditeurs depuis P. Villey.


412 J'interprète de mon mieux, mais ce passage demeure néanmoins assez obscur, à mon avis. Ni A. Lanly , ni D. M. Frame n'en ont donné non plus de traduction vraiment satisfaisante, me semble-t-il. A. Lanly écrit : « divinité et éternité passées » — ce qui me paraît quelque peu contradictoire.


413 Montaigne a très souvent recours à deux mots quasi synonymes là où nous nous contenterions aujourd'hui d'un seul. Quand ce tic d'écriture alourdit par trop une phrase déjà controuvée, je me permets de simplifier quelque peu. C'est particulièrement le cas ici : « vain et inutile », « moyens et puissances », captivité et prison », « forcée et contrainte », « infinie et perpétuelle »...


414 Sur l'hydrophobie dans l'Antiquité, on pourra consulter le passage qui lui est consacré dans l'étude de J. Pigeaud La maladie de l'âme (Les Belles-Lettres, Études anciennes, série latine, 1989, pp. 113-117). Les vers de Lucrèce qui suivent sont tirés d'un passage que l'on considère généralement plutôt comme une évocation de l'épilepsie.


415 Le texte de 1588 était ici : « en se desrobant tout à fait de la vie », et « du sentiment » est une correction manuscrite sur l'« exemplaire de Bordeaux ». C'est donc bien du suicide qu'il s'agit.


416 Mon interprétation en ce point est la même que celle de D. M. Frame: « to take advantage of it ».


417 La tour de Babel.


418 Saint Paul, Épître aux CorinthiensI, 1, 19. Mais A. Lanly indique que la phrase a pu être reprise aussi de saint Augustin, Cité de Dieu X, 28.


419 J'aurais pu écrire « vox populi ». Curieusement, si Montaigne écrit l'expression en français, il est aujourd'hui assez courant d'employer l'expression latine !


420 C'est la doctrine de la métempsycose, dont il a déjà été question plus haut. Sur l'« exemplaire de Bordeaux », figurait ici une phrase qui a été barrée : « Socrates, Platon et quasi tous ceux qui ont voulu croire l'immortalité des ames, se sont laissez emporter à cette invention, et plusieurs nations, comme entre autres la nostre. » (Par « la nostre », il faut entendre « les Gaulois »).


421 D'après saint Augustin, Cité de Dieu XXI, 16.17. Même chose pour Varron.


422 Le mot du texte de 1595 est « estui » ; sur l'« exemplaire de Bordeaux », il a remplacé « corps ».


423 Le texte de l'« exemplaire de Bordeaux » et celui de 1595 diffèrent quelque peu. Dans le texte imprimé de 1588, on lisait « il y en a aussi qui ont estimé... », et une insertion manuscrite après « aussi » précise : « et aucuns des nostres l'ont ainsi pensé jugé » [le mot « pensé » a été barré à la main]. L'édition de 1595 intègre cet ajout. Par ailleurs, je ne vois pas de raison pour garder « les nôtres », comme le fait A. Lanly : il s'agit bien des « penseurs de notre religion », donc chrétiens.


424 En réalité : De la face qui apparoit dedans le rond de la lune in Plutarque éd. Amyot t. II, LXXII, p. 614. La référence suivante est ibid, II, LXXIII, p. 636.


425 On pense généralement que ce chapitre nettement plus long que tous les autres « essais » aurait pu être destiné à Marguerite de Valois, fille de Henri II et Catherine de Médicis, et femme d'Henri de Navarre futur Henri IV.


426 Ce personnage apparaît dans le texte de Plutarque éd. Amyot Comment on pourra discerner le flatteur IV.


427 La rédaction de cette phrase est un peu plus claire dans l'édition de 1595 (traduite ici) que dans la version de l'« exemplaire de Bordeaux », où elle constitue un ajout manuscrit en marge, et d'ailleurs encore raturé en plusieurs endroits. On peut donc voir ici un exemple du travail éditorial de Mlle de Gournay — pas si mauvais... Voici la phrase originale : « Des armes et conditions de combat si desesperées qu'il est hors de creance que l'un ny l'autre se puisse sauver, je les ay veu condamner aiant este offertes. »


428 Sur l'« exemplaire de Bordeaux » on peut lire « 14 Turcs ». La rédaction de 1595 est d'ailleurs un peu différente aussi pour cette seconde phrase.


429 Récit fait d'après Goulart Histoire du Portugal XII, 23.


430 On pourrait interpréter ainsi : « Qui veut jouer au plus fin court à sa perte ».


431 Dans l'« exemplaire de Bordeaux » on lit cette phrase manuscrite en marge du folio 233 v°: « Et Platon a deus doits pres que sans lois nous vivrions comme bestes brutes et s'essaie a le verifier. » Ma traduction suit le texte de 1595 : « Et Platon verifie que sans loix, nous vivrions comme bestes. »


432 P. Villey propose « creux, vide » pour ce mot, ( t. II, p. 559, note 7). J'ai préféré « évanescent » pour sa proximité avec « vain », et ce qui est dit sitôt avant.


433 Pour P. Villey ( t. II, « Sources et annotations » p. 059) ces « nouveaux docteurs » sont « non des protestants, mais des novateurs plus audacieux, contempteurs de toutes les religions ».


434 Que faut-il entendre exactement par là ? L'Apologie elle-même, ou simplement les quelques préceptes que Montaigne vient d'indiquer ? Ni P. Villey, ni A. Lanly, ni D. M. Frame ne semblent s'être interrogés sur ce point. A. Lanly traduit par « ce moyen de préservation » (t. II, p. 221), et D. M. Frame par « this preservative » (p. 420).


435 A. Lanly traduit ici « medecine » par « médicament ». Il semble bien qu'à l'époque de Montaigne le mot s'employait déjà dans le sens actuel — et l'opposition faite ici avec la « geometrie » semble le confirmer.


436 La chiromancie (ou art de « lire les lignes de la main » pour en déduire le caractère et l'avenir d'une personne) était très en vogue, et de nombreux ouvrages traitaient de la question, avec un vocabulaire spécifique que reprend ici Montaigne et qui n'est plus en usage aujourd'hui : « mensale », « enseigneur », « naturelle », « mitoyen »...


437 C'est là une des croyances populaires de l'époque. L'expression « ours mal léché » qu'on emploie encore aujourd'hui pour désigner quelqu'un qui a mauvais caractère, en est la trace.


438 « aucunes » a généralement un sens positif ; mais ici « de tout... d'aucunes » suggère un emploi négatif. A. Lanly se contente d'écrire « comme d'aucunes », mais signale cette éventualité. D. M. Frame , lui, ne fait que transcrire : « ...as he is of any ». Mais le sens laisse à désirer.


439 Cf. le passage qui débute au § 361.


440 École fondée par Platon.


441 Dans le texte de 1595, « vray-semblable » est écrit en deux mots, ce qui me semble autoriser ma périphrase, car « vraisemblable » a pris de nos jours un sens un peu différent, presque comme « bien possible ». D'ailleurs le texte de 1588 comportait ici : « & quant & quant beaucoup plus veritable, & plus ferme.


442 Tribunal d'Athènes, qui siégeait au pied de la colline d'Arès — d'où son nom.


443 Montaigne a déjà cité ces vers, traduits par Cicéron, et reproduits par saint Augustin (Cité de Dieu V, 28) au chap. 1 § 9.


444 A. Lanly , qui suit ici P. Porteau, traduit « morfondement » par « la grippe », ce qui me semble trop moderne. P. Villey proposait « rhume ». D. M. Frame : « a bad cold ».


445 Le texte imprimé de 1595, comme celui de 1588, porte nettement « apres le repas ». Coquille d'A. Lanly t. II, p. 226, qui écrit : « après le repos ».


446 Cicéron, Tusculanes IV, 19. Mais ici, Montaigne ne marque pas la citation.


447 Le texte de 1588 avait ici : « Nous ne le savons que trop [par expérience] : les passions produisent en nous d'infinis et perpétuels changements dans notre âme, et la tyrannisent énormément. Le jugement d'un hommecourroucé ou craintif est-il le même que celui qu'il aura ensuite, ayant retrouvé son calme ? » Sur l'« exemplaire de Bordeaux », les mots « par expérience » ont été d'abord rajoutés à la main, puis toute la phrase a été barrée.


448 Le texte imprimé de 1588 portait « mettre ma vie a la mercy de sa nouvelle experience », et une correction manuscrite de l' « exemplaire de Bordeaux » a remplacé « mercy » par « preuve », ce qui amoindrit quelque peu la restriction semble-t-il. L'édition de 1595 a repris cette correction. Mais « nouvelle expérience » (pour « jeune, récente ») surprend un peu : Montaigne a écrit cela au plus tôt vers 1575-76 (semble-t-il, d'après P. Villey). Or Paracelse est mort en... 1541 ! Peut-être Montaigne l'ignorait-il. Et peut-être sa remarque se fonde-t-elle sur la publication des Œuvres de Paracelse puisque cette publication a eu lieu entre 1575 et 1589 ?


449 Jacques Pelletier du Mans (1517-1582), grand savant à son époque, a dirigé le Collège de Guyenne à Bordeaux entre 1572 et 1579, et il semble bien en effet que Montaigne l'ait accueilli chez lui durant cette période.


450 Il s'agit certainement de l'hyperbole.


451 Origène.


452 L'Académie de Platon.


453 Apulée, De deo Socratis citation reprise de saint Augustin, Cité de Dieu XII, x.


454 A. Lanly considère ici que « comprenant » se rapporte à « ancienneté », et traduit donc par « elle incluait... ». Il a peut-être raison ? Mais je partage plutôt ici l'interprétation de D. M. Frame , qui écrit : « testifying to the antiquity of this timeless nation and including a true account of... »


455 Toutes ces « merveilles » et celles qui vont suivre encore sont tirées du livre de Gomara Histoire Générale des Indes.


456 Cette phrase manque dans la traduction d'A. Lanly ( t. II, p. 234).


457 La citation est prise dans Juste Lipse Politiques Livre VI, V, 4.


458 Dans les éditions antérieures à celle de 1595, on lisait ici : « C'est pourquoi le Chrestien plus humble et plus sage et mieux recognoissant ce que c'est que de luy, se raporte à son createur de choisir et ordonner ce qu'il luy faut. »


459 Montaigne ne manque pas d'humour... Sur l'Ordre de Saint Michel et son prestige passé, voir chap. 7, §3 et la note 4.


460 Le repos absolu de l'âme, l'inertie.


461 Philologue français bien connu de Montaigne.


462 Apollon, ce que le contexte montre bien, puisqu'il est question un peu plus loin du « trépied » de la Pythie, censée parler pour Apollon dans ses oracles.


463 Pascal a repris cette idée dans sa célèbre formule « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà ».


464 On remarquera que ce thème est cher à Montaigne, qui l'a déjà longuement traité en I, 23.


465 Ces anecdotes proviennent de Diogène Laërce Vies..., Aristippe II, 67-68.


466 Aujourd'hui on évoque couramment les « deux faces d'une même monnaie », ou la fameuse bouteille, toujours à moitié vide ou à moitié pleine.


467 Deux célèbres jurisconsultes de l'époque.


468 La dernière partie de cette phrase est en contradiction avec ce qui précède... On notera qu'elle marque le début d'une longue correction manuscrite faite sur l'« exemplaire de Bordeaux », et reprise par l'édition de 1595 (jusqu'au §431).


469 Le mot « poix/poids » fait problème. Sur l' « exemplaire de Bordeaux » il est assez difficile de savoir si Montaigne a écrit « poix » ou « pois ». L'édition Strowski/Villey (t. II, p. 342) donne : « pois » ; celle de Villey « poix ». Par ailleurs, dans l'édition de 1588 on lit « espece de poix » et dans celle de 1595 : « chose de poix » A. Lanly traduit « une espèce de poids ». D.M. Frame : « a sort of weight ». Mais le sens de « poix », quelque chose qui « colle à la peau » (cf. la « poisse » ) me semble mieux convenir, et la « correction » de 1595 pourrait être l'indice d'une mauvaise interprétation : « espèce de poids » n'ayant pas grand sens, P. Brach et M. de Gournay auraient cru nécessaire de corriger en « chose de poids » ?


470 Saint Augustin Cité de Dieu XIV, 20.


471 Une phrase barrée ici dans l' « exemplaire de Bordeaux », qu'on pourrait traduire ainsi : « Et plusieurs adeptes de cette école s'en sont autorisés pour écrire et publier des livres d'une hardiesse exagérée. »


472 C'est à l'époque de la Foire du Lendit que les élèves versaient aux professeurs leurs émoluements.


473 J'adopte ici l'interprétation proposée par M. Guilbaud (édition Guilbaud de l'Imprimerie Nationale). Car à mon avis la traduction littérale : « lui est aussi familier qu'à n'importe qui de nos jours » n'a aucun sens. D. M. Frame traduit pourtant : « as any man of our century » (p. 443).


474 Le sens de cette phrase n'est pas des plus clairs dans le texte original. J'ai dû l'arranger un peu.


475 On peut faire le rapprochement avec la « Lettre sur les aveugles » quelque deux cents ans plus tard, dans laquelle Diderot relate la visite qu'il fit à un aveugle-né, et expose les réflexions philosophiques que ce cas lui inspire.


476 « comme d'asseicher ou restreindre » dit le texte. A. Lanly , écrit (II, p. 248) traduit : « d'autres vertus, comme d'assécher ou d'être astringente ». Je donne plutôt à ces verbes un sens réfléchi, comme le fait D.M. Frame (p. 445) : « other properties, like drying up or shrinking ».


477 La fin de cette phrase (« si elle est en nous ») n'est pas claire. A quoi se rattache « elle » ? Grammaticalement ce peut être ou « la privation », ou « la connaissance de la vérité » ou même à « la vérité ». Mais dans tous les cas « si elle est en nous » n'a guère de sens, ou est redondant... A. Lanly ( p. 248) traduit par : « si nous ne les avons pas » ; il s'agirait donc pour lui des sens ce qui contredit « elle ». D.M. Frame ( p. 446) opte pour « privation » : « if this privation is in us ». J'ai préféré, quant à moi, supprimer ce membre de phrase dans la traduction, purement et simplement.


478 Mais chez Lucrèce, il s'agit de la Lune, et non du Soleil !


479 Le texte est: « nous concluerons aux despens de ces deux grandes sectes dogmatistes... » A. Lanly ( II, 250) le reproduit simplement : « nous conclurons aux dépens de ces deux grandes écoles » et cela ne me semble pas satisfaisant, l'expression « aux dépens de » ayant pris de nos jours le sens de « en dépit de ». D. M. Frame ( p. 447), de son côté, écrit : « at the expense of » ce qui conserve le sens de « dépense », mais n'est guère plus clair... Ici, l'expression me semble avoir le sens d'une dépendance c'est-à-dire d'une conséquence.


480 Montaigne, on le sait, parle en connaissance de cause, ayant été une grande partie de sa vie sujet à la « colique » (coliques néphrétiques). Et cette remarque narquoise sur la faiblesse des belles résolutions stoïciennes devant la réalité de la douleur ne manque pas de saveur !


481 Aucun éditeur ou commentateur n'a donné l'identité de ce personnage. Peut-être Ronsard ? Ou Du Bellay ?


482 D. M. Frame : « this rosy complexion » (p. 448). A. Lanly note que P. Porteau traduit par « ce teint de rose ». J'estime que c'est aller trop loin, d'autant que « rouge d'Espagne » signifiant « teinture d'écarlate » est attesté à l'époque, chez Ambroise Paré au moins (Dict. Littré).


483 Démocrite.


484 Du pays des « Cimmériens », mer d'Azov actuelle. C'est-à-dire perpétuelles, selon la légende.


485 Épanchement de sang sous la conjonctive de l'oeil. La forme véritable est « hyposphagma », indique A. Lanly ( II, p. 255, note 1238).


486 Le texte de 1588 avait ici cette phrase:« Les malades prêtent de l'amertume aux choses douces ; ce qui montre que nous ne percevons pas les choses telles qu'elles sont. »


487 Les commentateurs ont remarqué que tout ce qui suit est emprunté, presque mot pour mot, à Plutarque, dans Plutarque éd. Amyot Que signifoit...,Tome I, chap. XLVIII. L'édition Strowski reproduit le passage aux pages 275-276 de son tome IV.


488 Dans le Théétète.


489 Le texte est « Opinion commune à tous les philosophes avant son temps comme il [Platon] dit: sauf le seul Parmenides, qui refusoit le mouvement aux choses: de la force duquel il fait grand cas. » Ce « duquel » renvoie-t-il au mouvement ou à Parménide ? Et qui« fait grand cas » : Parménide ou Platon ?


490 Le texte de Montaigne n'est pas clair ici : Je m'inspire du commentaire de l'édition Villey des PUF T. II, p. 603, note 2.


491 Rappelons que tout ce développement n'est en fait qu'un mot à mot de Plutarque !...


492 Sénèque, dans ses Questions naturelles Préface du livre I.


493 Texte : « ...ny saisir que de ses prises » : « prises » est ici pratiquement intraduisible en français contemporain. Comme souvent l'anglais, lui, a un équivalent : D. M. Frame écrit : « grasp ». Plutôt que de conserver le mot tel quel, comme le fait A. Lanly , j'ai préféré utiliser « doigts », puisqu'il est question des « yeux ». Mais c'est évidemment discutable.


494 A. Lanly traduit : « Et il résulte de cela que... », ce qui me semble douteux. D. M. Frame : « And this comes about because... ». Je comprends comme lui : le texte dit bien « Et advient cela de ce que... ».


495 Montaigne emploie fréquemment, comme ici, le mot « fortune », avec le sens de : hasard, sort, et même destin.


496 Caligula.


497 Ce n'est pourtant pas Caligula, mais Tibère qui aurait eu ce mot.


498 Empereur romain d'origine syrienne, qui fut massacré par ses prétoriens en 222. Il n'avait régné que quatre ans. Antonin Artaud, fasciné par le personnage, a écrit sur lui un ouvrage qui ne manque pas de souffle : Héliogabale, ou l'anarchiste couronné Gallimard, coll. l'Imaginaire 1979.


499 Montaigne écrit: « s'estant empoisonné, s'en repentit après. » A. Lanly II, p. 265, se contente de reproduire la phrase telle quelle (à l'orthographe près)... Elle est pourtant surprenante ! L'épisode provient de Plutarque Vies... XXXIV, p. 1324, où l'on comprend que le poison en question n'en était pas un... heureusement !


500 Il s'agit d'un vers du poète grec Épicharme.


501 Probablement celle de sa chute de cheval, cf. supra chap. 6.


502 On peut rapprocher cela de l'histoire de l'« âne de Buridan », mourant de faim et de soif entre une botte de foin et un seau d'eau...


503 Montaigne avait fait graver cette sentence (latine) sur une des poutres de sa « librairie ».


504 Montaigne avait fait graver cette sentence de Sextus Empiricus en latin sur une des poutres de sa « librairie ».


505 Maîtresse de Néron, sur qui elle eut beaucoup d'influence jusqu'à ce qu'il la tue, en 65 av. J.-C.


506 La mode récente alors des « vertugadins » ou jupes maintenues par des armatures de fer ou de bois.


507 On trouve cette idée dans Sénèque Épîtres ou Lettres à Lucilius LXXXIII.


508 Rutilius Namatianus, poète latin né en Gaule, au Ve s., Itinerarium I, 397.


509 En l'occurrence, il s'agit d'Hérodote, L’Enquête IV, 23.


510 Tiré de Gomara, Histoire Générale des Indes Occidentales... III, 30.


511 Allusion probable aux luttes de la « Ligue » contre Henri IV qui, on le sait, dut entrer en guerre et finalement se convertir au catholicisme en 1589.


512 Le texte de 1595 a omis « en France ».


513 On considère généralement que ces « trente ans » sont ceux écoulés depuis le début des « troubles », vers 1560.


514 Montaigne écrit « voix ». Faut-il traduire par « parole », « appellation » ? J'emploie « mot » mais ce terme est un peu réducteur. Surtout si l'on remarque, quelques lignes plus loin : « voix et vent ».


515 Montaigne écrit : « tous creux et vuides ». Le statut de « tous » n'est pas clair. Il semble bien que ce soit plutôt un adverbe ici, malgré l'accord. Et dans ce cas, il n'est pas vraiment nécessaire dans le français d'aujourd'hui.


516 Montaigne a traduit ici ces deux vers de l'Odyssée.


517 Le destinataire des Lettres d'Épicure, déjà cité par Montaigne en I, 32, §3 et I, 38 §36.


518 Le texte de cette lettre d'Épicure figure dans Cicéron, De finibus II, 30 et dans Diogène Laërce, Vies... X, 22.


519 Le texte manuscrit correspondant dans l'« exemplaire de Bordeaux » est le suivant : « je trouveroy execrable qu'il y eut failli. », et il s'agit donc bien de Plotius. Mais les éditeurs de 1595, ayant lu plus haut « j'en ay faict » et « je ne le trouve » qui impliquent Montaigne lui-même, ont de ce fait cru nécessaire de corriger et on écrit : « je trouveroy execrable que nous y eussions failli. » Ma traduction suit le texte de 1595, mais ce « nous » n'est guère dans l'usage de Montaigne pour parler de lui! Je tourne donc la difficulté.


520 Saint Paul, Épître aux Corinthiens I, 12. Mais la citation est plutôt dérivée de La Cité de Dieu de saint Augustin, I, 19.


521 Philosophe « cynique » (comme Diogène) du 1er siècle.


522 Historien de l'époque d'Auguste, né en Gaule.


523 Ephésien qui se rendit célèbre en incendiant le temple d'Artémis à Éphèse. Capturé, il fut exécuté, et il fut interdit de prononcer son nom sous peine de mort.


524 Il était Consul quand les Gaulois prirent Rome en 392, et parvint à sauver le Capitole. Mais détesté par l'aristocratie parce qu'il soutenait la plèbe, il fut précipité du haut de la Roche Tarpéienne.


525 Dans les « Essais », Livre I, chap. 46, « Des noms ».


526 Socrate.


527 Numa Pompilius (714-767). Il fut le second roi de Rome. D'après Plutarque (Vies... Numa XIV) il aurait été le législateur et l'organisateur de la cité.


528 Sertorius : général romain mort en Espagne en 73 av. J.-C. Il était du « parti de Marius » et entra en rébellion contre Pompée. La légende prétend qu'il marchait accompagné d'une biche blanche au moyen de laquelle il communiquait avec les Dieux (Plutarque, Vies... Sertorius XV).


529 Montaigne ne précise pas laquelle!... Il s'agit peut-être de la Muse que Plutarque (Vies... Numa VIII, 10 p. 171) évoque en la nommant « Tacita ».


530 Aucun éditeur ni commentateur ne semble avoir été sensible à l'humour de cette formule !


531 On peut rappeler ici que la devise de Montaigne était « Que sais-je ? ».


532 Cette phrase est omise dans la traduction d'A. Lanly II, p. 291. On remarquera que sa rédaction est assez différente dans l'édition de 1595 et dans l'« exemplaire de Bordeaux ».


533 La théorie des « épicycles » de Polémée faisait appel à des « petits cercles » qui parcouraient de plus grands pour rendre compte des irrégularités apparentes dans les mouvements des astres. Cf supra, II,12,304.


534 L'auteur de ces vers est inconnu. Certaines éditions (p. ex. Lefevre, Paris, 1834) indiquent qu'il s'agit « probablement d'un moderne ».


535 Cicéron nomme ces personnages dans ses Académiques I, 2.


536 La phrase qui suivait dans les éditions de 1580 et 1588 a été supprimée dans celle de 1595 : « Ce que j'ai à dire, je le dis de toutes mes forces. »


537 Se disait d'un homme habile.


538 Le pied « du roi » valait 0,324m, et le « pied anglais » 0,305. Pour l'époque de Montaigne, « six pieds » représentaient une taille assez exceptionnelle.


539 On considère généralement qu'il s'agit là du personnage du livre de Castiglione : Il Corteggiano.


540 Psaumes XLV, 3.


541 On s'est interrogé sur le sens à donner à cette remarque. D'aucuns la comprennent comme « bon savant » (Lexique de l'édition Villey-Strowski), d'autres (D. M. Frame) y voient une note d'humour — et c'est aussi mon avis.


542 Le sens de cette phrase n'étant pas très clair ni très sûr, il peut être intéressant de voir quel a été le cheminement de la réflexion de Montaigne à travers les diverses rédactions, telles qu'on peut les déchiffrer en marge de l'« exemplaire de Bordeaux » : « Il n'est rien si cher pour moi On a meilleur marché de ma bourse Je ne trouve rien si cherement acheté que ce qui me cause du soing ». (Tout ce qui précède a été barré).


543 Au sens de « courage de supporter ».


544 L'expression est encore usitée... dans le sens de « ça ne vaut pas le coup ».


545 On peut rapprocher cela du vers de Dante: « Si che 'l piè fermo sempre era 'l più basso », Inferno 30.


546 On dit encore aujourd'hui « en mettre sa main au feu », par allusion au « jugement par le feu » pratiqué au Moyen-Age, et selon lequel on pouvait prouver son innocence en offrant sa main à la flamme (ou au fer rouge) sans en ressentir de brûlure... Le « prince » dont il s'agit ici est généralement désigné comme étant Charles VIII.


547 C'est ce que dit Tacite, Annales I, 11.


548 Soliman II « Le Magnifique », sultan de Turquie, qui fit la guerre à Charles-Quint et assiégea Vienne (en vain). Il finit par s'allier avec François 1er.


549 Montaigne évoque fréquemment ce manque de mémoire... que l'on peut mettre en doute.


550 Passage à rapprocher de celui de I, 20, § 9 où il est question des « nouements d'aiguillettes ».


551 La tour de la « librairie » de Montaigne est restée miraculeusement intacte après l'incendie qui détruisit le reste du château. Mais la bibliothèque\index{bibliothèque elle-même, hélas, a été vidée de ses livres...


552 Cité par Pline, Hist. Nat. VII, 24.


553 Humaniste byzantin mort à Rome en 1486.


554 Qui prétend (in De senectute qu'un vieillard n'oublie jamais cela...


555 Montaigne écrit : « combien ce retardement est important ». Dans le passage auquel il fait référence Livre III, lettre 5), Pline Le Jeune dit que son oncle (Pline l'Ancien) se faisait faire des lectures en sortant du bain. A. Lanly (II, p. 307) écrit « retard » et D. M. Frame (p. 495) « delay ». Puisqu'il est question d'un intermédiaire, je comprends plutôt qu'il s'agit d'un « détour ». Montaigne considérait-il cela comme un avantage ou un inconvénient ? « important » ne permet pas de trancher.


556 Le mettre en cuve pour le faire fermenter.


557 Autrement dit : ne soit pas boiteux comme un cheval déferré.


558 René, duc d'Anjou, comte de Provence (1409-1480) qu'on avait appelé le « Roi René » parce qu'il avait des droits sur le royaume de Sicile et de Jérusalem.


559 Actes des Apôtres I, 26.


560 Termes juridiques : la duplique est une réponse à une réplique ; la triplique, la réponse à une duplique... etc. J'ai préféré garder ces mots tels quels, dans leur cocasserie.


561 A. Lanly traduit ici littéralement : « beaucoup [...] ont pris un refroidissement ». Il me semble que « se morfondre », dans le contexte a plutôt le sens qu'il a encore couramment aujourd'hui : se désoler, se désespérer, regretter.


562 Cette phrase ne figure que dans l'édition de 1595.


563 Montaigne fait ici allusion à l'erreur qu'il avait d'abord commise en écrivant « le jeune Scipion », erreur corrigée à la main sur l'« exemplaire de Bordeaux » en « l'ayeul »(« l'Ancien »). Cf. Livre III, chap. 13 §117.


564 On voit que Montaigne a dit cela avant que Descartes ne le reprenne dans la célèbre formule : « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée ».


565 La ponctuation de l'édition de 1595 ici (une virgule) semble résulter d'une mauvaise compréhension de la phrase : « je la prétends du règlement » s'oppose à « je la prétends de l'ordre... ».


566 Déjà largement examiné en I, 25 et 26.


567 Fallait-il traduire ici par « origine ethnique », au prix d'un anachronisme verbal ? J'ai pensé que non....


568 François Olivier, Chancelier en 1545 ; Michel de l'Hôpital, nommé par Catherine de Médicis en 1560.


569 P. Villey indique ici « artistes ». Mais pourquoi ? La suite m'autorise, il me semble, à conserver le terme.


570 Il faisait partie de la « Pléiade », et n'écrivit qu'en grec et en latin. Professeur au Collège de France en 1560.


571 On sait que Montaigne possédait des vers latin de Théodore de Bèze dans sa bibliothèque; disciple de Calvin, Bèze fut recteur de l'académie de Genève.


572 Humaniste et historien écossais ; il dut s'enfuir en France et fut professeur à Bordeaux avec Montaigne pour élève. Il fut aussi le précepteur de Marie Stuart et mourut en 1582.


573 Poète et mathématicien mort en 1584 selon P. Villey II, p. 661.


574 Montaigne en a parlé déjà en I, 24, §27, et II, 12, §418 de la présente édition. Turnèbe est plus connu comme érudit que comme poète...


575 Féroce général espagnol qui servit Charles-Quint et Philippe II contre la France, le Portugal et la Flandre où il fit décapiter dix-huit mille personnes en même temps que les comtes d'Horn et d'Egmont... « Montaigne savait-il cela ? » se demande A. Lanly (II, p. 315). On espère que non.


576 Anne de Montmorency. Il occupa des fonctions importantes sous François 1er et mena pour le compte d'Henri II la répression contre les protestants (ce qui ne l'empêcha pas cependant d'intervenir en faveur de B. Palissy, déjà emprisonné, et qui le fut d'ailleurs de nouveau et définitivement à la Bastille de 1580 à 1590). Montmorency mourut à 74 ans à la bataille de Saint-Denis.


577 On notera que ce paragraphe ne figure que dans l'édition de 1595, et non dans l'« exemplaire de Bordeaux » où pourtant Montaigne aurait pu l'ajouter, comme il l'a fait pour le passage concernant De la Nouë — puisque les marges de la page étaient loin d'être remplies... De là à supposer qu'il s'agit d'un ajout dû à Marie de Gournay elle-même, il n'y a qu'un pas, que l'on pourrait être tenté de franchir, tant la louange semble un peu « plaquée »... La Préface de l'édition de 1595, rarement publiée, a d'ailleurs des accents du même genre.


578 Ce chapitre se relie manifestement au précédent, dans lequel Montaigne discutait son projet de « se peindre ».


579 Sur l'« exemplaire de Bordeaux », une autre citation a été barrée et reportée ailleurs.


580 La rédaction de l'édition de 1588 (« pour m'exempter de la peine d'en faire plusieurs extraits à la main ») ne laisse aucun doute : il s'agit bien de l'imprimerie.


581 Marot, épître « Fripelipes, valet de Marot, à Sagon ». Sagon, ennemi du poète y devient « Sagoin » (« sagouin »).


582 Né à Trèves vers 390, il épousa une païenne qu'il convertit, et ils menèrent une vie ascétique dans le midi de la France. Deux ouvrages de lui nous sont parvenus, dont le De gubernatione Dei d'où est tirée l'affirmation reproduite par Montaigne ici.


583 Né en 200, cet empereur prétendait en effet descendre de Cornelius Tacitus, l'historien connu sous le nom de Tacite et que Montaigne cite ici en exemple.


584 Il était le neveu de l'empereur Constantin, vécut de 331 à 363, et ne régna que deux ans, de 362 à 363. La religion chrétienne lui avait été imposée dans son enfance, et il l'abjura un peu plus tard. D'où son surnom.


585 Historien latin du IVe siècle, qui fut le secrétaire de Constantin. Il écrivit un Abrégé de l'histoire romaine en... dix livres.


586 Une phrase placée ici dans les éditions antérieures à 1588 a été reprise un peu différemment plus loin dans une note manuscrite de l'« exemplaire de Bordeaux ». Cf. infra, §8.


587 Qui n'était encore que la Gaule !


588 Le meurtrier de César.


589 « la » ou « sa » ? Le point est d'importance... Dans le texte de 1580 on lit : « sa ». Dans celui de 1588 : « la ». Mais dans l'« exemplaire de Bordeaux », une correction manuscrite a corrigé le « l » par un grand « s ». Les éditeurs de 1595, soit qu'ils n'aient pas voulu tenir compte de cette correction, soit qu'ils aient travaillé sur une copie qui ne la comportait pas, ont imprimé « la ». Je traduis ici en fonction de l'« exemplaire de Bordeaux », parce que cela me semble mieux en accord avec le propos de Montaigne et le contexte immédiat : « chacun sans empeschement ».


590 On peut comprendre en lisant cet éloge (même prudent) de Julien l'Apostat, et les critiques directes à l'égard de « certains chrétiens », que les censeurs de Rome aient pu demander à Montaigne de supprimer ce chapitre !...


591 La « paix de Monsieur » ou « paix de Beaulieu » (1576), et l'« édit de Bergerac » (1577) qui accordait aux protestants des places « de sûreté » où ils seraient libres de pratiquer leur culte.


592 Sur l'exemplaire de la BNF de l'édition de 1595 un « ne » contraire au sens de la phrase a été rayé à la main.


593 Ariston de Chio enseigna que « le souverain bien réside dans la vertu » (vers 270 av. J.-C.).


594 Aristippe de Cyrène fut disciple de Socrate et fonda l'école philosophique dite « cyrénaïque » (après 430 av. J.-C.).


595 Montaigne traduit ici lui-même un vers d'Épicharme, que l'on trouve dans Xénophon Mémorables II, 1, 20. Mais il le fait peut-être d'après sa version latine dans Stobée.


596 Montaigne écrit: « Le travail ». Le mot « travail » dérive du latin « tripalium », qui désignait un système destiné à entraver les animaux (par exemple pour les marquer) ; puis il prit le sens d'instrument de torture. Il est évident qu’ici il n’est pas pris dans le sens qu’il a couramment de nos jours.


597 Métrodore de Lampsaque, disciple d'Anaxagore.


598 Le goût des « Anciens » n'était pas le même que le nôtre : la suite le confirme.


599 La traduction de tout ce qui précède, dans ce paragraphe assez confus, pose quelques problèmes ; j'ai dû assez largement interpréter pour essayer de donner un texte intelligible. Par ailleurs, à qui renvoie « à soi » ? S'agit-il encore de Platon comme certains l'ont compris ? Il ne me semble pas.


600 Henri IV.


601 Prince ottoman (1467-1520) célèbre par sa cruauté et ses conquêtes, notamment celle de l'Egypte.


602 Bajazet II régna de 1481 à 1512 ; contrairement à ce que dit Montaigne, il mena des guerres ; mais il ne remporta pas, il est vrai, les victoires attendues contre les Egyptiens. Le fils dont il s'agit ici n'est pas Sélim, qui fut imposé par les janissaires à la place de son père, mais Corcas.


603 Ou plutôt : Mourad III, qui régna de 1574 à 1596.


604 A. Lanly écrit ici : « ...commence assez bien à se trouver des occupations de la même sorte. » Je comprends différemment.


605 Ce long passage (tout le § 6) ne figure que dans l'édition de 1595. On peut douter qu'il soit de Montaigne, et P. Villey pense même (éd. Strowski, t. II, p. 472, note 1) que l'ajout manuscrit constitué par les paragraphes 5 et 7 de notre édition, dans l'« exemplaire de Bordeaux » est de la main de Marie de Gournay. Il est vrai que l'écriture est ici assez différente. Marie de Gournay aurait-elle voulu, par ce « développement », rééquilibrer un chapitre jugé un peu trop bref ?


606 Sultan du Maroc de 1575 à 1578, date à laquelle il mourut dans les circonstances racontées ici par Montaigne une dizaine d'années plus tard (ce texte manuscrit est postérieur à 1588).


607 Monter à cheval. Que l'on se souvienne de I, ch. 48, §9 : « Quand je suis à cheval, je n'en descends pas volontiers, car c'est la position dans laquelle je me trouve le mieux, que je sois en bonne santé ou malade. »


608 Environ 150 km.


609 Selon P. Villey , Montaigne aurait tiré ces exemples d'un ouvrage de Juste Lipse : Saturnalium sermonum libri II, 25.


610 Les « humeurs » (liquides organiques secrétés par le corps) étaient encore à la base des conceptions médicales à l'époque de Montaigne. Il est bien difficile de trouver un mot d'aujourd'hui pour un concept qui n'a plus cours...


611 Chef des Gaulois qui prirent Rome en 190.


612 Il semble pourtant que la France ait conservé la suzeraineté du duché de Bretagne ?


613 Il ne peut s'agir que de Jean Le Bon, fils de Philippe VI de Valois. Mais on ne sache pas qu'il ait mené une guerre « outre-mer ».


614 Cette citation et celle qui suit sont prises, non dans Prudence directement, mais dans Juste Lipse Saturnalium sermonum libri duo I, XIX et I, XII, II, XXII.


615 P. Villey , II, p. 684, met en note pour ce mot : « le souffle ». Mais je ne vois pas pourquoi : « rendre l'esprit » n'est-il pas assez clair ?


616 Il faut noter que dans la rédaction de 1588, cette phrase faisait directement suite à « même des hommes libres qui se vendaient pour cela » (§ 8), et que les citations ajoutées ensuite ont un peu « rompu le fil » des réflexions de Montaigne.


617 Le sens de la phrase n'est pas très clair : à quoi se rapporte « qui » ? Je suis ici la leçon de P. Villey (p. 686), qui met en note : « ce qui », et ajoute « De pareilles exactions équivalaient presque à la vente du royaume ».


618 Montaigne a traduit d'abord lui-même la citation.


619 Historien, né à Alexandrie, qui vécut à Rome au IIe siècle. Son Histoire romaine fournit de précieux renseignements sur les peuples vaincus par les Romains.


620 Dans le livre I, chap. 20.


621 En réalité une naine ; c'était, semble-t-il, l'usage d'en adopter dans les riches familles.


622 Le premier sens de « anti » est « en face de ». Dans les éditions précédentes, Montaigne expliquait cette étymologie ainsi: « qui signifie exceller sur les autres. »


623 A. Lanly traduit : « Elle n'a besoin ni de l'excitation d'une voix charmeuse ni de la caresse d'un pouce délicat pour se dresser ». Mais le contexte de l'épigramme (licencieux !) indique plutôt le sens que je donne ici, qui est aussi celui de P. Villey et de D.M. Frame.


624 Les interprétations de « pollice verso » divergent aujourd'hui de celle de Montaigne. Pour Gaffiot, Dictionnaire illustré Latin-Français p. 1195, qui cite Juvénal, III, 36, l'expression signifie : « avec le pouce renversé, tourné vers le sol » et le donne comme signe de « désapprobation, en part., refus de grâcier le gladiateur vaincu ». Cette façon de voir semble mieux justifiée : le pouce est plutôt naturellement vers le haut.


625 Appelée aussi « Guerre sociale », la révolte des peuples italiques contre Rome, vaincus par Sylla.


626 Ville de Thessalie. Cet Alexandre en fut le cruel tyran ; c'est lui qui fit emprisonner le chef Thébain Pélopidas qui fut délivré par Epaminondas. Il fut finalement assassiné par sa femme. Cf. Plutarque Vies..., Pélopidas XIV.


627 L'un des « sept Sages » de la Grèce antique.


628 Dans l'Inde centrale.


629 Orateur romain qui fut consul, puis écrivit des tragédies dont il ne nous est rien parvenu.


630 Il se prénommait Bertrand. Montaigne l'avait emmené avec lui en Italie et il y fait allusion dans le récit qu'il a fait de ce voyage.


631 L'expression de Montaigne « à sa fin » est ambiguë. On peut comprendre comme D.M. Frame : « useful for its purpose ». Mais cela me semble un peu tautologique... Ou bien comme je le fais, en me fondant sur la parenthèse qui suit et qui fait état de la supériorité du « vieil » : donc de celui qui maîtrise mieux cet « art ».


632 Tite-Live, Annales XXVIII.


633 On peut comprendre aussi (comme le font D. M. Frame et A. Lanly) « se cachait pour », mais cela ne me semble pas satisfaisant.


634 Des combats livrés avec les combattants de part et d'autre d'une barrière, sur le champ des tournois.


635 Dans Lachès, Pléiade, VII.


636 Empereur de Byzance jusqu'en 602, où il fut mis à mort avec sa famille par l'armée mécontente, qui élut à sa place Phocas, centurion.


637 Philippe V, avant-dernier roi de Macédoine.


638 Cette phrase ne figure que dans l'édition de 1595.


639 Ville de Thrace.


640 Fixant le sort des descendants des condamnés.


641 Celles que l'on faisait rougir au feu avant de s'en servir pour arracher des lambeaux de chair...


642 Supplice institué par le « bon roi » François 1er... pour les bandits de grands chemins, il est vrai. Le condamné était mis en croix sur une roue de chariot, et on lui brisait petit à petit les membres à coups de masse. D'où l'expression « roué de coups ».


643 Il faut l'entendre au sens fort : ôter « toute espérance » au malheureux, c'est en somme commettre un péché, puisque c'est l'amener à mettre en doute la bonté infinie de Dieu...


644 Historien juif né en 37 après J.-C.


645 Grammairien et historien grec qui vécut de 1424 à 1511. Il émigra en Italie en 1447 et enseigna à Padoue.


646 Mahomet II, qui s'empara de Constantinople en 1453, ravagea l'Europe orientale et fut vaincu en Hongrie en 1479 après avoir menacé Vienne.


647 Roi de Lydie (VIe s. av. J.-C.), célèbre par ses richesses, dont a parlé Hérodote.


648 Artisan qui apprêtait le « drap » (les tissus). Carder la laine consistait à la démêler à l'aide de peignes d'acier.


649 Formule rhétorique, certes ; mais Montaigne écrit cela en 1588 et mourra effectivement peu après, en 1592.


650 Le Phédon


651 Sénèque, Épîtres ou Lettres à Lucilius, LIII.


652 Tibulle, De inertia Inguinis cité dans Priapea, LXXXII, 4.


653 Philosophes ainsi nommés parce qu'ils vivaient à peu près nus ; ils menaient une vie d'ascètes.


654 L'opposition des catholiques et des protestants reposait notamment sur la valeur à accorder aux « œuvres » et à la « foi » : les premiers accordant une grande importance aux « œuvres », les seconds voulant que la « foi » en soit indépendante.


655 Mourad II, sultan des Turcs de 1421 à 1451 ; le roi de Hongrie Ladislas et le voïvode de Transylvanie tentèrent en vain de l'arrêter dans ses conquêtes. C'est le roi d'Albanie Hyskanderr qui y mit fin.


656 Henri de Navarre, futur Henri IV, probablement.


657 L'assasinat de François de Guise par le protestant Poltrot de Méré pendant le siège d'Orléans en 1563. Cf. Brantôme, Mémoires IV.


658 Selon Jean Plattard , il s'agit en effet d'un dénommé Balthasar Gérard. Montaigne opposerait ses paroles fermes à la conduite et aux paroles fuyantes du premier. Mais le texte est très elliptique...


659 Nom donné en effet aux membres d'une secte musulmane apparue en Perse au XIe siècle. Selon le dictionnaire Petit Robert notre mot « assassin » actuel serait un emprunt à l'argot assasin pluriel de assas« gardien », plutôt qu'à un dérivé de hasis« haschich ».


660 Seule l'édition de 1595 comporte ce qui suit.


661 Ambroise Paré a en effet parlé des monstres dans ses ouvrages. Il y voit « le plus souvent [des] signes de quelque malheur advenir ». À la différence de Montaigne, qui considère que tout monstre peut avoir une explication naturelle, même si nous ne la trouvons pas du fait de l'insuffisance de notre raison ou de notre expérience.


662 On pense (P. Villey II, p. 712 notamment) que cet essai se place aux alentours de 1578.


663 C'est ce que l'on appelle depuis le XIXe siècle des « frères siamois » : nés en 1808 au Siam, deux frères ainsi attachés, mais avec deux têtes, avaient été promenés dans le monde avant de se fixer aux Etats-Unis. Ils sont morts à quelques heures d'intervalle.


664 Montaigne se moque du rôle « annonciateur » attribué à son époque aux monstres (cf. supra note 661).


665 Sur l'« exemplaire de Bordeaux », on lit « Lucius Saturninus ». L'édition de 1595 a corrigé en « Caius Rabrinus », et à juste titre, précise A. Lanly ( t. 2, p. 370, note 11), puisque « Lucius Sabrinus était mort en 100 av. J.-C. Il s'agit bien ici de Caius Rabirius qui, à l'instigation de César, avait été accusé du meurtre de L. Apuleus Saturninus ».


666 Cet ajout de 1588 ne se rattache pas au paragraphe précédent, mais plutôt, on le voit, à l'idée exprimée quelques lignes plus haut ; c'est pourquoi j'ai supprimé le « faux raccord » constitué par le mot « car ».


667 Nom donné aux esclaves de Sparte.


668 Il fut l'élève de Crassus et de Cicéron, et soutint ce dernier contre Catalina.


669 Le texte de Sénèque a été condensé par Montaigne.


670 Nombre évidemment exagéré... Et encore : Montaigne écrit : « miliasse », soit en principe : trillion, ou mille milliards !


671 Dion Cassius (155-235 env.). Il occupa de hautes fonctions à Rome. Montaigne fait référence ici à son Histoire romaine LXI, 10, 12 etc.


672 Magistrat, philosophe et économiste (1530-1595). L'ouvrage de lui dont parle Montaigne se nomme en fait : Methodus ad facilem historiarum cognitionem.


673 Montaigne a lui-même repris cet exemple au Livre I, chap. 40, § 32, sans la moindre observation critique.


674 Selon Tacite Annales IV, 45, en l'an 25.


675 Entre autres, B. Castiglione, dans Le courtisan III, 22.


676 Au Livre I, chap. 26.


677 Le passage mis ici entre crochets et en italique est celui qui figure dans l'« exemplaire de Bordeaux ». Je donne à la suite celui qui le remplace dans l'édition de 1595. On voit qu'il renforce l'idée initiale.


678 Le texte de l'« exemplaire de Bordeaux » comporte l'ajout manuscrit « de mes pas ». L'édition de 1595, ici encore, accentue l'idée, on le voit. C'est ce texte que je traduis.


679 Le texte de l'« exemplaire de Bordeaux » a ici « celles-là » (dans une partie manuscrite) qui renvoyait initialement aux « âmes anciennes », expression remplacée ensuite, sans que le pronom ait été parallèlement modifié. Je rétablis donc pour la cohérence.


680 Montaigne écrit : « Ostracisme et Pétalisme ». Ostracismeétait le nom de la loi athénienne sur le bannissement. Pétalismeétait son équivalent à Syracuse, parce que « petalon » est le nom de la feuille, et que l'on y votait sur des feuilles de lauriers.


681 Il n'est guère question de lui, en fait, dans ce chapitre auquel il donne son nom ! Montaigne indique seulement au § 17 de qui il s'agit : « Jeune homme toscan, doué d'une singulière beauté... » qui se défigura pour ne plus être l'objet de « convoitises ».


682 Autrement dit : ils n'en demeurent pas moins « gaillards ». Ce jeu de mot est souvent cité.


683 D'après Diogène Laërce, Xénocrate IV, 2.


684 Suétone César LII.


685 Remarque ajoutée en 1582, après le voyage de Montaigne en Italie, et donc à Rome (selon P. Villey II, p. 729, note 14).


686 Né en -47, il fut tué sur ordre d'Octave après la bataille d'Actium (-30).


687 Le père fut consul en -76, soutint Cicéron contre Catilina, et prit parti contre César. Le fils rejoignit au contraire César pendant la guerre civile en -50. Il chassa de Sicile les partisans de Pompée.


688 Dans l'Orestie d'Eschyle, Egisthe est l'amant de Clytemnestre, femme d'Agamemnon, et tue Agamemnon, roi de Mycènes et d'Argos, chef des Grecs dans la guerre de Troie.


689 En 1453.


690 Ladislas ou Lancelot le Magnanime (1376-1414), roi de Naples de 1386 à 1414. Il fut en conflit avec Louis II d'Anjou, chercha à conquérir l'Italie et prit Rome en 1408. Mais il fut battu par Louis II à Rocca Secca en 1411 et dut se replier (d'après Le Petit Robert des noms propres).


691 On ne les connaît qu'à travers ce qu'en ont dit les auteurs anciens.


692 Lieutenant de César ; après la mort de celui-ci, il se rallia à Octave.


693 C'est-à-dire avoir voulu s'emparer autoritairement du pouvoir. Montaigne évoque cela plus loin.


694 Sur cet exemple et les deux suivants, voir Suétone Vies... Vie de César LXXIII.


695 Mamurra était le nom de celui qui fut un temps le mignon de César.


696 A. Lanly (t. II, p. 387, note 41) fait très justement remarquer que « Catulle est mort vraisemblablement en 54, bien avant que César fût dictateur. » L'anecdote figure pourtant dans Suétone.


697 La formulation de Montaigne — même traduite — n'est pas des plus claires... En somme : Si Diogène a pour lui la simplicité de l'innocence les vies « bien remplies » et aux multiples facettes, comme celle de Scipion, sont d'une qualité supérieure. On sait d'ailleurs que Montaigne a la plus haute estime pour « Le jeune Scipion » (cf. la fin du chap. 36), et il place naturellement ici son « bien-vivre » au-dessus de celui de Diogène.


698 Ses Mémoires couvrent la période 1464-1468, dont le règne de Louis XI.


699 D'une célèbre famille florentine, il entra au service de la France et fut Maréchal de France en 1556. Il mourut de ses blessures au siège de Thionville en 1558.


700 Selon P. Villey ( tome II, p. 728, notice du chap. 33), on sait que Montaigne a lu l'ouvrage de César entre le 25 février et le 21 juillet 1578, puisque l'exemplaire utilisé par lui comporte ces deux dates écrites de sa main avec sa signature (au musée Condé de Chantilly).


701 César ne cite pas cette ville, mais parle seulement des Nerviens. C'est ce qu'on appelle la bataille de la Sambre.


702 Montaigne a traduit ici le passage II, 21 du De bello Gallico.


703 Lieutenants de Pompée.


704 Marseille avait pris parti pour Pompée.


705 Ville de Thessalie. La célèbre bataille eut lieu aux environs, en 48.


706 Fils de Mithridate. Il fut battu en 47 et César écrivit alors au Sénat la célèbre formule : « Veni, vidi, vici ».


707 La traduction de ces vers est empruntée à Œuvres complètes de Virgile, Énéide, traduite du latin par J.-P. Chausserie-Laprée, Éd. La Différence, bilingue, 1993, p. 583.


708 Suétone dit que César avait « étudié par lui-même les ports, la navigation, et les moyens d'aborder dans cette île. » (Vies... César LVIII). Mais cette affirmation est démentie par César lui-même qui dit seulement (De bello Gallico IV, 21 : « avant de tenter l'entreprise, César détache, avec un navire de guerre, C. Volusenus [...] Il lui donne comme instruction de faire une reconnaissance générale et de revenir au plus vite. » (Coll. Budé, t. I, p. 111). On voit que Montaigne donne au mot « gué » une extension assez inattendue — comme le remarque d'ailleurs A. Lanly (II, 394, note 28).


709 César lui-même déclare pourtant qu'il avait pris « à un soldat des derniers rangs son bouclier. » (De bello Gallico coll. Budé, II, 25).


710 Sur la côte d'Illyrie.


711 Patriote albanais qui combattit les Turcs, dont Montaigne a déjà parlé sous le nom de « Scanderberch » au Livre I, chap. 1, §2.


712 Chef des Suèves, peuplade germanique établie d'abord entre Rhin et Danube, qui franchit le Rhin en 406 pour se répandre jusqu'en Espagne.


713 Les Romains écrivaient sur des sortes de planchettes ou « tablettes » ; le mot est encore en usage dans l'expression « noter sur ses tablettes ».


714 Suétone parle de son paludamentum manteau de général. Mais « cote d'armes », qui est le mot que Montaigne emploie pour le traduire, correspond assez bien à cela pour son époque : une tunique brodée et décorée aux « armes » (armoiries) de son possesseur, et portée par-dessus le haubert ou cotte de mailles.


715 En d'autres termes : le parti catholique, héritier de la tradition.


716 Général romain qui tint longtemps Annibal en échec. Cf. Tite-Live, Annales XXIV, 18.


717 La dixième partie d'une légion.


718 Suétone Vies... César LXVIII.


719 Suétone dit que c'était un centurion, et donne seulement « cent vingt » pour le nombre de bosses...


720 Metellus Scipion, du parti de Pompée, qui ne survécut guère à Petronius.


721 Dans le texte de 1580 et celui de l'« exemplaire de Bordeaux » on lit ici : « prou » (« assez » ou « beaucoup »).


722 Tacite, Annales II, LXXVII. Mais la citation de Montaigne est inexacte.


723 Source : Pline le Jeune, Correspondance Livre VI, 24.


724 Celles que rapporte Pline, au § 11.


725 Ce passage est inspiré de Tacite, Annales XV, 62-64.


726 « âme » est ici le souffle vital aussi, sens premier du mot latin « anima ». Je conserve la jolie expression de Montaigne, en la développant un peu.


727 Cléomène Ier, qui a vécu entre -519 et -540.


728 Xénophane de Colophon (Asie Mineure), philosophe grec de l'école d'Élée, qui vécut au -VIe s. « Il dénonça surtout le caractère anthropomorphique et immoral de la représentation des dieux chez Homère et Hésiode » (d'après le dict. Petit Robert des noms propres).


729 Philosophe stoïcien qui vécut à Athènes vers 180-110 av. J.-C.


730 Outre le poème de Virgile, l'Énéide qui établit une origine troyenne pour Rome, on peut citer la Franciade de Ronsard, qui fait d'un soi-disant Francus, fils d'Hector, l'ancêtre des Français...


731 Alexandre ravagea Thèbes en 335, mais épargna Athènes.


732 Il ne s'agit pas ici du poète du même nom. Ces meurtres sont relatés par Quinte-Curce, Histoire romaine I, 17.


733 Compagnon d'Alexandre, il avait osé critiquer celui-ci en faisant l'éloge de son père. Alexandre, qui était ivre, le tua, et le regretta amèrement par la suite.


734 Le texte de 1580 comportait ici : « car on tient entre autres choses que sa sueur produisoit une tres douce et souefve odeur. » Cette « précision » a disparu ensuite.


735 Le mot « secte » a pris aujourd'hui un sens tellement péjoratif, qu'il vaut mieux l'éviter ici.


736 Ces deux « vies » de Plutarque sont en effet perdues.


737 Victoire remportée en Béotie en 371, contre les Spartiates.


738 Les mots « luy mort» ont été ajoutés à la main sur l'exemplaire de 1595 de la BNF.


739 Aujourd'hui on parle de « coliques néphrétiques », que Montaigne désigne ailleurs par « maladie de la pierre » (calculs rénaux).


740 Montaigne écrit « dans le sein » ; A. Lanly conserve le mot, de même que D. M. Frame qui écrit « in the breast ». C'est à mon avis une erreur. En 1685-86, Charles Cotton traduisait plus justement : « in the sound and living part ».


741 Cette phrase a disparu dans le texte de 1595.


742 Vers qui nous sont parvenus grâce à Sénèque (Épîtres CI). Mécène était le ministre de l'empereur Auguste connu pour aider les artistes et notamment les poètes.


743 « irrémédiable » est le mot employé par Montaigne ; mais nous ne le comprenons plus aujourd'hui dans ce sens premier de « sans remède ».


744 Dans l'« exemplaire de Bordeaux » figurait ici un long passage, contenant des vers en italien de l'Orlando Furioso de l'Arioste. Ce texte a été barré et remplacé à la main par la version reprise dans l'édition de 1595 et dont je donne la traduction. Les curieux peuvent voir la page de l'« exemplaire de Bordeaux » à l'adresse : http://artfl.uchicago.edu/images/montaigne/0336v.jpg (le passage en question est en bas de l'image).


745 La fin de cette phrase ne figure que dans l'édition de 1595. Cette « précision » va dans le sens de l'authenticité de cette édition posthume : pourquoi Marie de Gournay aurait-elle ajouté cela ? Je conserve « brailler », aujourd'hui un peu « populaire ».


746 Dans l'« exemplaire de Bordeaux » on trouve ici une phrase barrée : « Je devise, je ris, j'estudie, sans esmotion & alteration ».


747 Cette histoire est prise dans Plutarque, Pourquoy la justice divine differe..., éd. Amyot XIX. La précédente dans Pline, Histoire Naturelle, VII, 12.


748 L'évocation de sa mère est rarissime dans les « Essais » : deux occurrences seulement...


749 Dans le Timée. Montaigne l'a lu, on le sait, dans la traduction de Marcile Ficin.


750 Le mot de Montaigne est « bihore ». P. Villey indique en note qu'il s'agit du « cri que pousse le charretier pour faire avancer ses chevaux ». C'est aussi ce que pense D.M. Frame , qui traduit par le mot « Giddap », variante de « Giddy up » (Get up). Mais A. Lanly, de son côté ( II, p. 423, note 71) y voit une déformation du mot anglais « before » ( ?). J'ai préféré le mot courant en français pour faire avancer un cheval.


751 Platon, République III. P. Villey donne la citation extraite de la traduction latine de M. Ficin : « Mendacium hominibus... pro medicameno est utile, quare publicis medicis concedendum » (« le mensonge doit être accordé aux médecins publics, parce qu'il est utile aux hommes comme médicament »).


752 Le texte de Montaigne est fautif : le premier mot de la citation latine est est « Tum », et non « Nam ». Je reprends ici la traduction de l'édition de J-P. Chausserie-Laprée aux éditions de « La Différence », p. 347.


753 Il s'agit de l'escargot... Il fallait ici traduire mot à mot Cicéron, je pense.


754 Rappelons que le terme de « coliques » désignait alors ce que nous appelons aujourd'hui « coliques néphrétiques ».


755 L'Antiquité en effet considérait qu'il y avait dans l'hommequatre humeurs fondamentales : le sang, le phlegme, la bile et l'atrabile (bile noire, mélancolie).


756 Corps légers et subtils que l'on considérait comme les principes de la vie.


757 Pline l'Ancien.


758 Si Hippocrate n'est pas véritablement le créateur de la médecine, il est celui qui a véritablement embrassé le savoir médical de l'époque et l'a mis en pratique.


759 Asclépiade fut célèbre en son temps (124-96 av. J.-C.) ; il s'opposait à la méthode d'Hippocrate.


760 Élève d'Asclépiade, et partisan de la médecine expérimentale (1er siècle av. J.-C.).


761 Il en est question dans les Annales de Tacite XI, 31-35.


762 Pierre Villey ( t. II, p. 079) indique que ce développement est fort proche de ce que dit Cornelius Agrippa, Vanitate scientiarum 83-84.


763 Provenant d'un arbre des Antilles, et utilisé alors contre la syphilis.


764 Plante des Antilles dont on utilisait les racines comme diurétique notamment.


765 Arbre d'Asie, dont le rhizome a des propriétés antirhumatismales.


766 C'est l'instrument employé pour écarter les cavités naturelles du corps et en faciliter l'examen. Speculum matricis (speculum vaginal) est passé dans la langue courante de nos jours sous sa forme latine abrégée.


767 Etienne de la Boétie.


768 Le terme employé par Montaigne est « choses apéritives » ; le mot « apéritif » étant trop marqué de nos jours, j'ai choisi « dilatateur » bien qu'il soit apparu seulement au XVIIe.


769 Ou « maladie de la pierre », ou « coliques néphrétiques » comme on dit aujourd'hui.


770 On parle aujourd'hui encore de « sable », mais de « calcul » plutôt que de « pierre ».


771 Cette expression imagée chère à Montaigne est facile à comprendre...


772 La rédaction de tout le pasage qui suit (jusqu'à « qui se voit par ailleurs dans cet art ») a été pour l'essentiel modifiée par rapport à l'édition de 1580.


773 Bagnères-de-Bigorre probablement.


774 La Lorraine était un duché indépendant. Montaigne séjourna à Plombières en septembre 1580.


775 Montaigne en parle dans son Journal de voyage.


776 Région traversée par l'Adour, où se trouve Aire-sur-Adour.


777 Un bénéfice (ecclésiastique) était un domaine concédé à un curé, un évêque, etc. Le droit de patronage concernait le droit de nommer quelqu'un à un bénéfice.


778 Cf. note 768.


779 On ne voit pas bien ce que Montaigne désigne par « petite boule » ?


780 On connaît les fontaines pétrifiantes,ainsi que les stalagmites et stalactites qui font l'attrait des grottes souterraines. On notera qu'à la même époque, Bernard Palissy, dans ses Discours admirables... (1580) s'est intéressé de près à ce phénomène et a tenté d'en donner une explication rationnelle basée sur ses observations.


781 XXXVIII, I : « Au médecin rend les honneurs qui lui sont dus ».


782 C'est du moins ce que prétend Hérodote, L'enquête I, 197.


783 Dans le langage populaire on parle encore aujourd'hui de « remède de bonne femme » ; c'est pourquoi je pense que « bonne femme » peut ici traduire « femmelette » qui a pris, au contraire, un tout autre sens maintenant.


784 Montaigne écrit encore ceci en deux mots ; c'est la « cinquième essence », c'est-à-dire le résultat de la cinquième distillation selon les principes alchimiques, qui devait livrer l'élément fondamental de toute chose.


785 Montaigne écrit « syndics ». Le mot est encore usité, mais dans des contextes trop restreints : co-propriété, faillite...


786 Marguerite de Gramont, veuve de Jean de Durfort tué devant Libourne; elle faisait partie de l'entourage de Marguerite de Navarre.


787 Le texte de l'« exemplaire de Bordeaux » est « par ses autheurs mesme ». Et dans l'édition de 1595, on lit « mesmes ». Certes, il y a une nuance : « même par ses auteurs » ou « par ses auteurs eux-mêmes ». Mais je suis ici le texte de 1595.


788 Celse a vécu au temps d'Auguste. Son ouvrage principal a pour titre : De arte medica.


789 Cette expression populaire d'aujourd'hui me semble bien correspondre à celle qu'emploie Montaigne : « au bout de leur corde ».


790 Madame de Duras était née Marguerite de Gramont.


791 Dragme, ou drachme : huitième partie d'une once, qui était la seizième partie de la livre de Paris, évaluée à 489 g environ.


792 Opiate, ou opiat : médicament à base de sirop de miel et de pulpes diverses.


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